TROISIEME PARTIE
La Prière, une Invocation Magique

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Chapitre 14 (Partie I)

NATURE DE LA PRIERE - PRÉPARATION A LA PRIERE - Février 1918

Le sujet de la prière mérite bien l'attention et l'étude de ceux qui aspirent à la spiritualité, et nous espérons que les aperçus suivants aideront les efforts de nos étudiants dans dans cette voie.

Il n'y a qu'une force dans l'univers, c'est la puissance de Dieu qu'il a envoyée à travers l'espace sous la forme d'un "Verbe"; non pas d'un simple "mot" mais d'un Fiat créateur qui a coordonné les milliards d'atomes du Chaos en la diversité des formes et des corps qui constituent et peuplent l'univers, de l'étoile de mer à l'étoile des cieux, du microbe à l'homme. A mesure que les syllabes et les sons de ce Verbe créateur étaient émis, l'un après l'autre à travers les âges, des espèces nouvelles ont été créées et les anciennes ont évolué, toutes selon la pensée et le plan conçus par le Divin Esprit avant que la force dynamique d'énergie créatrice ait été envoyée dans les profondeurs de l'espace.

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Ainsi, cette force est la seule source de puissance dans laquelle, en vérité et littéralement, nous avons la vie, le mouvement et l'être (Actes 17:28), aussi sûrement que les poissons vivent dans l'eau. Nous ne pouvons pas plus échapper à Dieu ou nous éloigner de lui que le poisson ne peut vivre et nager en dehors de l'eau. Ce n'était pas un sentiment purement poétique qui faisait dire au psalmiste:

Où irais-je loin de ton esprit,
Et où fuirais-je loin de ta face?
Si je monte aux cieux, tu y es;
Si je me couche au tombeau, t'y voilà,
Si je prends les ailes de l'aurore
Et que j'aille habiter aux confins de la mer,
Là aussi ta main me conduira
Et ta droite me saisira.

Dieu est Lumière, et nos télescopes les plus puissants qui nous révèlent des étoiles situées à des millions d'années-lumière n'ont pu atteindre les limites de cette lumière. Nous savons cependant que, à moins de posséder des yeux pour recevoir la lumière et des oreilles pour enregistrer les vibrations du son, nous marcherions sur la terre dans une nuit et un silence éternels; aussi, pour percevoir la Lumière divine qui, seule, peut nous guider, il nous faut cultiver l'ouïe et la vision spirituelles. La prière, la véritable prière scientifique, est un des moyens les plus puissants et les plus efficaces pour trouver grâce devant la face de notre Père et recevoir l'imprégnation de la lumière spirituelle qui, par un procédé alchimique, transforme le pécheur en saint et le revêt de sa robe nuptiale de lumière dorée, le lumineux corps de l'âme.

 

Préparation à la Prière. Ora et Labora.

Mais qu'on ne s'y trompe pas, la prière seule ne peut atteindre à un tel résultat.

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A moins que notre vie entière, vie et sommeil, ne soit elle-même une prière pour l'illumination et la sanctification, nos prières ne pénétreront jamais jusqu'à la Divine Présence pour faire descendre sur nous le baptême de Sa puissance. "Ora et labora" - prie et travaille - est une injonction occulte à laquelle tous les aspirants doivent obéir, sous peine de n'obtenir qu'un très modeste succès. A ce sujet, une vieille légende sur saint François d'Assise mérite d'être répétée à cause de la lumière qu'elle répand sur une existence entièrement consacrée au service de Dieu.

Un jour, Saint François invita un jeune religieux du monastère à descendre avec lui au village pour y prêcher. Le jeune frère à qui l'invitation était faite accepta avec empressement, transporté de joie à la perspective d'une promenade avec ce saint père, car il savait quelle source d'élévation spirituelle elle lui procurerait. Ils se rendirent au village, en parcoururent les différentes rues et ruelles en tous sens, s'entretenant pendant tout ce temps de nombreux sujets d'intérêt spirituel, puis enfin, ils revinrent sur leurs pas pour rentrer au monastère. Mais soudain le jeune frère se rappela qu'ils avaient oublié le but de leur promenade et en fit la remarque à Saint François. Mais ce dernier lui répondit simplement: "Mon fils, tandis que nous parcourions les rues du village, les gens nous observaient; ils ont surpris quelques fragments de notre conversation et ont remarqué que nous parlions de l'amour de Dieu et de Son cher Fils, notre Sauveur; ils ont observé l'affabilité de notre manière de les saluer et entendu nos paroles d'encouragement et de consolation, remarquant qu'elles venaient droit de notre coeur, et elles ont pénétré profondément dans le leur. Tout, jusqu'à notre habit, leur parlait de la religion et les invitait à répondre à son appel. Nous leur avons ainsi prêché un sermon bien plus convaincant que si nous les avions invités à se rassembler autour de nous sur la place du marché pour les exhorter à la sainteté." Saint François n'avait d'autre préoccupation que Dieu et le bien à faire en Son nom; il était donc en accord parfait avec la vibration divine, et il n'est pas étonnant que ses prière quotidiennes aient fait descendre sur lui la Vie et la Lumière divines qui baignaient son être tout entier.

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Nous qui sommes plongés dans le travail dit temporel et astreints à des travaux qui semblent vils, nous nous sentons souvent entravés et empêchés à l'égard plan spirituel, mais si nous faisons "toutes choses comme pour le Seigneur" (Colossiens 3:23) et si nous sommes "fidèles dans les petites choses", nous verrons qu'à un certain moment des occasions se présenteront que nous pouvons à peine concevoir. De même que l'aiguille aimantée, déviée un instant par une influence extérieure, revient instantanément et rapidement à sa position naturelle dès l'arrêt de cette influence, ainsi nous devons cultiver cet élan ardent vers notre Père, et il ramènera instantanément nos pensées vers Lui dès la fin de notre journée de travail, lorsque nous sommes libres de suivre notre propre inclination. Nous devons cultiver un sentiment identique à celui qui anime de jeunes amoureux lorsque, après une séparation, ils volent dans les bras l'un de l'autre. Telle est la préparation absolument essentielle à la prière, et si nous volons ainsi vers notre Père, la Lumière de Sa présence et la douceur de Sa voix nous instruiront et nous réjouiront au-delà de nos plus chères espérances.

Le Lieu de la Prière.

Le point suivant à considérer est le lieu de la prière; il est d'une importance vitale, pour une raison qui n'est généralement pas connue, même de ceux qui étudient l'occultisme, la voici. Toute prière, exprimée ou silencieuse, tout chant de louanges, toute lecture d'enseignements ou d'exhortations des Saintes Ecritures par un lecteur bien préparé qui aime et vit ce qu'il lit fait descendre sur l'adorateur et sur le lieu lui-même de l'adoration une effusion spirituelle. Avec le temps, une église invisible s'édifie autour de la structure physique qui, dans le cas d'une congrégation fervente, revêt une beauté dépassant toute imagination et défiant toute description. Dans la pièce "Le serviteur dans la maison", Manson ne nous en donne qu'un faible aperçu lorsqu'il dit au vieil évêque:

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"Je crains bien que vous ne puissiez considérer ce Temple comme quelque chose de réel. Il doit être vu d'une certaine manière et sous certaines conditions. Certaines personnes ne le voient jamais. Vous devez comprendre qu'il ne s'agit pas d'un amas mort de pierres et de bois dénué de signification; c'est quelque chose de vivant. Quand vous y entrez, vous entendez un son, un son comme si l'on chantait un poème grandiose. Prenez le temps d'écouter et si vous avez des oreilles pour entendre, vous apprendrez qu'il est fait du battement de coeurs humains, de la musique sans nom d' âmes humaines. Si vous avez des yeux pour voir, vous verrez vraiment l'église elle-même, mystère formé de nombreuses silhouettes et d'ombres s'élançant d'un trait de la base au dôme, oeuvre d'un constructeur inégalable. Ses piliers s'élèvent comme les corps musclés de héros; la douce chair des être humains est moulée sur le pourtour des remparts forts et imprenables. A chaque pierre d'angle apparaissent des visages rieurs de petits enfants. Les formidables arceaux et les voûtes de cette église sont les mains jointes des camarades, et tout en haut dans les espaces, sont inscrites les innombrables aspirations de tous les rêveurs du monde. Ce temple ne cesse de se construire, de grandir et de se développer. Parfois le travail se poursuit dans de profondes ténèbres, parfois dans une lumière éblouissante, tantôt sous le poids d'une angoisse inexprimable, tantôt au son des rires et des acclamations héroïques, semblables au bruit du tonnerre. Parfois dans le silence de la nuit, on peut entendre les petits martèlements des camarades travaillant dans le dôme, ces camarades qui nous ont précédés vers les hauteurs. "

Mais cet édifice invisible n'est pas seulement plus beau qu'un palais de fées dans l'imagination d'un poète; c'est comme le dit Manson, une chose vivante, vibrant de la puissance divine de l'aide infinie donnée à l'adorateur, car elle l'aide à ajuster les vibrations confuses du monde qui pénètre son aura au moment où il entre dans une véritable "Maison de Dieu" et à se mettre ainsi dans l'attitude qui convient à la prière.

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Puis elle l'aide encore à s'élever, en aspiration, jusqu'au trône de la grâce divine pour offrir, là, ses louanges et son adoration qui appellent de la part du Père, une nouvelle effusion spirituelle dans la réponse aimante: " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection."

Un tel lieu d'adoration est essentiel à la croissance de l'âme par la prière scientifique, et ceux qui sont assez heureux pour avoir accès à un tel temple devraient toujours occuper la même place, car elle devient imprégnée de leurs vibrations personnelles et ils s'harmonisent, dans cet environnement, plus facilement que partout ailleurs; ils y obtiennent, par conséquent, de meilleurs résultats.

Mais ces lieux sont rares, car un vrai sanctuaire est indispensable pour la prière scientifique. Nul bavardage, nulle conversation profane ne sauraient s'y tenir, pas même à proximité, sous peine d'en gâter les vibrations; le ton de la voix doit être contenu et l'attitude révérentielle, chacun ne perdant pas de vue qu'il foule une terre sainte et se comportant en conséquence. C'est pourquoi aucun endroit ouvert au public ne saurait répondre aux conditions requises.

En outre, chaque adorateur ajoute beaucoup à la puissance de la prière. L'accroissement peut être comparé à une progression géométrique, si les adorateurs sont à l'unisson et exercés à la prière collective; dans le cas contraire, le résultat risque d'être négatif.

Un exemple peut rendre ce principe plus évident. Supposons qu'un certain nombre de musiciens de talent moyen, n'ayant jamais fait de musique d'ensemble, se réunissent pour jouer en orchestre. Il n'est pas besoin de beaucoup d'imagination pour se rendre compte que leur premier essai contiendra des dissonances; si un amateur était admis à jouer avec eux, ou même avec un orchestre exercé, quelque ardent que soit son désir de collaborer, il fausserait inévitablement l'exécution d'un morceau. Les mêmes conditions scientifiques président à la prière collective; pour qu'elle soit efficace, il faut que les participants soient tous également bien préparés, ainsi qu'il a été expliqué; ils doivent être en accord sous des influences astrologiques harmonieuses.

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Si une planète dite "maléfique" du thème d'une personne est sur l'ascendant de celui d'une autre, ces deux personnes ne sauraient bénéficier de la prière en commun; elles peuvent gouverner leurs astres et vivre en paix si ce sont des âmes avancées, mais l'harmonie fondamentale, absolument indispensable à la prière collective leur fait défaut. Seule l'initiation fait tomber cette barrière.

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Chapitre 15 (Partie II)

LES AILES ET LA PUISSANCE DE LA PRIÈRE

L'INVOCATION - LE POINT CULMINANT - Mars 1918

Nous avons exposé dans la partie précédente les raisons occultes qui rendent la prière collective inappropriée, excepté dans des conditions spéciales.

C'est en raison de ces difficultés que le Christ recommandait à ses disciples de ne pas faire leurs prières devant les hommes, mais de se retirer dans leur chambre pour prier (Matthieu 6:6). Chacun de nous n'est pas à même de disposer d'un grand et bel édifice pour ses dévotions; du reste, le faste et la pompe sont trop souvent de nature à détourner nos coeurs de Dieu. Mais la plupart d'entre nous peuvent réserver une petite partie de leur chambre pour la prière et la séparer par des rideaux ou un écran, ou utiliser une soupente, un placard (au sens propre) et en faire un sanctuaire. La nature des cloisons est sans importance; ce qui importe, c'est l'exclusivité et l'invisible Maison de Dieu que nous construisons par nos prières, et l'effusion divine que nous recevons de notre Père en réponse.

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On peut garnir la paroi d'une image du Christ et d'une Rose-Croix, mais cela n'est pas essentiel. Quelques occultistes avancés préfèrent l'Oeil de Dieu comme symbole du Père. Mais rappelons-nous ces paroles du Christ: "Le Père et moi sommes un"; ainsi, bien que nous n'ayons pas de portrait authentique du Christ, nous préférons nous servir de ceux que nous avons, car nous savons bien que nos pensées ne s'égareront pas pour autant. Le Christ est le Seigneur de cette ère; plus tard, le Père en prendra la charge, mais pour l'instant le Christ est le médiateur des masses.

Il est à peine nécessaire de dire que, quelles que soient les dimensions de la chambre de l'aspirant, s'il est fervent, ce lieu est baigné d'une atmosphère de sainteté, car toutes les pensées qu'il peut légitimement distraire de ses obligations professionnelles vont vers le Père Céleste, et le lieu réservé comme sanctuaire se remplit bientôt de très hautes vibrations spirituelles; c'est pourquoi tout aspirant qui se propose de suivre la méthode scientifique de la prière doit chercher tout d'abord à s'assurer une résidence permanente; s'il se déplace d'un lieu à un autre, il subit des pertes sensibles et, à chaque changement, il doit recommencer sa construction, tandis que le temple invisible qu'il avait édifié, puis abandonné, se désintègre peu à peu lorsqu'il cesse d'être un lieu d'adoration.

Les Ailes et la Puissance

Une maxime mystique dit: "Tout développement spirituel commence par le corps vital". Ce véhicule est proche du corps physique au point de vue de la densité, sa tonique est répétition car c'est le véhicule des habitudes; par cela même il est quelque peu difficile à modifier ou à influencer, mais dès qu'un changement a été réalisé et une habitude acquise par la répétition, la pratique de celle-ci devient automatique jusqu'à un certain point.

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En ce qui concerne la prière, cette caractéristique est à la fois bonne et mauvaise, car l'impression enregistrée dans les éthers du corps vital porte l'aspirant à pratiquer scrupuleusement ses dévotions à heures fixes, même si la prière, devenue une simple routine pour lui, a perdu tout intérêt. Si le corps vital n'avait pas cette tendance à former des habitudes, les aspirants se rendraient compte du danger aussitôt que leur véritable amour s'affaiblit, et il leur serait plus facile de remédier à la perte et de rester sur le Sentier. L'aspirant devra donc s'examiner attentivement, de temps à autre, pour s'assurer qu'il a toujours les ailes et la puissance voulues pour s'élever promptement et sûrement vers son Père Céleste. Les ailes sont au nombre de deux: Amour et Aspiration sont leurs noms, et l'irrésistible puissance qui les fait mouvoir est un zèle intense. Sans ces trois éléments et une compréhension intelligente pour adresser l'invocation, la prière est un simple babil, alors que, convenablement faite, elle est la méthode la plus puissante connue pour la croissance de l'âme.

La Position du Corps

La position du corps importe peu dans la prière individuelle; la meilleure est celle qui se prête le mieux à la concentration sur un point déterminé; mais dans la prière collective, il est d'usage, parmi les occultistes accomplis, de se tenir debout, la tête baissée et les mains jointes d'une certaine manière. Cette attitude produit un circuit magnétique qui unit spirituellement les assistants dès le début des exercices. Dans les réunions moins avancées, un hymne chanté debout est d'un grand profit, pourvu que chacun y prenne part.

L'Invocation

On a tant abusé du mot " prière" qu'il ne définit pas l'exercice auquel nous faisons allusion.

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Comme déjà dit, lorsque nous nous rendons à notre sanctuaire, nous devons y aller comme le fiancé se hâte vers sa bien-aimée; notre esprit doit s'élancer et devancer notre corps physique lent à se mouvoir, dans le vif désir de goûter au plus tôt les délices qui nous attendent et, chemin faisant, nous devons tout oublier pour ne songer qu'à l'adoration qui nous remplit tout entier. Le sentiment requis pour assurer la réussite est comparable à celui qui attire l'amant vers sa bien-aimée; il est même plus ardent et plus intense. " Comme le cerf soupire après les eaux courantes, ainsi mon âme a soif de Toi"; cette parole du psalmiste décrit l'expérience de celui qui aime vraiment Dieu. Si nous ne possédons pas cet état d'esprit, nous pouvons le cultiver par la prière, et une des plus constantes prières légitimes que nous pouvons faire pour nous-même est celle-ci: "O Dieu, accrois mon amour pour Toi, afin que je Te serve mieux de jour en jour." "Que les paroles de ma bouche et la méditation de mon coeur soient acceptables à Ta vue, O Seigneur, Ma force et mon Rédempteur."

Les invocations pour des choses temporelles sont de la magie noire; nous avons la promesse: " Cherchez premièrement le Royaume de Dieu et Sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît". Dans l'Oraison Dominicale, le Christ a tracé la limite lorsqu'il a enseigné à ses disciples à dire: "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien." Que ce soit pour nous-mêmes ou pour les autres, nous devons nous garder d'aller plus loin dans une invocation scientifique. Et même en priant pour des bénédictions spirituelles, nous devons être attentifs à ne pas développer un égoïsme qui détruirait la croissance de notre âme. Tous les saints ont connu les jours de ténèbres durant lesquels le divin Ami voile sa face, et l'abattement en est la conséquence. C'est alors que sont mises à l'épreuve la nature et la force de notre affection: Aimons-nous Dieu pour Lui-même, ou l'aimons-nous pour les délices que nous éprouvons dans notre douce communion avec Lui?

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Si cette dernière réponse est la bonne, notre affection est, en essence, aussi égoïste que les sentiments de la multitude qui le suivait parce qu'Il l'avait nourrie; et maintenant comme alors, il est nécessaire qu'Il se dérobe à nos yeux en pareil cas : c'est une marque de Son amour et de Sa tendre sollicitude qui devrait nous inciter à tomber à genoux, pleins de honte et de remords. Heureux sommes-nous, si nous savons redresser les imperfections de notre caractère, et apprendre la leçon de fidélité infaillible que nous donne l'aiguille aimantée qui indique le pôle sans broncher, en dépit de la pluie ou des nuages d'orage qui lui cachent son étoile bien-aimée.

Ainsi que nous l'avons dit, nous ne devons pas prier pour des biens temporels, et être prudents même dans nos prières pour les dons spirituels; la question suivante est donc adéquate: "Quel sera alors l'objet de notre invocation?" De façon générale la réponse est: louange et adoration. Nous devons abandonner l'idée que, chaque fois que nous nous approchons de notre Père Céleste, nous devons lui demander quelque chose. Cela ne nous ennuierait-il pas si nos enfants nous harcelaient sans cesse de demandes? Nous ne pouvons évidemment pas imaginer notre Père Céleste fatigué de nos importunités, mais nous ne pouvons pas non plus nous attendre à ce qu'Il nous accorde ce qui pourrait nous être nuisible. D'autre part, lorsque nous offrons notre gratitude et nos louanges, nous nous mettons dans une position favorable par rapport à la loi d'attraction, un état réceptif qui nous permet de recevoir une nouvelle effusion de l'Esprit d'Amour et de Lumière, qui nous rapproche de notre idéal adoré.

 

Le Point Culminant

Il n'est pas non plus nécessaire que l'invocation exprimée ou silencieuse continue pendant toute la durée de la prière.

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Lorsque, sur les ailes de l'amour et de l'Aspiration, mus par l'intensité de notre zèle, nous avons pris notre envol vers le Trône de notre Père, il peut y avoir un moment de douce mais silencieuse communion, plus suave que tout au monde; elle est analogue au bonheur des amoureux restant des heures entières dans un silence ininterrompu, trop pleins d'amour pour pouvoir l'exprimer, dans une extase qui dépasse de beaucoup toute la joie de leur conversation en tête-à-tête. Il en est ainsi quand nous atteignons le point culminant où l'âme repose en Dieu, tous ses désirs satisfaits par ce sentiment d'union exprimé par les paroles du Christ: "Mon Père et moi sommes un". Ayant atteint ce point ultime, l'âme a goûté la quintessence de la joie, et quelque sordide que nous paraisse le monde, quelque sombre que soit la destinée à affronter, l'amour de Dieu qui surpasse toute intelligence est la panacée pour tout.

Il faut cependant dire que ce point culminant ne peut être atteint dans toute sa plénitude qu'à de rares intervalles. Il présuppose non seulement l'intensité du désir de s'élever vers le divin, mais un "fond de réserve" pour conserver l'équilibre dans cette position, équilibre que la plupart d'entre nous n'ont pas toujours à disposition. Chacun sait que rien de valable ne vient sans effort, et ce que l'homme a fait, un autre peut le faire, et si nous commençons à cultiver la puissance de l'invocation selon les normes scientifiques indiquées, nous récolterons, avec le temps, des résultats que nous avons peine à concevoir.

Puisse notre Père Céleste bénir chacun de nos efforts.

 

QUATRIEME PARTIE

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Chapitre 16: p 123-128 - MÉTHODES PRATIQUES DE DÉVELOPEMENT SPIRITUEL,

basées sur la conservation de la force sexuelle - Octobre 1916

Il nous est tout aussi impossible de parvenir à un succès véritable et durable sans vivre en harmonie avec les lois de la vie, qu'à un criminel de vivre paisiblement dans la société dont il transgresse les lois. Comme ce malfaiteur est finalement puni pour ses habitudes spoliatrices et incarcéré, de même la nature frappe de peines et de contraintes ceux qui violent ses lois. La contrainte, c'est la maladie, qui est l'ennemie du bonheur; quelle que soit en effet la fortune ou la position sociale acquise, nul ne peut être heureux si son corps physique souffre de maladie. On voit ainsi que pour l'homme et la femme qui désirent la réalisation complète du bonheur et du succès dans la vie, une des conditions essentielles est la santé et aussi la vigueur; Nous ne pouvons arriver à être optimiste, frais et dispos pour atteindre au succès recherché, que dans la mesure où nous jouissons d'une belle santé.

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La Bible nous dit que la mort et la maladie sont venues en ce monde parce que l'on a goûté à l'"arbre de la connaissance" , et bien que du point de vue matérialiste, cala puisse paraître absurde, ne rejetons pas cette histoire avant d'y avoir regardé d'un peu plus près. Nous trouverons qu'elle est en parfaite harmonie avec les faits scientifiques tels qu'ils sont actuellement démontrés. Voyons tout d'abord quelle est la signification de l'arbre de la connaissance, telle qu'elle est illustrée par les citations suivantes: "Adam connut sa femme et elle conçut Abel"; "Adam connut sa femme et elle enfanta Seth"; et par les paroles de Marie à l'ange: "Comment pourrai-je concevoir, puisque je ne connais point d'homme?". Ces citations, et d'autres semblables, nous montrent que l'arbre de la connaissance est, de toute évidence, une expression symbolique de l'acte de reproduction. L'humanité est donc, comme le dit la Bible, conçue dans le péché et, par conséquent, sujette à la mort: il semble ne pas y avoir d'autre issue.

Cependant, l'évolution étant un fait de la nature, l'homme, tel qu'il est aujourd'hui, est le résultat d'un long passé, et l'état présent n'est pas le degré final d'un standard de perfection, car il existe de plus grandes hauteurs devant nous. Nous sommes dans un état d'éternel devenir; il n'y a ni halte ni repos le long du sentier qui est illimité comme l'âge de l'esprit. En outre, ce que nous sommes aujourd'hui étant le résultat de ce que nous avons été hier, de même ce que nous serons demain dépend de la manière dont nous utilisons aujourd'hui nos facultés. Etudions donc le passé afin que, sachant ce que nous avons été, nous puissions savoir ce que nous devons être.

Selon la Bible, l'humanité était à la fois masculine et féminine avant d'être séparée en deux sexes distincts comme homme et femme. Il y a encore parmi nous des hermaphrodites dotés de cette particularité, que nous considérons aujourd'hui anormale, mais qui prouve la vérité de l'assertion biblique; d'ailleurs la physiologie nous enseigne qu'en chacun de nous l'organe sexuel opposé existe à l'état latent.

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Durant la période où l'homme était hermaphrodite, la fécondation devait s'effectuer en lui-même; cela n'est d'ailleurs pas plus étrange que la fécondation hermaphrodite de beaucoup de plantes actuelles.

Voyons maintenant, selon la Bible, quel était l'effet de l'auto-fécondation en ces temps reculés. Deux faits de première importance sont mis en évidence: l'un est qu'il y avait des géants sur la Terre à cette époque; l'autre que les patriarches vivaient des siècles entiers; et ces deux caractéristiques, forte croissance et longévité, sont l'apanage de nombreuses plantes aujourd'hui. La haute taille des arbres et leur durée de vie sont remarquables; ils vivent plusieurs siècles pendant que l'homme vit quelques dizaines d'années seulement. Dès lors se pose la question: quelle est la raison de la brièveté de la vie humaine, et quel en est le remède? Considérons d'abord la raison de cette brièveté et le remède deviendra alors évident.

Les horticulteurs savent bien que les plantes s'étiolent lorsqu'elles fleurissent abondamment. Un rosier peut fleurir au point d'en dépérir; c'est pourquoi le jardinier avisé taille les bourgeons de la plante afin que la force serve en partie à la croissance plutôt qu'à la floraison. Ainsi, en gardant la semence en elle, la plante acquiert la force requise pour la croissance et la longévité. Tel était le secret de la haute stature et de la longévité des premières races, comme c'est aujourd'hui le secret de la taille et de la longévité des plantes.

Que l'essence créatrice qui est à l'intérieure de la semence soit une substance spirituelle est un fait évident, si nous comparons la fougue et l'impatience de l'étalon ou du taureau sous le frein, à la docilité du hongre ou du boeuf. Nous savons en outre que le libertin invétéré et le débauché deviennent stériles et finissent par dépérir. Lorsque nous sommes devenus conscients de ces faits, il est facile de comprendre la véracité de l'assertion biblique selon laquelle le fruit de la chair qui nous soumet à la loi du péché et de la mort, est d'abord et surtout la fornication, alors que les fruits de l'esprit qui conduisent à l'immortalité sont par excellence, ainsi que l'indique le même livre, la continence et la chasteté.

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Considérons aussi l'enfant et la façon dont la force créatrice utilisée intérieurement et à son profit détermine une croissance importante durant les premières années, mais à l'âge de la puberté la naissances de la passion commence a tenir la croissance en échec; la force vitale produit alors la semence afin de trouver ailleurs croissance et expression, et c'est pourquoi la croissance s'arrête. Si nous continuions à grandir comme durant l'enfance, nous deviendrions des géants, comme les divins hermaphrodites des temps jadis.

La force spirituelle produite dès la puberté et durant toute la durée de la vie peut être employée à trois fins: à la génération, à la dégénérescence ou à la régénération. C'est à nous de choisir l'une des trois méthodes; mais le choix que nous faisons aura une importante influence sur toute notre vie, car l'emploi de cette force n'est pas limité, dans ses effets, au moment ou à l'occasion de l'utilisation. Il affecte chaque instant de notre existence et détermine notre attitude dans chacune des phases de la vie parmi nos semblables: comment nous faisons face aux épreuves variées de la vie; si nous sommes capables de saisir les occasions qui se présentent à nous ou si nous les laissons échapper; si nous sommes bien portants ou malades; si nous vivons notre vie pour atteindre un but satisfaisant; tout cela dépend de la manière dont nous utilisons la force vitale. Cette force est le véritable ressort de toute notre existence, l'élixir de vie.

La part de la force créatrice qui est légitimement sacrifiée sur l'autel de la paternité et de la maternité est si infime, qu'elle peut être négligée relativement à ce qui nous occupe ici. Au point de vue physique aussi bien que spirituel, il n'y a aucune raison d'insister sur le célibat dans les ordres religieux, car ce n'est pas non plus en harmonie avec la Bible. La simple suppression de l'attraction sexuelle n'est pas une vertu en elle-même; en fait, elle peut être un vice d'importance car les millions d'individus qu'une convention détourne ou empêche de chercher une satisfaction conforme aux lois de la nature, tombent dans les vices les plus épouvantables.

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Même s'ils s'abstiennent de l'acte sexuel, leurs pensées sont de telle nature qu'ils deviennent pareils à des sépulcres blanchis, horribles au dedans, bien que paraissant blancs et purs à l'extérieur. Paul lui-même dit, en parlant d'une condition différente il est vrai, que "il vaut mieux se marier que de brûler" (1 Corinthiens 7:9), et l'expression naturelle de la force créatrice est de beaucoup préférable aux ravages intérieurs mentionnés ci-dessus.

Tandis que très peu de gens se font les défenseurs de l'abus de la fonction créatrice, beaucoup parmi ceux qui suivent des préceptes spirituels par ailleurs, ont encore le sentiment que l'abandon aux relations sexuelles pour le plaisir et la fréquence de celles-ci, ne causent aucun mal; certains sont même d'avis qu'elles sont tout aussi nécessaires que l'exercice de n'importe quelle fonction organique. Cela est faux pour deux raisons: premièrement, chaque relation sexuelle requiert une certaine quantité de force qui brûle les tissus, et ceux-ci doivent être réparés par une quantité supplémentaire de nourriture, ce qui augmente et renforce l'éther chimique. En second lieu, la force créatrice opérant par l'éther-vie, cette partie du corps vital se trouve aussi renforcée par chaque abandon à la sensualité. En envoyant ainsi la force créatrice vers le bas pour satisfaire nos désirs de plaisir sensuel, nous fortifions les deux éthers inférieurs; et leur emprise sur les deux éthers supérieurs qui forment le corps de l'âme devient, avec le temps, de plus en plus vive et forte. Du moment que le développement des pouvoirs de l'âme et la faculté de voyager dans nos véhicules supérieurs dépendent du clivage entre les éthers inférieurs et le corps de l'âme, il est évident qu'en cédant à la nature inférieure, nous agissons à l'encontre du but que nous avons en vue et retardons ainsi notre développement.

L'apôtre nous conseille de "garder en nous la semence" (I Jean 3:9) et nous pouvons prendre l'exemple suivant pour illustrer ses paroles: si nous allons au jardin pour y observer la qualité des variétés de fruits sans graines, nous constaterons que ceux-ci sont plus gros et plus savoureux que ceux qui ont des graines, parce qu'en eux toute la sève est employée dans le seul but de rendre le fruit délicieux et succulent.

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Par analogie, si au lieu de dissiper notre substance, nous vivons chastement et élevons la force créatrice en vue de notre régénération, nous éthérisons et épurons notre corps physique par ce moyen, tout en fortifiant notre corps de l'âme. De la sorte, nous pouvons prolonger notre vie sur terre et multiplier ainsi les occasions favorables à la croissance de l'âme et à notre avancement sur le Sentier, de manière très sensible.

Lorsque nous comprenons que le succès ne consiste pas en l'accumulation de richesses, mais en la croissance de l'âme, il devient évident que la chasteté est un important facteur pour parvenir au succès dans la vie.