ADONAI

 

 

Le nom peut-être le plus contraignant par lequel les mystiques Hébreux saluaient leur Dieu fut le nom Adonaï. Le véritable mot contient à l’intérieur de lui-même un rayonnement spécial, non correctement exprimé dans son équivalent anglais Lord,  en français,  Seigneur. Bien qu’il fut utilisé comme substitut pour l’ineffable Tetragrammaton, il a encore une signification intérieure et une splendeur en lui-même. Par l’œil intérieur, l’oeil de l’esprit, il a été considéré comme le disque du soleil, une splendeur de lumière encerclant la forme d’un grand Archange.

Dans le Christianisme primitif le mot halo se référait uniquement au halo partiel, ou aura, de lumière entourant la tête d’un saint ou d’un dieu ; la lumière entourant le corps entier était une Gloire. C’est l’équivalent personnel de la Gloire de la Shékinah.

A présent lorsque le néophyte commence à ressentir les mondes intérieurs, ou spirituels, il devient conscient d’un Soleil qui brille dans ce monde comme notre soleil physique brille dans le nôtre. Ce Soleil spirituel est la lumière des mondes spirituels. Sa chaleur est la chaleur des mondes spirituels. Sans ce Soleil spirituel, les mondes intérieurs ou spirituels périraient aussi sûrement que notre monde physique périrait sans le soleil physique.

 

En premier lieu le Soleil Spirituel, à la vue non entraînée de l’étudiant voyant, est perçu seulement comme un globe de lumière, et sa chaleur est sentie par les sens psychiques tout comme une chaleur physique est ressentie par les sens physiques. Mais il vient un moment où à l’Oeil pleinement ouvert, le Soleil est perçu comme une aura de cet Archange qui habite le cœur de notre monde, le Logos Solaire. Les visionnaires Hébreux, dont la vue était ouverte à cet Ange dans le Soleil, le saluaient par le nom d’Adonaï, Seigneur.

 

A présent le Soleil spirituel, lorsqu’il est vu spirituellement, consiste vraiment en trois grands Etres, appelés en ésotérisme Chrétien, le Père, le Fils et le Saint Esprit (Jéhovah) ; mais sous certaines lois métaphysiques qui gouvernent les phénomènes spirituels, Jéhovah semble résider non dans l’orbe solaire, mais dans la Lune, et Il fut donc adoré en tant que dieu lunaire par les Chaldéens et les Hébreux, car Il travaille seulement avec des planètes ayant des satellites. De même qu’il y a un Soleil spirituel qui brille dans le monde intérieur, ainsi il y a une Lune spirituelle, et cette Lune spirituelle est Jéhovah, ou l’Esprit Saint. Donc, La Lune est son symbole. A un stade encore plus tard, nous apprenons qu’il y a une Terre spirituelle,  et l’Initiation nous conduit à travers ses neuf strates vers le Centre du feu  à son cœur, le feu Souterrain qui est aussi un SOLEIL pour la vision spirituelle, et qui fut aussi adoré comme ADONAI, Seigneur ! Car toute Vie est un mystère du double Feu Divin tel que Moïse le vit jaillissant du Buisson, et le Buisson (l’univers) n’était pas consumé mais nourri de ce fait.

 

Lorsque l’Initié regardait vers le Soleil Spirituel, c’était ce Grand Archange que nous appelons à présent Christ qui était vu. Et derrière Lui  se tenait l’orbe bleue éclipsante du Père, qui s’étendait elle-même à l’infini devant la vision spirituelle, comme l’azur atteint les Cieux lui-même. Une telle connaissance telle que ceci constituait le centre des Mystères Hébreux, car les Hébreux partageaient  les Mystères Solaires en commun avec le reste du monde soi-disant païen. Bien sûr, les peuples anciens n’utilisaient pas les mêmes noms puisqu’ils parlaient des langues différentes. Pourtant, l’Idée fut la même dans tous les langages, car le langage est le fruit des Esprits de Race qui sont les Rayons du Dieu Jéhovah, après un moyen d’expression. C’est à dire, ils sont les canaux pour Son influence. Techniquement, ils sont appelés les Archanges.

C’était un fait établi parmi les Egyptiens que le Soleil Spirituel était le créateur de vie, et Moïse, un Initié Egyptien, pouvait difficilement être ignorant de cet enseignement. En fait, les Ecritures abondent en références cachées  sur un culte solaire ésotérique, que l’excessive  persécution dans les derniers siècles ne fut jamais capable d’éradiquer complètement .  Même aussi tard que Malachie nous sommes encore capables d’en trouver les évidences :"Le Soleil de Justice se lèvera avec la guérison dans Ses ailes". Une figure de style poétique ? Sûrement, mais aussi de fait. Le Soleil Ailé fut, et est, un symbole bien connu des Mystères Egyptiens.

 

L’Archange dans le Soleil était visible  aux voyants de toute race, nation et époque. Comment pouvait-il ne pas l’être ? Même en des temps comparativement récents, Swedenborg, ignorant des enseignements des Mystères à cet égard, eut soudainement sa vision ouverte et vit le Soleil spirituel. Ses disciples pensèrent naturellement que ce fut une expérience unique mais il n’est rien de la sorte. Beaucoup de mystiques, sur des périodes de milliers d’années, ont connu cette expérience ; mais le cas de Swedenborg illustre pour nous comment d’anciens voyants dans les temps pré-Chrétiens pouvaient aussi avoir vu le Christ Archangélique avant Son incarnation en Palestine. Pour les Perses, cet Archange fut Mithra ; pour les Chaldéens, Samash, plus tard identifié avec le Verbe en Chrétienté ; pour les Grecs l’Archange fut Apollon et Dionysos ; pour les Egyptiens Osiris ; pour les Phéniciens Adonis et Osir, ces êtres n’étant que les deux noms du dieu Osiris.

 

Mais Il n’était pas seulement visible dans le Soleil ; Il semblait être réellement présent dans Ses adorateurs lorsqu’ils entraient dans les mondes spirituels au moyen du rite des Mystères. Nous devons toujours nous rappeler que l’espace à notre sens physique du mot, est virtuellement non existant dans les mondes spirituels. L’espace est ici, mais l’espace et la distance ne sont pas synonymes spirituellement. Par conséquent l’Archange dans le Soleil est à portée de main ou très loin, selon notre propre amour pour Lui et notre compréhension de Sa Vérité.

L’Esprit dans le Soleil fut adoré comme un Sauveur, le Sauveur Soleil, et fut compris comme étant le représentant du Principe de Lumière dans l’univers. Comme la Lune brille par réflexion de la lumière solaire, ainsi le Dieu Jéhovah brille spirituellement par réflexion de la Lumière Christ. Jusqu’à l’avènement du Christ, Son influence nous atteignait au moyen du Principe de Jéhovah en tant que canal.

La lumière dans le monde spirituel indique la présence de l’Intelligence Divine ; la chaleur dans le monde spirituel indique la présence de l’Amour Divin. (Mais il y a une "fausse lumière" et une "fausse chaleur" qui appartiennent à la conscience de l’Enfer).

A présent il était en accord avec la révélation divine de croire que qu’un jour le Seigneur de Lumière, visible aux Initiés dans le Soleil Spirituel (les Manichéens et les Gnostiques L’appelaient Homme Primal dans le Soleil), descendrait sur terre en tant que Sauveur de la terre, mettant  fin au règne des ténèbres et établissant en son lieu un Nouveau Ciel et une Nouvelle Terre.  Une telle incarnation terrestre était devenue nécessaire, disaient les Initiés, à cause du matérialisme parmi les hommes, qui évacua la lumière de l’Esprit, particulièrement en Occident.

Les Hébreux ne s’attendaient pas à une descente miraculeuse du Messie, ou Libérateur, mais pensaient qu’il devait naître en tant qu’homme parmi les hommes, ayant à la fois père et mère. Dans le Livre d’Enoch, Il est décrit  comme pré-existant avec Dieu. C’est une des nombreuses doctrines Gnostiques que l’Eglise orthodoxe a supprimées. Néanmoins le Livre d’Enoch est cité dans le Nouveau Testament d’une manière qui montre que Jésus Christ l’acceptait comme un véritable livre de révélation, et qu’Il se référait à ses enseignements ésotériques puisque sachant que ses disciples étaient déjà familiers avec eux.

Par tout ceci, nous sommes mieux à même de comprendre la déclaration de Zacharie dans le Nouveau Testament (Luc 1 :78) :"A travers la tendre Grâce de notre Dieu, par laquelle Le Soleil levant d’en haut nous a visités". Aussi, il aide à connaître que les Thérapeutes priaient chaque jour vers le soleil levant, demandant que la Lumière Divine de Vérité illumine leurs esprits.

En Inde c’est Krishna qui était adoré comme le Soleil spirituel. En Egypte, le Soleil spirituel était représenté par un symbole bleu dans les hiéroglyphes, signifiant Atum, le Principe Père ou, comme Max Heindel le dit, le Feu Invisible du Père. Maintenant Krishna, en art sacré Hindou, porte la robe dorée de l’amour (les Hindous parlent de ceci aussi), et son corps est aussi d’un beau bleu délicat. Il se tient donc comme un prototype d’une nouvelle race spirituelle encore inconnue sur terre. Le Soleil Spirituel est salué en prière par l’ami de Krishna :"Puisse ce Soleil qui contemple et voit dans tous les mondes  être notre protection. Puisse t il illuminer notre intellect !" Ainsi en Inde, aussi, les Mystères du Soleil Spirituel étaient, et sont, connus, quoique l’Inde encore  ne soit pas arrivée à comprendre la connexion entre son ancienne doctrine et l’avènement du Christ en Palestine il y a deux mille ans.

 

Nous savons qu’en Grèce, Dionysos était également identifié au Soleil Mystique, la Lumière qui brille dans l’obscurité, la Lumière qui éclaire chaque homme. Euripide dit que lorsque Dionysos vint en Grèce son culte était déjà connu de toute l’Asie, Asie Mineure, Chaldée, Egypte et Syrie. La Syrie ici inclut la Phénicie et sa voisine la Palestine.

Ainsi nous apprenons que le Mystère d’Adonaï est un Mystère universel, partagé par tout l’ancien monde, même sous différents noms, qui parmi les Grecs devint Adonis. Adonis est la forme hellénisée du mot Phénicien pour Seigneur, et comme nous le savons, Adonis est Osiris, et Osiris est Dionysos.  (Hérodote identifie assez précisément Osiris avec Dionysos).

Nous avons mentionné que le Mystère d’Adonaï avait son aspect souterrain (Chtonien), aussi bien que céleste. Ceci explique  les temples souterrains, les grottes et cryptes dans lesquels les Mystères Solaires étaient fréquemment célébrés. Le Labyrinthe de Crète semble avoir été un Temple Solaire de cette sorte.

Les Mystères traitaient avec les mystères des mondes spirituels et conservaient l’espoir de l’immortalité pour l’âme. Ils enseignaient la renaissance, et le salut ultime de la renaissance quand l’esprit pouvait "se tenir" et ne sortait plus ; d’où le terme "piliers de l’Eglise". Pierre, Jacques et Jean sont désignés comme Piliers. En d’autres mots, le temple souterrain représentait une descente au tombeau puis une élévation (résurrection), à la manière d’un Osiris, ou d’un Adonis, ou Dionysos—ces trois étant un. Il est bien connu qu’Osiris était avant tout un dieu des enfers. Ainsi était adoré Dionysos-Zagreus  dans les Mystères Orphiques : Zagreus signifie le Dévoreur (dans une interprétation du mot), se référant bien sûr à la mort. Le Mystère central de l’Orphique, comme des cultes d’Osiris et d’Adonis, était la mort et la résurrection de dieu—Dionysos, Osiris et Adonis, respectivement. Le Mariage Mystique figurait aussi avant tout dans ces cultes, comme il le fit plus tard parmi les Gnostiques.

 

Puisqu’ils sont Mystères Solaires, nous nous attendons à ce qu’ils aient une connexion avec  la progression du Soleil à travers le cycle de vie  de la terre et sa végétation. Pherecydes, le maître de Pythagore et fondateur réputé des Mystères Orphiques du sixième siècle avant JC, fit usage d’une caverne pour démontrer les tournants solsticiaux  et équinoxiaux  du soleil dans son circuit annuel. Ceci nous rappelle les grottes de Mithra, et suggère aussi un remarquable parallèle avec la naissance de Jésus dans une grotte et sa sortie hors d’une tombe au matin de Pâques, événements que chaque étudiant Rosicrucien sait arriver au solstice d’hiver et à l’équinoxe vernal, respectivement. 

Il y a une ancienne tradition disant qu’une crypte secrète existe sous le Temple de Salomon dans laquelle les enseignements ésotériques d’Enoch étaient cachés. Enoch aussi est associé aux Mystères Solaires. Ce nom signifie "L’Initié", ou "l’Enseignement", et  il fut un Fils de Caïn. De nos jours, le Mont Moriah est un nid d’abeilles avec des cavernes artificielles, du au fait que la surface de la colline n’était pas assez large pour s’adapter à toutes les structures du Temple, et la colline fut par conséquent construite, étage sur étage, laissant de nombreux passages et gouttières souterrains dans son intérieur sous la zone du Temple.

Lorsque le Christ, si longtemps prévu et Sa venue enseignée dans les Mystères, vint enfin sur terre, Lui, en tant que Hiérophante de tous les Mystères, mit de côté les anciens rites et le secret et la limitation qui les accompagnaient, disant, "Quiconque veut peut venir". Les anciennes écoles avaient conservé leur utilité, et avec la venue de la Dispensation Chrétienne elles furent mises de côté—non essentiellement à cause de la persécution mais parce qu’un cycle totalement nouveau fut inauguré par l’Archange Christ.

 

 

 

RAYS JUILLET AOUT 2000           ANNE PHILLIPS

 

Traduction Chantal Duros