ETUDES DANS L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN

 

Poids, Mesure et Nombre

Dans l'Histoire Spirituelle de l'Humanité

 

Partie II

 

 

 

Ce fut juste cette transformation du "poids" en lourdeur qui eut lieu dans la destinée de la communauté de l'Inde Ancienne. Elle négligea son "premier amour", et en conséquence de ceci, la descente devint chute.  "Souviens toi d'où tu es tombé [ekpeptokas], et repens toi, et pratique tes premières œuvres" (Rév; 2:5).  En ces mots le seigneur du Karma exprime la dispensation karmique qui était devenue nécessaire à cause de la perte du premier amour pour le courant de la culture de l'Inde Ancienne.  Ceci est l'effet du karma sur tous ceux qui refusent de s'incarner pleinement, tous ceux qui résistent  à une complète incorporation : Ils chutent dans l'incarnation contre leur volonté au lieu de de descendre par une force morale libre dans la sphère d'action  entraînant le karma. Car la scène de ces actions qui déterminent le karma réside, pour les hommes, dans le monde physique; le monde du travail est la région où les actes des hommes acquièrent  leur plus grande signification. Pour cette raison l'avertissement à l'Ange de l'Eglise d'Ephèse dit : "Souviens-toi d'où tu es tombé, et repens toi, et pratique tes premières œuvres [ta prota erga poieson]". Cet avertissement est adressé à tous ceux qui sont enclins à refuser de travailler énergiquement dans la sphère des actions—tous ceux qui sont enclins à esquiver la pleine mesure de leur partage de responsabilité dans les événements terrestres. Car il ne leur est pas permis un vrai poids pour fonctionner dans leurs âmes—le "poids" de l'esprit de sacrifice, qui donne aussi le poids à l'effort humain et à l'action en contrôlant le karma du futur.

Pour être capable de fouler véritablement  ce sentier dans le futur, il est non seulement requis un esprit de sacrifice pour produire le 'poids' dans l'âme, la force également est nécessaire pour amener ce sacrifice à son terme, en persévérant dans les épreuves.  Car pour être prêt à descendre vers l'inférieur l'espace n'est pas suffisant; il est aussi nécessaire dans cet 'espace' de franchir un sentier qui mènera au but. Il est nécessaire, également, de rester fidèle à la tâche au long d'une période prescrite de temps.  Suivre l'idéal du "premier amour"—l'aptitude à aimer la mission d'humanité de la Terre—est l'idéal de fidélité à cette mission à travers les épreuves de la route terrestre dans le 'temps'. La réalisation de cet idéal est la tâche de l"Ange de l'Eglise de Smyrne", la mission de l'impulsion spirituelle de l'Ancienne Perse. C'est pourquoi l'admonition de la seconde lettre, la lettre à l'ange de l'église de Smyrne, dit : "Sois fidèle jusque dans la mort, et je te donnerai  la couronne de vie" (Rév. 2:10). Pour cette raison la lettre à l'église de Smyrne ne vient plus de Celui "qui tenait les sept étoiles dans sa main droite, et marchait au milieu des sept chandeliers", mais de Celui "qui est le premier et le dernier, qui était mort, et est vivant". Car ce qui coulait du Christ dans les âmes des hommes à travers la culture spirituelle de l'Ancienne Perse est l'impulsion de fidélité, l'attente et l'espoir que tous les obstacles, même la mort, doivent être maîtrisés. "Le premier et le dernier, qui était mort, et est vivant", est, par conséquent,  une formule exprimant très brièvement la nature du désir le plus élevé et de l'espoir le plus grand qui constituaient la vie morale et spirituelle de la culture de l'Ancienne Perse, et qui persiste aujourd'hui dans la strate Ancienne Perse de l'âme humaine.

 

Cet idéal de fidélité est, dans son essence la plus intime, le contenu spirituel de Mesure, tout comme le "premier amour" est l'essence la plus intime du Poids. Car le sentier qui mène  du "premier" au "dernier", de la "mort" à la "vie", est la véritable 'mesure de la fidélité humaine et de la grandeur de la mission humaine de la Terre. Cette 'mesure' peut être perçue, reconnue, et réalisée par la libre force morale de l'âme; alors elle brille dans l'âme comme le grand but libérateur de l'existence terrestre de l'homme. Si, cependant, elle n'est pas librement et consciemment acceptée, aors le karma, au lieu d'apparaître en tant que 'mesure'  d'héroïsme spirituel, prend l'apparence d'une contrainte et d'une entrave. Tout comme la perte du "premier amour" mène à la chute, lorsque le Poids devient lourdeur, ainsi le manque de fidélité mène à la contraction, lorsque la Mesure devient une constriction de l'âme : "le diable jettera quelques uns de vous en prison" (Rév. 2:10),  dans le but, par le confinement forcé, d'éveiller un effort pour le libre héroïsme de la véritable "Mesure".

Cet emprisonnement, qui doit être apporté par Lucifer (Diabolos) est en réalité la solitude de l'âme qui est confinée à l'intérieur d'elle-même parce qu'elle ne se sera pas unie avec le grand dessein de l'évolution humaine. Puisque l'âme n'accepte pas la "'Mesure' spirituelle, elle doit devenir, telle qu'elle est, la 'mesure' de sa propre conscience; sa propre nature tracera la ligne qui confinera sa conscience, son activité, et son monde. Les murs de la "prison", dans laquelle l'âme a été jetée par l'impulsion Luciférienne,  sont  des limites tracées par elle-même; c'est l'égoïsme de l'âme qui la confine et la maintient en prison.

 

Ainsi l'âme est confrontée au choix de deux 'mesures' possibles: soit de reconnaître librement la 'Mesure' de l'esprit, soit d'accepter son propre modèle en tant que 'mesure'. Lucifer guiderait l'âme vers le second choix, et c'est pourquoi il nous est dit dans l'Apocalypse que Lucifer (Diabolos) "jettera certains d'entre vous en prison".

 

Ceux qui, cependant, auront choisi le véritable sentier de fidélité à la mission humaine de la Terre (c'est à dire, ceux qui ont choisi la 'Mesure' spirituelle) sont appelés dans cette lettre, les "Juifs" (hoi Judaioi). Ce nom ne signifie réellement rien d'autre  qu' "âmes humaines qui sont déterminées à oeuvrer à travers les âges à la préparation et la réalisation de l'impulsion Christ".  Car c'est la signification de l"éternelle Israël" consistant en douze tribus—la communauté karmique  des âmes humaines unies à travers de nombreuses incarnations à l'impulsion Christ, d'abord en la préparant, puis en la réalisant. Donc les "Juifs" dans le sens de l'Apocalypse, ne sont pas membres d'une nation quelconque; ils sont ces âmes qui ont opté pour le service de l'impulsion Christ. Mais maintenant il y a une épreuve sévère reliée à ceci, c'est à dire, le "blasphème de ceux qui disent qu'ils sont Juifs, et ne le sont pas, mais sont de la synagogue de Satan".  Cette "synagogue de Satan"  est l'antipode karmique de l"étenelle Israël", et le blasphème de cette communauté consiste en l'imitation de tout le pouvoir et l'activité de l'impulsion Christ dans la vie humaine,  en la tournant, en même temps, en son opposé.  L'activité Arhimanienne (c'est à dire, dans le sens de l'Apocalypse, l'activité de Satan) dans la destinée de l'humanité, consiste premièrement en la création d'une sorte de caricature de la communauté humaine et d'un ordre pour lequel s'efforce  l'impulsion  Christ.  Alors que Lucifer (Diabolos) isole les hommes, "les jette en prison", Arhiman (Satanas) les rassemble en une communauté (synagogue), tout comme l'impulsion Christ les réunit aussi en une communauté (ecclesia). Au lieu de l'isolement égoïste apporté par Lucifer, deux communautés fondées sur la conscience du nous, apparaîtront dans l'histoire du monde. L'une est la communauté du Christ, où des hommes-égos libres s'unissent  dans une libre alliance; l'autre, son opposée, est l'organisation de masse d'Arhiman, absorbant l'égo individuel. Le blasphème est contenu dans le fait que la véritable conscience du nous  de la fraternité spirituelle est tournée en son opposée par le mimétisme de la fausse conscience du nous dans l'organisation de masse. Ainsi, il y a de "vrais Juifs", c'est à dire, des hommes-égos formant une communauté entre eux sur une fondation de liberté, et d'un autre côté, il y a des hommes-nous destinés à être absorbés par une organisation de masse. Ceux-ci, cependant, croient qu'ils sont Juifs [c'est à dire, des hommes-égos] et ne le sont pas".

 

Ce contraste apparaît en premier dans l'histoire du monde dans la relation entre Iran et Turan durant l'époque de l'Ancienne Perse, mais il a persisté à travers les âges, et aujourd'hui,  comme alors, les deux types de cosncience-nous se confrontent l'une à l'autre en une épreuve de fidélité de l'homme envers sa mission spirituelle sur Terre.

D'un autre côté, l"emprisonnement par le diable" persiste également.  Il doit durer "dix jours" et cette période n'est pas encore terminée, car le courant Luciférien doit poursuivre son flux karmique jusqu'à ce que le Soleil-Christ aie brillé dix fois depuis l'époque de l'Ancienne Perse. Maintenant ce Soleil brille au commencement et à la fin de chaque époque. Il brille au commencement en tant qu'impulsion fondamentale de l'époque, et à la fin en tant que réponse à son résultat positif, en tant que bénédiction sur ses fruits,  aussi maigres soient ils. Puis c'est le "jour" comme au commencement il y avait le "jour" d'une époque. Et dix "jours" tels que celui-là  surviennent jusqu'à la Sixième Epoque—jusqu'à ce que ceux qui sont emprisonnés, soit rejoignent la communauté des frères de Philadelphie,  ou soient absorbés par le "nous" de l'humanité Arhimanisée. La "prison", l'isolation de l'auto-suffisance, cessera alors. Ils deviendront alors véritablement libres, ou ils devront rejoindre la masse Arhimanienne.

Ainsi l"Eglise de Smyrne" a un sentier à  fouler sur lequel elle est testée par la "prison" de Diabolos, et par la "synagogue" de Satan; mais celui qui est "fidèle jusqu'à la mort" reçoit une couronne de vie. La couronne de vie n'est pas une simple expression poétique; elle est une description exacte d'un fait occulte significatif—le fait que certains changements auront lieu dans le futur, dans le système des courants spirituels dans la tête humaine.  En résultat de ces changements, la fameuse "couronne de lort" deviendra "couronne de vie". A ce moment, les forces de vie de l'homme se concentrent de plus en plus dans la tête, et donc irradient vers le haut en une sorte de "couronne". Puis, si cette concentration devient complète, le cœur cesse de fonctionner (même lorsqu'il n'y a pas maladie), et la mort survient. Mais à présent  un autre processus peut avoir lieu dans l'organisation éthérique de la tête humaine; c'est à dire la concentration dans la tête des forces de vie spirituelles irradiant du bas qui jaillissent par le pouvoir vivifiant  dans tout l'organisme humain. Le développement d'une telle "couronne de vie" est, en même temps,  un signe que l'impulsion Christ  est à l'œuvre dans le corps vital de l'homme. Par cette influence le corps  vital de l'homme est préservé de la "seconde mort", c'est à dire, de la dissolution quelque temps après la mort physique; la "couronne de vie" est cet élément du corps vital qui n'est pas sujet à la "seconde mort".

C'est dans ce sens que la promesse de la seconde lettre  doit être comprise : "Celui qui a vaincu ne sera pas frappé de la seconde mort". (Rév. 2:11).

Mais la promesse adressée à ce courant karmique qui est appelé "Eglise de Pergame" ne se réfère ni à "l'arbre de vie" ni à la "couronne de vie", mais  à la consommation de la "manne cachée" et à la "pierre blanche" sur laquelle est écrit un nom nouveau, "que personne ne connaît si ce n'est celui qui le reçoit" (Rév.2:17).  Car l'impulsion spirituelle qui est  àl'origine de la troisième époque (Egypto-Chaldéenne), et qui a persisté dans les âmes des hommes  depuis ce temps, est un effort  pour l'expérience de l'individualité immortelle et pour l'harmonie des êtres immortels les uns avec les autres.

La "pierre blanche avec un nom nouveau  que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit" est l'être-égo immortel de l'homme. Le "Je" est le nom qui peut être prononcé suelement par l'homme lui-même. Et la "manne cachée" est la force formatrice de communauté à l'œuvre au-delà  du seuil de la concience ordinaire ;  c'est la force qui relieles individus séparés en une communauté humaine. Ainsi Moïse, par exemple, dont la mission se situait à l'époque Egypto-Chaldéenne,  reçut la révélation du "Je suis celui qui suis" au Buisson Ardent en tant que révélation de la source de l'expérience égo, alors que, d'un autre côté,  la communauté Israélite sous sa guidance a mangé de la "manne cachée" qui descendait pendant la nuit et était "rassemblée" au petit matin. Ainsi Moïse mena la communauté qui lui était confiée vers l'idéal de l'évolution de l'égo; mais il la mena en tant que communauté, car elle était unie  et se maintenait  ensemble en mangeant  de la "manne". La réalité de  l'influence de la Manas  (c'est à dire, la "manne") est manifestée lorsque les hommes dont les vies sont basées sur leurs égos intérieurs produisent  en même temps une harmonie. Le véritable 'nous' peut être réalisé seulement sous l'infleunce de la Manas (l'Esprit-soi [synonyme de l'esprit Humain]), lorsque la concience égo a acquis la fermeté et la solidité d'une pierre.

 

Mais il y  a aussi un courant anti-Manas dans le dessein des communautés en formation.  La force formation de communauté  de ce courant n'est pas extraite de la supra conscience , mais des régions sub conscientes. Car ensemble avec l'union karmique des êtres individuels amenés à l'harmonie par la "manne", il y a encore une autre force attirant les hommes les uns vers les autres et les lie ensemble. C'est la poussée qui vient, non à travers le sang  de l'impulsion du "Je suis"  de Jahvé dans le passé, ni de l'égo en tant qu'expérience aujourd'hui, mais du sang qui est ni sous l'influence de Jahvé ni déterminé par l'égo. Cette force est la poussée du sexe.  Elle fut mal utilisée par Balaam, par exemple (cf.Nombres :24) lorsqu'il conseilla au prince Madianite Balak, de substituer d'autres principes  à ceux de la communauté Israélite pour que,  au moyen des femmes Madianites consacrées à Baal, les Israélites puissent être attirés dans la sphère d'influence du culte de Baal. L'influence fut  atteinte en stimulant cette impulsion  à manger "les mets offerts aux idoles)—c'est à dire, la chair des victimes préparées par magie cérémonielle et investies  de pouvoirs définis, par lesquels  induire des alliances qui résident hors du réseau de karma positif. La "doctrine de Balaam" référée à la lettre est le point de vue duquel la "manne cachée" est observée, non dans la solitude de la supra conscience mais dans la vie sub consciente de l'impulsion.

 

Puisque la véritable harmonie de l'activité de la Manas peut être falsifiée et remplacée  par la "doctrine de Balaam", ainsi l'homme peut s'efforcer de faire l'expérience que son propre égo puisse être falsifié et remplacé par la "doctrine des Nicolaïtes". Car, comme dans le premier cas, il y a une fausse union karmique parmi les hommes, dans le second cas, il y a une fausse expérience de l'égo. Puisque le courant "Nicolaïte" dont nous venosn de parler, a placé la conscience de l'homme juste dans le corps, elle se sent ostensiblement indépendante et libre à l'intérieur du corps. Ainsi un substitut du véritable égo est venu à l'existence, créé par l'infuence confinante du corps.

 

Une fausse conscience-égo s'est élevée dont le contenu était du non à l'égo mais au corps. Contre ces deux erreurs est dirigée "l'épée à double tranchant" de la bouche de celui qui adresse la Lettre à l'Ange de l'Eglise de Pergame, car l'épée du verbe de vérité  frappe ce qui est immoral dans la vie de l'impulsion aussi bien que ce qui est illusoire dans les idées et concepts matérialistes.

L'opposé de l"épée à double tranchant" du  futur verbe de vérité est le principe du pouvoir de magie noire oeuvrant en silence, un principe qui remplace et est basé sur l'union des impulsions subconscientes avec les concepts illusoires. Pour cette raison le langage occulte de l'Apocalypse parle de cette union en tant que "trône de Satan' (thronos to Satana). Ce nom signifie le principe de l'évolution du pouvoir  d'Arhiman sur l'humanité,  de façon à ce que ce principe (ou "trône") doive être vu dans la vie métabolique du système humain. D'un autre côté, il y a également eu deux  situations historiques dans lesquelles ce "trône" fut présent extérieurement et objectivement, fonctionnant en tant que centre de pouvoir. Le trône d'Hérode et Hérodias, par exemple, fut un point de départ d'une telle activité.  Et l'activité semanifesta dans le fait que ceux qui venaient à l'intérieur de la sphère d'influence  de ce "trône" (c'est à dire, de cette activité fonctionnant par l'illusion et l'impulsion de vie immorale), furent 'décapités'. Ils furent 'décapités' dans le sens qu'ils perdirent le centre conscience-égo de la tête, et furent ainsi exposés à l'influence des profondeurs subconscientes de l'organisation métabolique.

Maintenant la seule voie pour s'opposer à un tel "trône" est de démasquer l'immoralité de l'impulsion "servile" qui en découle, et de vaincer les concepts matérialistes par la fidélité à l'esprit même jusqu'à la mort. Chaque "trône de Satan" historique a toujours été opposé à un "témoin fidèle" (martys ho pistos) de l'esprit. Il en fut ainsi avec le trône de Jézabel et Anab, auquel Naboth résista en tant que "témoin fidèle"; il en fut également ainsi avec le trône de Hérodias et Hérode,  contre lesquels Jean le Baptiste fut le "témoin fidèle"; chaque fois le "témoin fidèle" doit vaincre l'immoralité par le verbe, et l'illusion par la mort. Car l'immortalité de l'individualité humaine est attestée, non seulement par l'enseignement, mais par le fait que les êtres individuels font face à la mort en tant que "témoins fidèles"—que l'individualité humaine ne peut être élevée  au-dessus de la mort est est ainsi immortelle.  En ce sens, non seulement Jean Baptiste, mais également Socrate à Athènes, fut un "témoin fidèle".

Cette mission spéciale—d'être un "témoin fidèle" contre le "trône de Satan"—a un nom défini. En ce sens chaque homme qui a une telle mission à remplir est un "Antipas", c'est à dire, l'homme dont la tâche est de souffrir avec les victimes du "trône" (de magie noire). Ainsi Jean le Baptiste aussi souffrit le destin des victimes du trône d'Hérode; il fut même physiquement "décapité" comme les autres victimes de ce trône furent intérieurement "décapitées" dans leur vie de l'âme. En ce sens, Jean le Baptiste est "Antipas", le compagnon-victime, qui résista au "trône de Satan" en tant que "témoin fidèle"—et, en effet, non seulement à ce moment là, mais aussi dans le passé durant des vies précédentes.

 

Cette "décapitation" des hommes survient véritablement aujourd'hui encore au sens moral. Il arrive, par exemple, que partout des hommes soient considérés et traités non en tant qu'individus, mais en tant que quantité, en tant que nombre. Car lorsque les hommes sont considérés seulement en tant que nombre ils sont "décapités"; la dignité de leur nature égo leur est enlevée. Et si les unités ainsi obtenues sont additionnées  et leur somme établie, alors quelque chose est fait qui est moralement l'opposé de la formation de communauté à travers le pouvoir de la "manne cachée".

Ce qui fut originellement un mauvais usage de la magie noire de l'impulsion de vie et de la vie des concepts matérialisés devint plus tard une numération et une addition des unités humaines. Car comme le péché de l'Eglise d'Ephèse amena la conversion du véritable "Poids" en une chute devenant lourdeur, aussi le péché de l'Eglise de Smyrne amena la conversion de la véritable "Mesure" en "emprisonnement"  à l'intérieur des confins de l'égoïsme; ainsi le péché de l'Eglise de Pergame causa le changement du véritable "Nombre" en décapitation et 'unification mécanique' des hommes. Mais le véritable 'Nombre' spirituel est une communauté  d'êtres individuels rangés selon  "la splendeur des étoiles" dont chacun n'est pas une simple unité, mais un "nouveau nom" écrit que la "pierre blanche que personne ne connaît sauf celui qui l'a reçu".  Dans le sens du véritable 'Nombre', les hommes ne devraient pas, ne  pourraient pas être comptés et additionnés; ils devraient être appelés par leurs noms et unis en une communauté par la "manne cachée". La conséquence du péché des Balaamites et des Nicolaïtes est la substitution de la somme  pour la "manne" et d'une unité numérique pour le "nom".

 

Ainsi les statistiques, qui aujourd'hui apparaissent si innocentes, ont leurs antécédents; l'exemple fut établi par les faits tragiques dans l'histoire spirituelle et le cadre de l'esprit qui les produit doit son existence à une préparation au moyen de magie noire dans le passé. Observant cela sous cet éclairage, nous pouvons aussi comprendre pourquoi le dénombrement des gens ordonné par le Roi David [1Chr. 21:1] fut considéré si coupable  par le monde spirituel et amena un châtiment si sévère par la suite; car ce qui est maintenant devenu banal était, à cette époque, une terrible violation de confiance envers la conception de la communauté humaine désirée par le monde spirituel. Les visages et les noms humains ne devraient pas être convertis en nombres;  ce fut le fruit du péché de la Troisième Epoque, la "trahison contre le Nombre Spirituel".

 

En outre, à cette lumière nous pouvons comprendre combien tragique est le second chapitre de l'Evangile de Luc où il nous est dit :" En ce temps là, parut un décret de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre".

Car nous pouvons comprendre la tragédie du fait que Jésus devait naître durant un recensement national et considéré par l'état Romain en tant que "un de plus" si nous pouvons réellement amener à la conscience la véritable signification du 'nombre' en tant qu"harmonie de l'ineffable nom" des êtres individuels, et, d'un autre côté, la conséquence de la "chute du nombre" dans le mécanisme; c'est à dire, le mauvais usage des impulsions et des illusions. Mais il était nécessaire que Jésus naisse à une époque où "Poids" "Mesure" et "Nombre" étaient déjà séparés de leur véritable signification. : le lieu de naissance de Jésus fut une étable, avec des animaux.

L'impulsion spirituelle et son histoire durant cette époque en laquelle Jésus Christ apparut sera le sujet du prochain chapitre.

 

RAYS  MARS  AVRIL  2003       VALENTIN TOMBERG

 

Traduction Chantal Duros