TU NE JUGERAS PAS
Lorsque nous considérons l'humanité en tant que tout, aussi loin que son ambition et ses accomplissements soient concernés, nous trouvons une grande différence, mais en matière de fautes devant être maîtrisées nous sommes tous très semblables. Nous avons tous les mêmes imperfections fondamentales parfois dans notre développement, et nous devons tous aller à travers les mêmes processus pour les corriger. D'abord, nous devons reconnaître nos erreurs, puis par la vigilance, le combat et la persévérance avoir raison de ces fautes.
Pendant longtemps nous ne savons pas ce que nous sommes—ne semblons pas faire attention à ce qui est juste pour nous ou ce qui est mauvais. Nous sommes si accoutumés à être juste ce que nous sommes par nature, faisant ce qui vient naturellement, que nous nous arrêtons rarement pour analyser notre comportement à la lumière de la construction ou de la destruction; nous nous arrêtons rarement pour noter si les pensées que nous avons habituellement, les sentiments qui jaillissent automatiquement envers les gens ou les conditions, ce que nous disons et faisons quotidiennement, nous rapprochent de la Lumière qui nous libère des malheurs humains ou s'ils nous poussent plus profond dans la matière qui nous aveugle et nous afflige.
Non, jusqu'à ce que nous commencions à penser sérieusement à la vie, nous nous étonnons des causes de ces nombreuses adversités, les tribulations partout dans le monde qui semblent n'avoir pas de fin. Jusqu'à ce que nous commencions à penser au monde à l'intérieur de nous-mêmes, ses hauts et ses bas hors de notre contrôle, son malaise nerveux, ses désirs profonds, particuliers qui ne nous donnent aucun repos, nous commençons à questionner les causes et notre relation à elles.
Alors nous faisons face à la vérité que nous ne sommes pas satisfaits de la vie telle qu'elle est, que quelque chose dont nous avons besoin manque à nos vies et qu'il est temps que nous fassions de cela notre affaire, à tout prix, pour obtenir ce Quelque Chose qui seul peut rendre la vie digne d'être vivante—ce Quelque Chose qui peut nous élever sous les pieds de la vie et nous placer là où nous appartenons justement.
Ainsi nous étudions la Loi qui gouverne la vie et nous apprenons ce que cette Loi demande de nous si nous voulons qu'elle nous serve, si nous voulons recevoir ses infinies bénédictions, utiliser son infini pouvoir. Nous apprenons que lorsque nous vivons en accord avec cette Loi ou Principe nous libérons un pouvoir dormant à l'intérieur de nous-mêmes qui peut littéralement nous rendre libres des incertitudes torturantes et des coups de fouet de l'existence normale. Alors, et alors seulement, nous nous regardons en vue de changer ce que nous sommes naturellement en ce que nous devons devenir, et la merveilleuse vérité est qu'il n'y a pas de limite à ce que nous pouvons devenir si nous voulons en faire l'effort.
Le secret semble être de nettoyer la maison, ou, comme les occultistes le font, la transmutation à travers la purification. Profondément aux confins de chaque structure humaine vit un Dieu, un pouvoir divin infini suffisant à chaque besoin. Si nous voulons fournir à ce Dieu intérieur des instruments propres, des véhicules purs à travers lesquels Sa lumière peut briller, nos vies seront transformées, nous vivrons chaque jour dans le Royaume avec toute sa sagesse, son pouvoir, et sa joie continue à notre disposition, et en nous toutes choses seront possibles.
Il semble judicieux, par conséquent, d'inventorier les fautes qui nous volent les richesses de cette divinité intérieure, fautes qui emprisonnent et aveuglent ce pouvoir magique qui "illumine chaque homme qui vient au monde". Qu'il le sache ou non c'est ici à l'intérieur de lui de toute façon. La faute de juger les autres a en elle tant de prise vicieuse, et son effet destructeur sur nos corps est si aveuglant que le Christ met un lourd accent sur cet obstacle majeur à l'expérience de l'Esprit intérieur.
Une raison pour laquelle nous ne devons pas juger un autre est que nous sommes incapables de jugement correct. Nous ne pouvons pas voir clairement ni assez loin. Nous ne sommes pas tous capables de voir l'homme véritable que nous jugeons. Nous nous méprenons sur les conditions contre lesquelles il se bat. Nous ne voyons pas l'homme et nous ne voyons pas le combat; tout ce que nous voyons sont les ennemis ou les tentations qui l'assaillent. L'illustration suivante pourrait rendre ceci plus clair.
Récemment, dans une émission religieuse une lettre fut lue qui était signée "Seulement un Pécheur". L'auteur disait :"Voudriez vous, s'il vous plaît, prier pour moi ? J'ai essayé si fort de prier pour moi-même. A l'instant, comme j'écoutais vos chants et vos prières je me suis agenouillé à côté de ma radio les larmes coulant sur mon visage, demandant à Dieu de me donner la force de résister à la tentation. J'ai apporté beaucoup de misère à ma famille; je reste la moitié des nuits en des endroits coupables et dont je donnerais tout pour leur résister, mais la chose entière me semble trop forte pour moi à prendre en main seul. Combien de fois j'ai désiré retourner vers ma famille, m'asseoir près de ma femme dans une église comme j'avais l'habitude de le faire. Je suis honteux et misérable. Si vous et d'autres riez pour moi comme je continue de prier pour moi-même, peut-être l'aide dont j'ai besoin pour résister à ce mal me sera donnée. Signé : "Seulement un Pécheur".
Combien parmi les accusateurs de cet homme ont vu cela ? S'ils avaient clairement vu ils ne l'auraient pas condamné du tout. Ils auraient eu pitié et l'auraient aidé parce que lui, l'Ego, ou Soi Supérieur, voulait aller droit. C'était son moi inférieur (les corps) qui était coupable et méritait le jugement. Cependant chaque juge qui a pris sur lui de condamner cette âme infortunée et combattante le marquerait comme quelqu'un qui a voulu vivre cette sorte de vie, qui ne faisait pas la moindre attention si sa famille souffrait ou non, quelqu'un qui était très satisfait de ses désirs égoïstes—autrement il changerait. Seul Dieu voit le cœur et seul Dieu sait combien souvent ceux que nous n'aimons pas et que nous condamnons pour une faute ou une autre se haïssent eux-mêmes et leurs fautes davantage que tout spectateur le peut éventuellement. Les forces du corps désir se ruant à travers leurs autres véhicules sont si puissantes que la faible volonté se sent incapable de leur faire face.
Et cela nous amène à la seconde raison pour ne pas juger; simplement, bien que nous puissions savoir ce qui est vraiment à vivre dans nos propres corps, nous ne savons rien sur les corps dans lesquels un autre vit. Si nous avions à passer une demi heure dans les vibrations tempétueuses et tourbillonnantes du corps désir de celui qui a des fautes ou des tentations que nous n'avons pas, il est possible que nous ne pourrions pas endurer ces vibrations tempétueuses. Nous pouvons nous adapter plus volontairement aux corps désir et mental, puisque leur composition est de notre propre choix et fabrication, que nous ne le pouvons dans le corps physique, qui est fait du matériau assimilé des corps des autres, et qui puisqu'il a eu une évolution beaucoup plus longue, est moins flexible et moins influençable au changement.
Ici sont remarquées la perspicacité et la compréhension de Max Heindel. Un ami dit avoir vu un ouvrier à Mt Ecclésia commettre la même offense plusieurs fois. Il arriva qu'une fois Max Heindel fut présent, aussi l'ami remarqua : "Ce compagnon, étant un étudiant occulte, sait mieux. Il ne doit pas essayer très fort de vivre la vie ou il ne continuerait pas à faire une chose telle que cela".
Max Heindel se tourna vers lui avec ces mots éclairés :"Vous n'êtes pas dans le corps de cet homme, ainsi comment pouvez vous juger combien durement il essaie, ce contre quoi il combat, ou quel progrès il réalise à l'intérieur. Vous n'avez aucune idée des forces physiques contre lesquelles cet homme combat et jusqu'à ce que nous nous mettions dans le corps d'un autre, nous sommes incapables de le juger". Chaque fois que nous disons si couramment ce qu'un autre doit faire, ou ce que nous ferions si nous étions à sa place, ces mots puissants de Max Heindel doivent se faire eux-mêmes entendre dans notre conscience.
Juger un autre est aussi une perte de temps, parce que l'homme que nous critiquons et ressentons aujourd'hui et classons dans notre conscience comme un certain type pourrait ne pas être le même homme du tout demain. Cette nuit précisément il pourrait avoir une certaine expérience, parler avec une certaine personne, lire certain livre, qui pourrait le changer complètement. N'est ce pas ce qui est arrivé à certains d'entre nous la première fois que nous avons lu La Cosmogonie Rosicrucienne ? Un moment nous étions indifférents à nos actions, nous pensions et faisions ce qui était naturel pour nous de faire; le moment suivant une lumière se fit jour à l'intérieur de notre conscience, une lumière qui nous révéla un grand dessein dans la vie et nous enflamma avec une détermination à nous renier nous-mêmes quotidiennement, quel qu'en soit le prix, pour que nous puissions suivre cette Lumière, vivre dans et en tant que cette Lumière.
Il peut y avoir un certain temps avant que le changement soit apparent dans l'homme extérieur, parce que nous savons combien profondément enracinées dans nos corps vital sont nos habitudes et combien elles se réaffirment elles-mêmes encore et encore en dépit de nos efforts pour les contrôler. Pourtant détourner la ressemblance extérieure est un changement intérieur catégorique, une croissance que nous pouvons sentir longtemps avant qu'elle ne soit visible au passant, plus que la croissance d'un nouveau fruit doit être par l'arbre longtemps avant qu'il n'apparaisse sur la branche. Il en est ainsi que nous soyons aptes à nous offenser nous-mêmes en condamnant un autre qui n'est plus du tout celui que nous avons jugé.
Un autre point important à se rappeler est que ce que nous voyons dans la personnalité d'un autre est ce que l'homme était dans sa vie passée et pas du tout ce qu'il s'efforce d'être dans sa vie actuelle. La personnalité est faite des corps mental, désir, vital et physique. Ne sont ils pas faits des atomes germes apportés d'un travail de la vie passé, tout comme le germe que vous mettez en terre a été fait, non lorsque vous le plantez, mais durant la vie de la plante de laquelle il a été pris auparavant ? Ainsi furent les germes dont nos corps grandissent dans cette vie imprégnée de tout ce que nous avons accompli dans notre existence passée; des germes qui furent conservés entre les vies jusqu'à ce que nous ayons à nouveau besoin de corps. Ainsi ces germes furent modifiés par l'assimilation de l'expérience de la vie passée et plantés, c'est à dire, dans leurs mondes respectifs que nous avons passé à travers la renaissance. Ces atomes germes extraient pour eux-mêmes la substance en accord avec leur nature et leur pouvoir, selon le modèle et le magnétisme accumulé en eux lorsqu'ils furent extraits de leurs dernières incarnations. Celles ci, alors, déterminent l'équipement que l'homme apporte avec lui dans son existence actuelle, elles sont le baromètre de l'homme qui meurt mais non de l'homme qui renaît, parce que l'homme lui-même a changé, il a progressé beaucoup depuis son dernier soupir sur terre.
Penser à ce qu'il a du avoir appris en Purgatoire, quelle leçons doivent avoir été imprimées sur sa conscience lorsqu'il revit sa dernière vie, quelles résolutions il doit avoir pris; et après cela, le monde du ciel, où il connut l'émoi de vivre dans un corps pur, un mental pur, ayant été purgé de tout mal en Purgatoire. Ici il trouve paix enfin et expérimente la joie indescriptible de l'harmonie coulant à travers son être; le monde du ciel avec ses Maîtres, ses innombrables leçons et opportunités. Comment il doit avoir résolu à nouveau de vivre la vie suivante comme pour retenir ces bénédictions du Royaume—leçons et résolutions qui le rendent un homme meilleur que lorsqu'il quitta le plan de la terre; un homme meilleur que la personnalité qu'il apporte avec lui; la trousse d'outils forgés quand il n'était pas si bon, des corps fort avec des tendances d'autres temps, forts avec des impulsions et des désirs propres qui souvent déshonorent et découragent l'homme en eux; des corps qui restreignent et s'opposent à lui constamment, un équipement du passé qui est le vêtement extérieur et non l'homme intérieur.
Sachant combien souvent nous sommes mal jugés à cause de notre personnalité propre; pourquoi ne pouvons nous pas faire preuve d'indulgence lorsque nous critiquons si volontairement et condamnons le moindre mot, la moindre action de l'autre ? Pourquoi ne pouvons-nous pas être indulgents pour la différence entre l'individu et la personnalité difficile qui échangerait volontiers s'il le pouvait, la personnalité qui est sa croix, forgée par lui-même dans le passé et placée sur ses épaules lorsqu'il est entré dans cette école de vie et qu'il aura à porter jusqu'à ce qu'il la quitte la nouveau ? Ce qu'il s'efforce maintenant de devenir est le matériau qu'il engrange pour l'équipement de sa prochaine vie, mais ce qu'il a apporté avec lui aujourd'hui il doit le porter jusqu'à ce que l'Ange de la Mort l'élève de lui.
Et, finalement, c'est une pauvre besogne de notre part de nous voler nous-mêmes puisque nous condamnons chaque jour un autre. En tant qu'étudiants occultes, nous savons que nous sommes des alchimistes, que nos corps sont littéralement des laboratoires en lesquels nous transmutons graduellement la substance de base de la personnalité en pur or de l'Esprit. Cela peut résonner comme une formule abstraite mais c'est aussi pratique et scientifique que l'extraction du radium du pitch blende. La différence est que dans l'extraction du radium la chaleur extérieure est appliquée à briser le minerai grossier pour que la substance pure, le radium, puisse être libérée.
En alchimie spirituelle, le même processus continue de façon interne, la chaleur étant le pouvoir d'une volonté déterminée et persévérante. En exerçant un tel pouvoir de volonté que le minerai grossier dans nos corps—les dépôts faits par les pensées, désirs et sentiments qui ne sont pas spirituels, les choses qui n'œuvrent pas pour l'amour, la paix et l'harmonie dans notre environnement ou à l'intérieur de nous-mêmes—nous séparons le minerai grossier d notre nature inférieure aussi réellement que le feu brise la pitch blende, et petit à petit nous libérons le radium de l'âme,. A ce moment nous devenons conscients d'une chaleur s'élevant et pénétrant nos corps; nous nous trouvons nous-mêmes rencontrant des gens et des circonstances avec équilibre et assurance et guidance intérieure; et nous sommes devenus conscients des courants de joie indescriptible jaillissant en nous de nombreuses fois durant le jour pour aucune raison immédiate. Nous commençons à savoir ce que veut dire un tant soit peu clamer notre héritage en tant qu'Enfants de Dieu.
Si ceci résonne de façon abstraite, considérons par cette illustration cet effet des pensées et des sentiments sur la substance de nos corps. Vous parlez calmement à un ami. Soudain une pensée entre dans votre mental. Vous pensez que vous avez négligé de débrancher votre fer électrique lorsque vous avez quitté la maison il y a quelques heures; la maison pourrait à présent être en flammes et toute chose perdue. La personne devant vous ne sait rien de vos pensées, mais immédiatement il voit votre corps physique entier subir un changement; la couleur est partie de votre visage, les muscles deviennent durs et tendu par la peur, et votre corps physique dense est pesant.
Un processus de pensée a changé la chimie et la dynamique de vos corps aussi scientifiquement que tout changement dans un laboratoire de chimie.
Ainsi opèrent les pensées destructives, méchantes, les sentiments sans amour, et la satisfaction des grands désirs condense constamment et endurcit la substance de nos véhicules, le minerai grossier qui emprisonne l'Esprit que nous désirons tant libérer. Moins nous tendons vers la flamme de l'Esprit, plus nous souffrons des chagrins de l'adversité, de la misère des attentes insatisfaites , les peines et piqûres de ce monde.
Analogiquement, les pensées et sentiments justes font leurs changements dans la constitution de la matière, rendant les instruments de plus en plus flexibles et réceptifs à l'influence la plus élevée, plus réceptifs aux manipulations de l'Esprit.
Par conséquent, plus nous spiritualisons nos corps par la discipline et la purification, moins ils peuvent être affectés par les maladies dont la chair hérite, et plus les bénédictions de l'Esprit couleront librement à travers nous pour guérir et renforcer, pour soutenir et guider, pour enrichir et racheter. L'endroit pour commencer est là où nous sommes, le moment pour commencer est maintenant, et comme disent les Chinois, il est plus tard que tu ne penses.
RAYS SEPTEMBRE OCTOBRE 2001 EMILY W. LORTCHER
Traduction Chantal Duros