LA VIERGE MARIE  ET L'EVANGILE

 

 

Seconde Partie

 

 

 

 

 

Alors qu'il n'y a qu'un Dieu, il peut y en avoir beaucoup par participation dans l'UN.  Parce que Jésus Christ cite le passage des Psaumes  (82:6),  "Je l'ai dit, vous êtes des dieux", St Jean écrivit dans son évangile qu"il les appelait des dieux, à qui la parole de Dieu (Christ) est adressée", (10:35) et ceci était suprêmement vrai de Marie, qui, avec les autres saints, actualisés, dans les paroles de Pierre, "assurant les plus grandes promesses" par lesquelles ils devinrent "participants à la nature divine, ayant échappé à la corruption du monde" (2 Pierre 1:4).

L'art orthodoxe Russe  n'a pas hésité à dépeindre Marie comme "divine, tel que le mot Theotokos le requiert. Dans l'Eglise Orientale,  le salut signifie déification ou divinisation,  récapitulée dans la formule patristique déjà en usage au second siècle, "Dieu devint humain afin que l'homme devint divin". D'un point de vue Rosicrucien, cette déclaration peut être amendée comme "Dieu devint humain afin que l'humanité puisse recouvrer sa divinité inhérente dans une conscience volontairement éveillée".

 

Puisque  l'iconographie de Jésus Christ fournit la justification de l'iconographie de Sa Mère,  aussi son icône fournit la base des icônes des autres saints. A nouveau,  alors qu'il peut y avoir chez certains  étudiants du sentier intellectuel de développement spirituel une tendance à dédaigner la pratique de vénération des personnes de Marie et des saints, beaucoup  de ces mêmes iconoclastes estiment et donnent préférence aux photos de leurs leaders occultes, ou font des génuflexions mentales à leur autorité enseignante. Y a-t-il une différence substantive ici?   Certainement que la mère de l'individualité considérée par Max Heindel comme "fruit le plus élevé de la période de la Terre" justifie  la révérence que des  millions de Chrétiens lui donnent, particulièrement depuis qu'elle  était en intime communion avec le Christ durant et après son ministère terrestre. Nous pouvons également supposer  que Marie fut initiée par Lui aux plus grands Mystères  concernant  l'évolution humaine. Nous devons nous rappeler que Marie, une grande initiée avant son incarnation, fut aussi désignée par le Christ comme mère spirituelle de Jean, qui devint plus tard Christian Rose Croix. Ceci peut nous aider à évaluer son niveau de développement. Nous ne pouvons non plus confondre le genre qu'elle choisit pour sa tâche quant à la définition ou la limitation de son individualité, qui est toute humaine et avait emprunté  de nombreux corps masculins et féminins le long de son évolution antérieure.

 

Ce que  les réformateurs Protestants et autres contemporains Chrétiens objectent en tant que Mariolâtrie et à la distance vis-à-vis de l'adoration au Christ, le seul Médiateur, est contré par le triple fait que Lui, Christ, l'a choisie pour être Sa  mère, pour porter Son corps, pour L'aimer, pour souffrir  non seulement d'un amour de mère pour Lui,  mais pour partager sa compréhension initiée de Ses déclarations spirituelles et Sa mission en tant que Sauveur du monde. Alors que l'étudiant Rosicrucien fait la distinction entre l'humain Jésus, né de la Vierge Marie, et le Christ, le plus grand initié de la Période du Soleil, il pourrait bien  faire une pause afin de considérer la haute estime qu'il confère justement non seulement aux Frères Aînés, mais aussi à Max Heindel, un initié au moins aux trois des neuf Mystères Mineurs. Car si Jésus surpasse Christian Rosenkreutz dans l'accomplissement de la Période de la Terre, alors certainement Marie  a participé à cet accomplissement. En outre, le Christ  lui a conféré le rôle particulier d'être mère d'un archange, de partager en esprit et dans la vie  incarnée le Rédempteur du monde, et dans la vision du Père pour une humanité régénérée à travers le pouvoir d'un sacrifice supra humain.

 

L'intellectuel émancipé peut répliquer que Marie a eu peu à faire avec Jésus lorsque, durant les "années sombres" entre douze et trente ans, il assimilait les enseignements des Mystères d'Egypte, d'Asie Mineure et de l'Inde. Mais vraiment cette âme avancée fut avec son fils en esprit durant ses voyages,  comme un Frère aîné  l'est avec ses élèves ou associés fraternels à chaque instant, et plus proche que les mains et les pieds.

 

Le Christ a dit qu'un homme doit quitter son père et sa mère et Le suivre. Marie l'a fait. Aucun doute que l'injonction du Christ doive être étendue pour inclure ces parents possessifs  qui ne libèrent pas leurs enfants.  Dans cet exemple, son fils était aussi son Sauveur, son Frère Aîné. Aussi le suivait elle en corps et en  esprit. Comme Anne Catherine Emmerich  le révèle dans ses expériences visionnaires, Marie, avec un groupe de femmes, était souvent en avance sur son fils choisi des cieux,  préparant Ses besoins matériels lorsqu'Il voyageait  à travers la Palestine introduisant le peuple au Royaume des Cieux.

Jésus est né du cœur de Marie, un cœur débordant de la grâce et de l'amour de Dieu,  un cœur sous lequel il fut porté et par le sang duquel  il fut baptisé  en tant que représentant principal du sentier mystique (cœur) de l'initiation.

Comment Marie,  dans son double rôle de mère,  pourrait ne pas avoir été  bénie et blessée par le Verbe de Dieu? Il existe un terme pour cette expérience—transverbération—représentée par exemple dans la sculpture de Benini, d'un ange dirigeant une flèche vers le cœur de Sainte Thérèse d'Avila en extase. Bien que techniquement non appliqués dans ce contexte, de nombreux artistes ont senti par intuition la transverbération à l'Annonciation,  en tant que processus de conception en dépeignant un rayon  de lumière venant du Père et par l'intermédiaire du Saint Esprit, prenant forme d'une colombe pénétrant  l'esprit ou le cœur de la Vierge. Ainsi  fut il  de la vision de Anne Catherine Emmerich. Saint Jean de la Croix écrivit son expérience :"il arrivera qu'alors que l'âme est enflammée de l'amour de Dieu, elle sentira qu'un séraphin l'assaille au moyen d'une flèche qui est ardente d'amour…l'âme est transpercée par cette flèche."

 

A la présentation de l'enfant Jésus au Temple, Siméon fit une prophétie à Marie. "Oui, une épée percera  ton âme, ainsi seront dévoilés les cœurs d'un grand nombre". C'est ici une déclaration directe qui montre la connexion entre la souffrance du cœur tendre (compassion—souffrir avec) et la connaissance supra sensible  qui  à travers le centre du  cœur ou âme. Marie fut appelée "Bénie" (blessed en anglais). Elle le fut en deux sens. Le mot "bless" vient de l'anglosaxon blod, blood, le sang, en référence au sang jaillissant  des cornes sur l'autel dans le Tabernacle dans le Désert, en tant que rituel sacrificiel pour la bénédiction et la sanctification. Le mot français blessé  a la même origine. L'adoption de l'image d'Eros perçant le cœur de sa bien aimée avec la flèche du désir est sacralisée afin de représenter une  blessure spirituelle du cœur par l'amour mystique incendiaire pour Dieu. Marie est véritablement la Fiancée du Christ parce que Christ est l'incarnation de l'amour de Dieu. Et l'Amour fut crucifié au Golgotha. Cet amour du Père  conçoit d'abord en Marie en tant Verbe fait chair. Il l'imprègne d'une grâce surabondante et du don de soi. Il allume en elle un feu de dévotion qui réduit en cendres toute possessivité maternelle et exalte l'objectif  amour Mère de Dieu pour tous les enfants de l'humanité,  pour lesquels Marie  devient la Mère.

Pour des millions qui souffrent, Marie, en tant que mère des douleurs est la consolatrice et la sympathisante. Pour la femme enceinte et la nouvelle mère elle est la Madone qui confère dignité et sainteté  et enseigne que chaque enfant est un enfant de Dieu, un fils ou une fille du Père céleste aussi bien que d'un père biologique.

Pour beaucoup, Marie est plus accessible que le totalement Dieu transcendant. Elle est plus proche du foyer, ce foyer temporaire loin de notre foyer éternel. Elle est considérée d'abord  par ceux dont la peur envisage un Christ implacable du Jugement Dernier, ou ceux dont le sentiment de culpabilité évoque un Jéhovah punitif, ou ceux qui ne peuvent comprendre le mystère ineffable de l'amour et la grâce de Dieu. Elle est Notre Dame, par laquelle, comme Dante l'a écrit dans la Divine Comédie, le "jugement austère de l'au-delà est bouleversé" parce qu'elle est aussi Notre Reine, l'archétype de tous ceux qui sont sauvés, et un aimant spirituel par son extrême douceur et sa grâce, car nombreux sont ceux qui voudraient être sauvés, mais savent qu'ils ont besoin d'arriver  purs et craignent que la terrible vérité devant Dieu puisse damner ou démolir leurs âmes.

 

La dévotion de Marie est si totale que beaucoup d'intellectuels sont offensés  de son apparente docilité. Sa foi dirige un total abandon confiant de son esprit et de sa personne à Dieu. Ce que l'intellectuel, dont le scepticisme est la seconde nature, ne peut savoir, est que la foi ancrée dans le cœur peut comprendre l'esprit de Dieu et est fortifié par la certitude qu'aucune preuve logique ne peut être fournie. Elle est également renforcée par une résolution que les tortures du martyre ne peuvent briser.

 

La protestation de Martin Luther au sujet de "l'abominable idolâtrie" de la Mariologie médiévale menèrent à un iconoclasme impitoyable,  spécialement dans l'Eglise Réformée Suisse  où les églises intérieures étaient dépouillées de toute image, même de crucifix, accomplissant les paroles de Zwingli, "Christ est le seul  Médiateur entre Dieu et nous",  ce qui exclut le rôle intercesseur de tous les saints de l'Eglise et de Marie et de toute "médiation créée" (selon les termes de John Henry Newman). Cependant même Zwingli appelait Marie "la créature la plus élevée après son Fils" et la "Mère de Dieu", et Luther enseignait que Marie était "Toujours Vierge", Semper Virgo.

 

Mais le slogan de la Réforme le plus positif pour Marie fut sola fides, "par la foi seule". Dans la théologie des Réformateurs, Marie était le modèle de la foi, tel que donné par la déclaration de Paul 'la Foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend, c'est la parole  de Dieu (Rom.10:17), et l'Annonciation est l'exemple typique de ces paroles. Comme Calvin en définit l'idée, la foi est 'une connaissance de la volonté de Dieu pour nous, perçue par Sa parole". Et plus que le conflit au sujet de la distinction entre la justification par la foi ou la justification par les œuvres,  une foi totalement dynamique est  force continue, amoureuse de la vie, une force littéralement déplaçant la terre, qui sert Dieu par des moyens tangibles et pouvant sauver la terre.

 

Dans ses années post romantiques, Wordsworth décrivit Marie comme "la fierté solitaire de notre nature entachée". Par l'acclamation populaire elle est devenue Reine des cieux, couronnée par la divine Trinité. Ceci est il un fait spirituel ou une fiction religieuse? Beaucoup de saints et de clairvoyants  jurent par le premier. Dans Faust, Goethe présente Marie comme la mère pleine de Grâce des peines réclamées par les pénitents afin de les guérir de leurs impuretés. A la fin du drame, Marie est  présentée  dans un état d'exaltation comme la Mère de Dieu telle qu'elle est invoquée par le Docteur Marianus ;"Vierge, Mère, Reine, Divinité, continue à nous accorder ta grâce". Est-ce simplement une hyperbole exceptionnelle d'un scientifique habituellement de niveau intellectuel?

 

Ceux qui accordent de la valeur au discernement de Max Heindel peuvent vouloir réévaluer les mérites et le statut de la Vierge Marie en considérant la façon dont elle est dépeinte dans Faust, que Goethe a commencé lorsqu'il était encore jeune adulte mais qu'il n'a complété que tard dans sa vie. Heindel cite Goethe  en de nombreuses occasions, favorisant les passages de Faust, et le décrit comme à la fois "un grand initié" et sous inspiration Rosicrucienne. L'action de Faust s'ouvre dans le cadre de la Semaine Sainte et se termine au Paradis avec la vision de Marie et de l'Eternel Féminin.  Comme Hans Ur von  Balthasar l'a écrit dans Prométhée, Une étude dans l'Idéalisme Allemand, Faust (le chercheur sur le sentier intellectuel) voyage "de Gretchen et Helen à travers Sophia, qui apporte avec elle  le meilleur de notre vie intérieure, plus haut vers Marie, qui seule, en tant que centre suprême de l'humanité, élève le regard vers le miracle du mystère".Et quel est  ce mystère? Considérons les dernières paroles de Faust, caractérisé par Max Heindel en tant que "plus mystique de toutes les stances trouvées dans toute la littérature" :

 

"Tout ce qui est transitoire

N'est qu'une apparence,

Et l'inaccessible

Devient réalité.

Ce qui est indescriptible

Est ici atteint.

L'Eternel Féminin

Nous attire à lui".

Heindel  explique plus loin que l'Eternel Féminin est "la grande Force Créatrice dans la Nature,  la Mère Divine".

Par un consensus populaire, patriotique, et poétique 'Dante, Goethe), Marie est la manifestation la  plus élevée et la plus parfaite de la Terre de cet Eternel Féminin.

 

A Jean Le Bien Aimé fut confié le soin de Marie après la Crucifixion. Son Evangile rapporte également des détails sur sa relation avec Jésus Christ, et qui ne figurent pas dans les évangiles synoptiques, incluant que les invités aux Noces de Cana n'avaient plus de vin. Le Christ rejeta apparemment sa requête par ces mots "mon heure n'est pas encore venue". Ses paroles aussi apparemment ignorées par Marie  avec la confiante assurance  de la mère qui connaît son fils et au moins ressent par intuition ses  pouvoirs Christiques récemment acquis. Elle demande simplement aux serviteurs de suivre les directives de Jésus, sachant qu'il saura quels sont les besoins pour l'occasion.

 

Pénétrant dans la mémoire de la Nature, Anne Catherine Emmerich observa que Jean  et les autres disciples étaient respectueux de la Vierge à cause de sa profonde sainteté, sa compréhension intuitive des mystères spirituels, incluant l'état de leurs propres âmes, et son unité avec le Christ ascensionné et le Père.

Au vu de ce qui a été dit précédemment, nous comprenons qu'en Marie  nous pouvons identifier une individualité humaine d'accomplissement spirituel sans pareil, et seuls l'orgueil,  le préjugé, ou la stupidité peuvent refuser de lui accorder un honneur  et une vénération richement mérités. Beaucoup de ceux qui cherchent le bien  et le vrai ont lu l'Imitation de Jésus Christ de Thomas à Kempis. Ils pourraient tout aussi bien imiter Marie. Tout comme l'on ne peut imiter Christ, en tant que tel, mais Christ en Jésus Christ, on peut également imiter Christ en Marie, car le Verbe devient chair en elle.

Des milliers d'apparitions relatées de la Vierge Marie, la première est la Femme Vêtue du Soleil qui apparut à l'auteur et voyant de l'Apocalypse. C'est une vision de la Vierge  macrocosmique, mais c'est également la Vierge ascensionnée, vêtue de la lumière du Christ solaire, ayant conquis la force lunaire génératrice infiltrée par les esprits Lucifériens, accomplissant la prophétie de la Genèse annonçant que le germe d'Eve (Marie) "meurtrira" la tête du serpent. Selon René Laurentin, une autorité reconnue dans l'histoire des apparitions Mariales, "l'Eglise Catholique est très prudente à l'égard de ces apparitions, et leur accorde un faible statut par ce qu'elles sont les signes qui nous atteignent à travers les sens et sont sujets aux illusions de la subjectivité". En conséquence,  jusqu'en 1962, seulement dix apparitions avaient été ecclésiastiquement reconnues être dignes de foi, commençant par l'apparition à Juan Diego en 1531 en Guadeloupe et incluant également Lourdes et Fatima.

Alors que l'Ange Gabriel apparut à Marie pour annoncer la naissance de Jésus, Marie apparut par la suite en de nombreuses occasions, avec la splendeur d'un ange, elle qui est appelée la Reine des Anges, et ses apparitions eurent également des conséquences conceptuelles—engendrant des idées, des événements, des guérisons, des enfants, et des conversions religieuses. En Guadeloupe, à Mexico, elle apparut en mater dolorosa, enceinte de peu de mois,  d'où tombait en cascade de son manteau une profusion de roses, à un Indien,  faisant ainsi valoir les peuples indigènes aux yeux de la domination coloniale et favorisant l'image de la femme en réponse à la domination patriarcale représentée par les conquistadors Espagnols.

 

Le poète Mexicain Octavio Paz a appelé Marie "la Mère de Mexico", et d'autres  l'ont nommée "symbole national Mexicain", la citant comme un facteur décisif dans "la formation de la conscience nationale Mexicaine". Le sensible commentateur Hispano-Américain Richard Rodriguez dit que l'apparition de Marie de Guadeloupe "symbolise la totale cohérence de Mexico, corps et âme", et que cette apparition "est devenue le drapeau privé, non officiel,  pour les Mexicains".

 

De la même façon à Lourdes, en 1958, apparaissant dans des vêtements simples, elle put être identifiée par une jeune filles pauvre et humble et son apparence et son impact considérés comme un accomplissement de sa proclamation et prophétie rapportées par Luc dans ce qui devait être connu comme le Magnificat, commençant par "Mon âme exalte le Seigneur" et continuant "Dieu disperse les fiers, renverse les puissants de leurs trônes, et exalte les humbles.  Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides" (1:51-53).

Marie a été invoquée par la théologie de libération du Troisième Monde (Third World liberation theology)  pour servir de levain social aussi bien que spirituel. A Lourdes elle devint un symbole unificateur  pour aider le peuple Français à triompher de leurs différences sociales, régionales et locales. Là elle s'identifia elle-même à une gentille jeune fille, Bernadette Soubirous, non en tant que Marie, mais comme "Immaculée Conception", influençant ainsi le développement doctrinal de l'Eglise. Cette apparition eut tant d'impact en combattant les rationalistes et les athées  Français qu'elle donna naissance à la phrase "Rome est la tête de l'Eglise mais Lourdes en est le cœur".

Les pouvoirs miraculeux de la Vierge de Lourdes et de la Vierge de Fatima, où Marie apparut à la fin de la première guerre mondiale (1917) pour encourager et inspirer la paix,  ont reçu la certification de l'autorité au plus haut niveau. Lorsque Jean Paul II fut gravement blessé par des coups de feu en 1981, place St Pierre, il attribua le recouvrement de sa santé à la Vierge Bénie, qui était apparut soixante ans plus tôt à Fatima. Le Pape confia, "Ce jour…j'ai senti cette protection extraordinairement maternelle, qui s'avéra être plus forte que la balle mortelle".

 

Comme une variante de la devise "une image est digne d'un milliers de mots", "il semble sûr de dire", écrit Jaroslav Pelikan, "que pour des millions de gans aucune forme de dévotion ou de doctrine Mariale a transmis plus de signification valable que ses apparitions miraculeuses".

Le plus récent dogme marial,  fait obligatoirement à la foi Catholique Romaine en 1950, est la doctrine de l'Assomption, par laquelle on comprend que  l'âme et le corps de Marie furent élevés dans la gloire vers le trône du Dieu triple en tant  que "premiers fruits de l'incorruptibilité humaine". De nombreuses sectes religieuses croient en la résurrection, incluant les dénominations les plus fondamentalistes et les Mormons.  Alors que la Bible suggère qu'à la fois Elie et Enoch étaient supposés être physiquement dans les cieux, et que beaucoup de corps de saints sortirent de leurs tombes après la Crucifixion du Jésus Christ (Matt.27; 52), Saint Paul affirme que la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume des Cieux. La science ésotérique décrit  un troisième point de vue. Plutôt que  le matériau du corps physique dense à être ascensionné, l'archétype  pour l'éther chimique du corps de l a Vierge ne fut pas seulement pris dans les mondes supérieurs avec son Ego, mais des copies de cet éther chimique d'une pureté et d'une intégrité  sans égale ont été générés sur la huitième strate ou strate atomique de la terre et sont disponibles pour l'incarnation d'Egos dont la propre évolution mérite l'usage de cette forme supérieure. Concernant d'autres assomptions physiques, nous comprenons que les corps vitaux des prophètes et des saints furent observés et que les éléments de leurs corps physiques étaient retournés à leur état non structuré original.

Dans son style typiquement dense,  abrupt et caché verbalement, le prêtre Jésuite et poète Gerard Manley Hopkins suggère dans le poème intitulé "La Vierge Marie Comparée à l'Air que nous Respirons", la raison pour laquelle Marie a figuré de façon si prééminente dans la culture et la conscience après Golgotha:

 

Nouvelle  Nazareth en nous

Où elle concevra encore

Lui, matin, midi et veille,

Nouvelles Bethléems, et lui né

Là, soir, midi et matin—

Bethléem ou Nazareth,

Les hommes ici peuvent extraire comme respirer

Plus de Christ et de mort confondue;

Celui qui, ainsi né, doit devenir

Un nouveau soi et un plus noble moi

En chacun, et chacun

Doit faire davantage, lorsque tout est accompli

A la fois Fils de Dieu et de Marie.

 

Une vérité ésotérique sur chacun de nous est donnée par une des désignations de la Vierge marie, Theotokos, ou Mère de Dieu. Il y aura, nous le ressentons là qu'il doit y avoir de nouvelles Nazareths où la divine conception aura lieu, tranquillement, étonnamment. Et Bethléem suivra sûrement, et Christ sera extrait tout comme la respiration, comme la vie, en tant que vie, la vie qui est au-delà de la mort. Le nouveau Soi naîtra de chacun de nous, notre plus noble moi. Nous visitons Marie et la révérons parce qu'elle nous montre comment le Christ peut naître en nous. Elle nous inspire  de vivre ainsi afin que la matrice de notre âme puisse produire du fruit pour les semailles du Monde Solaire, pour que dans nos cœurs puisse se lever la véritable Lumière de ce monde—et de celui qui vient.

 

 

Origène, considéré comme "le Père de la Théologie Occidentale", écrivit au troisième siècle, "Chaque âme vierge et non corrompue, ayant conçu du Saint Esprit dans le but de donner naissance à la volonté du Père, est une Mère de Jésus".

 

La parfaite humilité de Marie fut une clef pour son évolution divine. L'inférieur a été exalté. Il en est ainsi aujourd'hui. Mais cette humilité est renforcée et nourrie par une essence de pouvoir de désintéressement qui est confirmé dans l'apothéose de  Marie, son couronnement dans les cieux. Alors que les puissants  sont mis à bas de leurs trônes terrestres, ceux de degré inférieur sont élevés  parce que la volonté de Dieu a été renforcée en eux à travers une ferme obéissance, une souffrance formatrice, et une piété purifiante. Comme l'a remarqué St Augustin, "Toute force se trouve dans l'humilité, parce tout orgueil est fragile; Les humbles sont comme un roc : le roc semble être couché, mais néanmoins il est ferme".

Marie est pour tous les peuples. Ses vertus sont catholiques (universelles), transraciales, archétypales. Elle était juive de naissance. Elle fut presque certainement nommée après la sœur de Moïse et Aaron, Miriam. Elle est révérée par les Musulmans et décrite dans le Coran comme la Vierge Mère,  bien que l'Islam strictement monothéiste s'oppose au terme Theotokos :"Il n'incombe pas à Dieu d'avoir un fils. Il est trop immaculé"; Elle a été appelée "Marie multiculturelle". L'icône célèbre  de Marie à Jasna Gora dans la ville Polonaise de Czestochova est l'image sacrée la plus révérée en Europe centrale et l'objet de pèlerinages sans nombre. Et c'est une Madone noire (comme la Vierge de Guadeloupe), qui apporte à l'esprit la traduction correcte du passage du Cantique des Cantiques dit par la Fiancée, qui est précurseur de Marie, "Noire et belle je suis" (1:5). Dans ces représentations, Marie devient une ambassadrice particulière pour la majorité de l'humanité qui n'est pas blanche. C'est une des nombreuses  raisons pour lesquelles Marie a reçu le même titre que le Pape. Car elle est appelée Pontife, le bâtisseur de pont vers les autres traditions, cultures, et religions. Elle n'est pas seulement  la garantie de la véritable humanité du Fils de Dieu, elle est la preuve de la divinité inhérente de l'humanité; elle, la mère des âmes pures qui, à travers la pureté, l'obéissance, l'humilité et la valeur, sont fertilisées par le Saint Esprit et destinées à donner naissance au Christ intérieur.

 

RAYS  NOVEMBRE  DECEMBRE  2000

 

C.W.

 

Traduction Chantal Duros