MEDITATION
LE CHRIST EN TANT QUE GUERISSEUR
L'"autre signe" que Jésus accomplit fut la guérison du fils d'un noble (Jean 4:46-54). Et ici à présent nous voyons le Christ engagé dans une activité spéciale, qui avait une grande signification dans sa vie : guérir la maladie.
Si quelque chose doit être fait dans cette sphère, nous devons spécialement nous mettre prudemment au travail, parce que dans aucune autre sphère il y a un danger tel que l'égoïsme et le matérialisme puissent s'enfoncer eux-mêmes, comme dans la sphère du matérialisme de guérison, pour lequel le corps est trop important, et l'égoïsme, pour ceux dont le cœur réside trop près de son propre confort. Ceci se démontre clairement dans de nombreux phénomènes aujourd'hui, où il y a la volonté de guérir, mais non d'une manière louable. Contre ces deux dangers la méditation basée sur le second signe du Christ nous aide. Nous commençons par trouver en elle une fois de plus que l'histoire devient transparente, pour que nous reconnaissions en elle un événement cosmique. Le noble était probablement un fameux païen ou à moitié païen. Au moins, il sert en tant que soldat dans le monde non Juif. Le besoin était grand à cette époque. L'humanité se mourrait réellement. Ceci était même vrai extérieurement. La clairvoyance révèle une scène de l'histoire du début de l'activité du Christ : le jeune Jésus dans Ses déplacements de charpentier au-delà des limites de la Palestine vint sur le site d'un ancien temple. Le sacrifice était tombé en désuétude. Des hommes étaient tourmentés par une maladie terrible. Ils prièrent Jésus de les aider parce qu'ils avaient une grande confiance en Son être. Mais lorsqu'Il voulut les aider, Il vit en esprit qu'ici il y avait eu une fois de grands actes de révélation, mais qu'à présent tout était gouverné par des démons. L'impression est si terrible que Jésus tombe en syncope. De telles expériences furent préparées pour la révélation en Christ, également pour Son activité en tant que guérisseur.
Dans le noble et son fils, on voit en deux générations l'évolution de l'humanité elle-même. Le père sert un roi. Ainsi les hommes payaient l'hommage à une sagesse ancienne qui était donnée d'en haut, et qui était exercée par des rois-prêtres. Le fils est malade au point de mourir. Dans le père, l'ancien monde idolâtre vient au Christ dans une image et le supplie de l'aider. Au début le Christ refuse d'aider, ou plutôt, attend jusqu'à ce qu'Il voit la foi véritable. La nécessité d'une aide nouvelle doit venir de l'intérieur. Puis Il prononce les mots ;"Ton fils vit". Il est une heure après midi. L'heure où le méridien l'humanité vient juste de passer
.
Ce serait une totale erreur d'interprétation de telles pensées que de voir en elles des allégories améliorées, intelligemment réfléchies, ou insignifiantes. Chaque chose dans la vie du Christ est lourd de signification pour l'histoire du monde. En dehors de toute chose la destinée humaine nous regarde. Et si nous sommes nous-mêmes remplis du divin dans les événements de nos vies, l'arrière plan de l'existence du monde viendrait partout à la vue, nos vies et nos actes deviendraient partout des événements symboliques. Tout ce qui meurt, deviendrait, dans un sens supérieur à ce que Goethe indiquait, une parabole.
C'est la mauvaise manière si, parce que la guérison était une partie de l'activité du Christ, nous nous précipitions directement vers quelque maladie et vouions la guérir au nom du Christ.
Il est important que d'abord nous devions voir avec clarté le monde de la maladie, le contenu entier de la maladie, et la crainte entière de la maladie. On peut "lever ses yeux" et recevoir dans la conscience le terrible fardeau de maladie et qui recouvre douloureusement l'humanité. La plupart des hommes prennent sérieusement note de la maladie seulement lorsque eux-mêmes en souffrent, ou lorsque quelqu'un de proche en a été frappé. Cela est loin d'être la véritable volonté cosmique. Quand le Christ vint sur la Terre, Il trouva les hommes distraits par mille souffrances et dans de nombreux actes Il établit Sa volonté de toutes Ses forces contre elles.
La première chose qui doit s'élever en nous contre la misère de la maladie est la volonté. Tout ceci ne doit pas exister dans l'humanité! Tout ceci n'appartient pas à l'humanité mais à l'ennemi de l'humanité. Tout ceci n'a rien à faire avec Christ, mais doit être maîtrisé par Christ. En Christ est le pouvoir qui veut, et qui peut, rendre toute chose intacte, qui "prouve la maladie dans l'existence terrestre". Et en premier lieu la seule chose à faire est de voir cette destinée de l'humanité clairement, non de prêter attention simplement à ce qui est individuel ou de notre propre intérêt, mais de regarder le tout et d'unir notre volonté avec la volonté qui est en Christ, contre le monde entier de maladie, pour que la véritable Volonté-Christ contre la maladie puisse s'éveiller en nous. Nous prenons de point de vue du Christ contre le monde. Nous sentons le pouvoir guérisseur du Christ, duquel peut venir la guérison pour tous les malades dans le monde. Nous voyons dans le fils qui gît là malade et en danger de mort, l'image de l'existence humaine; nous voyons dans le père, qui vient vers le Christ, l'image du désir ardent, et nous voyons dans le Christ, l'image du verbe qui aide, l'image de la guérison. L'image ne peut pas être plus simple ou plus puissante. Plus fortement est présente la Volonté du Christ contre la maladie, meilleure est elle pour l'humanité, même si nous ne pouvons pas encore guérir la plus petite maladie…
On peut véritablement permettre à la volonté du Christ, en méditation également, de couler dans une personne, en tant que santé : et d'elle sentir avec Christ combien il devenait peiné pour les gens, combien ses yeux débordaient, combien le pouvoir d'aider était ouvert en lui. Avec Christ contre le monde, finalement, et en toute chose; c'est ce que nous devons être si nous souhaitons réaliser la consécration de la volonté.
Etre un guérisseur, directement, à travers les pouvoirs réels du Christ, est seulement possible aujourd'hui dans des cas exceptionnels. Car ceci requiert non seulement des dons spéciaux et une guidance spéciale de la destinée, mais également un appel spécial. Et les possibilités de d'auto déception et d'échec dans l'honnêteté et la modestie sont très grandes. Un appel particulier doit se produire là pour chaque simple occasion. Le professionnalisme est un tout aussi grand danger qu'une trop grande familiarité parmi les hommes. Et le discernement véritablement Chrétien dans la volonté divine pour l'homme et l'humanité doit toujours illuminer une telle activité de guérison et devenir toujours de plus en plus clair. Autrement, un tort sérieux surviendrait.
Chaque maladie a son devoir spécifique dans la vie de celui qui en est frappé. Ceux qui ont le sentiment fondamental de responsabilité peuvent guérir seulement s'ils sont en position de procurer de quelque manière, pour la personne concernée, ce qu'elle devait acquérir à travers sa maladie. Si par exemple, quelqu'un souhaitait soulager un homme qui s'adonne à la débauche de sa sensibilité nerveuse, il le volerait, dans certaines circonstances, qui peu être guéri à travers les erreurs de son caractère. C'est souvent le cas. Naturellement, le médecin praticien aujourd'hui ne peut pas sonder le champ entier de la destinée d'un homme et la construction totale de son caractère. Et même pour les guérisseurs spirituels du futur, un examen complet ne sera pas toujours la seule exigence par laquelle ils puissent laisser œuvrer leurs pouvoirs de guérison. Mais l'honnêteté qui doit gouverner dans cette sphère doit être plus stricte que toute chose qui aujourd'hui est appelée conscience. Aucun souhait personnel quel qu'il soit ne doit être en jeu, ni aucune appréhension personnelle, seulement la pure obéissance à la volonté divine et la stricte résolution d'agir uniquement en accord avec l'appel divin qui a été distinctement ressenti. Si nous n'avons pas plus de guérisseurs, ce doit être parce que l'humanité n'est pas encore suffisamment entraînée pour cela. Le pur courant à travers les pouvoirs du Christ pour guérir est limité. Et nous devons oser avoir de telles pensées si nous prenons les commandements du Christ Lui-même sérieusement et désirons nous opposer aux phénomènes pervertis de notre époque. C'est exactement en résultat du matérialisme et son développement que de nouvelles maladies se lèveront contre lesquelles les pouvoirs plus forts de guérison de l'intérieur seront requis. Mais seulement lorsque les dispositions intérieurs, dont nous devons parler plus explicitement vis à vis de cette sphère, seront corrects, viendra la bénédiction.
Avant qu'un homme lui-même désire guérir (soigner), il doit d'abord se permettre d'être lui-même d'être complètement guéri…Dans la plus solitaire méditation le Christ peut être activé dans Son pouvoir latent pour guérir. Tout d'abord peut-être on l'expérimente en sentant les endroits de son corps où l'on n'est pas complètement sain; puis plus tard en notant que le pouvoir guérisseur est là, mais ne peut pas encore entrer en contact avec le pouvoir de maladie: alors, peut-être, en remarquant combien la zone de santé dans son propre être devient de plus en plus grande, se purifie elle-même et se renforce, et finalement, parce qu'au moins certains symptômes de maladie disparaissent.
Mais même ceci, que l'on souhaite se guérir soi-même de certaines manifestations de la maladie et s'autoriser à en être guéri, nous ne le conseillerions pas en premier lieu, mais plutôt qu'on laisse le Christ être présent en tant que santé en esprit et en corps, non dans le corps seul, et encore, ni dans le corps et l'esprit, mais dans l'esprit et le corps : pour que l'on sente : "le malade est l'habitant dans lequel Tu entres, mais à travers Ta parole mon âme devient intacte".
Même en médecine ordinaire, et dans le soin des âmes, on conseille souvent aux hommes de vivre de cette sphère de vie qui est intacte en eux, et qu'ils devraient laisser cette sphère de santé croître de plus en plus en eux. Nous pouvons penser à de telles expériences quand nous sentons la santé être comme un royaume d'équilibre en nous, qui essaie toujours de s'étendre, et en qui nous pouvons vivre comme dans notre être central. Si l'on sent ceci si puissamment que l'on pense que des courants d'eau vivifiante jaillissent de nous, que l'on a le sentiment que ses véritables vêtements doivent déverser la guérison, alors on est sur la voie dans laquelle on doit attendre pour voir si l'on ose donner physiquement de l'aide à quelqu'un d'autre.
Dans les premiers temps de l'Eglise Chrétienne, ils guérissaient par l'imposition des mains. Et en effet on notera combien le pouvoir de guérir se rassemble lui-même dans les mains, et jaillira d'elles.
La Science Chrétienne essaie de maîtriser la maladie simplement en la reniant, oui, simplement en ignorant le problème. C'est une perversion de la vérité, même si beaucoup de résultats sont obtenus ainsi. La chose juste est toujours d'approcher la maladie, même dans un sentiment ultime, comme quelque chose qui ne devrait pas être; comme quelque chose qui a seulement une valeur transitoire en tant qu'instruction; comme ce à quoi Christ a opposé Son être. Si dans les temps anciens Chrétiens le Christ en Ses Serviteurs guérissait par l'imposition des mains, plus tard au moins l'Hostie fut encore utilisé en tant que médecine. Et le déclin du Christianisme se démontre lui-même en ceci, qu'aujourd'hui, au contraire, les gens craignent d'être infectés au Repas du seigneur et avec des coupes individuelles et des vêtements purifiés essaient d'éviter les germes de la maladie. La toute première chose que nous devons apprendre aujourd'hui est comment entrer dans chaque chambre de malade dans l'état d'esprit juste, sans aucune crainte de la maladie, mais aussi aucune réticence à approuver la maladie; de porter avec nous une sphère environnante de guérison, et de cette sphère, inconsciemment de répandre autour de nous la force et la santé, parce que nous appartenons au Sauveur, le guérisseur. Dans chaque maladie particulière noue pouvons voir avec des yeux qui pénètrent devons combattre contre le monde entier de maladie, contre lequel la volonté divine elle-même est dirigée victorieusement.
Ainsi à nouveau nous nous tenons entre Est et Ouest; entre l'Orient, qui regarde la maladie avec des yeux fatalistes et lui laisse trop volontiers le champ; et l'Occident qui la prend trop au sérieux, vit dans la peur de l'infection, combat extérieurement et exclusivement d'une manière matérialiste les bacilles, et finit par tomber malade par pure hygiène.
Lorsque l'on est proche des hommes qui répandent autour d'eux une atmosphère remplie du Christ, lorsqu'ils sont dans la chambre, on sentira habituellement pour la première fois ce qu'est la santé, dans un sens plus fort et plus spirituel que les hommes nomment la santé aujourd'hui. Nous ne reviendrons pas à nouveau vers un Christianisme victorieux si cette activité n'est pas là. Comme la lumière du soleil guérit, ainsi un jour la lumière du Christ guérira.
Nous avons ainsi devant nous dans notre méditation l'image de guérison par le Christ comme un événement qui embrasse le monde, le père représentant l'ancienne humanité, le fils, l'humanité moderne, la maladie en tant que fait de l'humanité, Christ en tant que grande aide, et donc, après que nous ayons tout apporté devant nous avec une intense vivacité, nous devons passer au-delà de nos volontés vers le Christ et expérimenter avec Lui de Son âme comment la volonté peut briser :Ton fils vit ! Ainsi nous devenons une volonté avec Christ contre les pouvoirs de destruction et avons non seulement vie en Christ mais créons avec la vie du Christ.
En ceci il sera de la plus grande importance de toujours sentir la merveilleuse sainteté de la volonté. Il est si caractéristique aux hommes de notre époque de se disputer au sujet de la liberté de volonté, de la vivacité d'esprit, et de trancher, de théoriser et de faire de la psychologie. Mais il est beaucoup plus digne de sentir le pouvoir royal de la volonté dans toute sa noblesse. On ne peut assez admirer le Créateur du monde, on pourrait dire trop humainement de tout, parce qu'il a eu le courage de donner aux hommes un volonté qui peut vouloir même contre Dieu Lui-même. Ceci est le cadeau le plus divin qui peut arriver aux hommes. Par-dessus tout Il a fait de nous des rois et nous a donné Sa propre divinité. Cependant trop de volonté ne doit pas être donnée à l'homme de peur qu'un grand mal ne s'ensuive. Mais telle quelle, la volonté humaine a un avenir des plus grand. Et en union avec Christ elle peut se dévoiler elle-même, car certainement la Divinité a donné Ses cadeaux, non pour qu'ils demeurent en jachère, mais viennent à floraison. Une joie reconnaissante envers le don sublime est donnée à l'homme et au-delà de la confiance qui lui est montrée se trouve le mode juste par lequel exercer la volonté. La volonté qui nous est donnée est comme un appel à un office divin dans l'univers. "Que ta volonté soit sanctifiée" : méditons cela à l'intérieur de nous, et devenons forts et heureux à cause de cela. "Volonté blanche", voudrait-on dire—puisqu'on parle—non sans raison—de "magie blanche". C'est un déferlement graduel du puissant pouvoir divin dans les hommes.
Pour tous les exercices de volonté ajoutons encore un double conseil. La Prière pour le Jour St. Jean le Baptiste dans l'Acte de Consécration de l'Homme parle de "Jean qui portait humblement l'esprit-Père dans la sphère de son corps". De telles paroles sont, dans leurs plus petits détails, non des phrases, mais les plus véritables réalités. A l'intérieur de la sphère de nos corps, nous trouvons la volonté cosmique qui nous porte en avant. De cette sphère nous pouvons l'extraire, la respirer de façon méditative. Ceci est en accord avec le fait connu de la science spirituelle que la volonté est unie à l'homme plus vaguement et plus librement que la pensée, et même que le sentiment. C'est à dire qu'aux limites de notre existence spirituelle physique la volonté nous révèle, qui peut être amenée à notre conscience et enveloppée de pure magnificence. Et comme dans la sphère entourant le corps, ainsi il est également bon de sentir la volonté spécialement dans nos mains et nos pieds. Comme quelque chose de primordialement sain nous expérimenterons cette volonté, mais aussi comme quelque chose de primordialement fort; dans les pieds davantage en tant que pouvoir de se tenir et de marcher, dans le sens spirituel aussi; dans les mains davantage en tant que pouvoir de créer et de bénir, à nouveau pris dans le sens spirituel. Nous ressentirons l'existence de la volonté de l'homme être richement articulée, et trouverons aussi "droit" et "gauche" être différents dans les mains et dans les pieds. Avec elle s'ouvre devant nous une prémonition du Christianisme à venir : œuvrer avec Christ en tant que Volonté une contre tous les pouvoirs qui détruisent le monde.
RAYS NOVEMBRE DECEMBRE 2001 FRIEDRICH RITTELMEYER
Traduction Chantal Duros