MEDITATION
FORMEE PAR LA LUMIERE POUR LA LUMIERE
De la pratique de tels exercices pour la volonté comme décrits ici, une purification de la volonté suivra, à laquelle nous ne pouvons nous attendre à l'avance, et n'avons jamais connue auparavant. Alors nous regardons la vie de la volonté chez les hommes autour de nous, et voyons combien elle est superficielle, impure, sombrement inconsciente, et dévorée par l'égoïsme. Combien futiles sont les buts vers l'argent, la position, la propriété, le jardin, une fin de vie tranquille. Et même ces buts vivent seulement de façon fluctuante dans les minces volontés des hommes aujourd'hui.
A présent, nous commençons à voir ce qu'il en est lorsqu'une volonté plus claire, plus pure, vit en l'homme. Par le but suprême, qui s'inscrit dans nos vies, notre volonté elle-même acquiert de la grandeur, qui oeuvre toujours plus fortement dans nos activités quotidiennes, dans nos souhaits passagers. Dans la grandeur de son but, l'homme lui-même acquiert la grandeur. Par le grand modèle que nous voyons devant nous, qui est Christ, notre volonté acquiert ce feu qui n'est pas dangereux, pour lequel nous devons nous dédier nous-mêmes entièrement. Nous devons seulement garder ce feu contre la flamme impure du fanatisme—qui peut être assez secrète. Mais à travers la grande opposition que nous voyons, notre volonté obtient la force de l'acier. Elle croît dans le super-humain, parce qu'elle s'unit elle-même au super-humain.
C'est un monde plein de souffrance, si nous sentons dans la faiblesse individuelle d'un homme toute la petitesse, la désolation, l'anxiété de l'âme, l'égarement, le trouble qui ronge, l'insatisfaction de l'humanité. Ne nous laissons pas être déçus : ceux qui viennent en avant avec de grandes prétentions de force, et projettent autour d'eux des paroles et des actions arrogantes sont généralement des hommes qui sont faibles intérieurement. Souvent il nous surprend soudain de découvrir—cet homme est effrayé! Si l'on peut surmonter son propre chagrin, et ne pas prolonger la résistance qui est peut-être nécessaire, on est saisi de pitié pour la faiblesse de ces hommes et des autres. Contre ceci peut être établi, sans aucune arrogance ou manque de sincérité, le "JE SUIS" de Christ, en tant que pouvoir pour la victoire qui s'approfondir avec radiance d'un autre monde; Lorsque les hommes sont véritablement perturbés, comme dans une réunion publique, on a juste besoin de maintenir ce "JE SUIS" fortement en soi, et le laisser irradier dans le trouble. Cela est "pacifisme" dans le sens du Christ. Car la phrase, "Bénis soient les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu", parle dans le texte original des pacifici, les faiseurs de paix. Ils seront appelés "enfants de Dieu", car tels ils sont, parce que dans le trouble on voit qu'ils sont nés d'en haut.
Si l'on procure de telles révélations aux hommes, ils verront un autre Christ que celui qu'on leur a prêché. Nos méditations nous mèneront vers ces hauteurs. Tolstoï dit quelque part : "Je n'ai qu'un seul souhait : accomplir la volonté divine; et une seule peur : négliger la volonté divine. Lorsque la sainte peur détruit toute peur terrestre, alors l'homme rejoint l'armée des véritables guerriers du monde".
Ce dont nous discutons ici est comme passer la volonté à travers une consécration après l'autre, vers la véritable bataille du monde. Ainsi nous voyons encore un autre monde apparaître, qui est peut-être le moins de tous considéré dans son besoin de rédemption. C'est le monde des ténèbres;
A nouveau il est nécessaire de guider notre regard vers les faits autour de nous avant de pouvoir obtenir l'impulsion juste pour la méditation. Les ténèbres, selon les points de vues actuels, s'étendent au-delà des commencements de l'humanité et de la terre; obscurité sur leur but, leur signification et leur fin; obscurité sur la destinée de l'individu après la mort; obscurité sur l'apparence individuelle dans son existence véritable. En philosophie ceci a été exprimé dans l'enseignement que "la chose en elle-même" est toujours cachée de nous. L'humanité n'a jamais eu aussi peu de pensées incertaines sur ses origines et sa destinée qu'aujourd'hui. Le nombre croissant de maladies et de suicides venant de ceci ne doit-il pas être admis ?
Nous nous tournons à présent vers l'entraînement de notre vision pour qu'elle puisse voir l'obscurité du monde. Les hommes des temps actuels vivent encore dans un "âge sombre", plus sombre à bien des égards que le "sombre Moyen Age". Et qu'ils parlent d'illumination est une preuve qu'ils ne la possèdent pas. Même en théologie, qui devrait parler de la lumière, ce monde de ténèbres se répand lui-même aujourd'hui. Il ose seulement parler du Dieu "inconnu", de "mystérieux", "tout à fait différent". Ainsi il proclame son besoin comme si c'était une vertu, et affirme encore que la religion a toujours consisté en la croyance en ce pouvoir caché. Celui qui examine attentivement ce qu'un contenu tel que Religion dans l'Histoire Aujourd'hui a à dire sur Dieu et le monde supérieur, sera étonné. Cela est caché par de nombreux articles individuels valables de connaissance historique. Mais en théologie orthodoxe également, telle que la théologie de Barth, vers laquelle aujourd'hui de nombreux hommes religieux se tournent, le monde sombre continue de vivre, faiblement illuminé par quelques lampes prises de la Bible qui sont appelées "révélation". Les hommes vivent aujourd'hui, sans la connaître, comme vivent ceux qui habitent sous le voile de fumée d'une grande cité. Ils ne savent pas qu'au-dessus est un monde glorieux en qui la lumière vit dans des milliers de beautés. Ils voient clairement ce qui est sous le rideau de nuage, mais les mondes du dessus n'existent pas pour eux.
Du temps de Platon les hommes sentaient déjà la vie de l'humanité de la manière dont il décrivait sa fameuse image de la caverne. Les hommes vivent enfermés dans l'obscurité, rejetés du monde véritable. Mais sur le mur de leur caverne ils voient les ombres de ceux qui passent à l'extérieur. Aujourd'hui la caverne est éclairée par une lumière électrique. Ils voient clairement ce qui est sur leurs murs. Mais ils ne voient plus les ombres de ceux qui passent à l'extérieur. Qu'il puisse y avoir une autre demeure que cette cave bien nommée, ils ne peuvent le savoir.
Certainement, ils y a des richesses dans leur cave : "Buvez, O yeux, ce que vos cils retiennent de la surabondance du monde!" Gottfried Keller fut la voix des hommes aujourd'hui, quand il écrivait ces mots, et Friedrich Nietzsche fut l'âme des hommes aujourd'hui, quand il les aimait.
Mais le nombre croissant de suicides révèle que les hommes ne sont pas satisfaits de cette boisson, aussi bon goût qu'elle puisse avoir. Goethe était un pionnier sur le sentier de l'humanité lorsqu'il disait ces mots à travers Faust : "La nuit semble plus profonde à pénétrer, mais plus brillante la lumière luit dans la partie intérieure". Ce même Faust, qui était intoxiqué par la gloire du monde des sens, cherche la lumière intérieure et l'apprécie, même lorsque les yeux extérieurs sont entourés de ténèbres. Car il n'est pas aveugle maintenant, il était aveugle avant. Une sagesse qui éclaire les âges est exprimée dans ces mots.
"Et comme Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle depuis sa naissance" (Jean 9:1). Chaque personne qui vient au monde dans ces siècles est née aveugle. Christ fut la lumière du monde. Christ souhaitait que ses disciples soient la lumière du monde. Sa tâche, notre tâche est de guérir l'aveugle. Comment cela vient-il à passer ?
Beaucoup de choses remarquables peuvent être trouvées par un examen soigneux d'une simple image présentée par cette histoire. Celui qui se nomme lui-même "la lumière du monde"—et cela en relation avec cette action—n'ouvre cependant pas l'œil immédiatement en disant, "Que la lumière soit!" mais il va sur le chemin pris par le soleil, lorsqu'il forma l'œil humain. Plus nous regardons cela de près, plus significatif apparaît ce chemin. "Il crache sur le sol et forme une glaise avec la salive et Il oint les yeux de l'homme aveugle avec la glaise". Puis il l'envoie à la piscine de Siloé avec le commandement, "Va, lave-toi". Avec nos sentiments actuels de goûts, nous sommes choqués par une telle histoire. Avec nos concepts de science naturelle, nous sommes choqués par cela. Et nous ne remarquons pas quel sublime enseignement spirituel parle dans ce récit pour tous ceux qui ressentent la nécessité d'illuminer les ténèbres du monde.
Le Christ donne un morceau de Sa vie. L'esprit vit plus vivement et de façon plus pénétrante dans l'élément aqueux que dans le matériel, comme nous l'avons vu dans l'histoire des Noces de Cana. Mais le Christ ne prend pas l'eau, comme si elle venait des cieux, mais l'eau telle qu'elle est passée à travers sa personnalité terrestre. A nouveau, Il ne l'utilise pas telle qu'elle est, mais Il unit avec les pouvoirs de la terre. Mais la guérison ne suit pas immédiatement, une action est requise de l'homme aveugle lui-même : il doit aller à la piscine de Siloé et s'y laver lui-même.
On peut seulement dire que c'est une image terrestre d'un travail de profonde sagesse. Si nous souhaitons guérir un homme de sa cécité terrestre, nous n'avons rien d'autre que la sagesse céleste; Mais cette sagesse céleste ne peut pas être apportée immédiatement aux hommes. Elle œuvre seulement dans la bonne voie lorsqu'elle est passée à travers notre personnalité terrestre. Et ceci seulement n'est pas suffisant. La sagesse du monde supérieur dit s'unir elle-même aux forces de la terre sur laquelle nous vivons, si elle doit réellement aider l'homme. Ainsi seulement elle devient le véritable pouvoir de guérison. Non lorsqu'il peut se représenter lui-même aux anges dans les cieux, mais lorsqu'il s'unit lui-même à l'existence terrestre, il est une aide véritable. Et pourtant, nous ne devons pas croire que le simple acte d'un autre est suffisant, même s'il était le plus grand. L'homme doit être amené à accomplir une action lui-même, et aller là où la guérison complète est prête pour lui. L'évangéliste découvre que le nom de la piscine signifie –Envoyé. C'est le mot que le Christ utilise toujours pour Lui-même : "Celui que le Père a envoyé". Et ainsi dans son discours significatif, l'évangéliste nous dit l'ultime vérité : seulement si vous vous purifiez vous-mêmes en Christ Lui-Même deviendrez-vous capables de voir véritablement.
Bien sûr de telles interprétations sont absolument douloureuses à l'homme d'aujourd'hui, avec l'intellect dont il s'enorgueillit. Cependant il doit être admis que les documents religieux des âges passés parlent avec une double signification de cette manière, à part la suggestion que donne l'évangéliste lui-même. Mais à présent laissons comme une question ouverte s'il y avait chez l'évangéliste quelque connaissance ou suspicion de ces vérités, et remarquons les erreurs faites par les hommes lorsqu'ils essaient d'apporter la lumière de la vérité dans les ténèbres du monde. Il y a ceux qui lancent des textes de la Bible à la tête des autres gens, et pensent que cela les aide. Il y en a d'autres qui jettent des découvertes scientifiques à la tête des gens ordinaires et appellent cela "éduquer les gens". Même…des vérités [spirituelles] peuvent être utilisées dans ces tentatives de guérison. Le résultat est notoire. Une vérité spirituelle a pouvoir de guérir seulement lorsqu'elle est passée par une personnalité. Elle doit être devenue un morceau de la vie humaine si elle doit véritablement œuvrer. Des vérités abstraites peuvent être comprises aisément par la pensée, même lorsqu'elles viennent sans vie et refermées aux hommes. Les vérités de vie ne se révèlent pas elles-mêmes sans qu'elles viennent d'une vie. Plus une conférence sur des questions de vie est pénétrée dans chaque phrase par le caractère d'une personne pleinement humaine, plus la sève de vie d'un homme est perceptible en elle, plus passionnément elle sera prise. Ceci est vrai non seulement pour les conférences, c'est vrai pour chaque conversation. En tant qu'aide des hommes, on a souvent l'impression première—lorsque l'on donne un conseil—seulement lorsque vous laissez apparaître que vous avez une expérience personnelle, les hommes vous prennent au sérieux. C'est la première chose.
Et ceci n'est pas le tout. Les hommes suivent souvent, mal à l'aise, un frère ou un pasteur et pensent ; "Ce qu'il a dit peut être juste et convenir à son propre cas, mais il n'est pas adapté à mes circonstances, il ne peut être accompli à travers ce qui est possible pour moi".
Seule une activité complètement terrestre donne un total pouvoir terrestre. La sagesse personnelle doit être ajoutée à la vie sur terre. Ce qui doit aider doit non seulement être véritablement expérimenté mais doit être apporté à la terre, il doit être pénétré par la terre sur laquelle nous vivons. En vérité, beaucoup reste en théorie et principe et n'apporte jamais d'aide ni de guérison, dans les petites ou grandes choses, parce que, bien que cela soit juste et peut-être développé à grand coût, il a échoué à donner aux pouvoirs terrestres leur dû, et leur permettre de travailler avec. C'est la seconde chose.
Et la troisième chose doit aussi être remarquée. L'aide et la guérison persévérantes sont seulement en Christ. Vers Lui nous devons diriger, aussi bien que nous le pouvons, vers Lui nous devons guider, vers "l'Envoyé". C'est le verbe nouveau qui guérit l'ancien. Autrement il y a seulement le simple bénéfice, il n'y a pas de guérison durable. Et celui qui doit être guéri doit lui-même accomplir cette action, doit se purifier lui-même en Christ.
Nous devons savoir et méditer tout ceci si nous souhaitons être reçus dans les rangs des combattants pour l'humanité dans le sens du Christ. Ceci nous aide à méditer fortement. L'action du Christ en tant que parabole, quand nous l'avons une fois comprise, dit toute chose, plus brièvement, de manière plus impressionnante, plus instructivement que de nombreux mots. Dans l'image de l'homme né aveugle nous voyons l'homme devant nous, tel qu'il vit sur terre aujourd'hui. Nous voyons le Christ devant nous comme la lumière du monde. Nous voyons une vérité qui peut se vérifier elle-même dans la vie dans l'aide donnée par Christ , et de cette manière l'aide est donnée. Les grands mondes et vérités et desseins brilleront à travers une telle image. Lorsque de telles images deviennent transparentes pour nous, la terre elle-même devient transparente et nous-mêmes sommes guéris de l'obscurité du monde. Le Christ vit dans cette histoire et d'elle guérit la cécité aujourd'hui.
Un temps viendra où les hommes ne verront pas devant eux la pierre et la terre, la colline et le bois comme aujourd'hui, mais lorsque tout sera un voile transparent, léger et spirituel, et derrière lui ils verront le travail des anges. Aujourd'hui nous sommes capables de préparer seulement un peu pour ce moment. Mais déjà nous pouvons faire une chose puissante. Nous pouvons porter Christ en nous comme la lumière d'un nouveau monde. Nous pouvons le laisser briller à travers nos paroles, notre conduite, nos actes. Ainsi un monde supérieur peut étinceler devant les hommes, même si cela arrive seulement ici et là. Ainsi les yeux s'adaptent graduellement eux-mêmes à percevoir un autre monde. "L'œil est formé par la lumière pour la lumière", dit Goethe, de l'œil physique. Ce processus est le type de ce qui doit arriver aujourd'hui. Il y a "obscurité sur la face de la profondeur", mais "l'esprit de Dieu se meut sur la face des eaux".
En l'homme lui-même ce nouveau "Que la Lumière soit !" doit être accompli. Il doit lui-même devenir translucide pour lui. Il est profondément touchant de percevoir cette tâche : devenir transparent dans son existence terrestre et dans sa vie terrestre pour la lumière du Christ, pour que la lumière des cieux brille dans les ténèbres du monde. Chaque révélation de l'homme dans le monde des sens, même son mouvement, acquiert une nouvelle signification. L'homme peut être le porteur de la lumière divine, et ainsi peut briller à travers le monde des sens partout de l'intérieur. Christ contre Lucifer—Christ le véritable porteur de lumière—on ne doit pas aimer cette phrase, on doit la traduire en action.
Elle peut réussir seulement si nous nous concentrons totalement sur la lumière en nous, si nous amenons cette lumière dans tout ce que nous sommes et faisons, pour que la lumière brille à travers tout; si tout ce qui est terrestre existe pour nous seulement s'il doit être irradié. C'est le combat de la lumière contre l'obscurité, tel qu'il doit être poursuivi aujourd'hui.
Rembrandt représenta dans sa vie artistique entière la bataille de la lumièr:e avec les ténèbres. Goethe regardait avec révérence cette bataille de lumière avec les ténèbres comme une adoration de Dieu. Notre vocation est d'être ce combat de lumière avec l'obscurité, en tout ce que nous pouvons apporter dans le sombre monde des sens par notre vie et nos actions.
Ainsi nous nous plaçons nous-mêmes justement entre l'Est et l'Ouest. L'Est a la lumière, mais non pour l'obscurité. L'Ouest a l'obscurité, mais non avec la lumière. Christ est la lumière dans l'obscurité, et aussi nous sommes tous en Celui qu'Il est réellement. "La lumière brille", à nouveau, "dans les ténèbres".
Nous avons parlé ci-dessus du glorieux fait que nous puissions vivre hors de notre égo devant les hommes, "Je suis, ne sois pas effrayé". Maintenant nous reconnaissons le fait glorieux qu'un monde nouveau puisse s'élever de cet égo, comme d'un soleil : "Que la lumière soit!"
Ainsi notre méditation nous entraîne encore pour la grande bataille du monde. Le monde des sens devient toujours plus merveilleux lorsque la lumière brille à travers lui. L'homme est né aveugle "pour que les œuvres de Dieu puissent se manifester en lui". (Jean ).
RAYS JUILLET AOUT 2002 FRIEDRICH RITTELMEYER
Traduction Chantal Duros