EPREUVES DANS LA QUETE

 

Dans la sphère intellectuelle du monde occidental d'aujourd'hui il y a un grand malaise. Beaucoup 'vont et viennent' dans la recherche de quelque chose qu'ils trouvent plus facilement à tâtons que par la précision. Ils sont attirés et barbotent dans chaque nouveau culte qui apparaît sur le firmament religieux variable, et notant soigneusement son aspect extérieur, ils donnent une attention éphémère à quelque nouveau précepte ou explication, et trop souvent le dernier est un peu meilleur qu'une apologie, et ils voyagent en avant vers leur sentier sans but, tout comme le papillon capricieux visite chaque fleur brillante et goûte son pollen.

 

Au début leur activité est largement inconsciente, puisqu'ils cherchent simplement à satisfaire leur curiosité, mais passé un temps, ayant observé certains désaccords et anomalies dans les proclamations et éclaircissements des différentes sectes, ils commencent à se sentir embarrassés, incertains, et insatisfaits, et, atteignant le premier degré de conscience dans leur recherche, ils expriment le cri historique de Pilate, qui, dans une même position, demanda "qu'est ce que la vérité" ?

 

Ainsi pour la première fois ces gens réalisent que leur passage d'une position d'opinion à une autre a un objet défini, et bien que sa nature apparaisse très nébuleuse au début, néanmoins éprouvant désappointement après désappointement cet objet se dissipera graduellement de (expérience, croissant de façon nette et imposante et contraignant éventuellement l'attention du chercheur.

 

Cette insatisfaction, ce questionnement est le signe extérieur des premiers tâtonnements définis sur le sentier, et si le voyageur prend le bâton de l'intellect pour sentir sa voie en avant, alors les doutes, les peurs, et les embarras deviendront les épines de sa Voie Douloureuse. Il sera assailli intellectuellement puisqu'une diversité de doctrines et de pratiques convergent vers lui et le défient pour être mutuellement réconciliées. Finalement, avec un mental fatigué et une tête douloureuse, il pourra bien être conduit à élever sa conscience de la diversité déconcertante vers sa Source, la grande Unité, et exprimer avec rythme du coeur et de la tête "Conduis, bienveillante lumière, parmi les ténèbres environnantes"‑la première ligne de (immortel poème de Newman.

 

Cette admission d'échec est en réalité (instant du plus grand succès du chercheur, car il a élevé son mental pendant cette brève période dans les royaumes où la connaissance désirée gouverne sans gêne, et par la reconnaissance de sa propre faiblesse il se présente lui‑même ouvert à l'aide des Etres qui, oeuvrant dans les plans supra physiques, se tiennent en tant que représentants du Bon Berger, toujours prêt à assister le plus précoce de son troupeau.

 

Il n'y a jamais eu une âme sérieuse qui exprime des mots de désespoir à cause de son inaptitude à libérer le soi‑disant embarras forgé par (entrelacement des nombreux fils des apparences, dont les mots ne résonnent pas dans les royaumes supra physiques et dont l'appel n'a pas eu la réponse heureuse par ceux qui travaillent et dirigent notre humanité. Et depuis ce temps elle reçoit aide et guidance de l'invisible, bien que les sources de cette assistance demeurent non manifestées. Ceci ne veut pas dire, cependant, qu'elle sera prise par la main et menée vers la source, et après avoir baigné ses yeux et regardé vers la première énigme tout ce qui auparavant était inexplicable apparaîtra clairement. Non tout au moins.

 

Lorsque, donnant leurs vertus, que ce soit l'amour, la sagesse, ou le pouvoir de discriminer dans l'action, les Frères Aînés de l'humanité gardent une chose en vue, et c'est l'éventuelle aptitude à servir du bénéficiaire. Les Frères sont en réalité les metteurs en scène de cette plate


 

 

forme du monde sur laquelle le drame de la vie est joué. Leur souci dans la guidance est que la personne qui reçoit leur attention puisse devenir un acteur efficace dans la pièce en cours. Seul le désintéressement contient de l'efficacité dans le drame cosmique.

 

Pour cette raison, après que sa supplication a été faite, le chercheur est au début testé en tout sur sa persistance et sa constance, car sans ces deux qualités il sera inutile en tant que futur aide et expérimentera un grand chagrin pour l’échec dans cette direction.

 

Un certain sentiment de soulagement vient sur le chercheur après qu'il ait vidé son coeur, car il a été vrai pour lui‑même, il a assisté au véritable confessionnal qui ne requiert aucune lèvre terrestre pour lui dire que ses points faibles, ses erreurs sont pardonnées, et qu'une grâce invisible l'aide dans ses futures tentatives pour résoudre ses problèmes. Et ainsi il entre à nouveau dans la sphère intellectuelle du monde quotidien et à nouveau s'adresse à lui‑même les mêmes questions.

 

II lit, cherche, et écoute "la petite voix"qui lui parlera des grands mystères de la source, du but, et de la destinée de la vie. Bien qu'il semble être plus prêt d'une solution dans le sens le plus profond, encore un peu plus loin une autre impasse se présente elle‑même et le même mur impénétrable formé de chaque qualité négative s'élève autour de lui. II ne sait rien du mécanisme de l'arrière des scènes et par conséquent peut bien être pardonné si, confronté à de nouveaux obstacles, même sa foi accumulée peut le faire échouer. En résultat, il peut soit abandonner la quête, déclarer que la connaissance est impossible et que tout est spéculation, soit simplement choisir les opinions habituelles de son époque.

 

C'est l'épreuve sage et nécessaire établie par les Frères Aînés pour tout chercheur de vérité précisément. Dans la Fraternité Rosicrucienne, où les procédures sont basées sur des faits occultes, l'étudiant doit demeurer dans la section la plus élémentaire, quelle que soit sa connaissance antérieure, pour une période de deux ans avant qu'il ne puisse avoir l'opportunité de toucher le bord d'enseignements plus profonds. Maintenant ceux qui gouvernent l'Ordre Rosicrucien lui‑même sont aussi plus actifs dans des domaines similaires dans le monde Occidental, donc ils appliquent les mêmes méthodes, qui sont les seules rationnelles des deux points de vue--lorsque comprises correctement.

 

L'épreuve dont il est question peut durer des périodes variées--mois ou années--et beaucoup tomberont sur le côté, par lassitude ou par découragement, ou erreront dans des chemins détournés distrayants. Ainsi ceux qui poursuivent une oisive curiosité ou de motifs incertains sont graduellement éliminés de la quête, et seule les acteurs consacrés éventuels restent.

 

En cours de temps la troisième étape commence à se développer. Le chercheur commence à apprendre la nécessité de discrimination. Auparavant il était fasciné par chaque secte offrant de nouvelles explications et il jugeait le sujet entier par la totalité de leurs présentations. De cette expérience acquise il commence à assembler et analyser son information, et le temps passant, il est capable de synthétiser le tout et de discerner une unité, où avant tout était diversité et contradiction. Avançant sur ces lignes, le mental est éventuellement focalisé à l'intérieur vers les bases et principes des choses, et il se pose lui‑même une nouvelle question--une amélioration sur la première‑‑"Quelle est la nature de la Vérité, de quoi devrait‑elle consister, et à quoi est‑elle reliée" ?

 

Sur l'analyse de cette importante question il doit devenir apparent que la vérité religieuse devrait donner une explication sur les conditions supra physiques et leur relation à l'individu. Trois choses peuvent être dites pour décrire le dessein rationnel de la vérité religieuse

 

Premièrement, l'exposition de fait supra physique ; en second, (élucidation de la loi supra physique ; et troisièmement, la présentation de conseils et de règles de vie en harmonie avec les conditions précédentes.


 

 

Le dessein de la religion depuis son début a été de faire valoir la dernière nommée, donnant juste assez des deux premières pour calmer le mental. Le tout a été offert en allégorie et achevé dans l'histoire du fondateur d'une religion particulière, dans le but qu'elle puisse être la meilleure assimilée par les peuples pour lesquels elle fut destinée.

 

Mais la religion est en réalité un système de moralité basé sur une science. C'est une expression symbolique d'un fait cosmique. L'occultisme est une science de l'univers, et le fait qu'elle soit source d'inspiration de toutes les religions est prouvé par leur unité dans les points essentiels.

 

La Science peut être comparée à une source naturelle, située dans une haute montagne, revêtue d'une robe immaculée de neige et jamais souillée par le pied ou le souffle d'aucune créature‑-la source dont plusieurs grandes rivières naissent, coulant toutes vers le même Océan sans limite, et qui sont les cocas d'eau des peuples de la terre. Le chercheur a maintenant atteint le point où cette source vient à l'intérieur de sa vision, et grand en effet est son privilège.

 

L'occultisme traite avec les faits de l'univers et par conséquent il est clair qu'un long chemin de persistance patiente est nécessaire avant que l'aspirant puisse même en discerner le contour.

 

Avec les premiers aperçus de la montagne enneigée le voyageur peut de loin bien s'élever et rendre grâce du fond de son coeur, car il sera à présent capable de construire le temple de son culte sur le rocher de fait, à la place des sables mouvants de la croyance, et aucune tempête ne démolira jamais la structure ou ne la balaiera. Car la conviction résultant atteint les plans intérieurs de l'être, doit être là enregistrée, et ainsi il acquiert la bénédiction et la joie de l'homme, "une maison non faite par les mains, éternelle dans les cieux".

 

En rétrospection il voit le chemin qu'il a suivi de l'acceptation inconsciente à la première aube du désagrément intellectuel conscient, le précurseur d'une longue période de souffrance aiguë. II remarque l’abandon graduel de la présentation exotérique pour le discernement de la substance intérieure des différents enseignements, et il voit ses marches initiales en haut dans la première aube de la perception de la nature inhérente de la vérité. Les doutes, peurs et fatigues qui l'avaient assailli durant les étapes sombres du sentier se dessinent devant ses yeux comme des visions de jadis, dont il a extrait la "perle de grand prix" et la réalisation de la possession de cette dernière transforme sa joie en volonté de réussite, et une détermination à utiliser sa connaissance qui, en tant que pouvoir est une panacée pour tout malade, pour soulager la douleur et écarter l'ignorance de ses compagnons.

 

RAYS JUILLET AOUT 2001 B. ROGERS

 

Traduction Chantal Duros