JUSTICE ET JUGEMENT
En tant qu'aspirants spirituels, nous cherchons à développer notre faculté de jugement, dans le sens du "discernement" ou "discrimination". Inversement, nous cherchons à maîtriser toute tendance à juger nos frères—"juger" dans ce contexte signifiant "critiquer" ou "condamner". Le jugement tel qu'employé dans le second sens est ici en considération.
Le Nouveau testament pousse clairement à la vertu de non-jugement : "Ne nous jugeons donc plus les uns les autres: Mais pensez plutôt qu'un homme ne doit rien faire qui soit une pierre d'achoppement sur le chemin de son frère" (Rom.14:13).
L'ironie du jugement est qu'il perpétue l'acte qu'il juge et, par sa censure et son verdict de répudiation, renforce ce qu'il pourrait avoir souhaiter équilibrer ou effacer. Apporter un jugement contre une action en punissant ou persécutant l'auteur renforce l'injustice et rend les procureurs également ou davantage coupables de violation et de négativité. La "justice" punitive est un pernicieux cycle descendant d'offense. Les offenses illégales ne sont pas neutralisées par l'offense égale menée contre le "malfaiteur". Le meurtre passionnel n'est pas réglé par le meurtre certifié connu sous le nom de peine capitale.
La vie est sainte et intacte. Tout ce tendrait vers la séparation est péché. La moralité de loi du talion, "œil pour œil" réduirait la vie humaine à néant, car personne n'est sans péché. L'accusateur, le découvreur de faute, ferait mieux de prendre à cœur les paroles de Jésus Christ : "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre" (Jean 8:7). Plutôt, si ton œil t'offense—c'est-à-dire, si quelqu'un perçoit l'offense—arrache ton œil. En d'autres termes, il n'y a rien d'impur en soi, mais si nous estimons que ça l'est, alors il en est ainsi (Rom.14:14). Occupons nous de la poutre de notre propre œil avant de chercher la paille dans celui de l'autre.
Ce mécanisme, par lequel nous constatons nos propres erreurs et nos conditions intérieures généralement telles qu'elles sont chosifiées et venant des autres, est appelé "projection" en psychologie clinique. La science de l'Esprit la décrit comme "vision à travers l'aura". Si notre propre désir et nos atmosphères mentales sont sinistres et agités, nous voyons à travers un verre assombri; nous voyons des distorsions, et nous repérons des négativités dans notre entourage. Lorsque nos auras sont brillantes et claires, lorsque nous existons et nous exprimons dans l'amour, l'optimisme, et l'harmonie, alors nous voyons "face à face". Nous discernons le bon, le noble, et le vrai dans les autres. Leur nature vibratoire supérieure révèle des vibrations similaires et créent une immunité contre les influences de l'ombre, l'égoïsme, et les éléments vulgaires dans notre environnement.
Juger avec un œil de condamnation est voir uniquement avec l'œil physique, voir l'extérieur, l'évident, le littéral, le superficiel, voir, finalement, le transitoire. Ainsi, il est dit du mental exotérique, "En ayant des yeux pour voir, ils ne voient pas" (Mat.13:13-14). Plus nous ferons l'effort de voir spirituellement, plus nous comprendrons ce que nous voyons et n'aurons plus besoin de jugement, de condamnation, et d'aliénation. Le jugement déclare : "Je ne suis pas ce que je vois. Je voudrais le séparer de moi, l'annuler, le tuer". Mais ce processus de refus énergétise l'objet du jugement, qui est une pensée dans le propre mental du juge. La solution salutaire est de comprendre tout le contenu de conscience mais de laisser être le négatif, ne l'honorant d'aucune énergie de refus ou de vengeance, affirmant et renforçant toujours le contenu positif de la conscience.
Sous un autre angle, "Ne juge pas de peur d'être aussi jugé". Ou encore, "La mesure que vous utiliserez sera utilisée pour vous". Tous les péchés et les erreurs sont les expressions de l'ignorance. Ainsi, celui qui sait ne se met pas en colère contre ceux qui vivent dans l'ignorance, car cette connaissance inclut l'amour. Par conséquent, ceux qui vivent dans les ténèbres et dans l'erreur suscitent la compréhension et le sentiment dans l'Esprit compatissant. Pour cette raison Jésus Christ aurait rassemblé les gens de Jérusalem dans le cercle de sa sollicitude telle une mère poule rassemble ses poussins sous ses ailes. Pour cette raison, également, Jésus Christ demanda de Sa croix d'agonie : "Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font". Si ils l'avaient su, ils ne l'auraient pas fait.
Toutes les actions portent en elles, en germe, mais implicitement, leurs propres conséquences; elles sont en fait, leurs propres jugements. Un homme n'a pas besoin de se dresser lui-même en "juge impartial" et en arbitre des actes et de la destinée d'un autre. Faire ceci indique simplement l'arrogance et l'ignorance de celui qui s'estime ainsi qualifié. "Je le dis à votre honte. Ainsi, il n'y a pas parmi vous un seul homme sage? Non, personne qui puisse juger entre ses frères…Pourquoi ne souffrez vous pas plutôt quelque injustice? Pourquoi ne souffrez vous pas d'être dépouillés?" (Cor.I 6:5-7). Jésus Christ souffrit le jugement de la mort. Il prit le mal de l'humanité sur sa personne innocente, cette complicité planétaire de l'homme pourrait être annulée et l'homme pourrait vivre non par la loi, mais par l'amour.
En tant qu'implication future du jugement, nous pouvons dire que l'auto critique constante frustre le développement spirituel. Paul écrit qu'il ne se juge pas lui-même (Cor.II 4:3) et même prend moins garde au jugement des hommes. Cependant nous savons que l'homme qui meurt quotidiennement demande davantage à sa conduite, à sa parole, et sa vie intérieure que ne le fait son pire critique. Il répond non au jugement des hommes, mais à celui de Dieu. Il nez prétend pas connaître le jugement de Dieu, autre qu'en professant et préférant l'Amour infini de Dieu en l'Etre Jésus Christ, qui donna Grâce et Vie à l'homme en retour à son péché et son mépris.
Soyons honnêtes, sinon audacieux, et épargnons nous l'auto dépréciation inutile et la prétention du jugement personnel. Les moments pour l'auto observation impersonnelle et le remords peuvent être réservés à la rétrospection du soir sur les événements de la journée écoulée. Nous devrions réaliser que tout ce qui passe pour une pieuse auto critique est une forme subtile d'amour de soi, par lequel on est spécial par le biais de fautes particulières ou d'inaptitudes qui rendent compte de nos échecs. L'auto jugement vient alors, en effet, la justification de soi.
Que nos propres personnes soient les seuls objets de notre jugement et cela avec un esprit de perfectionnement de soi plutôt que de pitié ou d'auto humiliation moribond. Nous ferions bien de nous rappeler que nos yeux au sens moral sont focalisés sur l'homme mortel, le soi inférieur, dans le but de l'élever, de le transmuer, et de l'aligner avec nos natures supérieures. Notre auto analyse constructive est dirigée pour refléter et exprimer notre divinité intérieure dans nos véhicules inférieurs, faisant d'eux des vaisseaux limpides qui puissent révéler et magnifier pleinement l'Amour, la Lumière et la Vie du Dieu intérieur. Finalement, nous pouvons garder à l'esprit les paroles du Christ, "Je suis venu non pas pour juger le monde mais pour sauver le monde" (Jean 12:47).
RAYS MARS AVRIL 2004 CARL WEAVER
Traduction Chantal Duros