L’ŒUF COSMIQUE, UN SYMBOLE UNIVERSEL DU MONDE ET DE L’HOMME

 

 

 

Parmi les nombreux symboles cosmiques que nous avons ramenés de l ‘Antiquité, aucun n’est plus commun que le symbole de l’œuf.  Soigneusement caché dans ce symbole se trouve le mystère entier de l’origine et la destinée du monde et de l’homme. L’œuf symbolise le Cosmos dans sa conception la plus abstraite du plus intime état de l’existence, antérieur aux périodes et suites d’involution et d’évolution. Il enseigne que bien que la vie soit capable de façonner la matière, elle ne peut compter sur elle pour son existence.

 

C’est une auto existence, n’ayant ni commencement ni fin. Ceci est symbolisé par la forme ovoïde de l’œuf. L’Etre Absolu est toujours représenté comme une forme ovoïde, sans commencement, et donc sans fin.

 

A l’intérieur de la périphérie de l’œuf est la Pouvoir vivant, mâle-femelle, qui est l’Esprit  Divin. Ce grand Pouvoir a été appelé par les Grecs, PHANOS, le Dieu de la Lumière, car devant sa brillance, l’univers entier resplendissait de la lumière du feu, le plus glorieux des éléments. Et ainsi, l’œuf, la première et la dernière de toutes choses, chauffé par la Vie Divine en lui, éclôt.

 Un grand Esprit s’avance alors dans toute Sa gloire et Sa splendeur.

Dans la légende d’Orphée, Phanos est appelé le père de tous les dieux parce qu’Il était le premier à apparaître comme «lumière ». Dans la Bible, nous lisons qu’au commencement, Dieu dit : « Que la Lumière soit, et la Lumière fut ». Dans la philosophie Rosicrucienne, il est enseigné que « Dieu est Lumière » et cette phrase est prise comme pensée principale dans nos périodes de méditation.

 

La  lumière est le premier principe manifesté de Dieu ; ceci est suivi par l’Amour comme second principe, et le service en troisième.

Cet Etre glorieux, né d’un œuf, était triple, et comme décrit dans la terminologie de Platon, de trois aspects . Phanos était le « Père », Ericape, le « pouvoir », et  Métis, l « intellect ». Cette terminologie correspond à nos principes Rosicruciens qui sont appelés le Père, le Christ, et Jéhovah ; ou la volonté, la sagesse et l’activité.

 

Dans la littérature des anciens il est écrit que dans le commencement  l’univers était « eau », ou « chaos ». Les eaux imploraient intensément ; elles peinèrent et s’animèrent d’une fervente dévotion. Lorsque cette chaleur et dévotion devinrent suffisamment  intenses, un Grand Oeuf fut produit. Cet œuf demeura pour Un Grand Jour, et à l’expiration de cette période il se cassa en deux . Des deux hémisphères, la supérieure était en or, et l’inférieure en argent.  Celle en argent devint le monde, ou création du monde, et celle en or devint les Cieux, ou séjour céleste. Dans certains cas, le jaune doré de l’œuf est représenté comme le soleil, ou le centre de l'univers ; dans d’autres cas, comme le cœur de l’homme, entouré de ses facultés latentes et de ses véhicules. Par encore d’autres auteurs d’anciens travaux métaphysiques, il est considéré comme la terre, entourée par les eaux terrestres, qui sont symbolisées par la part d’albumine, ou le blanc de l’œuf. A l’intérieur de cet œuf, étaient aussi les continents, les mers, les dieux, les démons, et l’humanité.

 

 

 

Le Grec Phanos symbolise la première naissance, l’Homme Céleste, resplendissant comme le soleil. Il est appelé « l’œuf d’or », le père de Métis et de tous les dieux. Pour le bienfait de ces dieux de l’univers, Il créa les cieux et la terre, afin qu’ils puissent s’avancer vers un nouveau jour de manifestation.

Dans une autre description du monde il est dit que le ciel,  la terre, et l’eau, et quoi que ce soit d’autre à l’intérieur d’eux, sont l’œuf même. Le ciel est organisé au-dessus de la terre, comme un œuf, par l’ouvrage du Créateur, et l’apparence de la terre au milieu du ciel est semblable au jaune à l’intérieur de l’œuf, et l’eau, à l’intérieur de la terre du ciel, est la même que l’eau à l’intérieur de l’œuf.

 

Parmi les écrits de cet illustre Rosicrucien et esprit immortel connu sous le nom de Paracelse, nous trouvons des citations qui jettent un rayon de lumière sur ce vieux mystère de l’œuf. Il déclare que « le jaune de l’œuf demeure dans l’albumine sans couler au fond de la coquille. Le jaune représente la terre et le blanc les environnements invisibles de la terre. La partie invisible agit sur la visible, mais seulement le philosophe perçoit la voie dans laquelle l’action prend place.»

Dans cet exposé Paracelse se rapporte à la partie de l’albumine de l’œuf représentant l’invisible, les plans super physiques de la nature d’où coule la vie par laquelle toutes choses terrestres sont nourries. L’œuf est une image de Dieu et de l’univers, qui engendre et contient toutes choses en son cœur. L’homme fut fait à l’image de Dieu, son aura et corps désir étant ovoïde dans leur forme, et là où l’esprit fut développé, la forme fut aussi ovoïde. Chaque cellule et atome vivants, chaque étincelle qui en émanait ou avait son origine dans le monde de Dieu, est de forme ovoïde, sans commencement ni fin, montrant que ceci, aussi, est éternel, comme notre Père dans les cieux.

 

L’œuf a été utilisé comme un symbole des anciens temps. Il y avait l’Oeuf du Monde des Egyptiens qui provient de la bouche de l « Incrée et Eternelle Déité », et qui est l’emblème du pouvoir génératif. L’œuf de Babylone était supposé avoir fait naître Ishtar et était supposé être tombé des cieux dans l’Euphrate. Les œufs colorés étaient utilisés annuellement au printemps dans presque chaque région, et en Egypte, ils étaient échangés comme symboles sacrés au printemps. C’était l’emblème de la naissance et renaissance, cosmique et humaine, céleste et terrestre. Nous apprenons par les écrites de Madame Blavatsky, que le mot Easter (Pâques en anglais), venait évidemment d’Ostara, la déesse Scandinave du printemps. Elle était le symbole de la résurrection de toute la nature et était adorée au premier printemps.

 

C’était alors une coutume chez les Nordiques païens d’échanger des œufs colorés, qui étaient appelés les œufs d’Ostara. Ces derniers devinrent les œufs de Pâques. Cette vieille coutume a été adjointe à la Fête de la résurrection du Sauveur, qui, comme la vie cachée dans l’œuf, a dormi dans la tombe pendant trois jours avant qu’IL  ne s’éveille à La Vie Nouvelle. Ceci était naturel parce que le Christ est identifié au même soleil de printemps qui s’éveille dans toute sa gloire après les tristes, longs jours de l’hiver.

 

Le symbole sacré de l’œuf était préservé par les Druides et utilisé par eux comme une marque distinctive de plusieurs grades, dans l’Ordre des Druides. Ces œufs étaient de couleurs variées, certains bleus, d’autres verts ou blancs, tandis que certains étaient rayés de plusieurs couleurs. La couleur donnait un indice de leur stade dans l’Ordre, car la couleur dont étaient vêtus les membres était la même que celle des œufs.

 

Dans le symbolisme mystique des premiers Rosicruciens, nous trouvons que l’œuf philosophique y était incorporé, et il a une interprétation très significative. La « Fraternité de la Rose Croix », dit John Heydon, «  est maintenue par un groupe d’adeptes mystérieux qui se perpétuent eux-mêmes d’âge en âge, en retournant dans une matrice philosophique, où ils restent un temps prescrit, et alors viennent encore une fois renouvelés en vie et en années. »

 

Le même écrivain parle aussi du Frère CRC, et en décrivant une de ses soi-disant périodes de repos, ou plutôt une étape d’inactivité sur le plan terrestre, il parle du Frère comme « dans une matrice naturelle stimulante ». Cette matrice est un cercueil de verre ou container, un vaisseau alchimique dans lequel les Frères étaient enterrés. Il était appelé l’œuf philosophique. A intervalles réguliers, l’Adepte, cassant la coquille de l’œuf, acceptait des devoirs variés de vie, pour se retirer plus tard à nouveau dans sa coquille de glace. Entre les vies, le Frère était sensé dormir dans l’œuf.

 

Périodiquement le philosophe émerge de cet œuf, ayant une nouvelle forme externe dans laquelle il habite temporairement. Ceci est comparable à l’homme, qui entre deux vies sur terre, existe dans les mondes invisibles, dans ses propres corps invisibles.

Il y a une grande différence, toutefois, dans le fait que l’homme doive naître de la matrice physique d’une mère, tandis que l’Adepte, ou le Frère, est capable de matérialiser un corps dans lequel fonctionner sur le plan terrestre sans la nécessité de naître.

La brisure de l’œuf représente la victoire de la nature spirituelle de l’homme sur la personnalité ou la nature animale plus basse. L’homme est un univers miniature et sa personnalité physique est un œuf, ou un corps aurique de forme ovoïde, dans son actuel stade de développement.

Comme le germe est soigné par Mère Nature jusqu’à ce qu’il éclate en splendeur, ainsi l’œuf est couvé par la maman oiseau, et le processus alchimique prend place, jusqu’à ce que le petit poussin grandisse littéralement hors de la coquille avec ses vêtements de plumes ; comme le bébé est protégé dans la matrice de la mère jusqu’à ce qu’il s’élance sur l’océan de la vie, ainsi, l’homme, qui a souffert suffisamment et appris la futilité de céder aux appétits et désirs de la nature inférieure, et est prêt à tout abandonner au Dieu intérieur, crie vers la Divine Etincelle en lui, de prendre en charge tous ses véhicules et facultés, pour les contrôler et diffuser les qualités de l’Esprit à travers son être entier.

 

C’est alors que l’œuf humain est couvé de l’intérieur par l’Esprit, les qualités spirituelles transmutées et perfectionnées de l’amour cassent la coquille et un être nouveau-né et glorieux s’élance avec toute la splendeur et la beauté de Phanos, le Dieu de la Lumière. Alors il peut acclamer triomphalement comme le fit le Christ : « Tout est accompli ».

 

 

 

                                                     Rays Mars-Avril 98                 C.R. BRYAN

 

Traduction Chantal Duros