L'OMBRE DES BONNES CHOSES A VENIR

 

 

 

Saint Paul décrit le Tabernacle dans le Désert comme une "ombre des bonnes choses à venir" (Héb. 10:1ff), un modèle physique sur terre des réalités spirituelles dans l'âme et les mondes de l'esprit.

A première vue, il peut sembler que le Tabernacle dans le Désert  ne fut seulement  qu'un lieu de rencontre portable,  comme un mobile home moderne ou une tente de cirque.

Arguant contre un tel point de vue, on peut insister sur le fait que le Dieu Yahvé  donna directement à  Moïse :

 

1)      un plan verbal (mental) du Tabernacle

2)      une description précise à la fois du Tabernacle et des objets et meubles et

3)      de la robe des prêtres qui devaient officier à l'intérieur du Tabernacle

4)      des directions détaillées  pour ce projet comprenant plus des 16 derniers chapitres de l'Exode.

 

La Présence de Dieu, la Gloire de la Shekinah, habitait l'intérieur du Saint des Saints si puissamment que celui qui n'était pas préparé aux vibrations élevées d'une telle rencontre était détruit par  les hautes vibrations prévalant à l'intérieur.  Ce fait symbolise également  la complète régénération,  la mort apparente de la personnalité, qui survient après que l'égo soit entré  dans le silence divin du sanctuaire  intérieur ou monde du ciel. En préparation à cette entrée, le candidat se soumet lui-même au feu divin qui consume continuellement les sacrifices placés sur l'Autel des Sacrifices se tenant devant l'entrée du Hall de Service.

Les anciens Rabbins croyaient que le Tabernacle, qui est en forme de croix, symbolisait le corps humain,  un point de vue auquel fit écho Paul dans I Cor. 5:1-6 et clairement détaillé par l'illustration ci-dessus.

Le modèle du Tabernacle dans le Désert est essentiellement le même que le plus grand Temple de Salomon à Jérusalem.

L'Ancien Testament relate le transport de l'Arche d'Alliance  à travers le Désert vers la Terre Promise et plus tard au Temple de Salomon. Ce récit, cependant,  est de loin davantage qu'un événement historique, il est le symbole du voyage de chaque aspirant du désert de la vie matérielle stérile vers la terre promise de la communion consciente avec le Dieu intérieur, une condition qui requiert que le temple corps soit purifié et capable de recevoir en toute sécurité les hautes vibrations de la divinité.

Alors, c'est le corps " Temple de Salomon".

Le Désert du Sinaï, et autres régions désertiques où le Tabernacle fut dressé, représente la vive non cultivée, stérile, la vie que nous menons jusqu'à ce que nous gravissions la montagne de l'illumination et terminions notre voyage vers la Terre Promise.

Tabernacle signifie littéralement tente, ou lieu d'habitation temporaire. Ainsi le corps physique humain est le lieu d'habitation temporaire de l'âme, son tabernacle terrestre, la tente de chair.

La clôture est divisée en trois sections : la cour extérieure, appelée Cour de la Congrégation, le Tabernacle avec sa Chambre Est, et la Chambre Ouest.

 

La tente ou tabernacle proprement dit mesurait 50 coudées des côtés Est à Ouest, et 100 coudées des côtés Nord au Sud. Puisque q'une coudée est basée  sur la distance entre le  bout du doigt et le coude, ou environ dix huit pouces, ces images peuvent mieux être considérées comme des mesures reliant le Tabernacle à l'être humain qu'il symbolise.

La porte montre les couleurs  bleu, écarlate et violet sur un fond blanc. Le bleu est la couleur du Père, l'écarlate la couleur du Saint Esprit, et le violet un mélange des deux. Le fond blanc cache le rayon doré du Christ, qui était latent à cette époque, et après le Mystère du Golgotha (lorsque "la plénitude du Christ devait apparaître", devint de plus en plus actif à l'intérieur de l'être humain.

La clôture avec son Autel des Sacrifices et Son Bassin de Purification  est symbolique de la vie intérieure où l'aspirant doit allumer le feu du remords pour les mauvaises actions, afin qu'il puisse être purifié.


La Chambre Est, ou Saint des Saints, est la "terre promise", que nous ne sommes pas capables de pénétrer  à cause de notre croissance insuffisante de l'âme, mis en évidence par le manque de "vêtement nuptial". L'acquisition de cette robe nuptiale requiert  que nous nous donnions en service aimant, en sacrifice de soi et dans la prière à l'homme et à Dieu, comme symbolisé par les objets de la Chambre Est.

L'Autel des Sacrifices était maintenu continuellement  brûlant par un feu d'origine divine. Le sacrifice  des offrandes brûlées montre que la première marche vers la vie sainte est la repentance. Le chercheur de vérité moderne s'offre lui-même  en sacrifice vivant (voir Rom. 12:1).  L'aspirant doit se poser lui-même la question, "Y a t-il en moi [conscience] un feu divin qui sacrifie les intérêts de la chair pour le bien de l'esprit ?"

 

L'Autel des Sacrifices était recouvert de laiton, un métal composé de cuivre et de zinc, qui n'est pas trouvé dans la nature, suggérant que le péché est un composé de "bonnes choses en mauvaise proportion" qui ne peut seulement être purifié que  dans le service à Dieu à travers le versement du sang, ou l'essence de vie consacrée à l'Esprit, et la purification par le feu, ou opération de l'Esprit. Il devrait être remarqué   qu'il y avait  plusieurs sortes  de sacrifices admissibles et, en général, ils étaient mangés par les Prêtres, une action qui implique que ce que nous sacrifions n'est pas perdu ou gaspillé, mais plutôt, nourrit la personne intérieure, fournissant la connaissance, la sagesse, la foi, et la délivrance de la possessivité.

Les quatre cornes aux quatre coins de l'Autel étaient utilisées pour lier les sacrifices. Notre conscience est limitée par les quatre éléments jusqu'à ce que nous expérimentions la résurrection  au-dessus des problèmes purement matériels.

 

Il était demandé aux Prêtres de laver leurs mains et leurs pieds et dans la Mer d'Airain, ou Bassin de Purification, avant d'entrer dans la Chambre Sainte, sinon la mort pouvait en résulter; c'est à dire, la consécration à des desseins pus élevés par en  "nettoyant"  les motifs inférieurs ou impurs et l'adaptation  à une volonté supérieure (esprit) doit survenir avant que nous ne puissions entrer dans la Chambre Sainte. Le Bassin d'Airain signifie Consécration, alors que l'Autel d'Airain signifie Justification, les deux devant être accomplies  avant d'entrer dans la Chambre Sainte.

 

Le Tabernacle avait quatre couvertures, composées du pelage ou de la peau  de trois animaux, comprenant le sacrifice personnel. Les quatre donneurs peuvent avoir un lien avec les quatre rivières, ou éthers, coulant de l'Eden, ou corps vital. Les quatre manteaux peuvent aussi se référer aux  gaines  du physique, du vital, du désir, et du mental inférieur à travers lesquels l'Ego, ou Esprit triple, fonctionne.  Les trois  sacrifiés extérieurs viennent de source animale et la toile visible peut représenter le sentier de l'Esprit Solaire et la condition de la conscience humaine durant les quatre saisons : de l'Automne la conscience, de l'Hiver la  séparation d'avec la lumière, du Printemps de sa renaissance, et l'Eté sa libération.

 

La Chambre Sainte pouvait  seulement être pénétrée par les Prêtres, puisque ceci requérait la connaissance, la consécration, et la pureté symbolisée  par le passage  à travers la Cour Extérieure.

 

Dans la Chambre Est ou Sainte, il n'y avait pas de lumière mais ce qui émanait du  Chandelier à Sept Branches, qui suggère la lumière de la raison et de la connaissance. Les sept tiges  ou branches peuvent se référer  aux sept Périodes créatrices, aux sept planètes, aux sept Esprits devant le Trône, aux sept jours de la semaine, et autres septénaires.  Le chandelier était toujours maintenu allumé avec de la pure huile d'olive.  Sur les branches du chandelier il y avait des boutons en forme d'amandes. Le mot  Hébreux pour amande, shaked, signifie hâter. Ainsi les amandes suggéraient le développement hâté par un service aimant, sacrificiel menant à l'illumination.

 

Le pain est le produit du travail et les douze pains suggèrent  les douze heures de travail du jour, les douze mois de l'année où l'on travaille, les douze tribus d'Israël, et les douze qualités de l'âme devant être développées par le service aimant à nos compagnons.

Chaque  jour de Sabbat ces pains étaient changés, les anciens étant utilisés par les prêtres, et l'encens était brûlé en mémoire du pain.

 

Seulement l'encens préparé selon une formule spéciale était utilisé. L'élévation des vapeurs d'encens à l'intérieur du tabernacle était accompagnée de la montée des prières de ceux qui étaient à l'extérieur de la Cour de la Congrégation. Le Tabernacle  symbolise le pouvoir spirituel, la sagesse et l'amour.

Le voile devant le Saint des Saints pouvait être franchi une fois par an, et seulement par le Grand Prêtre, indiquant que l'Ego ne demeure pas constamment  dans le royaume de l'esprit mais doit aller dans le monde  pour expérimenter l'école de la vie.

Les silhouettes des deux Anges sur le voile  rappellent au candidat que la pureté, telle qu'elle est possédée par les anges, est nécessaire avant  de pouvoir passer dans la partie la plus intime du sanctuaire. Comme le cite une des Béatitudes, "Bienheureux sont les cœurs purs, car ils verront Dieu". Le sanctuaire est également le Nouvel Eden où nous ne pouvons re-venir que lorsque  nous avons restauré l'harmonie avec Dieu, qui inclut le parfait mélange des aspects féminins et masculins, symbolisés par les deux anges. La loi de Dieu requiert que la tête et le cœur soient équilibrés.

Dans le Saint des Saints  se trouve l'Arche d'Alliance, contenant les Tables de la Loi, le Pot d'Or de la Manne,  et le Rameau d'Aaron qui a bourgeonné. Aucune lumière extérieure  n'était fournie; c'est à  dire, on entre ici seulement  lorsque l'on a développé la lumière intérieure, la Lumière qui illumine chaque homme qui vient au monde.

Les Tables de la Loi  sont l'emblème  de la vérité occulte que Dieu écrit ses lois dans nos esprits et dans les tablettes de chair de nos cœurs. Puisque les lois divines en tant qu'archétypes sont déjà écrites dans notre mental supérieur,  nous ne pouvons jamais les briser sans conséquence parce que nos pensées et actions sont prises à témoin par le Voyeur intérieur, notre propre juge. Les Tables de la Loi à l'intérieur  de l'Arche suggèrent que l'Amour de Dieu est plus grand que la Loi extérieure ou ses légistes.

 

Dans le Pot d'Or se trouvait la Manne,  nourriture de l'âme qui doit être recueillie quotidiennement.  Paul se réfère à cette nourriture de l'âme lorsqu'il dit que "bien que l'homme extérieur périsse, cependant l'homme intérieur est renouvelé jour après jour". Lorsque nous vivons de façon responsable le moment présent, persistant patiemment  à bien faire, nous travaillons vers une auto régénération. Le mot manna correspond à manas ou esprit.  Ainsi l'homme, le penseur ou porteur d'esprit, ou manne, désigne l'esprit humain ou Ego, le JE SUIS. Ce JE SUIS  est aussi le Christ, la véritable Manne, le pain de Vie qui descend des cieux (Jean 6:33-35). Notons que la Manne à l'intérieur de l'Arche était préservée et jamais changée.

 

Le Pot d'Or suggère le Vêtement Nuptial dont il est question dans Matthieu 22:12-13. Dans Initiation Ancienne et Moderne, Max Heindel écrit que dans l'ancien temple des mystères, il était requis que  "par le service l'aspirant devrait développer à l'intérieur de lui-même et autour de lui-même une autre lumière, le "vêtement nuptial" d'or, qui est aussi la lumière Christ du Corps de l'Ame. Par des vies de service cette glorieuse substance de l'âme remplit graduellement  son aura entière jusqu'à ce qu'elle s'enflamme de  lumière dorée. Tant qu'il n'a pas développé cette illumination intérieure, il ne peut entrer dans la zone sombre du second Tabernacle, comme est souvent appelé ce Lieu le plus Saint" (p.42). L'éther lumière qui compose largement ce corps de l'âme émet une radiance dorée.

 

Le Rameau d'Aaron est symbolique des pouvoirs de l'homme  régénéré en qui la force de vie est montée  le long de la moelle jusqu'à la tête ou Saint des Saints. A nouveau, citons Max Heindel : "La baguette du magicien, la sainte lance de Parsifal le roi du Graal, et le Rameau bourgeonnant d'Aaron  sont des emblèmes de cette force créatrice divine qui fait des merveilles d'une nature telle que nous les appelons miracles" (IAM, p44).

 

Le siège de Grâce  au sommet de l'Arche est placé au-dessus des Tables de la Loi, indiquant  que l'amour de Dieu maîtrise et surpasse la Loi. Lorsque l'humanité tomba dans la conscience matérielle, les Chérubins gardèrent l'Eden éthérique et son secret de vie éternelle  avec une épée enflammée. Plus tard, la porte du Temple de Salomon  dépeignait un Chérubin tenant une fleur, un symbole de pureté, rappelant à l'aspirant que le sentier des cieux est le sentier de la pureté créatrice, et aussi que la réalisation de la conscience du Nouvel Eden  requiert la floraison des  qualités de l'âme développées en mêlant les forces du cœur et de la tête.

 

Vu d'en haut, le Tabernacle présente la figure d'une croix, faite en traçant une ligne de l'Arche  à l'Autel des Sacrifices, et une ligne du Chandelier d'or à l'Autel des pains de Proposition. Cette "ombre des choses à venir" pointe vers ce temps futur où les cœurs et les esprits  humains seront pleinement infusés de la vie et la lumière Christ.

 

 

RAYS JUILLET  AOUT  2002             ROSS DUFFEL

 

Traduction Chantal Duros