LE PLUS GRAND PRIVILEGE HUMAIN
Parmi les nombreuses déclarations des Enseignements de la Sagesse Occidentale qui portent des fruits spirituels lorsqu'elles sont considérées en méditation, celle-ci est particulièrement significative: "L'usage de mots pour exprimer la pensée est le plus grand privilège humain et peut être exercé seulement par une entité raisonnante, pensante, telle que l'homme".
"L'usage de mots pour exprimer la pensée". Quel privilège en effet, Comme l'apôtre Jacques nous le dit: "Par elle (la parole) nous bénissons Dieu notre Père; par elle, nous maudissons les hommes qui sont faits à l'image de Dieu". Vraiment la parole est une épée à double tranchant, et c'est notre privilège et notre responsabilité de motiver nos paroles par une pensée logique et raisonnée afin que leur plus grand pouvoir puisse être libéré.
Ralph Waldo Emerson nous rappelait que "la parole est pouvoir : la parole est faite pour persuader, convertir, contraindre". Inspiré par la sagesse initiatique Rosicrucienne, Shakespeare nous laissa un trésor de paroles et de mémorables aphorismes sur les mots, tels que :"On ne sait pas combien une parole malheureuse peut empoisonner le goût", et "Ces mots sont des rasoirs pour mon cœur offensé". Percy Bysshe Shelley, d'une conscience de poète éclairé, disait "Nous ne savons pas ce que nous faisons lorsque nous parlons". Cicéron, courageux orateur de l'ère pré-Chrétienne à Rome, disait "Nous devrions être aussi soigneux dans nos paroles que dans nos actions, et aussi éloignés de la parole mauvaise que de l'acte mauvais". John Dryden, un poète anglais du dix septième siècle, nous donna ce joyau :
La parole est la lumière, le matin de l'esprit;
Elle répand de belles images de tous côtés,
Ou bien qui demeurent enroulées et enveloppées dans l'âme.
Il n'y a certainement aucun pouvoir exercé par l'Esprit humain qui ait plus directement une origine spirituelle ou qui ait une plus destinée que ce verbe parlé, et en conséquence il n'y a pas de leçon plus essentielle pour l'aspirant spirituel que d'apprendre l'usage de ses paroles de façon constructive.
Il n'y a également probablement aucun pouvoir aussi libre et étourdiment mal utilisé que le verbe parlé. De nombreuses personnes dissipent cette force par un bavardage sans intérêt sur des choses triviales; d'autres la pervertissent par recherche consciente, comme dans le cas du calculateur Iago dans la tragédie de Shakespeare Othello, afin de souiller le 'bon nom" d'un autre :
Le bon nom en l'homme et la femme, mon cher Lord,
Est le joyau immédiat de leurs âmes;
Qui dérobe ma bourse dérobe des détritus; c'est quelque chose, rien
C'est la mienne, c'est la sienne, et a été esclave de milliers;
Mais celui qui l a chipé de moi le bon nom
Me dérobe ce qui ne peut l'enrichir
Et fait de moi vraiment un pauvre.
La critique, elle –même une épée à double tranchant, est probablement le mésusage le plus librement pratiqué des pensées et des paroles dont les êtres humains sont coupables.
Concernant la valeur et le préjudice de la critique, Max Heindel écrit que "La critique constructive, qui met l'accent sur les imperfections et les moyens d'y remédier, est une base de progrès, mais la critique destructrice, qui démolit sauvagement le bon et le mauvais de la même façon sans viser un accomplissement supérieur, est un ulcère du caractère et doit être éradiqué". Il ajoute également que "bavardage et colportage de rumeur sont entraves et obstacles", et que nous devrions éviter les pensées grossières non seulement parce qu'elles nous font du mal, mais parce qu'elles forment des formes pensées telles des flèches, qui, passant hors de nous, "percent et obstruent l'influx de bonnes pensées irradiées constamment par les Frères Aînés et attirées par les hommes bons".
L'étudiant des Enseignements de la Sagesse Occidentale apprend que "dans l'ancienne Lémurie le langage était quelque chose de sacré. Ce n'était pas un langage comme le nôtre—un simple arrangement de sons. Chaque son exprimé par le Lémurien avait un pouvoir sur la Nature autour de lui. Par conséquent, sous la guidance des Seigneurs de Vénus, qui étaient les messagers de Dieu—les agents des Hiérarchies Créatrices—le pouvoir de la parole était utilisé avec grande révérence, comme quelque chose de sacré…Il n'était jamais abusé ou dégradé par le bavardage ou la conversation ordinaire".
Plus tard, en Atlantide, les rudiments d'un langage vinrent à l'existence. Les Atlantéens "développèrent des mots et ne firent plus usage de simples sons, comme le faisaient les Lémuriens. Ils formaient encore une race spirituelle et leurs pouvoirs de l'âme étant comme les forces de la Nature, ils ne nommaient pas seulement les objets autour d'eux, mais dans leurs mots se trouvait le pouvoir des choses qu'ils nommaient. Comme les derniers Lémuriens, leurs sentiments en tant qu'Esprits…les inspiraient, et aucun mal n'était jamais fait sur un autre. Pour eux le langage était sacré, la plus élevée et la plus directe expression de l'Esprit. Le pouvoir ne fut jamais abusé ou dégradé par bavardage ou conversation banale. Par l'usage d'un langage défini l'âme dans sa race devenait d'abord capable de contacter l'âme des choses dans le monde extérieur".
Puisque l'évolution procède en spirale, les conditions et facultés qui ont existé dans le passé sont constamment en réapparition, bien que toujours dans une forme supérieure. Ceci est vrai quant à la parole. Le pouvoir du verbe parlé utilisé par les lémuriens a été perdu durant notre descente dans la matière, avec son cortège d'égoïsme et de cruauté. Cependant, un des objets de notre évolution est que nous récupérons le verbe de pouvoir son usage consciemment et indépendamment de créer.
Durant la première partie de notre actuel Grand Jour de Manifestation, alors que la Terre était encore une partie du Soleil, l'homme était alimenté par les forces solaires de toute la nourriture nécessaire, "et il irradiait inconsciemment le surplus dans le but de propagation. Lorsque l'Ego entra en possession de ses véhicules il devint nécessaire d'utiliser une partie de cette force à la construction du cerveau et du larynx…Ainsi la force créatrice duelle qui travaillait jusque là dans une seule direction dans le but de créer un autre être, devint divisée. Une partie fut dirigée vers le haut afin de construire le cerveau et le larynx, au moyen duquel l'Ego fut capable de penser et de communiquer des pensées aux autres êtres".
Pourtant, le cerveau, au mieux, n'est seulement qu'une méthode indirecte d'acquisition de la connaissance, et est destiné à être remplacé par une connaissance intérieure bien plus élevée que la conscience du cerveau actuel. Lorsque ce stade sera atteint, tel qu'il l'a été par les Adeptes, le larynx spiritualisé et perfectionné de l'homme prononceront à nouveau "le verbe perdu", le "Fiat Créateur", qui, sous la guidance des Grands Maîtres; était utilisé dans l'ancienne Lémurie dans la création des plantes et des animaux.
La parole de l'homme est ainsi une manifestation microcosmique du même pouvoir qui est exprimé par le Macrocosme, Dieu, en créant un univers. C'est une expression du Pouvoir Créateur divin inhérent en chaque être humain. Nous sommes faits à Son image spirituelle, et bien évidemment les potentialités développées d'un tel pouvoir ne sont pas confiées à celui qui voudrait les utiliser égoïstement ou de façon destructrice. Donc seuls ceux qui se montrent dignes de la possession de ce pouvoir en l'utilisant de manière constructive durant leur période d'entraînement pendant leur vie sur Terre peuvent atteindre son plein développement. Nous pouvons marquer un arrêt lorsque nous réalisons combien nous considérons avec légèreté cette force potentiellement puissante que nous possédons en tant que dieux en devenir, et combien nous révélons notre véritable statut spirituel et la manière dont nous l'utilisons.
L'aspirant sage, pleinement conscient de l'origine divine de la parole, la reconnaît comme moyen le plus pratique pour obtenir le développement spirituel. Il choisit ses mots soigneusement, et s'efforce de parler uniquement dans un but altruiste afin que ses paroles soient imprégnées du pouvoir du Christ—le pouvoir Amour-Sagesse de Dieu.
Il nous est enseigné que "Dans la Période de Jupiter, un élément de nature spirituelle sera ajouté (aux quatre existant déjà: feu, terre, ait et eau), qui s'unira à la parole afin que les mots portent invariablement avec eux la compréhension—non l'incompréhension, comme c'est fréquemment le cas de nos jours. Par exemple, lorsqu'une personne dit 'maison', elle peut vouloir parler d'un cottage, alors que l'auditeur peut comprendre 'appartement dans un immeuble'.
"Lorsqu'un homme de la Période de Jupiter dira 'rouge' ou prononcera le nom d'un objet, une reproduction claire et exacte de forme particulière du rouge auquel il pense, ou de l'objet auquel il fait référence, se présentera à sa vision intérieure et sera également visible à celui qui l'écoutera. Il n'y aura aucun malentendu quant à la signification des mots parlés".
L'autodiscipline est le mot de passe de chaque aspirant sincère, et puisque la parole dissipe l'énergie, il se discipline lui-même pour maintenir la modération de celle-ci, conservant par là son énergie. Il se discipline particulièrement à être silencieux en présence de circonstances douloureuses. Ni le mal, ni la persécution, ni la souffrance ne le conduisent à des paroles excessives.
L'aspirant vigilant ne gaspille pas de temps en plaintes verbales et démonstrations navrantes, mais envoie son énergie d'amour venant du cœur à ceux qui l'entourent, s'efforçant toujours de parler et d'agir seulement si cela peut être utile. En exprimant la foi, la confiance, et l'appréciation aux autres, il les encourage sur le Sentier, par-dessus tout, il est joyeux lorsqu'il sert volontairement, ignorant la critique des autres, dans l'oubli de soi et la confiance dans le Dieu intérieur.
Finalement, le temps viendra où il rejoindra aussi les rangs de ces êtres illuminés qui ont atteint les hauteurs spirituelles de la Divinité qui se manifeste au moyen du Verbe de Pouvoir.
RAYS MARS AVRIL 2004 PERL AMELIA WILLIAMS
Traduction Chantal Duros