Au début de la Chrétienté, les pèlerinages en Terre Sainte étaient entrepris par les fidèles de nombreux pays. Saint Jérôme, durant son séjour en Palestine, vers la fin du IVème siècle, écrit que la Judée fourmillait de pèlerins et que les louanges pour le Fils de Dieu étaient proclamées en plusieurs langues. Aussitôt que que l'Occident épousa la cause de la Chrétienté, les cœurs de son peuple se tournèrent vers l'Orient.
Ce fut pendant le règne de Constantin que la Terre Sainte devint un pôle spirituel pour les adhérents de la nouvelle foi. Constantin célébra la vingt et unième année de son règne en construisant en Palestine la célèbre et magnifique Eglise de l'Ascension. Pour être présents à sa consécration par le Saint Initié, l'Evêque Eusébius, des milliers de Chrétiens se rassemblèrent en Terre Sainte pour adorer et prier.
Ste Hélène, la mère de Constantin, était la fille d'un grand prêtre des Druides, et elle devint plus tard une des plus importantes femmes disciples de l'Ecole Chrétienne. La Reine Mère passa l'année entre 326 et 327 en Terre Sainte. Sa piété et sa sagesse ésotérique se manifestaient dans la construction de magnifiques sanctuaires sur les éminents sites marqués par l'histoire de la vie de Jésus Christ. L'Eglise du Saint Sépulcre fut peut-être le plus magnifique et le plus renommé de tous les lieux sacrés de pèlerinage bâtis sous la direction de cette femme célèbre. Une caverne obscure fut transformée en un grand temple de marbre aux colonnades spacieuses et pavé de pierres rares et précieuses.
Les pèlerins étaient reçus partout en Terre Sainte par les Chrétiens résidents, qui ne réclamaient rien en retour de leur hospitalité mais demandaient des prières à leurs invités. Plus tard, de riches commerçants construisirent de nombreux hospices et des lieux de refuge à travers la Palestine, dont certains demeurent à l'époque actuelle.
"Les pèlerins alors en route," commente un auteur pieux, " à la fois femmes et hommes, n'avaient aucun moyen de protection contre le mal autres que la Croix du Christ, et aucun guides à part des chœurs angéliques". Aux yeux des gens humbles chez eux, une sainteté particulière se répandait dans l'atmosphère de celui qui avait résidé, même brièvement, en Terre Sainte, et le véritable pauvre qui parvenait à accomplir le voyage était pourvu d'abondantes aumônes afin qu'il retourne vers ses terres natales.
Cette situation changea lorsque Jérusalem fut capturée par Omar, le Calife Musulman, en 637 après JC. De cette époque jusqu'à la Première Croisade en 1099, elle fut gardée continuellement par des nationalités professant la religion de Mahomet.
Le but des Croisades était d'arracher la Terre Sainte aux Mahométans et d'élever à nouveau la bannière du Christ à sa juste place au-dessus de la Cité Sainte. L'erreur des croisés pourrait avoir été leur zèle fanatique, mais nous devons reconnaître u'ils étaient conduits par des forces ayant de grands objectifs spirituels en vue, qui n'ont même pas été complètement achevés. La capture de la Palestine fut accomplie lors de la première Croisade, et Godefroy, sixième Seigneur de Bouillon, fut nommé premier roi Chrétien de Jérusalem. Il fut le chevalier parfait, sans reproche. Il a été appelé "esprit martial à l'attention des cieux, avec cette chasteté d'esprit qui ressentait une tâche comme une blessure".
Il exprimait souvent du regret pour la sévère nécessité qui le séparait de la dévotion continue au cloître.
Godefroy ne fut pas choisi de façon négligente pour l'honneur royal. Il avait été jugé avec les autres dirigeants Croisés, et fut choisi pour ses éminentes vertus et sa perspicacité. Le couronnement eut lieu à l'Eglise du saint Sépulcre, et là en ce lieu sacré, qui devint plus tard sa tombe, il reçut le titre Roi de Jérusalem, alors qu'il était âgé de 39 ans. Il accepta la responsabilité mais rejeta la gloire, refusant de porter une couronne d'or et des joyaux là où Jésus avait porté une couronne d'épines, disant que l'honneur de devenir le Défenseur du Saint Sépulcre était le sommet de son aspiration. Il est intéressant de se rappeler que ce "parfait chevalier" est d'une famille associée au Chevalier Noir des légendes d'Europe, et à certaines références mystérieuses et obscures au Temple et au Saint Graal.
Lors du passage de Jérusalem sous tutelle Chrétienne, l'enthousiasme pour les pèlerinages s'enflamma à nouveau. Presque chaque Chrétien dans le continent Occidental accomplit une sorte de pèlerinage. Les parents consacraient fréquemment leurs enfants à naître à accomplir un pèlerinage, et le premier devoir d'un fils obéissant, arrivé à l'âge requis, était d'accomplir le vœu parental. Le passage entre les ports de mer et Jérusalem, cependant, était alors chargé d'un double péril. Des bandes de Musulmans fugitifs procédaient à un pillage sans discrimination sur la vie et la propriété des voyageurs, qui étaient exposés à l'hostilité, aux abus cruels, et même à la mort.
Ce fut cette situation qui appela l'Ordre du Temple à existence. Pour défendre les personnes âgées de ces passages hasardeux et protéger les saintes femmes au cours de leurs voyages vers la Cité Sainte, le noble Hugues de Payen et neuf Chevaliers également braves et distingués formèrent la Fraternité pour la protection des pèlerins. En l'an 1113, ces neuf Chevaliers firent leur vœu d'ordination à la Sainte Eglise de la Résurrection, embrassant une vie de perpétuelle chasteté, d'obéissance, et de pauvreté, et renonçant au monde et à ses plaisirs. Ils se nommèrent eux-mêmes les "Pauvres compagnons Soldats de Jésus Christ", et choisirent pour patronne "Marie, la Douce Mère de Dieu".
Le saint chevalier, Hugues de Payen, devint le premier Grand Maître, et continua cet office pendant 21 ans. Addison, dans son Histoire des Chevaliers du Temple, ajoute qu'après avoir vu l'Ordre s'élever à la plus haute position parmi les groupes guerriers de Palestine sous son aile et le patronage de St Bernard, ce valeureux soldat de la croix mourut en 1139. Gibbons commente : "Cet Ordre devint le plus ferme rempart de la Chrétienté en Orient et contribua essentiellement à préserver l'Europe de la dévastation Turque et probablement de la conquête Turque.
Le lieu d'habitation donné à ces vaillants Chevaliers se situait à l'intérieur de la clôture sacrée du Temple sur le Mont Moriah, et de là vient leur appellation, La Chevalerie du Temple de Salomon, ou Chevaliers du Temple.
Saint Bernard écrit ainsi sur l'Ordre : "Ces soldats du Christ vivent ensemble d'une manière agréable mais frugale. Ils habitent ensemble dans une maison sans propriété séparée d'aucune sorte, et sont attentifs à préserver l'Unité de l'esprit dans le lien de la paix. Dans toute la multitude il n'y a qu'un cœur et une âme, puisque chacun ne suit pas ses propres désirs, mais est appliqué à la volonté du Maître".
La vie exemplaire des Templiers souleva un grand enthousiasme pour eux à travers l'Europe. Hugues de Payen, le Grand Maître, forma des Loges dans de nombreuses capitales d'Europe. Des maisons et des terres leur étaient dévolues en cadeau, et aussi ces Loges devinrent si importantes que le Roi Jean d'Angleterre résidait à l'Eglise du Temple au moment de la signature de la Grande Charte.
Le Temple à Paris était réputé être de telles immenses proportions qu'une grande armée pouvait s'y tenir avec ses quartiers. Ces magnifiques Temples dans différentes villes devinrent les principaux centres d'entraînement pour les Chevaliers, les princes, les nobles et les prélats. En 1247, le Grand Maître William de Baujen assista à un Concile Général à Lyon appelé à se réunir par le Pape. Un millier d'Evêques et d'Ambassadeurs des cours d'Europe assistèrent au Concile, mais le Grand maître des Templiers eut la priorité sur tous les nobles et distingués invités présents.
Les Templiers étendirent leur magnificence en vivant même aux alentours de la palestine. Lors de la perte de Jérusalem pour les Chrétiens en 1187 après JC, Acre devint la métropole des Chrétiens latins et dans cette cité luxueuse, le bâtiment le plus spacieux et le plus magnifique était la maison des Chevaliers du Temple.
Les immenses propriétés de l'Ordre à l'époque de la consécration du Temple de Londres sont décrites comme suit : " Leurs conditions sont dans un état si florissant que dans leur Temple au Mont Moriah il y a trois cents Chevaliers au Blanc Manteau, en outre des innombrables frères serviteurs. Leurs possessions à la fois en Palestine et au-delà des mers sont si vastes qu'il n'y a pas une province à travers la Chrétienté qui ne contribue à les soutenir. Leur richesse est dite égale à celle des princes souverains".
A l'époque de leur immolation, les Templiers étaient en possession de neuf mille châteaux, en plus d'immenses revenus provenant de legs et de donations. Le revenu annuel de l'ordre fut estimé à environ trente millions de dollars.
La magnificence et l'élévation mondiale extrême produit le germe de sa propre dissolution. "Vous ne pouvez servir Dieu et mammon" s'applique avec une force spéciale aux organisations dédiées aux choses de l'esprit. Les Chevaliers du Temple ne peuvent jamais être accusés de couardise. Leur réputation en tant que vaillants et courageux défenseurs des sanctuaires de la Chrétienté demeura sans tâche. Cependant, ces derniers Chevaliers, les possesseurs de terres, revenus et états, manquaient de la pieuse simplicité et de la sainteté des saints hommes qui, avec Hugues du Temple, faisaient le vœu d'ordination qui était sommairement résumé comme "Deux Chevaliers pour chaque cheval".
L'Ordre du Temple à travers son énorme richesse et son mode de vie somptueux, perdit graduellement mais inévitablement l'admiration première à elle donnée par à la fois l'Eglise et les laïcs, et devint à la place objet d'envie et de haine. Il y a avait des meneurs à la fois au sein de l'Eglise et sur les trônes qui regardaient d'un œil envieux et avaricieux les immenses propriétés du Temple, et projetèrent de l'amener à sa perte. Après des procès qui furent des parodies de justice, et des tortures cruelles et diaboliques (car c'était le tout début de l'Inquisition), ce grand Ordre fut anéanti son immense richesse confisquée, et son courageux chef, Jacques de Molay, avec nombre de ses loyaux disciples, brûlèrent sur le bûcher au mois de Mars 1312. Les vies de milliers de Chevaliers Templiers furent simultanément sacrifiées dans les atrocités du donjon, par le chevalet et par l'épée. Ainsi se termine une des nombreuses pages les plus sombres de la civilisation.
La charge portée contre les Templiers déclarait qu'ils étaient hérétiques à la foi Chrétienne. Ici encore était mis en évidence le conflit hors d'âge entre l'orthodoxie (extérieure) et l'ésotérisme (intérieur). Il ne fait aucun doute qu'à ses débuts l'Ordre du Temple fut fondé sur les Rites secrets de la Sagesse Ancienne et par là même a une origine commune avec la Maçonnerie. Leurs rencontres les plus importantes se tenaient à minuit et au lever du soleil. Ces observances étaient également un rituel des communautés Esséniennes encore résidentes en Palestine à cette époque.
L'Abacus, ou bâton mystique, qui était porté par le Grand Maître et était symbolique de son pouvoir, était un signe de son origine mystique profonde. Le Prince Edward 1er d'Angleterre fut frappé par le poignard empoisonné d'un assassin lorsqu'il était en Palestine, et bien que proche de la mort, il fut guéri par l'art magique du Grand Maître de l'Ordre.
Que l'ordre des Templiers ait été aussi une partie du Christianisme ésotérique est démontré dans le magnifique statuaire de Marie qui décorait fréquemment leurs Temples. Dans une église en Sicile il y a une statue fameuse de Marie et de l'Enfant Sacré exécutée en 833 après JC et apportée par les Chevaliers Templiers de l'Orient et placée dans l'Eglise du Temple à Rome. A Bologne il y a une grande Maison Templière et sa chapelle de Ste Marie. En France demeure une maison Templière et sa chapelle dédiée à la Vierge.
Les ceintures portées par les Frères furent appelées Ceintures de Nazareth parce qu'elles avaient été serrées contre la colonne de la Vierge à cet endroit, et étaient toujours portées en souvenir de la bienheureuse Marie. (Le Christianisme Esotérique a toujours honoré Marie, pas seulement en tant que Mère de Jésus, mais à cause de son œuvre hautement initiatique. Elle est la plus haute Initiée qui soit jamais venue sur Terre dans un corps de femme).
Les principaux Rites Initiatiques des Templiers semblent avoir été basés sur la signification de la Croix Cosmique et sa signification dans la vie de l'homme. Ceci était évidemment la "Croix qu'ils adoraient" aux saisons sacrées des équinoxes et des solstices. ("l'Ame Crucifiée du Monde" est aussi le Mystère essentiel sur lequel l'Ecole Rosicrucienne est fondée).
Ce "mauvais emploi" de la croix, selon le point de vue orthodoxe, fut une des charges principales pour hérésie dans le procès des Templiers.
La fameuse bannière noire et blanche des Templiers comporte également une signification astronomique, selon Ward, dans son ouvrage Franc maçonnerie et l'Ancien Dieu. Elle représente la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit, et suggère l'alignement du Système Solaire, qui, selon la croyance médiévale, était défini sur la limite extérieure, par la 'sphère' de Saturne, à qui était assignée la couleur noire. Sa limite interne était la 'sphère" de la Lune, dont la couleur était le blanc. Ainsi elle signifie le lien entre le Ciel et la Terre, l'unification de l'homme avec l'Universel.
L'autre bannière, une croix rouge sur un fond blanc, symbolise la signification cosmique de la Croix se rapportant auparavant—au matériel transmué en spirituel.
L'habit des templiers était blanc, "l'habit du Christ". Sur le pan gauche de la longue cape, et portée juste au-delà du cœur, était brodée la croix écarlate, symbolique du vœu du Templier de donner jusqu'à la dernière goutte de son sang pour la cause du Christ.
Lors du renversement final du pouvoir Chrétien en Palestine, le Grand Maître Gaudini s'enfuit d'Acre, et établit la "Maison du Maître" sur l'Ile de Chypre. A sa mort, la succession du Grand Maître revint à Jacques de Molay. Lorsqu'il fut convoqué en France pour connaître les charges d'hérésie du Pape Clément V, il prit avec lui le Trésor Sacré et le déposa à l'Ordre de Paris.
Au moment de son martyre, son neveu et d'autres Frères s'échappèrent avec le trésor, le portant en Ecosse où il fut évidemment mêlé au Rite Caché sur lequel était fondé la profondément ésotérique Loge Kilwinning.
Beaucoup de Templiers en Angleterre ont aussi échappé à la persécution en se sauvant en Ecosse où la condition instable de la région empêchait leur découverte et leur capture. A l'époque de la suppression de l'Ordre, Robert Bruce s'efforçait d'e provoquer l'Ecosse contre l'Angleterre, et ce furent ces guerres qui préservèrent les Templiers en Ecosse. Le jour de la Saint Jean, au solstice d'été, en 1314, Bruce mit en déroute Edward II et à tous les maçons qui l'assistaient il conféra le rang de Chevaliers de la Rose Croix.
La Loge de Stirling avait un chapitre de Templiers dont l'œuvre secrète était donnée dans une ancienne Abbaye proche. Ils travaillaient à différents hauts degrés, incluant celui de Rose Croix, dont les secrets, comme cités auparavant, étaient tirés des plus profonds Mystères des Rosicruciens.
Des sources Maçonniques en Ecosse vient ce mantram initiatique :
Nous avons le Verbe du maître et la seconde vue.
Il y a un léger doute quant à ce que la Loge Mère Kilwinning en Ecosse devint la dépositrice des enseignements ésotériques Chrétiens apportés en Europe de Terre Sainte, et devint ainsi le centre du Rosicrucianisme Anglais, qui détient la clef des Mystères cachés dans la vie de Jésus Christ aussi bien que les ordres maçonniques mystiques qui sont aussi basés sur ces Mystères.
Ces merveilleuses vérités sont, cependant, devenues à présent légendaires, car sous l'influence du profond matérialisme, la Grande Loge d'Ecosse en 1800 décréta que toute Loge travaillant les degrés supérieurs devait renoncer à son privilège. L'interdiction du Décret de Société Secrète fut passée cette année là, et évidemment, craignant ses résultats, cette Loge fameuse préféra renoncer à ses degrés supérieurs plutôt qu'à son Art.
Néanmoins, la maçonnerie Mystique vit encore et continuera à vivre. Aucun décret, ni persécution, ni emprisonnement, ni torture, ni mort au bûcher n'ont annihilé le véritable et essentiel Ordre. Sans égard pour les barrières érigées par l'homme, il se trouve des âmes courageuses prêtes à accomplir le dur voyage vers l'Orient en quête de la Lumière.
L'ordre du Temple déchu, ravivé sous divers noms, a infiltré de nombreuses organisations. Les Chevaliers survivants devinrent des alchimistes, des Philosophes Hermétistes, des Rosicruciens, et finalement, des Maçons. Les Croisés lorsqu'ils étaient en Orient, s'étaient familiarisés avec la doctrine des Gnostiques et des Kabbalistes. Hugues de Payen fut enseigné à l'œuvre ésotérique de Christianisme tel que pratiqué en Terre Sainte. Des chroniques avérèrent qu'en 1118 il était vêtu du pouvoir patriarcal dans l'Ordre légitime de la Succession de Saint Jean.
L'Eglise, entre temps, avait perdu les clefs de la révélation. Le fait que les Templiers s'étaient efforcés de restaurer les Mystères fut la cause première des nombreuses charges de crimes monstrueux et des blasphèmes qui furent portés contre eux. En même temps, il doit être apparent à tout étudiant ésotérique que le grand idéal à la fois de Maçonnerie Templière et de Christianisme Esotérique est seul et unique, se centrant dans ce Nouveau Temple du Christ, qui doit s'élever dans la Cité Sainte sur le lieu sacré du Mont Moriah. Une fois encore, des groupes de pèlerins se rassembleront de toutes parts dans le monde en ce saint lieu, aux grandes fêtes des Quatre Saisons Sacrées, ils rencontreront le Christ face à face.
RAYS MAI/JUIN 2003 CORINNE HELINE
Traduction Chantal Duros