PAIX ET SAINTETE A TRAVERS CHRIST
La première chose que nous avons à débattre est la trame fondamentale divine de l’esprit lui-même, que Christ apporta à la Terre. Car seul avec Christ il est digne de vivre sur terre. Avec Christ nous revenons volontairement chaque matin vers la terre, si peu que cela nous plaise. Dans les Actes des Apôtres, la plus grande volonté du Père divin des mondes, qui réside à la racine de tous les événements terrestres, se reflète devant nous. C’était une nécessité divine que le Père des mondes, à un certain moment, amène à l’existence un monde dans lequel Il puisse exprimer sa divine volonté et son divin pouvoir, comme Il l’a fait sur terre ; Son aide la plus aimante, même des plus basses profondeurs.
Mais celui qui souhaite vivre sur terre, doit prendre sur lui-même le destin de la terre ; et ainsi nous venons à la seconde étape d’union intérieure avec Christ. Le premier objet sur lequel notre regard est tombé fut l’homme, et le sentiment fondamental envers l’homme fut le premier à être éveillé. Car la terre est ici pour l’homme. Mais la seconde chose est de regarder vers le monde, qui entoure les hommes. Ici nous entrons dans l’histoire de la terre. Le mot qui doit nous mener dans ce monde est le mot paix. Comme l’amour pour les hommes nous a menés et nous mène, ainsi la paix nous enveloppe dans le monde.
Mais la paix Chrétienne est tout aussi pervertie que l’amour Chrétien, et nécessite tout autant de nettoyage. La manière dont les mots "amour" et "paix" sont vivants pour la plupart aujourd’hui dans le Christianisme, a repoussé des hommes comme Nietzsche. Au contraire, quelle réelle paix, dans le sens du Christ, peut mieux être enseignée que dans l’image de la Flagellation. Ce n’est pas une paix moyenâgeuse du cloître, qui se retire du monde, mais juste une position au milieu des vexations du monde. Ce n’est pas une paix Protestante de l’âme, qui vit seulement dans le pardon de son propre péché, mais une acceptation du destin du monde dans la force qui vient d’en haut.
Regardons encore plus loin dans l’histoire humaine, nous voyons que l’indifférence héroïque du Stoïcien et la forte absence spirituellement du désir dans le Bouddhiste sont loin derrière l’image héroïque Chrétienne montrée dans la Flagellation.
Ici à nouveau nous pensons à la Flagellation en tant que figure qui résume tout ce qui est arrivé au Christ. Il est accablant de se représenter à soi-même le Christ au pilier du martyre, le saint et divin contre qui des mains rudes dirigèrent les fouets qui lacérèrent sa chair. Quelques-uns douteront que leurs "nerfs" soient entraînés à tenir une méditation sérieuse devant cette image. Et cependant nous entrons pour la première fois dans le destin actuel de ce qui est divin dans le monde lorsque cette image devient vivante en nous. Il n’en est jamais autrement avec le divin. Celui qui n’est pas volontaire pour ceci cherche après de petites joies, mais non le divin dans le monde.
Inversement, le véritablement divin dans le monde s’est révélé l’être, en rendant les hommes forts et courageux pour partager ce destin. Il est bon d’évoquer cette image du Christ encore et encore clairement devant soi. Car, ainsi que l’a dit Goethe, on peut mieux s’aider soi-même face aux nombreuses renonciations que la vie demande en "renonçant" à soi-même une fois pour toutes" ; et on trouvera que, après une telle méditation sur le Christ, on revient à la vie ordinaire plus forts et plus courageux. On sait ce qui s’étend devant nous, la résolution de soi a été fortifiée et l’on est alors surpris de rencontrer tant de bien dans le monde. Une nouvelle signification de "rédemption à travers Christ" apparaît en nous. A partir de ce jour on pense, si on réfléchit à tous ces mots, à l’acte de mort accompli une fois par le Christ au Golgotha. Mais des détails individuels de la vie du Christ la rédemption avance continuellement.
Celui qui a réellement effectué la méditation de la Flagellation du Christ est "racheté de toute plainte gémissante, de toutes illusions sur la vie, de tous faux espoirs et faux désirs". On remarque pour la première fois que l’on portait ces choses en nous inconsciemment. On a une attitude de vie complètement différente ; notre attitude à présent est que, en tant qu’aide du divin dans le monde, on peut endurer la vie et la maîtriser. Christ a pris nos peines sur Lui-même ; ce vieux point de vue acquiert une signification nouvelle. Il procède réellement de l’image du Christ un pouvoir par lequel les peines qui résident devant nous, en tant que peines, sont enlevées, et Ses joies nous sont données en retour. Une telle expérience concrète de "rédemption" à travers Christ, comme nous le montrons ici en connexion avec un seul point, est d’une grande influence et nous mène plus loin que si nous portions l’enseignement de l’ancienne église dans notre tête et "croyions" en lui, comme nous parlons de "croyance" aujourd’hui, dans le plein sens qui n’a plus rien à faire avec la signification Biblique.
Mais de la Flagellation on devrait avoir une vision sur la vie entière du Christ. Celui qui, après une méditation sur la Flagellation, lit la conversation d’adieu dans l’Evangile de Jean, découvrira que chaque mot interpolé par les disciples dans cette révélation du Christ est comme le souffle d’un fouet. Pas simplement une piqûre—un véritable coup de fouet. Puis laissons-le lire plus avant dans l’Evangile de Jean comment "les Juifs"—on ne peut ici penser aux Juifs par la race—reçoivent chaque mot, chaque action du Christ, et il nous apparaîtra que la vie du Christ fut une attache à un pilier de martyre, et chaque chose, presque chaque chose, qui vint des hommes fut une flagellation. On ne remarque pas ceci simplement parce que le Christ, par exemple dans Sa parole d’adieu, la porte toute si grandement qu’Il la transforme en bien.
Et ainsi, après la lecture de la parole d’adieu du Christ (Jean 13-16), lorsqu’on a spécialement observé l’attitude intérieure du Christ envers les interruptions de ses disciples, on peut ajouter cette attitude intérieure du Christ, cette irréfutable grandeur de sainteté, vivement à notre image de la Flagellation. Et à travers elle, nous commencerons à faire poindre sur nous graduellement ce qui peut être "un devenir digne du partage des souffrances du Christ". Car il n’y a rien qui puisse mieux aider l’humanité à l’avenir et la racheter que ce que l’on pourrait apporter contre le mal qui attaque la terre d’où notre vie entière croît. Une âme qui est remplie de noble sentiment, si ces sentiments sont sains et forts, n’a pas besoin de trouble en menant une bonne vie.
Maintenant un homme pourrait entraîner sa vie intérieure en prenant un sentiment après l’autre et jusqu’à le visualiser. Mais il est bien plus profitable et plus sûr de guider de nouveaux sentiments puissants dans l’âme, et les nettoyer ou de les laver à travers ce qui est déjà là. Même pour celui, pour qui le Christ n’est pas encore ce qu’il est pour nous, la passion du Christ apportera cette admiration qui la rend possible d’aller vers Christ dans une certaine sagesse.
Le nouveau sentiment qui est venu dans le monde à travers le Christianisme est appelé Amour. Lisons seulement les écrits des temps pré-Chrétiens et remarquons que son soleil ne s’était simplement pas encore levé. Même dans le Bouddhisme, dans sa bienveillante gentillesse envers toutes les créatures, il y a seulement la première rougeur du matin. Mais l’amour est entré dans les âmes des hommes d’une manière telle qu’il s’est entremêlé avec toute chose qui était déjà là. Et ainsi il est lui-même devenu troublé, pour qu’il soit à peine reconnaissable. Cela est vrai de tout ce qui est appelé "Amour Chrétien". Assez souvent aujourd’hui on a l’impression qu’il n’est pas d’amour Chrétien qui ait changé les cœurs, mais que les cœurs ont changé l’amour Chrétien. Souvent c’est un faux zèle de prosélytisme qui ne fait aucune attention à la liberté des autres, et ne voit ni n’atteint son véritable égo ; souvent une sensibilité sentimentale qui gâte simplement le mot "amour" pour les hommes. Parfois il est une nouvelle sorte d’occupation, dans laquelle l’homme s’échappe véritablement de lui-même ; quelquefois, aussi, une mauvaise curiosité qui se pousse elle-même dans toute chose. Le plus souvent c’est une perte en esclavage de soi-même, que l’on appelle alors "dévotion désintéressée" ; moins rarement aussi une revendication de soi, en laquelle, sous couvert de ressemblance au Christ, on souhaite voir tous les hommes comme soi-même. Il est mauvais d’observer comment, sous le masque de l’amour Chrétien, le plus détestable égotisme se répand lui-même, et ne pense jamais à se mettre soi-même à la place des autres, encore moins à mourir en eux. Rien aujourd’hui ne requiert plus un nettoyage que l’amour Chrétien lui-même.
L’esprit pur, élevé de l’amour du Christ a été jusqu’à présent à peine vu ou ressenti. Et encore, juste en égard à l’amour, le Christ a le plus délibérément et le plus clairement donné un enseignement précis, comme s’il avait prévu tous les dangers dont nous parlons.
Nous avons seulement besoin de réfléchir combien rarement Il prit le mot amour dans sa bouche, et dans quelle relation Il l’utilisa. Comment, lorsque l’amour est le sujet de la conversation, Il raconte un jour la parabole du Bon Samaritain, la parabole dans laquelle est contenu un catéchisme entier d’amour, mais racontée non sous forme d’enseignement, mais comme une image, comme une action. Ou comment Lui-même, à la fin de Sa vie, avant qu’Il ne parle de l’amour lui-même en tant que nouveau commandement pour ses disciples, donne comme instruction pratique à ses disciples eux-mêmes Le lavement des Pieds.
Tout ceci peut nous aider à approcher de plus près l’attention juste envers la première station du chemin du Christ. Ici encore, comme nous l’avons fait jusqu’à présent, nous n’entrerons pas dans les détails de la construction de la méditation, mais donnerons seulement des suggestions. Ainsi la personne est laissée libre de construire une méditation à partir d’un monde supérieur, lorsque nous avons autorisé l’image intérieure à s’en aller. Ainsi nous sommes assurés contre la paix égoïste Luciférienne. Ainsi nous pouvons trouver à l’avance une "paix" dans le sens juste, dans l’expression du destin que nous prenons sur nous-mêmes quand nous souhaitons représenter ce qui est divin dans le monde ; dans l’expression des petites expériences de la vie de chaque jour aussi bien que dans l’expression de l’éclatement final de notre être extérieur.
Dans ces études nous cherchons du Christ Lui-même une purification des qualités Chrétiennes, ou plutôt des structures fondamentales Chrétiennes de pensée. Nous avons vu que l’amour Chrétien est quelque chose de différent de ce que les hommes comprennent habituellement qu’il soit ; ainsi en est-il de la paix Chrétienne. A présent nous nous tournons vers la sainteté Chrétienne.
Au Moyen Age…les hommes expérimentaient le couronnement d’épines de cette manière, pour que cette volonté s’élève à l’intérieur d’eux :"Je me tiendrai droit contre toute la dérision et la raillerie du monde. Je représenterai la sainte chose qui m’est confiée. Même si je demeure tout seul, je représenterai sans épouvante ce qui est sacré en moi".
La véritable sainteté Chrétienne est quelque chose de plus individuel et de plus actif qu’il semble être aux Catholiques lorsqu’ils pensent à "pureté", et quelque chose de plus profond et de plus intérieur que ce que les Protestants pensent lorsqu’ils parlent de "faire leur devoir".
Chaque homme a son propre égo supérieur, qui doit en premier lieu être amené sur terre. Dans cet égo supérieur, des révélations divines sommeillent qu’il porte déjà à l’intérieur de lui-même, et au-delà de lui planent des révélations divines qu’il peut déjà recevoir. Avec chaque égo humain une pensée divine spéciale entre dans le monde, une charge divine spéciale, un cadeau divin spécial. Ceci est la véritable sainteté dans le sens du Christ : garder la foi en cet égo supérieur, pour laisser cet égo supérieur entrer en tant que sacrifice dans le développement du monde ; non d’imaginer pour soi-même une mission spéciale, mais découvrir la charge qui nous est donnée en tant que pensée divine dans notre égo ; non pour se pousser soi-même sur les hommes, mais pour se donner soi-même à l’humanité.
Il est clair qu’il n’est pas ici question d’accomplir les commandements, ni simplement d’esquiver les péchés. Plus intérieur et plus personnel, mais aussi plus héroïque et plus agressif, est cette nouvelle sainteté. Elle est la sainteté que nous voyons en Christ. Il n’a pas parlé d’elle en ces mots, mais il l'a donnée par des actes. Pour Lui il y avait seulement un seul commandement ; Le Fils de l’Homme ne doit rien faire de lui-même, mais accomplir la charge que le Père lui a donnée.
Ici nous plongeons dans des profondeurs dans lesquelles la sainteté et la sagesse sont une et même chose. Car ce n’est pas une connaissance extérieure, mais une sagesse divine qui est dans notre égo supérieur. La pensée de Dieu que nous devons être est, correctement comprise, notre ultime sagesse. Cette action dans notre vie dans laquelle cette pensée de Dieu se changera elle-même est notre véritable sainteté.
Pour que nous puissions perdre tout orgueil s’élevant de cette mission venant de Dieu, nous devons seulement fixer le Christ quand Il se tient là avec la couronne d’épines. Notre regard voit non seulement l’horrible brutalité, mais lit aussi la sublime parole de Dieu qui est nous est dite ici. "Le sol terrestre donnera t il naissance en vous à des épines et des chardons" disait l’histoire du commencement du monde dans une parole prophétique. Les épines sont l’insigne de la terre avec sa peine et son combat. Mais en dehors du brûlant buisson d’épines, en dehors de ce champ terrestre qui est plein de lutte et de chagrin, Jéhovah se révèle Lui-même aux hommes. Et dans le couronnement d’épines, le Christ prend les épines de la terre et les coupe en une nouvelle couronne royale. Savoir signifie souffrir. Cette couronne est l’image de la royauté humaine.
Dans les temps anciens il y avait autour de la tête des hommes sages la gloire des cieux, dont les rayons allaient jusqu’aux étoiles. En mémoire de ces temps anciens vint la couronne de roi. Cette couronne l’homme l’a perdue. Il doit tresser pour lui-même une nouvelle couronne venant des épines de la terre. La douleur de la terre doit devenir sagesse.
Chaque simple douleur a trouvé sa rédemption, quand elle est devenue sagesse.
"Je me tiendrai devant le monde pour cette sainte chose qui m’a été donnée ! Je n’attendrai rien en retour que des épines, mais des épines je ferai une couronne ! Je changerai toute ma douleur terrestre en sagesse humainement divine" ! Non que l’apparence de sainteté soit recherchée par notre nouvelle sainteté, mais la couronne d’épines. Nous imprimons dans nos âmes l’image du Christ tel qu’Il se tient là, pour que notre égo puisse devenir comme Lui. Et ainsi la plus grande fidélité à Dieu s’unit elle-même à la plus grande clarté d’esprit concernant la terre.
On trouvera la méditation sur le couronnement d’épines spécialement bénéfique parce que notre époque est entré d’une manière spéciale dans la terre et a cherché la connaissance en elle. Ici est la sagesse humaine de la terre. Nous ne chérissons pas une conception de vie qui voit dans la terre uniquement les peines, et languit des cieux, mais une attitude de vie qui change les peines de la terre en couronne. Nous ne chérissons non plus une vue du monde qui souhaite avoir une sagesse du ciel d’en haut, et méprise la terre, mais une volonté pour le monde qui cherche et rassemble la sagesse divine dans la peine de la terre. Un tel Christianisme se tient droit entre l’Orient et l’Occident, entre l’Est, qui cherche la sagesse alors qu’il esquive les épines de la terre, et l’Ouest, qui expérimente les épines de la terre sans en gagner la sagesse. Ici aussi l’homme peut venir boire cette sagesse avec son égo comme un breuvage du Graal. Mais il est bon que, ce faisant, il ne perde jamais de son âme l’image du couronnement d’épines du Christ.
…Il est dit que les hommes du moyen Age, lorsqu’ils expérimentaient le couronnement d’épines, sentaient véritablement des douleurs aiguës, piquantes dans la tête. C’est en connexion avec ce fait que dans les temps anciens l’homme voyait la révélation d’un cercle d’étoiles devant lui comme dans un anneau autour de sa tête. La mitre encore indique cela. Car le mot "Mithra" dans la religion Perse duquel vient la "mitre", signifie une "bande" et est connectée parles hommes érudits aujourd’hui avec la lumière du Zodiaque. Maintenant lorsque l'homme aujourd'hui ressent ses douleurs autour de sa tête, spécialement dans le milieu de son front, mais pas seulement là, également à l’arrière de la tête, comme si un anneau devait la faire exploser, alors ce peut être un signe qu’il est à nouveau sur le point d’accéder à la sagesse divine. Pour cette raison, le Christ apparaît en Révélation non avec la couronne d’épines, mais avec la lumière du soleil autour de la tête. Comme dans les pieds une volonté de l’homme peut s’unir elle-même avec les forces de la terre, ainsi dans le "milieu de l’homme" sa vie de sentiment s’unit elle-même avec la signification du cosmos, ainsi dans sa tête son esprit s’unit lui-même à la sagesse, qui a son foyer spirituel dans le royaume des cieux des étoiles fixes.
"Regardez cet homme" ! dit Pilate comme il mène le Christ couronné d’épines devant le peuple. Et notre doute meurt, si nous devons réellement trouver cette phrase significative, quand nous apprenons que dans les anciens mystères Perses l’initiation procédait de cette manière, que l’homme devait passer par la flagellation, puis recevait un manteau royal avec un sceptre, mais aussi une couronne d’acanthe. C’est le même mot, acanthe [du grec acantha, épine], comme dans le récit de la Bible. La couronne d’épines avait une épine dans le milieu du front pour indiquer que la sagesse de la douleur doit être conquise dans l’égo terrestre qui vit là. Au préalable dans la cérémonie d’initiation, comme toujours dans les mystères, des exercices de reniement de soi avaient lieu, tels que nous le voyons dans le Lavement des Pieds.
Il y a même une connexion directe entre ces mystères et la scène de Jérusalem. Car dans les armées romaines le service de Mithra était la religion favorite. Lorsque les soldats entendirent que le Christ était un roi sans pays, cette scène fut arrangée, mêlant les souvenirs des mystères et les railleries injurieuses. La couronne d’épines parle seulement trop clairement. Certainement le festival Sakéen Perse était alors déjà bien en voie de dégénérescence vers les Saturnales Romaines.
Aussi l’expression de Pilate, "Regardez cet homme" ! peut avoir été une phrase venant des mystères, qui était réellement dite en une telle occasion lorsque l’initiation venait à sa fin. Pilate pouvait avoir su ceci et avoir utilisé la phrase dans un sens cynique. S’il en est ainsi, alors la phrase de Pilate deviendrait plus explicable. Plus explicable aussi serait la colère des Juifs qui s’échappa à ce moment quand, selon l’Evangile de Jean, ils crièrent pour la première fois :"Crucifie le" ! car ils ne savaient ni ne devinaient quoi que ce soit à propos de la base de ces mystères. A cette époque, à peine n’importe quel événement devait être pensé sauf exception, en relation avec une telle base et les Juifs naturellement niaient ceci entièrement. Dans ce sens aussi doivent être compris les expériences mystiques qui, dans les cloîtres médiévaux, comme une nécessité pour la vie, étaient essayées en connexion avec les détails individuels de l’histoire de la Passion.
Nous voudrions, par conséquent, avoir ce processus d’évolution devant nous. Dans les anciens mystères, dont les vestiges sont encore préservés pour nous dans la fête Sakéenne Perse, l’homme était conduit de la sagesse Antique et de la connaissance intérieure des lois du cosmos vers une consécration, mais sans Christ. Mais ils avaient une prémonition de la véritable humanité. Au Moyen Age, ils expérimentaient le Christ en profonde sympathie, mais sans la connaissance des secrets du cosmos. Jusque là dans leur pratique ils pénétraient ces secrets. Ici dans nos exercices les deux sont unis. Si les exercices sont réussis, non seulement dans une sympathie avec le Christ qui vient des sentiments, mais avec la référence à leur signification pour le monde, alors ils peuvent aujourd’hui prendre place sur le plus haut niveau de vie.
…Ce que nous voyons réellement devant nous dans les trois images que nous avons décrites est le développement d’une humanité plus élevée. On peut dire librement, en face de ce que nous avons considéré, que les véritables qualités des hommes n’étaient pas en existence avant le Christ, ou seulement en tant que mystères, dans une image. Triple est le monde dans lequel l’homme se tient. Il vit parmi ses compagnons : pour ce monde Christ lui a donné l’amour. Il vit avec son destin : pour ce monde Christ lui a donné la paix. Il vit devant Dieu : pour ce monde Christ lui a donné la sainteté. Regardez cet homme !
Il n’est pas surprenant à présent que chez quelque lecteur le sentiment s’élève que, simplement à cause de toutes ces méditations, il ne puisse savoir sur quoi méditer. Laissons le penser que nous offrons ici des aides pour sa vie entière. Si un lecteur au début stoppe net les exercices pour l’égo, et lit tout autre chose au début comme une aide pour comprendre la Bible, c’est bien. Même dans ce cas l’amplification suivante peut lui être utile tout exactement pour ces méditations sur l’égo. Il verra la direction dans laquelle elle procède et trouvera quelque détail important pour ses méditations de base, par exemple, la plus exacte description de l’amour et de la paix.
Finalement, nous donnerons des suggestions comme pour montrer comment l’organisme entier des 21 exercices peut le mieux être apporté à la vie commune. Nous conseillerions en premier lieu de tenir ferme les deux méditations fondamentales ; à partir d’elles pourront être tentées les méditations sur l’égo , et de temps en temps la lecture minutieuse des exercices pour l’entraînement de la volonté, qui commence ici : comme on lit un journal, mais demeurant sur les images et leur permettant d’agir sur soi. On sera ainsi capable aussi d’arriver à une meilleure méthode de lecture de la Bible.
Qu’on les lise simplement maintenant et à nouveau méditativement, que l’on soit capable, sans négliger les méditations antérieures, d’entrer plus fermement en méditation sur ces images aussi ; il est toujours recommandé de ressentir réellement, pas tant les douleurs, en tant que pleine humanité de ces images. C’est l’homme véritable en qui nous grandissons, lorsque nous "suivons le Christ". Cet homme doit être prêt à prendre les douleurs sur lui-même. Autrement il ne peut pas devenir un homme sur la terre. Mais les douleurs ne sont pas ce qu’il y a d’essentiel. Nous pouvons profondément recevoir ceci en nous-mêmes—qu’une glorieuse pensée de Dieu est l’homme qui porte à l’intérieur de lui-même l’amour royal envers tout ce qui est au-dessous de lui, la paix céleste envers tout ce qui est autour de lui, et la sainteté divine devant tout ce qui est au-dessus de lui. Alors ces trois qualités doivent être purifiées, comme elles peuvent l’être de l’image du Christ.
A travers l’amour l’homme s’unit lui-même à la terre. Dans la paix il marche sur la terre. Avec la sagesse qui est née de la sainteté, il se tourne de la terre vers les cieux. Regardez cet homme !
RAYS NOVEMBRE DECEMBRE 2000 FRIEDRICH RITTELMEYER
Traduction Chantal Duros