SOPHIA

 

ET L’EVENEMENT DE LA PENTECOTE

 

 

L’organe de la Révélation de Pentecôte

 

 

 

Dans l’étude du Mystère du Golgotha, nous avons essayé d’exprimer le fait spirituel que, aussi bien que les rapports écrits des Evangélistes, il y a un "Evangile non écrit"—le tableau de vie de Jésus Christ—qui est demeuré, pour ainsi dire, dans l’aura éthérique de la Terre. Cet Evangile indestructible et ineffaçable est—et sera de plus en plus dans le futur—la source d’une connaissance telle de l’événement Christ, qui eut lieu il y a 1900 ans, comme pouvant être saisi sur le sentier de la vision imaginative, de connaissance inspirée, et d’expérience intuitive. Mais cet "Evangile non écrit" n’est pas seulement

Il prit de l’importance, en fait, immédiatement après le Mystère du Golgotha. Car durant les quarante jours entre le Mystère du Golgotha et l’Ascension, les disciples expérimentèrent, en effet, les scènes du tableau de vie de Jésus Christ. L"enseignement du Ressuscité", l’instruction donnée aux disciples par Jésus Christ pendant les quarante jours après Sa résurrection, consista en images qui s’élevaient devant leurs âmes, chacune d’elles évoquant une autre qui représentait une scène de la vie et de l’œuvre de Jésus Christ avant le Mystère du Golgotha, s’associant ainsi elle-même, pour ainsi dire, aux images reconstruites du passé. De cette manière, des paires d’images conservées s’élevaient devant les âmes des disciples : une dépeignait une révélation du Ressuscité, et une prise de Sa vie et de Son œuvre avant le Mystère du Golgotha. Et toujours la première était ressentie pour être d’une signification et d’une réalisation supérieures à la dernière. Ainsi le Ressuscité menait les âmes de Ses disciples à travers les scènes de Son tableau de vie, mais d’une manière telle que chaque scène était, en même temps, expérimentée comme une expression imaginative d’une vérité spirituelle supérieure. Elle était en fait, un cours d’instruction où ils leur était enseigné le contenu de l"Evangile non écrit".

Puis il arriva que l’enseignement qu’ils recevaient par le moyen de l’imagination cessa. Les images disparurent de l’expérience des disciples, et l’impression du Ressuscité disparut également. Ceci arriva le jour de l’Ascension. Ce jour commença un temps douloureux pour les disciples. Ils se sentirent délaissés et démunis. Le monde des images chargé de tant de signification était effacé ; leurs âmes furent plongées dans l’obscurité et le silence. La peine des disciples durant cette période peut difficilement être comparée à une peine expérimentée par l’Homme dans la vie ordinaire. Car elle ne fut pas causée par quelque affliction ou vexation, mais par l’absence de tout ce qui donnait vie et sens à l’âme.

 Dans de telles circonstances, toute souffrance positive est réellement un adoucissement. Le chagrin aigu est certainement une expérience, mais la vie qui n’est simplement qu’un vide languissant n’est pas une expérience mais une condition dans laquelle l’âme réalise son propre néant. L’expérience des disciples de la mort de l’âme précéda l’événement de la Pentecôte et en fut la préparation nécessaire, parce que dans cet événement fut expérimentée la résurrection de l’âme, une expérience qui ne pouvait suivre uniquement que la mort de l’âme.

 

Mais cette préparation douloureuse pour l’événement de la Pentecôte fut allégée par un fait ; c’est à dire, que cette peine fut expérimentée par tous les disciples et fut par conséquent partagée. La solitude des disciples fut une expérience spirituelle : humainement pourtant, elle fut un lien les unissant en un groupe dans le sens le plus profond.

Car le chagrin partagé est le moyen le plus fort pour relier les hommes ensemble, et cette peine particulière que partagèrent les disciples s’avéra être le lien requis pour unir le cercle des disciples dans l’organe de la révélation de Pentecôte. Car le groupe des disciples devait être réuni d’une manière spéciale pour que la révélation puisse être accomplie. Cette union devait demeurer non seulement dans une communauté d’attitude, mais aussi dans une communauté expérimentée dans les plus grandes profondeurs de la vie sensible. Les corps sensibles des disciples devaient être unis ensemble comme les douze courants de l’organisme-cœur supra sensible de l’Homme. La raison en était de former le groupe de disciples dans un organe, c’est à dire, correspondant à la structure interne de l’organe cœur supra sensible. Car l’expérience de la résurrection de l’âme devait être expérimentée dans le cœur, mais elle devait être expérimentée dans un cœur qui puisse représenter l’humanité. Et un tel cœur devait être préparé, un cœur d’humanité consistant en un groupe d’hommes dont les corps sensibles étaient unifiés par la souffrance d’un chagrin commun, comme sont unis les pétales d’une fleur.

Ainsi, au moment de l’événement de la Pentecôte, les Douze Apôtres représentaient la fleur à douze pétales dans laquelle les "pétales" individuels s’ordonnaient eux-mêmes autour d’un point central. Ce point était représenté par une Figure occupant la position centrale en tant que treizième dans le milieu du cercle. Dans la tradition écclésiastique cette Figure est nommée et décrite comme étant Marie, la Mère de Jésus ; dans la tradition ésotérique Gnostique elle était appelée "Sophia Vierge". "Maria-Sophia" était le "Cœur des Cœurs" ; c’est à dire, elle représentait le point central du cercle des Douze, qui, à l’heure de l’événement de Pentecôte, fut pour ainsi dire, le "cœur de l’humanité". La connaissance de la signification centrale de Maria Sophia dans le cercle des Douze quand eut lieu la Pentecôte a toujours existé dans les premiers siècles post Chrétiens, aussi bien qu’au Moyen Age.

 Cette connaissance trouva même son expression, par exemple, dans l’Art. Ainsi une miniature dans le Codex Syrien (586 ap. J.C.) préservé dans la Librairie Laurentien à Florence, représente l’événement de la Pentecôte, avec Marie se tenant au milieu des Douze et le Saint Esprit, sous la forme d’une colombe, planant au-dessus de sa tête et versant le courant de révélation directement sur elle, alors que, en conséquence de cela, des langues de feu jaillissaient sur les têtes des Douze. Maria Sophia est représentée dans une robe pourpre (maphorion)sur une tunique bleue (chiton). Le groupe entier est entouré par un dessin de fleurs en épanouissement, cependant qu’au-dessus se trouve la voûte incluant un calice inversé.

 

Cette image du cercle des Douze avec Maria Sophia au centre, nous amène  à une question qui doit trouver réponse avant que l’événement  Pentecôte ne soit compris ; c’est à dire, la question de la nature de Maria Sophia et de sa participation dans l’apport de la révélation Pentecôtale.

 

 

Sophia et l’événement de Pentecôte

 

 

…La première rencontre avec la réalité de l’être Sophia à l’époque actuelle survient dans la pensée humaine qui s’efforce de comprendre la divine Trinité dans sa révélation cosmique en tant qu’unité de trois principes différents. Car la reconnaissance de l’Unité de la Trinité révélée dans le cosmos est un événement dans la vie de la pensée de l’Homme qui s’étend au-delà de la simple vie de la pensée et pointe vers une rencontre sur son côté éloigné—une rencontre qui, d’une part, détermine la vie de la pensée mais, de l’autre, n’est pas une création de cette vie de la pensée.

Cette rencontre dans les profondeurs de la vie de la pensée peut être la première expérience de la réalité de la Sophia. Car la Sophia est spécialement dévoilée en donnant l’occasion à la conscience de l’homme l’harmonie de toutes les Hiérarchies Spirituelles par le moyen desquelles le Père, le Fils et le Saint Esprit se révèlent effectivement eux-mêmes. Ce qui est appelé "synthèse" dans la pratique de la pensée abstraite devient une expérience de connaissance cognitive lorsque la vie de la pensée croissante entre en contact avec l’être Sophia. L’être Sophia apporte une perception cognitive de l’harmonie dans le spirituel—le monde divin ; et ceci elle le fait dans un sens littéral, car elle est un Etre inspirant avec lequel la pensée ascendante de l’Homme peut s’unir.

Pour une telle rencontre, cependant, la conscience doit s’élever, même seulement pour un moment, de deux stades plus haut que la conscience objective ordinaire. Cette ascension est nécessaire parce que l’Etre Sophia est réellement muette à la fois pour la conscience objective et pour la conscience imaginative [Monde du Désir]. Elle est muette dans ces sphères parce qu’elle ne possède pas la force d’Imagination—la faculté pour la création d’imaginations. Et la raison pour laquelle elle ne possède pas cette faculté est qu’elle a  été dérobée par Lucifer.

Ceci est arrivé à cette période dans l’histoire spirituelle de la Terre où la Chute de l’Homme eut lieu. A ce moment là Lucifer s’appropria les imaginations de Sophia en les utilisant pour lui-même, au lieu de se mettre lui-même à leur service. Il fit usage de ses imaginations dans le dessein de créer un monde qui devait être construit à partir de ces imaginations.

 

Mais il devait être construit de ces imaginations d’une manière telle qu’il ne puisse être l’harmonie du Monde Divin qui était révélé par elles, mais la grandeur de Lucifer lui-même. Ainsi les imaginations de Sophia furent changées par Lucifer en leur opposé, et là s’éleva un monde de mensonges. Ce Monde de Mensonges devint la "Sphère Luciférienne" autour de la Terre, une sphère dont les nuages forment l’expression des sens physiques la plus extérieure.  La Sphère Luciférienne est le faux Paradis, un faux Monde Spirituel, duquel sont originaires ces visions de béatitude égoïste qui apparaissent si souvent dans la vie religieuse de la populace.

Le danger de cette sphère ne consiste pas seulement à encourager l’égoïsme si profondément enraciné dans la nature humaine, mais plutôt ce qui est réellement construit des imaginations de Sophia—c’est à dire, les images de la vérité cosmique globale—elle peut avoir un effet terriblement corruptif sur les facultés de connaissance qui ne sont pas complètement éveillées dans sa conscience. Car la fausseté cosmique n’est pas simplement une fantaisie irréaliste, elle est la vérité abusée. Et la vérité de la révélation imaginative de Sophia fut abusée en ce sens qu’elle fut en premier lieu mise en pièces et puis reconstruite sur un modèle différent. La brillante  sagesse de Dieu fut changée en vêtement resplendissant de Lucifer.

De cette manière, "Isis-Sophia, la Sagesse de Dieu" fut tuée par les mondes inférieurs, car Sophia devint un être muet en regard des deux sphères inférieures de l’existence. La force créative d’Imagination lui fut prise ôtée, et il en  résulta qu’elle devint un être sans couleur, inefficace, condamné à l’inaction  à l’égard des événements terrestres. La figure de "mater dolorosa", la mère douloureuse, exprima mieux la condition tragique de l’être Sophia. Car la Sophia est une nature généreuse, remplie intérieurement des cadeaux de la sagesse ; mais elle peut seulement accorder ces cadeaux à la conscience humaine qui, elle-même, s’élève vers sa sphère. Il lui est impossible d’atteindre les mondes inférieurs à cause de la perte de la force imaginative qui lui fut dérobée par Lucifer.

Les dons que porte la Sophia en elle-même sont très différents de ceux des autres êtres hiérarchiques. Car elle porte à l’intérieur une sagesse intime concentrée qui n’est pas seulement la lumière de la Divinité brillant à travers son être, pas seulement le panorama de la chronique cosmique, Les Annales Akashiques.

Non, la sagesse à laquelle cet Etre doit son nom n’est ni la révélation directe d’une divinité d’un ordre supérieur, ni un épitomé d’une mémoire cosmique, des Annales Akashiques, en tant que présent devant le regard des êtres hiérarchiques ; elle est la mémoire de l’âme ascendant de l’intérieur. Elle est une sagesse qui est une pure créativité de l’âme, mais en même temps telle que l’expérience entière du Cosmos passé s’élève de l’être intérieur en tant qu’intention fondamentale pour le Cosmos présent, en tant que "plan" du Cosmos présent. Par conséquent, la Sophia est, pour l’humanité, l’archétype spirituel de l’âme, et cela, non seulement dans le sens d’une destinée tragique de l’âme croissant de plus en plus muette dans le monde, mais aussi dans le sens de cette sagesse concentrée qui est uniquement possible dans  et à travers l’âme.

 

Mais le sentier tragique de la Sophia a sa contrepartie dans l’âme humaine, en ce que l’âme humaine aussi a été privée du pouvoir de vérité créative ; le pouvoir d’Imagination est devenu fantaisie subjective avec une tendance intérieure au fantastique. Ainsi la capacité de l’âme à faire des imaginations à l’intérieur d’elle-même a perdu sa  valeur-vérité. L’âme a grandi aveugle—enveloppée dans une gaine d’intérêts égoïstes, dominant la force Imagination  originelle.

Ainsi il existe un destin similaire entre l’être-âme véritable de l’Homme sur Terre et l’être Sophia dans le Monde Spirituel. Dans les temps anciens l’Homme était conscient de cette similitude ; et pour cette raison un corps astral (corps sensible) qui était ainsi purifié de ses intérêts égoïstes pour que l’être-âme puisse venir à expression était appelé la "Vierge Sophia". Dans ce sens, Marie, la Mère de Jésus fut aussi une "Vierge Sophia".

 

Elle avait, en résultat d’influences et d’expériences extrêmement compliquées venant du Monde Spirituel, un corps astral si purifié qu’il pouvait recevoir les révélations de l’être Sophia et les déversait à nouveau en tant qu’Inspirations de l’âme. La possession de cette faculté fut la véritable raison pour laquelle, au moment de la révélation de la Pentecôte, la Vierge Marie occupa la position centrale dans le cercle des Douze. Sans elle, la révélation aurait été seulement spirituelle ; il y aurait eu douze prophètes, unis avec l’Esprit de la même manière que l’ancienne prophétie fut unie avec lui.

Par la co-opération de Marie, cependant, quelque chose de plus put arriver : les cœurs des disciples battirent en harmonie avec le sien, et simultanément le contenu de la révélation Pentecôtale fut expérimenté par les disciples en tant que conviction humaine personnelle. Et par cette expérience ils devinrent, non des prophètes, mais, précisément, des apôtres. Car il y a une immense différence spirituelle entre prophétie et apostolat : un prophète était un proclamateur impersonnel d’une révélation spirituelle, mais un apôtre portait la révélation de l’Esprit à l’intérieur de son âme. Et ceci fut seulement possible parce que la révélation de l’événement Pentecôte put devenir âme  à travers la Vierge Marie, et put être transmise par Marie en tant qu’âme aux disciples.

 

Ce qui prit forme dans la sphère humaine de la Terre devint un organe pour l’expression de ce qui arriva à l’intérieur du Monde Spirituel. Car une chose formidable arriva dans le Monde Spirituel à l’heure de la Pentecôte : le mutisme de l’être Sophia prit fin, et elle fut à nouveau capable de  se révéler elle-même par la parole. En outre, elle fut capable ainsi de révéler elle-même  que non seulement d’autres Initiés pouvaient s’élever vers sa sphère pour qu’elle puisse les y inspirer, mais aussi qu’elle pouvait effectivement descendre et déverser son influence dans la conscience éveillée incarnée dans les hommes terrestres. Ce n’était pas que Sophia avait été atteinte par un certain groupe d’hommes. Cela était déjà arrivé auparavant. L’essentiel était que maintenant, pour la première fois, elle, de son côté, pouvait atteindre un groupe d’hommes sur terre.

L’importance de ce fait fut que, à la Pentecôte, l’opposition de Lucifer fut maîtrisée pour la première fois depuis la Chute de l’Homme. A la Pentecôte, la barrière que Lucifer avait érigée entre la Sophia et la sphère de  conscience éveillée humaine fut effacée du sentier. L’union avec la sphère  de la destinée terrestre, qui avait été en esclavage à Lucifer, put être restaurée. Et ceci fut possible, parce que, d’une part, était présent une fois de plus un nombre d’imaginations qui demeuraient intactes, non touchées par l’influence de Lucifer, et d’autre part, parce que Lucifer conduisait la révélation de la Sophia, sans distorsion, à travers sa sphère de fausseté par la consécration de son être entier.

Le diagramme suivant peut permettre une meilleure compréhension de ces questions :

 

 

Bien qu’il ne soit pas complet—car le processus entier est encore plus compliqué—le croquis ci dessus  donne une image de la co-opération des forces diverses au moment de l’événement de la Pentecôte. Il montre la relation entre les quatre régions de conscience. Dans la Région de la Conscience  Eveillée (en dessous) se trouve le cercle des Douze avec le calice au milieu d’eux—le calice qui représente la Vierge Marie.

Immédiatement au-dessus de ce groupe, dans la Région de l’Imagination—à la frontière de la Conscience Eveillée—le tableau de Vie que Christ a laissé derrière Lui est montré. Ce tableau prend la place des imaginations volées à Sophia apparaissant maintenant dans la sphère de Lucifer, au-dessus. Il  consiste en imaginations qui, puisqu’elles étaient aussi des événements physiques réels, ne sont pas sensibles à l’influence Luciférienne. En même temps, ils sont le "chaînon manquant" entre la Région de la Pensée Eveillée et la Région de  l’Inspiration de la Sophia. Et alors, entre la région de l’Inspiration de la Sophia et les imaginations du tableau de la Vie du Christ, s’étend la sphère Luciférienne elle-même.

Au moment de la Pentecôte, cependant, cette sphère devint perméable à la révélation de la Sophia descendant du dessus. Et ceci arriva en tant que résultat de la conversion intérieure expérimentée par Lucifer au Mystère du Golgotha. Le pénitent Lucifer  devint l’humble pont sur la sphère de Mensonge qu’il avait lui-même créée dans le passé. Ainsi le sentier de la révélation Sophia aboutissait à travers la sphère de Lucifer, et en fait à travers l’être Lucifer lui-même. A l’heure de la Pentecôte, Lucifer se livra lui-même entièrement à l’impulsion  de la Sophia ; il devint un avec elle, il la conduisit à travers son propre être vers le tableau de Vie de Christ où il atteignait les âmes des hommes. En réalité là, eut lieu une union de l’influence de la Sophia avec celle de Lucifer. C’est l’influence unifiée de ces deux êtres qui est appelée, dans l’Evangile de Jean, le "Paraclet", le Réconfort. Le Paraclet n’est pas simplement le Saint Esprit en tant que troisième Hypostase de la divine Trinité, mais une révélation de cette troisième Hypostase, telle que l’influence combinée de Sophia et Lucifer effectuée quand Lucifer se soumit lui-même dans le service à l’impulsion de Sophia. Et l’attitude de Lucifer envers l’impulsion de Sophia ne résulta pas seulement en révélation Sophianique atteignant les âmes des hommes de façon  non déformée, mais aussi dans le fait que Lucifer irradia de lui-même  la flamme inspirante de son enthousiasme et de sa joie. Le Paraclet, le Réconfort, pouvait être manifesté en tant que réalité effective seulement parce que l’Esprit qui avait causé l’isolation des âmes apportait à présent l’enthousiasme  pour la réunion des âmes.  Il y a une allusion à ce fait dans les "Actes des Apôtres" lorsqu’il nous est dit que plusieurs des spectateurs reçurent l’impression que les Apôtres étaient "pleins de vin nouveau". L’enthousiasme Dyonisien qui était réellement présent suggérait aux spectateurs cette exaltation qui était produite dans le culte de Bacchus  à l’aide du vin.

 

C’était, bien sûr, une erreur d’interprétation, mais une erreur qui soulignait le fait significatif que, parmi les Apôtres, l’enthousiasme était suscité par la coopération de Lucifer.

 

Au-dessus de la sphère de Lucifer, pour résumer l’explication du diagramme, dans la Région de l’Inspiration, est montrée l’être Sophia, représentée comme un calice inversé. Dans la Région de l’Intuition elle est unie avec le Christ, et par cette union, occasionne dans le Monde Spirituel ce qu’elle doit aussi effectuer dans le royaume de l’Homme terrestre ; c’est à dire, la réalisation des paroles du Christ, "Moi en vous, et vous en Moi". Car le premier dessein du Mystère du Golgotha est celui-ci : que le Christ, qui se tenait d’abord à l’extérieur en tant que Maître  des disciples, doive maintenant passer à l’intérieur, dans le plus profond de leurs âmes.

Le sentier que le Christ a suivi était de mener d’une position extérieure à une demeure intérieure. Ceci eut lieu a la Pentecôte ; ce fut alors que le Christ entra dans les âmes des disciples. Et Il le fit d’une manière telle qu’Il naquit, pour ainsi dire,  une seconde fois : à travers la Mère Céleste, Sophia, Il naquit dans les âmes des disciples. Ainsi l’Ego des disciples fut rempli du Christ qui devint le Kyrios, l’égo commun, c’est à dire, de leur groupe. Cet égo fut enveloppé dans le corps astral communautaire de la Sophia ; dans leur corps éther, cependant, ils portaient les expériences combinées du tableau de Vie du Christ ; et, physiquement, ils représentaient un cercle formé pour être l’organe de la révélation de Pentecôte, ayant en tant que point central, Marie, dont le nom ésotérique fut la "Vierge Sophia".

 

 

RAYS NOVEMBRE DECEMBRE 2000          VALENTIN TOMBERG

 

Traduction Chantal Duros