LE POUVOIR GUERISSEUR DU PARDON
Avant de quitter ce monde notre Seigneur donna à Ses disciples deux recommandations : “Enseignez l’Evangile et Guérissez es malades”. Le second commandement, “guérissez les malades” dépend du premier, “Enseignez l’Evangile”. C’est seulement lorsque nous échouons en appliquant la connaissance acquise que nous perdons notre équilibre, et ne sommes plus à l’aise—que nous devenons malades. A ce stade nous avons besoin d’un guérisseur.
Pour qu’une guérison réussie prenne place, certains principes doivent entrer en jeu, le plus important étant la doctrine du pardon. Il n’y a pas de maladie qui ne cédera sous le pouvoir du pardon. Un bon guérisseur doit développer en lui-même le pouvoir intérieur de pardon.
Qu’est ce que le pardon ? Quels sont ses différents composants ? Comment œuvre t il ? Le pardon est défini comme l’acte de renoncer à réclamer vengeance ou châtiment pour une autre personne ? C’est l’acte d’absorber, ou de gracier.
Spirituellement parlant, le pardon est au-delà de cesser de persécuter celui qui nous a fait du mal, il est au-delà simplement de gracier. Le pardon est la plus haute expression de l’amour, c’est l’amour lui-même. Le pardon est ce qui fait la différence entre l’ancien Testament et le nouveau Testament. Le pardon est l’élément central dans le cinquième paragraphe de la prière du Seigneur : “pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés”. La note clef de ce cinquième paragraphe est l’amour, l’amour Christ. Ce paragraphe montre combien le pardon est important à notre Seigneur. Toutes les guérisons qu’il a effectuées étaient toujours précédées par un acte de pardon. Il pardonne toujours en premier, puis il guérit : “Tes péchés te sont pardonnés, ne pèche plus mais lève-toi, soulève ton lit”.
Il y a une sorte de pardon qui est de loin d’une qualité inférieure. Il y a quelques gens qui insultent celui qui les a offensés, brûlent sa faute en lui et seulement lorsqu’ils ont pleinement satisfait leur propre juste indignation et montré au monde clairement combien mauvais était leur adversaire, ils font un grand spectacle de lui pardonner pour ses offenses.
Il y a aussi le type de pardon qui pourrait être appelé un pardon superficiel, celui qui offre un pardon extérieur mais retient un ressentiment intime.
Le pardon n’est pas un acte statique, c’est un processus. Car le pardon pour être complet doit passer à travers trois étapes : Repentir, changement et rétablissement. Le repentir est un changement de notre mental ou de notre cœur relativement une action intentionnelle en tant que résultat d’un regret ou d’un mécontentement, ou un sentiment de contrition ce que l’on a fait ou omis de faire. Un changement d’attitude envers les autres doit survenir, né du chagrin ou le réveil d’un sens moral—la qualité de compassion a touché l’âme.
Le changement signifie restaurer, renouveler, ou reconstruire, changer en une forme nouvelle et perfectionnée ; il entraîne la suppression des fautes et offenses. Le changement est une expression active de l’éveil intérieur ; il implique une série d’actes qui ne peuvent plus être faits, qui sont vus comme déraisonnables.
Le rétablissement est un acte de restitution ou un acte de faire le bien pour la perte ou le dommage. Si cette restitution ne peut être faite à la personne d’origine ou aux personnes concernées, la sincérité de notre regret compensera dans une certaine mesure, mais en servant une autre personne dans le besoin, la restitution peut être complétée.
Aussi longtemps que nous gardons rancune, insouciant ou pas d’être dans le droit à propos d’une injure qui nous a té faite, nous ne pouvons atteindre la parfaite santé. L’attitude inflexible de pensée qui se tient ferme face aux torts constitue la cristallisation qui résulte en maladie. Si nous refusons de pardonner nous nous nuisons à nous-mêmes. Un passage de Lettres aux Etudiants (N°82) de Max Heindel, illustre ce danger.
Nous avons à Mount Ecclésia plusieurs essaims d’abeilles. Il y a quelques temps, les jardiniers avaient entrepris de déplacer un essaim d’un endroit à un autre. Les abeilles enragées à cause de cette interférence dans leur vie et leur travail piquèrent leurs agresseurs sévèrement et douloureusement en plusieurs endroits. Lorsque cet incident me fut rapporté, j’y pensai ; il me frappa qu’il y avait en lui une très importante leçon. L’abeille perd son dard à chaque fois qu’elle a piqué, et alors elle meurt. Combien strictement la loi de justice traite avec elle ! Elle se tue automatiquement lorsqu’elle nuit à quelqu’un d’autre. Ce n’est pas une vengeance de Dieu mais son propre acte qui apporte les rétributions.
Considérons le cas d’une patiente, soudainement repentant après des mécontentements de longue date pour des soins, qui en même temps atteint presque une guérison “miraculeuse” d’une maladie d’égale durée. Un ostéopathe raconte que pendant des années les mains du patient avaient été déformées de manière si grave qu’il ne pouvait pas ouvrir les doigts. La femme a fermement revendiqué qu’elle ne portait aucune malveillance et ne pouvait penser à aucune raison mentale ou émotionnelle pour sa maladie. Un jour, pourtant, à un encouragement inflexible du docteur, la femme s’écroula éplorée et admit une rancune contre sa sœur qui durait depuis de nombreuses années. Dans un repentir sincère et soudain alla commença à sangloter et crier, “Je lui pardonne ! Je lui pardonne !” Et comme elle faisait cela, ses doigts, longtemps immobiles, se redressèrent et elle découvrit qu’elle pouvait les bouger.
Notre aptitude à pardonner est souvent à la base de l’état de notre bien-être. Saint François désirait être un instrument pour la paix de Dieu. Par conséquent il demande, dans sa “Prière pour la Paix”, que “Où se trouve l’injure, que je sème le pardon”. Pierre vint vers Jésus et demanda, Seigneur combien de fois dois-je pardonner mon frère, sept fois ? “Non, pas sept fois”, répondit Jésus, “mais soixante dix sept fois sept fois”. Ce qui signifie, aussi longtemps que ton frère t’offense.
De toutes les doctrines que le Christ nous apporta, la plus grande exigence, la plus difficile à pratiquer, est la doctrine du pardon. Elle exige le surpassement de soi, elle nécessite un plus grand sacrifice, une plus grande sympathie, un plus grand amour, de là une plus grande miséricorde.
Nous ne pouvons pardonner à notre ennemi si nous n’avons pas de miséricorde. Dans sa pièce Le marchand de Venise, Shakespeare exalte la grandeur de la miséricorde. Il met dans la bouche de la jeune Portia ces superbes paroles :
La qualité de miséricorde n’est pas contrainte ;
Elle tombe en douce pluie du ciel
Sur l’endroit en dessous ; elle est deux fois bénie ;
Elle bénit celui qui donne et celui qui prend.
La plus puissante dans le plus puissant :
Elle devient le monarque qui trône mieux que par sa couronne ;
Son sceptre montre la force du pouvoir temporel,
L’attribut pour le respect et la majesté,
En qui siègent la crainte et la peur des rois.
Mais la miséricorde est au-dessus de l’influence du sceptre ;
Elle trône dans les cœurs des rois,
Elle est l’attribut de Dieu lui-même ;
Et le pouvoir terrestre se montre alors comme celui de Dieu
Lorsque la miséricorde relève la justice.
La miséricorde marche main dans la main avec le pardon. Le vrai pardon est un acte de miséricorde, un pouvoir qui vient du cœur—misericordia (misereri, ressentir de la pitié+cordia, le cœur). La miséricorde est l’âme du pardon. C’est la miséricorde qui ouvre la voie vers la guérison. La phrase de guérison “Tes péchés te sont pardonnés” est toujours précédée par la miséricorde. Le Seigneur a toujours été mu par la miséricorde pour ceux qu’il a guéris.
Le véritable acte de pardon est “dégradant”. Nous devons développer l’humilité spirituelle si nous voulons pardonner. L’humilité spirituelle et la pleine capacité à pardonner vont main dans la main. Le guérisseur a besoin de développer un esprit d’enfant pour pardonner. Seul un guérisseur spirituellement humble peut plonger dans le mauvais mental subconscient de l’offenseur pour trouver la cause afin d’annuler l’effet qui est la maladie.
Le pardon est un attribut de Dieu. Il y a un adage qui dit : “Se tromper est humain, pardonner est divin”. Ce n’est pas la personnalité mais le Christ intérieur qui pardonne. Un homme qui pardonne agit de l’humanité à la divinité. Plus nous pardonnons plus nous devenons divins.
La plus noble, la plus libératrice et puissante expression de pardon jamais faite fut par le Christ Jésus de la Croix.
Supplicié et regardant vers la foule hostile qui l’avait flagellé et injurié, Jésus Christ tendit les bras au-delà de lui-même par souci d’amour pour eux et dit : “Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font”. Cette prière puissante atteint le véritable trône du Père qui y répondit en immergeant notre planète dans un plus baume guérisseur plus efficace.
Un formidable pouvoir de guérison est libéré lorsque le pardon est sincère. Lorsque la race humaine fut pardonnée en ce Vendredi Saint un miracle se produisit : “Et, regarde, le voile du temple fut déchiré en deux du haut en bas ; et la terre trembla, et les rochers se fendirent ; et les tombes s’ouvrirent ; et de nombreux corps de saints qui dormaient, s’éveillèrent, et sortirent de leurs tombeaux après sa résurrection, et allèrent dans la cité sainte, et apparurent à beaucoup”. (Matt.27 :51-53).
Un pardon sincère est toujours suivi d’un miracle. Le pardon est quelque chose de beau, de merveilleux, de noble. La rétrospection, qui est une confession à soi-même, est un moyen très efficace d’éveiller l’Esprit de pardon. Plus nous pratiquons la rétrospection, plus nous devenons indulgents.
Puisse notre Seigneur Jésus Christ à travers la miséricorde de Dieu aider à éveiller en chacun de nous cet attribut béni du pardon.
RAYS MAI JUIN 2000 KWASSI L. DJONDO
Traduction Chantal Duros