Note de l'éditeur - La question ci-après, concernant une fillette de trois ans et demi, et la réponse donnée par Max Heindel, ont été publiées dans le numéro de septembre 1916 des "Rays from the Rose-Cross". Ce "magazine" publiait chaque mois, en réponse aux demandes des abonnés, un nombre limité de thèmes de naissance ou d'orientation professionnelle, accompagnés de commentaires. Les demandes dépassaient de loin les possibilités de publication.
QUESTION - Dans le numéro de ce mois des "Rays", nous avons trouvé le thème de Marjorie et votre commentaire. Nous l'attendions et vous en sommes très reconnaissants.
L'énergie qu'elle gaspille en accès de colère est déjà évidente (Soleil en conjonction à Mars et en carré à Uranus) et tout essai de les réprimer se heurte à une résistance mentale et physique bien déterminée. Notre problème est de savoir comment transmuer cette énergie. Dans votre commentaire, nous relevons ce conseil: "Prenez bien soin de commencer tout de suite et de continuer". Nous avons étudié votre réponse et essayé d'obtenir des résultats. Marjorie ne répond pas à notre gentillesse et, juste avant le moment de
recevoir son thème dans "Rays from the Rose Cross", nous avions presque décidé que la punition corporelle était le seul moyen. D'après les résultats que j'ai pu observer à (...) je sais que les corrections devraient se faire par un autre moyen, mais beaucoup de choses sont possibles à l'école et irréalisables à la maison. . En outre, je n'ai jamais eu connaissance des méthodes à employer pour des enfants de l'âge de Marjorie. Mme R. a lu beaucoup d'ouvrages sur l'éducation des enfants: ils sont tous contre les châtiments corporels, mais aucun d'eux ne dit ce qu'il faut employer à leur place. Lui faire entendre raison? Marjorie considère cela comme une occasion de discuter.
Comment pouvons-nous obtenir son obéissance sans punitions corporelles? Nous lui tenons parole dans les moindres détails et elle n'oublie jamais rien. Mais les récompenses produisent une sorte d'égoïsme.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret, nous suggérer une méthode, nous dire comment agir? Nous désirons, par-dessus tout, arriver à ce miracle de transmutation et, bien que cela puisse nous faire de la peine, je crois que nous pourrons tous deux accepter l'ingratitude de l'enfant sans nous plaindre. Mais, franchement, nous ne savons pas comment nous y prendre.
RÉPONSE - Certains enfants sont beaucoup plus difficiles à diriger que d'autres. A vrai dire, nous devrions nous réjouir de rencontrer des cas analogues à celui de Marjorie, car de tels enfants ont de l'esprit et de l'individualité. Les prétendus "bons" enfants, qui sont des modèles de conduite et d'obéissance, devraient en réalité nous donner beaucoup plus de souci à cause de leur manque d'initiative. Les enfants difficiles sont toujours susceptibles de faire leur chemin dans la vie et d'en recueillir de l'expérience, soit directement par une vie d'actions vertueuses et de signalés services, soit indirectement par une vie d'erreurs qui est plus tard corrigée et transmuée en purgatoire. Mais le "bon" enfant, qui ne donne jamais de moments désagréables à ses parents, est appelé à grandir de la même façon et continue sa vie sans faire ni bien ni mal.
Vous rappelez-vous comment, dans l'Apocalypse (3:16), l'Esprit s'adresse aux sept Eglises? Pour certaines d'entre elles, c'étaient des éloges, mais la condamnation la plus cinglante et la plus foudroyante a été prononcée contre celle de Laodicée en ces termes: "Puisses-tu être froide ou bouillante! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froide ni bouillante, je te vomirai de ma bouche". Celui qui se tient fermement sur le chemin de la vertu, c'est un homme converti, car il y a un axiome qui dit: "Plus grand est le pécheur, plus grand est le saint". Celui qui foule, d'un pas ferme, le sentier du vice, sera également ferme sur le sentier de la vertu lorsqu'il aura pris le virage. Mais les tièdes , ceux qui ne sont ni chauds ni froids, sont ceux qui nous causent réellement du souci. Donc, vous n'avez rien à craindre en ce qui concerne Marjorie, car elle s'en sortira bien en fin de compte. Seule une âme forte a de tels aspects et montre, en conséquence, un tel caractère.
Quant à la bonne méthode pour guider ses pas, nous trouvons qu'il est préférable de ne pas attacher d'importance aux fautes MINEURES , celles qu'on pourrait appeler des offenses, mais de donner des conseils judicieux tels que "je n'aurais pas fait ceci ou cela; aucune fille bien élevée ne fait ceci; et tu ne voudrais pas que les gens pensent que tu n'es pas une fille bien élevée". Vous manquerez le but si vous ne donnez pas de latitude à l'enfant et si vous ne tenez pas compte du fait que le corps vital est en formation durant les sept premières années. C'est le véhicule des habitudes et, par conséquent, l'enfant contracte une habitude après l'autre, abandonnant lui-même les vieilles habitudes presque aussi rapidement qu'il en développe de nouvelles.
En gardant ceci à l'esprit, vous éviterez d'administrer continuellement des corrections à l'enfant, car elles amoindrissent son respect lorsque des problèmes importants se présentent pour lesquels il faut faire adopter à l'enfant, pour son bien, une certaine ligne de conduite. Lorsque vous vous trouvez devant une telle situation, il est important de savoir ce que l'enfant aime particulièrement: aliments, jouets, vêtements, sorties, etc. Puis, on serrera la vis, gentiment au début, mais en augmentant la pression jusqu'à ce que le problème soit résolu.
On ne devra jamais priver de ses repas un enfant en croissance, mais on lui donnera les aliments nécessaires sans les friandises qu'il aime. Il est tout à fait légitime d'appliquer le "supplice de Tantale" en plaçant lesdites friandises sur la table, en ne permettant à l'enfant que de les regarder, pendant que les parents les savourent et expriment leur satisfaction. On en donnera à l'enfant récalcitrant que lorsqu'il aura accepté d'obéir. Nous avons constaté que cette méthode est très efficace pour obtenir l'obéissance. De même, si votre fille aime les beaux vêtements, faites-lui porter, lors de ses désobéissances, un vilain vêtement. Ainsi, elle ne voudra pas sortir avec ses amies, ou bien si elle accepte de le faire, elles en découvriront bientôt la raison et, avec la cruauté coutumière à cet âge, elles se moqueront d'elle et mépriseront la petite coupable qui craint beaucoup plus ce traitement que celui que pourrait lui infliger sa mère. Ainsi, la "vis" la forcera à l'obéissance et la poussera à demander qu'on lui enlève sa "robe de désobéissance".
Les parents trouveront sans doute d'autres méthodes de ce genre, mais elles ne devront être utilisées qu'en dernier ressort, sinon elles ne feront plus d'effet sur cette enfant. En général, on devra faire appel à son amour pour ses parents, au désir qu'on pense du bien d'elle et, dans la mesure du possible, à sa raison.