CHRISTIAN ROSE-CROIX ET SA MISSION

(texte de R.Steiner : trois conférences faites à Neuchâtel 1911-1912)

C'est avec une profonde satisfaction que je me trouve pour la première fois ici, dans cette branche nouvellement fondée qui porte le nom transcendant de Christian Rose-Croix. Le choix de ce nom me donne la possibilité de parler pour la première fois d'une façon plus précise de cette personnalité. Ne pouvant épuiser le sujet en une soirée, nous parlerons aujourd'hui de Christian Rose-Croix lui-même et demain soir de son œuvre. Parler de Christian Rose-Croix présuppose une grande confiance dans la réalité de la vie spirituelle, une confiance non seulement dans la personne, mais bien dans les mystères de la vie de l'esprit. Et c'est cette même foi qui nous soutient lorsque nous prenons la décision de fonder une nouvelle branche.

Christian Rose-Croix est une personnalité qui agit aussi bien lorsqu'elle est désincarnée que lorsqu'elle est incarnée dans un corps physique; elle n'agit pas seulement en tant qu'entité physique et par les forces du plan physique, mais avant tout, en tant qu'entité spirituelle et par les forces spirituelles.

Comme nous le savons, il nous faut considérer l'existence humaine non pas comme un fait isolé, mais bien en connection avec l'évolution générale de l'humanité. Lorsqu'un homme meurt, son corps éthérique se dissout dans l'univers ambiant. Une partie de ce corps se maintient cependant et, en fait, nous sommes constamment environnés de résidus des corps éthériques des morts, et cela pour notre bien, mais aussi à notre détriment. Ces résidus agissent sur nous dans le bon ou le mauvais sens selon que nous soyons, nous-mêmes, bons ou mauvais. Les corps éthériques des grandes individualités exercent sur nous une action puissante. Ainsi, du corps éthérique de Christian Rose-Croix émane une force infinie qui peut influencer notre âme et notre esprit. Il est de notre devoir de  chercher à la connaître. C'est cette force que nous invoquons pour autant que nous soyons Rose-Croix.

C'est au 13 e  siècle qu’a pris naissance, le mouvement rosicrucien et que cette force a commencé à agir dans le sens où nous l’entendons. Dès ce moment son action fut immense, et depuis lors, le courant rosicrucien n’a cessé d’agir dans la vie spirituelle.

Il existe une loi selon laquelle tous les cent ans environ, ce courant se manifeste d’une façon particulièrement active. Actuellement, il apparaît  dans le mouvement théosophique. Dans sa dernière incarnation, dont on retrouve des traces dans l’histoire exotérique (au 18e siècle) Christian Rose-Croix a fait lui même une allusion à son action future, vers la fin du 19 e  siècle.

En l'an 1785, les révélations des Rose-Croix furent publiées dans un ouvrage qui a pour titre «Les Figures Secrètes des, Rose-Croix». Cette publication, qui contient entre autres, des textes d'Henricus Madathanus Theosophus, nous fournit quelques indications succinctes sur l'activité des Rose-Croix pendant les cent années précédentes. Cent ans plus tard nous voyons à nouveau l'action rosicrucienne s'exprimer dans les œuvres de H. P. Blavatsky, et spécialement dans son livre «Isis dévoilée."

Certaines révélations que les «Figures Secrètes» présentaient sous une forme symbolique, se trouvent transcrites en langage courant dans l'«Isis dévoilée». Cette œuvre contient une somme de sagesse occulte d'inspiration occidentale qui est loin d'avoir été comprise et assimilée, encore que la composition du livre soit singulièrement confuse. Il est intéressant de comparer les «Figures Secrètes» à «Isis dévoilée». Nous pouvons constater que l'influence rosicrucienne se manifeste surtout dans la première partie du livre; elle est moins sensible dans la seconde. Dans ses publications ultérieures, Blavatsky se détourne du courant rosicrucien et il nous faut distinguer entre ses premières œuvres et celles qui suivirent bien que, dès le début, le manque d'esprit critique de l'auteur se fasse déjà sentir. En mentionnant ces défauts, nous nous savons en plein accord avec l'âme actuellement désincarnée de H. P. Blavatsky.

Si nous essayons de nous faire une idée de l'état de conscience qui caractérisait les hommes du 13e siècle, nous constations que la clairvoyance no élaborée, dont tous les hommes avaient été doués anciennement, avait peu à peu disparu. Au milieu du 13 e  siècle vint le moment où subitement tout reste de clairvoyance s’éteignit. Une période de nuit spirituelle commença. Les esprits les plus évolués, les initiés mêmes n’eurent plus accès au monde spirituel et durent se borner à interroger d’anciennes traditions ou à éveiller en eux le souvenir d’incarnations antérieures. Pendant une courte période ces initiés n’eurent plus aucune possibilité de percevoir directement le monde spirituel.

 Il était nécessaire que se produisît cette période d'obscurcissement, afin de préparer la culture intellectuelle basée sur la raison qui est le trait dominant de notre époque actuelle, la cinquième époque post-atlantéenne. En effet, à l'époque gréco-latine l'intellectualisme qui caractérise notre temps n'était pas encore né et une sorte d'intuition intellectuelle, d'aperception globale du monde permettaient à l'esprit une emprise directe sur les objets transmis par les sens. Le Grec avait encore la faculté de s'identifier en quelque sorte avec ce qu'il pensait. Cette connaissance immédiate que nous avons perdue a fait place, de nos jours, à raffinement toujours plus poussé des forces intellectuelles.

Mais, après cette période, la clairvoyance réapparut lentement, et, dans l'avenir elle se répandra de plus en plus.

L'origine du mouvement rosicrucien se situe donc au 13e siècle. A ce moment, des personnalités particulièrement douées furent choisies avec soin, afin que l’initiation pût leur être conférée à la fin de la période d’obscurcissement spirituel dont nous avons parlé.

En un certain lieu de l'Europe, qui ne peut encore être révélé (mais le temps n'est pas éloigné où cette révélation pourra être faite) se constitua une loge d'une haute spiritualité, un collège de douze hommes qui réunissaient entre eux toute la science de leur temps, ainsi que toute la sagesse des temps révolus. Représentez-vous, à cette époque de nuit spirituelle, douze hommes, douze esprits transcendants qui se réunissent pour servir au progrès de l'humanité. Ces hommes ne pouvaient percevoir directement le monde spirituel, mais ils pouvaient éveiller en eux le souvenir d'une initiation antérieure. Le karma de l'humanité avait voulu que sept de ces douze hommes fussent les représentants de l'antique sagesse que l'époque atlantéenne avait transmise aux époques suivantes. Dans «Science occulte » j'ai déjà mentionné que les sept Rishis, les saints instructeurs de l'Inde ancienne, avaient conservé l'héritage spirituel de l'Atlantide.

Les sept personnalités qui se sont réincarnées au 1 3 e siècle et qui formaient une  partie du collège des douze avaient précisément le pouvoir de retrouver, par le souvenir, les sept courants issus de l’évolution atlantéenne. Chacun des sept représentait un des courants et pouvait discerner ce qui de l’antique connaissance pouvait encore porter des fruits à son époque, ainsi que dans l’avenir.

 A ces sept se joignirent quatre autres individualités dont le souvenir ne pouvait remonter aussi loin, mais qui avaient pu s'approprier la sagesse des quatre époques post-atlantéennes. Le premier pouvait remonter jusqu'à l'époque de l'Inde ancienne, le second jusqu'à la Perse ancienne, le troisième jusqu'à l'époque égyptienne et enfin le quatrième jusqu'à l'époque gréco-latine.

Le douzième ne pouvait, par la mémoire, se reporter aux époques révolues, mais il était le plus évolué quant à l'intellect, et son rôle était d'assimiler la science de son époque. Ces douze individualités ne se bornaient nullement à représenter l'occultisme occidental, mais créaient, par l'action conjuguée des douze courants un tableau général de la sagesse universelle. Nous trouvons chez Goethe, dans son poème «Die Geheimnisse », une allusion très voilée à ce collège des douze.

C'est donc au 13 e  siècle qu'il nous faut chercher le point de départ d'une culture nouvelle, à l'époque où les sources spirituelles semblent taries, où l'accès du monde spirituel est interdit même aux esprits les plus éclairés. C'est alors que se constitue cette loge hautement spirituelle où nous trouvons les douze sages, représentants des douze courants principaux. Les sept successeurs des sept Rishis puisent leur sagesse dans le souvenir de leurs incarnations passées, les quatre autres ont assimilé la sagesse des quatre époques post-atlantéennes révolues et le douzième possède au plus haut degré la science intellectuelle de son temps.

Cependant, pour qu'un nouveau courant spirituel puisse prendre naissance, il fallait qu'un treizième se joignît aux douze. Ce treizième n'était pas un savant dans le sens où l'on entendait ce mot à l'époque. Il était une individualité qui avait été incarnée à l'époque du mystère du Golgotha. Dans ses incarnations ultérieures, il s'était préparé à sa mission par une vie d'une fervente piété empreinte de dévotion et d’humilité, et quand il  s'incarna au 13e siècle, ces vertus étaient innées en lui. C'était une grande âme, un être très pieux, profondément mystique, plein de dévotion à l'égard de son Dieu. Ce jeune homme grandit entièrement livré aux soins et à l'éducation des douze sages et, de chacun, il reçut toute la somme de sagesse qui pouvait lui être départie. Isolé du monde extérieur, il fut élevé avec le plus grand soin, à l'abri de toute autre influence que celle des douze. Il fut dès son enfance d'une constitution physique très délicate, aussi l’éducation que lui donnèrent les sages put-elle pénétrer et influencer jusqu'à son corps physique.

Quant aux douze, tout pénétrés qu'ils étaient de leur tâche spirituelle et de la grandeur du vrai christianisme, ils se rendaient bien compte que la religion prônée par l'Eglise n'était qu'une caricature du christianisme véritable. Quoique profondément chrétiens, ils passaient aux yeux du monde pour des ennemis de la religion. Leur but était de fondre toutes les religions en une vaste synthèse. Ils étaient convaincus que la totalité de la vie spirituelle était contenue dans les douze courants qu'ils représentaient; aussi s'efforçaient-ils de transmettre à leur élève les divers aspects de la vérité que chacun d'eux avait spécialement assimilés. Mais ils savaient aussi que cette synthèse ne pouvait être obtenue par un enseignement ou une doctrine, mais seulement par un achèvement auquel devaient concourir toutes les forces de l'esprit. Et pour cela il fallait que le treizième fût élevé de la manière que nous avons décrite.

Tandis que les forces spirituelles du jeune homme s'accroissaient à l'infini, ses forces physiques déclinaient au point que tout intérêt pour le monde matériel disparut. Il ne vivait plus que pour le développement spirituel vers lequel l'impulsion des douze le poussait. La sagesse de ses maîtres se reflétait en lui. Vint le moment où il cessa de prendre toute nourriture et entra dans un état de faiblesse extrême. C'est alors que se produisit un événement unique dans l'histoire, un événement qui ne put avoir lieu que parce que des forces du macrocosme, tendant vers le même but, agirent simultanément. Au bout de quelques jours, le corps du jeune homme devint transparent. Il était comme mort. Autour de lui, à intervalles de temps réguliers, les douze sages s'assemblaient, laissant couler de leur bouche toute la sagesse dont ils étaient imprégnés. En de courtes formules, semblables à des prières, ils déversaient tout leur savoir dans l'âme de ce treizième qui, semblable à un mort, gisait au milieu d'eux. Qu'on se représente ces douze sages groupés en cercle, et gisant au centre du cercle, le treizième! Cet état aboutit au moment du réveil, à un renouvellement prodigieux de son esprit. Il se réveilla comme doué d'une âme toute neuve. Il venait de vivre une immense métamorphose. En lui étaient nées à nouveau les douze formes de la sagesse qui lui avaient été infusées. A leur tour les douze sages purent apprendre de lui des vérités indicibles.

 Simultanément son corps avait été vivifié et dès l'instant où il put décrire l'état extraordinaire par lequel il avait passé, les sages reconnurent qu'il venait de vivre l'expérience de Paul sur le chemin de Damas. Pour lui la vision de Paul s'était reproduite.

Au cours des semaines qui suivirent, le treizième retransmit à ses maîtres toute la sagesse reçue, mais sous une forme toute nouvelle, sous une forme qui paraissait avoir été donnée par le Christ lui-même.

Les douze sages comprirent que ce qui se révélait ainsi à eux était le vrai christianisme, la synthèse de toutes les religions, et ils se rendirent compte combien ce christianisme différait de la religion pratiquée de leur temps.

Ce treizième mourut relativement jeune, et les douze se vouèrent à la tâche de décrire en images, en symboles, ce qu'il leur avait révélé. Ainsi prirent forme les figures et les imaginations qu'on trouve dans les «Figures Secrètes» et les quelques mentions contenues dans l'«Isis dévoilée».

Le processus occulte était le suivant: le fruit de l'initiation du treizième, incorporé à son corps éthérique, s'était conservé dans l'atmosphère spirituelle de la terre. La sagesse empreinte dans ce corps éthérique inspira les douze et leurs élèves successifs; ainsi pu prendre naissance le courant occulte rosicrucien.

Enfin, l'action persistante de ce corps conservé dans l'atmosphère spirituelle de la terre pénétra à son tour le corps éthérique du treizième, au moment où son âme se réincarna.

Car l'individualité du treizième se réincarna déjà vers le milieu du  14e siècle et vécut dans cette nouvelle incarnation plus de cent ans. Ce nouveau jeune homme fut élevé au sein des élèves et des successeurs des douze de la même manière que la première fois, sans cependant être tout à fait tenu à l'écart du monde. A 28 ans il conçut un idéal singulier. Pour l'atteindre il dut voyager et il quitta l'Europe. Il se rendit d'abord à Damas, et, là, il vécut pour la seconde fois, l'expérience que Saint-Paul avait eue au même endroit.

L'expérience par laquelle il avait passé au 13e siècle doit être considérée comme le germe de cette seconde vision.

Les forces prodigieuses empreintes dans le corps éthérique de l'individualité du 13e siècle étaient restées intactes depuis un siècle, car après la mort aucune parcelle de ce corps ne s'était dissoute dans l'éther cosmique. C'est ce même corps entièrement spiritualisé qui illumina à nouveau, du haut du monde spirituel, la même âme dans son incarnation du 14e siècle. C'est pour cette raison qu'elle eut à refaire l'expérience de Damas.

Telle est l'individualité de Christian Rose-Croix, car le treizième dans le cercle des douze c'était lui.

Depuis le 14e siècle il fut désigné par ce nom. Du point de vue ésotérique il était déjà Christian Rose-Croix au 13e siècle, bien qu'il ne fût connu sous ce nom qu'un siècle plus tard. Et les élèves qu'il groupa autour de lui au 14e siècle furent les successeurs des douze premiers sages. Ils prirent à leur tour le nom de Rose-Croix.

Christian Rose-Croix parcourut toutes les régions connues de la terre. Après que la sagesse des douze lui eut été départie, fécondée par l'entité sublime du Christ, il lui fut facile de s'approprier, dans l'espace de sept ans, toute la science de son époque.

Lorsqu'au bout de sept ans il revint en Europe, il prit comme élèves les plus évolués des successeurs des douze sages, et c'est alors que commença à proprement parler, le vrai travail des Rose-Croix.

Grâce aux forces émanant du corps éthérique de Christian Rose-Croix, l'étude de la nature et de l'homme put être abordée avec des moyens tout nouveaux. Le travail accompli jusqu'à nos jours par les Rose-Croix concerne aussi bien le macrocosme que le microcosme. L'étude de la nature extérieure a pour but de déterminer ce qui se cache derrière la « Maya », le voile de l'illusion. De même que chaque homme est pourvu d'un corps éthérique, de même nous trouvons un corps éthérique universel, un éther macrocosmique à la base du macrocosme. Mais entre un corps physique et une substance éthérique plus subtile existe quelque chose comme une zone intermédiaire, si nous examinons la zone qui sépare un corps physique de la substance éthérique, nous trouvons un élément qui n'est comparable en rien à ce qui existe dans le monde sensible. Ce n'est ni de l'or, ni de l'argent, ni du plomb, ni du cuivre, mais bien une substance qui diffère de toutes les substances physiques connues, encore qu'elle constitue l'essence même de celles-ci. Elle est partout présente, et les corps physiques n'en sont que des modifications. L'investigation clairvoyante de cette substance - telle était la tâche des Rose-Croix.

Ils considéraient que la condition première d'une telle étude était un renforcement des forces morales de l'âme, qui seules peuvent rendre cette substance perceptible. Ils se préparaient à la clairvoyance par une activité morale accrue.

Cette substance a réellement été découverte et contemplée par les Rose-Croix. Ils l'étudièrent dans le macrocosme et dans le microcosme; dans la nature extérieure ils la vénéraient comme le grand vêtement, la livrée pour ainsi dire de l'univers; ils la voyaient poindre dans l'homme, quand l'harmonie régnait dans l'action réciproque de sa pensée et de sa volonté. Mais ils percevaient ces forces volontaires non seulement dans la nature humaine, mais aussi dans le macrocosme, dans le tonnerre, dans l'éclair. Et l'élément spirituel qui est à la base de la pensée humaine, ils le retrouvaient au dehors dans l'arc-en-ciel, dans l'aurore. La force d'équilibrer et d'harmoniser leur pensée et leur volonté, ils la puisaient dans le rayonnement du corps éthérique de Christian Rose-Croix.

Il fut établi que toutes les découvertes que les Rose-Croix pouvaient faire devaient être tenues secrètes pendant cent ans, et qu'après ce laps de temps seulement elles pourraient être divulguées. Un siècle était requis avant qu'on pût en parler d'une manière adéquate. Le contenu des «Figures Secrètes» a donc été élaboré du 17e au 18e siècle.

Il est important d'autre part de noter qu'à chaque époque les inspirations rosicruciennes ont été conférées de telle façon que l'individualité qui les recevait n'était jamais désignée nommément. Seuls les plus hauts initiés la connaissaient.

Aujourd'hui, par exemple, on ne peut parler en public que d'événements ou de faits occultes qui remontent à cent ans en arrière. L'autorité conférée par de semblables révélations - si une personnalité déterminée en bénéficiait - risquerait d'éveiller, chez les disciples ou auditeurs de cette personnalité, un sentiment fanatique de vénération, ce qui est bien la pire des choses qui puisse arriver. Les hommes sont toujours tentés d'ériger sur un piédestal les esprits qui les éclairent et d'en faire des saints. Mais cet anonymat n'est pas seulement nécessaire à cause des sollicitations de l'ambition et de l'orgueil, dont on pourrait se protéger, mais à cause des attaques astrales, des assauts occultes qui seraient sans cesse dirigés contre une telle personnalité. De là la nécessité de l'anonymat et du secret pendant cent ans.

Le travail des Rose-Croix contribue, de siècle en siècle, à augmenter les forces et le rayonnement du corps éthérique de Christian Rose-Croix. Aux forces de ce corps éthérique vinrent s'ajouter les forces de tous ceux qui devinrent ses disciples. Depuis le 14e siècle Christian Rose-Croix s'est toujours réincarné. Le rayonnement de ce corps supporte et renforce tous les enseignements de la théosophie, et ceux qui répandent ces enseignements se font adombrer par ce corps dont l'action se poursuit, que Christian Rose-Croix soit incarné ou non.

Le comte de Saint-Germain a été au 18e siècle une réincarnation de Christian Rose-Croix, mais ce nom a également été attribué à d'autres personnalités, de sorte que tout ce qu'on raconte de Saint-Germain ne se rapporte pas nécessairement au vrai Christian Rose-Croix. Aujourd'hui Christian Rose-Croix est de nouveau incarné.

Avant d'inspirer l'«Isis dévoilée» de Blavatsky, l'influence occulte de son corps éthérique s'était déjà exercée sur Lessing, à l'insu de celui-ci, en lui inspirant son ouvrage sur «l'Education du Genre humain» (1780). Cependant, à cause de la vague montante du matérialisme qui atteignit son apogée au 19e siècle, il devint toujours plus difficile de transmettre des inspirations de nature rosicrucienne; de là, le caractère fragmentaire et épisodique de ces inspirations. Pourtant en 1851, parut un écrit de Widenmann où le problème de l'immortalité se trouve résolu dans le sens de la réincarnation. Cet ouvrage reçut même un prix. Déjà en 1849 Drossbach avait traité de la réincarnation du point de vue psychologique.