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CHAPITRE 11 - LA VIANDE ET LA BOISSON, FACTEURS DE L'ÉVOLUTION

Septembre 1911 et complétée en décembre 1911

Dans les leçons précédentes, nous avons vu comment des guides spirituels avaient pris soin de l'humanité naissante, lui procurant la nourriture appropriée, la détournant des dangers et la protégeant de toute manière jusqu'à ce qu'elle ait atteint le stade humain et soit apte à entrer à l'école de l'expérience pour apprendre les leçons de la vie dans le monde des phénomènes. Nous avons aussi vu comment l'arc-en-ciel symbolise les lois naturelles qui s'appliquent à l'Age actuel; comment l'homme a reçu son libre arbitre sous ces lois et comment l'esprit du vin lui a été donné pour relever son moral, stimuler son esprit timide et craintif, afin de l'encourager pour sa lutte dans le monde.

D'une manière analogue, le petit enfant, encore irresponsable, que ses gardiens naturels ont fait symboliquement passer "sous les eaux" du baptême, est guidé et soigné pendant ses années d'enfance, tandis que ses différents véhicules se développent. Une fois que le sang des parents, conservé dans le thymus, est

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épuisé et qu'ainsi l'enfant est émancipé de ses parents, il devient conscient de son individualité et le sentiment de "je suis" s'éveille en lui. Il a donc été équipé pour la bataille de la vie, grâce à la connaissance du bien et du mal et, à cette étape de sa vie, l'adolescent est conduit à l'église, où il reçoit "le pain et le vin" qui doivent le fortifier et le nourrir sur le plan spirituel, ce sacrement symbolisant le fait qu'il est désormais une entité libre, uniquement responsable devant les lois divines. Selon l'usage qui est fait de cette liberté, elle devient une bénédiction ou une malédiction.

Dans l'Atlantide primitive, l'humanité était comparable à une fraternité d'enfants soumis, sans aucun motif de se faire la guerre ou de se quereller. Plus tard, elle a été divisée en nations, et des guerres ont servi à lui inculquer la loyauté envers la famille et le pays. Chacun des souverains était un monarque absolu, ayant plein pouvoir de vie et de mort sur ses sujets, dont le nombre se chiffrait par centaines de millions et qui acceptaient volontiers de se plier à une existence de serfs. Cette attitude se retrouve d'ailleurs de nos jours chez des millions d'Asiatiques, lesquels sont végétariens et n'ont par conséquent pas besoin d'alcool.

A mesure que l'habitude s'est établie de consommer de la chair animale, l'usage du vin comme boisson est devenu de plus en plus courant. Cette nourriture carnée a permis de réaliser de grands progrès matériels peu avant l'avènement du Christ et, grâce à la consommation de vin, un nombre toujours plus grand d'individus se sont faits connaître comme chefs, si bien qu'au lieu de n'avoir que quelques grandes nations comme en Asie, il s'est formé de nombreux petits pays en Europe et en Asie Mineure.

Mais même si la plupart des individus formant ces diverses nations étaient supérieurs à leurs contemporains d'Asie sous le rapport de l'artisanat, ils ont continué à être soumis à leurs dirigeants et se sont montrés aussi fidèles à leurs traditions que les Asiatiques. Le Christ leur a reproché de se faire une gloire d'être de la

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postérité d'Abraham. Il leur dit: "Avant qu'Abraham fût, JE SUIS", c'est-à- dire que l'Ego, le "je suis", a toujours existé (Jean 8:58).

Sa mission est d'émanciper l'humanité du joug de la Loi et de l'orienter vers l'Amour , de détruire "les royaumes des hommes", avec leurs rivalités, et de construire, sur leurs ruines, le "Royaume de Dieu". Un exemple nous fera mieux comprendre la manière dont s'opère cette transformation:

En supposant que nous voulions transformer un groupe de maisons en un grand bâtiment, il serait nécessaire de démolir ces maisons avant de pouvoir en utiliser les éléments pour la nouvelle construction que nous avons en vue. Ces éléments devraient être débarrassés de leur mortier, clous, etc., et c'est de la même manière que chaque être humain doit être libéré de ses liens familiaux. C'est pour cette raison que le Christ disait "A moins qu'un homme ne quitte son père et sa mère, il ne peut être mon disciple" (Matthieu 19:29). L'homme doit s'élever au-dessus des divisions religieuses et du patriotisme, et apprendre à dire avec Thomas Paine, cet homme incompris, que l'on a beaucoup calomnié: "Le monde est ma patrie ; faire le bien est ma religion".

Le Christ n'a pas voulu dire qu'il nous faut abandonner ceux qui ont droit à notre soutien, mais que nous ne devons pas permettre la suppression de notre individualité par déférence pour la tradition et les croyances familiales.

Par conséquent, il est venu "non pour apporter la paix, mais l'épée" (Matthieu 10:34) et, tandis que les religions orientales déconseillent l'usage du vin, le premier miracle du Christ a été de changer l'eau en vin . L'épée et la coupe de vin sont la "signature" de la religion chrétienne, car c'est grâce à elle que les nations ont été morcelées et que l'individu a été émancipé. Le gouvernement par le peuple et pour le peuple est un fait dans le nord-ouest de l'Europe, les monarques de ces pays l'étant surtout de nom.

Mais l'encouragement de l'esprit martial qui règne en Europe n'était que le moyen utilisé pour se rapprocher

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du but; et la séparation qu'il a causée doit faire place à un régime de fraternité tel que celui dont Thomas Paine était l'apôtre. Mais pour cela, il était nécessaire de franchir un pas de plus, en trouvant un nouvel aliment qui agisse sur l'esprit de manière à renforcer l'individualité par l'affirmation de soi sans opprimer les autres et sans perdre le respect de soi-même . Dans nos écrits, nous avons énoncé une loi selon laquelle l'esprit est seul à pouvoir agir sur l'esprit; il fallait donc que cet aliment soit un "esprit", mais qu'il diffère sous d'autres rapports des produits fermentés.

Mais avant de décrire cet aliment, voyons d'abord à quel point la viande a contribué à l'évolution de l'humanité.

Nous avons vu précédemment que, durant l'époque Polaire, l'homme n'avait qu'un corps dense; sous ce rapport, il ressemblait à nos minéraux actuels et, par sa nature, il était inerte et passif.

En absorbant les cristalloïdes élaborés par les plantes, il a développé un corps vital au cours de l'époque Hyperboréenne, et sa constitution, ainsi que sa nature, sont devenues semblables à celles des végétaux, car il vivait sans faire d'efforts, et aussi inconsciemment que les plantes.

Plus tard, il s'est nourri du lait des animaux qui, à cette époque, étaient stationnaires comme les plantes actuelles. Le désir de cette nourriture plus digeste l'a poussé à faire des efforts, et sa nature-désir s'est développée pendant l'époque Lémurienne. Sa constitution est ainsi devenue semblable à celle des herbivores actuels. Bien que doué d'une nature passionnée, il était docile et ne pouvait être incité à combattre, sauf pour se défendre et défendre les siens. Seule, la faim pouvait le rendre agressif.

Ainsi, lorsque les animaux ont commencé à se mouvoir et à éviter le parasite impitoyable qu'était devenu l'homme, ce dernier a rencontré des difficultés de plus en plus grandes pour se procurer la nourriture convoitée, si bien que lorsqu'il avait enfin chassé et attrappé un animal, il ne se contentait pas de sucer ses

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mamelles jusqu'à épuisement, mais s'est mis à se nourrir de son sang et de sa chair, ce qui l'a rendu aussi féroce que nos carnivores actuels.

Digérer de la chair animale exige une action chimique beaucoup plus puissante et une élimination plus rapide des déchets que ce n'est le cas pour une nourriture végétarienne, chose qui est prouvée par des analyses de sucs gastriques d'animaux, et aussi par le fait que les intestins des herbivores sont beaucoup plus longs que ceux des animaux carnivores de même taille. Les carnivores sont sujets à la somnolence et n'aiment pas l'effort.

Il est vrai que, lorsqu'il est tenaillé par les affres de la faim, le loup féroce poursuit sa victime avec une inlassable persévérance; quant au roi des animaux, le lion, il surpasse, par la soudaineté de son saut, la rapidité du daim aux pattes agiles. Par l'embuscade, la race féline parvient à déjouer la fuite des animaux les plus rapides. La ruse du renard est proverbiale; et les allures mystérieuses de la hyène nocturne et autres animaux semblables montrent le degré de dépravation provenant d'un régime de chair avariée.

Les vices provenant d'une nourriture carnée peuvent être énumérés comme suit: lassitude, férocité, ruse sournoise, dépravation. On peut domestiquer le boeuf herbivore et l'éléphant; leur régime les rend dociles et leur donne une énorme réserve de force qu'ils dépensent avec docilité à notre service en accomplissant des besognes prolongées et ardues. La nourriture animale requise par les carnivores les rend dangereux et incapables d'être complètement domestiqués. Un chat peut griffer à tout moment; et les muselières rendues obligatoires dans certaines villes montrent combien les chiens sont dangereux. En outre, l'énergie contenue dans la nourriture des carnivores est si largement dépensée au moment de la digestion qu'ils sont somnolents et incapables d'accomplir un labeur prolongé comme celui du cheval ou de l'éléphant.

La somnolence qui suit un copieux repas de viande est trop connue pour être discutée; et l'habitude de prendre des boissons alcooliques avec la nourriture provient du désir de neutraliser l'engourdissement causé

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par la chair morte. L'effet aggravé produit par les viandes en état avancé de décomposition est apparent dans certains milieux de la "haute société", où les banquets de gibier faisandé s'accompagnent d'orgies et de débordements de la pire espèce.

L'Occidental qui peut vivre d'un régime pur et nourrisant de légumes, céréales et fruits, ne se sent pas somnolent après avoir mangé et n'a pas besoin d'alcool. Il n'y a pas d'ivrognes parmi les végétariens . Les effets calmants d'une nourriture végétarienne se manifestent sous forme de sentiments plus purs, qui remplacent la férocité favorisée par l'alimentation carnée. Mais beaucoup de personnes ont encore besoin d'une alimentation mixte, car la consommation de viande a favorisé les progrès du monde plus que n'importe quoi d'autre, excepté peut-être le vice qui l'accompagne: l'ivrognerie. Même si on ne peut pas dire de ces habitudes que ce sont des bénédictions dissimulées, elles n'ont tout au moins pas été de pures malédictions, car dans le Royaume du Père tout ce qui nous semble être le mal n'en travaille pas moins, sous certains rapports, pour le bien, même si on ne peut le discerner à première vue. En voici un exemple:

Une entreprise privée, la Compagnie des Indes Orientales, a commencé et pratiquement achevé l'assujettissement de l'Inde avec ses centaines de millions d'habitants, car les Anglais sont de grands mangeurs de viandes, alors que l'alimentation des Hindous favorise la docilité. Mais lorsque l'Angleterre a fait la guerre aux Boers mangeurs de viande, ils se sont trouvés d'égal à égal, et le courage déployé de part et d'autre a produit les faits d'armes les plus brillants. Le courage, physique aussi bien que moral, est une vertu, et la lâcheté est un vice. La viande a favorisé l'affirmation du moi et nous a aidés à développer la fermeté de caractère, malheureusement trop souvent aux dépens de ceux qui manquent encore d'énergie. Mais ce n'est pas tout, comme nous allons le voir.

Nous venons de noter que le chat qui guette sa proie est forcé de recourir à une certaine tactique pour

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économiser ses forces lorsqu'il est en chasse, de manière à conserver suffisamment d'énergie pour digérer sa victime. Ainsi, le cerveau devient l'allié de la force musculaire. Dans l'ancienne Atlantide, le désir de chair animale a développé l'ingéniosité de l'homme primitif et l'a conduit à prendre au piège les hôtes insaisissables des prairies et des forêts. Les divers pièges du chasseur ont été les premiers instruments destinés à s'épargner du travail ; ils ont marqué le début de l'évolution de l'intelligence et de la lutte constante et sans merci du mental nourri de viande pour s'assujettir la matière.

Nous disons bien "le mental nourri de viande", et nous insistons sur ce point, car nous désirons souligner le fait que les nations qui ont adopté la nourriture carnée sont celles qui ont réalisé les progrès les plus remarquables. Les Asiatiques végétariens restent sur les degrés inférieurs de la civilisation, mais plus nous avançons vers l'ouest, plus la consommation de viande augmente, en même temps que la répugnance pour les travaux pénibles; en conséquence, l'activité de la pensée est portée à son comble en vue de produire des inventions permettant de diminuer le travail. En Amérique, les hectares cultivés se comptent par milliers; et les agriculteurs obtiennent de grandes récoltes avec moins de peine que le paysan de l'Orient n'en dépense pour son petit lopin de terre. La raison en est que le pauvre et laborieux paysan de l'Orient n'a que ses bras et ses outils, avec lesquels il travaille sans discontinuer, jour après jour, tandis que l'Occidental ingénieux et nourri de viande utilise des machines agricoles très puissantes dans ses terrains fertilisés et reste confortablement assis sur son siège, à surveiller le travail. L'un utilise ses muscles, l'autre son intelligence.

Ainsi, le courage et l'énergie indomptable qui ont transformé l'aspect du monde occidental sont des vertus provenant directement de l'usage de la viande, qui favorise également le désir de confort et l'invention de machines accomplissant le travail à la place de l'homme. D'autre part, l'alcool encourage les gens à

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entreprendre et à mener à bien des projets permettant d'obtenir le maximum de bien-être avec le minimum d'efforts.

Mais l'esprit de l'alcool est obtenu par un procédé de fermentation; c'est un esprit de décomposition , complètement différent de l'esprit de vie en l'homme. Cet esprit artificiel ne cesse de séduire les êtres humains en les éblouissant par des rêves de grandeur future , tout en les incitant à faire de sérieux efforts corporels et mentaux pour réussir ou obtenir ce qu'ils désirent. Mais après avoir réussi et réalisé leurs désirs, ils se rendent compte de la fragilité et du peu de valeur de ce qu'ils ont obtenu. La possession ne tarde pas à détruire l'idée illusoire qu'ils s'étaient faite de la valeur de leur conquête; en effet, rien de ce que le monde peut nous donner ne saurait définitivement nous satisfaire . Alors, de nouveau, ce breuvage fatal sert à noyer la déception subie, et l'esprit se crée une nouvelle illusion, poursuivie avec un zèle renouvelé et de grandes espérances, pour finir encore et encore par les mêmes déceptions, de vie en vie, jusqu'à ce qu'enfin il apprenne que "le vin est trompeur" et que "tout est vanité, sauf servir Dieu et faire sa volonté".

Le sucre au lieu de l'alcool

Dans la partie du chapitre 17 de la "Cosmogonie" ayant pour sous-titre "La loi d'assimilation", il est expliqué que les minéraux ne peuvent être assimilés, faute d'avoir un corps vital. L'absence de ce corps fait qu'il est impossible à l'homme d'élever le taux vibratoire des minéraux à son propre degré. Quant aux plantes, elles ont un corps vital, mais n'ont pas la soi-conscience. Elles sont plus faciles à assimiler et restent en nous plus longtemps que les cellules des animaux, qui sont imprégnées de leur corps du désir. Le taux vibratoire de ce dernier est élevé, si bien qu'une grande quantité d'énergie est requise pour l'assimilation de la chair animale; ses cellules nous quittent rapidement, aussi est-il nécessaire, en ce cas, de se nourrir souvent.

Nous savons que l'alcool est un "esprit étranger" et un "esprit de décomposition", parce qu'il est le résultat d'une fermentation extérieure au corps de celui qui le consomme. Etant un spiritueux, autrement dit un

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"esprit", il vibre avec une telle intensité que l'esprit humain est incapable de le modérer et de se l'assujettir comme doit l'être toute nourriture. Dans ces conditions, il ne saurait être question de métabolisme, ni même de réduction du taux vibratoire de l'alcool au niveau du nôtre, si bien que cet esprit étranger peut accélérer nos propres vibrations et nous dominer comme cela se produit dans l'état d'ivresse. Ainsi, l'alcool est un grand danger pour l'humanité, et nous devons nous en émanciper avant de devenir conscients de notre nature divine.

Tant que nous vivons de viande , nous avons besoin d'un esprit stimulant, car autrement le progrès serait arrêté, et c'est popurquoi un aliment répondant à tous les besoins a été donné aux pionniers des pays occidentaux. Cet aliment, c'est le sucre. C'est du sucre que l'Ego extrait lui-même de l'alcool , ceci par métabolisme à l'intérieur du corps . Ce produit est donc à la fois un esprit et un stimulant parfaitement accordé aux taux vibratoire du corps humain. Il a toutes les bonnes qualités de l'alcool, et cela même dans une plus grande mesure, mais aucun de ses défauts. Pour vous rendre compte de l'effet de cet aliment, considérez les peuples de l'Europe orientale, qui ne consomment que très peu de sucre: ils sont serviles et parlent volontiers d'eux-mêmes en se dépréciant. Ils écrivent le prénom "je" avec une minuscule et le "Vous" avec une majuscule. L'Angleterre consomme cinq fois plus de sucre que la Russie, or l'Angleterre a un esprit tout différent. Le pronom "I" (je) s'y écrit avec une majuscule, et le "you" (vous) avec une minuscule. En Amérique, la confiserie devient un rival dangereux du cabaret, car celui qui consomme des douceurs ne devient pas un buveur ; et il n'y a pas de meilleur remède contre l'alcoolisme que de persuader le buveur de consommer autant de sucreries qu'il voudra. Mais l'ivrogne déteste tout ce qui est sucré, tant que son corps reste dominé par "l'esprit étranger".

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Les mouvements d'abstinence ont pris naissance dans le pays où l'on consomme le plus de sucre , un aliment qui a donné naissance à l' "esprit " du respect de soi-même .

(Ce chapitre 11 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n° 10 et 15)

 

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