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On dit souvent que «la vie de l'homme est brève, et sans
cesse agitée» (Job 14:1). Parmi toutes les vicissitudes de la
vie, aucune ne nous affecte davantage que la perte de la santé.
Nous pouvons perdre de l'argent ou des amis, avec une certaine
sérénité, mais quand la santé décline et que la mort menace,
les plus forts chancellent; prenant alors conscience de notre
faiblesse humaine, nous sommes, à ce moment-là, plus disposés
qu'à toute autre période à nous tourner vers le divin pour en
obtenir du secours.C'est pourquoi les fonctions de conseiller
spirituel ont toujours été étroitement associées à la
guérison.
Chez les primitifs, le prêtre était aussi
sorcier-guérisseur. Dans la Grèce antique, ceux qui avaient
besoin d'être guéris avaient particulièrement recours à
Esculape. L'église elle-même a perpétué cet usage. Certains
ordres Catholiques ont eu et ont toujours pour mission depuis des
siècles, de soulager la souffrance. Pendant
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les périodes d'épidémie, le «bon Père» visitait les
malades en tant que représentant de «Notre Père Céleste»; et
les connaissances qui pouvaient lui faire défaut étaient
remplacées par l'amour et la compassion qui l'animait et aussi,
par la foi du malade dans le saint office du prêtre, si
toutefois c'était un véritable et saint prêtre. Les soins
qu'il donnait à son patient ne commençaient pas auprès du lit
de celui-ci et n'étaient pas terminés quand il était guéri.
La gratitude du malade envers son médecin s'ajoutait à la
vénération pour le conseiller spirituel et, en conséquence, le
pouvoir du prêtre pour l'assister était ainsi fortement accru,
et les liens noués entre eux étaient beaucoup plus forts que
lorsque l'office de conseiller spirituel n'est pas lié à celui
de conseiller médical.
Il est incontestable que l'art de la médecine a atteint un
degré d'efficacité qui ne pouvait être obtenu qu'en se
consacrant à cette tâche particulière. L'application de lois
sanitaires, la destruction des insectes propagateurs de maladies
infectieuses témoignent largement de la valeur des méthodes
scientifiques modernes. Il semblerait donc que tout est pour le
mieux et qu'il n'y aurait plus besoin de faire d'autres efforts.
Mais, en réalité, jusqu'au jour où l'humanité toute entière
jouira d'une santé parfaite, il n'y a pas de question plus
importante que celle-ci: «Comment acquérir et conserver une
santé parfaite?»
En plus de l'enseignement officiel de la médecine et de la
chirurgie qui se fonde exclusivement sur des moyens physiques
pour la guérison des malades, d'autres systèmes sont nés qui
se basent uniquement sur la guérison mentale. Ces organisations
qui préconisent la «guérison par le mental», la «cure
naturiste», etc., ont coutume de tenir des réunions et d'en
publier les résultats dans les journaux avec les témoignages
reconnaissants des partisans de ces systèmes divers, qui ont
bénéficiés des traitements en question. Si les
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médecins diplômés en faisaient autant, de semblables
témoignages de leur efficacité ne manqueraient certainement
pas.
L'opinion de milliers de personnes a sans doute une grande
valeur, mais elle ne prouve rien, car des milliers d'autres
personnes peuvent avoir des vues différentes. Il arrive qu'un
seul homme ait raison et le reste du monde tort, témoin Galilée
soutenant contre la croyance commune la rotation de la Terre.
Aujourd'hui, le monde entier a été converti à l'opinion pour
laquelle l'illustre astronome a été persécuté comme
hérétique. Notre point de vue est que l'homme étant un être
complexe, les guérisons sont couronnées de succès là où
elles remédient aux troubles sur les plans physique, moral et
mental de l'être.
Comme la grande majorité des gens ne saisit pas la
distinction qui peut exister entre le fait de soigner et de
guérir, il peut être utile d'expliquer cette différence qui
réside principalement dans le fait qu'il y a, ou non,
collaboration active du malade. Une personne peut entreprendre
d'en «soigner» une autre en lui faisant des massages ou en lui
administrant des médicaments; le malade est passif dans chacun
de ces cas, tel l'argile entre les mains du potier. Il n'y a pas
de doute que par suite de l'application de ces traitements, la
personne puisse se remettre, mais il ne s'agit là que d'une
amélioration temporaire, car la cause profonde de la maladie ne
lui a pas été expliquée. Elle ne comprendra toujours pas que
celle-ci résulte de sa contravention aux lois de la Nature,
aussi va-t-il probablement retomber dans la même faute, ce qui
aura pour résultat de le rendre malade à nouveau. «Soigner»
est un processus physique. «Guérir» est entièrement
différent car, ici, on
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demande toujours au patient de collaborer, à la fois
spirituellement et physiquement, avec le guérisseur.
Pour plus de clarté, nous ne pouvons mieux faire que de
considérer la vie et les oeuvres de notre grand Chef, le Christ.
Quand les gens venaient à Lui pour être guéris, ils ne
s'attendaient pas à un traitement physique, mais savaient que le
soulagement viendrait de la puissance de l'Esprit. Ils avaient
une foi illimitée en Lui et ceci est essentiel ainsi que nous le
déduisons des incidents mentionnés au chapitre 13 de l'Evangile
de Matthieu, où il est raconté que le Christ étant allé à
l'endroit où Jésus, le précédent possesseur de son corps
physique, avait vécu dans sa prime jeunesse, ceux qui
l'entouraient ne voyaient en Lui que l'homme extérieur:
«N'est-ce pas Jésus, le fils de Joseph; ses frères ne sont-ils
pas avec nous?» etc. Ils pensaient que rien de grand ne pouvait
venir de Nazareth, et il leur fut fait selon leur foi car nous
lisons «Il n'a pas accompli beaucoup de miracles en ce lieu à
cause de leur incrédulité».
Mais, «la foi sans les oeuvres est morte» (Jacques 2:17, 20)
et, dans chacun des cas de guérison opérée par le Christ, la
personne avait quelque chose à faire; elle devait, avant que la
guérison puisse s'accomplir, collaborer activement avec le Grand
Guérisseur, lequel disait, par exemple: «Etends ta
main»...quand l'homme l'eut fait, celle-ci fut guérie; et, à
un autre: «Prends ton lit et marche»...quand il eut obéi, il
n'y eut plus trace d'infirmité. A l'aveugle, aussi: «Va te
laver à la fontaine de Siloé»; au lépreux: «Montre-toi au
Grand-Prêtre, donne ton offrande», etc. Dans chacun des cas, il
y avait collaboration active de celui qui demandait à être
guéri, et cela aidait le Guérisseur. C'était des demandes
simples, mais telles qu'elles étaient émises, il fallait s'y
conformer afin que l'esprit d'obéissance soit une aide pour le
travail du Guérisseur.
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Lorsque Naaman vint trouver Elisée, pensant que le prophète
allait venir à sa rencontre dans un grand déploiement de
cérémonie et de magie pour le guérir de sa lèpre, il fut
amèrement désappointé. Et lorsque le prophète lui adressa un
message: «Va et lave-toi sept fois dans les eaux du Jourdain»,
Naaman irrité s'écria: «Les fleuves de Damas, l'Albana et le
Pappar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël? Ne
pourrais-je pas m'y laver et devenir pur»? (II Rois 5:9-14). Il
manquait d'esprit de soumission, absolument nécessaire à
l'oeuvre de guérison. S'il avait persisté dans cet état
d'esprit, il n'aurait pu être guéri, pas plus que ceux qui
demandaient leur guérison au Christ n'auraient pu être guéri
s'ils n'avaient obéi à ce qui leur avait été demandé de
faire. C'est une loi de la Nature absolument sûre, et c'est la
désobéissance qui est la cause de la maladie. L'obéissance
qu'elle implique, de se laver dans le Jourdain, d'étendre sa
main, indique un changement d'esprit et la personne est alors en
état de recevoir le baume de guérison qui vient par le Christ,
ou par un guérisseur d'une sorte ou d'une autre, selon la façon
dont cela peut se produire. En premier lieu et dans tous les cas,
la force de guérison vient de notre Père Céleste, Qui est le
Grand Médecin.
Il y a trois grands facteurs dans la guérison: le pouvoir qui
vient de notre Père dans les Cieux, puis le guérisseur et enfin
l'esprit d'obéissance du malade sur lequel le pouvoir du Père
peut agir par l'intermédiaire du guérisseur de façon à
dissiper tous les maux.
Rendons-nous bien compte que l'univers tout entier est
pénétré de la puissance du Père, toujours disponible pour
guérir tous les maux de quelque nature qu'ils soient; c'est là
la grande certitude.
Le guérisseur est le point focal, le véhicule par
l'intermédiaire duquel le pouvoir de guérison est infusé dans
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le corps du malade. Si le guérisseur est un instrument
approprié, consacré, harmonieux, réellement et en vérité à
l'unisson de l'Infini, il n'y a point de limites aux oeuvres
merveilleuses du Père qui peuvent être réalisées à travers
lui, lorsqu'une opportunité se présente sous la forme d'un
malade à l'esprit réceptif et obéissant.