ENSEIGNEMENTS D'UN INITIÉ - TOME I

MAX HEINDEL



CHAPITRE 18 - RELIGION ET GUÉRISON

A différentes époques et de différentes manières, l'humanité a reçu des religions propres à la faire progresser sur le sentier de l'évolution. Dans chacune d'elles, l'idéal était juste assez élevé pour éveiller les aspirations de la classe des êtres auxquels il était donné, mais pas au-delà de leur faculté de compréhension, car alors il ne les aurait pas séduits du tout. Par exemple, un primitif doit avoir un Dieu fort, qui tient l'épée flamboyante de la foudre dans sa main puissante. Il peut respecter un tel Dieu avec crainte, mais il méprisera un Dieu montrant de l'amour et de la compassion.

Pour cette raison, les religions se sont modifiées avec le développement de l'homme; l'idéal s'est lentement élevé jusqu'à atteindre le plus haut degré dans notre enseignement chrétien. La "fleur" de la religion est toujours donnée à la fleur de l'humanité. Dans l'avenir, une nouvelle race recevra part conséquent une nouvelle religion encore plus élevée. Il ne peut y avoir d'arrêt dans l'évolution, mais nous affirmons que les dirigeants invisibles donnent toujours à chaque nation l'enseignement le mieux adapté à sa condition. L'hindouisme aide nos plus jeunes frères de l'Orient, mais le christianisme est l'enseignement spécialement adapté aux peuples occidentaux.

Ainsi, nous voyons que la grande majorité de l'humanité est dirigée par la religion publiquement enseigné dans le pays natal, mais il y a toujours des pionniers plus précoces auxquels il est nécessaire de donner un enseignement plus élevé; il s'ensuit qu'une doctrine plus élevée leur est donnée par l'Ecole des Mystères appartenant à leur pays. Lorsque seulement quelques personnes sont prêtes à recevoir cet enseignement préparatoire, on les instruit personnellement, et lorsque leur nombre augmente, l'enseignement devient graduellement public.

Tel est le cas dans le monde occidental actuel, et c'est la raison pour laquelle les Frères de la Rose-Croix ont confié à l'auteur la philosophie publiée dans notre littérature et ont encouragé la création du Rosicrucian Fellowship en vue de la diffusion de cet enseignement. Son but est d'amener des aspirants à une vie spirituelle en contact avec l'Instructeur lorsque, par le service ici-bas, dans ce monde physique, ils auront montré leur sincérité et suffisamment prouvé qu'ils utiliseront leurs pouvoirs spirituels pour le service dans le monde invisible après leur initiation.

Les enseignements supérieurs ne sont jamais monnayés. Dans les temps anciens, Pierre a reproché à Simon le sorcier d'avoir tenté d'acheté des pouvoirs spirituels en vue d'un gain matériel. Les Frères Aînés refusent également de recevoir ceux qui avilissent les sciences spirituelles en monnayant les consultations d'astrologie, de chiromancie ou de clairvoyance. The Rosicrucian Fellowship encourage l'étude de l'astrologie et de la chiromancie par ses membres; elle a édité des ouvrages sur l'astrologie dans des manuels donnant des instructions en un langage clair, au prix de l'impression du livre de sorte que chacun peut acquérir cette science au lieu de se faire duper par des professionnels qui ne sont souvent que des ignorants.

Au cours des quelques années où nous avons diffusé les enseignements rosicruciens, ils se sont répandus comme une traînée de poudre dans le monde. Ils ont trouvé un écho dans le coeur de toutes les classes, depuis le Cap de Bonne-Espérance jusqu'au Cercle arctique et au-delà. Nos adhérents se trouvent tout autant dans les organisations gouvernementales que dans les milieux les plus humbles; tous correspondent et sont en contact intime avec notre mouvement et travaillent à la diffusion de ces vérités profondes concernant la vie et l'être, qui les aident dans leurs problèmes.

En ce qui concerne notre activité de guérison, il est bien vrai que, comme il est écrit dans le Livre de Job, "la vie de l'homme est brève et sans cesse agitée". Parmi toutes les vicissitudes de la vie, aucune ne nous affecte autant que la perte de la santé. En effet, nous pouvons perdre de l'argent, des amis, avec une certaine sérénité, mais quand la santé décline et que la mort menace, les plus forts chancellent. Alors conscients de notre faiblesse humaine, nous sommes, à ce moment-là, plus disposés qu'en toute autre période à nous tourner vers le divin pour en obtenir du secours, et c'est pourquoi les fonctions de guide spirituel sont toujours plus ou moins liées au pouvoir de guérison.

Parmi les primitifs, le prêtre assumait aussi les fonctions de guérisseur. Dans la Grèce antique, ceux qui avaient besoin d'être guéris avaient particulièrement recours à Esculape. L'Eglise elle-même a perpétué cet usage. Certains ordres catholiques ont eu, et ont toujours, depuis des siècles, pour mission de soulager la souffrance. Pendant les périodes d'épidémies, le "bon Père" visitait les malades en tant que représentant de "notre Père Céleste"; et les connaissances qui pouvaient lui faire défaut étaient remplacées par l'amour et la compassion qui l'animaient, et aussi par la foi du malade dans le saint office du prêtre, si toutefois c'était un véritable et saint prêtre. Les soins qu'il donnait à son patient ne commençaient pas auprès du lit de ce dernier et n'étaient pas terminés quand il était guéri. La gratitude du malade envers son médecin s'ajoutait à la vénération pour le guide spirituel et, en conséquence, le pouvoir du prêtre pour l'assister était fortement accru. Les liens noués entre eux étaient beaucoup plus forts que lorsque les offices de guide spirituel ne sont pas liés à ceux de conseiller médical.

On ne peut nier que la double fonction qui incombait à ces prêtres leur donnait un pouvoir des plus dangereux sur les gens et qu'ils abusaient parfois de ce pouvoir. Il est également certain que l'art médical a atteint un degré d'efficacité qui ne pouvait être réalisé qu'en se consacrant à cette tâche particulière. La sécurité que donnent les lois sanitaires, la destruction des insectes propagateurs de maladies, témoignent largement de la valeur des méthodes scientifiques modernes. Il semblerait donc que tout est pour le mieux et qu'il n'y ait plus besoin de faire d'autres efforts. Mais en réalité, jusqu'au jour où toute l'humanité jouira d'une santé parfaite, notre préoccupation doit être de lui donner les moyens de l'acquérir et de la conserver.

En plus de l'enseignement officiel de la médecine et de la chirurgie qui se fonde exclusivement sur des moyens physiques pour guérir les malades, d'autres systèmes sont nés qui se basent uniquement sur la guérison mentale. Ces organisations qui préconisent la "guérison par le mental", la "cure naturiste", etc., ont coutume de tenir des réunions et d'en publier les résultats dans les journaux avec les témoignages reconnaissants des partisans de ces systèmes divers qui ont bénéficié des traitement reçus. Si les médecins diplômés en faisaient autant, de semblables témoignages ne manqueraient certainement pas.

L'opinion de milliers de personnes a sans doute une grande valeur, mais elle ne prouve rien, car des milliers d'autres personnes peuvent avoir des vues différentes. Un seul homme peut avoir raison et le reste du monde avoir tort, témoin Galilée soutenant contre la croyance commune la rotation de la terre. Aujourd'hui, le monde entier a été converti à l'opinion pour laquelle l'illustre astronome a été persécuté comme hérétique. Notre point de vue est que l'homme est un être composite, et que la guérison d'un malade se fait en proportion des remèdes apportés sur les plans physique, moral et mental de son être. Nous affirmons également que des résultats peuvent être plus aisément obtenus lorsque les rayons planétaires sont propices à la guérison d'une maladie particulière ou à un traitement dont les remèdes sont préparés au préalable dans des conditions favorables.

Le médecin moderne sait que l'état du sang et, par conséquent, l'état du corps entier, se modifie en fonction de l'état du malade, et que plus il adjoint la suggestion à la thérapeutique, plus il a de succès. Peu de gens, peut-être, ajoutent foi au fait que notre état mental et notre condition physique sont influencés par les rayons planétaires qui changent selon le mouvement des corps célestes. Cependant, depuis que le principe de radio-activité a été établi, nous savons que chacun projette dans l'espace d'innombrables particules. La télégraphie sans fil nous a appris que des ondes éthériques voyagent rapidement et sûrement à travers l'espace et que, selon notre volonté, elles actionnent un récepteur. Nous savons aussi que les rayons du soleil nous affectent différemment le matin lorsqu'ils nous frappent horizontalement, qu'à midi, alors que ces rayons sont perpendiculaires. Si les rayons de la lumière venant du soleil qui se meut rapidement produisent des changements physiques et mentaux, les rayons persistants des planètes plus lentes ne peuvent-ils pas aussi avoir un effet? Si cela est, ils sont, dans la santé, des facteurs qui ne doivent pas être négligés par le guérisseur scientifique.

La maladie est une manifestation de l'ignorance, le seul péché; la guérison est une démonstration du savoir appliqué, le seul salut. Le Christ est la personnification du principe de Sagesse, et c'est dans la mesure où le Christ est formé en nous que nous acquérons la santé. Par conséquent, le guérisseur devrait être un mystique et s'efforcer d'inspirer à son malade des idéaux élevés qui lui apprendront, avec le temps, à se conformer aux lois divines qui gouvernent l'univers, pour atteindre à une santé permanente dans ses vies futures, aussi bien que maintenant.

Cependant, la foi sans les oeuvres est morte (Jacques 2:26). Si nous continuons à vivre dans des conditions insalubres, la foi ne nous sauvera pas de la fièvre typhoïde. Si nous prenons des précautions et des remèdes appropriés, nous prouvons réellement notre foi par les oeuvres.

L'ordre des Rose-Croix s'efforce d'aider l'humanité à réaliser la santé du corps. Dans différents ouvrages, on peut lire que les membres de l'ordre faisaient le voeu de guérir gratuitement les malades. Cette affirmation est quelque peu déformée. Ce sont les frères lais qui font le voeu de secourir le mieux possible toux ceux qui en ont besoin, et gratuitement. Ce voeu inclut la guérison, bien entendu, dans le cas d'un Paracelse, par exemple, qui avait le don de guérir par la méthode combinée de remèdes physiques pris sous l'influence d'aspects astrologiques bénéfiques et, bien sûr, de conseils spirituels. D'autres, qui n'étaient pas qualifiés comme guérisseurs, ont porté leurs efforts dans d'autres directions, mais ils avaient tous un point commun: ils ne demandaient rien pour leurs services et travaillaient en secret, sans bruit ni réclame.


CHAPITRE 19 - PREMIER COUP DE PELLE A MOUNT ECCLESIA

Allocution prononcée le 28 octobre 1911

Le Christ a dit: "Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Matthieu 18:20) et comme tout ce qu'il disait, cette parole était une expression de la plus profonde sagesse, étant basée sur une loi naturelle aussi immuable que Dieu lui-même. Lorsque les pensées de deux ou trois personnes sont concentrées sur un certain objet ou sur un certain être, une puissante forme-pensée, expression définie de leur désir, est produite et projetée instantanément vers son but. L'effet dépend de l'affinité entre la pensée et celui qui doit la recevoir, tout comme un second diapason de calibre identique vibre en réponse à la note émise par le premier.

Si des pensées et des prières de nature basse et égoïste sont émises, seules des créatures basses et égoïstes y répondront. De telles prières ne peuvent pas atteindre le Christ, pas davantage que l'eau ne peut remonter une pente. Elles se dirigent vers les démons et les élémentaux qui, de leur côté, demeurent complètement insensibles aux aspirations élevées provenant de ceux qui se réunissent au nom du Christ.

Comme nous sommes aujourd'hui réunis à cet endroit pour donner le premier coup de pelle en vue de l'installation du siège de notre association chrétienne, nous pouvons être assurés que, tout comme la pesanteur attire un caillou en direction du centre de la terre, la ferveur de nos aspirations réunies attirera l'attention du fondateur de notre foi, le Christ, qui sera ainsi avec nous. De même que des diapasons de calibre identique vibrent à l'unisson, le chef auguste de l'Ordre de la Rose-Croix, Christian Rosenkreuz, doit être présent là où est établie la future demeure de The Rosicrucian Fellowship. Le Frère Aîné qui a été l'inspirateur de ce mouvement est présent et visible, du moins pour certains d'entre nous. Ainsi, à cette occasion, douze personnes directement intéressées à cette cérémonie sont présentes. Douze, nombre parfait, c'est-à-dire trois chefs qui sont au-delà du degré d'évolution de l'humanité ordinaire et neuf membres de The Rosicrucian Fellowship (la fondation proprement dite avait eu lieu antérieurement à Seattle, le 10 août 1909). Neuf est le nombre d'Adam, de l'homme, donc cinq, nombre impair, masculin, sont des hommes, et quatre, nombre pair, féminin, sont des femmes, tandis que le nombre des chefs invisibles, trois, représente le divin sans sexe; or le nombre des assistants n'a pas été fixé par l'orateur. Des invitations à participer à cette cérémonie ont été adressées à un certain nombre de personnes, mais neuf seulement y ont répondu; or, comme nous ne pouvons croire au hasard, l'assistance doit avoir été ordonnée en accord avec le dessein de nos chefs invisibles et pourrait être considérée comme une expression du pouvoir spirituel qui est derrière notre mouvement, s'il était besoin d'autres preuves que l'expansion phénoménale des enseignements rosicruciens. En peu d'années, ils ont pénétré dans tous les pays du monde en suscitant l'assentiment, l'admiration et l'amour dans le coeur de gens appartenant à toutes les classes de l'humanité, et particulièrement parmi les hommes.

Nous insistons sur ce point digne d'intérêt, car tandis que toutes les autres organisations religieuses sont principalement composées de femmes, les hommes sont en majorité dans The Rosicrucian Fellowship. Il est aussi significatif de constater que nos membres médecins surpassent en nombre ceux des autres professions, et que les hommes d'église viennent ensuite. Cela prouve que ceux dont le privilège est de prendre soin des malades et des infirmes sont conscients du fait que des causes spirituelles produisent des faiblesses physiques et qu'ils en cherchent le pourquoi afin d'apporter une aide plus efficace à ceux qui souffrent. Cela montre aussi que ceux dont la tâche est de prendre soin des esprits souffrants s'efforcent de rechercher une explication raisonnable des mystères spirituels afin de pouvoir répondre aux questions de ceux qui la cherchent, de fortifier la foi chancelante et de renforcer le lien qui les rattache à l'église, plutôt que de répondre par des préceptes, des dogmes non appuyés par la raison, ouvrant toutes grandes les écluses aux flots bouillonnants du scepticisme, en entraînant les chercheurs de lumière dans les ténèbres du désespoir et du matérialisme, loin du port de salut de l'église.

The Rosicrucian Fellowship a déjà eu le privilège béni de sauver nombre de chercheurs sincères, préoccupés mais incapables de croire ce qui semblait contraire à la raison. Grâce à des explications raisonnables de l'harmonie fondamentale entre, d'une part, les doctrines et les dogmes avancés par l'église, et d'autre part les lois de la nature, ces chercheurs sont revenus à la fraternité de l'église, meilleurs et plus forts qu'ils n'avaient été lors de leur départ.

Tout mouvement, pour durer, doit posséder trois qualités divines; la sagesse, la beauté et la force. La science, l'art et la religion possèdent chacun, dans une certaine mesure, l'un de ces attributs, et l'objet du Rosicrucian Fellowship est d'unir et d'harmoniser l'un avec l'autre, en enseignant une religion à la fois scientifique et artistique, et d'unir toutes les églises dans une Fraternité Chrétienne. En ce moment même, l'horloge de la destinée marque un moment favorable au début de construction d'un centre visible d'où les enseignements rosicruciens pourront rayonner une influence bienfaisante pour contribuer au soulagement de tous ceux qui sont affectés physiquement mentalement et moralement.

C'est pourquoi nous retournons une pelletée de terre à l'endroit où doit s'élever l'angle de la première construction de notre siège, avec une prière pour que la Sagesse guide cette grande école dans le droit chemin. Nous retournons une deuxième pelletée de terre en suppliant le Maître Artiste de nous donner la faculté de présenter la Beauté de la vie supérieure de manière à la rendre attrayante à toute l'humanité. Nous soulevons une troisième et dernière pelletée avec une prière pour recevoir la Force de continuer patiemment et avec zèle cette grande oeuvre afin qu'elle soit durable et devienne un facteur plus grand d'élévation morale que ses devancières.

Ayant ainsi terminé cette première partie de la cérémonie, nous passerons à la seconde et planterons le merveilleux symbole de la vie et de l'être, emblème composite de l'Ecole occidentale des Mystères. Il consiste en une croix représentant la matière, et le rosier qui s'enroule autour de la croix est le symbole de la vie verdoyante qui s'élève en évoluant et en grimpant à des hauteurs de plus en plus élevées, grâce à cette crucifixion. Chacun des neuf membres creusera la terre pour ce premier ornement de Mount Ecclesia, et le plus grand. Nous la planterons de telle manière que les deux bras pointeront, l'un vers l'est, l'autre vers l'ouest, tandis que le soleil de midi en projettera l'ombre vers le nord. Elle sera ainsi directement sur le chemin des courants spirituels qui vivifient les forces des quatre règnes: minéral, végétal, animal et humain.

Sur les bras et le montant supérieur de la croix, vous remarquerez trois lettres d'or, C.R.C., initiales de notre auguste chef Christian Rosenkreuz, ou le Chrétien (à la) Rose (et à la) Croix. Le symbolisme de cette croix a été expliqué en partie, ça et là dans notre littérature, mais il faudrait des volumes pour en donner une explication complète. Etudions ici un peu plus profondément la signification de cette merveilleuse leçon.

A l'époque où nous vivions dans la dense et humide atmosphère de l'ancienne Atlantide, nous étions soumis à des lois totalement différentes de celles qui nous gouvernent aujourd'hui. Lorsque nous abandonnions notre corps, nous ne ressentions rien, car notre conscience était centrée davantage dans le monde spirituel que dans les conditions denses de la matière. Notre vie était une existence ininterrompue; nous ne ressentions ni la naissance, ni la mort.

Lors de notre passage dans les conditions aériennes de l'époque Aryenne, le monde d'aujourd'hui, notre conscience spirituelle a diminué, et celle de la forme est devenue prédominante. C'est alors qu'a commencé une double existence, dont chaque phase est nettement séparée l'une de l'autre par l'événement de la naissance ou de la mort. L'une de ces phases est la vie libre de l'esprit sur les plans célestes; l'autre est un emprisonnement dans un corps terrestre, ce qui est virtuellement la mort de l'esprit, ainsi que le symbolise le mythe grec de Castor et Pollux, les jumeaux célestes.

Nous avons expliqué en différents endroits de notre littérature comment l'esprit libre s'est empêtré dans les filets de la matière par suite des machinations des esprits Lucifer, auxquels le Christ fait allusion en parlant de fausses lumières (2 Corinthiens 11:14). Cela se passait dans l'ardente Lémurie, et Lucifer peut donc être appelé le Génie de la Lémurie.

L'effet général de ce fourvoiement ne s'est pleinement fait sentir que pendant l'Age de Noé, qui comprend les derniers temps de l'époque Atlantéenne et notre présente époque Aryenne. L'arc-en-ciel, qui n'aurait pu exister dans les conditions atmosphériques précédentes, s'est montré dans le ciel comme une mystique banderole lorsque l'humanité est entrée dans l'Age de Noé où la loi des cycles alternants apporte le flux et le reflux, l'été et l'hiver, la naissance et la mort. Pendant cet âge, l'esprit ne peut s'échapper d'une manière permanente du "corps de mort", produit de la passion satanique instillée au début par Lucifer, Nos efforts répétés pour nous évader vers notre patrie céleste sont déjoués par la loi de périodicité: après nous être libérés d'un corps par la mort, nous sommes ramenés dans un autre par la renaissance à la fin du cycle.

Mais la tromperie et l'illusion ne sauraient durer à jamais, et le Rédempteur est apparu pour purifier notre sang débordant de passion, pour prêcher la vérité qui nous délivrera de ce corps de mort, pour instituer la conception immaculée esquissée très sommairement dans l'eugénisme, pour annoncer un nouvel âge, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dont Lui, la vraie lumière, sera le Génie. Ce sera un âge de droiture et d'amour; le monde entier y aspire.

Tous ces développements et le moyen de parvenir à cet idéal sont symbolisés par la Rose-Croix qui se trouve devant nous. Le rosier, dans lequel la sève sommeille pendant l'hiver et se réveille en été, symbolise excellemment l'effet de la loi des cycles alternatifs. La couleur de la fleur, son organe générateur, rappelle notre sang, mais la sève qui y circule est pure, et la semence y est engendrée sans passion, de façon immaculée.

Lorsque nous arriverons à la pureté de vie symbolisée par la rose, nous serons libérés de la croix de la matière, et les conditions éthérées du millénium seront réalisées. Le but du Rosicrucian Fellowship est de hâter ce jour heureux où la douleur et la souffrance, le péché et la mort auront cessé d'exister, où nous serons délivrés des illusions fascinantes et captivantes de la matière et où nous nous éveillerons à la vérité suprême de la réalité de l'esprit. Puisse Dieu favoriser nos efforts pour parvenir au succès. (Ce chapitre est commenté dans la lettre n. 12 aux étudiants)


CHAPITRE 20 - NOTRE TRAVAIL DANS LE MONDE

Première partie - Mai 1912

Dernièrement, il nous est venu l'idée que le travail du Rosicrucian Fellowship n'est pas notre oeuvre personnelle; c'est celle des Frères Aînés, ainsi que celle de chaque membre du Fellowship. Dans l'accomplissement de cette oeuvre se trouve une merveilleuse occasion de progrès spirituel, et nous n'avons pas plus le droit de la revendiquer pour nous-mêmes que nous n'avons celui de priver nos membres de nourriture physique. Nous devons accorder à tous l'occasion de donner leur aide, mentale ou financière selon le temps disponible, le talent et les capacités de chacun. Nous comprenons aussi qu'à moins d'agir, le travail restera en suspens, et nous serons alors des serviteurs inutiles pour les Frères Aînés. Le fardeau est plus lourd que ce que nous pouvons supporter, et pour prospérer, la grande oeuvre a besoin de beaucoup de travailleurs. Je vais donc vous donner, dans cette leçon, un historique du travail jusqu'à ce jour, afin que nos étudiants puissent se rendre plus exactement compte des développements futurs. Ceci va m'obliger à user largement du pronom "je", aussi les étudiants voudront bien m'excuser, car nul ne désapprouve autant que l'auteur l'introduction de l'élément personnel, mais ici cela semble inévitable.

Dans notre littérature, nous avons établi comme axiome que chaque objet dans l'univers visible est l'incorporation d'une pensée invisible préexistante, c'est-à-dire que Fulton et Bell ont respectivement construit en pensée un bateau à vapeur et un téléphone avant que ces deux inventions ne soient réalisées en bois et en métal. De la même manière, un auteur réfléchit d'abord au sujet de son livre avant de l'écrire. Un Ordre des Mystères doit aussi concevoir sa philosophie spirituelle répondant aux besoins de ceux qu'il a pour mission de servir, et un tel travail peut prendre des siècles. Tout comme les chercheurs scientifiques étudient dans l'isolement des laboratoires, pour l'instruction du monde, leurs hypothèses et conclusions ne sont pas communiquées au public avant d'avoir été éprouvées et confirmées dans la mesure du possible. Ainsi, les enseignements spirituels destinés à favoriser la croissance de l'âme d'une certaine catégorie de personnes ne sont pas rendus publics avant que leur efficacité n'ait été démontrée par des cas isolés.

Tout comme les inventions, les théories, ou les projets, passent par une étape expérimentale et sont rejetés à moins d'être propres à l'usage général, un enseignement spirituel doit atteindre un degré suffisant de perfection pour être diffusé et contribuer au travail dans le monde, ou bien disparaître. C'est ainsi que les enseignements de la Sagesse Occidentale ont été formulés par l'Ordre de la Rose-Croix en vue de se fondre avec la mentalité ultra- intellectuelle de l'Europe et de l'Amérique. Notre révéré fondateur et les douze Frères Aînés qu'il a choisis des siècles auparavant pour l'aider dans sa tâche ont commencé par faire une étude rétrospective des tendances de la pensée pendant notre ère et peut-être pendant des millénaires, ce qui leur a permis de se faire une idée bien définie de la direction qui serait prise par les esprits des générations futures, et de déterminer leurs besoins spirituels. Quelle qu'ait été la méthode suivie, leurs conclusions étaient justes lorsqu'ils ont jugé que l'orgueil intellectuel, l'intolérance et la répugnance à accepter toute contrainte seraient les péchés prédominants de nos jours. Ils ont donc formulé leur philosophie de manière à satisfaire le coeur et en même temps intéresser l'intellect, et apprendre ainsi à l'homme le moyen d'échapper à cette contrainte par la maîtrise de soi. Les milliers de lettres d'appréciation en provenance du monde entier, émanant aussi bien des classes sociales les plus élevées, que des catégories les moins favorisées, témoignent de la grande faim de l'âme ressentie et de la satisfaction que des gens de toutes les classes ont trouvée dans ces enseignements. Mais avec le temps, d'ici cinquante ans, un siècle ou peut-être deux, lorsque les découvertes scientifiques auront intensifié l'intérêt pour les théories exposées dans la "Cosmogonie", lorsque la largeur d'esprit sera plus grande, les enseignements Rosicruciens satisferont l'âme de millions d'esprits éclairés.

Vous apprécierez donc le soin que doivent prendre les Frère Aînés avant de confier un message aussi important à quelqu'un, d'autant plus qu'un tel enseignement ne peut être publié qu'à certaines époques. De même que les graines des plantes ne sont semées qu'au commencement d'un cycle annuel, il en est ainsi des semences telles que les enseignements rosicruciens, lesquels doivent être implantés et les livres publiés au cours de la première décennie du siècle, sinon l'occasion est perdue jusqu'au début d'un nouveau cycle. En 1905, un messager sur lequel ils comptaient avait été reconnu comme peu sûr. Alors les Frères Aînés ont eu recours à moi et m'ont confié ces enseignements après m'avoir fait passer une épreuve en 1908. La "Cosmogonie des Rose-Croix" a été publiée en novembre 1909, un peu plus d'un an avant la fin de la première décennie. Des amis s'étaient chargés de la mise au point du manuscrit original et ont fait un excellent travail, mais il naturellement fallu le revoir avant de le donner à l'imprimeur. Après cela, j'ai relu et corrigé les premières épreuves de l'imprimeur, puis les secondes après les rectifications, puis encore une fois après la mise en pages. J'ai aussi dû donner des instructions aux graveurs et aux imprimeurs pour le placement des tableaux dans le livre, etc. Je me levais à six heures et je continuais à travailler jusqu'à minuit, une, deux ou trois heures du matin durant des semaines. Des malentendus sans fin avec les gens du métier et le bruit assourdissant de Chicago m'ont parfois amené près de la limite de mon endurance nerveuse. Je suis cependant parvenu à maintenir mes facultés et à rédiger de nombreuses adjonctions à la "Cosmogonie". Si je n'avais pas été soutenu par les Frères, j'aurais succombé, mais c'était leur oeuvre et ils m'ont aidé jusqu'au bout. Tout ce qu'ils attendaient de moi était de travailler jusqu'aux limites de mon endurance et de mes capacités, et de leur laisser le soin du reste, mais j'était presque une épave lorsque cette tension a pris fin.

Maintenant, vous comprendrez peut-être mon attitude au sujet de la "Cosmogonie des Rose-Croix". Je l'admire et je suis, plus que quiconque, émerveillé de son magnifique enseignement, et je peux le dire sans que cela nuise à ma propre modestie, car ce livre n'est pas de moi, il appartient à l'humanité. Il me semble même ne pas l'avoir écrit, tellement je me sens impersonnel dans cette question. Mon travail était d'en surveiller la publication avec soin, et le droit d'auteur ne sert qu'à en protéger le texte de toute mutilation. Mais dès que je pourrai trouver, parmi nos membres, des mandataires sérieux et qualifiés, The Rosicrucian Fellowship sera constituée en société et tous les droits d'auteur lui seront laissés, ainsi que tout ce qui m'appartient, car c'est en accord avec les Frères Aînés que tous les profits provenant du travail doivent être reversés à l'Association, condition à laquelle j'ai volontiers consenti, car je n'ai aucun désir d'argent, sauf le nécessaire pour faire avancer notre travail, et Mrs Heindel est d'accord avec moi sur ce point. Ce travail béni est notre meilleure récompense, beaucoup plus précieuse que n'importe quelle rétribution matérielle.

Parmi les absurdités qui ont été publiées au sujet de l'Ordre de la Rose- Croix, on trouve une grande vérité: ils s'efforçaient de guérir les malades. D'anciens ordres religieux ont cherché à faire progresser la spiritualité en châtiant le corps et en le maltraitant, mais les Rose-Croix prennent grand soin de ce précieux instrument. A l'origine de leurs activités curatives, il y a deux raisons. Comme tous les autres serviteurs du Christ, ils aspirent ardemment au "jour du Seigneur". Ils savent que l'abus des fonctions sexuelles, encouragé par les esprits Lucifer, est cause de maladie et de débilité, et qu'un corps sain est indispensable à l'expression d'une mentalité saine. Ils se sont donc efforcés de guérir le corps afin qu'il puisse exprimer une pensée saine et un amour pur au lieu de sa perversion, car la conception dans de meilleures conditions hâte la venue du royaume du Christ en produisant des corps de matière de plus en plus subtile, lesquels remplaceront "la chair et le sang(qui) ne peuvent hériter du Royaume", étant physiologiquement inaptes.

Le Christ a donné deux commandements à ses messagers: "Prêchez l'Evangile" (de l'Age à venir) et "Guérissez les malades" (Matthieu 10:7-8). Pour les raisons précitées, l'un nous oblige autant que l'autre, chacun étant nécessaire. Pour se conformer au deuxième de ces commandements, les Frères Aînés ont élaboré un système de guérison qui combine les meilleurs principes des écoles d'aujourd'hui avec une méthode de diagnostic et de traitement aussi sûre que simple; ainsi un grand pas a été fait pour perfectionner l'art de guérir à partir des tâtonnements de l'expérimentation jusqu'à la certitude de l'exacte connaissance.

Au cours de la nuit du 9 avril 1910, jour de la nouvelle lune dans le Bélier, mon instructeur est apparu dans ma chambre et m'a dit qu'une nouvelle décennie, ou cycle, avait commencé cette nuit. La nuit précédente, mon travail dans le nouveau Centre du Fellowship à Los Angeles s'était terminé. J'avais voyagé et donné des conférences six soirs sur sept et, de plus, quelques après-midis. Depuis mon travail à Chicago pour la publication de la "Cosmogonie", j'avais été malade, et j'allais abandonner quelque temps le travail en public pour récupérer mes forces. Je savais qu'il est très dangereux de quitter son corps consciemment si l'on est malade, car l'éther est alors très atténué et la corde d'argent se rompt facilement. Mourir dans de telles conditions aurait causé les mêmes souffrances qu'un suicide, aussi est-il recommandé aux aides invisibles de rester dans leurs corps quand ils sont souffrants. Mais à la demande de mon Instructeur, j'ai déclaré que j'étais prêt, et quelqu'un a pris place près de mon corps pour veiller sur lui.


CHAPITRE 21 - NOTRE TRAVAIL DANS LE MONDE

Deuxième partie - Juin 1912

Comme nous l'avons expliqué antérieurement dans notre littérature, les Ecoles des Mystères Mineurs ont toutes neuf degrés, et l'Ordre de la Rose-Croix ne fait pas exception. Le premier degré correspond à la Période de Saturne, et les exercices qui y correspondent se font le samedi, jour de Saturne, à minuit. Le deuxième degré correspond à la Période du Soleil, et ce rite particulier est célébré chaque dimanche, jour solaire. Le troisième degré correspond à la Période de la Lune et se tient le lundi à minuit, et ainsi de suite avec le restant des sept degrés, chacun correspondant à une Période et se tenant le jour avec lequel il est en rapport. Le huitième degré est célébré à la nouvelle lune et à la pleine lune, et le neuvième degré aux solstices d'été et d'hiver.

Lorsqu'un disciple devient frère lai ou soeur laie, il est introduit aux rites de samedi. L'initiation suivante lui confère le droit d'assister au service de minuit au Temple le dimanche, et ainsi de suite. Il faut noter, cependant, que les frères lais ou soeurs laies ont le libre accès, dans leurs corps spirituel, au Temple tous les jours, bien qu'ils soient exclus des services de minuit des degrés qu'ils n'ont pas atteints. Il n'y a toutefois pas de gardien visible se tenant à l'entrée et demandant le mot de passe à tous ceux qui désirent entrer, mais une muraille est autour du Temple, invisible et pourtant impénétrable à ceux qui n'ont pas reçu la "clé". Elle est constituée différemment chaque nuit, de sorte que si, par erreur ou par oubli, un élève cherche à entrer dans le Temple quand les exercices sont au-dessus de son degré, il apprend qu'il est possible de donner de la tête contre une muraille spirituelle, et que cette expérience est loin d'être agréable.

Comme déjà dit, le huitième degré tient son service à la nouvelle et à la pleine lune, et tous ceux qui n'ont pas atteint ce degré ne peuvent pas assister à ce service de minuit; j'était parmi ces derniers, car ces services, loin d'être des simulacres auxquels on peut assister moyennant quelques vulgaires billets de banque, demandent une spiritualité bien au-delà de mon développement actuel, un état auquel je ne pourrai même pas atteindre en plusieurs vies, même si mes efforts et mes aspirations ne manquent pas. Vous comprendrez donc que la nuit de la nouvelle lune dans le Bélier, en 1910, quand l'Instructeur est venu me chercher, ce n'était pas pour me faire assister à cette réunion d'un caractère très supérieur, mais à une séance d'une autre nature. En outre, bien que cette séance ait correspondu à la nuit en Californie, l'heure est différente en Europe et les exercices de nouvelle lune avaient eu lieu plusieurs heures auparavant, de telle sorte qu'à mon arrivée au Temple avec mon Instructeur, le soleil était très haut dans le ciel.

Tout d'abord, j'ai eu un entretien seul à seul avec mon Instructeur; il m'a décrit ce que devrait être le travail du Fellowship, tel que les Frères Aînés le souhaitaient. La note dominante de cet entretien était de s'abstenir si possible de toute organisation, ou du moins qu'elle soit des plus libres. Il m'a fait remarquer que malgré les meilleures intentions de début, dès qu'un poste ou qu'un pouvoir est créé où la vanité humaine peut s'exercer, la tentation se révèle trop forte pour la plupart des gens. Or, dans la mesure où l'on porte atteinte au libre arbitre des membres, l'objet de l'Ordre de la Rose-Croix, qui est d'encourager l'individualité et la confiance en soi, est voué à l'échec. Les statuts et les règlements sont des limitations et, pour cette raison, il faudrait en avoir le moins possible. L'Instructeur pensait même qu'on pourrait s'en passer entièrement.

C'est en accord avec ces directives que j'ai imprimé sur l'entête de nos lettres la mention "ASSOCIATION internationale de Mystiques Chrétiens", car il y a une grande différence entre une association qui est entièrement volontaire et une organisation qui lie ses membres par des serments, des voeux, etc. Ceux qui ont accepté de prendre l'engagement de candidats du Rosicrucian Fellowship savent que cet engagement est une promesse faite à eux-mêmes et non à l'Ordre de la Rose-Croix. Le même scrupuleux respect pour le maintien futur de la liberté individuelle la plus grande est en évidence dans tous les secteurs de l'Ecole occidentale des Mystères. Nous n'avons pas de Maîtres, ils sont nos amis et nos Instructeurs; et dans aucune circonstance ils n'exigent obéissance à une prescription de leur part, ni ne nous ordonnent de faire ceci ou cela. Tout au plus, ils nous donneront un conseil en nous laissant libres de le suivre ou non.

Je puis dire que cette façon de ne pas organiser a été appliquée à la mise en train des Centres de Columbus (Ohio), de Seattle et de Los Angeles, mais depuis lors je suis allé encore plus loin en essayant de diffuser nos enseignements individuels à partir d'un centre mondial plutôt que de fonder des centres dans différentes villes. Dans certaines localités, des groupes d'étudiants ont désiré s'unir pour l'étude et l'élévation spirituelle. A cet effet, toute l'aide nécessaire leur a été donnée, mais, comme déjà dit, je n'ai plus formé moi-même de centres d'études, préférant laisser les étudiants agir comme ils s'y sentent poussés.

Toutefois, notre nouvelle activité de guérison, dont je vais parler, rendait un siège permanent nécessaire. Comme nous vivons dans un monde concret, sous des conditions matérielles, il semble nécessaire que ce siège soit constitué en société selon les lois du pays dans lequel nous vivons, de telle sorte que ce qui appartient à l'oeuvre puisse rester utilisable au profit de l'humanité après que les chefs actuels auront quitté la vie physique. A ce point de vue, nous ne pouvons échapper, pour le statut du siège, à des conditions strictes, mais l'Association proprement dite doit rester libre, afin d'atteindre à la croissance de l'âme la plus élevée, et à la durée la plus longue possible. Il est cependant regrettable de prévoir que, bien que telles soient nos intentions, un jour devra venir où The Rosicrucian Fellowship suivra la pente de tous les autres mouvements: elle se liera par des règlements, et l'usurpation de pouvoir la fera se fossiliser et se désagréger. Mais nous avons la consolation de savoir que sur ses ruines s'élèvera quelque chose de plus grand et de meilleur, tout comme ce fut le cas d'autres organismes qui ont servi leur but et sont en train de se dissoudre à présent.

Après l'entretien mentionné ci-dessus, nous sommes entrés dans le Temple, où les douze Frères étaient présents. L'arrangement était différent de ce que j'avais vu jusqu'ici, mais le manque de place m'empêche de donner des détails. Je me bornerai à mentionner trois sphères suspendues les unes au-dessus des autres au centre du Temple; la sphère du milieu se trouvait approximativement à mi-hauteur entre le sol et la voûte; elle était bien plus grande que les deux autres, suspendues au-dessus et au-dessous d'elle.

Au-delà de la vue physique, les différentes sortes de vision sont la vue éthérique ou rayons X, la vision colorée qui nous ouvre la porte du monde du désir, et la vision sonore qui nous met en contact avec la région de la pensée concrète, ainsi que cela a été expliqué dans les "Mystères Rosicruciens". Mon développement de cette dernière phase de la vue spirituelle avait été presque nul jusqu'à ce moment, car c'est un fait reconnu que plus notre santé est robuste, plus nous sommes liés au monde matériel, et moins capables de prendre contact avec les plans spirituels. Ceux qui peuvent dire "je n'ai jamais été malade un seul jour" révèlent en même temps qu'ils sont en parfaite harmonie avec le monde physique et complètement incapables de prendre contact avec le monde spirituel.

Ceci était à peu près mon cas jusqu'en 1905. J'avais cruellement souffert toute ma vie des suites d'une opération à ma jambe gauche durant mon enfance. La plaie n'arrivait pas à guérir jusqu'au jour où j'ai adopté une alimentation sans viande. A partir de ce moment, la douleur a cessé. Néanmoins, durant toutes ces années précédentes, mon endurance était telle, que la souffrance n'apparaissait jamais sur mon visage, et pour le reste, ma santé était parfaite. Cependant, lorsque le sang coulait par suite d'une blessure accidentelle, il ne se coagulait pas, et j'en perdais chaque fois une certaine quantité, alors qu'après deux ans d'une alimentation pure, la perte d'un ongle entier dans la matinée ne m'avait fait couler que quelques gouttes de sang. Le même après-midi, j'ai pu utiliser la machine à écrire, et je n'ai pas eu de suppuration lors de la croissance du nouvel ongle.

Le développement du côté spirituel de ma nature a cependant produit de la dissonance dans mon corps physique, devenu plus sensible aux conditions environnantes, et il en est résulté un épuisement nerveux, d'autant plus complet, en raison des efforts faits précédemment qui m'avaient maintenu sur pied pendant des mois au lieu de céder, si bien que je me suis trouvé à deux doigts de la mort.

Comme la mort est la dissolution permanente des liens entre le corps physique et les véhicules spirituels, ceux dont la vie va bientôt se terminer approchent de la condition qui prévaut lorsque la séparation est sur le point de se faire. Goethe, le grand poète allemand, a reçu sa première initiation lorsque son corps était extrêmement affaibli, prêt à mourir. Je ne m'étais pas développé à ce point, mais mes études, mes aspirations et un exercice que je croyais avoir imaginé, mais qui était une réminiscence du passé, ainsi que je l'ai appris plus tard, tout cela m'a donné la possibilité de quitter momentanément mon corps pendant cette première maladie, puis d'y rentrer. Je ne comprenais pas comment cela s'était produit et j'étais incapable de le faire à volonté. L'année suivante, cela s'est renouvelé par accident, mais ceci sort de notre sujet. Le point sur lequel j'insiste, c'est que la perte d'une robuste santé physique est nécessaire avant qu'il soit possible d'atteindre l'équilibre dans le monde spirituel. Plus la force et la vigueur du corps sont grandes, plus énergiques devront être les moyens employés pour l'abattre. Puis, pendant des années, on se trouve dans une condition incertaine, mal équilibrée, jusqu'à ce que l'on parvienne finalement à conserver la santé dans le monde physique, tout en gardant la faculté d'accéder également à des plans supérieurs.

En ce qui me concerne, un travail assidu, aussi bien physique que mental, jusqu'à ce jour, a laissé mon corps physique dans un état qui est loin d'être satisfaisant. Des amis m'ont mis en garde, et j'ai essayé de suivre leurs conseils, mais le travail devait être fait, et à moins de recevoir de l'aide, je suis forcé de continuer sans tenir compte de ma santé, et Mrs Heindel est de mon avis sur ce point comme pour le reste. Cependant, de cette condition précaire m'est venue la facilité croissante d'agir dans le monde spirituel. Tandis que, comme je viens de le dire, ma vision dans le monde du son et la faculté d'agir dans la région de la pensée concrète étaient très médiocres et principalement centrées sur la région inférieure, un peu d'aide de la part des Frères Aînés m'a permis, ce jour-là, d'atteindre la quatrième région, celle des archétypes, et d'y recevoir l'enseignement et la compréhension de ce qui est considéré comme l'idéal le plus élevé et la mission du Rosicrucian Fellowship.

J'ai vu notre Siège, vers lequel se dirigeaient une foule de gens venant de toutes les parties du monde pour recevoir l'enseignement. Je les ai vus sortir de là pour soulager les affligés proches ou lointains. Tandis qu'ici, en ce bas monde, il est nécessaire de chercher pour se renseigner sur n'importe quoi, sur ce niveau élevé, la voix de chaque archétype apporte avec elle, au moment où elle rencontre la conscience spirituelle, la connaissance de ce que cet archétype représente. Ainsi, durant cette nuit, il m'est venu une compréhension bien au-delà de ce que mes paroles peuvent exprimer, car le monde dans lequel nous vivons est basé sur le principe du temps, alors que dans les régions élevées des archétypes, tout est un éternel Maintenant. Ces archétypes ne racontent pas leur histoire comme je le fais ici, mais il se crée en nous une conception instantanée de toute l'idée, bien plus lumineuse que celle que nous donnerait un narrateur par son éloquence. Depuis le temps où cela s'est produit, je n'ai pas osé essayer de le traduire en paroles, mais je vais m'efforcer, dans la leçon suivante de vous en donner une image. (Cette leçon est mentionnée et commentée dans les "Lettres aux Etudiants" n. 19 et 20)


CHAPITRE 22 - NOTRE TRAVAIL DANS LE MONDE

Troisième partie - Juillet 1912

La région de la pensée concrète, ainsi que vous l'aurez appris par nos enseignements, est le royaume du son, où l'harmonie des sphères, cette musique céleste, pénètre toutes choses, comme l'atmosphère de la Terre entoure et enveloppe tout ce qui est terrestre. On peut dire que tout ce qui existe sur ce plan élevé est entouré et pénétré par la musique, car cette région vit par la musique et se développe par elle. C'est là que le Verbe de Dieu se fait entendre et forme tous les différents modèles qui se cristallisent ensuite en choses que nous voyons dans ce monde terrestre.

Sur un piano, cinq touches noires et sept blanches font un octave. Outre les sept globes sur lesquels évoluent les esprits au cours d'un Jour de manifestation, il y a cinq globes obscurs sur lesquels nous passons pendant les Nuits cosmiques. Dans chaque cycle de vie, l'Ego se retire pour un temps dans le plus dense des cinq, qui est le Chaos, ce monde sans formes où rien ne subsiste, excepté les centres de force appelés atomes-germes. Au début d'un nouveau cycle de vie, l'Ego redescend dans la région de la pensée concrète, où la "musique des sphères" fait immédiatement vibrer les atomes-germes.

Il y a sept sphères, qui sont les planètes de notre système solaire. Chacune a sa note dominante et émet un son différent de celui des autres planètes. L'une d'entre elles vibre en synchronisme avec l'atome-germe de l'Ego cherchant à s'incarner. Cette planète correspond alors à la tonique de la gamme et, bien que les notes des autres planètes soient nécessaires à la construction d'un organisme complet, chacune de ces notes se modifie pour se conformer à l'impulsion fondamentale de la planète la plus en harmonie, qui est par conséquent le gouverneur de cette vie, son Astre-Père. Comme dans la musique terrestre, il y a aussi, dans la musique céleste, des harmonies et des dissonances qui exercent leur effet sur l'atome-germe et contribuent à la construction de l'archétype. Des lignes de force vibratoire sont ainsi formées, qui attirent et arrangent plus tard les particules physiques, tout comme le sable forme des figures géométriques sur une plaque de métal frottée par un archet.

Le long de ces lignes vibratoires archétypales, le corps physique se construit plus tard de manière à exprimer fidèlement l'harmonie des sphères, telle qu'elle se jouait durant la période de construction. Cependant, cette période est beaucoup plus longue que la durée réelle de la gestation, et elle varie selon la complexité de la structure requise par la vie cherchant à se manifester. Le processus de construction de l'archétype n'est pas continu, car sous les aspects planétaires qui produisent des sons auxquels le pouvoir vibratoire de l'atome-germe ne peut réagir, il se contente de bourdonner à partir des sons qu'il a déjà appris; et de cette manière il attend un nouveau son qu'il puisse utiliser pour continuer à construire l'organisme qu'il désire pour s'exprimer.

Ainsi, du moment que l'organisme terrestre habité par chacun de nous se modèle selon les vibrations produites par la musique des sphères, nous pouvons comprendre que les dissonances qui se manifestent sous forme de maladies sont produites en premier lieu par une dissonance spirituelle intérieure. Il est aussi évident que si nous pouvons connaître exactement la cause directe de ce manque d'harmonie et y remédier, la manifestation physique de la maladie disparaîtra rapidement. C'est là le renseignement qui nous est donné par le thème astrologique, car c'est ainsi que chaque planète, dans la maison et le signe qu'elle occupe, exprime l'harmonie ou la dissonance, la santé ou la maladie. Par conséquent, tous les procédés de guérison ne sont satisfaisants que dans la mesure où ils prennent en considération les harmonies et les dissonances astrales exprimées dans cette roue de la vie qu'est un horoscope.

Bien que les lois de la nature qui gouvernent les régions inférieures soient toutes-puissantes dans les circonstances ordinaires, il y a des lois supérieures qui s'appliquent aux plans spirituels et qui peuvent, dans certaines circonstances, supplanter les autres. Par exemple, le pardon des péchés, une fois que nous les avons reconnus et que nous nous en repentons, nous est accordé en remplacement de la loi qui exige oeil pour oeil et dent pour dent. Lorsque le Christ était sur la terre et guérissait les malades, il incorporait en lui-même, en tant que Seigneur du Soleil, la synthèse des vibrations planétaires, comme l'octave englobe la gamme entière; Il pouvait donc émettre de lui-même l'influence planétaire corrective requise pour chaque cas. Il percevait la dissonance et savait à l'instant par quoi la compenser en vertu de son développement très supérieur. Il n'avait pas besoin d'autre préparation, mais il obtenait des résultats immédiats en substituant l'harmonie à la dissonance planétaire qui était cause de la maladie en question. Une fois seulement, il s'est retranché derrière une loi supérieure, en disant: "Lève-toi, tes péchés sont pardonnés".

Il en est de même avec les moyens ordinairement appliqués dans le système rosicrucien de guérison; ils dépendent de la connaissance des dissonances planétaires qui causent la maladie, et de l'influence qui remédiera à ce désaccord, et ceci nous a suffi jusqu'ici pour tous les cas traités. Toutefois, il existe un procédé plus efficace, applicable sous les lois supérieures, qui peut accélérer la guérison dans ces cas chroniques et dans certaines circonstances où un repentir sincère de l'erreur existe, et ce procédé peut faire disparaître la maladie avant que la destinée, froide et sévère, en ait décidé à son tour.

Lorsqu'on observe un malade au moyen de la vue spirituelle, que le corps soit amaigri ou non, il est évident pour le clairvoyant que les véhicules supérieurs sont plus ténus qu'en pleine santé. Ainsi, ils ne transmettent pas au corps physique une quantité suffisante de vitalité, de sorte que ce véhicule se désorganise plus ou moins. Mais quel que soit l'amaigrissement du corps physique, il existe certains centres qui, selon le développement spirituel du sujet, peuvent être très ténus, même en état de santé, ils peuvent s'obstruer à un degré plus ou moins grand selon la gravité de la maladie. Ceci est particulièrement le cas pour le centre principal situé entre les sourcils. L'esprit s'y trouve enfermé, parfois à un degré tel, qu'il perd contact avec le monde extérieur et ses progrès. Il devient tellement replié sur sa propre condition que, seule, une rupture complète du corps physique pourrait le libérer. Cet état peut encore durer de longues années, et entre temps l'inharmonie planétaire qui avait causé le début de la maladie peut s'être éloignée, mais le patient est incapable de profiter de cette amélioration. En de tels cas, un flot d'énergie spirituelle d'un certain genre est nécessaire pour apporter à l'âme son message: "Tes péchés te sont pardonnés". Une fois ce message entendu, le malade peut répondre au commandement "Prends ton lit et marche".

Dans notre humanité actuelle, personne ne peut se mesurer au Christ, aussi personne ne peut exercer Son pouvoir dans des cas aussi extrêmes, mais le besoin de ce pouvoir en active manifestation existe aujourd'hui tout autant qu'il y a deux mille ans. L'Esprit pénètre toutes choses à l'intérieur de notre planète et sur sa surface, mais à des degrés variables. Il a plus d'affinité pour certaines substances que pour d'autres. Etant une émanation du principe Christique, c'est l'Esprit Universel, composant le Monde de l'Esprit de Vie, qui restaure l'harmonie synthétique du corps.

Lors de la nuit mémorable mentionnée précédemment, il a été montré à l'auteur, dans le Temple de la Rose-Croix, une substance avec laquelle l'Esprit Universel pourrait se combiner avec la même facilité que de grandes quantités d'ammoniaque se combinent à l'eau. A l'intérieur de la grande sphère centrale mentionnée dans la précédente leçon se trouvait une plus petite sphère contenant de petits paquets remplis de cette substance. Lorsque les Frères se furent rangés dans un certain ordre, et qu'une harmonieuse musique eut préparé l'ambiance, les trois globes se teintèrent soudain brillamment des trois couleurs fondamentales; bleu, jaune et rouge. La clairvoyance de l'auteur lui a permis de constater clairement que, sous l'effet de cette incantation, la substance contenue dans les paquets mentionnés ci-dessus devenait lumineuse par l'apport d'une essence spirituelle qui n'y était pas contenue auparavant. Quelques-uns de ces paquets ont été, par la suite, utilisés par les Frères avec un succès immédiat. A leur contact, les particules cristallisantes obstruant les centres spirituels des malades se dispersaient comme par magie, et les personnes souffrantes avaient le sentiment de s'éveiller à la santé dans un parfait sentiment de bien-être.

(Note - Les quatre chapitres qui suivent proviennent de manuscrits de Max Heindel qui n'étaient pas encore publiés lors de son décès. Plus tard, ils ont paru dans la revue "Rays from the Rose-Cross")


CHAPITRE 23 - LA DAMNATION ÉTERNELLE ET LE SALUT

Comme nous avons chaque semaine, au Siège, un certain nombre de cours où peut s'exercer la partie intellectuelle de notre nature, le service du dimanche après-midi (actuellement, ce service n'a plus lieu en fin d'après-midi, mais le matin à 11 heures), y compris l'allocution, s'adresse à notre coeur. Vous savez que l'objectif du Rosicrucian Fellowship est de combiner l'intelligence et le coeur; c'est pourquoi les allocution du dimanche devraient être largement consacrées à éveiller notre coeur, à en faire vibrer les cordes. C'est une chose dont nous avons grand besoin, beaucoup plus même que du développement intellectuel. Nous sommes trop enclins, dans notre civilisation actuelle, à suivre la direction intellectuelle et à toujours chercher, pour nos problèmes, une explication qui satisfasse uniquement le mental, en oubliant ce qui pourrait aussi trouver un écho dans le coeur. C'est la raison pour laquelle celui qui vous parle va tâcher de vous conduire plutôt dans une forme de méditation dans laquelle les exhortations s'appliqueront davantage au coeur qu'à l'esprit et qui s'adresseront aussi bien à lui-même qu'à toute autre personne.

La semaine dernière, le Frère Aîné qui a été notre Instructeur durant quelque temps, a demandé que l'allocution du dernier dimanche soit répétée sous une autre forme, de manière à aborder la phase de notre philosophie qui, à présent, demande notre plus grande attention, c'est-à-dire de nous rendre aptes à faire un travail plus élevé. Si nous considérons l'homme tel qu'il est à présent, nous n'avons de lui qu'une vue partielle, car il est, comme toute chose, sans cesse en train d'évoluer, mais à moins de nous préparer à ce futur, nous ne pourrons jamais l'atteindre. Il est par conséquent nécessaire d'avoir constamment nos yeux fixés sur l'avenir, de façon à connaître ce qui nous attend. Il nous faut aussi nous efforcer de vivre selon nos idéaux, car il faut les pratiquer pour y atteindre avec le temps.

Lorsque nous avons atteint un idéal, ce n'est plus un idéal pour nous. Il y avait un temps où certains d'entre nous se nourrissaient de viande, une nourriture qui s'obtient par des moyens tragiques, en ôtant la vie. Nous avons donc pensé renoncer à cette habitude, et après quelque temps nous avons atteint cet idéal en devenant ce qu'on appelle des "végétariens". Dès ce moment, la nourriture végétarienne n'était plus un idéal pour nous, puisque nous l'avions réalisé. Ainsi, dans la vie spirituelle, il y a des idéaux de plus en plus élevés et qu'il faut s'efforcer d'entretenir pour pouvoir y atteindre, car c'est seulement en les vivant que nous pourrons développer un jour ce qui est le plus élevé en nous.

Maintenant, nous allons aborder un sujet connu des églises, sous le nom de "damnation éternelle et salut". Cette doctrine, nous avons peut-être pensé pouvoir la rejeter. Nous avons sans doute entendu des prédications parlant de l'enfer et disant aux fidèles qu'ils devaient immédiatement s'occuper de leur salut s'ils ne voulaient pas être condamnés pour l'éternité. Il se peut alors que, nous méfiant d'une telle doctrine, peut-être irrité à la pensée que Dieu aurait créé des êtres pour pouvoir tourmenter éternellement le plus grand nombre d'entre eux, nous nous soyons éloignés de l'église pour rechercher d'autres religions ou philosophies.

Certains d'entre nous se sont peut-être tournés vers les religions orientales qui enseignent la continuité de la vie et le processus par lequel l'homme évolue jusqu'à devenir finalement un dieu. Peut-être qu'en étudiant ces doctrines, nous aurons eu une idée de l'infinité du temps, au point d'encourir le discrédit du monde occidental, car certains pensent que cette infinité de temps rend inutiles les efforts que nous faisons. Le monde occidental a reçu les doctrines de la damnation éternelle et du salut éternel, et bien qu'il nous soit impossible d'y croire telles qu'elles sont traditionnellement enseignées, il n'en est pas moins vrai que ces doctrines jumelles recouvrent une grande vérité.

La compréhension intelligente de ces doctrines dépend de ce qu'on entend par le mot "éternel". En consultant le texte original en grec, nous trouvons qu'ils s'agit de l'adjectif "aïônios" que le dictionnaire traduit par "pour un âge, une durée non définie de temps". Dans l'épître de Paul à Philémon, où il parle de lui renvoyer l'esclave Onésime, il ajoute: "Peut-être a-t-il été séparé de toi pour un temps afin que tu le recouvres pour toujours" (aïônion). Comme ni Onésime, ni Philémon n'étaient immortels, ces mots "pour toujours" ne peuvent se rapporter qu'aux quelques années de vie sur terre d'Onésime, et non à l'éternité. Ainsi, nous voyons que le mot "éternel" ne traduit pas la notion voulue. Mais alors, dans quel sens devons-nous le prendre?

En observant la marche du monde et en songeant au processus de l'évolution, nous pouvons apprendre que le pèlerinage de l'esprit à partir du limon de la terre jusqu'à Dieu est une progression éternelle avec de nombreux degrés et de nombreux points où l'esprit se repose pour un temps, puis avance de nouveau. Ayant étudié dans notre philosophie les époques et les périodes qui les ont précédées, nous nous rappellerons que la première séparation réelle de l'humanité s'est produite vers la fin de l'époque Lémurienne. Il y avait ce qu'on peut appeler un "peuple élu", avec une certaine division dans les corps du désir d'une partie des gens vivant à cette époque. L'esprit a pu entrer en ceux dont le corps du désir s'était ainsi divisé et qui était formé d'une matière-désir plus fine, et ce sont eux qui sont devenus des hommes tels que nous les connaissons aujourd'hui. Telle a été la première race; ensuite d'autres races ont été créées, dont sept pendant l'époque Atlantéenne et jusqu'ici cinq pendant l'époque Aryenne. Il s'en créera encore deux dans cette époque, plus une dans la sixième. Après cela les races auront fini d'exister.

Mais au cours de cette évolution, et pendant que ces millions d'esprits progressaient continuellement d'étape en étape, certains n'ont pas progressé avec leur groupe, même à l'époque où nous n'étions pas encore conscients. N'étant pas si adaptables que les autres, ils n'ont pu arriver au degré suivant de leur évolution. Nous en sommes maintenant au point où les changements s'accélèrent, où il y a moins de temps que précédemment entre une race et la suivante, de telle sorte que les Frères Aînés considèrent les races avec un souci qui justifie leur titre de "seize sentiers vers la destruction".

Nous voici donc à notre leçon: d'une race à la suivante, il y a un pas à franchir. Nous avons passé par la race de l'époque Lémurienne, puis par les sept races atlantéennes, et ensuite les premières races Aryennes. Nous avons progressé en même temps que les autres et nous avons chaque fois passé le point où une sélection était faite, ceci nous permettant d'arriver au salut. Ce système est analogue à celui de l'école où les enfants progressent de l'école maternelle jusqu'à l'université. Chaque année, quelques-uns sont laissés en arrière et obligés d'apprendre les leçons qu'ils n'avaient pas assimilées l'année précédente, mais on leur donne une autre occasion d'avancement. Il y a donc toujours des Egos retardataires, et quelques-uns, plus zélés, qui sont en tête.

Voici la question à laquelle nous devons répondre ce soir, vous et moi: serons-nous parmi les retardataires, ou voulons-nous bien nous appliquer comme nous le devons et le pouvons? Ayant reçu cette merveilleuse doctrine, ayant connu la vérité extraordinaire de la continuité de la vie, allons-nous rester à l'arrière en nous disant: "Nous avons tout le temps. Nous ne croyons pas à cette doctrine de la damnation éternelle et nous savons que nous serons tous sauvés, le moment venu". Certains atteindront le but avant les autres et il y en a qui resteront en arrière, mais la question est celle-ci: serons-nous une aide ou une entrave pour la race humaine? Aujourd'hui, nous sommes les pionniers du monde occidental et nous possédons une philosophie expliquant, mieux que toute autre, les problèmes de la vie. Ainsi la question se pose: allons-nous l'utiliser d'une manière pratique, en nous efforçant de la vivre dans notre existence quotidienne?

Ce n'est pas notre croyance qui importe, mais c'est de vivre cet idéal. Ce n'est pas une question de foi, mais de la démontrer par nos oeuvres. Avons- nous implanté nos idéaux dans notre vie quotidienne? Ceux qui nous entourent nous observent et ils voient en nous, soit un exemple de ce qu'ils devraient être, soit de ce qu'ils ne devraient pas être. Chaque dimanche, nous entendons ces enseignements, nous apprenons les leçons de la vie et nous méditons sur le mot "service", mais comment vivons-nous cet idéal? Allons-nous dans le monde pour pratiquer ces préceptes et pour y vivre d'une manière qui corresponde à ces idéaux, en donnant un exemple pratique de la valeur des enseignements reçus ici? Personne ne peut affirmer qu'il agit de son mieux; nous sommes tous bien en-deça. Alors se pose la question; cet idéal serait-il trop élevé? Non, il ne l'est pas. Il existe un moyen grâce auquel nous pouvons vivre chaque jour de mieux en mieux, et le voici:

Ceux qui, parmi vous, n'ont pas pratiqué les exercices recommandés dans notre littérature devraient sérieusement penser à les faire. Je vous le conseille vivement, car même si vous ne notez pas d'amélioration en vous-mêmes, que les autres le remarquent ou non, il se produit malgré tout un mieux. Nous ne pouvons pas, jour après jour, revoir nos pensées et nos actes sans mieux vivre individuellement, sans devenir meilleurs. Les deux exercices rosicruciens ne sont pas difficiles et ne demandent que peu de temps; il n'est pas nécessaire, pour cela, de prendre sur le temps réservé à notre travail quotidien. Ce serait aussi mal d'agir ainsi en vue de nous développer que d'accaparer le pain réservé aux autres membres de la famille et de le manger nous-mêmes. Toute forme d'égoïsme doit être évitée. Nous devrions essayer de progresser de jour en jour, de devenir meilleurs afin que, par notre apport, The Rosicrucian Fellowship reçoive un regain de vie.

Les candidats qui pratiquent ces exercices et qui, de cette manière, s'identifient aux enseignements rosicruciens, exerceront une influence plus utile et plus puissante qu'il ne serait possible autrement. Par conséquent j'insiste encore - et je ne le répéterais pas si cela ne m'avait pas été spécialement demandé - que tous ceux d'entre vous qui le peuvent pratiquent ces exercices et s'efforcent de vivre une vie en rapport avec nos enseignements, car ce n'est qu'en commençant à vivre la vie régénérée que nous pourrons nous préparer pour les progrès futurs.

Au moment où le point vernal du soleil passe dans une nouvelle constellation zodiacale, l'humanité reçoit toujours une nouvelle impulsion spirituelle. Cette impulsion doit trouver une voie pour se déverser, un organe prêt à vibrer en harmonie avec cette vibration. Avant qu'un certain nombre de personnes ne se soient préparées à recevoir cette vibration et à la transmettre, l'enseignement qui est en rapport avec cette impulsion spirituelle ne pourra être donné.

Nous savons comment, au cours des dix-neuf cents ans passés, le retour du Christ avait été attendu, et comment, du temps des apôtres, certains espéraient voir son avènement et croyaient qu'il allait fonder sur la terre un royaume de ce monde. Il en est de même aujourd'hui, et nous trouvons des gens attendant sa venue comme celle d'une personne physique. Mais comme le dit Angelus Silesius:

"Le Christ serait-il né mille fois sur la terre S'il ne naît en toi, ton âme est solitaire. La croix du Golgotha tu contemples en vain, Tant qu'en ton coeur tu ne l'élèves point".

Tout comme un diapason donnant une certaine note commence à vibrer lorsque l'on frappe un autre diapason de même tonalité, il en sera de même pour nous. Lorsque nous aurons accordé nos vibrations à celles du Christ, nous serons capables d'exprimer l'amour qu'il est venu enseigner à l'humanité et qu'ici nous essayons d'inculquer dans nos services du dimanche. Avant de vivre conformément à cet amour et de percevoir le Christ intérieur, nous ne pouvons pas voir le Christ extérieur. Par conséquent, rappelons-nous ce petit poème:

Ne perdons pas notre temps à soupirer Après des choses glorieuses mais impossibles. N'attendons pas en rêvassant Qu'il nous pousse des ailes d'ange. Ne dédaignons pas d'être d'humbles chandelles, Car chacun ne peut être une étoile; Mais éclairons l'obscurité En brillant juste là où nous sommes.

L'humble lumignon a son office Tout comme le superbe soleil, Et l'acte le plus simple est ennobli Lorsqu'il est dignement accompli. Nous pouvons n'être jamais appelés A illuminer de lointains lieux obscurs. Remplissons donc notre mission En brillant juste là où nous sommes."


CHAPITRE 24 - L'ARC-EN-CIEL

Avant de vous parler à nouveau de l'arc-en-ciel", un sujet déjà traité auparavant, je dois vous expliquer pourquoi. Récemment j'ai dicté le texte d'un livre, et certains des points qui avaient été traités ont exigé quelques recherches, l'un d'eux étant la force vitale qui entre dans le corps par la rate (il doit s'agir du sujet "Le corps vital", page 79 à 83 des "Mystères Rosicruciens", rédigé durant l'hiver 1910-1911, donc avant l'installation à Mount Ecclesia. Vu son ton personnel, l'allocution ci-après s'adressait probablement à un petit groupe de membres du nouveau centre de Los Angeles). Ces recherches ont montré que cette force se manifeste en diverses couleurs et que, dans les différents règnes, elle travaille différemment. Par conséquent, avant de publier le livre, j'avais plusieurs choses à vérifier. Après avoir lu une partie de mon manuscrit, un ami a fait venir de sa bibliothèque, à Seattle, un livre du Dr Babbitt, publié quarante ans auparavant, et intitulé: "Principes de la lumière et de la couleur". J'ai trouvé ce livre très intéressant et je me suis aperçu qu'il avait été écrit par un clairvoyant. Après avoir passé une heure à étudier ce livre, je me suis mis à faire moi- même des recherches, si bien que de nombreux éclaircissements m'ont été donnés à ce sujet. C'est d'ailleurs un sujet des plus profonds, car la vie même de Dieu semble incorporée dans ces couleurs.

Entre autres choses, en remontant le cours de l'évolution au sujet de la lumière et de la couleur, je suis arrivé à un point où il n'y avait plus de lumière, comme l'indique la "Cosmogonie". J'ai alors suivi les différents degrés de formation des planètes, et je suis arrivé au point où l'arc-en-ciel a été aperçu dans les nuages. Toutes ces recherches m'ont fait une profonde impression et m'ont inspiré un fort sentiment dévotionnel.

Il est dit dans la Bible que "Dieu est Lumière", et rien ne saurait mieux nous révéler la nature de Dieu que ce symbole. Si un clairvoyant remonte dans un passé très lointain et observe la formation de notre planète, il verra d'abord une sorte de nuage sombre et sans forme sortir du Chaos. Il verra ensuite ce nuage de substance vierge se transformer en lumière, grâce au Fiat créateur. Ceci sera sa première manifestation, un lumineux brouillard de feu. Alors arrivera le moment où l'humidité s'est formée autour de ce brouillard de feu, et plus tard ce sera la période dite de la Lune. Plus tard encore apparaîtra la condition plus sombre et plus dense appelée la période de la Terre.

A l'époque Lémurienne, la première croûte terrestre s'est formée lors de l'évaporation de l'eau écumante et bouillante. Chacun sait qu'en faisant bouillir à plusieurs reprises de l'eau dans un récipient, il se dépose du tartre sur les parois. De la même manière, l'ébullition de l'eau à l'extérieur de cette sphère brûlante a formé l'enveloppe dure et rocheuse qui constitue la surface de la Terre.

La Bible nous dit que dans l'époque suivante, celle de l'Atlantide, il ne pleuvait pas sur la Terre, mais qu'un brouillard s'en élevait. De la terre humide montait un brouillard qui enveloppait complètement notre globe. Il nous était impossible de voir le soleil comme nous le voyons maintenant; sa lumière ressemblait à celle d'un lampadaire par une nuit de brouillard, avec une sorte d'aura autour de lui. C'est dans cette atmosphère humide que nous avons vécu au début de l'époque Atlantéenne. Plus tard, l'atmosphère s'est graduellement refroidie et l'humidité s'est condensée en eau, chassant finalement les Atlantéens vers les hauteurs par le déluge, tel qu'il est mentionné dans les différentes religions.

Tant qu'avait subsisté cette atmosphère humide, l'arc-en-ciel était une impossibilité. Ce phénomène se manifeste habituellement lorsqu'il y a une éclaircie d'un côté et un nuage de l'autre. Il est alors venu un moment où l'humanité a vu pour la première fois un arc-en-ciel. En voyant cette scène dans la Mémoire de la Nature, j'étais émerveillé. Il y avait des réfugiés venus de l'Atlantide, qui se trouve maintenant partiellement sous l'océan Atlantique et qui comprenait également des territoires incorporés maintenant à l'Europe et à l'Amérique. Ces réfugiés avaient été chassés vers l'est par les eaux jusqu'à ce qu'ils arrivent à un endroit où le sol était élevé, où l'atmosphère était partiellement éclaircie et où ils voyaient clairement le ciel au-dessus d'eux. Soudain, ils ont vu se former un gros nuage, d'où sortaient des éclairs. Ils ont entendu le bruit du tonnerre, et ceux qui avaient échappé à l'inondation et avaient fui sous la conduite d'un guide qu'ils révéraient comme un dieu, se sont tournés vers lui et lui ont demandé: "Qu'est-ce qui va nous arriver maintenant? Allons-nous finir par être détruits?" Il montra alors l'arc-en-ciel dans le nuage et dit: "Non, car aussi longtemps que cet arc apparaîtra dans le ciel, les saisons se succéderont régulièrement", et le peuple, avec admiration et soulagement, contempla cet arc plein de promesses.

En considérant cet arc comme l'une des manifestations de la divinité, nous pouvons apprendre de merveilleuses leçons de dévotion, car tandis que nous regardons les éclairs avec un respect mêlé de crainte et que nous entendons le tonnerre avec frayeur, l'arc-en-ciel éveille toujours dans le coeur humain un sentiment d'admiration pour la beauté de ses sept couleurs. Rien ne peut se comparer avec cet arc merveilleux, et je voudrais attirer votre attention, à ce sujet, sur quelques faits physiques.

Tout d'abord, l'arc-en-ciel n'apparaît jamais à midi; il apparaît toujours lorsque le soleil monte sur l'horizon ou lorsqu'il redescend après avoir traversé plus de la moitié de la distance entre le méridien et l'horizon. Plus le soleil est près de se coucher, plus l'arc-en-ciel est clair, grand et beau. Il n'apparaît jamais dans un ciel sans nuages., Il a ordinairement comme fond un nuage sombre et lugubre, et nous le voyons toujours en tournant le dos au soleil, car on ne peut voir l'arc-en-ciel et le soleil en même temps. Lorsqu'on regarde l'arc d'en-bas, il apparaît comme un demi-cercle au-dessus de la terre et de nous, mais plus nous montons, plus le cercle est grand, et dans les montagnes, lorsque nous atteignons une certaine hauteur au-dessus de l'arc-en-ciel, nous le voyons comme un cercle septuple, tout comme la septuple divinité dont il est la manifestation.

Ayant devant nous ces réalités physiques, voyons maintenant l'interprétation mystique du sujet. Dans la vie ordinaire, lorsque nous sommes au plus haut point de notre activité physique, lorsque la prospérité est à son degré le plus élevé, que toutes choses nous apparaissent claires et lumineuses, nous n'avons pas besoin de la manifestation de la vie et de la lumière divines. Nous n'avons pas besoin de l'alliance que Dieu a conclue avec l'homme lors de son entrée dans l'époque Aryenne. La vie régénérée ne nous intéresse pas. Notre esquif vogue sur une mer sereine d'été et rien ne nous inquiète; tout va tellement bien pour nous ici qu'il ne semble pas nécessaire de voir plus loin.

Mais voici soudain la tempête, un moment où, dans chaque vie, les ennuis et les soucis s'abattent sur nous. L'orage du désastre nous enlève tout ce qui nous soutenait physiquement, et nous restons peut-être seuls et accablés dans le monde. Alors, en détournant nos yeux du soleil de la prospérité physique pour les fixer sur la vie régénérée, nous verrons toujours, sur le nuage sombre du désastre, se dessiner l'arc-en-ciel qui représente l'alliance entre Dieu et l'homme et nous montre que nous pouvons toujours prendre contact avec la vie supérieure. Il se peut cependant que le moment ne soit pas encore venu d'agir ainsi, car nous avons tous besoin d'une certaine évolution matérielle, qui s'accomplit mieux lorsque nous ne sommes pas en contact trop étroit avec la vie supérieure. Lorsque nous parviendrons à considérer les épreuves et les tribulations comme un moyen d'y parvenir, alors les afflictions se transformeront pour nous en grandes bénédictions. Quand nous n'avons pas faim, nous ne pensons pas à la nourriture, mais si les affres de la faim se font sentir et que nous soyons assis devant un repas, alors nous sommes heureux, même si la nourriture est quelconque.

Si nous dormons bien, et toutes les nuits, nous n'apprécions pas ce bienfait. Mais si nous avons eu, de nuit en nuit, des insomnies, et si nous avons soupiré après le sommeil, alors quand il viendra et nous procurera le repos dont nous avons besoin, nous saurons combien il est précieux. Si nous sommes en bonne santé et ne ressentons aucun malaise, aucune douleur, nous sommes portés à oublier que la douleur existe. Mais au moment d'une convalescence après avoir beaucoup souffert, nous apprécions pleinement le bienfait qu'est la santé.

Ainsi, par le contraste entre les rayons du soleil et l'obscurité du nuage, nous voyons sur ce dernier l'arc-en-ciel qui nous appelle à la vie régénérée, et si nous voulons simplement envisager cet idéal, nous serons plus à l'aise que si nous continuons de suivre le sentier de la vie inférieure.

Beaucoup parmi nous sont portés à se faire du souci pour des bagatelles. Ceci nous rappelle une histoire récemment parue dans l'un de nos journaux; il s'agissait d'un petit garçon qui était monté sur une échelle. En grimpant, il regardait vers le haut et il était arrivé à un endroit d'où sa chute aurait été mortelle. Alors il s'est arrêté et a regardé vers le bas, ce qui lui a immédiatement donné le vertige et l'a effrayé. Mais une voix l'a appelé d'un étage supérieur en lui disant: "Regarde en haut, petit garçon; monte jusqu'à moi et je t'aiderai". Ayant levé la tête, le vertige et la peur l'ont immédiatement quitté, et il a grimpé jusqu'à la fenêtre où des bras aimants l'ont saisi pour le sauver.

Regardons donc vers le haut et efforçons-nous d'oublier les petits ennuis de la vie, car l'arc-en-ciel est toujours dans le nuage. A mesure que l'on s'efforce de vivre la vie régénérée, et de s'élever vers les hauteurs sublimes et vers Dieu, on trouvera que l'arc de paix devient un cercle et que la paix règne ici-bas aussi bien qu'en haut. Il est de notre devoir d'accomplir le travail qui nous est assigné dans le monde, et nous ne devons jamais reculer devant ce devoir. Néanmoins, nous avons aussi un devoir envers la vie supérieure, et c'est dans l'intérêt de ce dernier que nous prenons part au service du dimanche et qu'en amassant nos aspirations, nous avançons vers les hauteurs spirituelles.

Nous devrions nous rappeler que chacun a en lui un grand pouvoir spirituel latent, bien plus grand que n'importe quel pouvoir de ce monde, et lorsqu'il se développe, nous sommes responsables de son usage. Pour augmenter ce pouvoir, nous devrions nous forcer d'employer une partie de nos loisirs à cultiver cette vie supérieure, de telle sorte que lorsque le nuage du malheur descend sur nous, ce pouvoir nous aide à trouver l'arc dans le nuage. De même que l'arc se montre à la fin de l'orage, ainsi lorsque nous aurons développé le pouvoir de discerner le brillant arc-en-ciel dans notre funeste nuage, la fin de ce malheur sera venue et la partie lumineuse commencera d'apparaître. Plus le malheur est grand, plus la leçon nécessaire est importante. Lorsque nous suivons le sentier du mal, tôt ou tard, nous sommes, gentiment mais fermement, fouettés par les réalités de la vie pour nous faire réintégrer notre rang, et forcés de reconnaître que le sentier de la vérité se dirige vers le haut, et non vers le bas, et que Dieu gouverne le monde.


CHAPITRE 25 - LA RESPONSABILITÉ DE LA CONNAISSANCE

Tout au début, dans un lointain passé où nous avons commencé à vivre comme être humains, nous avions bien peu d'expérience, et, par conséquent, très peu de responsabilité, car celle-ci dépend de notre connaissance. Il se trouve que les animaux ne sont pas soumis à la loi de cause à effet au point de vue moral, bien que, si un chien saute par une fenêtre, il soit soumis à la phase physique de cette loi, puisqu'en tombant sur le sol il peut se casser un membre. Si un homme en faisait de même, il serait soumis, non seulement à la loi de cause à effet, mais encore à la loi de responsabilité, car il y a pour lui une responsabilité morale, puisqu'il a la connaissance et qu'il n'a pas le droit d'estropier l'instrument qui lui a été donné. Ainsi, nous voyons que notre responsabilité morale dépend de notre connaissance.

Comme nous avons passé par les expériences de plusieurs vies, des facultés nouvelles se sont développées, et nous naissons chaque fois avec les talents accumulés qui sont le résultat des expériences de ces vies. Par conséquent, nous sommes responsables de la manière dont nous les utilisons. Il est nécessaire que nous utilisions ces talents dans notre vie, à défaut de quoi ils s'atrophieront aussi sûrement qu'une main inutilisée pend inerte le longe du corps. Aussi certainement que cette main s'atrophie, nos facultés spirituelles s'atrophieront si nous ne les employons pas à les faire fructifier. Il ne saurait y avoir de repos ni de halte sur ce sentier de l'évolution que nous suivons; il faut, soit avancer, soit dégénérer.

Ainsi, la connaissance entraîne de grandes responsabilités, et plus nous avons de connaissance, plus grandes sont nos responsabilités. Cela est clair, mais au point de vue encore plus profond de l'occultiste, il existe, attachée à la connaissance, une responsabilité qui n'est pas ordinairement perçue par l'humanité, et c'est cette phase particulière de responsabilité que nous désirons discuter ici.

Mabel Collins, affirme que l'histoire de son livre intitulé "La fleur et le fruit de l'histoire de Flita, magicienne noire", est une histoire authentique. Elle dit que la documentation pour cette histoire lui est arrivée d'un pays lointain, d'une manière très étrange et que, du point de vue de celui qui sait, ce livre contient quelques-unes des vérités les plus profondes qui appartiennent à l'acquisition de la connaissance et à son usage. Le livre nous raconte comment Flita, au début de ses renaissances, tandis qu'elle était encore à l'état sauvage, a tué son amant, et que de ce meurtre et de la cruauté qui l'accompagnait, elle avait obtenu un certain pouvoir. Il était évident que ce pouvoir, en raison de l'acte commis, ne pouvait s'exercer qu'en direction de la magie noire. Par conséquent, au cours de la vie dont parle cette histoire. Flita avait le pouvoir d'un magicien noir. Nous la voyons forcer son amant à tuer une entité, de manière à obtenir un nouveau pouvoir. C'était donc dans cette mauvaise direction qu'elle utilisait ses connaissances.

Ceci nous révèle une profonde vérité, c'est que toute connaissance non imprégnée de vie est vide, sans but, inutile. La vie qui donne à la connaissance son pouvoir peut être obtenue de diverses manières, et elle peut également être utilisée de différentes façons. Une fois obtenue, elle peut être conservée dans un talisman, et être employée par d'autres dans un but bienfaisant ou mauvais selon le caractère de celui qui s'en sert. S'il est conservé par la personne qui développe elle-même le pouvoir, elle sera employée selon son propre caractère. Ceci se base sur le principe selon lequel on peut conserver de l'électricité dans un accumulateur, de telle sorte qu'elle peut être séparée de sa source et utilisée à des fins variées, par d'autres que celui qui l'avait conservée. De la même manière, le pouvoir dynamique, provenant du sacrifice d'une vie dans le but de posséder un pouvoir occulte, peut être utilisé d'une manière ou d'une autre s'il est conservé comme un talisman.

Cette importante particularité est très bien démontrée dans la belle légende de Parsifal, où le sang purificateur du Sauveur, offert dans un noble sacrifice de soi, et non d'un autre être, a été recueilli dans un calice, lequel est ainsi devenu un talisman. Ce calice pouvait donner un pouvoir spirituel à ceux qui le contemplaient, s'ils étaient purs, chastes et inoffensifs. Nous avons aussi le symbole de la lance ayant causé la blessure d'où le sang a coulé; elle a été tachée par ce sang qui en a fait un talisman pouvant être utilisé de diverses manières. Sous le règne de Titurel, le mystère du Graal était tout-puissant, mais après que Titurel eut cédé le Graal à son fils Amfortas, ce dernier est parti armé de la Sainte Lance pour tuer Klingsor. Il avait donc cessé d'être inoffensif; il s'apprêtait à pervertir ce grand pouvoir spirituel et l'utilisant pour tuer un ennemi. Même s'il s'agissait d'un ennemi du bien, il n'était pas admissible d'utiliser ce pouvoir dans un tel but, aussi le pouvoir s'est retourné contre lui. Il avait cessé d'être chaste, pur et inoffensif, et ce pouvoir lui a causé une blessure inguérissable. Il en va également ainsi dans d'autres cas.

La Bible nous parle de David, l'homme de guerre sanguinaire, auquel le Seigneur avait interdit de construire le Temple. Même si ce Seigneur était un Dieu de guerre, ayant dû punir des nations en vue de leur apprendre la droiture, il ne pouvait pas utiliser à la construction d'un temple l'instrument souillé par le sang de ses guerres. Ce soin devait être laissé au fils de David, Salomon,un homme de paix. Nous lisons que Salomon désirait la sagesse et une grande connaissance, non pour remporter des victoires ou agrandir son territoire et faire de son peuple une grande nation, mais afin de mieux pouvoir gouverner le peuple qui lui était confié,et la connaissance lui a été abondamment donnée.

Nous apprenons aussi que Parsifal, l'antithèse d'Amfortas, était le fils posthume d'un autre homme de guerre sanguinaire, et c'est par Herzleide, l'affliction du coeur, que ce fils est venu au monde. Dans sa jeunesse, il s'est servi d'un arc, mais à une certaine phase de sa vie, il a brisé cet arc et il est devenu chaste, pur et inoffensif. Par le pouvoir de ses qualités, il a tenu bon le jour de la tentation, et il a arraché à Klingsor la lance qu'il possédait depuis qu'Amfortas l'avait perdue. Au cours de ses voyages entre le temps où il a recouvré la lance et le moment de son retour au château du Graal, Parsifal a connu bien des aventures, tentations et afflictions. Certains en voulaient à sa vie, et bien souvent il s'est rendu compte qu'il aurait pu se sauver en utilisant la Sainte Lance contre ses ennemis, mais il savait que cette lance ne devait servir que pour guérir et non pour blesser. Il comprenait le caractère sacré du pouvoir que le sang du sacrifice avait donné au talisman, et qu'il devait n'être utilisé que dans le but le plus élevé.

Ainsi, nous trouvons partout que ceux auxquels est confié le pouvoir spirituel n'en font jamais un usage égoïste. Quels que soient les malheurs qui les frappent, ils tiennent bon sur ce point. Même s'ils sont accablés par les difficultés, ils ne pensent pas un instant à monnayer leur pouvoir contre un gain personnel. Même si un tel être peut, s'il le veut, nourrir cinq mille personnes affamées et éloignées de toute possibilité de ravitaillement, il ne prendrait pas même une petite pierre pour la transformer en pain en vue d'apaiser sa propre faim. Même s'il se trouve en présence de ses ennemis et qu'il les guérisse comme le Christ a guéri l'oreille du soldat romain, il refuserait d'employer ses pouvoirs spirituels pour étancher le sang coulant de son propre flanc. On a toujours dit de tels êtres: "ils ont sauvé les autres, mais n'ont pas voulu se sauver eux-mêmes". Ils auraient toujours pu le faire, car ce pouvoir est très grand, mais s'ils l'avaient fait, ils auraient perdu ce pouvoir, car ils n'ont pas le droit de l'avilir d'une telle manière.

Toutefois, il existe un autre genre de mystère que celui du Graal. Par exemple, la tête de Jean-Baptiste a été placée sur un plat après son exécution, et d'autres personnes ont acquis un certain pouvoir en regardant ce spectacle. La mythologie grecque nous parle d'Argus qui avait tant d'yeux qu'il pouvait voir partout; autrement dit, il était clairvoyant. Mais comme il utilisait son pouvoir dans une mauvaise intention, Mercure, dieu de la sagesse lui a coupé la tête et enlevé son pouvoir. Chaque fois qu'une personne cherchera à utiliser sa connaissance spirituelle et son pouvoir dans une mauvaise direction, elle les perdra; ils ne peuvent lui rester.

Même en considérant la connaissance du point de vue scientifique, nous remarquerons qu'elle dépense de la vie, car toute pensée détruit les tissus de notre cerveau. Ils se composent de petites cellules, dont chacune a sa vie propre, et cette vie est détruite par la pensée, ou plutôt la forme est détruite, si bien que la vie ne peut plus s'y manifester. Partout où nous recherchons la connaissance, il y a toujours un sacrifice de vie. Il y a ceux qui prennent la vie lors d'expériences scientifiques par pure curiosité, comme dans la vivisection, et dans ce cas, une dette terrible est contractée pour un jour futur, car l'équilibre doit toujours être rétabli.

Nous observons, dans le cas de Flita, que le sacrifice d'une vie dans le monde physique a été suivi d'un sacrifice sur un autre plan, mais ce sacrifice lui a donné un pouvoir qui l'a conduite jusqu'aux portes du temple, où elle est restée en demandant l'initiation. Cependant, ses motifs, de même que ceux de Klingsor, n'étaient pas purs. Elle n'était pas chaste, ni prête à recevoir le pouvoir spirituel dans toute son étendue et à faire partie des aides de l'humanité. Elle a donc été bannie de la porte du temple et s'est vue obligée de subir la mort des magiciens noirs. Un voile est jeté sur cette mort, et l'histoire ne dit pas ce qui se trouvait derrière. Peut-être vaut-il mieux ne pas en parler, mais la leçon n'est est pas moins valable, et nous ne pouvons pas sacrifier la vie ni acquérir des connaissances d'une manière indigne sans encourir une dette terrible. La seule raison pour laquelle on puisse légitimement rechercher la connaissance est qu'elle serve à aider la race humaine d'une manière efficace.

A l'heure actuelle, sacrifier la vie pour obtenir la connaissance est inévitable, mais nous devrions rechercher cette connaissance avec les plus purs et les meilleurs des motifs, car les vies que nous détruisons sont légion. L'occultiste, qui voit la vie prendre naissance, la vie élémentale qui cherche à s'incorporer, et qui est privée de ses formes à cause des procédés par lesquels on obtient la connaissance, est parfois stupéfait des grandes pertes de vie isolée, qui est ainsi sacrifiée, et ce sans but utile. Nous répétons que personne n'a le droit de rechercher la connaissance autrement qu'avec les motifs les plus purs et les plus désintéressés.

Si d'autre part, nous suivons le sentier du devoir, si nous cherchons à faire d'une manière parfaite tout travail qui nous incombe, et si nous avons des aspirations sans chercher à forcer la croissance de l'âme, alors nous serons comparativement plus aptes à recevoir des pouvoir plus élevés. Les exercices rosicruciens ont l'inestimable avantage, non seulement de nous apporter la connaissance spirituelle, mais encore de nous rendre aptes à la recevoir. Nous devons apprendre à suivre le sentier du devoir et à vivre une vie bonne, plutôt que d'aspirer à une vie longue comme tant de gens le font, ainsi que le mentionne Thomas a Kempis. Mais qu'importe, efforçons-nous plutôt de faire chaque jour notre devoir, car alors nous serons certainement préparés à recevoir la plus haute connaissance qui accompagne des pouvoirs plus élevés.

Quel que soit notre milieu, il y a toujours une occasion où nous pouvons faire usage de notre connaissance, non pas en prêchant des sermons, non pas en parlant du matin au soir de choses que nous savons, ceci en vue de faire admirer nos connaissances, mais pour pouvoir vivre une vie spirituelle au milieu des nôtres, pour devenir des exemples vivants de nos enseignements. Cette occasion existe pour chacun de nous; il n'est pas nécessaire de regarder bien loin, car elle est toute proche.

Thomas a Kempis a exprimé cette pensée comme seul un mystique pouvait le faire, et en des termes si choisis que nous trouverons une grande satisfaction à lire et à méditer quelques passages de son "Imitation de Jésus-Christ". Il nous dit:

"Tout homme désire naturellement savoir mais la science sans la crainte de Dieu, que vaut-elle? En vérité, un humble paysan qui sert Dieu est certainement au-dessus d'un philosophe prétentieux qui, se négligeant lui-même, étudie le cours des astres.

Plus tu sais de choses, plus tu seras sévèrement jugé si tu n'en vis pas plus saintement. N'en tire point de vanité, mais tremble plutôt à cause des lumières qui t'ont été données.

Si tu crois en savoir beaucoup, songe qu'il y a bien des choses que tu ignores. Tu ne sais pas non plus combien de temps tu persévéreras dans le bien."

Par conséquent, rappelons-nous qu'il ne faut pas chercher la connaissance uniquement pour elle-même, mais comme un moyen de vivre une vie meilleure et plus pure, car cela seul pourra justifier une telle recherche.


CHAPITRE 26 - LE PELERINAGE A TRAVERS LE DÉSERT

Notre sujet est tiré de l'histoire de la Bible "Le Tabernacle dans le désert", et nous allons essayer de l'interpréter du point de vue des enseignements rosicruciens. Ceux qui n'ont pas étudié ces enseignements peuvent croire qu'une interprétation est aussi valable et aussi digne de croyance qu'une autre, mais un nouvel examen du sujet peut donner une opinion quelque peu différente. Dans sa deuxième Epître (1:20) Pierre nous dit: "Avant tout, sachez-le, aucune prophétie d'Ecriture n'est objet d'explication personnelle". Dans notre vie quotidienne, nous comprenons que si notre opinion sur un sujet quelconque doit être valable, cette opinion doit être basée sur une certaine connaissance. Dans un tribunal, les témoignages sont basés sur ce principe. Si une personne qualifiée par l'étude ou par l'expérience exprime une opinion sur un sujet, on l'écoute avec respect et considération, et il devrait en être de même avec quelqu'un qui interprète les Ecritures.

Vous noterez que Pierre dit que les Ecritures ne sont pas d'interprétation personnelle. Les Catholiques romains ont soutenu pendant des siècles ( et ont été critiqués pour cette raison) qu'ils ont autorité pour interpréter les Ecritures. Il y a un certain fonds de vérité dans cette allégation, car, à une exception près, tous les papes qui ont été à la tête du Vatican avaient développé la vue spirituelle.

On ne prétend pas que les papes ont toujours utilisé leur pouvoir avec sagesse, mais ils n'ont tout de même pas été des aveugles guidant des aveugles. C'est une affirmation que Pierre fait pour lui-même lorsqu'il dit (II Pierre 1:16) "Ce n'est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est comme ayant été des témoins oculaires de sa majesté". Et Paul, dans sa première Epître aux Corinthiens (9:1) nous dit: "N'ai-je pas vu Jésus-Christ, notre Seigneur?"

Ainsi donc, leurs écrits et leurs enseignements sont fondés, et cette certitude se fonde sur ce qu'ils avaient vu et entendu. Nous pouvons même aller plus loin et montrer que ceux qui étaient associés avec le Christ lorsqu'il était sur terre étaient clairvoyants. Ils avaient été transportés sur le Mont de l'Initiation, où ils avaient vu Moïse et Elie qui étaient morts depuis longtemps et n'étaient plus en ce monde physique. Ils les avaient contemplés, et avaient vu et entendu des choses dont ils ne devaient pas parler. Donc, avec le développement du sixième sens spirituel, ils avaient une base pour leur enseignement. Ils étaient capables d'interpréter l'enseignement qui leur avait été donné et dont ils avaient vu la preuve.

Dans le Rosicrucian Fellowship, nous ne croyons pas que la vue spirituelle ne soit donnée qu'à quelques-uns, car la clairvoyance positive est une faculté que tout être humain peut acquérir au cours de son développement spirituel. Nous aurons tous un jour la vue spirituelle, et alors nous saurons que ce qui vient d'être dit est vrai. Certains parmi nous ont développé cette clairvoyance qui leur a permis de voir au-delà du voile, de lire dans la Mémoire de la Nature et de voir, reflétées en elle à partir d'un monde supérieur, les causes qui ont produit notre civilisation actuelle. Certains peuvent également voir dans l'avenir et connaître ainsi le travail futur que l'évolution leur réserve. Les Ecritures n'ont pas été reprises et interprétées par l'auteur selon sa compréhension personnelle, mais cette information est le résultat d'une compréhension obtenue par la vue spirituelle.

En premier lieu, sachons comprendre que, comme il a déjà été dit au sujet des Mystères Chrétiens, les quatre Evangiles ne sont pas simplement des récits de la vie d'un seul individu, rédigés par quatre auteurs différents, mais qu'ils symbolisent différentes initiations. Paul nous dit: "Jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous". Chacun passera un jour par les quatre étapes décrites par les quatre Evangiles, car chacun est en train de développer en lui-même l'esprit du Christ. Et en disant ceci des Evangiles, nous pouvons aussi l'appliquer à une partie de l'Ancien Testament, car c'est un merveilleux livre d'occultisme. Lorsque nous déterrons des pommes de terre, nous n'espérons pas trouver uniquement des tubercules et point de terre; de même, en compulsant le livre que l'on appelle la Bible, nous n'espérons pas trouver que des passages contenant des vérités occultes, car de même qu'il se trouve de la terre entre les tubercules, de même nous trouvons du remplissage entre les vérités occultes de la Bible.

Les quatre Evangiles ont été écrits de telle manière que seulement ceux qui ont le droit de savoir puissent en découvrir le sens caché et comprendre les faits sous-jacents. De même, dans l'Ancien Testament, nous trouvons de grandes vérités occultes qui deviennent très claires quand nous pouvons voir au-delà du voile qui les recouvre. A l'heure actuelle, beaucoup de gens doivent renoncer à la vision occulte afin de se rendre maître des conditions de l'évolution matérielle et par là se perfectionner dans les occupations du monde matériel. Mais nous qui sommes du monde occidental, nous sommes maintenant sur l'arc de l'occultisme, devant le rivage de la mer spirituelle, où nous allons recueillir individuellement les perles de savoir jusqu'ici recouvertes par la matière qui nous avait aveuglés.

Nous allons maintenant examiner une formule d'initiation décrite dans l'Ancien Testament; il s'agit du pèlerinage de l'homme à partir du limon de la terre jusqu'à Dieu. La Bible commence par cinq livres appelés communément "Livres de Moïse", ou Pentateuque. Ils nous rapportent la marche d'un "peuple élu" depuis l'Egypte jusqu'à une terre promise, et comment ce peuple a traversé la Mer Rouge, guidé d'une manière surnaturelle. Après de nombreuses années et après le décès de beaucoup parmi ceux qui s'étaient mis en route, les survivants sont arrivés dans la Terre promise. Cependant Paul, dans son Epître aux Hébreux, parle de cette alliance comme n'ayant pas pu se réaliser, car ce qui aurait dû s'accomplir avait échoué. Ceci est un fait, car lorsqu'on établit une loi, il y a toujours moyen de la transgresser; par conséquent le salut est chose impossible sous le régime de la Loi.

Il y eut un temps où l'humanité était dans un état tel qu'il était impossible de la guider sans lois lui dictant dans chaque cas ce qu'il fallait faire ou ne pas faire. Par conséquent, son guide avait pour mission de lui donner des lois, et celles-ci étaient contenues dans les cinq livres de Moïse. Historiquement, les "enfants d'Israël" n'avaient pas marché d'Egypte en Palestine, mais avaient été conduits par leurs guides hors de l'Atlantide condamnée, où la condensation des brouillards inondait leur territoire et le rendait inhabitable. Leurs guides les ont conduits en Asie centrale. Ce groupe de gens avait été choisi pour être le noyau d'une race future, et ils sont devenus depuis lors ce que nous appelons la race aryenne. Mais si ceci peut n'être qu'une interprétation historique, ce récit renferme une grande leçon spirituelle, surtout dans la partie que nous en commentons.

Dans la "Cosmogonie" se trouve l'exemple de deux hommes au coin d'une rue, et dont l'un terrasse l'autre d'un coup de poing. Un observateur pourrait dire que la victime a été terrassée par une pensée de colère. Un autre pourrait contredire cette assertion en disant qu'il a vu un bras se lever et qu'un coup en pleine figure a fait tomber la victime. La dernière version est exacte, mais il y avait également une pensée, et le bras n'était qu'un instrument irresponsable. C'est la pensée qui fait agir toutes choses, et en considérant le côté caché, ou occulte, des choses, nous obtenons une compréhension plus profonde des causes. C'est de ce point de vue que nous allons parler du Tabernacle dans le désert.

Dans la Bible, on nous décrit les premiers habitants de la Terre, Adam et Eve, mais correctement interprété, ce passage s'applique à la race humaine, qui s'est graduellement arrogé le pouvoir de procréer et qui, de ce fait, a acquis la liberté d'action. L'humanité a donc reçu l'indépendance, et elle est devenue responsable de ses actes sous la loi de cause à effet. S'étant arrogé le pouvoir de créer de nouveaux corps, elle s'était séparée de l'Arbre de Vie et de l'état que nous connaissons sous le nom d'éthérique. Sachant que nous avons un corps vital formé d'éther et qu'il joue, pour chacun de nous, le rôle d'un "arbre de vie" en nous donnant la vitalité qui nous permet de mouvoir notre corps, nous comprenons pourquoi le pouvoir de nous recréer et de nous régénérer nous a été enlevé de crainte que nous n'apprenions à vitaliser le corps dense imparfait. Nous voyons aussi pourquoi, comme le dit la Bible, les Chérubins à l'épée flamboyante ont été placés à l'entrée du Jardin d'Eden pour garder cette "région" (Genèse 3:24).

Ce récit se trouve au début de la Bible, mais à la fin du livre, dans l'Apocalypse, on nous parle d'une ville où règne la paix entre les hommes. Deux villes sont mentionnées dans la Bible, l'une, Babylone, est une ville de souffrances et d'afflictions, où sont nés des malentendus, où les hommes sont devenus mutuellement hostiles, où la fraternité a cessé d'exister. L'autre cité est nouvelle, c'est la Nouvelle Jérusalem, dont le nom signifie "Ici sera la paix". L'Apocalypse nous dit que dans cette ville se trouve l'Arbre de Vie, symbolisant le pouvoir de nous régénérer et de retrouver cette santé et cette beauté qui nous manquent actuellement.

C'est dans une bonne intention que nous avons été privés de ce pouvoir. Ce n'était pas par méchanceté ni pour nous faire souffrir dans la tristesse et la douleur, mais parce que, pour apprendre à construire à notre usage un corps assez pur pour pouvoir devenir immortel, nous devons d'abord passer par des existences successives dans des corps inférieurs. L'homme est graduellement descendu de la région éthérique pour en arriver à la constitution solide actuelle. Précédemment, il pouvait vivre dans un corps éthérique aussi facilement qu'il le peut maintenant dans les trois états de matière du monde physique. Dans l'état éthérique, il était en contact intérieur avec les courants vitaux que nous contactons maintenant inconsciemment. Il était alors capable de concentrer l'énergie solaire dans son corps et de la faire pénétrer en lui par une autre voie que l'actuelle. Ce pouvoir lui a été graduellement ôté tandis qu'il entrait dans l'état plus matériel d'aujourd'hui.

C'est alors qu'a commencé le pèlerinage à travers le désert, un désert de l'espace et de la matière, et nous continuerons ainsi à cheminer, jusqu'au jour où nous reviendrons consciemment dans la région éthérique. Cette région est appelée les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où régnera la droiture et où il n'y aura plus de péché (Apocalypse 21:1, 5). A l'heure actuelle, nous continuons à cheminer à travers le désert de l'espace, comme nous le verrons en étudiant intelligemment la Bible. Pas la version anglaise, cependant, car elle a été préparée par des traducteurs limités par un décret du roi Jacques leur interdisant de traduire quoi que ce soit qui pourrait porter atteinte à la croyance qui existait à cette époque.

La première chose que nous apprenons du point de vue occulte au sujet du Tabernacle dans le désert est que Moïse fut appelé sur la montagne, et que là on lui montra certains clichés. Vous vous rappellerez que la "Cosmogonie" parle de "clichés-images", ou archétypes dans les mondes célestes. Dans la langue grecque, nous trouvons le mot "arkhé", signifiant "au commencement". Le Christ disait de lui-même - et l'initié qui comprend sa divinité le dit également - "Je suis le commencement (arkhé) et la fin". Dans ce mot de "commencement" (arkhé) se trouve le noyau de toute chose qui existe.

Dans le Tabernacle se trouvait une arche, et cette arche était arrangée de telle manière que les barres de soutien ne pouvaient ou ne devaient pas en être retirées, car pendant tout le pèlerinage à travers le désert, ces barres devaient rester en place. Elles n'ont été enlevées que quand l'arche a été placée dans le Temple de Salomon. Nous voyons ici une condition dans laquelle un certain symbole, un archétype, quelque chose provenant du "commencement", est formé de telle manière qu'il peut être repris à n'importe quelle époque et développé plus avant. Dans cette arche se trouvait le noyau autour duquel tout convergeait: le rameau magique d'Aaron, le vase contenant la manne et les deux tables de la loi.

Nous avons ici une parfaite description symbolique de ce que l'homme est en réalité, car durant tout le temps qu'il erre dans cette vallée de la matière et qu'il se déplace continuellement d'une endroit à un autre, les barres ne sont jamais enlevées. Elles ne seront pas retirées avant qu'il arrive à cet état symbolisé dans l'Apocalypse où il est dit: "Celui qui vaincra, j'en ferai un pilier du Temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus" (Apocalypse 3:12).

Pendant tout le temps qui s'est écoulé depuis que l'homme a commencé son pèlerinage à travers la matière, il a conservé cet esprit de pérégrination; il ne peut rester stationnaire. A tout moment, le Tabernacle était enlevé et l'arche était transportée plus loin dans un nouvel endroit. Il en est ainsi pour l'homme, lequel est conduit de place en place, d'un milieu à un autre, d'une condition à la suivante. Ce n'est pas un déplacement sans but, car ce but est la terre promise, la Nouvelle Jérusalem, où régnera la paix. Mais tant que l'homme est ainsi en route, il doit savoir qu'il ne peut trouver ni repos, ni paix.

Dans un certain sens, ceci est le résultat de la transgression de la loi. Au commencement, il n'était pas prévu de nous faire passer par une telle évolution, par une vallée de souffrance et de larmes comme celle par laquelle nous passons. Nous avons appris que la force créatrice, latente en nous et que nous commençons seulement à utiliser de façon constructive, était d'abord employée par nous sous la direction des anges, lesquels veillaient à ce que la procréation se fasse à des époques où les conditions planétaires étaient favorables. A cette époque, l'accouchement avait lieu sans douleur, et tout était bien sur la terre, le Seigneur ayant fait toutes choses bonnes. Mais il est arrivé un moment où les esprits Lucifer, connus comme étant des retardataires de la vague de vie des anges, avaient besoin d'un cerveau pour pouvoir agir dans le monde physique. Ils nous ont donc montré comment on pouvait utiliser cette force créatrice sans l'intervention des anges, de sorte que, lorsqu'un corps mourait, ce qui arrivait au moment où il était devenu inutilisable, l'homme puisse en créer un nouveau.

Nous avons maintenant deux classes d'êtres travaillant sur diverses parties de notre corps; les esprits Lucifer qui depuis ce temps nous influencent par la moelle épinière et le cerveau, et les anges, chargés de la faculté de reproduction dans la mesure où cela n'intervient pas dans nos propres actions. C'est ici, à ce point, qu'entre en jeu le libre arbitre et le choix, ainsi que la loi de cause à effet. Les animaux n'encourent pas les mêmes responsabilités que nous; si un animal saute d'une hauteur, il se blesse physiquement, mais sa responsabilité ne va pas plus loin, alors que si nous faisions la même chose, nous subirions les mêmes résultats physiques, et, en outre, nous en serions moralement responsables, car nous ne devons pas blesser inutilement le corps physique. Ainsi, nous voyons que la loi de cause à effet s'attache à tous les actes de l'être humain lorsque le libre arbitre est atteint.

Quel que soit le mal commis par nous, il se rappellera à notre souvenir d'une manière ou d'une autre. La souffrance et l'affliction ont été les maîtres qui nous ont guidés dans le bon chemin, et la loi de cause à effet nous a été donnée pour que nous puissions, avec le temps, savoir comment bien agir. Dans l'arche, symbole du corps humain, se trouvaient les tables de la Loi, ainsi que le pot de manne. Le mot "manne" ne signifie pas ici le pain descendu du ciel, mais le penseur, l'Ego descendu des sphères supérieures. Dans la plupart des langues, nous avons le mot "man", signifiant homme. En sanscrit, en anglais, en allemand, dans les langues scandinaves, etc., la racine est la même. Dans l'arche se trouve le penseur qui est transporté de côté et d'autre dans le Tabernacle du désert pendant la phase actuelle de son évolution.

Il y a également en nous un pouvoir spirituel symbolisé par le rameau d'Aaron. On se rappelle que ce rameau reverdissait, alors que ceux des autres étaient stériles. En chacun de nous, il y a un pouvoir spirituel qui est devenu latent durant le pèlerinage à travers la matière, et il nous appartient d'éveiller ce pouvoir. Nous avons souvent parlé de ce pouvoir, montrant comment son emploi apporte, dans le monde, des bénédictions lorsqu'il est utilisé comme l'a fait Parsifal, et comment il apporte l'affliction s'il est mal employé comme l'a fait Amfortas.

Ce pouvoir spirituel est aujourd'hui latent parce que l'humanité symbolisée par l'arche ne s'est pas encore préparée à le recevoir. Nous sommes trop égoïstes et nous devons cultiver le désintéressement avant que l'on puisse nous juger aptes à manier ce merveilleux pouvoir. Pierre est très péremptoire quand il parle de faux instructeurs qui peuvent venir parmi nous, et de faux docteurs qui trafiqueront de nous. Tels sont ceux qui ont à vendre des leçons sur telle ou telle science spirituelle, la plupart du temps l'astrologie, à tant la leçon. Mais nous devons nous rappeler que, dans l'acquisition des connaissances spirituelles, ce n'est pas l'argent qui compte, et qu'il est impossible d'initier qui que ce soit et de lui conférer des pouvoirs supérieurs en échange d'une quelconque rémunération matérielle. De même qu'il est nécessaire de charger un pistolet avant de tirer la détente qui provoquera l'explosion, il est aussi nécessaire d'avoir accumulé en soi la force requise, le pouvoir spirituel symbolisé par le rameau d'Aaron, avant que ce pouvoir puisse être dirigé et affecté à son légitime emploi. Et ceci est une des grandes leçons que nous enseigne le symbolisme de l'arche.

Si nous continuons sans cesse de voyager, de naître et de renaître, sans apprendre à un certain moment à obéir à la voix de Dieu, à respecter la sainteté de ses commandements, à vivre la vraie vie, nous ne pouvons espérer atteindre la Cité de Paix, mais nous devons nous contenter de demeurer dans le pays des peines et de la souffrance.

Pouvons-nous développer notre pouvoir spirituel? Où sont la voie, la vérité et la vie? Ne nous a-t-on pas montré, cependant, le triple sentier de l'enseignement admirable du Christ? L'humanité ordinaire, dans le monde entier, est travaillée au moyen de la loi, qui agit sur le corps du désir et le réprime. Le penseur est en lutte avec la chair, mais sous la Loi, personne ne peut être sauvé. Nous avons aussi le corps vital, mentionné dans nos enseignements et qui est, nous dit Paul, le véhicule de l'amour et de l'attraction. Si nous parvenons à dominer le caractère passionnel de nos natures, si nous pouvons nous éloigner des vibrations inférieures de l'amour, si nous pouvons cultiver en nous la pureté, résister, comme Parsifal, à la tentation et vivre une vie pure, alors nous développerons de jour en jour un pouvoir. Ce pouvoir est celui d'aimer, qui s'exprimera dans nos vies par le service, et graduellement il s'accumulera en nous à un tel degré qu'il sera comparable à la poudre du pistolet chargé. A ce moment, l'Instructeur viendra vers nous pour nous montrer comment libérer le pouvoir que nous avons ainsi accumulé.

La durée de notre pèlerinage à travers le désert dépend de nous-mêmes. Chacun de nous possède le pouvoir latent intérieur qui le conduira dans la cité de Paix où l'affliction et la souffrance sont inconnues. Chacun de nous peut et doit se mettre un jour en route, et le premier pas est la purification, car sans une vie pure, il ne saurait y avoir d'avancement spirituel. "Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon" (Matthieu 6:24), est-il écrit, mais "Mammon" est généralement traduit par "argent". Cependant, un homme peut rester dans les affaires et en prendre soin pour le bien général, non pour son avidité égoïste et son propre intérêt, mais en faisant tout ce qu'il peut pour les autres, sans servir Mammon, malgré sa fortune. D'autre part, une personne peut n'aimer que ceux qui l'entourent, mais il existe un amour plus élevé qui se déverse sur tous ceux qui sont au-delà du cercle familial, et c'est celui- là qu'il faut développer. Chaque devoir doit être rempli si l'on veut avoir l'avantage des plus hautes occasions de service qui se présenteront sans cesse pour nous.

Ainsi, nous devons tous apprendre nos leçons de service: service à l'humanité, service aux animaux, service à nos frères plus jeunes, service de tous côtés, car cela seul peut nous faire sortir du "désert". Il est dit que ceux qui étaient les plus grands dans le Tabernacle en étaient les officiants, et le Christ a dit: "Celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu'ils se fasse le serviteur de tous" (Matthieu 20:26).

Efforçons-nous donc de rendre ce service; c'est facile lorsqu'on le veut vraiment. Alors arrivera un jour pas trop éloigné où nous entendrons cette voix douce, la voix de l'Instructeur, qui vient à quiconque sert son prochain et écoute la voix de Dieu.

 

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