304" LEFT="4" RIGHT="534">
Le
Soleil matinal marqua dans le ciel l'heure de l'école. Il envoya
ses messagers aux enfants de la Terre. Un rayon brillant se hâta
d'entrer dans la chambre de Margy Lou, se posa sur son visage et
la réveilla. En ouvrant doucement les yeux, elle remarqua le
rayon filtrant à travers une fente du store, tel une échelle
dorée s'élevant vers les cieux. "Margy
Lou, Margy Lou! C'est l'heure de te lever". C'était sa
maman qui l'appelait. Margy ne répondit pas; elle était
plongée dans l'observation des particules qui dansaient dans le
rayon de lumière. Quelques
minutes plus tard, sa maman l'appela à nouveau: "Margy Lou,
Margy Lou! Tu ferais mieux de te lever maintenant ou tu vas être
en retard à l'école". A ce
mot ÉCOLE, le coeur de Margy se mit à battre. Elle se souvint
que c'était le jour où ils devaient réciter le poème
"L'heure des enfants". Elle aimait la poésie et
surtout les poèmes de Longfellow, mais elle avait peur de
réciter devant les garçons et les filles. A
cette pensée, sa gorge se serra et commença à la faire
souffrir. Elle allait dire à maman qu'elle ne se sentais pas
bien. Peut-être la laisserait- elle rester à la maison. Ainsi,
elle n'aurait pas à réciter le poème. Madame
Bond entra dans la chambre. Margy ne bougea pas. Sa mère
s'approcha de son lit. "Que se passe-t-il, Margy? Pourquoi
ne te lèves-tu pas?" "Oh,
maman, j'ai mal à la gorge". Margy y porta les mains.
Madame Bond examina la gorge et trouva les amygdales gonflées de
chaque côté. Toutefois étant une mère avisée, elle décida
qu'il valait mieux cette fois ignorer ces symptômes. Elle dit:
"Je ne pense pas que ce soit grave. Cela va probablement
passer le temps que tu arrives à l'école. Lève-toi, maintenant
et prépare- toi. Ton petit déjeuner sera prêt dans quelques
minutes". Puis elle quitta la chambre. Margy
se leva. Elle comprit que sa mère n'accepterait pas cette
fois-ci, le mal de gorge comme excuse pour rester à la maison.
Elle fut bientôt habillée et prête pour le petit déjeuner.
Mais elle pensait tellement à l'épreuve à venir qu'elle
n'éprouva aucun appétit pour le chocolat chaud avec des toasts
grillés qu'elle aimait tant d'habitude. Elle mangea un peu afin
que sa mère ne se fasse pas de souci, mais ne toucha pas aux
céréales. Puis
elle prit ses livres et partit pour l'école. Habituellement,
elle appréciait le trajet, mais aujourd'hui chaque pas la
rapprochait du moment de la récitation. Finalement, elle inclina
la tête et pria tout en marchant: "Mon Dieu, aidez-moi à
réciter le poème. Aidez-moi à ne pas avoir peur". De
demander à Dieu de l'aider la fit se sentir mieux, et en
relevant la tête, elle vit devant elle, à terre, quelque chose
de rond, brun et brillant. Elle
s'arrêta et le ramassa. C'était un marron d'Inde. Margy savait
pourquoi il était si brillant. Quelqu'un l'avait gardé
longtemps dans sa poche, probablement pour guérir des
rhumatismes, comme le disait son oncle Jim. Elle
le tint dans sa main et le regarda. Comment ce marron pouvait-il
vraiment chasser les rhumatismes? C'était sans doute parce qu'on
y croyait. Alors, elle vit Thelma et Lucile lui faisant signe de
se presser, elle glissa donc le marron dans la poche de sa robe
et courut les rattraper. Enfin
l'heure de la poésie arriva. Thelma fut la première à
réciter. Elle parla sans le moindre signe de peur. Margy savait
le poème aussi bien que Thelma. Elle se demanda pourquoi elle ne
pourrait pas réciter comme elle. Deux garçons vinrent après
Thelma. Margy commença à se sentir agitée, sachant que son
tour approchait. Finalement, la maîtresse sourit et dit:
"Tu es la prochaine, Margy Lou". Margy
avança avec hésitation vers le bureau. Elle n'osait pas
regarder les garçons et les filles, aussi garda-t-elle les yeux
au sol. Elle essaya de parler. Ses lèvres remuèrent, mais pas
un son ne vient. Sa gorge la fit souffrir. Ses genoux
tremblèrent. Inconsciemment, elle mit la main dans sa poche.
Quelle était cette chose dure que ses doigts touchèrent? Oh,
oui, le marron d'Inde qu'elle avait ramassé. Elle le serra
fortement dans sa main en essayant de parler à nouveau. A sa
grande surprise, les mots à présent sortirent clairement. Elle
leva les yeux et regarda les enfants. Elle récita le poème sans
faute. Margy retourna très contente à sa place, mais les
compliments de la maîtresse ne furent pas la cause de sa joie.
Quelque chose lui était arrivé. Elle n'avait pas eu peur de
réciter tant qu'elle avait tenu le marron d'Inde dans sa main.
Peut-être, après tout, qu'il guérissait les rhumatismes,
pensa-t-elle. De toute façon, elle allait garder ce marron
d'Inde, et la prochaine fois qu'elle aurait peur de réciter,
elle verrait s'il allait l'aider. Ainsi,
pendant plusieurs mois, Margy n'eut plus la gorge enflée.
Lorsqu'elle avait une leçon difficile, elle tenait le marron
magique dans sa main et récitait bien. Mais elle ne parla à
personne de ce marron. Elle fit toujours attention de le cacher
soigneusement en revenant de l'école. Puis
vient l'épreuve de l'Histoire. Margy n'avait jamais appris
facilement l'Histoire. Elle se promit de prendre le marron d'Inde
afin qu'il l'aide pendant cette épreuve. Juste avant de partir
pour l'école, elle le chercha dans le petit coin du tiroir où
elle le cachait. Il n'y était pas. Elle chercha dans sa chambre,
mais ne trouva pas son marron. Elle avait dû le laisser dans la
poche de sa robe bleue, le vendredi écoulé. Elle allait
demander à sa maman si elle l'avait trouvé. Madame
Bond était en train de repasser. "Maman, as-tu vu mon
marron d'Inde?" demanda la petite fille. "Comment, ah
oui, j'en ai trouvé un hier en lavant" "Oh, mon Dieu!
qu'en as-tu fait?" demanda Margy avec angoisse. "Je
l'ai jeté, chérie" répondit sa maman. Alors,
Margy s'écria: "Tu as jeté mon marron! Que vais-je faire,
que vais-je faire maintenant?" "Et
bien tu en trouveras un autre, la prochaine fois que nous irons
chez Oncle Jim, ma chérie. Deviendrais-tu superstitieuse?" "Mais
je n'en veux pas un autre. Je veux celui-là" et Margy se
mit à pleurer. Madame Bond reposa le fer, mit son bras autour de
Margy et étendit celle-ci sur le divan. Puis elle dit:
"Maintenant, dit à maman ce qui se passe. Est-ce quelqu'un
que tu aimes beaucoup qui t'avait donné ce marron?" "Non,
je l'avais trouvé" sanglota Margy. "Peux-tu
me dire pourquoi il a tellement d'importance pour toi?"
demanda Madame Bond "Je l'aurais gardé si j'avais su que tu
y tenais" poursuivit-elle en la consolant. Peu
à peu, sa mère apprit de Margy toute l'histoire: comment
lorsqu'elle avait tenu le marron dans sa main, elle avait pu
réciter sans peur et avait pu apprendre ses leçons facilement. Alors,
Madame Bond dit: "Margy Lou écoute-moi. Ce petit marron
était rempli de VIE; nous savons qu'il contenait la VIE, puisque
si nous l'avions planté, il aurait poussé. N'est-ce pas?
Maintenant, sache que la Vie dans ce marron était Dieu. Lorsque
tu tenais le marron dans ta main, tu tenais vraiment la main de
Dieu, car la main de Dieu est partout. Il nous tient toujours la
main afin que nous n'ayons pas peur, mais quelque fois nous ne
savons pas qu'IL le fait. Ainsi, tu sauras maintenant que Dieu te
tient la main. Lorsque tu as peur ou penses que tu ne sauras pas
tes leçons ou ne pourras pas les réciter, souviens-toi que tu
peux tenir la main de Dieu en pensée. Alors tes deux mains
seront libres pour tout ce que tu auras à faire. Ne penses-tu
pas que ce sera mieux que d'avoir toujours à chercher un marron
et à faire attention de ne pas l'égarer?" "Oui
- dit Margy, pensivement - je le crois. Mais, maman, je ne peux
sentir Dieu me tenir la main, comme je peux sentir le marron,
n'est-ce pas?" "Non,
chérie - répondit sa maman - mais tu peux savoir que Dieu est
toujours avec toi: c'est cela tenir Sa main en pensée. Ne
penses-tu pas pouvoir faire cela?" Margy
regarda un moment sa maman puis dit: "Oui, je crois que je
peux. Je pense que Dieu tient ma main, maintenant, et je suis
sûre que je réussirai ma composition d'Histoire, aujourd'hui. Alors,
Margy prit ses livres et partit pour l'école. Elle s'arrêta sur
le seuil de la porte et dit à sa mère: "Je suis contente
maintenant que tu as jeté mon marron, mais je suis contente
aussi de l'avoir trouvé, car autrement, j'aurais peut-être
attendu longtemps avant d'apprendre que Dieu tient ma main."DIEU
TIENT TA MAIN
par
Clara
E. Huffman
(Histoires
de l'Ere du Verseau pour les Enfants, Vol. I, no 20)