LES COURANTS SACRÉS

L'évangile de la paix

Vous êtes parvenus à l'intérieur du dernier cercle, au mystère des mystères, qui existait bien avant le temps d'Enoch. Votre long voyage vous en a toujours rapproché, vous ne vous êtes jamais écartés du chemin de la droiture, vous avez vécu selon la sainte Loi, selon les vœux sacrés de notre Fraternité et fait de votre corps un temple où demeurent les anges. Pendant de nombreuses années vous avez travaillé le jour en compagnie des anges de votre mère terrestre, et chaque nuit, vous avez dormi dans les bras de votre mère céleste. A présent, vous allez découvrir les trois courants sacrés et le moyen de les traverser ; ainsi vous baignerez dans la lumière céleste et vous connaîtrez tout ce dont vous ne pouviez que rêver.

 

A l'heure qui précède le lever du soleil, juste avant que les anges   de la mère terrestre ne raniment la terre encore endormie, vous entrerez dans le courant sacré de la vie. C'est votre frère l'arbre qui détient le mystère de ce courant sacré, et c'est lui que vous embrasserez en pensée, comme vous l'embrassez pour le saluer lorsque, dans la journée, vous vous promenez. Et vous serez un avec cet arbre, car au commencement des temps, nous nous fondions tous dans le courant sacré de la vie qui donna naissance à la création.

 Et tandis que vous embrasserez votre frère l'arbre, le courant sacré de la vie se répandra dans tout votre corps et sa puissance vous fera trembler. Vous inspirerez alors profondément l'ange de l'air, puis vous prononcerez le mot vie en expirant. Vous deviendrez alors l'arbre de vie qui plonge ses racines au cœur du courant sacré de la vie. Et quand l'ange du soleil réchauffera la nature et que toutes les créatures sur la terre, dans l'eau et dans l'air s'éveilleront joyeusement au jour nouveau, vous vous réjouirez dans votre corps et votre esprit du courant sacré de la vie qui s'écoulera de votre frère l'arbre vers vous.

Lorsque le soleil sera haut dans le ciel, vous rechercherez le courant sacré du son. Dans la chaleur de midi, tout s'immobilise, les créatures se reposent à l'ombre et les anges de la mère terrestre se taisent. C'est alors que vous ouvrirez vos oreilles au courant sacré du son, car il ne peut être entendu que dans le silence.

 Songez aux torrents qui jaillissent dans le désert après une violente tempête, au mugissement des eaux. C'est la voix de Dieu, mais vous ne le saviez pas.

Car il est écrit : au début, il y avait le son et le son était avec Dieu. Je vous le dis en vérité, lorsque nous naissons, nous entrons dans le monde avec le son de Dieu présent à nos oreilles, avec le chant du vaste chœur du ciel et la sainte mélodie des étoiles dans leur course immuable.

 C'est le courant sacré du son qui traverse la voûte du ciel et le royaume infini du père céleste. Il nous parvient toujours, mais nous ne l'entendons plus. Alors, à midi, dans le silence, tendez l'oreille, immergez-vous dans le son et laissez le rythme de la musique de Dieu battre en vous jusqu'à ce que vous ne fassiez plus qu'un avec le courant sacré du son. Le son créa le monde, érigea les montagnes et installa les étoiles sur leurs trônes de gloire, au plus haut des cieux. Vous baignerez dans le courant du son et la musique de ses eaux vous enveloppera. Son grondement puissant se répercutera dans tout votre corps et sa puissance vous fera trembler. Vous inspirerez alors profondément l'ange de l'air et deviendrez le son lui-même. Porté par ce courant sacré, vous parviendrez au royaume infini du père céleste, là où bat le rythme du monde.

Et lorsque l'obscurité ferme doucement les yeux des anges de la mère terrestre, vous dormirez aussi pour que votre esprit rejoigne les anges inconnus du père céleste. Dans l'instant qui précède le sommeil, vous penserez aux étoiles brillantes, glorieuses, étincelantes et lointaines. Car vos pensées à cet instant sont l'arc de l'archer qui envoie sa flèche habile là ou il le désire.

 A cet instant, dirigez vos pensées vers les étoiles, car elles sont lumière, et le père céleste est lumière. Pénétrez dans le courant sacré de la lumière, afin que les chaînes de la mort perdent à jamais leur emprise sur vous. Et, libérés des liens de la terre, remontez le courant sacré de la lumière, parmi les étoiles, jusqu'au royaume infini du père céleste.

ployez vos ailes de lumière et, en esprit, partez avec les étoiles dans les régions les plus éloignées du ciel où brillent des soleils inconnus. Car au commencement des temps la sainte Loi a dit: que la lumière soit, et la lumière fut. Et vous ne ferez qu'un avec elle, le courant sacré de la lumière se répandra dans tout votre corps et sa puissance vous fera trembler. Vous prononcerez alors le mot lumière en inspirant profondément l'ange de l'air et vous deviendrez la lumière elle-même ; ainsi le courant vous portera jusqu'au royaume infini du père céleste, là où il se fond dans l'océan cosmique de la lumière, berceau de toute la création. Vous ne dormirez pas dans les bras du père céleste avant d'être devenus un avec le courant sacré de la Lumière.

En vérité, je vous le dis, votre corps ne fut pas créé seulement pour respirer, manger et penser, mais aussi pour entrer dans le courant sacré de la vie. Vos oreilles ne furent pas seu-

lement créées pour écouter les paroles des hommes, le chant des oiseaux et la musique de la pluie, mais aussi pour entendre le courant sacré du son. Vos yeux ne furent pas seulement créés pour vous montrer le lever et le coucher du soleil, les ondulations dorées des champs de blé et l'enseignement des saints manuscrits, mais aussi pour voir le courant sacré de la lumière. Un jour, votre corps, vos yeux et vos oreilles retourneront à votre mère terrestre, mais les courants sacrés de la vie, du son et de la lumière existent de tout temps et ne mourront jamais. Pénétrez dans les courants sacrés, dans cette vie, ce son et cette lumière qui vous donnèrent naissance. Comme le fleuve va se jetter dans la mer lointaine, rejoignez le royaume du père céleste et devenez un avec lui.

Il n'est pas possible de vous en dire davantage. Les courants sacrés vous mèneront là où il n'y a plus de mots, en un lieu dont même les saints manuscrits ne peuvent dévoiler les mystères.

           "La Paix soit avec vous."