et l'Ordre

  Le temple où douze Frères, longues silhouettes blanches en cercle presque fermé, attendent le treizième; le voici enfin, Présence perceptible, mais non visible, qui achève le cercle, et fait de celui-ci un centre rayonnant d'amour, d'invocations et de prières; des sons et de couleurs magnifique sont perçues, puis un seul son, doux, continue est entendu.

"relie toi à eux, que ta pensée, ton amour soient des fils de lumière, les rejoignant et en recevant , paix, force et joie."
 

              

"Le Serviteur dans la Maison"

L'auteur l'appelle "Man-son" (en anglais, fils de l'homme) ce qui peut vouloir dire qu'il le regarde comme le Fils de l'Homme, mais il est possible qu'il ait eu l'idée de "Maçon" (en anglais "mason") car le Serviteur dans la Maison était aussi un constructeur de temple. On peut admirer la pénétration de l'auteur dans la scène où le serviteur, l'ouvrier amoureux de son ouvre, s'adressant à l'homme d'Eglise à l'esprit mondain rempli de platitudes, et aussi vil qu'un sépulcre blanchi, parle du temple que lui, l'ouvrier, a construit.

La conception qu'il en a est une perle mystique, et nous la citons pour que le lecteur la médite : "Je crains que vous ne puissiez considérer ce Temple comme quelque chose de réel. Il doit être vu d'une certaine manière, dans certaines conditions. Bien des gens ne le voient jamais. Il ne s'agit pas d'un amas de pierres sans vie et d'une charpente sans signification; c'est quelque chose de vivant.
 

"Quand vous y entrez, vous entendez un son, un son comme si l'on y chantait un poème grandiose. Ecoutez suffisamment longtemps, et si vous avez des oreilles pour entendre, vous apprendrez qu'il est fait des battements du cour de l'homme, de la musique sans nom des âmes humaines. Si vous avez des yeux pour voir, vous verrez vraiment l'église elle-même, mystère dessiné de nombreuses formes et d'ombres s'élançant d'un trait de la base au dôme, ouvre d'un constructeur inégalable.
"Ses piliers s'élèvent comme les corps musclés des héros; la douce chair des êtres humains est moulée sur le pourtour de ses remparts forts et imprenables. A chaque pierre d'angle apparaissent des visages rieurs de petits enfants; les formidables arceaux des faîtages sont les mains jointes des camarades; et tout en haut, dans les espaces, sont inscrites les innombrables aspirations de tous les rêveurs du monde.
"Il est encore et toujours en construction, et ne cesse d'être construit. Parfois le travail se poursuit dans de profondes ténèbres, parfois dans une lumière éblouissante, tantôt sous le poids d'une angoisse inexprimable, tantôt au son des rires et des acclamations héroïques, semblables au bruit du tonnerre. Parfois, dans le silence de la nuit, on peut entendre les petits martèlements des camarades au travail dans le dôme, ces camarades qui nous ont précédés vers les hauteurs."
 

C'est un tel temple que le Maçon Mystique est en train de construire. Il essaie de travailler au temple de l'ensemble de l'Humanité, mais dès lors que "si la rose s'embellit, elle embellit aussi le jardin", il vise également à cultiver ses propres pouvoirs spirituels, comme le symbolise LA MER DE FONTE.

     

Comment on devient éligible comme aspirant
 

L'Ordre est aussi ancien que la terre elle-même. Cet Ordre secret, purement spirituel, n'a aucun signe extérieur visible « d appartenance ». Il accueille toujours des néophytes qui, sans savoir quoi que ce soit de cet Ordre, s'annoncent d'eux-mêmes. Cette « mise en contact » se fait dès qu'un être humain a atteint un certain niveau de développement : celui où il renonce à tout ce qui est personnel, et consacre toute sa vie à adoucir les souffrances d'autrui. Lorsqu'un homme a pris cette décision, un membre de l'Ordre se met en contact spirituel avec lui. En d'autres termes, l'individu qui a décidé de sacrifier sa personne et à ainsi touché à l'amour universel a atteint un tel degré de développement qu'il peut tout naturellement répondre aux vibrations émises par les membres de cette fraternité spirituelle. C'est ainsi qu'il entend en lui la voix du guide spirituel qui l'avertit de toutes les difficultés, de tous les dangers et des conséquences de cette décision. S'il persiste dans son choix, cet Ordre qui est là pour aider l'humanité à sortir de son chaos, l'accepte en son sein. Tout d'abord et sans qu'il le sache, à l'essai. Cette période commence immédiatement : le néophyte est complètement abandonné à lui-même pendant sept années. L'Ordre n'établit avec lui aucun contact quels que puissent être les efforts du néophyte pour le rechercher. Par contre, les épreuves se suivent. Sept d'entre elles ont rapport aux vertus humaines : il doit se libérer de toute sensualité, vanité, colère, convoitise, envie, susceptibilité et savoir résister a toute influence extérieure.

      S'il réussit tous ces examens en dépit de la solitude dans laquelle on le laisse et s'il reste fidèle à sa décision, il est alors considéré apte au travail et il est définitivement accepté. Il en est informé le jour même par un « hasard », une « coïncidence ». Dès ce moment, il reçoit une formation poussée et, simultanément, des tâches à remplir. Ces exercices d'abord faciles se compliquent de plus en plus selon sa faculté à les résoudre. Ils sont de nature très diverse. Certains néophytes travaillent dans l'ombre alors que d'autres doivent exercer en public. Il se peut qu'ils aient des devoirs à remplir en qualité de mendiant une fois et de personne riche d'autre fois. Ils peuvent peut-être devenir les assistants d'inventeur célèbre ou d'orateurs, écrivains.

      Certains occupent des postes influents dans le monde, d'autres sont de modestes ouvriers dans les ateliers d'une grande usine. Deux membres de l'Ordre peuvent même donner l'impression de travailler l'un contre l'autre. Ils ne doivent cependant jamais révéler qu'ils marchent ensemble et restent en contact permanent. Parfois, ce sont des gens célèbres choyés par les foules; parfois, ils vivent dans une telle misère qu'ils doivent endurer les privations et les humiliations les plus sévères. Ils doivent pouvoir faire leurs devoirs en jouant parfaitement tous ces rôles d'une manière absolument impersonnelle, comme de simples serviteurs de là grande cause. En plus de cela, ils portent l'entière responsabilité de chacun de leurs actes ! Les missions leur sont distribuées mais c'est à eux de décider comment les exécuter sans perdre de vue les conséquences qui peuvent en découler. Plus ils avancent et plus lourdes sont les responsabilités.

     Celui qui refuse la responsabilité de ses actes et de son travail, tentant de la faire porter par un autre membre de l'Ordre, celui qui ne veut reconnaître son travail comme un exercice librement consenti en faisant apparaître qu'il agit pour le compte de l'Ordre ou comme instrument spirituel d'un membre de l'Ordre - celui-ci devient un traître et perd instantanément tout contact avec la fraternité. Cependant, il ne le sait pas et peut s'en croire membre longtemps encore. Ceux-là sont utilisés pour mettre d'autres personnes à l'épreuve, pour savoir si elles se laissent berner par de faux prophètes ou si elles sont capables de discrimination, de penser d'une manière indépendante, si elles sont assez avancées pour peser chaque parole entendue avant de l'accepter. Ceux qui suivent les faux prophètes sont encore des aveugles qui se laissent guider par un autre aveugle. Tous deux basculent dans le fossé ! L'Ordre ne peut regrouper que des êtres indépendants sachant résister à toute influence, qui ne doivent pas faire le bien ou éviter de faire le mal par simple esprit d'obéissance, de profit parce qu'ils en attendent une récompense et qu'ils pourront « aller au ciel », ou encore par esprit de lâcheté parce qu'ils craignent une punition et redoutent « l'enfer ». Au contraire, les membres de l'Ordre doivent être capables, à tous les moments de la vie et de la mort, de suivre leur profonde conviction et d'agir en conséquence ! car : les messages de l'Ordre que les membres entendent dans leur cœur représentent leur plus profonde conviction !