Or le langage poétique ne traduit-il pas le jaillissement même de l'inconscient ? Il s'agit de Narayana, héros du roman de Makhali-Phal (3). « Il dit : « Dans la chasteté je lancerai ma sève, et elle croîtra comme un arbre, et elle étendra ses rameaux à l'infini, et elle montera des testiculesjusqu'au nombril, du nombril jusqu'au cœur, du coeur jusqu'à l'esprit, et là sera la cime de mon arbre, de l'arbre de ma virilité qui s'est élancé dans la chastetéet autour duquel le fardeau du monde trouvera un appui solide. » Et, comme il l'avait dit, cette virilité avait poussé en lui comme un arbre, jusqu'à la tète... et onn'avait qu'à voir la lumière de ses yeux pour se laisser pénétrer par la puissance surhumaine de sa virilité.
Cette virilité, à ce point épanouie, dégageait autour de Narayana l'odeur du héros qui était peut-être l'odeur d'Adam au Paradis Terrestre. Cette odeur que reconnut instantanément et qu'aima une tigresse, les Chrétiens diraient que c'est l'odeur de l'Hommeavant le péché. »Son unité étant reconquise, sa virginité recouvrée, l'homme est pénétré du rayon divin qui le féconde ; il assume alors sa dernière maternité, celle du Dieu qu 'il est.