L'Évangile de Judas est un manuscrit en papyrus de 26 pages écrit en copte dialectal, datant du IIIe siècle ou du IVe siècle.
Il fait partie d'un codex d'une soixantaine de feuillets appelé « Codex de Tchacos », contenant aussi deux textes apocryphes : l'Épître de Pierre à Philippe et la Première Apocalypse de Jacques, qui se trouvent aussi dans les manuscrits de Nag Hammadi. Ce codex a été vraisemblablement découvert en 1978, dans les sables du désert égyptien près de El Minya.
Grottes près de El Minya en Égypte.
Cet évangile a été composé dans la première moitié du IIe siècle et est en fait une traduction copte d'un texte grec plus vieux encore. Saint Irénée, évêque de Lyon, en fait mention à la fin du IIe siècle dans son ouvrage: Contre les hérésies (livre 1, chapitre 31, alinéa 1). L'évangile de Judas y est attribué à la secte gnostique des Caïnites.
Jésus demande à Judas de venir et dit qu'il lui révèlera des secrets inédits.
Car existe un royaume sans bornes dont aucune génération d'anges n'a connu toute l'étendue et où se trouve l'Esprit, immatériel, que nulle pensée du coeur n'a jamais pu appréhender, et à qui aucun nom n'a jamais été donné.
Le salut :
Ce n'est pas le Christ extérieur qui nous sauvera, mais notre Christ intérieur. Les historiens disent que dans toutes les religions, il y a un enseignement pour tous qui consiste en cultes, dogmes et rituels, lectures de textes, comme les Evangiles, tout ceci constitue l'enseignement exotérique.
Ils confirment également qu'il y a aussi un enseignement qui est transmis de génération en génération, parfois de bouche à oreille, qui est la gnose ou enseignement ésotérique. Ceci rejoint les enseignements traditionnels de tous les temps.
Les évangiles apocryphes, comme celui de Thomas et celui de Judas, mettent l'accent sur notre propre divinité: nous sommes littéralement "des fils de Dieu", puisque l'étincelle divine est en nous; encore faut-il en prendre conscience. Ces deux évangiles mettent l'accent sur la nécessité de chercher en nous et pas à l'extérieur de nous.
LA DOCTRINE DE L'ÉVANGILE DE JUDAS
Le texte débute par ces mots:
« Voici la révélation que Jésus a faite à Judas trois jours avant la Pâques.»
Le récit commence par montrer Jésus qui rejoint ses disciples en train de
préparer la cérémonie. Judas lui dit : "Je sais qui tu es et d'où tu viens, du
royaume immortel de Barbèlô et le nom de qui t'a envoyé, je ne suis pas digne de
le prononcer". Dans le monde spirituel de l'Evangile de Judas, confesser que
Jésus est issu du royaume de Barbèlô revient à confesser qu'il est un être divin
et le fait de déclarer ineffable le nom de qui a envoyé Jésus revient
à reconnaître que le vrai Dieu est l'Esprit Infini.
Voyant que Judas était prêt à être illuminé, Jésus le prend à part. Il lui
enseigne les mystères du Royaume.
La publication de ce texte permet donc de mieux connaître la pensée gnostique.
Cet évangile présente Judas comme un
initié, comme un disciple qui cherche à accéder à des connaissances mystiques
sur les origines du Christ et du monde. Jésus demande à Judas de venir et dit
qu'il lui révèlera des secrets inédits.
Jésus enseigne Judas en matière de Cosmologie : l'Esprit et l'Auto-Généré:
Infini, qui ne procède que de lui-même, un "hyper Dieu" vu qu'il y aurait un
Dieu-écran.
Cependant cette traduction de
l'évangile de Judas révèle une figure de Judas qui ne correspond pas exactement
à l'image que lui ont donné les médias. Il n'est pas dit explicitement dans le
texte que Jésus a demandé à Judas de le livrer.
Cette phrase isolée laisse aussi à penser qu'il y avait, dans les parties détruites du manuscrit, d'autres indications sur les rapports entre Jésus et Judas. De plus, il faut éclairer le texte par ce que nous savons sur la secte des Caïnites dont faisait partie le rédacteur de l'évangile de Judas.
LA GNOSE ET LA SECTE DES CAÏNITES
La gnose est un courant de pensée complexe qui a pris des formes diverses et comporte différents aspects. C'est d'abord une philosophie ésotérique où l'on trouve le salut par l'initiation aux mystères cachés.
Pour la gnose, le Dieu véritable est caché aux yeux des hommes par un dieu inférieur créateur du monde, le dieu de la Bible. La gnose rejette donc le dieu de l'Ancien Testament qu'elle considère comme un démiurge. Ce démiurge est responsable de toutes les imperfections du monde. Le monde créé est infecté par le mal, les ténèbres et le péché. Pour les gnostiques, Jésus est un maître spirituel chargé de guider les hommes vers la connaissance du vrai Dieu caché. Jésus n'est pas le fils du dieu de l'Ancien Testament.
Selon les Caïnites, Le Dieu de l’Ancien Testament, d’une nature très imparfaite, masquait le vrai Dieu, inconnaissable. Le mouvement gnostique est apparu au alentour de 70 après J.-C. et s'est développé jusqu'au IVe siècle. Il comprend de nombreuses sectes. Le monde chrétien était très divers à ses débuts. Après 313, date où le culte chrétien est autorisé par l'empire romain, l'Église à écarté les textes gnostiques du canon officiel des textes bibliques et les a appelés apocryphes. Beaucoup de manuscrits de ces textes ont peu à peu disparu.
Beaucoup de sectes gnostiques avaient leurs propres textes de référence, différents des écrits conservés dans le Nouveau Testament. Il nous en est parvenu un certain nombre intitulés «évangiles», «épîtres», «actes» ou «apocalypses», attribués faussement à tel ou tel apôtre (Pierre, André, Jacques, Philippe, Thomas etc...) ou à tel personnage ayant connu Jésus, comme Jacques son frère, Marie de Magdala ou Nicodème... Ces textes, aujourd’hui publiés, sont une source indispensable à l’histoire du christianisme naissant, beaucoup plus divers qu’on l’a dit parfois.
La figure de Judas est évidemment réhabilitée « mais il faut dire et redire qu’il s’agit d’une interprétation postérieure, imaginée au IIe siècle ap. J.-C. Vous ne trouverez ici aucune information historique nouvelle sur le véritable Judas Iscarioth. La publication des fragments de cet évangile donne, sans aucun doute, un éclairage intéressant sur les idées de la secte des Caïnites et les fondements de leurs croyances.