SAINTE THÉRESE D'AVILA (3)


LA SEXUALITE

  Thérèse avait faim d'amour purement spirituel; amour d'âme ou se mêlait un véritable zèle d'apostolat; mais si un seul instant une pensée charnelle s'était glissée dans sa contemplation, celle-ci eut été détruite sur le champ; au début de la vie spirituelle, les mouvements affectifs qui nous portent vers Dieu ne sont pas toujours absolument purs de toute contamination charnelle; une façon infaillible, pour le croyant, non pas même de faire la prière sur ses lèvres, c'est d'y mêler une pensée luxurieuse ou sensuelle; ce sont deux états essentiellement incompatibles, l'un est la négation de l'autre. La virginité : n'est qu'une forme de l'impuissance? non , il est le signe d'élection, qu'il y a dans certaines cas presque miraculeux, a être affranchi d'une loi qui courbe vers la terre les hommes avec les bêtes; l'instinct sexuel, il s'agit de toute autre chose; de toucher la vérité, d'entrer en contact avec elle; qu'elle chose pâle et morte qu'une idée au regard de l'émotion ou du sentiment qui nous met en possession du réel!

et combien le cœur est plus divinateur que l'intelligence; pour parvenir a cette possessions de la réalité unique qui est l'union amour, il faut se donner tout entier a cet amour, renoncer aux passions.

Les passions : en elles-mêmes, ne sont ni bonnes ni mauvaises; quoique toujours incomplètes et toujours mêlées de souffrance, pour un bonheur lointain dans la foi, seule nous est garantie; mais même quand on a la certitude entière de ne pas se tromper, quel héroïsme suppose en tel détachement; si les états d'oraison s'accompagnent d'excitation ou d'émotion sexuelle, le moindre émoi sexuel est absolument incompatible avec l'émotion religieuse.

AVANT LES GRACES D'ORAISON

Qu'un de vos exercices, toute votre vie , soit de faire beaucoup d'actes d'amour, parce qu'ils enflamment et attendrissent l'âme; "Je menais une vie très pénible, parce que a la lumière de l'oraison , je comprends mieux mes fautes; d'un côté Dieu m'appelait et de l'autre, je suivais le monde; je voulais, ce me semble, accorder ces deux contraires si ennemis." La vie spirituelle et la vie des sens avec ses satisfactions, ses plaisirs et un passe-temps.

La duperie du monde : bientôt de grands troubles la bouleversèrent et la torturèrent; ces troubles étaient d'ordre purement moral; ce monde futile et inconstant, la vraie et seule sagesse consiste a le nier; arriver a secouer le poids accablant de la chair, vaincre le courant de la chute, lutter contre la puissance inconnue et formidable qui précipita l'âme humaine vers l'abîme des sens et de la mort de la matière, soulever le fardeau des siècles de damnations qui nous écrasent, se dresser contre sa propre chair, contre des myriades et des myriades d'êtres entrainés par le torrent de la chute, contre l'humanité entière et l'univers entier. Rappelons nous sa fuite enfantine a la recherche des martyres et de la félicité céleste; c'est la, chez elle, un des premiers et des plus évidents signe de la sainteté; tous nos efforts, toutes nos actions et toutes nos pensées immédiatement fausses et dépravées par cette matière originelle; par un acte de vertu, par une idée haute et noble qui ne suscite immédiatement sa caricature satanique; le masque du mauvais se dégageant triomphalement des époques les plus platement matérielles, comme la nôtre, ou le culte d'un univers sans âme et d'une raison sans contrepoids ramène le prétendu civilisé a toutes les dépravations de l'instinct et a toutes les barbaries; la perpétuelle duperie de ces plaisirs légers dont on dit qu'ils aident a supporter la vie; le sentiment de l'inconscience, de la sotterie de la tromperie volontaire dont ces plaisirs sont faits; l'illusion du souvenir ou des désirs; l'odeur fétide de toutes nos jouissances; dés le début, par une grâce spéciale, elle fut instruite de la duperie du monde.

LUTTES

Le bonheur la fuit pourtant; lorsqu'elle essaye de s'approcher de l'ineffable, plus rien ne répond a son âme; mais les mois passent, la source de félicité est tarie; elle aspire a cet amour; elle le regrette comme un don qu'elle n'aura pas, mais un don plus sublime lui est réservé, l'amour spirituel sans défaillance; elle ne se rend pas compte que ce qu'elle exige de l'amour mortel est ce rêve de l'amour divin, qu'a son insu et contre son gré, elle porte dans son cœur; elle était tentée en lutte contre son âme et sa chair; va t'elle porter un cœur divisé ou la pureté sera sans cesse mêlée a d'autres appels? dans cette sensation incorporelle de la Présence, se réfletera-t'il d'anciens troubles? le vent de la tentation est tombé; elle baigne dans un subit apaisement, et comme si au bout de cet horizon tranquille un son naissait et se propageait sans en troubler la lumière, elle entend une voix qu'elle n'a jamais entendue :"Ne te trouble point; c'est Moi; je ne t'abandonnerai pas, ne crains rien".