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* "Texte copié à partir du site de Mr Roland Soyer avec son aimable autorisation; sur http://www.livres-mystiques.com"
« La Nuée sur le Sanctuaire » porte, plus que toute autre œuvre de d'Eckhartshausen, l'empreinte de l'esprit dans ce qu'il a de plus clair, de plus pur, de plus lumineux », notait le Dr Marc Haven dans sa Préface à l'Edition de 1914. Le présent texte n'en est pas une réédition pure et simple. On a cherché à le débarrasser de nombre de germanismes criants et de quelques contresens, afin d'en rendre le contenu plus accessible à des cerveaux français sans jamais en trahir la pensée - on l'espère du moins.
En dehors des Évangiles, il est peu d'œuvres aussi qualifiées pour répondre aux aspirations des âmes assoiffées de Vérité, et des intelligences que ne satisfont pleinement ni le formalisme rigide des Cultes, ni les solutions ingénieuses et multiples - hélas, multiples ! - de la plupart des systèmes à prétentions ésotériques.
Face aux faux
adeptes avides de titres ronflants et experts en définitions sonores, aux
Églises routinières, aux Maçons entichés de « régularité » ou pressés de
réformer le monde par l'extérieur; indifférent aux charlatans de l'Occulte,
étranger aux sectes pseudo initiatiques qui pullulaient alors comme toujours,
d'Eckhartshausen rappelle que l'Esprit souffle où il veut, que le Verbe
illumine directement qui bon lui semble, sous la condition de mise en pratique
de la formule-clé : « Aimer Dieu par dessus tout, et le prochain comme soi-même
».
« Tout ce que je
dis ici , affirme l'auteur, n'est pas extravagance hyper physique, mais vérité
absolue, que chacun peut expérimenter ». Et c'est parce qu'il en a fait lui-même
l'expérience, laquelle l'a rendu membre de la « Communauté lumineuse de Dieu
», de l'Église intérieure du Christ, qu'il peut avec autorité nous retracer
le chemin étroit et direct qui mène au suprême Sanctuaire, encore masqué à
nos yeux par la « nuée » des opinions, des préjugés et des passions.
Le siècle qui s'ouvrait alors que d'Eckhartshausen rédigeait son livre se prit orgueilleusement pour « le siècle des lumières ». Ni plus ni moins que le nôtre, et avec autant de raison Tout siècle neuf se persuade aisément que la Sagesse est née avec lui !
Mais les vérités
consignées dans la NUÉE
ne sont ni d'un siècle, ni d'un autre: elles sont de toujours. Et c'est
pourquoi il se trouvera toujours des âmes pour les recevoir, des cœurs pour
les abriter.
Depuis l'époque où
parut
ce livre, il semble bien que la nuée se soit encore épaissie autour du
Sanctuaire.
N'est-elle pas d'un des pontifes de la science du jour, cette phrase qui en résume à merveille l'esprit : « L'HOMME N'EST RIEN MOINS QUE L'ŒUVRE D'UNE VOLONTÉ LUCIDE... IMPOSSIBLE, POUR LUI, DE SE LEURRER DE I'ESPOiR QU'IL PARTICIPE A QUOI QUE CE SOIT QUI LE DÉPASSE ».
A cette désinvolte
affirmation (elle est, je crois,de Jean Rostand) d'Eckhartshausen
a répondu par avance (Essais Chimiques, p. 6) :
« LE SAVANT MODESTE DIT SEULEMENT :
« D'APRÈS LES CONNAISSANCES ACTUELLES, IL NE SEMBLE PAS POSSIBLE...,
PEUT-ÈTRE NOUS MANQUE-T-IL UNE PLUS HAUTE CONNAISSANCE ».
Lorsqu'on se fait gloire, en effet, de ne participer à rien qui nous dépasse, il semble que la modestie dans l'attitude et la prudence dans les conclusions devraient aller de soi !...
Inutile d'épiloguer là-dessus. Prenons-en simplement acte pour affirmer à nouveau que la « nuée > est plus épaisse et plus sombre qu'il y a un siècle. Et que ce livre est, ipso facto, plus actuel que jamais !
A. SAVORET.
Si oculus
tuus fuerit simplex totum corpus tuumlucidum erit. (Saint-Luc, chap. 11, v.
34.)
L'œil intérieur de
l'homme, c'est la raison, potentiahominis intellectiva, mens.
Si cet œil intérieur
est éclairé par la lumière divine, alors il est le vrai soleil intérieur,
par lequel tous les objets viennent à notre connaissance.
Tant que la lumière divine n'éclaire pas cet œil, notre intérieur vit dans les ténèbres. L'aurore de notre intérieur commence quand cette lumière se lève.
Ce soleil de l'âme éclaire notre monde intellectuel, comme le soleil extérieur éclaire le monde extérieur.
Comme, au lever du soleil extérieur, les objets du monde sensible nous deviennent peu à peu visibles ; ainsi, au lever du soleil spirituel, les objets intellectuels du monde spirituel ou raisonnable viennent à notre connaissance.
Comme la lumière
extérieure nous éclaire sur le Chemin de notre pèlerinage, ainsi la lumière
intérieure nous éclaire sur la voie du salut.
Mais, comme l'œil extérieur
de l'homme est exposé à différents dangers, l'œil intérieur l'est de même.
Cet œil intérieur
doit être conservé sain, pur et inaltérable : alors il peut s'élever, comme
l'œil extérieur vers le ciel ; et, comme l'œil extérieur peut considérer le
firmament, les étoiles et le soleil, ainsi l'œil intérieur peut voir tout le
ciel, les anges et Dieu même - ainsi qu'il est écrit : Signatum est super
nos lumen Vultûs tui, (Ps. 4) ; Ostendam omne bonum tibi, (Ex. 6, 33.)
Quelle grande destinée
a l'homme intérieur !
Son spirituel peut s'élever
jusqu'aux anges et aux intelligences supra-angéliques ; il peut s'approcher du
Trône de la Divinité, et voir en lui-même toutes les magnificences des mondes
divin, spirituel et physique ; Averte oculum tuum, ne videat vanitatem.
Détourne ton âme,
ton œil intérieur, de toutes les choses qui ne sont pas Dieu ; ferme-le à la
nuit des erreurs et des préjugés, et ne l'ouvre qu'au Soleil spirituel.
Ce Soleil
spirituel, c'est Jésus-Christ ! Car,
comme le soleil extérieur possède la lumière et la chaleur, rend tout visible
et fait tout fructifier ; ainsi ce soleil intérieur rend tout susceptible d'être
connu dans l'esprit, et actif dans le cœur : car la Sagesse et l'Amour sont ses
forces, la raison et la volonté de l'homme ses organes. Il parfait nos
puissances avec la Sagesse et notre volonté avec l'Amour.
SUR LE DÉVELOPPEMENT
DES FORCES HUMAINES
Plus un corps a
d'organes pour la réception, le développement et la propagation d'influences
diverses, plus certainement son existence est riche et, parfaite, parce qu'il a
plus de potentiel vital.
Mais plusieurs forces
peuvent dormir en nous pour lesquelles nous n'avons point d'organes, et
qui par conséquent ne peuvent pas agir.
Ces forces latentes
peuvent être éveillées, c'est-à-dire, que nous pouvons nous organiser nous-mêmes
pour qu'elles deviennent actives en nous.
L'organe est une forme
dans laquelle une force agit ; mais toute forme consiste dans la direction déterminée
des parties vers la force agissante.
S'organiser pour
l'action d'une force veut dire simplement, donner aux parties une telle forme ou
situation, afin que la force puisse y agir. C'est en cela que consiste
l'organisation.
Maintenant, de même que pour un homme qui n'a point d'organes, point d'yeux pour la lumière, la lumière n'existe réellement pas, lorsque cependant tous ceux qui ont cet organe en jouissent ; ainsi beaucoup d'hommes peuvent ne pas jouir de quelque chose dont d'autres peuvent jouir. je veux dire qu'un homme pourrait être organisé de telle sorte qu'il sentirait, entendrait, verrait, goûterait des choses qu'un autre ne pourrait sentir, ni entendre, ni voir, ni goûter, parce que l'organe lui manquerait.
Ainsi, dans ce cas,
toutes les explications seraient infructueuses ; car l'un mêlerait toujours les
idées qu'il aurait reçues par son organe particulier avec les idées de
l'autre, et il ne pourrait goûter et comprendre quelque chose qu'autant que
cela s'approcherait de ses propres sensations.
Comme nous recevons
toutes nos idées par les sens, et que toutes les opérations de notre raison
sont des abstractions d'impressions sensibles, ainsi nous ne pouvons nous faire
aucune idée de beaucoup de choses, parce que nous n'avons point encore de
sensations de ces choses. Cela seul pour lequel nous avons un organe, nous
devient perceptible.
De là, il paraît
être démontré que les hommes organisés pour le développement des forces supérieures,
ne peuvent donner à ceux qui ne sont pas organisés pour cela, aucune idée,
sinon très vague, de la vérité supérieure.
Ainsi toutes nos
disputes et nos écrits servent peu. Les hommes doivent d'abord être organisés
pour la perception de la vérité.
Quand nous écririons
des in-folio tout entiers sur la lumière, des aveugles n'en
verraient pas plus clair. On doit leur donner d'abord l'organe de la
vision.
Maintenant, la
question est : En quoi consiste l'organe de perception de la vérité ?
Qu'est-ce qui rend l'homme capable de la recevoir ?
je réponds : Dans la simplicité
du cœur ; car la simplicité met le coeur dans une situation convenable
pour recevoir purement le rayon de la raison et celui-ci organise le
coeur pour la réception de la Lumière.