KRISHNA
Ce n'est qu'en Me servant avec un amour et une dévotion sans partage qu'on peut Me connaître, tel que Je suis, debout devant toi ,ô Arjuna, et de même, en vérité, Me voir. Ainsi, et seulement ainsi, pourra-t-on percer le mystère de Ma personne, ô Parantapa.
" Et de tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et M'adore en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand, et M'est le plus intimement lié."
(La Bhagavad- gita)
(Etudes sur le shivaisme du kasmir)
Aucun yoga ne peut dépasser en excellence le bhakti-yoga, qui est la connaissance spirituelle pure. Sans la connaissance du moi spirituel, l'ascétisme demeure incomplet; la forme la plus haute du yoga, c'est le bhakti-yoga; les autres yogas y conduisent toutes par étapes successives; le bhakti-yoga constitue le but ultime; celui qui a l'immense fortune de parvenir jusqu'au bhakti-yoga dépasse tous les autres yogis;
Que le yogi, purifié de toute faute, s'efforce de parfaire sa réalisation spirituelle, et il atteindra enfin, passées de nombreuses vies d'intense pratique, le but suprême.
La caractéristique de la voie d'amour est d'ignorer toute technique, élan et spontanéité sont seuls requis de la part du mystique; la prise de conscience est intérieure, la lumière du coeur repose satisfaite en elle-même et correspond à l'autorévélation de Divin; on la nomme coeur suprême, libre d'énergie, Verbe, intuion du Je transcendant. Avec la pointe ardente de son esprit, le bhakta effectuera une percée jusqu'au centre et de là, toute droite, jaillira la flamme d'amour; elle brûlera le cercle artificiel et restreint qui coupait le bhakta à la fois de son moi profond et de la totalité cosmique.
L'énergie utilisée et apaisée est la grâce qui réside dans le coeur humain; ainsi on ne peut obtenir l'amour divin par un exercice quelconque, il est entièrement subordonné à la grâce; l'amour appelle la grâce et la grâce appelle l'amour; lorsque s'unissent étroitement la satisfaction de Dieu qui exige tout de l'homme et le coeur humain, grisé d'amour et attendri pazr la douceur d'une intimité toujours renouvelée, amant, aimé et amour ne font plus qu'un.
L'oeil spirituel de l'illumination ouvert par l'amour et qui figure le Sujet conscient au-delà de connaissance et de connu, est ainsi célébré comme l'oeil de feu, qui consume la dualité, embrasant le coeur d'amour divin d'où rayonnent amour et félicité, incomparable ambroisie. Pour qui l'a éprouvée, l'absorption mystique est un mélange indéfinissable de quiétude, de douceur et d'amour; il se détache extases et intuitions et de lui fude soudain une illumination qui finit par envahir toute la vie.
Il en résulte que l'amour divin est conscience subtile, infiniment délicate, saveur de Dieu dont la douceur ne peut-être éprouvée que dans la quiétude et la vacuité propres à la volonté en repos; cet amour est donc léger, intime, diaphane, nullement un émoi de l'affectivité ou une tendresse sentimentale.
La grâce, par une voie sans gradation conduira le dévot immédiatement à l'illumination spontanée; le signe d'une telle grâce est un amour inébranlable, intense et désintéréssé; aprés avoir décelé la présence divine en lui puis dans l'univers, il voit bientôt à la fois lui-même et l'univers perdus dans l'Energie sans limite.
Quand les hommes ont complétement renoncé à leurs activités mentales et se sont libérés à l'égard du fonctionnement de leurs organes, de leurs dépendances, ces héros ainsin fortement établis par Ta grâce, ô Mère, jouissent aussitôt de cet état suprême qui se déverse en une ambroisie de béatitude sans égale et sans défaillance.
L'amour apaisé accomplit ainsi le miracle de faire adhérer à Dieu toute la personne, souffle y compris, en une communion sans parole et sans pensée; la prière n'est donc nullement une répétition mécanique du non de Dieu, c'est un jaillissement spontané sans préparation ni procédé, issu d'un désir vigilant exclusif qui n'a cure de rien hormis Dieu et ne se souvient que de lui.
Le véritable renoncement qu'exige la nuit mystique doit-être en effet purement intérieur; c'est la mort totale à soi-même, la renonciation au contingent et au distinct, à la jouissance comme à la douleur, à la connaissance, à l'effort personnel, aux pouvoirs surnaturels, à l'illumination et même à la félicité et à l'amour mystiques s'ils s'accompagnent de la moindre limitation.
commentaires de Shantidas : aucun yoga n'est supérieur à un autre; il y a des individus différents; chacun a son chemin propre et il peut le trouver à travers les différents yogas et un seul lui conviendra; donc on ne peut que dire mille individus, mille chemins; dans les grandes lignes certains aspects ou expériences seront les mêmes mais le chemin que la personne suivra lui conviendra pour elle seule;
