TEMOIGNAGE D'UNE TRANSITION
Toute ma vie j'ai eu une attirance vers les choses occultes. Je semblais absorber, parfois inconsciemment, la connaissance positive que l'homme vit après qu'il se projette de son corps matériel et vole vers les royaumes inconnus. Je restai attaché à cette croyance en dépit de mon éducation matérielle, scientifique, qui visait seulement à développer de façon plus parfaite les cinq sens physiques, et omettait totalement toute pensée sur les choses au-delà de ce que les yeux et les oreilles, et l'intellect puissent nous dire.
Cependant, à l'époque où j'eus la possibilité réellement de témoigner du vol de l'Esprit à partir du corps à l'instant de la mort physique, il y avait encore un doute dans mon esprit quant à la continuité de la vie, qu'elle soit dans ou en dehors du corps physique.
Par conséquent l'incident suivant changea le cours entier de mon raisonnement et de ma connaissance de la vie. Je sais maintenant que notre vie limitée ici sur terre dans le corps physique n'est que de courte durée comparée à tout le temps de l'éternité en lequel nous continuons à développer cette partie indestructible de nous-mêmes—l'esprit.
Sans aucune idée du décès imminent de ma tante, j'avais téléphoné simplement à cause de mon intérêt personnel et de mon affection pour celle qui représentait tout ce qui me restait de la famille de ma mère. Elle était âgée de soixante treize ans et présentait des symptômes très caractéristiques de cancer. Alors qu 'elle avait souffert de sévères douleurs, elle semblait forte et remplie d'une vitalité pour quelqu'un dans sa condition, aussi je n'avais pas pensé à un danger immédiat.
Lorsque je laissais tout pour la voir ce jour là, elle semblait forte et logique. Son cœur battait de façon rythmique et normalement. Elle apparaissait en assez bonne condition. Mais après que j'aie été là pendant un court moment, je sentis alors, comme par intuition, un changement dans son aspect physique : je devins conscient que sa transition ne prendrait pas beaucoup de temps.
Alors les symptômes de dissolution physique se présentèrent eux-mêmes afin que la partie physique en moi, les sens bien éduqués, puissent savoir et comprendre que la vie physique était en danger. Je suis heureux d'évoquer maintenant ce que je sus le premier, sans raisonnement intellectuel, entièrement à travers la perception spirituelle, que son laps de temps de vie était fini.
Je détectai la pulsion faiblissant rapidement, la respiration superficielle irrégulière, et tous les symptômes accompagnant l'organisme en défaillance. Je vis que l'expression physique était en train de changer, les traits tirés de son visage semblaient accroître en proéminence, et la violente bataille de la douleur commençait à diminuer en intensité. Alors la partie physique en moi sut que la "mort" était imminente.
Puis nous appelâmes ceux qui nous étaient proches et chers et nous assîmes à côté du lit attendant l'ange inévitable dont nous avions appris à craindre et redouter la visite.
La transition couvrit une période de plusieurs heures. Le processus de mort sur un plan et la naissance sur un plan supérieur progressait très lentement de telle façon que c'était réellement un privilège d'y assister, avec l'œil physique et spirituel, dans tous les détails du changement.
Les signes annonçant la mort survinrent vers dix heures du soir. Le dernier travail du corps physique ne cessa pas jusqu'à sept heures du matin.
Toute cette nuit se passa dans la zone frontière entre le physique et le spirituel, alors que je passais par l'une des plus étonnantes expériences de ma vie entière.
Je vis la séparation de l'élément spirituel du corps d'avec l'enveloppe physique; la formation de la corde qui joignait le corps éthérique avec le physique. Je vis la croissance des corps supérieurs d'une vague substance indistincte brumeuse dans le corps vivant d'une beauté angélique de ma tante dans la vigueur de sa vie. Je vis des vagues palpitantes courir à travers la corde spirituelle qui connectait les deux cordes, et puis la corde fut tranchée et la nouvelle vie dans le nouveau monde avait commencé, même si la mort sur le plan physique avait revendiqué le corps physique.
Je vis de très près chaque processus de la "mort" qui miraculeusement se tournait en une "naissance". La vie était et est toujours là; je vis non la mort mais simplement la transition d'un plan de vie à un autre.
La première chose que je détectai de mon œil spirituel, lorsque j'étais assis au lit de cet être aimé, fut la formation graduelle du corps éthérique à part et séparé du corps physique. Immédiatement au-dessus du corps de douleur en ruine je détectai vague zone brumeuse de substance cotonneuse qui ressemblait physiquement à un brouillard ou un pan de vapeur condensée. Je regardai cette forme avec intérêt et étonnement. Elle semblait posséder la vie qui était à part de toute la silhouette nuageuse que je n'avais jamais vue auparavant.
Cette substance se formait environ deux pieds au-dessus du lit et sur la contrepartie physique. Elle s'allongeai elle-même jusqu'à ce qu'elle soit de la longueur du corps physique. Alors elle commença à se modeler dans une forme définie.
En premier apparut la silhouette générale grossière d'un corps; puis vint le développement d'étoffes spirituelles; puis le commencement des traits et le contour de l'expression sur le visage. Je regardais comme dans un miroir la reproduction du corps physique de ma tante, sauf qu'ici il s'exprimait la jeunesse, la beauté, la paix et le contentement. Les yeux étaient fermés dans un sommeil surnaturel où rien d'autre n'était suggéré que la paix et le repos.
Comme je regardais l'émergence de ce corps spirituel, cela semblait une chose si naturelle, qu'il n'y avait rien de la bataille et de la douleur que j'avais vues. Mes yeux s'ouvrirent largement émerveillés lorsque la forme spirituelle prit plus de vivacité et de vie.
Alors ma vision spirituelle sembla être transférée, bien que par aucune volonté de ma part, sur l'observation du corps physique. Je vis la corde d'argent qui était encore connectée aux deux corps, fournissant les moyens de transfert du corps physique au corps spirituel.
Cette corde semblait être longue de deux pieds, composée d'une douce radiance étincelante argentée qui était presque lumineuse, si brillante qu'elle resplendissait devant moi. Elle dépassait du corps physique, à la base du crâne, à la protubérance occipitale. Puis elle passait en haut et de l'autre côté du corps physique où elle rejoignait la contrepartie spirituelle à la même base de la tête dans le corps spirituel.
La corde elle-même semblait composée de fils tressés argentés, chacun séparé et distinct et cependant moulés dans une substance, tel un cordage. Là où se faisait le contact avec le corps physique je pouvais voir les fils séparés et devenir plats afin qu'ils s'attachent eux-mêmes au corps physique comme une seule surface plate.
Alors que j'observais cette structure croître miraculeusement devant moi, je pouvais voir les pulsations de l'énergie spirituelle qui courait à travers la corde pour donner plus de vie au corps spirituel. Comme l'énergie était transférée dans la partie immortelle, ainsi la vie diminuait dans le physique. La libération de l'essence spirituelle de l'encombrement du physique constituait la mort de l'argile inanimée. Ainsi me fut donnée la connaissance de l'attribut premier de la matière, qui est essentiellement l'Activateur.
A ce moment j'ouvris mes yeux plus pleinement sur la vie spirituelle qui était tout autour de moi. Je regardai et vis la réalité spirituelle de ma bien aimée mère qui avait effectué sa transition quelques années auparavant. Puis je vis la forme de mon oncle, le mari de ma tante qui était plus loin et rencontra ses bien aimées. Je vis, aussi, le fils, mon cousin, qui était parti il y a longtemps vers de nouvelles aventures. J'en vis d'autres, également, rassemblés autour de moi dans cette petite pièce qui était soudainement devenue pour moi un sanctuaire, un lieu sacré, où je pouvais venir davantage plus proche de la présence de la Vie Eternelle. J'étais intimidé et amusé par la présence de ces visiteurs inattendus.
A nouveau mon attention fut attirée vers le corps spirituel de celle qui entrait dans le nouveau plan d'existence. A présent la contrepartie spirituelle était plus réelle que le physique; une radiance planait sur elle maintenant et la vie était manifestée là de façon plus proche. L'expression du visage avait changé et la bouche avait formé un sourire radieux. Les voiles étaient lumineux par la douce lumière de l'astral. La corde connectant les deux corps resplendissait de façon encore plus brillante. Je savais que la transition était presque complète.
J'observai le groupe des proches rassemblés là; ils paraissaient heureux au-delà de la joie possible dans le monde matériel. Je les vis placer un bouquet de fleurs à la tête du lit, un bouquet de roses rouges ayant une nuance et une teinte impossibles à décrire. Leur beauté ne pouvait se comparer avec aucune fleur matérielle. Chaque fleur irradiait une splendeur supérieure à tout autre chose que je n'avais jamais vue avant.
Comme je regardais la scène devant moi, je fus frappé par son extrême naturel. Tout semblait si logique et organisé. J'avais observé et assisté à de nombreuses naissances physiques, et la comparaison me vint tout naturellement.
La mort sur le plan physique doit certainement signifier la naissance à un nouveau mode de vie. Toute la nature me portait à croire cela. Et la naissance à la nouvelle vie était tout aussi naturelle, ou même davantage, qu'une naissance dans le physique. Alors qu'est ce qui pouvait être si étrange sur le fait que ceux qui étaient très intéressés viennent et soient l'inspiration assistante ? J'acceptais tout ceci dans une conviction de connaissance absolue.
Maintenant j'entendais de joyeuses voix chanter. Je savais que c'était le chant de bienvenue appelant ma parente vers son nouveau foyer. Alors, comme je regardais vers le lit où gisait la pauvre forme pathétique, les couvertures blanches du lit disparurent et devinrent à ma vision comme de doux pétales de roses lorsqu'ils furent éparpillés là par ceux qui attendaient de leur bienvenue céleste.
Une voix, assez douce à mon oreille, dit, "Seulement encore douze minutes".
Je répétais ces mots à ceux qui regardaient à mes côtés. J'observais le tic tac de ma montre en attendant l'enregistrement du double processus de naissance et de mort.
A nouveau mon attention fut attirée par la corde d'argent. Je regardais les fils dont elle était formée. Je vis le premier fil se briser et s'enrouler, juste à la connexion du corps physique à la base du cerveau. Puis un autre fil se brisa et s'enroula tout comme une corde tendue lorsqu'elle se coupe de son support. Ainsi durant ces douze longues minutes la préparation fut faite pour la perte de la connexion finale terrestre d'avec le corps éthérique libéré.
Le moment était maintenant presque venu. Le temps réel pour la séparation du dernier chaînon en connexion des deux corps était à portée de main. J'étais sur le point d'être le témoin de la rupture finale des liens terrestres et de l'envolée de l'Esprit du bas vers le haut et dans de nouvelles expériences qu'il ne pouvait acquérir tant qu'il s'accrochait au corps physique.
Alors je vis la séparation du dernier fil de la corde, et l'Esprit fut libre.
Le "corps de l'Esprit" s'éleva lentement lui-même et flotta vers une position verticale. L'expression prit une tournure de conscience et d'animation. Les yeux s'ouvrirent lentement et brillaient de vie et d'amour. Le visage à présent était transfiguré de joie et de bonheur radieux.
Puis la véritable spiritualité commença à se présenter elle-même. Là où auparavant avait été retenu un peu de l'apparence de la vieillesse et du souci, ceci à présent semblait s'en aller. Je contemplais un être dans toute la majesté de sa perfection. Je regardais la jeunesse et cependant la pleine maturité de l'expérience. Je regardais le zénith de l'Esprit qui avait achevé une vie de service et de don de soi pour les autres. Je regardais les récompenses spirituelles pour une vie bien passée.
Je ne pus jamais souffrir ou souhaiter son retour vers moi pour mener encore les batailles amères de la vie sur terre. Jamais je ne pus m'affliger de l'absence de la présence physique. Je ne pus jamais permettre à l'image de la naissance spirituelle et de l'éveil de s'estomper de mes yeux spirituels.
RAYS MAI JUIN 2002 R.B.H.
Traduction Chantal Duros