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CHAPITRE 5 - LE SACREMENT DU BÂPTÈME

Juin 1911

Dès qu'un être humain fait son entrée en ce bas monde, l'Eglise l'admet dans son sein par le rite du Baptême, qui lui est administré à un âge où il est irresponsable. Plus tard, une fois que son mental s'est quelque peu développé, il ratifie cet engagement et il est admis à la Communion , un sacrement où le pain est rompu et le vin versé en souvenir du Fondateur de notre foi. Plus tard, au cours de son voyage du berceau à la tombe, le fidèle reçoit le sacrement du Mariage . Enfin, au terme du voyage, lorsque l'Esprit retourne à Dieu qui l'a donné, le corps est rendu, avec la bénédiction de l'Eglise, à la terre dont il était tiré.

A notre époque, où l'esprit de contestation domine, des non-conformistes élèvent la voix et se révoltent contre ce qu'ils appellent l'arrogance du clergé. Ils dénigrent les sacrements, qu'ils traitent de "mômeries". A cause de cette attitude d'esprit, ces cérémonies n'ont que peu ou pas d'effet dans la vie des communautés religieuses; des divergences ont surgi même entre membres des Eglises et, secte après secte, ils se sont séparés de la congrégation apostolique d'autrefois.

Malgré tout, les doctrines et les sacrements de l'Eglise n'en sont pas moins les clés de voûte de l'évolution,

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car il nous inculquent des principes moraux d'une grande élévation. Même des savants matérialistes comme Huxley ont admis que, si l'individu, en se protégeant lui-même, assure la "survivance du plus fort" dans le rèpne animal, ce qui est la base même de la survivance des espèces, le sacrifice de soi-même est le principe du développement humain. Si ce principe s'applique aux simples êtres humains que nous sommes, à plus forte raison doit-il agir dans le cas de l'auteur divin qui nous a créés.

Chez les animaux, la force prime le droit, alors que chez les êtres humains, on reconnaît que le faible a droit à la protection du plus fort. Le papillon pond ses oeufs sur la face inférieure d'une feuille verte et s'en va sans plus se soucier de leur sort, mais chez les mammifères, l'instinct maternel est extrêmement développé; et nous voyons la lionne s'occuper de ses petits et les défendre au péril de sa vie. Toutefois, il faut remonter jusqu'au règne humain pour voir le père commencer à assumer sa part de responsabilité en tant que parent.

Chez les peuples primitifs, les soins donnés aux enfants cessent pratiquement dès le moment où l'enfant est capable de pourvoir lui-même aux besoins de son corps physique, mais à mesure que notre civilisation progresse, les soins que l'enfant reçoit de ses parents durent plus longtemps; et la plus grande attention est accordée à son éducation mentale, si bien qu'à sa maturité, l'enfant a suffisamment d'instruction pour que sa lutte pour l'existence se déroule plutôt du point de vue mental que du point de vue physique. De fait, plus nous avancerons sur la route du progrès, plus nous constaterons que l'esprit l'emporte sur la matière. Grâce au sacrifice de plus en plus prolongé des parents, la race humaine tend à s'affiner, mais ce que nous perdons en rudesse, nous le gagnons en perception spirituelle.

A mesure que cette faculté se développe et se fortifie, l'ardent désir de l'Esprit emprisonné dans son corps de chair fait entendre sa voix pour obtenir une compréhension plus grande du côté spirituel de son

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développement. Wallace et Darwin, Huxley et Spencer ont montré comment l'évolution de la forme s'accomplit dans la nature. Haeckel a tenté de résoudre l'énigme de l'univers, mais aucun d'eux n'a réussi à substituer une théorie satisfaisante à celle de l'Auteur Divin de tout ce qui nous entoure. A mesure que les années passent, les fidèles de la grande déesse appelée Sélection naturelle la délaissent; et Haeckel lui-même, ce matérialiste irréductible, a fait montre, durant les dernières années de sa vie, d'un souci presque maladif de faire une place à Dieu dans son système.

Dans un avenir relativement rapproché, nous verrons la science devenir aussi profondément religieuse que la religion elle-même. De son côté, l'Eglise, malgré sa position extrêmement conservatrice, abandonne peu à peu son dogmatisme autocratique et devient plus scientifique dans ses explications. Ainsi, avec le temps, nous verrons la science et la religion s'unir comme c'était le cas dans les anciens Temples des Mystères. Lorsque ce point sera atteint, on se rendra compte que les doctrines et les sacrements de l'Eglise reposent sur d'immuables lois cosmiques , aussi importantes que la loi de gravitation qui assure la marche des planètes sur leur orbite autour du Soleil. Tout comme les points des équinoxes et des solstices représentent des tournants dans le parcours cyclique de notre planète, marqués par des fêtes religieuses comme celles de Noël et de Pâques, de même, la naissance dans le monde physique, l'admission dans l'Eglise, le mariage et, finalement, le départ de ce monde, sont autant de points dans le cycle de l'esprit autour de sa source centrale, Dieu. Ces points sont marqués par les sacrements du Baptême , de la Communion , du Mariage et de l'Extrême-Onction .

Considérons maintenant le rite du Baptême. Bien des critiques ont été émises par des non-conformistes contre l'usage d'apporter un petit enfant à l'église pour le promettre à une vie religieuse . De chaudes discussions se sont élevées entre les partisans de l'aspersion et ceux de l'immersion et ont provoqué des schismes entre Eglises. Si nous voulons nous faire une véritable idée du Baptême, il nous faut remonter à

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l'histoire des débuts de l'humanité, telle qu'elle est enregistrée dans les annales de la Mémoire de la Nature. Tout ce qui arrive est enregistré de manière indélébile dans l'éther, de la même façon que les images d'une scène peuvent être enregistrées sur un film et reproduites en tout temps sur l'écran d'une salle de cinéma. Les images de la vraie Mémoire de la Nature (dans le monde de l'Esprit de Vie) peuvent être examinées par un clairvoyant exercé, même si des millions d'années se sont écoulées depuis que les scènes ainsi reproduites ont eu véritablement lieu.

En consultant ces annales irrécusables, nous voyons que, comme le dit la Bible, ce qui est aujourd'hui notre globe terrestre est sorti du Chaos, comme une masse obscure et sans forme. Dans cette masse brumeuse, certaines entités spirituelles ont créé des courants qui ont produit de la chaleur , et cette masse s'est embrasée au moment où, selon la Genèse, Dieu dit "Que la lumière soit!". La chaleur de la masse incandescente environnées par le froid de l'espace a produit de l'humidité ; et le brouillard de feu s'est entouré d'eau bouillante qui projetait de la vapeur dans l'atmosphère. Ainsi, Dieu sépara "les eaux d'avec les eaux", autrement dit d'une part l'eau bouillante proche du noyau, et la vapeur, ou eau en suspension, d'autre part.

Lorsque l'eau contenant des matière calcaires bout constamment, elle dépose du tartre et, de même, l'eau entourant notre planète a fini par former une croûte autour du noyau incandescent. La Bible nous dit en outre qu'un brouillard s'élevait du sol, et nous pouvons bien concevoir comment l'humidité s'est graduellement évaporée de notre planète à cette époque lointaine.

De nos jours, on considère généralement les mythes comme autant de superstitions, alors qu'en réalité chacun d'eux renferme, sous une forme symbolique, de grandes vérités spirituelles. Ces histoires imaginées ont été données à l'humanité naissante pour lui enseigner des leçons que son intellect, de formation récente,

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n'était pas encore à même de saisir. Tout comme nous instruisons nos enfants par des livres d'images, les humains étaients instruits par des mythes qui leur permettaient d'assimiler des leçons dépassant leur compréhension intellectuelle.

L'un de ces mythes les plus importants est "L'Anneau des Niebelungen" qui parle d'un trésor merveilleux caché sous les eaux du Rhin, sous forme d'un bloc d'or dans son état naturel. Placé au sommet d'un rocher, cet or illuminait toute la scène sous-marine, où les ondines évoluaient innocemment, de ci, de là, en des ébats joyeux. Mais l'un des Niebelungen, poussé par l'avidité, déroba le trésor, le transporta hors des eaux et s'enfuit avec; toutefois, il lui était impossible de façonner cet or avant d'avoir abjuré l'amour. Il lui donna alors la forme d'un anneau qui lui conféra un pouvoir sur tous les trésors de la terre, mais marqua en même temps le début d'un ère de discordes et de conflits. A cause de l'or, l'ami a trahi son ami, le frère a tué son frère; l'oppression, la souffrance, le péché et la mort ont régné partout, jusqu'à ce qu'enfin l'or reprenne sa place dans l'élément liquide, tandis que la terre est consummée par le feu. Plus tard, cependant, tel le phénix renaissant de ses cendres, il se forme de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice est rétablie (Apocalypse 21:5; Esaïe 65:17).

Cette ancienne légende décrit merveilleusement l'évolution humaine. Le mot Niebelungen est dérivé de deux mots de l'ancien allemand; Niebel , qui signifie "brouillard", et ungen , qui veut dire "enfants". Ainsi, le terme Niebelungen signifie "enfants du brouillard"; et ceci nous ramène au temps lointains où l'humanité vivait dans une atmosphère d'épais brouillard qui enveloppait notre terre dans son précédent stade de développement. A cette époque, l'humanité naissante vivait en une grande fraternité, exempte de tout mal, comme le sont nos petits enfants; ils étaient éclairés par l'Esprit universel symbolisé par l'Or du Rhin qui déversait sa lumière sur les ondines de notre récit. Mais avec le temps la Terre se refroidit de plus en plus, le brouillard se condensa et inonda les bas-fonds du globe; à la suite de quoi l'atmosphère s'étant éclaircie, les

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yeux des êtres humains s'ouvrirent et chacun d'eux perçut qu'il était un Ego séparé. Dès lors, l'Esprit universel d'amour et de solidarité fut remplacé par la prétention et par l'égoïsme.

Telle fut l'appropriation de l'Or du Rhin, à la suite de laquelle la tristesse, le péché, les combats, la trahison et les assassinats ont pris la place de l'amour enfantin qui régnait chez l'humanité primitive alors qu'elle vivait dans cette atmosphère humide, depuis longtemps disparue. Graduellement, cette tendance s'accentue de plus en plus, et la malédiction de l'égoïsme devient toujours plus apparente. L'"inhumanité de l'homme pour l'homme" s'étend sur la terre comme un drap mortuaire et finira inévitablement par la destruction des conditions actuelles. "La Création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement...dans l'attente du jour de la libération (Romains 8:22-23) et la religion de l'Occident nous indique le chemin de l'accomplissement lorsqu'elle nous exhorte à aimer notre prochain comme nous-même. En effet, c'est ainsi que l'amour de soi devra faire place à l'amour du prochain et à la fraternité universelle.

Par conséquent, lorsqu'une personne est admise à l'Eglise qui est une institution spirituelle dont l'amour et la fraternité sont les mobiles principaux, il est de circonstance de la faire passer "sous les eaux" du baptême comme symbole de cette admirable condition d'innocence enfantine et d'amour spirituel qui régnait au moment où l'humanité vivait sous les brumes . A cette époque, les yeux de l'humanité primitive ne s'étaient pas encore ouverts aux avantages matériels de ce monde. Le petit enfant qu'on amène à l'église ne connaît pas encore les tentations de ce monde, ni les attraits de la vie, et c'est pourquoi d'autres s'engagent à le guider de leur mieux, car l'expérience acquise depuis le Déluge nous a appris que la voie large du monde est pleine de douleurs, de chagrins et de désillusions et que, seule, la voie étroite peut nous permettre d'éviter la mort, en nous conduisant à la vie éternelle.

Nous voyons ainsi que le sacrement du Baptême comporte un sens merveilleusement profond et mystique. Il

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nous rappelle les bénédictions dont bénéficient les membres d'une fraternité où l'égoïsme passe à l'arrière-plan et où le service rendu à autrui est le ressort principal de toute action. Dans notre monde matériel, le plus grand est celui qui arrive à dominer les autres, mais dans l'Eglise, nous avons la définition du Christ: "Celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu'il se fasse le serviteur de tous" (Matthieu 20:26; Marc 10:43).

(Ce chapitre 5 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n° 5)

 

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