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CHAPITRE 6 - LE SACREMENT DU MARIAGE

Février 1912

Débarrassé de ce qui n'est pas essentiel, l'enseignement traditionnel de la religion chrétienne peut se résumer comme suit:

Tout d'abord, que nos premiers parents, tentés par le diable, ont péché. Ils ont été bannis d'un lieu où ils vivaient dans un état de félicité, et placés sous le joug de la loi. Dès ce moment, ils ont été sujets à la mort et sont devenus incapables de s'en tirer par leurs propres efforts.

Ensuite, que Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, le Christ, pour racheter les êtres humains et pour rétablir le Royaume des Cieux. Ainsi, la mort fera finalement place à l'immortalité.

Cette simple croyance a fait sourire les athées et les personnes purement intellectuelles qui ont étudié des philosophies transcendantes avec leurs arguties et leurs raisonnements logiques; et certains d'entre eux qui étudient les enseignements des Mystères Occidentaux ont même partagé cette attitude.

Un tel point de vue ne se justifie pas; et nous devrions savoir que les divins Guides de l'humanité ne permettraient pas que des millions d'êtres humains restent dans l'erreur pendant des siècles. Si, ayant

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dépouillé l'Enseignement occidental des Mystères de ses explications extrêmement lumineuses et de ses descriptions détaillées, on s'en tient à ce qui est fondamental, on se rend compte que, pour l'essentiel, il est en plein accord avec l'enseignement chrétien traditionnel.

Il fut un temps où l'humanité vivait dans un état de parfaite innocence et où les peines, les souffrances et la mort étaient inconnues. Le fait que l'être humain a été personnellement tenté n'est pas un mythe, car on peut bien dire que les Esprits Lucifériens sont des anges déchus et que la tentation qu'ils ont fait subir aux hommes a eu pour résultat de concentrer leur conscience sur le côté matériel de leur existence, les plaçant ainsi sous la loi de la décrépitude et de la mort.

Il est également vrai que la mission du Christ consiste à élever l'humanité à un degré plus éthéré, où la mort ne sera plus nécessaire pour nous délivrer de nos véhicules devenus trop cristallisés et trop engourdis pour pouvoir encore servir. Car, en vérité, c'est un "corps de mort" que le nôtre, dont une infime partie est vivante, alors que tout le reste de sa masse se compose, soit de matières nutritives non encore assimilées, soit de déchets en voie d'élimination. C'est donc seulement entre ces deux états de matière que l'on peut trouver ce qui est entièrement animé par l'esprit.

Dans nos précédentes leçons, nous avons étudié les sacrements de la Communion et du Baptême, qui sont particulièrement reliés à l'esprit. Nous allons maintenant essayer de comprendre le sens profond du sacrement du mariage, qui concerne plus particulièrement le corps. De même que les autres sacrements, l'institution du mariage a eu un commencement, et elle aura aussi une fin. Le début a été expliqué par le Christ en ces termes: "N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme et qu'il dit; c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair" (Matthieu 19:4-5). Il a aussi prédit la fin du mariage en disant: "A la

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résurrection, ils ne se marient pas ni ne sont donnés en mariage, mais ils sont comme les anges de Dieu dans le ciel" (Matthieu 22:30).

A la lumière de ce qui précède, la logique de cet enseignement est manifeste, car le mariage est devenu nécessaire pour que les naissances fournissent de nouveaux corps en remplacement de ceux que la mort a détruits. Une fois que la mort aura fait place à l'immortalité et qu'il n'y aura plus besoin de créer de nouveaux corps, le mariage deviendra également inutile.

Avec une audace digne d'admiration, la science a cherché la solution du mystère de la fécondation, et elle nous explique comment l'ovule se forme dans une cavité de l'ovaire, comment il en sort pour entrer dans les trompes de Fallope, comment le spermatozoïde y pénètre - et alors l'embryon du corps humain est complet. Ainsi, nous voici prétendument "à la source et à l'origine de la vie", mais la vie n'a ni commencement ni fin, et ce que la science considère à tort comme la source de la vie est en réalité la source de la mort, car tout ce qui vient des entrailles est destiné, tôt ou tard, à la tombe. Le banquet du mariage qui précède la naissance prépare en même temps l'aliment de la mort insatiable; et aussi longtemps que le mariage sera nécessaire à la reproduction et à la naissance, la désintégration et la mort en seront l'inévitable conséquence. Il est donc important de connaître l'historique du mariage, les lois et les facteurs en cause, la durée de cette institution et la manière dont nous pourrons dépasser ce stade.

Au moment où, pendant l'époque Hyperboréenne, nous avons été doté d'un corps vital, le Soleil, la Lune et la Terre ne formaient qu'un seul astre, et chaque être était pénétré de la même manière par les forces solaires-lunaires, si bien que chacun d'eux était capable de se reproduire par des bourgeons ou des spores, comme le font certaines plantes de nos jours. A cette époque, les efforts du corps vital pour conserver au corps physique sa souplesse et le garder en vie n'étaients pas encore contrecarrés, aussi ces corps primitifs, analogues à des végétaux, vivaient pendant des siècles. Mais l'homme était alors inconscient et stationnaire

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comme la plante; il ne faisait aucun effort et n'avait aucune activité. L'addition d'un corps du désir lui a donné à la fois un stimulant et des désirs, et alors la conscience est née de la lutte entre le corps vital, qui construit le corps dense, et le corps du désir, qui le détruit.

Dès lors, la désintégration du corps physique n'a plus été qu'une question de temps, ceci d'autant plus que l'énergie du corps vital a également dû être divisée, l'un de ses pôles assurant les fonctions vitales du corps physique, alors que l'autre sert au remplacement des corps perdus par suite de la mort. Mais tout comme les deux pôles d'un aimant ou d'une dynamo sont indispensables à leur fonctionnement, le concours de deux conjoints unisexués est devenu nécessaire pour accomplir l'acte de reproduction. Ainsi, le mariage et la naissance ont dû être institués pour neutraliser l'effet de la mort. Par conséquent, la mort est le prix que nous payons pour être conscients dans notre monde actuel . Le mariage, et des naissances répétées, sont les armes qui nous permettent de conjurer le spectre de la mort jusqu'au jour où, notre constitution ayant changé, nous deviendrons semblables à des anges.

Veuillez bien noter qu'il n'est pas dit que nous devions devenir des anges, mais seulement devenir comme des anges , car les Anges sont l'humanité de la période de la Lune; ils font partie d'une vague de vie entièrement différente, aussi différente que la nôtre l'est de celle de nos animaux actuels. Dans l'Epître aux Hébreux (2:7) Saint Paul nous dit que l'homme a été fait inférieur aux anges pour un peu de temps ; en effet, il est descendu plus bas qu'eux dans la matérialité pendant la période de la Terre, alors que les Anges n'ont jamais habité un globe fait de substance plus dense que l'éther. Tout comme nous construisons nos corps avec les substances chimiques, les Anges construisent les leurs avec de l'éther. Cette substance est la voie directe de transmission de toutes les forces vitales, et une fois que l'homme sera devenu semblable aux Anges et aura appris à construire un corps fait d'éther, il n'y aura évidemment plus ni mort, ni nécessité de se marier pour donner naissance à d'autres êtres.

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Mais si on considère le mariage à un autre point de vue, celui de l'union des âmes plutôt que celle des sexes, nous touchons alors au merveilleux mystère de l'amour. Bien entendu, l'union des sexes peut servir à perpétuer le genre humain, mais le vrai mariage est également une communion entre deux âmes, laquelle va bien au-delà de l'accord des sexes. Et pourtant, ceux qui sont capables de se rencontrer sur ce plan élevé d'intimité spirituelle acceptent volontier de sacrifier leurs corps sur l'autel de l'amour des êtres à naître , en vue d'inviter un esprit attendant de s'incarner dans un corps conçu en toute pureté. De cette manière, l'humanité pourra être soustraite au règne de la mort.

Ce qui précède devient évident si l'on compare l'action bienfaisante du corps vital à celle, impétueuse, du corps du désir dans un accès de colère, qui fait perdre à l'homme toute maîtrise sur lui-même. Ses muscles se tendent, son énergie nerveuse se gaspille à un degré alarmant, si bien qu'après une crise de ce genre, son corps peut parfois rester abattu pendant des semaines. Le travail le plus pénible ne peut produire une fatigue comparable à celle qui suit un accès de colère. Il en est de même pour l'enfant conçu dans la passion, sous l'influence cristallisatrice du corps du désir, et sa vie sera naturellement brève. Hélas, on ne peut presque plus parler de longévité, car avec l'alarmante mortalité infantile, on devrait plutôt parler de la brièveté de la vie.

Les tendances constructives du corps vital, véhicule de l'amour, ne sont pas aussi faciles à discerner, mais on peut observer que le contentement prolonge l'existence de celui qui cultive cette qualité, et l'on en peut logiquement conclure qu'un enfant conçu dans des conditions d'harmonie et d'affection a de meilleures chances de survie que celui conçu dans la colère, l'ivresse ou la passion.

Selon la Genèse, il a été dit à la femme: "Tu enfanteras dans la douleur"; et les commentateurs de la Bible se sont toujours demandé quel rapport il peut bien y avoir entre le fait de manger un fruit et les douleurs de

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l'enfantement. Mais une fois qu'on a compris les chastes allusions de la Bible à l'acte de reproduction, le rapport est facile à saisir. N'ayant pas notre sensibilité, la mère de race noire, ou l'Indienne d'Amérique, peut reprendre son travail dans les champs après avoir accouché, mais la femme occidentale, beaucoup plus sensible et sujette à une grande tension nerveuse, s'aperçoit que d'année en année la parturition devient plus difficile, malgré toute l'habileté et la qualité des soins que lui prodigue la science médicale.

Les raisons de cet état de choses sont multiples. En premier lieu, tandis que nous sélectionnons avec le plus grand soin nos races de chevaux et notre bétail, en insistant sur les certificats d'ascendance des reproducteurs, afin que leur progéniture soit de la meilleure qualité, nous ne prenons pas de tels soins pour le choix du père ou de la mère de nos enfants. Nos unions se font sous l'impulsion du moment, et nous avons ensuite tout le temps de le regretter, aidés en cela par des lois qui nous permettent trop facilement de nous unir par les liens sacrés du mariage, puis de nous en délier. Les paroles prononcées par le prêtre ou l'officier d'état-civil sont interprétées comme une permission de satisfaire sans limite aux désirs charnels, comme si une loi humaine pouvait nous autoriser à contrevenir aux lois divines. Alors que les animaux ne s'unissent qu'à certaines périodes de l'année et que la femelle est laissée en paix durant sa gestation, chacun sait qu'on ne peut pas en dire autant de la race humaine.

Dans de telles circonstances, peut-on s'étonner de trouver une telle crainte de la maternité? Le moment ne serait-il pas venu d'essayer de remédier à cette situation par des relations plus normales et plus saines entre époux? L'astrologie révèle le caractère et les tendances de chacun; elle peut permettre à deux personnes d'accorder leurs caractères de manière à rendre possible une existence d'affection mutuelle. Elle indiquera

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aussi les périodes les plus favorables à un accouchement sans douleur. Dès lors nous aurons le pouvoir d'attirer à nous, du sein de la nature, des enfants issus d'un véritable amour et qui seront capables de vivre de longues vies en parfaite santé. Finalement, le jour viendra où ces corps seront tellement parfaits, dans leur pureté, qu'ils pourront durer à travers l'Age à venir, rendant ainsi le mariage inutile. Mais si nous pouvons actuellement nous aimer, même si nous nous voyons mutuellement, ainsi que le dit Saint Paul, "comme dans un miroir, d'une manière obscure" (1 Corinthiens 13:12), à travers le masque de la personnalité et le voile de l'incompréhension, nous pouvons être certains que l'amour d'âme à âme, débarrassé de la passion dans le creuset de la douleur, sera notre plus beau joyau dans le ciel, comme son ombre l'est sur terre.

 

divers   Chapitre 07
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