Lorsqu'on parle de l' "âge futur", des "nouveaux cieux" et de la "nouvelle terre" mentionnés dans la Bible (2 Pierre 3:13, Apocalypse 21:1, 5), ou bien de l' "Ere du Verseau", il se peut que la différence ne soit pas très claire. La confusion des termes étant l'une des plus fréquentes causes d'erreur, les enseignements rosicruciens cherchent à l'éviter par un vocabulaire très nettement défini. Parfois, un effort supplémentaire semble nécessaire pour dissiper l'obscurité provenant de concepts nébuleux d'autres personnes aussi sincères que l'auteur, mais qui n'ont pas eu la chance d'avoir accès aux incomparables enseignements de la Sagesse Occidentale.
Notre littérature enseigne que quatre grandes époques de développement ont précédé la présente "Alliance"; que la densité de la terre, ses conditions atmosphériques et les lois naturelles différaient totalement d'une époque à l'autre, tout comme la condition physiologique de l'humanité à une certaine époque était différente de celle des autres.
Les corps d'ADM - un mot signifiant "terre rouge", l'humanité de la Lémurie ardente - étaient formés de la "poussière de la terre", la boue volcanique rouge et chaude, ce qui les rendait parfaitement adaptés à leur
milieu: leur chair et leur sang auraient été desséchés par la terrible chaleur de cette époque, mais même s'ils étaient à l'aise dans ce milieu, Saint Paul nous dit, au quinzième chapitre, verset 50 de la première Epître aux Corinthiens, que "la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu". Il est donc manifeste qu'avant qu'un nouvel état de choses puisse être institué, la constitution physiologique de l'humanité doit être complètement changée - pour ne rien dire de son attitude spirituelle. Il faudra des éternités pour régénérer la totalité de la race humaine et la rendre capable de vivre dans des corps éthériques.
D'autre part, aucun milieu ne se crée d'un jour à l'autre, mais l'évolution des contrées et des peuples progresse de pair à partir des débuts les plus primitifs. Lorsque les brumes de l'Atlantide ont commencé à se condenser, certains de nos ancêtres avaient développé des poumons embryonnaires, et ils ont été conduits, de gré ou de force, vers les hauteurs, bien avant leurs contemporains. Ils ont "erré dans le désert", tandis que la "terre promise" émergeait des brumes plus légères. En même temps, leurs poumons se développaient de manière à leur permettre de vivre dans nos conditions atmosphériques actuelles.
Deux autres races ont encore pris naissance dans les bas-fonds du globe avant que des déluges successifs ne les chassent à leur tour vers les hauteurs. Le dernier de ces déluges s'est produit au moment où le soleil entrait, par précession, dans le signe d'eau du Cancer, il y a environ dix mille ans, ainsi que des prêtres égyptiens l'ont appris à Platon. On voit donc qu'il n'y a pas de changements soudains de constitution ou de milieu pour la race humaine lorsque s'annonce une nouvelle époque. Au contraire, nous avons alors un chevauchement des anciennes et des nouvelles conditions, permettant à la plus grande partie de l'humanité de s'adapter graduellement. La métamorphose du têtard, habitant de l'élément liquide, qui se transforme en un animal vivant à l'air libre, peut nous donner une idée du passage de l'époque Atlantéenne à l'actuelle, alors que la transformation d'une chenille en un papillon qui s'élève dans les airs serait un bon symbole de l'Âge
futur. Lorsque l'Astre céleste dont la progression marque les époques est entré dans le Bélier par précession, un nouveau cycle a débuté, et l'Evangile (un mot signifiant "bonne nouvelle") a été prêché par le Christ. Il a laissé entendre que les nouveaux cieux et la nouvelle terre n'étaient pas encore prêts, en disant à ses disciples: "Là où je vais, vous ne pouvez me suivre maintenant , mais vous me suivrez plus tard. Je vais vous préparer une place et je reviendrai vous prendre avec moi" (Jean 7:34 et 14:2-3).
Plus tard, Saint Jean a vu, dans une vision, la Nouvelle Jérusalem descendant des cieux (Apocalypse 21:10 et suivants), alors que Saint Paul, dans sa première Epître aux Thessaloniciens, 3:17, annonce à ces derniers "d'après la parole du Seigneur ", que ceux qui seront du Christ lors de sa venue seront enlevés dans les airs pour aller à la rencontre du Seigneur et rester avec lui pendant cet Âge .
Mais tandis que ces changements se produisent, il y a des pionniers qui pénètrent dans le Royaume de Dieu avant leurs contemporains. Dans Matthieu 11:12, le Christ dit que "le Royaume des cieux est forcé, et les violents s'en emparent", mais ceci n'est pas une traduction correcte. Il faudrait dire "le royaume des cieux a été envahi (biazetai ) et les envahisseurs s'en saisissent". Des êtres humains ont déjà appris, par des vies de service et de sainteté, à quitter leur corps de chair et de sang, soit par intermittence, soit de façon permanente, et à parcourir les cieux de leurs pieds ailés, attentifs à servir le Seigneur, et revêtus de la "robe nuptiale" éthérique de la "Nouvelle Alliance". Ce changement peut être accompli par une simple vie de service et de prière, telle qu'elle est pratiquée par de fervents chrétiens, quelle que soit leur confession - aussi bien que par les exercices spéciaux donnés par le Rosicrucian Fellowship. Toutefois, ces derniers ne donneront pas de résultats s'ils ne sont accompagnés constamment d'actes de service aimant, car l'amour sera la dominante de l'Age futur, tout comme la Loi est celle de l'état de choses actuel. L'intense expression de l'amour augmente la luminosité phosphorescente et la densité des éthers du corps vital; les courants du feu
spirituel dénouent le lien qui l'unit à l'enveloppe mortelle; et l'être humain, autrefois né de l'eau lors de sa sortie de l'Atlantide, est alors né de l'esprit dans le Royaume de Dieu. La force dynamique de l'amour qu'il éprouve lui a ouvert la voie vers la contrée de l'amour, aussi la joie est- elle indescriptible parmi ceux qui s'y trouvent, lorsque de nouveaux "envahisseurs" arrivent, car chaque nouveau venu hâte le retour du Seigneur et l'établissement positif du Royaume.
Dans les milieux religieux, on discerne un appel incessant: "Jusques à quand, Seigneur, jusques à quand?" - et ceci en dépit de la déclaration très nette du Christ que le jour et l'heure sont inconnus, même de lui. Des "prophètes" continuent à faire des dupes en prédisant sa venue pour tel ou tel jour, malgré la déconvenue qui ne manque pas de leur faire perdre contenance lorsque ce jour passe sans résultat. Cette question a aussi été discutée par nos étudiants; et le présent chapitre est une tentative de démontrer l'erreur de vouloir s'attendre à cet avènement d'ici une année, ou cinquante ou cinq cents ans. Les Frères Aînés refusent de s'engager davantage que de désigner ce qui doit d'abord être accompli.
A l'époque du Christ, le point vernal du Soleil se trouvait à environ sept degrés de la constellation du Bélier, et il a fallu encore cinq cents ans pour qu'il atteigne, par précession, le trentième degré des Poissons. Pendant ce temps, la nouvelle Eglise a passé par une phase de violence offensive et défensive justifiant bien les paroles du Christ: "Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée" (Matthieu 10:34). Quatorze cents ans se sont encore écoulés sous l'influence négative des Poissons, qui a renforcé le pouvoir de l'Eglise et lié le peuple par des croyances et des dogmes.
Vers le milieu du siècle dernier, le Soleil est arrivé dans l'orbe d'influence scientifique du Verseau, et bien qu'il s'en faille encore de six cents ans jusqu'au début de l'Ere du Verseau, il est intéressant de constater les changements provoqués dans le monde par cette influence encore à son début. La place nous manque pour
énumérer les merveilleux progrès accomplis depuis lors, mais il n'est pas exagéré de dire que la science, l'invention et le développement industriel qui en est résulté, ont complètement changé le monde, sa vie sociale et ses conditions économiques. Les grands progrès des moyens de communication ont beaucoup contribué à détruire les préjugés de race et nous ont préparés aux conditions de la Fraternité universelle. Quant aux engins de destruction, ils sont devenus si meurtriers que les nations belliqueuses seront bientôt forcées de "forger leurs épées en socs de charrues et leurs lances en serpes" (Isaïe 2:4). L'épée a régné pendant l'Ere des Poissons, mais la science gouvernera l'Ere du Verseau. Ici, au pays du Soleil couchant, nous pouvons nous attendre à voir en premier lieu les conditions idéales de l'Ere du Verseau; l'union de la religion et de la science, formant une science religieuse et une religion scientifique, favorisant abondamment la santé, le bonheur et la joie de vivre.
(Ce chapitre 10 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n° 14)