Comme les dons spirituels des Fils de Seth avaient fleuri en Salomon, le plus sage des hommes, et l'avaient rendu capable de concevoir et de tracer le plan d'un merveilleux temple correspondant au plan de son créateur, Jéhovah, de même, Hiram, l'habile artisan, incarnait en lui l'adresse parfaite d'une longue lignée d'artisans, ses ancêtres. Il possédait la quintessence de la connaissance matérielle acquise par les Fils de Caïn qui avaient fait du désert du monde une civilisation concrète; et dans l'exécution du merveilleux Temple de Salomon, cette habileté supérieure avait fleuri et trouvé sa pleine utilisation.
Ainsi, ce glorieux édifice était le chef d'ouvre des deux lignées, une manifestation de la spiritualité sublime des hommes d'église, les Fils de Seth, combinée à l'habileté supérieure des artisans, les Fils de Caïn. Jusque-là, les honneurs étaient égaux, ainsi que l'ouvre. Salomon était satisfait; il avait exécuté le projet qui lui avait été transmis; il avait un lieu d'adoration digne du Seigneur qu'il révérait, mais l'âme d'Hiram n'était
pas satisfaite. Armé de l'art des âges passés, il avait construit un admirable chef-d'ouvre d'architecture. Mais le plan n'en était pas de lui; il n'avait été que l'outil de l'invisible architecte, Jéhovah, travaillant à travers son intermédiaire Salomon. Cela lui restait sur le cour, car il était aussi nécessaire pour lui de créer que de respirer.
A l'époque reculée où Caïn et Abel se trouvèrent sur terre pour la première fois, Abel se contentait de prendre soin de ses troupeaux, créés par Jéhovah comme lui-même et ses parents Adam et Eve; mais Caïn, descendant semi-divin de l'Esprit Lucifer Samaël, et d'Eve créature de Jéhovah, brûlait, sous le pouvoir d'un feu divin, d'accomplir des efforts originaux; il travaillait le sol et faisait pousser deux brins d'herbe là où il n'en poussait qu'un; en lui, l'instinct créateur devait trouver son expression.
Hiram, en qui s'étaient concentrées toutes les aptitudes de Caïn, était également imprégné de l'Esprit de Samaël, avec une intensité extrême; il était plein du désir dominateur d'ajouter au Temple quelque chose qui éclipserait tout le reste de la construction en beauté et en importance. Du travail de son esprit était née l'idée de LA MER DE FONTE, et il entreprit de réaliser ce grand idéal, quoique la terre et le ciel fussent suffoqués devant l'audace de ce projet.
La Bible donne peu de renseignements sur la mer de fonte. Au chapitre quatre du deuxième Livre des Chroniques, nous apprenons qu'Hiram fit une cuve immense, disposée sur douze boufs dont les têtes se trouvaient à la périphérie du bassin circulaire et les croupes vers le centre. Elle n'était destinée qu'à l'usage des prêtres. On y ajoute beaucoup de détails de nature à confondre le lecteur, mais les points indiqués ci-dessus prouvent l'importance remarquable de cet objet, comme nous le voyons en étudiant le récit Maçonnique et en le comparant avec les paroles voilées de la Bible. La légende maçonnique dit ce qui suit:
Quand Hiram eut presque achevé le Temple, il se mit à fondre les différents vases exigés pour le service,
conformément aux esquisses faites par Salomon en sa qualité d'agent de Jéhovah. Le principal parmi ceux-ci était le grand bassin destiné à recevoir l'eau du bain de purification par lequel tous les prêtres devaient passer avant de servir le Seigneur. Ce bassin et tous les autres de moindre taille avaient été fondus avec succès par Hiram, comme il est dit dans la Bible. Mais il y a une importante distinction à faire entre la Mer de Fonte et la cuve elle-même, qui était destinée par Hiram à la contenir; tant que cette Mer de Fonte n'était pas dans la cuve, celle-ci n'avait aucune qualité spéciale en ce qui concerne les propriétés de purification; jusque-là, elle ne pouvait pas davantage purifier l'âme des péchés qu'un bassin à sec ne pouvait servir à nettoyer le corps. Et Salomon ne pouvait pas prononcer le Verbe, la formule nécessaire pour accomplir la transformation merveilleuse. Personne, sauf Hiram, ne la connaissait. Ce travail devait être son Chef-d'ouvre et, s'il réussissait, son art l'élèverait au-dessus des humains pour le rendre divin comme l'Elohim Jéhovah. Dans le jardin d'Eden, son divin ancêtre Samaël avait donné à sa mère Eve l'assurance qu'elle pouvait devenir "comme les Elohim" si elle mangeait le fruit de l'Arbre de la connaissance. Pendant des siècles, ses ancêtres avaient travaillé dans le monde. Grâce à l'habileté accumulée des Fils de Caïn, un édifice avait été bâti où Jéhovah se cachait derrière le voile et communiquait seulement avec ses prêtres de choix, les Fils de Seth. Les Fils de Caïn avaient été explusé du temple qu'ils venaient de construire, de même que Caïn, leur ancêtre, avait été banni du jardin qu'il avait cultivé. Hiram considérait cela comme un outrage et une injustice, aussi s'appliqua-t-il à préparer les moyens par lesquels les Fils de Caïn pourraient "déchirer le voile" et ouvrir à "quiconque veut" la voie vers Dieu.
Dans ce but, il envoya à travers le monde des messagers chargés de rassembler tous les métaux avec lesquels les Fils de Caïn avaient travaillé. Avec son marteau, il les pulvérisa et les plaça sur un feu ardent pour extraire alchimiquement, de chaque particule, la quintessence de connaissance acquise au cours des expériences faites sur eux. Ainsi, la quintessence de ces divers "vils métaux" devait former un "sublimé spirituel de connaissance" d'une puissance incomparable, plus précieux que toutes choses terrestres. Etant d'une pureté poussée à son extrême limite, ce produit n'aurait aucune couleur, mais ressemblerait à une "mer de verre". Quiconque s'y laverait serait doué d'une éternelle jeunesse. Aucun philosophe n'aurait pu se comparer à Hiram en sagesse, car cette connaissance de la "pierre blanche" l'aurait même rendu capable de lever le voile des mondes invisibles et d'atteindre les Hiérarchies surhumaines qui agissent dans le monde avec une puissance inconnue des masses.
Les traditions Maçonniques nous disent que les préparatifs d'Hiram étaient si parfaits que le succès était assuré, si la trahison ne s'en était mêlée. Les ouvriers incompétents qui n'avaient pu recevoir d'Hiram les degrés d'initiation plus élevés conspirèrent pour verser de l'Eau dans la cuve destinée à recevoir la Mer de Fonte, car ils savaient que le Fils du Feu n'était pas au courant de la manipulation de l'élément aqueux et ne pourrait pas le combiner avec son merveilleux alliage. Ainsi, en faisant échouer le plan caressé par Hiram et en ruinant son chef-d'ouvre, ils visaient à se venger du Maître. Salomon avait été averti secrètement de ce complot criminel, mais sa jalousie au sujet de la Reine de Saba lia sa langue et arrêta son bras, car il espérait que si le plan ambitieux d'Hiram échouait, l'affec-tion de la reine se détournerait de son rival humilié, vers lui-même. Il ferma donc les oreilles et les yeux au complot et aux conspirateurs.
Lorsque Hiram, en toute confiance, ouvrit les bondes, le feu liquide s'élança et rencontra l'eau, et il y eut un grondement qui semblait ébranler le ciel et la terre, tandis que les éléments bouillonnaient et se combattaient. Chacun, sauf Hiram, se cacha la face à ce terrible accident; alors, du centre du feu déchaîné, il entendit l'appel de Tubal Caïn l'invitant à sauter dans la Mer de Fonte. Plein de confiance dans son ancêtre qui avait marché avant lui sur le sentier du feu, Hiram obéit et plongea sans crainte dans les flammes. Descendant à travers le fond désintégré de la cuve, il fut alors conduit avec succès, à travers les neuf couches pareilles à des voûtes, au Centre de la Terre. Là il se trouva en présence de Caïn, le fondateur de sa famille, qui lui donna des instructions sur le mélange de l'Eau et du Feu et qui lui remit, avec UN NOUVEAU MARTEAU ET UN NOUVEAU VERBE, le moyen de parvenir à ce résultat. Caïn regarda dans l'avenir et articula une prophétie qui s'est en partie réalisée; ce qui en reste encore est en cours de réalisation jour après jour et finira sûrement par aboutir en temps voulu.
"Toi, Hiram, dit Caïn, tu es destiné à mourir avant la réalisation de tes espérances, mais bien des fils naîtront à la veuve et conserveront ton vivant souvenir à travers les siècles, et pour finir viendra celui qui est plus grand que toi-même. Tu ne t'éveilleras pas avant que le Lion de Juda ne t'élève par la puissante étreinte de Sa patte. Aujourd'hui, tu as reçu ton baptême de feu, mais Lui te baptisera d'Eau et d'Esprit, de même que chaque fils de la veuve qui viendra à Lui. Plus grand que Salomon, il construira une nouvelle cité et un Temple où les nations pourront rendre un culte. Les Fils de Caïn et les Fils de Seth y seront réunis dans la Paix, autour de la mer de verre. Et comme Melchisédec, Roi de Salem (Salem veut dire paix) et Prêtre de Dieu, a béni Abraham, le père des nations, quand l'humanité était encore dans l'enfance, ainsi cette nouvelle
Lumière combinera en Elle le double office de Roi et de Prêtre selon l'Ordre de Melchisédec. Elle jugera les nations avec la loi d'amour, et à celui qui vaincra, il sera donné une Pierre Blanche avec un nom qui tiendra lieu de passeport pour entrer au Temple, où il rencontrera le Roi face à face."
Hiram fut reconduit à la surface de la terre, et tandis qu'il marchait pour s'éloigner du théâtre de son ambition détruite, les conspirateurs se jetèrent sur lui et le blessèrent mortellement; mais avant d'expirer, il cacha le marteau et le disque sur lequel il avait écrit le Verbe. Ils n'ont été découverts que bien des siècles plus tard, quand Hiram, le "Fils de la veuve", revint dans le monde sous le nom de Lazare et devint l'ami et le disciple du Lion de Juda qui le ressuscita d'entre les morts par l'initiation. Quand le marteau fut retrouvé, il avait la forme d'une Croix, et le disque était devenu une Rose. C'est ainsi qu'Hiram prit place parmi les immortels sous le nom nouveau et symbolique de
Il fonda l'Ordre des Constructeurs du Temple qui porte son nom; dans cet Ordre, les âmes pleines d'aspiration sont toujours encore instruites de la manière de fondre les vils métaux pour en faire la Pierre Blanche (Apocalypse 2:17).
La symbologie de ce qui précède sera expliquée plus loin.