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Chapitre 24 - SOINS DÛS AUX DÉFUNTS

Le corps vital est le véhicule de la perception sensorielle. Et comme il reste avec le corps du désir et que la corde éthérique les relie au corps dense abandonné par l'Ego, il est évident que jusqu'à la rupture de cette corde, il doit rester une certaine quantité de sensations éprouvées par l'Ego lorsque le corps physique est malmené. Il se produit donc une certaine douleur lorsque le sang est extrait et le liquide d'embaumement injecté, lorsque le corps est ouvert pour une autopsie, et lorsque le corps est incinéré trop rapidement après le décès.

L'auteur a eu connaissance d'un cas où un chirurgien avait amputé trois orteils sous anesthésie à un patient. Il jeta les orteils coupés dans un feu vif, mais aussitôt l'opéré s'est mis à crier, car la rapide désintégration des orteils matériels produisait une désintégration aussi rapide des orteils éthériques reliés aux véhicules supérieurs. C'est de cette manière que toutes les atteintes affectent l'Esprit désincarné pendant un laps de

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temps qui va de quelques heures à trois jours et demi après la mort. A ce moment, toute connexion est coupée, et le corps commence à se décomposer.

C'est pourquoi il faut prendre grand soin de ne pas faire souffrir, par de tels procédés, l'Esprit qui s'en va. Si les lois ou d'autres circonstances empêchent de garder le corps au calme pendant quelques jours dans la chambre où la mort s'est produite, du moins peut-on le mettre dans une chambre froide durant trois jours et demi, ou l'inhumer pour ce laps de temps et ensuite le traiter de la manière désirée. Le calme et la prière sont à ce moment d'un grand secours; et si nous aimons avec sagesse l'Esprit qui s'en va, nous pourrons gagner sa gratitude éternelle en suivant les instructions ci-dessus.

Il faut dire un mot à propos du traitement infligé aux mourants qui souffrent dans bien des cas une indicible agonie à cause de la tendresse ignorante de leurs proches. La douleur, causée par l'administration de stimulants aux mourants, est bien plus grande que toute autre. Il n'est pas pénible de quitter le corps, mais les stimulants ont pour effet de rejeter brusquement dans son corps l'Ego qui s'en va et de lui faire éprouver à nouveau les souffrances auxquelles il était en train d'échapper. De l'autre côté, des désincarnés s'en sont souvent plaints à des investigateurs, et l'un d'eux disait n'avoir pas souffert dans toute sa vie autant que pendant les quelques heures où on l'empêchait de mourir. La seule attitude raisonnable est de laisser la Nature suivre son cours lorsque la fin apparaît inévitable.

Un autre péché, encore plus préjudiciable à l'Esprit qui s'en va, est de pleurer bruyamment et de se lamenter dans la chambre mortuaire ou à proximité. Immédiatement après sa libération, et pendant un temps qui varie de quelques heures à quelques jours, l'Ego est occupé à un travail de la plus grande importance; une grande partie de la valeur de la vie passée dépend de l'attention qu'y apporte l'Esprit qui part. S'il est distrait par les

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lamentations et les sanglots d'êtres aimés, il subira une grande perte, mais s'il est fortifié par la prière et aidé par le silence, beaucoup de peines futures pourront être évitées à tous les intéressés. Jamais nous ne sommes davantage le gardien de notre frère qu'au moment où il passe par ce Gethsémané, et c'est là une de nos plus grandes occasions de le servir et d'amasser pour nous-mêmes des trésors dans le ciel (Matthieu 6:20).

Nous avons étudié le phénomène de la naissance et nous avons développé une science de la naissance. Nous avons des obstétriciens qualifiés et des infirmières très capables pour aider à la fois, et dans les meilleures conditions, la mère et l'enfant, mais nous avons le plus grand besoin d'une science de la mort. Quand un enfant vient au monde, nous nous empressons dans un effort intelligemment dirigé; quand un ami de toujours est sur le point de nous quitter, nous restons là impuissants, ignorants de la manière de l'aider; ou, pis que tout, nous le faisons souffrir par nos maladresses au lieu de l'aider.

Nous avons dit que le corps vital contient à la fois les archives de la mémoire consciente et la mémoire subconsciente; sur le corps vital sont gravés de façon indélébile tout acte et toute expérience de la vie passée, comme un paysage sur un film photographique. Lorsque l'Ego a retiré le corps vital du corps dense, la vie toute entière, telle qu'elle a été enregistrée par la mémoire subconsciente, s'étale devant l'oeil de l'esprit. C'est le relâchement partiel du corps vital qui fait voir à la personne qui se noie toute sa vie passée, mais ce n'est alors qu'un éclair précédant l'inconscience; ici, la corde d'argent reste intacte, sans quoi il ne pourrait y avoir de rappel à la vie. Dans le cas d'un Esprit qui s'en va, à la mort, le mouvement est plus lent; le sujet voit en

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spectateur se succéder les images, l'une après l'autre, dans un ordre qui va de la mort à la naissance; il voit donc d'abord les événements survenus juste avant la mort, puis se déroulent les années de l'âge adulte, puis suivent la jeunesse, l'enfance et le premier âge, jusqu'à la fin qui est la naissance. Le sujet, cependant, n'éprouve à ce moment aucun sentiment devant ces images; le but est simplement de graver le panorama sur le corps du désir qui est le siège des sentiments; et c'est grâce à cette impression que le sentiment deviendra réalité lorsque l'Ego entrera dans le Monde du Désir. Mais nous devons noter ici que l'intensité du sentiment ressenti dépend de la longueur du temps employé à ce processus d'impression, et de l'attention qui y est accordée par l'homme Si pendant une longue période il n'a pas été troublé, c'est une impression profonde et précise qui sera faite sur le corps du désir. Il sentira au Purgatoire de façon plus aiguë le mal qu'il a commis, et sera, au Premier Ciel, plus largement fortifié dans ses qualités. Et bien que l'expérience soit perdue pour une vie future, les sentiments resteront, comme le «murmure doux et léger»(I Rois 19:12). Lorsque les sentiments ont été fortement marqués sur le corps du désir d'un Ego, cette voix de la conscience parlera en termes qui ne seront ni vagues ni imprécis. Elle le poussera envers et contre tout, le forçant à renoncer à ce qui l'a fait souffrir dans ses vies antérieures, et l'obligera à faire ce qui est bien. C'est pourquoi le panorama se déroule A REBOURS, pour que l'Ego voie d'abord les effets, puis les causes qui les ont produits.

Quand le corps est inhumé, le corps vital se désintègre lentement en même temps que le corps dense, de sorte que lorsqu'un bras, par exemple, a pourri dans la terre, le corps éthérique de ce membre, qui plane au-dessus

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de la tombe, disparaît aussi, et ainsi de suite jusqu'à ce que les derniers vestiges du corps aient cessé d'être.

Mais lorsque l'incinération est pratiquée, le corps vital se désintègre aussitôt et, comme il contient toutes les images de la vie écoulée, qui doivent être transférées sur le corps du désir afin de servir de base à la vie au Purgatoire et au Premier Ciel, l'incinération pratiquée avant trois jours et demi serait une grande calamité. A moins de recevoir une aide, l'Esprit qui s'en va ne pourrait accomplir ce qui doit l'être. Et c'est là une partie du travail qui est exécutée pour l'humanité par les Aides Invisibles. Ceux-ci sont parfois assistés par les esprits de la nature, et d'autres qui sont désignés par les Hiérarchies Créatrices ou les Guides de l'humanité.

Il y a aussi une perte lorsque l'incinération a lieu avant que la corde d'argent ne se soit rompue naturellement, et l'impression sur le corps du désir n'est jamais aussi profonde qu'elle l'aurait été autrement, et ceci a un effet sur les vie futures, car plus l'impression de la vie passée sur le corps du désir est forte, plus vives sont les souffrances au Purgatoire pour tout le mal commis, et plus vives aussi les joies au Premier Ciel pour tout le bien fait durant la vie écoulée. Ce sont les souffrances et les joies de nos vies passées qui forment ce que nous appelons la conscience, de sorte que ce que nous perdons en souffrances, nous le perdons aussi comme perception du mal qui doit nous empêcher, dans nos vies futures, de retomber dans les mêmes erreurs. En conséquence, les effets de l'incinération prématurée sont d'une très grande portée.

Qu'est-ce qui détermine la longueur du panorama? Souvenons-nous que c'est l'affaisement du corps vital qui force les véhicules supérieurs à se retirer du corps dense pendant le sommeil; ainsi, après la mort, au moment où le corps vital s'effondre, l'Ego doit se retirer, et le panorama vient à sa fin. La durée de déroulement du panorama dépend donc du temps pendant lequel le sujet aurait pu rester éveillé durant sa vie, en cas de

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besoin; certaines personnes ne peuvent rester éveillées que quelques heures, d'autres peuvent tenir plusieurs jours, selon la force de leur corps vital.

Quand l'Ego a quitté le corps vital, celui-ci revient vers le corps dense, et plane au-dessus de la tombe, se désintégrant en même temps que le corps dense; aussi est-ce un spectacle désagréable pour le clairvoyant que de passer dans un cimetière et d'y voir tous ces corps vitaux dont l'état de destruction indique clairement le stade de décomposition des restes dans la tombe. S'il y avait plus de clairvoyants, l'incinération serait bien vite adoptée comme mesure de protection pour nos sentiments, sinon pour des raisons sanitaires.

A mesure que l'intérêt et la conviction en une vie après la mort deviennent plus universels, la nécessité d'une méthode scientifique pour les ménagements dus à ceux qui font leur passage sur un plan supérieur s'imposera à chacun; nous aurons alors des infirmières, des docteurs et des hommes d'église qui seront versés autant dans la science de la mort que dans celle de la naissance. L'Esprit sera alors entouré d'amour et de paix au moment de son passage dans l'au-delà. Il en retirera aussi un panorama plus profond et plus précis pour commencer son travail d'assimilation dans sa nouvelle patrie.

 

divers   Chapitre 25
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