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Dans cette conférence, nous allons étudier un de ces anciens Mystères qui existaient au Moyen Age en beaucoup d'endroits du monde occidental, et qui ont toujours existé sous différentes formes et en différentes contrées, depuis la naissance de la conscience humaine.
En Russie du Nord, les Trottes enseignaient une certaine phase du Mystère du Monde. En Irlande, il y avait les Druides; lorsqu'on nous conte que nos ancêtres célébraient leur culte sous un chêne, cela implique la direction des Druides, car Druide signifie chêne; et quand on nous dit que Boniface abattit le chêne, nous pouvons en déduire qu'il mit fin à l'instruction druidique.
C'est dans le nord de l'Espagne qu'existait le Mystère du Saint-Graal. Ce Mystère était conservé par un groupe de saints chevaliers qui vivaient dans le château de Mont Salvat; leur but était de faire connaître à l'humanité de grandes vérités spirituelles d'une manière qui lui fût compréhensible, et à donner en images ce qui ne pouvait être donné directement à l'intellect.
L'homme a atteint son degré actuel de développement à partir d'un état où il n'avait aucune conscience à l'intérieur de son corps. Il doit maintenant aller plus haut encore, et les mythes et symboles n'étaient que les moyens de le préparer à la perception intellectuelle du chemin qu'il doit suivre.
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Ceux qui jadis vinrent en contact avec ces mystères, ceux qui reçurent l'enseignement sont devenus aujourd'hui des hommes qui prennent intérêt à la spiritualité; la majorité des gens, qui n'ont évidemment pas pu recevoir autrefois cet enseignement, ne peuvent aujourd'hui pas encore éprouver le désir intérieur de vivre la vie spirituelle. Si donc nous sentons si peu que ce soit l'influence spirituelle en nous, c'est parce qu'un jour, dans certains de ces Mystères, nous avons été préparés à recevoir plus tard ces vérités d'une manière intellectuelle. Et c'est l'impulsion répétée, donnée par les anciens instructeurs, qui mène l'humanité à un degré plus élevé, car la répétition, loin d'être insensée, est de la plus haute importance pour les vérités spirituelles qui doivent être répétées à maintes reprises.
Nous avons indiqué ici que l'humanité, ou du moins sa plus grande partie, travaille aujourd'hui sur le corps du désir et tente de dominer ses désirs au moyen de la Loi. Lorsqu'un développement occulte est envisagé, pour permettre à un homme de devenir un pionnier, c'est sur le corps vital qu'il faut travailler; et c'est la répétition qui agit plus particulièrement sur le corps vital.
Le corps vital est le principe le plus important de la plante; c'est lui qui fait que la plante développe alternativement tige et feuillage, la faisant ainsi grandir de plus en plus. Mais rien ne varie, la plante se répète sans cesse: ainsi agit tout ce qui ne possède qu'un corps vital. Si nous désirons agir sur le corps vital, nous devons donc le faire par la méthode de la répétition.
Nous avons les quatre éthers présents dans notre corps vital, les deux inférieurs prennent soin des fonctions physiques, comme nous l'avons vu en particulier dans la onzième conférence sur la vue et la pénétration spirituelles, et nous devons pouvoir extraire les deux éthers supérieurs lorsque nous désirons fonctionner dans les mondes supérieurs; or c'est la répétition qui rend possible la division entre les deux éthers supérieurs et les deux inférieurs. Sur ce point, les églises sont encore des facteurs de développement spirituel car elles disent à leurs fidèles de prier sans cesse. Mais il ne faut pas prier égoïstement, il faut prier pour autrui et en harmonie avec le Bien Universel. Lorsque nous prions pour la pluie et notre voisin pour la sécheresse, il en résulterait le chaos si nos prières étaient exaucées.
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Ne nous figurons pas non plus qu'on puisse faire un marché avec Dieu, comme semblent le croire ceux qui se font le plus entendre aux prières publiques. Il faut arriver à une certaine attitude spirituelle que le mystique connaît bien lorsqu'il rentre en lui-même.
La prière est comme un contact électrique que l'on actionne; celui-ci ne crée pas le courant, il établit simplement un passage par lequel le courant électrique peut circuler. De même, la prière crée un passage par lequel la vie et la lumière divines peuvent se déverser en nous pour notre illumination spirituelle.
Si le contact était fait de bois ou de verre, il ne serait d'aucune utilité; il constituerait une barrière non conductrice que le courant électrique ne pourrait franchir. Pour être effectif, le contact doit être fait d'un métal conducteur: il est alors en harmonie avec les lois de l'électricité.
Si nos prières sont égoïstes, mondaines et négligent notre prochain, elles sont alors comme un contact en bois; elles vont à l'encontre du but recherché, parce qu'elles sont contraires aux dessins divins. Pour avoir une valeur, la prière doit être en harmonie avec la nature même de Dieu, qui est Amour. Les vers suivants, parus dans "London-Light" il y a bien des années, ont été précieusement gardés par l'auteur comme
Je ne demande pas plus de lumière, ô Dieu,
Mais des yeux qui voient ce qui est.
Non pas de plus douces chansons, mais une oreille
Qui mieux entende les mélodies du présent.
Pas plus de force, mais la science d'user
Du pouvoir que je possède.
Pas plus d'amour, mais le talent de changer
En caresse un mouvement d'humeur.
Pas plus de joie, mais de savoir sentir
La douceur de Ta proche présence
Pour donner à autrui tout ce que je possède
De courage et de réconfort.
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Donne-moi la force de dominer toute crainte,
De connaître toutes les saintes joies,
D'être l'ami que je souhaite être,
De parler vrai selon ma voie,
D'aimer ce qui est pur, chercher ce qui est bien,
D'aider de toute mon énergie
Chaque âme à vivre dans la l'harmonie,
Dans la parfaite lumière de la liberté.
C'est là le type de prière qui élève, qui ennoblit l'homme. Plus on cultive cette attitude mentale et entretient ces aspirations sublimes, plus les deux éthers supérieurs s'élèvent hors du corps vital. C'est pourquoi les églises commandent de prier, et prier encore: ce sont bien là des enseignements occultes intérieurs, car de cette manière le corps vital est travaillé par la constante répétition de hautes aspirations. Avant de pouvoir suivre le sentier occulte, nous devons de toute nécessité réaliser le relâchement des liens entre les éthers supérieurs et les éthers inférieurs pour pouvoir fonctionner au dehors, en laissant notre corps dense aux soins des deux éthers inférieurs.
Là est d'ailleurs le danger pour les médiums, et pour ceux qui développent une certaine clairvoyance involontaire par des exercices respiratoires. Quand une telle personne sort de son corps, elle le fait involontairement; elle emporte trois éthers avec elle, aussi le corps reste-t-il sans soins. Sur ce chemin, on ne trouve que le déclin mental et moral, et trop souvent la folie.
Il n'y a qu'une seule manière de développer avec sécurité nos facultés latentes. Peu importe que certains puissent dire le contraire; l'expérience prouve que l'obtention des pouvoirs spirituels dépend de la purification et des aspirations altruistes: et c'est cela qu'enseignaient les Mystères de l'ancien temps.
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Pour comprendre le Mystère du Saint-Graal, il est nécessaire que nous reprenions le cours des différents âges depuis le temps où la Terre sortit du chaos. La Terre était alors obscure et l'homme était enrobé en elle; la Vie travaillait à l'en extraire. Adam était fait du limon de la terre, comme les minéraux le sont aujourd'hui.
Vient ensuite la seconde Epoque, l'Epoque Hyperboréenne, où l'homme a un corps dense et un corps vital: c'est la phase végétale. La nourriture de l'homme est végétale et Caïn est agriculteur. Puis vient l'Epoque Lémurienne, où l'homme reçoit un corps du désir: il a trois véhicules, comme les animaux. C'est le moment où il faut une nourriture destinée à nourrir ses trois corps: il la reçoit des produits des animaux vivants, au temps où Abel était berger.
Nous arrivons ensuite à la quatrième Epoque, Atlantéenne, où l'homme développe l'intellect. La pensée détruit toujours les tissus, en produisant une certaine décomposition; l'homme doit donc trouver dans son alimentation un élément de décomposition: il commence donc à manger les cadavres des animaux, et l'on nous dit que Nemrod était un grand chasseur.
L'homme arrive enfin au degré où il doit oublier sa nature spirituelle, où il doit considérer cette vie comme sa seule vie, et où il lui faut donc trouver quelque chose qui l'aide à oublier. Ce stade est annoncé par Noé et les quelques hommes sauvés avec lui qui furent les pionniers de l'Epoque Aryenne actuelle; Noé cultive donc la vigne et en tire le vin qui doit aider l'homme à oublier. L'homme doit temporairement oublier le côté spirituel de sa nature pour en développer totalement le côté matériel: aussi le Christ change-t-il l'eau en vin, représentation symbolique réalisée dans le premier de ses miracles.
Dans les religions primitives, l'eau seule était employée dans le service des temples. Le Dieu du vin, Bacchus, était venu en Grèce avant le Christ, pour préparer l'ère de débauche matérielle nécessaire pour obliger l'homme à oublier. Et l'homme devint ainsi de plus en plus matérialiste.
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La religion Chrétienne est la seule qui ait sanctionné l'usage du vin: l'homme s'en est trouvé plus profondément emmuré dans son véhicule physique. Mais actuellement une impulsion doit être donnée pour l'en faire sortir, et il nous est possible de noter des signes de cette impulsion dès maintenant dans beaucoup de directions, en particulier dans le grand mouvement d'abstinence qui a déferlé sur notre pays, cette Amérique que l'on a si justement appelée le "creuset" (melting pot).
Le vin se transforme à nouveau en eau. Nous avons accompli la conquête du monde matériel, comme le prouvent nos merveilleux progrès dans le monde occidental. Nous devons maintenant retourner à l'emploi de l'eau, pour pouvoir retrouver sur un plan plus élevé la vision spirituelle que nous avons perdue. C'est à quoi tendait le Mystère du Saint-Graal: purifier l'homme pour qu'il redevienne capable de retrouver sa vision spirituelle. De même que nous donnons aujourd'hui à nos enfants des livres d'images, de même on nous donnait autrefois ces mythes pour qu'ils travaillent sur nos sentiments et nous préparent à comprendre.
Deux caractéristiques marquaient ces chevaliers: ils étaient purs et inoffensifs, et ces deux qualités vont toujours de pair.
Nous avons vu dans les dernières conférences que lorsqu'une entité, esprit-groupe ou esprit individuel, est extraite violemment de son corps, comme dans un meurtre, il reste toujours quelque chose dans ce corps.
Si nous coupons une pêche mûre, le noyau se détache facilement; il n'est plus attaché à la chair du fruit. Par contre, s'il s'agit d'un fruit qui n'est pas mûr, un peu de sa chair adhère au noyau.
Considérons notre corps comme le noyau: il est notre partie dure et cristallisée, alors que l'esprit est notre partie subtile. Si nous extrayons cette partie subtile brusquement, d'un seul coup, qu'arrivera-t-il?
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Le corps physique garde une partie de l'âme, qu'il s'agisse d'un homme ou d'un animal, et cette partie est toujours la plus inférieure. Lorsque le Christ sortit ainsi de manière violente par la mort sur la Croix, quelque chose s'attacha au corps de Jésus: c'était la partie la plus inférieure des principes élevés de Jésus, car même lui, l'homme le plus parfait, avait quelque chose d'imparfait qui devait rester en arrière, pour que seule la partie absolument pure en fût extraite.
Quand un animal est tué brusquement, la partie la plus inférieure de l'âme s'attache au corps, l'esprit-groupe perd les passions, qui restent dans la chair que nous mangeons. Toutefois, cet esprit-groupe pense continuellement à se procurer un autre véhicule; cette idée est imprimée dans chaque cellule par la mort violente, aussi trouvons-nous dans chaque parcelle de viande que nous mangeons cet intense désir de reproduction sexuelle qui nous pousse à satisfaire cette exigence.
Ce fut Nemrod, l'Atlantéen, qui le premier tua pour manger et qui fut à l'origine de ce mal social. Quand nous tuons les animaux, nous nous blessons aussi nous-mêmes, car nous en subissons la conséquence; c'est un vice social qui ne nous quitte plus. Par mal social, nous n'entendons pas seulement tout ce qui est impie dans l'église ou dans l'état, mais tout acte créateur, sauf celui qui est pratiqué dans un esprit de sacrifice pour procurer un corps à un Ego en voie de renaissance. Tout autre emploi de la fonction créatrice, à quelque degré que ce soit est un mal social.
Si maintenant nous saisissons bien les relations entre ce mal social et le fait de manger de la viande et d'ôter pour cela la vie à d'autres êtres, nous comprenons pourquoi les Chevaliers du Saint-Graal étaient purs et inoffensifs. Quand Parsifal brise son arc et ne veut plus tuer, il dit: "Je ne veux plus introduire dans mon corps ces particules qui réclament une existence séparée et désirent sans cesse créer; je veux vivre la vie pure et inoffensive". C'est seulement lorsqu'on atteint cette phase dans la vie qu'il est possible de ressentir la compassion: tant que nous tuons, nous ne pouvons éprouver la vraie compassion.
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Comme nous vivons dans une société où la tuerie est concentrée en un seul endroit, nous ne voyons évidemment pas tuer les animaux, mais nous sommes aussi responsables de la terreur et de l'angoisse qui les étreint que si nous agissions personnellement. Pourrions-nous entrer dans cet enclos sanglant, prendre ce couteau, regarder ces yeux mourants, et plus tard nous régaler de la chair de notre victime? Non, parce que nous avons été trop loin dans l'évolution pour cela, ou simplement parce que nous pouvons nous procurer la viande sans avoir besoin de voir les répugnants spectacles de l'abattoir. Et cependant, nous faisons beaucoup de mal à un de nos semblables, parce qu'en n'accomplissant pas l'acte nous-mêmes, nous l'obligeons à tuer tous les jours de l'année; nous échappons ainsi à la brutalité concentrée dans cette homme - à tel point concentrée qu'en certaines circonstances la loi le traite en paria; elle lui interdit de siéger dans un jury appelé à décider d'une peine capitale, parce qu'il a perdu tout respect de la vie.
Chers amis, cessons d'être destructeurs. Visons à construire, et à laisser vivre toutes les créatures. Elles ont autant de droits à la vie que nous-mêmes. Ella Wheeler Wilcox se fait leur défenseur dans le poème suivant:
La même force qui a façonné le petit moineau
A modelé l'homme-roi.
Le Dieu de Tout
A donné une étincelle d'âme
A ce qui porte poils et plumes.
Et je suis le gardien de mon frère;
Et je combattrai son combat,
Et je parlerai
En faveur des animaux et des oiseaux jusqu'à ce que
Le monde mette les choses à leur juste place.
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Nous sommes maintenant assez avancés pour commencer à essayer d'appliquer ce que nous avons vu dans Parsifal et le Saint-Graal. La compassion commence quand nous abandonnons nos désirs inférieurs; nous devenons purs de pensées, de désirs et de corps, et nous allons ainsi de l'avant. Le mythe de Wagner est une des plus merveilleuses interprétations du fait que certains d'entre nous peuvent prendre de l'avance et apprendre à aider l'humanité. Parsifal est l'homme qui, s'étant purifié, est devenu inoffensif. Wagner l'avait pressenti spirituellement ce Vendredi Saint où, assis près du lac de Zurich, il regardait opérer autour de lui les forces de la vie. D'innombrables semences germaient, des bourgeons se développaient, formant un merveilleux flot de vie, et Wagner se demandait quel lien pouvait bien exister entre la mort du Sauveur sur la Croix et cet épanouissement de toute la nature. Et c'est ainsi qu'il toucha au coeur même du Mystère du Saint-Graal.
La dernière conférence nous a appris, entre autres choses, que l'homme est la plante invertie, et Platon donnait ce même enseignement occulte lorsqu'il disait que "l'Ame du Monde est crucifiée". Le bras horizontal de la Croix représente les influences des esprits-groupes des animaux qui entourent la Terre, se manifestant à travers l'épine dorsale horizontale des animaux. Ceux-ci sont entre les plantes et l'homme: les plantes sont représentées par le bras inférieur de la Croix, et l'homme par son bras supérieur.
Nous savons que les esprits-groupes des plantes sont au centre de la Terre; ils irradient les lignes de force qui traversent continuellement arbres et plantes. L'homme, au contraire, reçoit son influx spirituel du soleil et par la tête: il est donc, à ce point de vue, la plante invertie. Remarquons aussi que la plante se nourrit par les racines et l'homme par la tête. La plante est chaste et sans passion: elle dresse chastement vers le soleil son organe créateur, la fleur, objet de beauté, contrairement à l'homme dont les organes créateurs pleins de passion sont tournés vers la Terre.
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L'homme exhale l'acide carbonique, alors que la plante répand le vivifiant oxygène. L'homme est donc bien l'opposé de la plante.
Dans le Mystère du Saint-Graal, l'homme était amené à voir, ou mieux à ressentir ces vérités. On lui disait:
"Regarde autour de toi; vois partout dans la nature, toutes ces plantes qui croissent, toutes ces semences qui germent.
"Cette force créatrice que tu vois en elles n'est pas autre chose que ce qui est en toi et en tout être humain; mais dans la plante elle s'exprime en sens opposé. Entre la plante et le dieu, il y a l'abîme de la passion.
"Les animaux sont aussi pleins de passion; ils ont le sang rouge qui donne les passions; mais dans la plante nous voyons la chasteté et cette chasteté doit être recouvrée.
"Il est certaines étapes de l'évolution par lesquelles il te faut passer; tu dois redevenir pur et exempt de passion. C'est pourquoi cet emblème, le Calice du Saint Graal, que tu vois ici, est comparable au calice de la plante, qui contient la semence. Il est l'emblème de la pureté, qu'il faut avoir sans cesse devant les yeux pour aspirer à cet idéal élevé, à cette pureté que renferme la plante."
Cette conception est aussi représentée par la coupe de communion utilisée dans les églises, emblème de l'idéal pour lequel nous luttons. En allemand, la coupe de communion a le même nom que le calice de la fleur (Kelch); dans d'autres langues son nom a une signification semblable (en français: calice).
Le Calice de la Communion n'est donc pas une coupe de vin: c'est un calice qui pour nous contient l'essence même de la vie dans sa pureté première: une essence spirituelle, vivifiante. Elle n'est pas l'esprit paralysant, l'esprit fermenté et destructeur que nous donna Noé, mais ce fluide générateur de vie qu'est le sang de la plante. Nous venons de décrire l'un des emblèmes offerts à l'étudiant des Mystères comme idéal à réaliser en lui.
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L'autre emblème était la lance sacrée, symbolisée par le rayon de soleil qui descend ouvrir la fleur. Le rayon de soleil est la représentation du pouvoir spirituel qui travaille à produire partout dans l'univers; un pouvoir particulièrement puissant, mais aussi fort dangereux lorsqu'employé sans discernement ou de manière abusive. Nous le voyons bien dans la légende de Parsifal, où Parsifal, Amfortas et Klingsor représentent trois classes: Amfortas utilisant le pouvoir spirituel sans discernement, Klingsor l'utilisant à des fins égoïstes, et Parsifal l'employant de la seule façon correcte. Le pouvoir est le même, mais ses diverses utilisations produisent des effets différents. Le feu est le plus grand allié de l'homme lorsque ce dernier en est le maître et s'en sert à des fins utiles; mais son emploi dans des intentions mauvaises ou avec ignorance le rend dangereux.
Parsifal représente le mystique dont les sentiments ont été éveillés. Il n'est pas apte à posséder le pouvoir spirituel jusqu'à ce qu'il ait été tenté et mis à l'épreuve, car l'homme dont les sentiments sont intenses est particulièrement sujet à commettre des erreurs. Contre le mal évident, il est en sécurité, du fait de son innocence même, comme lorsque Parsifal ne perçoit rien de sensuel dans les avances que lui font les Filles-fleurs; il est si sincère et pur que cela ne le touche en rien. Mais innocence n'est nullement synonyme de vertu: l'innocence est une pureté négative comme celle des enfants; elle est profondément différente de la vertu, qui a passé saine et sauve à travers le feu des tentations et qui est maintenue dans le droit chemin par un sentiment inné de la vérité. N'ayant pas été mise à l'épreuve, l'innocence est inférieure à la vertu du pécheur qui s'est repenti et réformé, et qui s'en tient fermement à la droiture comme étant le chemin de la paix et de la joie, parce qu'il a connu les souffrances rencontrées dans le chemin de l'erreur.
Amfortas est tenté, il succombe et souffre. Parsifal, témoin de ses souffrances, éprouve de la compassion pour sa douleur, parce qu'ayant brisé son arc, il est devenu inoffensif.
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L'homme capable de tuer ne peut éprouver de compassion; celui qui est incapable de faire le mal possède un coeur tendre. Et voyez quel bienfait peut être cette commisération! Parsifal est habituellement si heureux et joyeux qu'il a laissé Herleide - le chagrin - loin de lui; voyez-le dans le jardin où il rencontre les Filles-fleurs, sa figure resplendit de joie innocente. Vient alors la tentation de Kundry: elle lui cause une souffrance, chose à laquelle Parsifal n'est pas habitué; et l'association d'idées ramène devant sa vision intérieure cette autre scène où il a éprouvé de la souffrance, la scène du Château du Graal où le roi blessé officiait selon le rite sacré. Il regarde et il comprend grâce à la sympathie que son innocuité a éveillée: sans elle, lui aussi risquait de succomber aux subtiles tentations de Kundry.
Klingsor est l'antithèse complète de Parsifal. Ce n'est pas un naïf; il possède la science, et par cette science il dirige son pouvoir en dehors de tout sentiment. Il s'est mutilé: il a tué en lui tout sentiment au lieu de chercher à le contrôler. Quand nous suivons le sentier mystique, les sentiments sont puissamment excités; et si nous ne sommes pas devenus inoffensifs et n'avons pas cessé de vivre d'une nourriture imprégnée de sentiments bas, nous sommes très exposés à la chute. On sait que les plus fervents zélateurs sont excessivement sensuels et ont été la cause de grands scandales religieux: ils sont accusés d'hypocrisie, alors qu'en réalité ils étaient très sincères, mais incapables de discipliner les profondes vagues de sentiments qui les ont emportés, à cause de leur nourriture impure.
Klingsor n'est pas disposé à courir de tels risques; c'est pourquoi il a mutilé ses organes sexuels, se mettant ainsi dans l'impossibilité de satisfaire ce désir et de perdre son pouvoir, comme il en est advenu d'Amfortas lorsqu'il a succombé aux charmes de Kundry. Dans l'Anneau des Niebelungen, nous rencontrons le même principe: celui qui désire le pouvoir doit être parjure à l'amour; Alberich le fait pour posséder l'Or du Rhin, et c'est une calamité pour les dieux et les hommes. Quand la tête ou l'intellect commande en dehors des sentiments, comme c'est le cas chez l'occultiste intellectuel, c'est le sentier noir qui s'ouvre devant lui.
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C'est dans l'alliance de la tête et du coeur que se trouve le véritable équilibre et la seule sécurité.
Amfortas n'aurait pu succomber s'il avait été inoffensif, mais il envisageait un mauvais usage du pouvoir spirituel symbolisé par la lance: il allait s'en servir sans discernement contre Klingsor, c'est pourquoi elle réagit contre lui et le blessa. Le mage noir et le mage blanc utilisent tous les deux la même force, le pouvoir spirituel. Or il est aussi impossible d'employer une force spirituelle contre un être spirituel que de noyer un poisson dans l'eau: c'est pour cela qu'au moment où Klingsor jette la lance - le pouvoir spirituel - contre Parsifal, elle flotte inoffensive au-dessus de lui. Parsifal à son tour la dirige seulement contre le château, et pas contre Klingsor: les êtres bons ne peuvent employer le bien pour détruire le mal directement, mais seulement de manière indirecte en montrant aux méchants le grand pouvoir de Dieu.
De même que la fleur attire purement et chastement la force vitale - le pouvoir spirituel - du rayon de soleil, de même qu'elle développe sa beauté inoffensive, nous devons développer dans la pureté et dans une vie inoffensive les pouvoirs spirituels latents chez l'homme. Nous ne devons ni tuer nos sentiments, ni chercher à échapper à leur expression comme le font ceux qui prononcent des voeux et entrent dans des cloîtres pour se mettre à l'abri de la tentation, ou du moins de sa réalisation en actes. Le désir peut être aussi violent chez un moine que chez un chevalier, mais le moine a rendu impossible par son voeu la satisfaction de son désir tandis que le chevalier est libre de choisir le bien ou le mal. S'il surmonte virilement la tentation, comme le fit Parsifal, il éveille en son être cet amour sublime qui est aussi dégagé des passions sensuelles que le ciel est éloigné de l'enfer. Nous, Chrétiens, ressemblons au Roi Amfortas; nous avons temporairement perdu nos pouvoirs spirituels du fait de nos excès et de notre impureté; mais des cendres de cet état actuel sortira la Chrétienté nouvelle, symbolisée par Parsifal, qui guérira les souffrances de l'ancienne et prendra sa place.
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Cet état personnel dont le Saint-Graal est l'emblème, est le degré où ce qui est temporaire cède la place à ce qui est durable et permanent.
Nous construisons nos corps avec des aliments carnés, qui le quittent rapidement; les végétaux eux-mêmes ne sont pas stables. Nos corps changent entièrement en quelques années. Le végétal, au contraire, a un corps qui dure à travers les âges, même après que la vie l'a quitté, comme nous le voyons dans les constructions de bois qui durent un siècle ou plus. Quel est le secret de cette durée?
L'arbre est presque exclusivement fait de carbone. Ce carbone lui vient de l'acide carbonique exhalé par les animaux et l'homme; en d'autres termes, nous rejetons à chaque expiration ce qui, si nous le gardions, construirait un corps durable. Et que devient ce bois? Après des millénaires, il est transformé en charbon, du carbone noir. La substance la plus dure et la plus durable sur la Terre est le carbone blanc, le diamant.
Si nous pouvions trouver le moyen de conserver ce carbone, nous deviendrions ce que les Hindous appellent l'Ame de Diamant, le corps parfait et immortel. Nous construirions ce que les Rosicruciens appellent la Pierre Philosophale, qui est l'élixir de vie, la panacée contre les souffrance du monde. Nous comprendrions alors la signification de la mer de verre de la Nouvelle Jérusalem, et celle de la "mer de fonte" qui fut le dernier travail de Hiram Abiff, le grand Architecte du Temple de Salomon, travail non fait de main d'homme. Car toutes ces choses expriment la même vérité que le Saint-Graal: elles ne peuvent être atteintes que par ceux dont le coeur est pur et qui ayant vaincu les embûches du monde, sont capables d'aider l'humanité.
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DIAGRAMME "LES QUATRE RÈGNES" - CLIQUER ICI
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Beaucoup de personnes ayant sérieusement réfléchi aux problèmes de la vie supérieure ont malheureusement abandonné les façons de penser de leur enfance. Elles ont cessé de croire aux enseignements de l'Eglise sur l'expiation, le pouvoir rédempteur de la foi, l'efficacité de la prière et autres dogmes de même ordre. Bien que selon l'opinion de ceux qui recherchent honnêtement et sincèrement la vérité, ces idées puissent sembler fallacieuses, nous voudrions néanmoins donner, des points suivants, une étude impartiale qui permette de les juger en connaissance de cause. Ainsi envisagés, les enseignements de l'Eglise apparaîtront dans une lumière jusqu'ici inconnue, qui leur donnera une signification nouvelle et plus grande, plus satisfaisante pour le coeur et parfaitement acceptable pour l'intelligence.
Beaucoup d'entre nous ont été poussés par la raison à se retirer de l'Eglise, bien que leur coeur en ait saigné; mais les conceptions intellectuelles de Dieu et de la raison d'être de la Vie ne pouvant nous satisfaire, nos vies depuis s'en sont trouvées singulièrement stériles.
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Que la lumière nouvelle permette, à ceux qui éprouvent encore dans leur coeur le désir d'appartenir à l'Eglise, d'y retourner et d'y reprendre leurs places avec un zèle renouvelé, né d'une compréhension plus profonde des vérités cosmiques contenues dans les enseignements de l'Eglise, telle est la plus fervente prière de l'auteur et son seul mobile en énonçant les enseignements qui vont suivre.
Il est un fait qui frappe l'étudiant des religions comparées, c'est que plus nous remontons dans le temps et plus la race est primitive, plus aussi la religion est rudimentaire. Quand l'homme avance, ses idées religieuses avancent aussi. Les chercheurs matérialistes tirent de ce fait la conclusion que toutes les religions sont conçues par l'homme, que toutes les conceptions de Dieu prennent leurs racines dans l'imagination humaine. Leur erreur est facile à découvrir si l'on considère que tout ce qui vit tend vers l'auto-préservation. Là où gouverne seule la Loi de survivance du plus fort, comme chez les animaux, où la force prime le droit, il n'y a pas de religion. C'est seulement lorsqu'un pouvoir plus fort se fait sentir du dehors, que cette loi peut être abrogée et que la Loi du Sacrifice entre en jeu comme facteur de vie, comme elle le fait dans une petite mesure, même dans la religion la plus imparfaite. Huxley a reconnu ce fait en démontrant que, si la Loi de survivance du plus fort marque la ligne de progression du règne animal, c'est la Loi du Sacrifice qui est au coeur du progrès humain. C'est elle qui pousse le fort à s'occuper du faible, et chacun à donner ce qu'il pourrait garder, s'améliorant ainsi par ses dons.
La raison d'être de cette différence ne peut être établie par le matérialiste: elle est pour lui un insoluble problème. Mais quand nous avons compris que l'homme est un être multiple - Esprit, âme et corps - que l'Esprit s'exprime par la pensée, l'âme par le sentiment et le corps par l'action, et que cet homme triple est l'image du Dieu trinitaire, il nous est facile de comprendre aussi cette différence. En effet, par sa constitution un tel être multiple est particulièrement apte à réagir à la fois aux vibrations spirituelles et aux pulsions physiques.
La plupart des gens se soucient peu aujourd'hui de la vie supérieure: on peut en conclure qu'il dut y avoir un temps où l'homme était presque entièrement insensible aux vibrations spirituelles de l'univers.
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Il sentait vaguement un pouvoir supérieur dans la Nature et, doué à ce moment d'une clairvoyance partielle, il reconnaissait l'existence de pouvoirs qui ne sont plus perçus aujourd'hui, bien qu'ils travaillent avec plus de puissance que jamais.
L'homme devait être conduit, pour son bien futur. Pour le guider dans le droit chemin et aider la nature supérieure à maîtriser la nature inférieure, ou personnalité, celle-ci fut d'abord travaillée par la crainte. Donner à l'homme une religion d'amour, essayer la persuasion morale eût été parfaitement inutile au moment où l'Ego humain était au début de son état d'enfance et où dominait la nature animale de la personnalité inférieure. Le Dieu qui doit aider une telle humanité doit être un Dieu fort, capable de manier le tonnerre et lancer la foudre.
Lorsque l'homme fut un peu plus avancé, on lui apprit à regarder Dieu comme le Dispensateur de toutes choses; on lui inculqua l'idée que s'il suivait les Lois de ce Dieu il en tirerait la prospérité matérielle. La désobéissance au contraire menait à la famine, la guerre et la peste.
Pour conduire l'homme plus haut, il fallut lui apprendre la Loi du Sacrifice. A ce degré, l'homme faisait grand cas des possessions matérielles; c'est pour cela qu'on l'invita à sacrifier ses moutons et ses boeufs, grâce à sa foi dans la promesse que " le Seigneur les rendra au centuple", que celui qui donne aux pauvres prête à Dieu, disposé à tout rendre avec abondance. Il n'y avait alors aucune promesse d'un ciel, cela eût été au-delà des possibilités de compréhension de l'homme; il était précisé que "le Ciel, les Cieux même appartiennent au Seigneur, mais il a donné la Terre aux enfants des hommes". (Psaume 115:16)
L'homme apprend ensuite à se sacrifier lui-même pour une récompense future au Ciel.
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Au lieu de faire le sacrifice occasionnel d'un bien matériel, boeuf, mouton que le Seigneur lui rend aussitôt, on lui demande de se défaire de ses désirs mauvais et, par "sa persévérance dans le bien, d'amasser des trésors dans le ciel", négligeant les biens matériels que les voleurs peuvent ravir ou qui peuvent être détruits par les vers ou la rouille.
Presque tout le monde peut, pour un court laps de temps, s'élever à un degré d'exaltation où il est facile de tout abandonner dans un acte suprême de renoncement. Il est relativement facile de mourir pour sa foi, comme les martyrs. Mais ce n'est pas assez: la Religion Chrétienne exige de nous le courage de vivre notre foi jour après jour pendant toute notre vie, par la foi en une récompense future, dans un ciel qui n'est que très faiblement esquissé. Les travaux d'Hercule paraissent vraiment peu de chose en comparaison; et qu'y a-t-il d'étonnant à ce que des doutes viennent nous écraser d'un fardeau aussi lourd que celui d'Atlas, nous enlevant notre foi dans le bienfaisant soutien qu'est le pouvoir de Dieu?
En fait, que nous le sachions ou non, nous vivons par la foi chaque minute de nos vies; c'est dans la proportion même où nous vivons ainsi, que nous sommes heureux ou malheureux. La nuit, nous nous couchons pour dormir, dans la croyance qu'aucun mal ne troublera notre sommeil, que nous nous réveillerons le matin et serons capables d'accomplir nos devoirs prévus le lendemain. Sans cette croyance, si des doutes nous assaillaient sur ce point, oserions-nous mettre notre tête sur l'oreiller, pourrions-nous fermer les yeux dans un calme sommeil? Evidemment non; et en peu de temps nous serions des épaves physiques et mentales, dépêchées prématurément dans la tombe par le démon du doute. Quand nous allons acheter des provisions, nous avons foi dans la droiture du marchand, nous admettons qu'il nous donnera des aliments sains et non de la nourriture empoisonnée; sinon, nos vies seraient pénibles! Au lieu d'apprécier notre nourriture, nous perdrions par le doute notre appétit au point de ne pouvoir faire un repas normal, car même la nourriture saine serait empoisonnée par notre état mental de doute et de crainte, comme le savent bien les physiologistes.
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Grâce à la foi, nous quittons nos maisons le matin, confiants dans la loi de la pesanteur pour les garder à la même place jusqu'à ce que nous rentrions le soir.
Bien peu d'entre nous ont observé l'ombre de la Terre lorsqu'elle se projette sur la Lune, lors d'une éclipse de Lune, et savent que cette ombre arrondie est la seule preuve positive de la rotondité de la Terre; pourtant chacun affirme que la Terre est ronde. Nous le savons seulement par la foi que nous avons dans les affirmations d'autres personnes. Il en est de même pour le fait que nous voyageons à travers l'espace à la vitesse de près de dix-sept mille kilomètres à l'heure, en vertu de la rotation de la Terre sur son axe propre; et du fait scientifique, encore plus étonnant, que la Terre qui nous semble si tranquille et inerte se déplace en réalité sur son orbite autour du Soleil à la vitesse d'environ deux millions cinq cent mille kilomètres en vingt-quatre heures. Ces faits, et bien d'autres que nous ne pouvons établir nous-mêmes, nous les acceptons et vivons tous les jours avec eux; nous leur donnons le nom de science et nous jouons vie et bonheur sur eux par la vertu de la foi.
Il a été dit dans des conférences précédentes que la foi est dans l'homme la force qui ouvre un chemin de communication avec Dieu et nous met en contact avec la Vie et le Pouvoir Divins. Le doute, au contraire, a une influence destructrice et déprimante sur la vie spirituelle. Il est aisé de voir que tels sont bien les effets de la foi et du doute par le simple examen de leur influence sur notre vie journalière; nous savons comment la foi et la confiance qu'on nous témoigne nous soutiennent, et combien est déprimant le fait que les autres doutent de nous. Il en est de même dans les mondes supérieurs, comme le montre le fait suivant:
Visitant Columbus, dans l'Ohio, en 1907, l'auteur entendit une conférence du Professeur Hyslop sur les "Preuves nouvelles d'une Vie future"; mais sans pouvoir y trouver ni une bribe de preuve nouvelle, ni rien qui n'eût été déjà établi dans les rapports de la Société de Recherches Psychiques dans des centaines de cas semblables. Il fut surpris qu'un homme comme le Professeur Hyslop, qui devait connaître ces rapports, pût nommer tout cela des preuves nouvelles.
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Le problème ne fut résolu qu'au moment où une question d'un auditeur mit en évidence le fait que Mr. Hyslop n'avait aucune confiance dans les expériences de Crookes ou dans les résultats des recherches de quiconque en la matière; il n'était pas préparé à croire un iota de ce qu'il ne connaissait pas par lui-même; ce qu'il avait présenté était donc nouveau, en ce sens seulement, que cela était nouvellement perçu par lui. Cependant, bien que le Professeur Hyslop refusât d'accepter les preuves d'autres chercheurs, il ne se gênait nullement de demander à ses auditeurs d'accepter son témoignage comme la seule lumière valable.
Mais involontairement Mr. Hyslop fournit une illustration de son incapacité comme chercheur, due à son ultra-scepticisme. Il raconta comment un jour, à une séance avec un médium, il avait eu une communication de feu Richard Hogdson, et s'était entendu avec lui pour le rencontrer par un autre médium; Hogdson devait y donner certaines communications dont ils convinrent entre eux. A l'heure dite, le Professeur Hyslop siégeant avec le médium, Hogdson commença à faire ses communications; mais il paraissait absolument incapable de répondre aux questions et le Professeur Hyslop lui demanda sur un ton irrité: "Que vous arrive-t-il donc, Richard? Quand vous viviez sur la terre, vous aviez toujours une réponse prête; pourquoi ne pouvez-vous plus répondre maintenant?" Alors - dit le Professeur Hyslop en contant cette histoire - alors vint une réponse rapide comme l'éclair: "Oh! chaque fois que j'entre dans votre détestable atmosphère, il me semble que je tombe en morceaux". L'attitude d'ultra-scepticisme du Professeur Hyslop avait le même effet stupéfiant sur l'esprit de R. Hogdson, que l'attitude mentale d'une commission d'experts sur un candidat. Si la commission s'est fait l'idée que le candidat est un cancre, si bien préparé soit-il, il balbutiera, pataugera et échouera, alors que même un ignorant peut se comporter honorablement s'il est soutenu par l'encouragement mental des examinateurs.
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Nous voyons donc que le doute et le scepticisme ont un effet démoralisant et flétrissant sur l'objet qu'ils visent, tandis que la foi ouvre et augmente notre capacité mentale comme la lumière du soleil épanouit la fleur. Nous pouvons ainsi comprendre la nécessité de la foi pour approcher les enseignements spirituels; étudiés sous le signe de la foi, ils apparaissent dans leur vraie lumière; tandis que le doute, la critique et l'agnosticisme flétrissent la beauté de la conception spirituelle comme le froid mordant flétrit la plus belle fleur. Jésus-Christ a dit: "Quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point" (Matthieu 18/3). Cette phrase contient la clé de l'attitude mentale correcte. L'adulte en présence d'un enseignement nouveau, ou bien le rejette parce qu'il s'agit de quelque chose qu'il n'a pas pensé ou établi lui-même, ou bien l'accepte sans contrôle s'il s'agit de quelque chose qui appuie ses propres théories. Il fait de son propre point de vue et de sa science la mesure absolue de la vérité, selon laquelle il jauge toutes les idées qu'on lui présente; mais quelle que soit la largeur de ses vues, elles restent forcément étroites d'un point de vue universel.
Un enfant n'est pas gêné par la limitation due à des connaissances antérieures; son esprit est ouvert à toutes les vérités, et il accueille sans hésitation et avec foi tout enseignement. Le temps fera surgir des faits qui lui montreront ce qui est vrai ou non, et ce test seul est concluant. L'élève de l'école occultiste cultive une attitude d'esprit comparable à celle de l'enfant; lorsqu'il examine un enseignement nouveau ou qu'il étudie des phénomènes encore inconnus de lui, il oublie tout le reste, pour éviter toute déviation de l'esprit. Evidemment il n'admet pas d'emblée que le blanc est noir, mais il est toujours prêt, lorsqu'on lui soumet une proposition, à admettre qu'il peut y avoir un point de vue encore inconnu de lui d'où un objet qu'il croyait blanc peut paraître noir, ou vice-versa. C'est là une attitude d'esprit extrêmement avantageuse, car l'homme qui la cultive est capable d'apprendre et d'augmenter ses connaissances de la même manière que l'enfant qui écoute au lieu de discuter.
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Ainsi, l'attitude mentale semblable à celle des enfants conduit tout particulièrement à l'acquisition de la science symboliquement nommée le Royaume de Dieu, contrairement à l'ignorance qui est l'état de l'homme adulte.
Il est bien entendu que la foi requise n'est pas une foi aveugle, ni une foi qui ne raisonne pas et s'accroche à une croyance ou un dogme contraires à la raison: c'est au contraire un état d'esprit ouvert et sans détours, prêt à accueillir toute affirmation jusqu'à ce qu'un examen sérieux ait prouvé qu'elle est à rejeter.
Dans un chapitre précédent, nous avons dit que la Prière ouvre un chemin par lequel la Vie et la Lumière divines peuvent se répandre dans l'Esprit, de même qu'un contact électrique ouvre un chemin au courant qui vient de l'usine jusqu'à notre maison. La foi dans la prière est l'énergie qui met le contact: sans effort musculaire nous ne manipulerions pas le contact pour obtenir la lumière physique, et sans la foi nous ne pouvons prier de manière à recevoir l'illumination spirituelle. Si nous prions à des fins matérielles, à des fins contraires à la loi d'amour et au bien universel, nos prières seront aussi inefficaces qu'un contact en verre dans un circuit électrique. Le verre n'est pas bon conducteur, il constitue une barrière pour le courant électrique: de même les prières égoïstes sont des barrières pour les desseins de Dieu, et elles doivent rester sans réponse. Pour prier utilement, il faut prier de la bonne manière.
L'Oraison Dominicale, ou "Pater", est précisément un merveilleux modèle de prière, car elle pourvoit aux besoins de l'homme comme nulle autre formule ne pourrait le faire. En quelques brèves phrases, elle fait le tour de toutes les relations complexes de Dieu avec l'homme.
Pour bien comprendre cette sublime prière, et pour pouvoir la dire avec compréhension et efficacité, rappelons brièvement quelques-uns des enseignements donnés dans les conférences précédentes:
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DIAGRAMME "L'ORAISON DOMINICALE" - CLIQUER ICI
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Le Père est le plus haut Initié de la Période de Saturne.
Le Fils est le plus haut Initié de la Période du Soleil.
Le Saint-Esprit est le plus haut Initié de la Période de la Lune
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L'Esprit Divin et le corps dense de l'homme ont commencé leur évolution dans la Période de Saturne et sont donc sous la protection spéciale du Père.
L'Esprit de Vie et le corps vital ont commencé leur évolution dans la Période du Soleil et sont donc pris particulièrement en charge par le Fils.
L'Esprit Humain et le corps du désir ont commencé à évoluer dans la Période de la Lune et sont donc confiés spécialement à la garde du Saint-Esprit.
L'Intellect, qui fut ajouté pendant la Période de la Terre, n'est pas protégé par des êtres extérieurs, mais doit être soumis par l'homme lui-même, sans aucun secours extérieur.
Dans l'Oraison Dominicale, il y a sept prières; ou, plus exactement, il y a trois groupes de deux prières et une supplique. Chacun des trois groupes est en rapport avec les besoins de l'un des aspects de l'esprit triple et de sa contre-partie dans le corps triple.
La phrase du début: "Notre Père qui es aux Cieux" est comme l'adresse sur une enveloppe. Le tableau "L'Oraison Dominicale" donne la clé de cette prière; il montre les relations entre la Trinité, l'Esprit triple, le corps triple et l'intellect; chaque aspect de l'Esprit est relié par une ligne à la prière spécialement appropriée à sa contrepartie dans le corps triple, et placé à proximité de l'élément de la Trinité qui le tien en garde.
L'Esprit Humain s'élève sur les ailes de la dévotion jusqu'à son aspect correspondant dans la Sainte Trinité, le Saint-Esprit, et prononce l'incantation: "Que Ton Nom soit sanctifié".
L'Esprit de Vie s'élève par l'amour et s'adresse à la source de son être, le Fils: "Que Ton Règne vienne".
L'Esprit Divin s'élève par la vision intérieure supérieure jusqu'à la source capitale d'où il émana à l'aube des temps, le Père, et manifeste sa confiance dans cette universelle Intelligence: "Que Ta Volonté soit faite".
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Ayant ainsi atteint le Trône de Grâce, l'Esprit triple en l'homme présente ses requêtes touchant la personnalité ou corps triple.
L'Esprit Divin prie le Père pour sa contrepartie, le corps dense: "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien".
L'Esprit de Vie prie le Fils pour sa contrepartie le corps vital: "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés".
L'Esprit Humain adresse une supplique pour le corps du désir, dans les mots: "Ne nous soumets pas à la tentation".
Et tous enfin se joignent en un commun appel pour l'intellect: "Délivre-nous du mal!"
La phrase ajoutée: "Car c'est à Toi qu'appartiennent le Règne, la Puissance et la Gloire, aux siècles des siècles" n'a pas été donnée par le Christ et n'est pas une prière.
Considérons l'explication ci-dessus du point de vue analytique; nous voyons qu'il y a trois enseignements religieux qui doivent être donnés à l'homme pour l'aider à atteindre la perfection: l'un est la religion du Saint-Esprit, le second est la religion du Fils, et le dernier la religion du Père.
Sous le régime du Saint-Esprit, la race humaine fut divisée en nations, et les hommes, par leur adhésion à un groupe, se séparèrent de la communauté des nations. Puis chacun des groupes fut détaché des autres par l'emploi d'un langage propre. Tous furent soumis à certaines lois et apprirent à révérer le nom de leur Dieu: un peuple l'adorait sous le nom de Iao, un autre sous le nom de Tao, un autre sous celui de Bel. Partout le nom de ce donneur de Loi était considéré comme saint. La méthode de la séparation avait l'avantage de permettre au chef des Esprits de Race, Jéhovah, de se servir d'un peuple pour en punir un autre qui avait transgressé la loi; mais elle avait l'inconvénient d'encourager l'orgueil et de séparer l'humanité au détriment du bien universel.
Un axiome dit que ce qui ne profite pas à tous ne peut vraiment profiter à personne. Aussi fallait-il trouver les moyens de réunir les nations et de les fondre en une Fraternité universelle: cela doit être l'oeuvre de la religion du Fils, le Christianisme.
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L'esprit guerrier des nations est développé par les Esprits de Race, mais la Religion Chrétienne les unira finalement, leur fera transformer leurs épées en socs de charrues, et amènera paix et bonne volonté sur la Terre lorsque le royaume du Fils aura remplacé les tribus et les races. Plus tard, un enseignement religieux encore plus élevé, la religion du Père, doit unir encore plus étroitement l'humanité. Dans le Royaume du Fils, il y aura une Fraternité universelle d'individus séparés ayant des intérêts variés, mais prêts à donner et à recevoir par amour, abandonnant leurs préférences individuelles pour le bien commun. Mais lorsque la religion du Père deviendra un fait de la vie, le soi sera entièrement immergé dans le but commun, dans la volonté unique. Alors la Volonté de Dieu sera faite sur la Terre comme elle l'est au Ciel, où il n'y a plus ni toi ni moi, mais où Dieu est Tout en Tous.
Dans l'intervalle, un certain travail doit être accompli par l'Esprit triple sur le corps triple, pour le spiritualiser et en extraire l'Ame triple.
Le corps dense n'est qu'un instrument irresponsable. Il est cependant un instrument d'une incomparable valeur, que nous devons soigner et apprécier comme un artisan soigne et apprécie un outil de prix. Maintenons constamment devant notre vision mentale le fait que nous ne sommes pas notre corps, pas plus que l'artisan ne s'identifie à ses outils ou le maçon à la maison qu'il construit. Ce fait devient évident si nous considérons que notre corps est un agrégat de cellules en perpétuel changement, tandis que nous gardons l'identité de notre "Je" au milieu et en dépit de ces changements, ce qui serait impossible si nous étions identifiés à notre corps physique.
Ce corps doit être apprécié et soigné: "Donne-nous notre pain quotidien", dit la quatrième prière. Beaucoup de gens mangent trop, et pour eux un jeûne occasionnel peut être utile; toutefois le jeûne n'est pas nécessaire pour ceux qui ne festoient pas, mais vivent une vie simple tous les jours. Quand le corps est trop nourri, l'esprit peut être toujours aussi plein de volonté, mais la chair manque de force.
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Aussi, lorsqu'un Esprit jeune entreprend de se spiritualiser, il cherche à dominer la nature inférieure par des jeûnes, des tortures, à l'exemple des Yogis hindous qui émacient leur corps et dessèchent leurs membres pour permettre à l'Esprit de resplendir. C'est là une faute aussi déplorable pour le vrai développement spirituel que l'habitude de trop manger. Comme nous l'avons dit, l'homme qui est le maître de son appétit et nourrit son corps d'aliments purs n'a nul besoin de jeûner, mais peut donner à son corps le pain quotidien.
En Asie, où les lois de cause à effet et de renaissance sont bien connues et clairement énoncées, les gens voient nettement que leur action doit, un jour, élever l'humanité à un état céleste et glorieux. Mais il est nécessaire, pour l'évolution de la précision de la pensée, qui sera pour l'homme un jour le moyen de créer, que son attention entière soit pour un temps concentrée sur le monde physique; c'est pourquoi sa connaissance du monde spirituel doit être voilée. Pour atteindre ce but, les guides de l'humanité ont donné à aux pionniers de la race humaine le breuvage de l'oubli, le vin, et l'homme a oublié temporairement les mondes d'en haut. Il en est venu à considérer la vie actuelle comme la seule qui doive être vécue ici-bas, et naturellement s'évertue à la rendre la meilleure possible. C'est à cause de cela que l'énergie occidentale est en train de conquérir par étapes le monde matériel tandis que la lassitude orientale le regarde faire. Dans les temps qui viennent, les Orientaux devront aussi oublier et suivre notre sentier de conquêtes.
Mais comme la Religion Occidentale, le Christianisme, ne nous apprend pas le fait qu'une loi cosmique se hâte lentement de purifier l'homme et de le conduire à l'état de Dieu à travers de nombreuses vies, il a fallu lui donner un enseignement de compensation: sans lui l'homme aurait désespéré, car son intelligence lui dit bien son imperfection, et l'oblige à saisir l'impossibilité absolue de réaliser son développement spirituel complet en une seule vie, une vie dans laquelle, par la force des circonstances, il est contraint de se vouer principalement à des objectifs matériels.
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Telle est la raison pour laquelle lui fut donnée la doctrine de la Rémission des péchés, par la foi dans la Justice du Christ, le Phare de l'Espérance, le "Soleil de Justice".
C'est l'évidence même que, dans un univers de loi et de vérité, les grands Guides ne pourraient enseigner un mensonge pour sauver l'homme d'un désespoir qui aurait inévitablement mis fin à tout effort spirituel, si l'homme n'avait eu que le seul enseignement de la Loi de cause à effet selon laquelle nous récoltons ce que nous avons semé. La doctrine de la Rémission des péchés doit donc être une Loi de la Nature au même titre que la Loi de cause à effet; elle doit même être une Loi plus élevée, puisqu'elle est capable de l'emporter sur la Loi de cause à effet. Toutes les deux ont leur place dans la vie humaine.
L'Eglise Catholique enseigne toujours la manière scientifique d'obtenir la rémission des péchés, lorsqu'elle encourage ses fidèles à revoir les évènements de la journée, chaque soir en se couchant, et à se blâmer pour tout acte mauvais. C'est en substance ce qui a été enseigné ici dans nos précédentes conférences; toutefois l'enseignement occulte est plus clairement énoncé, et les effets ultérieurs de cet exercice ont été particulièrement indiqués dans la onzième conférence. L'action bienfaisante de la Loi de cause à effet, qui nous purifie du mal dont nous ne nous sommes pas repentis et qui n'est pas pardonné, est aussi énoncée dans les enseignements catholiques sur le purgatoire, bien que ce soit une erreur de considérer cette phase comme une punition. En effet même si quelque démon personnel devait nous y tourmenter, la douleur qu'il causerait en nous débarrassant du péché serait analogue à celle que ferait un chirurgien en extrayant une balle d'une blessure qu'on se serait faite à soi-même: le démon n'agirait pas plus par vengeance que le chirurgien.
Le corps vital étant le dépôt du panorama de la vie, nos propres péchés et le mal dont nous avons souffert par le fait des autres y sont inscrits;
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d'où la cinquième prière: "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés", qui traduit les besoins du corps vital. Notons que cette prière enseigne la doctrine de la Rémission des péchés dans les mots: "Pardonne-nous", et la Loi de cause à effet dans les mots: "comme nous pardonnons", faisant ainsi de notre attitude à l'égard des autres la mesure de notre rédemption.
"Ne nous soumets pas à la tentation" est la prière pour le corps du désir, qui est le dépôt de l'énergie, et qui fournit, par le désir, des motifs à l'action. Une maxime orientale dit: "Tuez le désir", et les Orientaux fournissent de bons exemples de l'indolence qui en résulte. "Tuez votre tempérament" est le très mauvais conseil donné parfois à ceux qui s'emportent facilement. Or le désir et le tempérament sont des alliés de valeur, de trop grande valeur pour qu'on les limite ou les tue: l'homme sans désirs est comme l'acier non trempé; ne comptez pas sur lui. Dans l'Apocalypse, alors que six des Eglises reçoivent des louanges, la septième reçoit l'anathème parce qu'elle n'est "ni chaude ni froide", elle n'est qu'une médiocre communauté. "Plus grand est le pécheur, plus grand sera le saint" est un adage vrai, car il faut de l'énergie pour pécher; et quand cette énergie se tourne dans la bonne direction, elle a autant de puissance pour bien faire qu'elle en avait avant pour mal faire. Un homme peut être bon parce qu'il ne peut pas rassembler assez d'énergie pour être mauvais; il est alors si bon qu'il n'est bon à rien, comme les Nicolaïtes (Apocalypse 2/6 et 15). Tant que nous sommes faibles, nos désirs nous maîtrisent et nous induisent en tentation; mais quand nous apprenons à dominer nos désirs, nous pouvons alors guider notre caractère en harmonie avec les Lois de Dieu et des hommes.
Le pouvoir qui guide et dirige cette énergie de nos désirs est l'intellect. Et la septième prière: "Délivre-nous du mal" est donc faite pour l'intellect.
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Les animaux suivent aveuglément leurs désirs et ne commettent pas de péché: pour eux, le mal n'existe pas. Le mal ne vient à notre connaissance que par et à travers l'intellect et son discernement qui permettent à l'homme de voir différentes modalités d'action et de choisir. S'il choisi d'agir en harmonie avec le bien universel, il cultive la vertu; sinon il se souille de vice. Notons encore que l'"innocence" tant vantée de l'enfant n'est en rien de la vertu: l'enfant n'a pas encore été tenté et soumis à l'épreuve, c'est pour cela qu'il est innocent. Avec le temps, les tentations issues de ses désirs viendront éprouver son courage; et c'est de la maîtrise de ses désirs par son intellect que dépendra sa marche vers le bien ou sa chute en cours de route. Si l'intellect est assez fort pour nous "délivrer du mal", nous devenons vertueux, ce qui est une qualité positive; et même si nous succombons pendant quelque temps avant de bien nous rendre compte du mal que nous faisons, nous acquérons la vertu dès que nous nous repentons et réformons ce qui doit l'être. Nous remplaçons ainsi l'innocence négative par la vertu qui est une qualité positive.
C'est ainsi que l'Oraison Dominicale s'étend à toutes les parties de la constitution humaine et énonce les besoins de chacune d'elles, ce qui montre la merveilleuse sagesse contenue dans cette simple formule.
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On parle tant des mondes intérieurs du point de vue occulte, on insiste tellement sur le fait que nous possédons des véhicules supérieurs que nous pouvons développer et utiliser, qu'il semble nécessaire de mettre parfois en relief l'énorme valeur du corps dense et du monde visible avec lequel il nous met en relation, et de combattre le dédain de certaines personnes pour le monde dans lequel nous vivons actuellement.
Soyons certains qu'il y a derrière l'évolution de Grandes Intelligences exaltées qui ordonnent toutes choses avec une sagesse qui ne néglige aucun facteur, et essayons de comprendre l'objet et le but de notre mode actuel d'existence. Nous nous apercevrons bientôt que tout est bien, qu'il y a des raisons excellentes et suffisantes pour que nous soyons placés dans la phase actuelle de l'existence concrète, et que nous subissions les limitations qui en résultent.
Nous voyons qu'actuellement le monde occidental traverse une phase de développement matériel. Beaucoup d'entre nous, qui se préoccupent des choses de l'esprit, on tendance à regarder l'homme ordinaire avec le sentiment, d'ailleurs nullement fondé, d'être plus saints que lui.
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De son côté, "l'homme ordinaire" si méprisé nous regarde d'un air méfiant, nous qui parlons familièrement du ciel et de l'enfer, mais qui n'avons pas la même connaissance des affaires matérielles. Il éprouve fortement le sentiment que notre premier et plus important devoir est de savoir quelque chose du monde matériel, pour que nous fassions notre devoir ici-bas au mieux de nos moyens, avant de prendre notre essor vers les nuages. Pour renforcer ses arguments, il nous montre l'Inde où le peuple meurt de faim parce qu'il est trop indolent pour travailler, où l'on rêve de "nirvana" en oubliant l'existence actuelle. L'homme ordinaire nous invite à regarder les conditions arriérées de la vie de ces Orientaux et les attribue à la croyance en la renaissance, qui les pousse habituellement à dédaigner leur présente existence; il prétend ensuite que le développement spirituel, particulièrement en dehors des églises reconnues, est nuisible au plus haut degré. Il a largement raison dans ses assertions, mais il y a aussi une façon plus profonde d'envisager les choses, comme nous le verrons plus loin.
Pour nous développer d'une manière sûre et saine, nous devons apprécier correctement la mission de ce monde dans le plan divin de développement que nous appelons l'évolution, et nous devons assumer toute notre part au travail de ce monde. Par contre, il faut dire aussi que le point de vue occulte donne une vision plus approfondie et un aperçu plus large de notre rôle utile, que la vue superficielle ordinaire. Examinons donc les voies du progrès dans le monde matériel selon les deux points de vue.
Dans la deuxième conférence, nous avons vu que toutes choses en ce monde matériel visible ne sont que des formes-pensées cristallisées; que par exemple un architecte forme une maison dans sa pensée, et qu'avec cette forme-pensée il trace ses plans et les ouvriers construisent la maison. L'imagination de Graham Bell s'est concrétisée dans le téléphone; celle de Fulton en navire à vapeur, etc.
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Naturellement, ces idées n'étaient pas parfaites d'emblée; beaucoup de travail expérimental fut nécessaire avant que ces inventions fussent assez au point pour pouvoir être utilisées dans la vie journalière.
Imaginons que ce monde dans lequel nous vivons soit un Monde de Pensée dans lequel nous puissions former des images telles que les images mentales, mais où nous n'ayons aucun moyen de concrétiser ces images en objets de bois ou de métal comme nous le faisons actuellement: que serait-il alors advenu du téléphone et du bateau à vapeur? L'inventeur aurait terminé son invention en un instant, mais il n'y aurait eu aucune réalisation matérielle permettant de montrer les imperfections de sa pensée, et par conséquent il n'aurait pas appris à penser juste.
La mission du monde matériel concret consiste à mettre nos erreurs en évidence. Nous sommes en train de développer en nous-mêmes un énorme pouvoir; et nous trouvons dans le monde physique des conditions idéales pour développer les facultés nécessaires à son emploi correct. Sans ces facultés, et si les conditions de la matière étaient plus subtiles, ce pouvoir ferait énormément de mal. Ce qu'est cette force de l'avenir, nous allons le voir en jetant sur le développement du passé un coup d'oeil qui nous permettra de juger de la vraie perspective de l'avenir.
A l'aurore de son existence, l'homme travaillait surtout sur les solides: ses premiers outils étaient des pierres, rondes ou aiguisées, qu'il trouvait sous la main. Plus tard il commença à se confier aux liquides pour pousser sa première ébauche de barque ou faire tourner son moulin primitif. Plus tard encore, il apprit à employer les gaz, à utiliser le vent comme force de propulsion de ses navires et de ses moulins. Ce fut là un immense progrès, qui mit en communication les parties les plus éloignées du monde, en élargissant considérablement l'étendue des connaissances humaines. Mais même le progrès réalisé par l'emploi de l'air paraît insignifiant devant ceux que nous a valu l'emploi d'un gaz plus éthéré, la vapeur. Celle-ci fait tourner les roues du progrès à une vitesse qui nous laisse muets d'étonnement.
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Et pourtant les merveilles accomplies par la vapeur ne sont rien en comparaison des mille et un progrès dans les communications et la science qu'a réalisé l'utilisation de cette force plus subtile encore, l'électricité, qui fait faire à un message le tour du globe en moins de secondes qu'il n'eût fallu autrefois d'années avec les anciens modes de propulsion.
Nous voyons donc que le progrès humain s'est accompli par l'emploi de forces de plus en plus subtiles; chaque fois que nous avons appris à utiliser une énergie plus subtile qu'auparavant, nous avons fait un immense pas en avant dans la civilisation. Cette façon de voir ne nous est pas habituelle: nous associons habituellement solidité et énergie comme si les deux termes étaient synonymes; mais un peu d'observation nous montrera la fausseté de cette idée.
Les vagues de la mer, qui sont liquides, peuvent en quelques instants raser le pont d'un navire, tordre ou plier les plus solides épontilles de fer comme de simples fils. Les vents peuvent en un clin d'oeil jeter par dessus bord les mâts d'un vaisseau, et pourtant les vents ne sont que de l'air, que des gaz. L'eau peut ronger les collines et niveler une cité plus vite que ne le feraient pic et pioche. Quand nous regardons les grandes locomotives et que nous admirons leur lourde masse, nous rendons-nous bien compte qu'elles sont si solidement construites parce qu'elles doivent être mues par un gaz élastique invisible: la vapeur?
La roue hydraulique était inutilisable comme producteur de force sans un contact direct avec la source d'énergie permanente d'une chute d'eau. La force des vents était meilleure, elle était utilisable pour la population du monde entier, mais elle était capricieuse et incertaine. La vapeur était plus près de l'idéal, puisqu'on peut la produire à volonté presque partout, mais elle nécessite une machinerie très lourde, transportable partout où sa force doit être employée, comme le montre bien la locomotive, matériel mobile si puissant. L'électricité peut être transmise à des milliers de kilomètres par un simple fil, et peut être utilisée n'importe où le long de cette ligne;
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elle peut même être transmise de place en place sans aucun fil dans l'éther qui pénètre tout.
Nous venons de montrer que le progrès de l'homme dans le passé a été accompli par l'utilisation de forces de subtilité croissante - eau, air, vapeur, électricité - et que l'utilité croissante de chacune de ces forces est encore augmentée par la facilité avec laquelle elle peut être transmise et employée en différents endroits. Le dernier progrès est la transmission de l'énergie, d'un point central à des points variés, sans aucun matériel de connexion visible comme dans la télégraphie sans fil (conférence donnée en 1909).
Au vu ces perfectionnements passés, il est évident que les progrès à venir de la race humaine dépendent de la découverte et de l'utilisation d'une énergie encore plus fine, transmissible avec encore plus de facilité qu'aucune des forces actuellement connues.
Quelle est cette force nouvelle, que doit-elle accomplir pour le progrès de la race humaine, et dans quel sens devons-nous chercher pour la découvrir? Telle est la triple question qui se pose naturellement, et à laquelle nous allons essayer de répondre.
Dans sa "Race Future", Bulwer Lytton nous a donné une opinion sur ce que sera cette force de l'avenir. Comme toutes les histoires de ce genre, la sienne n'a pas été prise au sérieux, mais seulement considérée comme le produite de l'imagination fantastique d'un auteur habile. Les romans de Jules Verne ont également été accueillis par le public avec admiration pour sa vive imagination: mais quelle part de ses romans a-t-elle déjà été réalisée à ce jour? "Le Tour du Monde en quatre-vingt jours" est maintenant trop lent pour le globe-trotter du vingtième siècle; la navigation sous-marine et les vols aériens sont réalisés aujourd'hui. A la vérité, l'esprit humain est incapable d'imaginer quelque chose qui ne puisse être réalisé: cela semble une affirmation extravagante, mais n'est-elle pas justifiée en regard de tout ce qui a été fait?
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Reprenons notre argumentation: quelque chose qui ressemble au "Vril" de Bulwer Lytton doit être découvert avant que l'homme puisse faire un nouveau grand pas dans la voie du progrès. De grandes et merveilleuses découvertes nous sont offertes par l'exploitation plus étendue des forces que nous possédons déjà; mais le prochain "grand pas" dépend de la découverte de la force nouvelle et de notre préparation à son emploi. Des essais pour réaliser une machine à vapeur ont été faits il y a plusieurs siècles par les anciens, avant que nous y réussissions récemment; ils connaissaient aussi un peu l'électricité; mais il a fallut un long temps pour mûrir ces idées au point de les rendre utilisables. De même, pendant que nous avançons dans l'exploitation des forces que nous connaissons, nous devons aussi nous préparer pour la force nouvelle; et si nous pouvons la trouver nous serons ainsi plus vite capables de trouver aussi les moyens de l'utiliser. Regardons de plus près le Vril de Bulwer Lytton: il est possible que sous des dehors fantastiques soit caché un indice de valeur.
Vril était une une force générée à l'intérieur de chacun des êtres de notre histoire. Elle ne dépendait pas d'un dispositif extérieur coûteux que seuls quelques privilégiés pouvaient obtenir à l'exclusion de la majorité. Tous les hommes sans exception possédaient ce pouvoir de la naissance à la mort.
C'est là certainement un idéal encore plus élevé même qu'une centrale d'énergie. Nul besoin d'ascenseurs lorsque tout le monde s'élève à volonté; nul besoin de voitures ou de chemins de fer lorsque chacun peut se déplacer rapidement et facilement par sa propre force inhérente; nul besoin de navires lorsque l'homme peut se déplacer dans l'air sans d'encombrantes machines comme celles qui se déplacent sur la terre ou sur les eaux; et combien moins de résistance à vaincre pour voler comme un oiseau que s'il faut user d'un avion ou de semblables artifices. Comme toutes les autres forces, Vril pouvait être employé comme moyen de destruction: en cela il était également prompt, aussi d'extrêmes précautions étaient-elles nécessaires pour s'en servir.
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La plus grande maîtrise de soi était indispensable, car un accès de colère aurait entraîné d'effrayants désastres. Si jamais nous sommes appelés à user d'une telle force, nous voyons combien il sera absolument essentiel que nous soyons bons, doux et n'ayons pas d'ennemis: nos vies seraient dans les mains des autres à un point inconcevable actuellement.
Si nous regardons en nous-mêmes pour voir s'il est possible qu'une énergie de ce genre commence à s'y développer, nous n'irons pas loin avant d'y reconnaître l'existence d'un pouvoir qui possède de vastes possibilités: le pouvoir de la pensée. Nos idées prennent forme en tant qu'images mentales que nous formons avec une grande facilité, et concrétisons ensuite lentement et laborieusement en choses matérielles telles que cités, maisons ou meubles: tout ce qui est fait par la main de l'homme est de la pensée concrétisée.
Nous ne devons pas considérer le lent mode actuel de manifestation de la pensée dans la matière comme une indication des possibilités de cette pensée, ni nous laisser épouvanter par le fait qu'elle nous échappe ou nous trompe: il en a été de même pour les autres forces que nous avons déjà attachées au char du progrès. Pendant des temps innombrables, les vagues de l'océan ont gaspillé leur énergie à battre le rivage; mais aujourd'hui des inventeurs commencent à les subjuguer comme ils ont couplé la chute d'eau à la dynamo électrique. Pendant le même temps, les vents ont balayé la terre et la mer, avant que l'homme n'apprenne à leur faire porter tout le commerce du monde sur des navires. Pendant des siècles, la vapeur des marmites utilisées par l'homme s'est échappée dans l'air avant qu'il n'apprenne à concentrer son pouvoir et à l'employer dans des industries variées. De même qu'autrefois la vapeur s'échappait inutilement des marmites antiques, l'énergie radiante de la pensée s'échappe de l'humanité d'aujourd'hui.
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La vapeur a été utilisée par concentration, et également nous pourrons concentrer le pouvoir de la pensée, plus subtil, mais beaucoup plus puissant. Nous l'utiliserons à faire le travail de l'homme avec une facilité impossible à concevoir même par comparaison avec les forces actuelles; celles-ci en effet sont seulement utilitaires, elles travaillent sur des choses qui existent déjà, tandis que le pouvoir de la pensée est une force créatrice.
Nous savons combien les autres forces sont dangereuses lorsque nous les concentrons pour les faire travailler. Pendant que la vapeur s'échappe des marmites, elle ne peut faire aucun mal sérieux; l'électricité produite par la friction d'une courroie ou d'un morceau d'ambre n'est dangereuse pour personne. Mais lorsque la vapeur est produite en quantité confinée dans une chaudière, elle peut éclater dans les mains d'un ouvrier incompétent; l'électricité sous tension dans un câble peut tuer l'ignorant qui se mêle d'y toucher. De même, nous pouvons en déduire que le pouvoir de la pensée mal dirigé ou employé avec ignorance aurait un effet beaucoup plus désastreux, parce qu'il constitue une force beaucoup plus subtile. Il est donc nécessaire que l'homme soit placé dans une école où il puisse apprendre à se servir de cette force énorme d'une manière sûre et efficace. Que l'on s'en rende compte ou non, les sages Guides invisibles, mais puissants, qui travaillent avec l'humanité, nous ont déjà offert cet enseignement, en nous plaçant dans l'existence concrète du monde physique: que nous le sachions ou non, chaque jour et à chaque heure nous apprenons à "penser correctement", et à force d'apprendre de mieux en mieux, nous deviendrons des êtres semblables à notre Père "qui est aux Cieux".
Nous voyons donc quelle grave erreur commettent ceux qui méprisent l'existence concrète, en vivant dans les nuages des espérances et des aspirations qui tendent vers la vie spirituelle et les mondes supérieurs, en négligeant leur devoir dans la vie présente matérielle et concrète.
Il est évident cependant qu'il est tout aussi mauvais de nous confiner dans la vie purement matérielle, en excluant le côté spirituel de notre nature: les extrêmes sont dangereux.
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Si, reconnaissant les deux pôles de notre être, nous nous efforçons de guider notre vie matérielle par la lumière de nos perceptions spirituelles, nous apprendrons les leçons merveilleuses que nous offre l'école de l'expérience, dans un temps beaucoup plus court que si nous allons à l'un ou l'autre des extrêmes.
Les résultats obtenus en allant à l'un ou l'autre des extrêmes sont faciles à voir si nous comparons, du point de vue occulte, les Hindous au monde occidental.
Comme nous l'avons dit plus haut, les personnes à tendances matérialistes, pour justifier leur éloignement des choses spirituelles, nous montrent les pays et les peuples qui évoluent dans cette direction, et en particulier l'Inde; elles nous invitent à considérer l'état retardataire des Hindous et l'indolence des Orientaux, et elles les attribuent à leurs tendances religieuses. D'autres ont essayé de les défendre en alléguant qu'ils sont confinés par multitudes dans des contrées montagneuses et arides, aux ressources insuffisantes pour nourrir les millions d'habitants qui les peuplent, et que maladie et famine y sont donc inévitables; ils mentionnent le brûlant soleil et les pluies dévastatrices de l'Inde et les opposent à notre pays fertile et peu peuplé où règne l'abondance pour tous. Et cela implique presque pour eux une injustice de la part de Dieu que de donner aux uns ce qu'il refuse à d'autres qui leur sont supérieurs selon ces critiques.
Que les conditions d'existence des Hindous soient telles qu'on les a dépeintes, et pires encore que nous n'arrivons à le savoir, c'est certain. A considérer la vie d'après le point de vue occidental habituel d'une vie unique, ces peuples peuvent en effet être pris en pitié, comme victimes du caprice d'un Dieu injuste; mais lorsque nous comprenons les Lois de cause à effet et de renaissance, ainsi que les activités exécutées au deuxième ciel, nous comprenons aussi les raisons spirituelles qui commandent les conditions différentes des nations aussi bien que des individus.
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Le soleil brûlant, l'aridité du sol et les pluies dévastatrices de l'Inde sont seulement les effets dans le monde matériel des causes appartenant aux mondes spirituels, comme tous les autres actes de la Nature et de l'homme. Il y a pour chaque phénomène une explication spirituelle qui va plus profondément à la racine des choses que les faits matériels; il y a une raison spirituelle à la pauvreté et aux conditions climatiques de l'Inde, de même qu'il y a une cause profonde à notre prospérité. Pour trouver cette cause, il est nécessaire de bien garder dans l'esprit la distinction entre le corps et l'Esprit qui l'habite. Tous les Esprits sont semblables, mais certains se sont développés plus vite que les autres. Les races sont seulement des corps créés par les Esprits, et à mesure qu'une catégorie d'Esprits évolue, elle passe d'une race à l'autre. Les plus avancés font le travail des pionniers et portent la race à son plus haut degré de perfectionnement; lorsque ce degré est atteint par tous, ils forment une race nouvelle et les corps qu'ils ont abandonnés sont pris à leur tour par des Esprits moins développés et, de ce fait, commencent à dégénérer. Ces corps deviennent ensuite inutilisables également pour ces Esprits qui avancent à leur tour et laissent les corps de la race à une autre classe d'Esprits encore moins avancés. Sous l'influence de ces derniers, la race continue à dégénérer et enfin, lorsqu'il n'y a plus d'Esprit suffisamment arriéré pour pouvoir acquérir de l'expérience en utilisant ces formes dégénérées, les femmes deviennent stériles et la race s'éteint: elle a rempli son rôle.
Les Esprits incarnés dans les nations occidentales ont, autrefois, habité des corps hindous: c'était au moment où l'Inde était dans toute sa gloire et où la race évoluait à la fois physiquement et spirituellement. Cela se passait dans ce qui fut appelé l'Age d'Or, où apparurent les écrits sacrés et furent bâtis les grands temples, et où l'évolution matérielle et spirituelle de l'Inde atteignit son apogée.
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Mais l'homme était destiné à maîtriser complètement le monde matériel. Lorsqu'il pensait qu'il était avant tout un Esprit, et qu'il avait de ce fait une foi absolue et inébranlable dans la continuité de la vie, qu'il savait positivement que la naissance suit la mort aussi sûrement que la mort suit la naissance, il sentait aussi qu'il avait devant lui une éternité pour progresser; aussi ne faisait-il que peu d'efforts pour développer les ressources du monde matériel.
C'est pour cela qu'il fut nécessaire que l'homme oublie pendant quelque temps la doctrine de la renaissance, en considérant la vie qu'il vivait comme sa seule vie: il a ainsi concentré ses efforts pour tirer le meilleur parti de ses possibilités de progrès matériel. La voie suivie a été décrite dans les précédentes conférences et plus complètement dans la "Cosmogonie Rosicrucienne".
Les Esprits qui habitent maintenant les races occidentales ont donc quitté les corps hindous et ont construit les corps des races qui leur ont succédé, atteignant ainsi graduellement des niveaux de plus en plus élevés de développement matériel pendant leurs vies sur terre; et comme la vie dans le ciel, entre les incarnations sur terre, est le produit de l'incarnation qui vient de s'achever, et la préparation de la suivante, préparation au cours de laquelle nous construisons nos futurs corps et notre futur pays sous la direction de grandes Hiérarchies Créatrices (voir sixième Conférence), c'est évidemment de cette façon que nous avons graduellement construit nos corps actuels si hautement organisés, et notre pays si riche et si beau avec ses ressources naturelles magnifiques et son climat si propice. Nous jouissons là des fruits de notre travail dans nos existences antérieures au ciel et sur terre.
La race Hindoue fut la première race de l'Epoque Aryenne. Depuis que les Occidentaux actuels ont quitté cette race, elle a toujours dégénéré; elle est maintenant habitée par les Esprits les plus arriérés qui soient nés dans des corps aryens. Comme nous avions implanté dans ces corps de fortes tendances spirituelles, l'hérédité a maintenu cette caractéristique dans les corps des Hindous; ils sont donc plus sensibles aux impulsions spirituelles que les corps plus denses des races récentes.
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Mais ce n'est pas une spiritualité aussi élevée qu'au temps où les Occidentaux actuels habitaient les corps hindous; les corps ont dégénéré et les esprits sont moins évolués qu'autrefois, et la race hindoue actuelle se caractérise plus par un intellect hautement analytique que par une vraie spiritualité.
Les Hindous ont conservé une conception exacte de la doctrine de la renaissance, perdue temporairement par les Occidentaux; leur foi en elle est absolue et, étant arriérés, ils sont naturellement indolents et ne cherchent pas à améliorer leur condition matérielle ni pendant la vie sur terre, ni entre les incarnations. En conséquence, le pays a dégénéré comme les corps; les souffrances qui en résultent ont pour but de les éveiller à la nécessité de se concentrer sur les choses matérielles, pour qu'ils apprennent à conquérir la Terre comme nous le faisons: ils doivent suivre nos traces et oublier pour un temps leur être spirituel, de manière à apprendre les importantes leçons de ce monde matériel. Le manque de biens matériels les conduira à abandonner le côté spirituel de leur développement et à en réaliser la phase matérielle indispensable. Notre abondance et notre prospérité matérielles ont un but opposé; elles doivent nous en donner le dégoût par satiété, nous conduire à saisir le manque de valeur des biens matériels, nous faire nous tourner à nouveau vers la spiritualité. Dans la mesure même où les inventions nouvelles et les moyens supérieurs de distribution rendront la vie plus facile, le désir de la vie supérieure finira par surpasser celui du succès matériel.
Pour le moment, notre concentration sur les choses matérielles et le progrès qui en résulte ici-bas nous ont donné graduellement un tel élan vers le matérialisme que nous en oublions notre nature spirituelle comme étant une superstition condamnée par les faits scientifiques.
Notre attitude "scientifique" et ultra-matérialiste est exactement l'opposé de l'attitude des Hindous.
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Comme les extrêmes se touchent, l'ultra-matérialisme de la pensée occidentale détruit les pays occidentaux, de même que l'indolence orientale a dévasté les Indes Orientales. Il y a en effet un rapport entre le matérialisme, les séismes et autres perturbations.
Dans la "Cosmogonies Rosicrucienne" un chapitre est consacré à la description des différentes couches de la Terre, dans la mesure où il est possible de dévoiler cette connaissance sans initiation; il suffit ici de dire qu'il existe neuf couches de différentes épaisseurs, et que le centre forme la dixième partie, qui est le siège de la conscience de l'Esprit de la Terre.
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DIAGRAMME "CONSTITUTION DE LA TERRE" - CLIQUER ICI
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C'est un fait évident pour l'investigateur en science occulte que l'Esprit de la Terre ressent tout ce que nous faisons. Lorsqu'à l'automne le moissonneur fauche le blé mûr, Il éprouve une sensation de plaisir et de joie d'avoir produit; une sensation pareille à celle qu'éprouve la vache lorsque le jeune veau tète son pis gonflé. Il en est de même lorsque des fleurs sont cueillies, mais lorsque des arbres ou des plantes sont arrachés par les racines, l'Esprit de la Terre en éprouve de la douleur, parce que le règne végétal est pour lui comme les cheveux pour notre corps.
L'Esprit de la Terre n'est pas seulement affecté par nos actes: il ressent aussi notre attitude mentale. Il y a dans la Terre une couche particulière qui reflète nos passions, nos sensations et nos émotions avec une extrême sensibilité, et qui les fait réagir sur nous sous forme d'orages, d'inondations et de tremblements de terre. Le matérialisme est la cause des éruptions volcaniques; plus la vie spirituelle prendra de l'importance, plus ces évènements disparaîtront de la surface de la Terre.
C'est là une affirmation difficile à vérifier pour l'homme ordinaire, aussi n'aurait-elle pas été faite s'il n'était pas possible de donner au moins une certaine preuve indirecte de son exactitude. Cette évidence est tirée de l'étude des tendances générales de la pensée aux époques où eurent lieu les éruptions du Vésuve. La liste des cataclysmes de notre ère commence avec l'éruption qui détruisit Herculanum et Pompéi, où périt Pline l'Ancien, en 79 avant J.-C.; puis viennent les éruptions de 203, 472, 512, 652, 982, 1036, 1158, 1500, 1631, 1737, 1794, 1822, 1855, 1872, 1885, 1891 et 1906.
Il y a eu 18 éruptions en 1900 ans. La première moitié s'est produite en 1600 ans, pendant la période dite de "l'âge de l'obscurantisme" où l'homme était assez ignorant et superstitieux pour croire en Dieu, en les elfes, les fées, et autres "sottises".
Depuis que l'avènement de la science moderne a apporté ses éclaircissements au monde occidental, a démontré la superfluité de Dieu et nous a appris que nous sommes la plus haute intelligence dans le cosmos,
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que "le cerveau est une glande qui secrète la pensée comme le foie secrète la bile", que "nous marchons avec la même force que celle qui nous sert à penser", etc., les réactions cataclysmiques ont été beaucoup plus nombreuses. Il y a eu neuf éruptions depuis 300 ans que la science moderne travaille à nous éclairer, contre neuf autres catastrophes en 1600 ans pendant les "âges des ténèbres"; les six premières se sont produites pendant les mille premières années de notre ère, les cinq dernières en une période de 51 ans. Si nous tenons compte des progrès de la science dans le dernier siècle et particulièrement depuis soixante ans, il devient évident qu'avec l'extension du matérialisme, les éruptions volcaniques deviennent plus nombreuses; plus il s'étendra, plus il y aura de points touchés sur la Terre par ces éruptions.
Il ne faut pas déduire de ces explications que la science soit préjudiciable aux yeux de l'occultiste: elle a sa place légitime dans l'éducation de la race humaine; mais lorsqu'elle divorce d'avec la religion et devient matérialiste, comme ce fut le cas dans les temps modernes, elle devient une menace pour l'humanité. Il fut un temps où religion, art et science étaient unis et enseignés ensemble dans les temples des mystères, ceci même jusqu'au temps de la Grèce; mais comme nous en sommes au stade de la séparativité et de la spécialisation, ils ont été séparés pour un certain temps, afin de leur permettre d'atteindre une perfection plus grande qu'il n'eût été possible s'ils étaient restés unis. En temps voulu, ils seront à nouveau réunis tous les trois; c'est alors, et alors seulement, que nous trouverons la satisfaction complète du coeur, de l'intelligence et des sens. Le coeur goûtera l'aspect religieux cérémonial, l'intellect sera satisfait par le côté scientifique, et le sens esthétique de la nature humaine appréciera les différents arts tels qu'ils seront employés dans le service du temple de l'avenir.
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Quand l'homme aura spiritualisé son être sous l'influence de la religion artistique et scientifique de l'avenir, il aura appris la maîtrise de soi et sera devenu secourable pour ses semblables; il sera alors un gardien sûr du Pouvoir de la Pensée, grâce auquel il sera capable de former des idées justes qui seront immédiatement concrétisées en choses utiles. Cela s'accomplira au moyen du larynx qui prononcera le Verbe créateur.
Toutes choses dans la Nature ont été appelées à l'existence par le Verbe qui s'est fait chair (Jean 1). Le Son (Verbe) ou Pensée parlée sera la prochaine force de l'homme en manifestation, une force qui fera de nous des hommes-dieux créateurs, lorsque par notre actuel apprentissage, nous nous serons rendus aptes à utiliser un pouvoir si énorme, pour le bien de tous, sans égard à notre intérêt personnel.
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Issus du noir chaos, de ses petits atomes, Nous sommes devenus enfin ce que nous sommes; Nulle force cachée ne peut nous arrêter, Et nous saurons toujours d'astre en astre monter. Nous briserons les fers, jetterons les entraves. Qui nous ont jusqu'ici toujours tenus en esclaves; Car le monde aujourd'hui est plus rempli d'amour Qu'il ne l'avait jamais été jusqu'à ce jour!
En avant, plus haut, à jamais! tel est le cri de la lutte que mène l'Esprit conquérant. Depuis que "leurs yeux se sont ouverts", les hommes ont pris conscience de cette divine insatisfaction qui nous force à avancer sur le sentier de l'évolution. Ceci est vrai pour la majorité d'entre eux, au moins; quelques-uns sont restés en arrière et ont regimbé contre l'aiguillon, mais cette continuelle poussée doit les mener et les mènera au but final de perfection et de réunion avec Dieu. Une "âme perdue" est impossible à concevoir, car nous sommes tous partie intégrante de Dieu, en qui réellement "nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:28). Nous ne pourrions pas exister en dehors de Dieu, dans un enfer quelconque, et si une seule âme devait être perdue, cela signifierait qu'une partie de Dieu même serait perdue.
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Mais, demanderez-vous, quelle est alors la signification des nombreux passages du Nouveau Testament où il est parlé du salut ou de la damnation "éternels"? Ces passages sont faciles à comprendre lorsqu'ils sont correctement expliqués par un dictionnaire et la connaissance de l'enseignement occulte.
En premier lieu, en effet, tout dépend de la définition du mot "éternel". Comme tous les autres mots des versions du Nouveau Testament, celui-ci est traduit du Grec. Le mot original est l'adjectif "aïônios". En nous reportant à un bon dictionnaire de la langue grecque, nous verrons que ce mot a plusieurs significations: "période de temps non définie", ou "âge", ou même "durée d'une vie" comme lorsque Paul l'employait dans son Epître à Philémon, à qui il renvoyait l'esclave converti Onésime avec ces mots: "Car peut-être a-t-il été séparé de toi le temps d'une saison pour que tu le reçoives pour toujours" (verset 15). Le mot "pour toujours" est une traduction du même mot "aïônios", que l'on traduit par "éternel" lorsqu'il qualifie la condamnation ou le salut; or, comme Onésime et Philémon étaient tous deux des mortels, le mot "aïônios" doit nécessairement signifier autre chose que ce que nous désignons par le mot "éternel"; dans le cas que nous citons, il ne peut se rapporter à une période plus longue que la durée d'une vie humaine.
Dès que nous comprenons que ce mot ne signifie pas l'éternité, mais seulement un temps de durée non définie, une période qui a un commencement et une fin, ces passages du Nouveau Testament nous apparaissent dans une lumière totalement différente: au lieu du salut ou de la condamnation éternels, il ne s'agit que de salut ou de condamnation de longue durée.
Dans les conférences précédentes, nous avons vu comment l'homme a commencé son évolution actuelle dans le monde physique à l'Epoque Polaire, où il fit le premier essai de construction d'un corps avec de la matière chimique.
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Ce corps est caractérisé par son inertie, et la Bible l'appelle Adm. Le mot hébreu Admah signifie "terre ferme", et la traduction de Flavius Josèphe "terre rouge" nous éclaire également. Ce qui était alors le corps humain fut formé de la même matière chimique qui constitue la terre ferme d'aujourd'hui, bien qu'à cette époque elle ne fût ni si solidifiée ni si refroidie que la croûte terrestre actuelle. La Terre sortait à peine du Chaos et rougeoyait alors, pour devenir plus tard un brillant et lumineux brouillard de feu: c'est à l'Epoque Hyperboréenne que cette luminosité fut atteinte, et l'homme en formation commença la construction de son corps vital, capable d'animer le corps physique. A l'Epoque Lémurienne, il développa un corps du désir, et le désir lui-même pour donner un motif à l'action. A l'Epoque Atlantéenne fut ajouté l'intellect, destiné à agir comme un frein sur les impulsions; la ruse est la qualité développée à cette Epoque. A notre Epoque Aryenne actuelle enfin, l'Ego se manifeste à travers l'intellect, développant la faculté de raison pour remplacer la ruse.
C'est ainsi que dans chacune des Epoques antérieures, nous avons développé un véhicule muni d'une certaine faculté ou qualité, exactement comme à l'école, les enfants passent chaque année d'une classe à la suivante, développant leur faculté de lire, d'écrire, de compter, etc. Mais il en est chaque année qui, dans leur classe, ne réussissent pas, qui n'atteignent pas le niveau de connaissance nécessaire pour passer dans la classe supérieure: aussi sont-ils condamnés à rester un an de plus dans la même classe, pour y cultiver les talents nécessaires à l'entrée dans la classe suivante où leur sera donné une instruction plus avancée. Ceux au contraire qui se sont diligemment efforcés d'assimiler leurs leçons sont sauvés de cette obligation et sont invités à "entrer" dans une classe nouvelle. Mais ils n'obtiennent pas cela une fois pour toutes: dans la nouvelle classe, il y a des leçons nouvelles à apprendre, et ceux qui ne persisteront pas dans un effort patient et continu seront certainement "condamnés" lorsque viendra l'examen suivant.
De même qu'à l'école des enfants, dans l'école de la vie, un constant effort est le prix de la promotion; et à chaque étape il est quelques êtres qui restent en arrière.
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D'une manière générale, les hommes du monde occidental sont les pionniers et les autres races, rouge, jaune et noire, comprennent les retardataires à divers degrés d'insuffisance; néanmoins ils avancent tous et atteindront un jour notre degré d'évolution, alors que nous-mêmes aurons progressé plus avant - si nous continuons à bien travailler
Pour bien comprendre ces notions, il est indispensable de faire clairement la différence entre les corps des races et les Esprits qui les habitent. Les pionniers reçoivent toujours des corps souples et adaptables, maniables et capables d'atteindre un certain degré dans l'évolution. Sous l'impulsion des Esprits-pionniers, la race ou la nation évolue aussi loin qu'elle le peut; lorsqu'elle a atteint son apogée au point de vue de la perfection, les pionniers la laissent à la classe suivante de retardataires; alors commence le déclin de la race, elle est occupée tour à tour par des classes d'Esprits aux capacités sans cesse inférieures. Enfin elle dégénère à tel point qu'il n'y a plus, dans notre vague de vie humaine, d'Esprits assez en arrière dans l'évolution pour progresser encore en s'incarnant dans de tels corps. Les femmes cessent alors d'être fécondes, aucun atome-germe n'étant plus déposés, et la race meurt.
Tel est le plan divin du progrès. Mais ici comme partout ailleurs, l'homme possède la prérogative également divine de créer du désordre dans la nature, au moins pour un temps, et se cramponner ainsi à une race au point de résister pendant des millénaires aux efforts des Grands Guides qui l'aident à progresser, comme ce fut le cas, nous le verrons, pour une certaine catégorie d'esprits.
Si nous tenons compte du fait que la tâche des races Aryennes est de développer la raison, et que les races du monde occidental sont les plus évoluées, il n'est pas surprenant que nous analysions toutes choses, religion comprise.
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Comme tout le reste, la religion est dans une phase de croissance et de devenir et, comme le travail actuel du monde occidental se développe surtout dans une direction matérielle, ses enseignements religieux ne sont pas encore aussi clairement énoncés que le sont certaines religions orientales. Il en résulte que certains investigateurs se moquent des enseignements Chrétiens, et que d'autres sont conduits à abandonner la religion Chrétienne pour adopter des systèmes orientaux.
Du point de vue occulte, c'est une régression. Les Grands Anges de Justice qui ont la charge de notre évolution actuelle donnent à chaque nation la religion appropriée à son degré de développement, et nous pouvons être sûrs que ces Grandes Intelligences ne commettent pas d'erreur. Elle nous ont donné la Bible qui contient à la fois les religions juive et chrétienne: une seule n'eût pas suffi, les deux sont absolument nécessaires à notre évolution, comme nous le verrons en étudiant de près la question. Nous verrons de même que, de tous les systèmes religieux du monde, c'est là le seul qui soit tout à fait adapté aux besoins du monde occidental, le seul qui puisse nous donner la "sagesse qui mène au salut", et nous rendre capable d'"entrer dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre" (Apocalypse 22:1, 5), qui sont le nouvel âge et la race future.
Comme nous l'avons dit antérieurement, nous avons développé un corps physique, un corps vital et un corps du désir pendant les Epoques Polaire, Hyperboréenne et Lémurienne. Mais l'Esprit n'avait pas encore pénétré dans ses véhicules, il planait à l'extérieur à peu près comme le font les Esprits-Groupes des animaux actuels, car il ne possédait pas le trait d'union de l'intellect qui lui permette se relier à ses véhicules.
Dans la dernière partie de l'Epoque Lémurienne, une petite fraction de l'humanité naissance était assez avancée pour recevoir le germe de l'intellect, et l'Esprit put commencer à pénétrer lentement dans ses corps.
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Ces hommes, différents par là même de tout le reste des êtres de l'époque, en voie de devenir humains, ont constitué la première race, peuple choisi, sélectionné parmi les autres en raison de ses aptitudes spéciales à recevoir le germe de l'intellect qui devait ensuite être développé par tous à l'Epoque Atlantéenne.
Il n'y a toutefois aucun développement soudain dans la Nature, aussi l'Esprit n'a-t-il pas pénétré dans ses véhicules en un jour. Cela demanda un temps considérable, et ne fut pas terminé avant la moitié de l'Epoque Atlantéenne. Pendant ce temps, l'intellect s'était aussi développé et, pour les raisons clairement énoncées dans les treizième et quatorzième conférences, il s'unit au corps du désir qu'il gouverna comme une sorte d'âme animale, par la ruse, en utilisant le cerveau plutôt que la force pour parvenir à ses fins.
A l'Epoque Polaire, la Terre était une masse sombre et brûlante, "informe et vide". A l'Epoque Hyperboréenne, "Dieu dit: Que la Lumière soit!", et la masse sombre devint un lumineux brouillard de feu. A l'Epoque Lémurienne, le contact du brûlant brouillard de feu avec l'espace extérieur glacé produisit l'humidité; l'eau dense chauffée par le noyau de feu s'échappait en vapeur au dehors, où elle se refroidissait et retombait liquide vers la source centrale de chaleur: c'est ainsi que "Dieu sépara les eaux d'avec les eaux", l'eau dense de la vapeur. Ainsi commença à se former la croûte terrestre pendant la fin de la Lémurie, et l'homme vécut sur ces îlots de croûte dans une atmosphère de brouillard de feu.
Au début de l'Epoque Atlantéenne, la Terre eut une croûte complète; de cette terre humide "s'éleva un brouillard qui inonda toute la face du monde". Ce brouillard diminua peu à peu en densité et en étendue à la surface du globe; il cessa enfin d'envelopper les êtres humains qui commencèrent alors à voir l'atmosphère claire autour d'eux, à peu près au moment où l'Esprit achevait de pénétrer entièrement dans ses corps.
De nouveau, certains hommes plus avancés que les autres constituèrent un "peuple élu" destiné à devenir les pionniers d'un peuple "nombreux comme les grains de sable du rivage" dans une "Terre Promise". Le brouillard alors se condensa en eau, qui submergea graduellement la vallée de l'Atlantide, située entre l'Europe et l'Amérique actuelles.
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Le "peuple de Dieu" fut donc forcé d'émigrer et fut conduit hors de l'Atlantide condamnée, comme l'ont diversement relaté les histoires de Noé qui, le premier, vit l'arc-en-ciel (phénomène jusqu'alors impossible dans l'atmosphère brumeuse de l'Atlantide) ou de Moïse qui conduisit le "peuple élu" à travers la mer Rouge où périt le Pharaon, symbolisant les mauvais rois atlantéens.
Le peuple élu était formé des Sémites primitifs, cinquième des Races Atlantéennes. Les races n'existaient pas avant celle dont il a été parlé dans la dernière partie de l'Epoque Lémurienne. Il y en a eu sept pendant l'Epoque Atlantéenne; il y en aura sept en tout pendant notre Epoque Aryenne, et une dernière enfin à la Sixième Epoque que les Rosicruciens appellent la "Nouvelle Galilée", au total seize races.
Les Périodes, les Révolutions et les autres Epoques sont tellement étendues dans le temps, que les Grands Guides parviennent à y faire avancer à peut près tous les Esprits dont ils ont la charge. Mais pendant les périodes où les seize races naissent et meurent, les conditions d'évolution sont accélérées, et le temps de la montée et de la chute d'une race est comparativement très bref; il y a dès lors pour les Esprits un grave danger d'être retenus par cristallisation dans les corps des races et de ne pouvoir progresser. Il nous faut donc travailler actuellement d'autant plus à notre salut, que la possibilité de condamnation est plus grande pendant le passage de l'Esprit à travers les seize races qu'à aucun autre moment. C'est pour cela que les Occultistes appelle ces races les seize chemins vers la destruction et qu'elles représentent une sérieuse préoccupation pour les Grands Guides de l'humanité.
La race ne dépend que du corps, et quand une nouvelle race doit être formée, un Grand Guide choisit les plus qualifiés parmi les individus de l'ancienne race, et règle leurs mariages de manière à produire un type de corps qui convienne à la race nouvelle.
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Lorsque ses "élus" se marient contrairement à ses directives, ils déjouent ses plans. Dans les premières époques, avant que l'homme fût doté d'un mental, il était facile à conduire; mais à l'époque où furent "élus" les Sémites primitifs, ils avaient suffisamment évolué pour s'irriter du frein imposé à leur liberté; par ailleurs ce frein ne devait pas être trop fort, car il était nécessaire de leur laisser un certain degré de libre arbitre plutôt que de les traiter en automates guidés par Dieu.
Il était donc difficile de guider un peuple aussi rétif; de nombreux "fils de Dieu épousèrent les filles des hommes" (Genèse 6:2) et déjouèrent les plans de leur guide. Il devint dès lors nécessaire de les séparer, eux et leur descendants, des fidèles qui furent conduits loin d'eux; les fidèles parurent ainsi "perdus" aux yeux des rebelles; il n'ont pas, encore aujourd'hui, pris conscience du fait qu'en réalité, ce sont eux, les rebelles, qui sont "perdus" et ont cessé d'être un peuple élu.
Les fidèles furent conduits en Asie Centrale, et devinrent là les précurseurs des races Aryennes; celles-ci ont émigré depuis lors pour venir habiter la "Terre Promise" qui n'est pas l'insignifiante Palestine, mais bien la Terre entière, telle qu'elle est actuellement constituée. Les rebelles sont les Juifs actuels.
Dans la prochaine Epoque, la sixième, il n'y aura pas de races, et la Fraternité Universelle sera atteinte; pour cela un nouveau "peuple élu" doit être choisi, qui ouvrira la voie à la nouvelle dispensation. Mais actuellement, l'homme a progressé si loin qu'aucune influence extérieure ne peut plus le contraindre, aussi chacun doit-il choisir lui-même comme cela lui est dicté de l'intérieur. Comme il est maintenant un être raisonnable et intelligent, est-il meilleure méthode que de lui montrer l'exemple terrible d'une ancienne race de pionniers, "peuple élu", qui ont contrecarré les dessins de leur guide pour leur avancement et sont devenus les "brebis perdues d'Israël"? L'exemple est certainement un meilleur maître que tout précepte. Ces rebelles ayant rédigé un écrit sur leur choix et leurs rapports avec leurs Guides, ces derniers pouvaient-ils mieux faire que de donner cet écrit à la race des pionniers qui doivent former le noyau de la race future?
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Peu importe que ces rebelles continuent à se considérer comme "peuple élu", ou que leur compte rendu ait été mutilé: la leçon reste valable, l'exemple est terrible et il nous est nécessaire. Comme le dit Paul, "si la parole annoncée par les anges a eu son effet, et si toute désobéissance a reçu son juste châtiment, comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut, premièrement annoncé par le Seigneur?" (Hébreux 2:2-3). La religion Chrétienne, telle qu'elle est publiquement exposée, suffit aux besoins spirituels de la grande majorité des peuples occidentaux qui travaillent actuellement à la phase matérielle de l'évolution. Quant à ceux qui désirent faire partie du noyau de pionniers de la race future, il leur suffit de chercher et ils trouveront le Christianisme ésotérique; celui-ci sera la religion universelle de la Sixième Epoque, il supplantera les religions de race, Brahmanisme, Bouddhisme, Judaïsme, comme la Fraternité Universelle prendra la place des races et des nations.
Pour bien comprendre l'exemple des Juifs, notons qu'ils ont été dès l'origine imbus de l'idée qu'ils étaient un "peuple élu", et qu'ils ont méprisé tous les autres peuples ou Gentils. En conséquence, au lieu de progresser à travers les races. ces esprits se sont réincarnés constamment dans des corps de race juive; ils s'y sont tellement cristallisés qu'ils ne pourront plus progresser avec le reste de l'humanité, s'ils continuent. Ils s'étaient autrefois "perdus" en se mariant en dehors de leur race; sans doute ont-ils eu alors vaguement le sentiment de leur faute, ce qui depuis lors les a poussés à se marier avec persistance dans leurs propres tribus. Les Grands Guides de l'évolution ont essayé de les aider en les exilant sans cesse parmi les autres nations, mais en vain: ils ont toujours refusé de s'amalgamer, et ils sont toujours retournés vers leur pays aride, heureux de se tenir à l'écart des autres peuples.
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En dernier recours, lorsque le Grand Guide Jésus-Christ vint nous enseigner que la Fraternité Universelle doit dominer les nations et les tribus, il vint chez ceux qui en avaient le plus besoin, les Juifs. D'autres peuples peuvent être plus bas dans l'échelle de l'évolution, mais aucun n'a été ou n'est "perdu" à un tel degré. Tous les autres Esprits progressent de race en race, eux seuls se réincarnent toujours comme Juifs, et un jour viendra où ils seront derrière tous les autres. Ils pourront même retourner au Chaos s'ils sont trop en arrière et reprendre leur progression lorsqu'une autre vague de vie aura suffisamment avancé pour leur en donner la possibilité, ce qui est probablement le cas des Esprits Lucifer.
C'est pour les sauver de ce destin que Jésus naquit parmi eux; un étranger n'aurait pas pu les aider, car ils l'auraient méprisé. Aussi Jésus est-il né parmi eux comme Booker T. Washington est né parmi les Noirs pour les aider, car étant un des leurs au point de vue couleur, il pouvait les aider comme nul Blanc n'aurait pu le faire.
Les Guides pensèrent que les Juifs pourraient accepter les enseignements de Jésus-Christ s'ils étaient amenés à considérer ces enseignements comme venant d'un Juif. Aussi est-il écrit: "Il vint chez les siens"; mais "ils choisirent Barabbas" et crucifièrent Jésus-Christ.
Ceci fut la goutte d'eau qui fit déborder la coupe; les Grands Guides virent qu'ils serait inutile de faire d'autres tentatives pour les sauver collectivement. En conséquence, les Juifs furent dispersés à la surface du globe, peuple apatride. Malgré tout, telle est la ténacité avec laquelle ces esprits tiennent à leur race, qu'en dépit des persécutions, ils sont plus Juifs que jamais, méprisent toujours leurs voisins les Gentils et sont en retour haïs et méprisés par eux. Par ailleurs ils sont fortement dotés de la faculté atlantéenne d'astuce, et c'est ce qui les retient en arrière plus que toute autre chose. Ils ne veulent pas plus s'amalgamer maintenant qu'ils ne l'ont jamais voulu, du moins en ce qui concerne les Juifs d'Europe et d'Asie. En Amérique existe un important affaiblissement de la tradition, facile à observer, surtout dans les jeunes générations de Juifs:
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de plus en plus ils se marient avec les autres nationalités rassemblées dans ce "creuset" où se fondent les nations pour former une race nouvelle, qui possédera les meilleures qualités de tous les différents corps raciaux. A la longue, venant en Amérique en grand nombre, ces Juifs apporteront leur contingent d'enfants mixtes dans le monde, fournissant ainsi aux esprits juifs des corps ayant de moins en moins de caractéristiques juives; et ces esprits seront un jour sauvés par leur mariage dans une race plus élevée, comme ils ont temporairement été "perdus" par leur mariage dans une nation inférieure.
Comme les Lémuriens ont développé le désir par le corps du désir, et les Atlantéens la ruse par l'intellect, nous développons actuellement la raison par l'activité de l'Ego qui est l'Esprit agissant seulement à travers son voile le plus extérieur, l'Esprit Humain, et à la Sixième Epoque, l'Esprit de Vie introduira et mûrira les facultés d'intuition et d'amour. Ceux qui aspirent à devenir les pionniers de la race future doivent donc s'efforcer de cultiver ces facultés en eux.
Comme antérieurement, la formation d'une race se réalise par la génération, et actuellement celle-ci s'accomplit plus par passion que par amour. Les mariages se font par convenance, pour fonder un foyer ou pour toute autre considération. C'est pour cette raison que tellement de ceux qui désirent vivre la vie supérieure cherchent à éviter le mariage et la paternité. C'est là une grave erreur, car ceux qui ont acquis une connaissance supérieure sont les plus aptes à remplir le devoir d'élever des enfants; mieux que les autres, ils peuvent dominer l'élément passionnel et accomplir l'acte générateur par pur amour, comme un sacrifice accompli pour l'humanité.
Dans la race future, l'amitié et l'amour s'étendront aussi à nos frères inférieurs, les animaux. Au lieu, comme aujourd' hui, de les chasser, de les tuer et parfois de les faire souffrir, nous prendrons soin d'eux et gagnerons leur confiance.
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Ainsi se réaliseront les prophéties glorieuses: les hommes changeront leurs glaives en socs de charrue et leurs épées en serpes, chacun d'eux assis sous son figuier en mangera les fruits, la paix régnera sur la terre et la bonne volonté parmi les hommes (voir Michée 4:3-4).
Nous avons le privilège de pouvoir aider à la réalisation de cet âge glorieux, qui sera prêt lorsque nous le serons. Aucune force extérieure ne l'amènera; aucun guide extérieur ne peut être espéré avant que des hommes en nombre suffisant aient commencé à vivre la Fraternité. Il est vain d'espérer une seconde venue du Christ autrement qu'en nous mettant en état de Le recevoir, car il a été dit en vérité de cette venue que "nul n'en connaît le jour ni l'heure". Les temps seront longs ou courts, il ne sont pas fixés. En vivant dans l'égoïsme, la passion ou le vice, nous retardons Sa venue; et inversement nous la hâtons en vivant des vies d'amour qui allègent le fardeau des autres et soulagent leurs chagrins. C'est seulement lorsque nous avons formé le Christ en nous que nous pouvons le percevoir extérieurement car
Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
S'il ne naît en toi, ton âme est solitaire,
En vain tu contemples la Croix du Golgotha,
Tant qu'en ton coeur tu ne l'élèves point.
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