MAX HEINDEL
CHAPITRE 8 - LE PEUPLE ÉLU DE DIEU - Janvier 1919
Lorsque nous lisons l'histoire des Hébreux, telle qu'elle est racontée dans la Bible et dans des textes moyenâgeux ou modernes, un fait saillant se présente clairement à l'es-prit, à savoir qu'ils ont été exilés et traités en esclaves, haïs dans chaque pays où ils ont été dispersés, et persécutés dans tous les pays où le caractère des habitants les incitait à recourir à de tels procédés. Selon la Bible, considérée comme la "Parole de Dieu" chez les nations occidentales, les Juifs sont tout spécialement le "peuple élu de Dieu", et pourtant, par ces mêmes nations, ils sont méprisés et déconsidérés. En essayant de trouver les raisons de cette tragique situation, deux faits saillants se présentent à l'esprit:
l - Partout, les Juifs se sont proclamés le peuple de Dieu, destinés à devenir un jour, par faveur divine, les maîtres du monde, à qui toutes les nations devront rendre hommage.
2 - Leurs relations avec les Gentils ont été trop souvent marquées par l'astuce de leurs procédés, à tel point que, dans l'opinion publique, le Shylock de Shakespeare exigeant sa "livre de chair" s'accorde avec la conception générale de leur nature.
Ainsi s'est développé inconsciemment dans l'esprit des nations occidentales un ressentiment concernant la prétention des Juifs d'être les enfants favoris de Dieu, tout en considérant les autres comme des enfants adoptifs, des païens ou des Gentils mis à part pour le jour du courroux, ce jour où Israël triomphera et régnera sur eux en les menant à la baguette.
Si les Juifs avaient appuyé leurs prétentions à la faveur divine par de nobles vies et une conduite exemplaire, ils auraient probablement suscité l'admiration de beaucoup de gens parmi les nations chez lesquelles ils vivaient, et même ceux qui auraient été envieux de leur avancement les au- raient probablement respectés. Mais comme leurs hautes prétentions et leurs pratiques divergeaient parfois considérablement, il est triste, mais non pas surprenant, qu'ils aient été haïs et persécutés.
Le lecteur est prié de ne pas considérer ce qui précède comme une critique du peuple juif, lequel a aussi produit des hommes éminents et des génies. Il est mal de mettre en lumière les fautes du prochain et de les critiquer, à moins d'avoir en vue une fin constructive. Il est toujours trop facile de voir la paille dans l'oeil de son prochain, mais bien plus difficile de voir la poutre dans le sien. Donc, la raison qui nous a fait parler du désaccord entre les prétentions du peuple juif et ses pratiques est de nous demander si, en cessant de tourner le projecteur vers la paille qui est dans leur oeil, nous ne trouverons pas une énorme poutre dans le nôtre. Dans ce cas, nous ferions un bon travail en essayant d'enlever la poutre.
Tant que nous vivons au même niveau que la majorité des gens, agissant comme les autres en bien, en mal, ou indifféremment, personne ne prête attention à nous, mais si, comme les Juifs, nous prétendons être différents, le regard observateur de la société se porte aussitôt sur nous pour voir quelle relation il y a entre nos prétentions et notre conduite. Où que nous allions, quoi que nous fassions, on nous observe, et c'est pourquoi nous encourons une grande responsabilité, laquelle nous oblige à bien agir et à faire honneur aux enseignements des Frères Aînés en toutes choses, afin de stimuler chez les autres le désir de suivre aussi ces enseignements.
Par conséquent, réfléchissons et faisons l'inventaire de nos actes et de nos réalisations de l'année qui se termine; ensuite prenons les résolutions qui, à notre avis, seront utiles à notre âme.
En premier lieu, nous devons reconnaître que nous avons été spécialement favorisés, bien au-delà de nos mérites, en recevant des Frères Aînés les enseignements Rosicruciens. Espérons que nous leur avons exprimé notre gratitude tout au long de cette année, et envoyons-leur maintenant des pensées spéciales d'amour et de reconnaissance. Bien en-tendu, ils ne sollicitent pas de remerciements, étant bien au-dessus de tels sentiments, mais cette gratitude embellira et fera croître notre âme.
Ensuite, voyons comment nous nous sommes servis de ces enseignements si précieux durant l'année écoulée: avons-nous été indulgents dans nos jugements et nos critiques envers les autres, nous sommes-nous efforcés de corriger nos tendances à l'irritation, de cultiver le calme et de triompher de notre "péché habituel"?
Avons-nous eu du succès? Espérons que nos réussites ont été au moins dans la moyenne, car tout comme la véracité des prétentions des Juifs était jugée d'après leurs réalisations, ainsi, à tort ou à raison, les enseignements des Frères Aînés seront jugés selon les actes de ceux qui se disent leurs partisans.
Mais il est évident qu'à la fin de cette rétrospection, nous devrons admettre que nous sommes bien éloignés des sublimes idéaux placés devant nous, et ceci est un écueil critique de notre carrière spirituelle, en danger de faire naufrage si nous sommes timorés au point de méditer sur nos faiblesses en exagérant leur importance. Une telle attitude précipite le désastre en nous privant de la volonté de vaincre; elle nous fait croire qu'il est inutile de lutter, les chances étant contre nous. Nous trouvons des excuses dans l'antagonisme des amis et de la famille à l'égard de nos croyances, dans les devoirs qui nous accaparent, etc., mais en réalité, l'obstacle est en nous, et si nous lâchons tout, nous verrons que nos amis nous méprisent en leur coeur, même s'ils ne le font pas ouvertement.
Toutefois, loin de nous faire abandonner le sentier du progrès, nos échecs doivent nous inciter à faire de plus grands efforts, et nous devons prendre nos résolutions avec une détermination plus grande, de sorte que, dans l'année suivante, nous devenions invincibles en ce qui concerne le défaut en question.
Nous connaissons tous nos propres faiblesses, notre "péché qui nous assiège si facilement" (Hébreux 12:1) et chacun devra formuler pour lui-même ses propres résolutions. Mais pendant que nous rendons ces résolutions effectives, afin de faire croître notre âme et de tisser la glorieuse "robe nuptiale d'or", nous serons certainement beaucoup aidés si nos regards et nos pensées se fixent sur un être possédant la vertu que nous cherchons à développer. Nous avons un grand exemple dans le Christ, "tenté comme nous en beaucoup de choses, sans commettre le péché" (Hébreux 4:15). Par conséquent, que son exemple soit toujours devant nous pendant l'année nouvelle, et nous pourrons certaine-ment faire de grands progrès spirituels. Et c'est aussi la meilleure propagande que nous puissions faire pour nos enseignements, car en les observant scrupuleusement, nous éveillerons sûrement chez les autres un désir de participer à leurs bienfaits.
CHAPITRE 9 - LUMIERE MYSTIQUE SUR LA GUERRE MONDIALE
Première partie : LES ORIGINES SECRETES - Septembre 1918
Tous ceux qui
ont étudié les enseignements rosicruciens savent que, comme
esprits, nous sommes immortels, sans commencement ni fin, que
nous avons fréquenté la grande école de l'expérience durant
de nombreuses journées de vie dans le passé, chaque fois
revêtus d'un nouveau corps d'enfant de plus en plus parfait,
dans lequel nous vivions pour un temps variant entre quelques
heures et toute une vie.
Durant chaque jour passé à cette école, nous avons rencontré d'autres esprits et formé des liens d'amitié et de haine. Dans les vies suivantes, nous nous sommes de nouveau rencontrés de manière à pouvoir liquider les dettes de destinée ainsi encourues. Ainsi, les amis d'aujourd'hui sont ceux dont nous avons fait la connaissance dans une vie précédente, et nos ennemis sont ceux avec qui nous n'étions pas d'accord dans un passé aujourd'hui oublié. Par conséquent, nous tissons continuellement la trame de la destinée sur le métier du temps, en créant pour nous un vêtement de gloire ou de chagrin, selon que nous avons bien ou mal travaillé.
Mais nous ne travaillons pas seulement à notre destinée individuelle, car, comme le dit le proverbe, "nul ne vit pour lui seul". Nous sommes groupés en familles, en tribus, en races et en nations, si bien qu'en plus de notre destinée individuelle, nous sommes liés aux destins de la famille et de la nation, car nous vivons sous la tutelle des anges et des archanges qui agissent respectivement comme esprits de fa-mille et de race. Ce sont ces esprits élevés qui gravent sur nos atomes-germes la forme raciale et les traits du corps physique. Ce sont aussi eux qui inculquent les amitiés et les haines nationales sur les atomes-germes de nos véhicules plus subtils; en effet, l'esprit de race enveloppe comme d'une nuée le pays habité par ses protégés, et ces derniers puisent dans cette atmosphère toute la substance nécessaire pour leurs véhicules plus subtils. Dans cet esprit de race, ils ont littéralement "la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:28). C'est de cet esprit de race que leurs véhicules sont formés, car ils inhalent cet esprit, dont on peut dire qu'il est plus proche d'eux que leurs mains et leurs pieds, chaque fois qu'ils respirent. C'est cet esprit de race qui leur inspire l'amour ou la haine pour d'autres nations, déterminant ainsi des relations hostiles et méfiantes entre certaines d'entre elles, ainsi que la confiance qui règne entre d'autres.
D'après les enseignements rosicruciens, chaque esprit se réincarne deux fois durant le temps que met le point vernal du Soleil à traverser un signe zodiacal, une fois comme homme et une fois comme femme, ceci afin qu'il passe par les expériences de chaque signe du point de vue de l'un et l'autre sexe. Il y a de nombreuses modifications à cette règle selon les besoins de chaque esprit, car loin d'être une règle aveugle, cette règle se trouve appliquée par des êtres exaltés connus sous le nom d'Anges de Justice dans la terminologie chrétienne. Leur tâche consiste à surveiller l'heure de la destinée et à voir si le temps est venu de récolter la moisson du passé, ceci s'appliquant aussi bien aux individus qu'aux nations. Par conséquent, si nous étudions les caractéristiques des nations engagées dans cette guerre gigantesque, en même temps que les objectifs pour lesquels elles luttent, et si nous remontons dans l'histoire, il ne sera même pas nécessaire d'être clairvoyant; seulement un peu d'intuition pour les situer et voir ainsi comment les germes de cette guerre ont été semés dans le passé.
Certains historiens ont en effet suggéré que les Anglais sont une réincarnation des anciens Romains. A la lumière des recherches occultes, ce n'est pas entièrement exact, car d'autres races s'y sont mêlées, mais elles se sont tellement confondues avec la race dominante que l'on peut dire que c'est pratiquement vrai.
Revoyons l'histoire de Rome et rappelons-nous qu'après le règne des premiers rois, l'esprit démocratique s'était manifesté sous forme de république, laquelle a entrepris une guerre d'agression pour obtenir la maîtrise du monde. Au cours de cette campagne, elle avait engagé une formidable lutte contre Carthage pour la maîtrise de la Méditerranée. Pour leur expansion vers l'ouest, les Romains se sont efforcés de chasser les Carthaginois de la Sicile. En ce temps-là, Carthage était une grande puissance maritime, mais elle a été vaincue sur son propre élément en l'an 260 avant J.-C. Par suite de cet avantage, Rome a transféré la guerre en Afrique, ce qui lui a réussi au début, mais le consul Régulus qu'elle avait laissé là-bas a finalement eu le dessous et a été fait prisonnier. Il s'en était suivi une série de désastres navals pour Rome, et Carthage était en train de regagner plus qu'elle n'avait perdu en Sicile, lorsque Tetulus, consul romain, gagna une autre victoire sur les Carthaginois en l'an 244 avant J.-C., qui ont alors dû évacuer la Sicile et les îles avoisinantes. Ainsi s'est terminée la première guerre punique, qui avait duré vingt-deux ans.
Mais Carthage n'allait pas en rester à cette défaite. Trouvant en Rome son égale sur mer, elle reprit les hostilités en débarquant en Espagne, et Hannibal, le grand général carthaginois qui, de tout son coeur, détestait Rome, essaya de conquérir cette ville durant la seconde guerre punique, déclarée en 218 avant J.-C. Ses plans conçus en secret ont été exécutés avec une célérité exemplaire. Il passa les Pyrénées d'Espagne en France, poursuivit son chemin en traversant les Alpes malgré tous les obstacles et descendit en Gaule cisalpine (aujourd'hui Italie du Nord) avec seulement vingt-six mille survivants de son armée de cinquante-neuf mille hommes. Après plusieurs défaites romaines eut lieu la grande bataille de Cannes en 216 avant J.- C. puis Hannibal arriva même aux portes de Rome. Mais trouvant cette ville trop forte pour lui, il se retira dans l'Italie du Sud, où il fut finalement battu, et Carthage forcée de demander la paix. C'est ainsi que Rome est devenue maîtresse de la Méditerranée.
Cependant, la haine d'Hannibal n'avait nullement diminué, et lorsque ses compatriotes carthaginois et lui-même sont revenus naître dans une Prusse donnant sur la mer Baltique, alors que les Romains occupaient la Grande- Bretagne déjà maîtresse des mers, il était inévitable qu'avec le temps un grave conflit se déclare. De même que les anciennes guerres puniques ont produit le présent conflit (1914-1918) ainsi cette guerre en amènera une autre à moins que nous ne montrions un esprit de bienveillance envers l'ennemi du vainqueur, au lieu d'agir avec lui comme l'a fait Rome dans ces temps reculés en ne montrant ni pitié, ni considération. Le pouvoir de nuire aux autres pays doit être enlevé aux militaristes des empires centraux. Il est absolument impérieux de protéger le monde contre le renouvellement de cette catastrophe, mais les mesures prises pour assurer cette fin désirable devront être telles, que non seulement elles nous amènent la paix dans cette vie, mais aussi pour les vies futures où nous reverrons sous une autre forme ceux avec qui nous étions en guerre.
La justice doit se faire, mais elle devrait être adoucie par la compassion, de manière à éviter que les haines se perpétuent. Les mesures sévères, telles que le boycottage industriel, devraient être évitées. Il suffirait de veiller à ce que les empires centraux n'obtiennent pas davantage qu'une part équitable dans le commerce mondial. La nouvelle nation américaine, qui n'est pas encore sous la domination d'un esprit de race, voit parfois plus impartialement, et donc plus clairement qu'une autre, ce qui est juste. Rappelons-nous qu'un mal ne doit jamais en compenser un autre et que nous devons vivre et laisser vivre.
CHAPITRE 10 - LUMIERE MYSTIQUE SUR LA GUERRE MONDIALE
Deuxième partie: DÉVELOPPEMENT DE LA VUE SPIRITUELLE - Janvier 1917
Si étrange que puisse paraître cette affirmation, il est néanmoins vrai que la grande majorité des êtres humains sont partiellement endormis la plupart du temps, même si les corps physiques semblent être intensément occupés à un travail actif. En temps ordinaire, le corps du désir, chez la plupart des gens, est le plus éveillé de l'homme composite, lequel vit presque entièrement dans ses émotions et sentiments, mais songe rarement aux problèmes de l'existence au-delà de ce qui est nécessaire pour tenir ensemble le corps et l'âme. La majorité des gens n'ont probablement jamais porté leur attention sur les grandes questions de la vie: D'où venons-nous? pourquoi sommes-nous ici? et où allons-nous? et ne les ont jamais examinées de près. Leur corps vital est constamment occupé à réparer les ravages du corps du désir sur leur corps physique et à fournir la vitalité que ce dernier va dissiper en se laissant aller à ses désirs et à ses émotions.
C'est cette grande lutte entre le corps du désir et le corps vital qui produit la conscience dans le monde physique et rend les gens si intensément actifs que, du point de vue du monde physique, cela semble contredire notre assertion qu'ils sont partiellement endormis. Cependant, après examen de tous les faits, nous trouverons que tel est bien le cas, et nous pouvons aussi ajouter que cet état de choses s'est réalisé selon le dessein des grandes Hiérarchies chargées de notre évolution.
Nous savons qu'il fut un temps où l'homme était beaucoup plus éveillé dans les mondes spirituels que dans le monde physique. Il y a même eu une époque où l'homme, bien que possédant un corps physique, était incapable d'en avoir la sensation. Pour qu'il puisse apprendre à utiliser convenablement cet instrument physique, partir à la conquête du monde et apprendre à penser correctement, il était nécessaire qu'il oublie temporairement tout ce qui concerne les mondes spirituels et qu'il consacre toute son énergie aux choses physiques. Nous avons expliqué dans la "Cosmogonie des Rose-Croix" comment ceci s'est réalisé par l'introduction de l'alcool dans son alimentation et par d'autres mesures, et il n'est pas nécessaire de le rappeler ici. Toutefois, nous sommes devant le fait que l'humanité a si profondément sombré dans la matérialité que, chez la grande majorité, les véhicules invisibles sont entièrement concentrés sur les activités physiques et endormis aux vérités spirituelles, ces dernières étant même tournées en dérision comme le fruit de l'imagination d'un cerveau malade. De ce fait, ceux qui commencent à s'éveiller de ce sommeil matérialiste sont montrés du doigt comme des fanatiques, tout juste bons pour l'asile d'aliénés.
Si cette attitude devait se prolonger, l'esprit finirait par se cristalliser dans le corps. La vie dans le ciel, au cours de laquelle nous construisons nos véhicules futurs, deviendrait de plus en plus improductive, car lorsque nous persistons à penser qu'il n'existe rien d'autre que ce que nous pouvons connaître par nos sens (voir, entendre, toucher, sentir, goûter, puis analyser) cette habitude mentale cultivée pendant la vie terrestre se perpétue au deuxième ciel, et il en résulte que nous pouvons négliger les préparatifs qui donneraient un champ d'action et les instruments pour y travailler, et ainsi notre évolution cesserait bientôt.
Selon les enseignements rosicruciens, l'âme est un ex-trait de nos différents corps; elle s'accroît par l'expérience, et ce processus implique la destruction des différents corps après l'extraction de ce "pain de vie" qui doit servir d'aliment à notre esprit. Au cours ordinaire de l'évolution, le perfectionnement de nos divers véhicules s'accomplit graduellement, et la substance de l'âme est alors recueillie et assimilée par l'esprit entre ses vies terrestres. Mais lors de certaines périodes d'activation où nous entrons dans une nouvelle spirale, une autre phase d'évolution, il est généralement nécessaire de recourir à des moyens plus énergiques pour arracher l'Ego à la routine des chemins battus et l'orienter vers une nouvelle direction encore inconnue. Autrefois, lorsque l'homme était moins individualisé et incapable de prendre lui-même l'initiative, ces changements se faisaient par ce que nous pourrions appeler les grands cataclysmes naturels, mais qui faisaient en réalité partie du plan des Hiérarchies divines pour détruire les multitudes de corps qui avaient servi au développement de l'humanité dans une certaine direction. Ils changeaient donc le milieu de ceux qui avaient appris les possibilités d'une nouvelle route et aidaient ces pionniers à s'adapter à ces conditions inhabituelles. Il va sans dire que dans les époques primitives, ces destructions massives étaient beau-coup plus fréquentes que dans les derniers temps. La Lémurie avait toutes les conditions requises pour de nombreux essais de ce genre, en prenant un nouveau départ avec un groupe lorsqu'un autre avait échoué et avait été détruit. En réalité, il n'y a pas eu qu'un seul déluge dans l'Atlantide, mais trois, et il s'est écoulé environ les trois quart d'un million d'années entre le premier et le dernier.
Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la méthode de destruction générale, suivie d'un nouveau départ, soit abolie avant que nous comprenions tous la nécessité de prendre une nouvelle voie lorsque nous arrivons à la fin de l'ancien-ne. Cependant, les dirigeants invisibles de l'évolution recourent maintenant à un nouveau procédé, en cessant d'utiliser les cataclysmes naturels pour changer l'ancien ordre des choses en un monde nouveau et meilleur. Ils se servent aujourd'hui des énergies mal dirigées de l'humanité elle-même pour obtenir les résultats qu'ils ont en vue. Telle est l'origine de la grande guerre qui a éclaté parmi nous. Son but est de nous faire changer de direction, de créer en nous la faim de l'âme par laquelle nos énergies, au lieu de se consacrer à la recherche du pain par lequel on meurt, se concentrent sur les choses spirituelles. En fait, nous commençons à travailler à notre propre salut, à agir nous-mêmes au lieu qu'on agisse pour nous et, sans nous en rendre compte, nous apprenons à tourner le mal en bien.
Certaines personnes pourraient penser que cette guerre affecte seulement les quelques millions d'hommes qui s'y trouvent engagés, mais un peu de réflexion nous montrera que le sort du monde entier s'y trouve impliqué dans la me-sure où il est touché par les conditions économiques. Nulle race, nul pays n'y échappe complètement, car la tranquille vie d'avant-guerre est une chose du passé. Les relations de famille ou d'amitié étaient des liens qui s'étendaient de-puis les tranchées d'Europe jusqu'à toutes les parties du globe. Beaucoup d'entre nous ont des relations avec des gens vivant dans l'un des groupes de belligérants, ou peut-être dans tous les deux, et nous nous intéressons à leur sort avec une sollicitude correspondant à la force des sentiments que nous avons pour eux. Mais la nuit, alors que nos corps physiques sont endormis et que nous entrons dans le monde du désir, nous ne pouvons nous empêcher de vivre l'immense tragédie avec toute l'intensité dont nous sommes capables, car les courants du monde du désir recouvrent le monde entier. Dans ce monde-là, il n'y a ni temps, ni dis-tance. Les tranchées d'Europe sont à notre porte, quel que soit le lieu où nous vivons, et nous ne pouvons échapper à l'effet subconscient du spectacle que nous y voyons. Et de plus, cette lutte gigantesque produit des effets qui ne peu-vent être égalés par un cataclysme naturel, beaucoup plus rapide dans son action et plus court dans sa durée; d'autre part, il est localisé et ne peut faire naître les mêmes sentiments d'amour et de haine qui sont des facteurs si importants de cette guerre mondiale.
Durant les précédentes étapes de l'évolution de l'homme, le dessein des Hiérarchies divines était de lui enseigner comment on pouvait obtenir des résultats physiques par des moyens physiques. Il a oublié le moyen d'utiliser les forces subtiles de la nature, telles que par exemple l'énergie libérée par le grain en train de germer, qui servait de moyen de propulsion et de lévitation dans les avions atlantéens. Il est ignorant de la sainteté du feu et de la manière de l'utiliser spirituellement, et c'est pourquoi les machines à vapeur les plus perfectionnées n'utilisent que quinze pour cent de son pouvoir. Il est évidemment bon que l'homme soit ainsi limité, car s'il était capable d'utiliser le pouvoir dont dispose celui dont les facultés spirituelles sont éveillées, il pourrait anéantir notre monde et ses habitants. Mais tout en agissant pour le mieux ou le pire avec les facultés dont il dispose actuellement, il apprend à gouverner ses sentiments en vue de se préparer à l'emploi des forces plus subtiles nécessaires à son développement dans l'ère du Verseau. Il apprend aussi à enlever les écailles de ses yeux pour commencer à voir le nouveau monde qu'il est destiné à dominer.
Deux procédés distincts sont utilisés pour parvenir à ce résultat. L'un d'eux est la mort qui affecte des millions de foyers en arrachant le mari, le père ou le frère, en laissant les survivants en face d'une existence terne et pleine de privations. Le soleil a existé avant l'oeil, et il a construit cet organe pour être perçu. Le désir de voir était naturelle-ment inconscient de la part de l'individu qui n'avait aucune idée du sens de la vue et de son usage, mais dans l'âme du monde qui avait créé le soleil se trouvait la connaissance et le désir nécessaires pour réaliser ce miracle. Il en est de même pour la mort; lorsqu'au commencement notre conscience s'est trouvée à l'intérieur des corps physiques et que la réalité de la mort s'est imposée à nous, il n'y avait aucun espoir, mais avec le temps les religions nous ont procuré la connaissance d'un monde invisible d'où l'esprit était sorti pour naître ici-bas et où il retourne après la mort. L'espoir de l'immortalité a graduellement développé dans l'humanité le sentiment que la mort n'est qu'une transition, mais la science moderne a fait de son mieux pour nous enlever cette consolation.
Néanmoins, à chaque décès, les larmes versées tendront à dissoudre le voile qui cache le monde invisible à nos regards suppliants. Le regret intense et le chagrin qu'amène le départ de ceux qu'on aime, de part et d'autre du voile, le rendant plus ténu, et à une époque pas très éloignée, l'effet cumulatif de ces sentiments révélera le fait qu'il n'y a pas de mort et que ceux qui sont dans l'au-delà sont aussi vivants que nous. La puissance des larmes, du chagrin, des regrets, n'est cependant pas uniforme, et les effets diffèrent grandement selon que le corps vital a été éveillé chez telle ou telle personne par des actes altruistes et par le service, car, selon la maxime occulte, "tout développement spirituel commence par le corps vital". Ceci représente les fondations, et rien ne peut être construit si elles n'ont pas été établies.
Quant au deuxième procédé de développement de l'âme, qui se poursuit chez les combattants, il est probable que peu de personnes ont eu, comme l'auteur, l'occasion d'étudier les conditions qui prévalent sur toute l'étendue du front. En dépit de la brutalité et des scènes d'horreur, il a la conviction que cet état de choses est la plus grand école de développement de l'âme qui ait jamais existé, car nulle part ne se présente autan d'occasions de rendre un service désintéressé que sur les champs de bataille, et nulle part on ne trouve des hommes si prompts à saisir l'occasion d'agir pour quelqu'un d'autre. De ce fait, les corps vitaux d'une multitude de combattants ont reçu une stimulation telle, qu'elle n'aurait peut-être pas été obtenue en plu- sieurs vies, et ces gens sont par conséquent devenus plus sensibles aux vibrations spirituelles et capables de mieux apprécier l'avantage résultant du premier procédé. Il en résultera qu'avec le temps nous verrons parmi nous un plus grand nombre de personnes sensibles qui seront en contact plus étroit avec le monde invisible, diminuant d'autant l'emprise de l'école matérialiste. Ils représenteront un facteur important de notre préparation aux conditions plus élevées de l'ère du Verseau.
Mais certains pourront se demander si ces gens n'oublieront pas lorsque les efforts et l'intensité de la guerre auront disparu. Une grande partie d'entre eux ne vont-ils pas retomber dans les mêmes ornières qu'auparavant? A cela, nous pouvons répondre que nous sommes certains que cela n'arrivera pas, car lorsque les véhicules invisibles, et surtout le corps vital, sont endormis, l'homme peut pour-suivre ses tendances matérialistes, mais aussitôt que ce véhicule a été éveillé et à goûté au pain de vie, il devient, tout comme le corps physique, sujet à la faim, la faim de l'âme, et il ne renoncera à ce désir ardent qu'après une lutte excessivement dure. Dans ce cas-là, "sa dernière condition est pire que la première" (II Pierre 2:20). En tout cas, il est bon de sentir que, de ces chagrins et souffrances dus à la guerre, le bien est élaboré dans le creuset des dieux et sera durable. Puissions-nous réunir toutes nos forces et aider à extraire le bien, afin de montrer l'exemple pour aider l'humanité et la guider vers l'ère nouvelle!
CHAPITRE 11 - LUMIERE MYSTIQUE SUR LA GUERRE MONDIALE
Troisième partie: PAIX SUR LA TERRE - Novembre 1917
Un monde lassé de la guerre, un monde rougi par le sang de millions de victimes, l'espoir de l'avenir, la fleur de la jeunesse, gémit dans l'agonie en priant pour la paix, non pas un armistice, une cessation temporaire des hostilités, mais une paix à perpétuité; comment arriver à ce but ardemment désiré? C'est le problème qu'il s'efforce de résoudre. Mais il s'attaque à des effets à cause de son aveugle-ment ou de son ignorance de cette grande cause fondamentale qui est la férocité des gens, laquelle était à peine cachée sous un léger vernis de civilisation avant de déborder comme le volcan destructeur auquel nous venons d'assister et que nous commençons à déplorer.
Avant le jour où le rapport entre la nourriture des gens et leur nature sera compris et où cette connaissance sera appliquée à dompter leurs passions et à extirper la férocité, il ne saurait y avoir de paix durable. Dans le lointain passé, lorsque l'homme en devenir oeuvrait sous la tutelle directe des Hiérarchies divines qui le guidaient sur le sentier de l'évolution, la nourriture qui lui était donnée était de nature à développer ses différents véhicules d'une manière systématique et ordonnée. Avec le temps, ces véhicules devaient se développer pour devenir un instrument composite, utilisable comme le temple d'un esprit intérieur, qui dès lors pourrait y entrer et y apprendre les leçons de la vie par une série de renaissances dans des corps terrestres d'une nature de plus en plus délicate et pure (I et II Corinthiens 3:16 et 6:16). Dans ce voyage évolutionnaire de l'homme sur la Terre, on peut distinguer cinq grandes phases, ou époques.
Dans l'époque Polaire, la première, ce qui est devenu l'homme d'aujourd'hui n'était qu'un corps dense analogue à celui des minéraux actuels, donc formé de substance minérale, et dans la Bible il est dit qu'Adam était formé du limon de la terre.
Pendant l'époque Hyperboréenne, la deuxième, un corps vital s'est ajouté au premier; ainsi l'homme en formation possédait un corps analogue à celui des plantes actuelles; il n'était pas une plante, mais ressemblait à une plante. Caïn, l'homme de ce temps, est décrit comme agriculteur, sa nourriture provenant exclusivement de végétaux, car les plantes contiennent beaucoup plus d'éther que n'importe quel autre organisme.
Dans l'époque Lémurienne, la troisième, l'homme a développé un corps du désir, un véhicule passionné et émotionnel; il était donc constitué comme les animaux. Alors le lait, produit provenant d'animaux vivants, est venu s'ajouter à son alimentation, car cette substance est plus aisément assimilée par les émotions. Abel, l'homme de ce temps, est décrit comme un berger, et il n'est écrit nulle part qu'il ait tué des animaux pour se nourrir.
Dans l'époque Atlantéenne, la quatrième, l'intellect s'est développé et le corps composite est devenu le temple d'un esprit intérieur, un être pensant. Mais la pensée détruit les cellules nerveuses, elle tue, détruit et cause du délabrement; par conséquent le nouvel aliment des Atlantéens consistait en corps morts. Ils ont dû tuer pour se nourrir, et la Bible décrit Nemrod, l'homme de ce temps, comme un vaillant chasseur.
Par l'usage de ces différents aliments, l'homme est descendu de plus en plus profondément dans la matière; son corps éthérique d'autrefois est devenu un squelette intérieur qui s'est solidifié. Mais en même temps il a graduelle- ment perdu sa perception spirituelle; cependant, le souvenir du ciel était toujours en lui et il se rendait compte qu'il était exilé de sa vraie demeure, le monde céleste. De manière à lui faire oublier ce souvenir afin qu'il applique toute son attention à la conquête du monde matériel, un nouveau produit, le vin, est venu s'ajouter à son alimentation pendant l'époque Aryenne, la cinquième. En raison même de l'usage de cet esprit faux qu'est l'alcool pendant les millénaires qui se sont écoulés depuis que l'homme est sorti de l'Atlantide, les races les plus avancées de l'humanité sont aussi les plus athées et les plus matérialistes. Ces esprits-là sont tous ivres, car bien qu'une personne puisse affirmer à bon droit qu'elle n'a jamais bu d'alcool dans sa vie, il est certain que le corps qu'elle habite provient d'ancêtres qui ont usé sans restrictions de boissons alcooliques. C'est la raison pour laquelle les atomes qui composent les corps actuels des Occidentaux ne peuvent vibrer à un taux suffisant pour la perception des mondes invisibles comme cela existait avant l'adjonction du vin au régime alimentaire de l'humanité. De même, bien qu'un enfant puisse de nos jours être élevé au régime sans viande, il n'en tiendra pas moins de la nature féroce de ses ancêtres mangeurs de viande d'il y a des millions d'années, bien qu'à un degré moindre que ceux qui continuent le régime carné. Ainsi l'effet produit par cette nourriture carnée, fournie à l'homme en devenir, est profondément enraciné chez nous tous, même si nous n'en usons pas.
Il n'est donc pas surprenant que ceux qui continuent ce régime de viande et de vin retombent à certains moments dans la sauvagerie et montrent une férocité non réfrénée par les sentiments plus élevés que des siècles de prétendue civilisation étaient supposés avoir encouragés. Tant que les hommes continueront de réprimer l'esprit immortel en eux en usant de viande et de cet esprit trompeur et faux qu'est l'alcool, il ne saurait y avoir de paix durable sur terre. La férocité innée entretenue par ces produits se manifestera par intervalles et balaiera les conceptions les plus altruistes et les plus idéales dans un tourbillon de sauvagerie, une débauche sanglante de massacres brutaux. Ils s'accroîtront à mesure que l'intelligence se développe et lui permet de concevoir, avec la supériorité de son esprit, des moyens de destruction plus diaboliques que ceux connus jusqu'ici.
Il n'est pas nécessaire de prouver que la guerre actuelle est bien plus destructrice que les conflits consignés dans l'histoire, car elle est dirigée par l'esprit plutôt que par la force musculaire. L'ingéniosité qu'en temps de paix on dirige dans des entreprises constructives est mise au servi-ce de la destruction. Si une nouvelle guerre éclate d'ici cinquante ou cent ans, elle pourrait presque dépeupler le monde. Par conséquent, une paix durable est une absolue nécessité au point de vue de la préservation de l'humanité, et toute personne capable de réfléchir ne peut se permettre d'écarter sans examen une théorie quelconque tendant à rendre la guerre impossible, même si elle est accoutumée à les considérer comme utopiques.
Il est abondamment prouvé que le régime carné favorise la férocité, mais le manque de place nous empêche de nous étendre sur ce point. Nous mentionnerons seulement comme exemple la férocité des animaux de proie et la cruauté des Indiens d'Amérique, mangeurs de viande. D'autre part, la force prodigieuse et la nature docile du boeuf, de l'éléphant et du cheval, montrent les effets du régime herbivore sur les animaux et certaines nations paisibles d'Orient sont une autre preuve de l'argument contre le régime carné. Dans le passé, la viande a contribué au développement d'une ingéniosité d'un degré inférieur, elle a joué un rôle dans notre évolution, mais nous sommes maintenant au seuil d'une nouvelle ère où le sacrifice de soi et le service apporteront une croissance spirituelle à l'humanité. L'évolution de l'intellect nous donnera une profonde sagesse dont nous ne saurions nous faire une idée, mais avant qu'il soit possible de nous confier cette sagesse, nous devons devenir aussi inoffensifs que des colombes, faute de quoi nous pourrions l'utiliser à de telles fins égoïstes et destructrices qu'elle représenterait un danger inconcevable pour notre prochain. Pour éviter une telle catastrophe, un régime végétarien doit être adopté.
Toutefois, il y a végétariens et végétariens. En Europe, la guerre oblige beaucoup de gens à se passer de viande. Ce ne sont pas de vrais végétariens, car ils désirent manger de la viande au cours de toute leur vie et ils en ressentent l'absence comme une dure privation et un grand sacrifice. Si cela devait se prolonger encore longtemps, peut-être seraient-ils habitués à s'en priver et, de génération en génération, cela les rendrait plus aimables et dociles, mais évidemment ce n'est pas le genre de végétarisme dont nous avons maintenant besoin. D'autres personnes s'abstiennent de viande pour des raisons de santé; leur motif est donc égoïste, et beaucoup d'entre elles la convoitent probable-ment. Leur attitude mentale n'est donc pas de nature à renoncer rapidement à la férocité.
Mais il existe une troisième catégorie de gens qui comprennent que toute vie appartient à Dieu et qu'il est mal de causer des souffrances à un être sensible, aussi s'abstiennent-ils de viande par pure compassion. Ce sont là les vrais végétariens, et il est évident qu'une bataille mondiale ne pourrait jamais être livrée avec des êtres ayant cette tournure d'esprit. Tous les vrais Chrétiens tendront à s'abstenir de viande pour de semblables motifs. Alors la paix sur la terre et la bonne volonté parmi les hommes seront assurées; les nations forgeront leurs épées en socs de charrue et leurs lances en serpes pour qu'en devenant des instruments créant la vie, l'amour et le bonheur, elles cessent de donner la mort, de produire chagrins et souffrances.
Notre propre sécurité, celle de nos enfants et même celle de la race humaine exigent que nous écoutions la voix inspirée de la poétesse Ella Wheeler Wilcox, dont le poème qui suit est un vibrant appel en faveur de ces créatures qui ne peuvent s'exprimer en paroles et que nous devrions protéger:
"Je suis la voix de l'inarticulé Par moi les muets parleront Jusqu'à ce que les oreilles d'un monde Aujourd'hui sourd, soient forcées d'écouter La plainte du faible qui restait sans voix.
La même force qui a modelé l'homme-roi A façonné le petit moineau; Le Dieu du Grand Tout A donné une étincelle d'âme Au monde porteur de poils ou de plumes.
Et je suis le gardien de mon frère; Je veux lutter pour sa défense En élevant bien haut ma voix Jusqu'à ce que le monde comprenne Et que les bêtes soient épargnées."
CHAPITRE 12 - LUMIERE MYSTIQUE SUR LA GUERRE MONDIALE
Quatrième partie - L'ÉVANGILE DE LA JOIE - Mai 1918
La lutte gigantesque des nations européennes a bouleversé à tel point l'équilibre du monde entier que les émotions des gens vivant dans les régions les plus éloignées des combats ont été attisées comme elles ne l'avaient jamais été auparavant, exprimant la colère, la haine, l'excitation ou la tristesse, selon leur nature et leur tempérament. Pour ceux qui ont étudié les profonds mystères de la vie et qui comprennent comment opèrent les lois naturelles dans les mon-des spirituels, il est évident que les habitants des mondes invisibles peuvent avoir été affectés beaucoup plus que ceux qui vivent dans leur corps physique, lequel par sa densité, nous empêche de ressentir les émotions dans toute leur force.
Au moment où la guerre a éclaté, l'escalade des émotions a été importante et rapide, parce qu'il n'existait pas de moyen pour l'entraver, mais à force de travail et d'organisation, les Frères Aînés de l'humanité ont réussi a créer une armée d'Aides Invisibles qui, ayant passé de l'autre côté du voile et ayant ressenti la douleur et la souffrance d'un décès prématuré, étaient remplis de compassion pour les autres victimes qui arrivaient en foule dans l'au-delà; ces aides ont été instruits pour apaiser et aider les nouveaux venus jusqu'à ce qu'ils retrouvent leur équilibre. Plus tard, cependant les conditions de haine et de méchanceté créées par les habitants du monde physique sont devenues si for-tes qu'il y avait danger qu'elles prennent le dessus. Par conséquent, il a fallu prendre de nouvelles mesures pour neutraliser ces sentiments, aussi les forces du bien ont été réquisitionnées pour aider à rétablir l'équilibre et contenir les émotions inférieures.
Une des causes de la prolongation de la guerre est le fait que la plupart de ceux qui priaient pour qu'elle cesse s'appesantissaient sur son côté affreux et oubliaient d'en voir le beau côté.
"Le beau côté de cette guerre cruelle?" vont probable-ment penser les lecteurs. Pour certains, il peut même sembler sacrilège de parler du beau côté d'une telle calamité, comme ils la nommeraient. Mais voyons s'il n'y aurait pas un liséré argenté, même à ce nuage des plus noirs, et s'il n'existerait pas un procédé par lequel on pourrait élargir de plus en plus ce liséré jusqu'à ce que le nuage devienne entièrement lumineux.
Il y a quelque temps, notre attention a été attirée sur un livre intitulé "Pollyanna". Pollyanna était la petite fille d'un missionnaire dont les honoraires étaient si maigres qu'il pouvait à peine subvenir aux nécessités de la vie. De temps à autre arrivaient des caisses contenant de vieux vêtements et autres choses sans valeur à distribuer. Pollyanna espérait toujours qu'un jour une des caisses contiendrait une petite poupée, et son père avait même de-mandé s'il serait possible de joindre au prochain envoi une poupée usagée. A l'arrivée de la caisse suivante, au lieu d'une poupée, arriva une paire de béquille pour la taille d'un enfant. Voyant le désappointement de sa fille, le père lui dit: "Il y a une chose pour laquelle nous pouvons être heureux et reconnaissants, et c'est de n'avoir pas besoin de ces béquilles". C'est alors qu'ils ont commencé à jouer le "jeu du contentement", comme ils l'appelaient, en cherchant et en trouvant, quoi qu'il arrive, une chose qui puisse les rendre heureux et reconnaissants, et ils la trouvaient toujours. Par exemple, lorsqu'ils étaient forcés de manger un maigre repas dans un restaurant, n'ayant pas les moyens de se payer les friandises du menu, ils disaient: "Eh bien, nous avons la chance d'aimer les haricots", même si leurs regards se portaient sur la dinde rôtie et son prix prohibitif. Ils se sont alors mis à enseigner ce jeu à d'autres, rendant ainsi de nombreuses personnes plus heureuses, alors que certaines d'entre elles avaient l'idée bien arrêtée qu'elles ne pourraient plus jamais être heureuses.
Finalement, la vie étant devenue de plus en plus dure, la mère de Pollyanna mourut, bientôt suivie par le père, laissant Pollyanna dépendre d'une tante, vieille fille riche, mais revêche et inhospitalière. En dépit de l'accueil et du logis peu agréable qui lui était dévolu sous les combles, la petite fille ne voyait aucune raison de ne pas être contente; elle rayonnait littéralement de joie, entraînant par son charme la bonne, le jardinier et pour finir la tante revêche elle-même. L'esprit de cette enfant voyant tout en rose apportait de la beauté sur les murs nus de sa mansarde obscure. S'il n'y avait pas de tableaux, elle pouvait être heureuse à l'idée que sa petite fenêtre donnait sur un paysage bien plus beau que ce qu'un artiste aurait pu peindre, car c'était un tapis vert et or, plus beau qu'une tapisserie due au plus habile des tisserands. Si son lavabo primitif n'avait pas de miroir, elle était heureuse que son absence l'empêche de contempler ses taches de rousseur; et n'avait-elle pas de raison d'être heureuse que ces taches ne soient pas des verrues? Si sa malle était petite et ses vêtements peu nombreux, n'y avait-il pas de raison d'être heureuse que le déballage ne soit plus vite fait? Si ses parents ne pouvaient être avec elle, n'était-ce pas une raison d'être contente qu'ils soient avec Dieu dans le ciel? S'ils ne pouvaient plus lui parler, ne devait-elle pas se réjouir de ce qu'elle-même pouvait leur parler?
En parcourant les prés et les landes, légère comme un oiseau, elle avait oublié l'heure du dîner, et à son retour sa tante lui ordonna d'aller à la cuisine et de faire son repas de pain et de lait. A sa tante qui s'attendait à des pleurs et à des bouderies, elle répondit: "Oh, tante, je suis bien contente de ce que vous m'offrez; j'aime tant le pain avec du lait!" Aucune mesure sévère, et elles étaient nombreuses au début, sans qu'elle imagine, avec une pensée reconnaissante, quelque motif caché. Sa première convertie fut la bonne, qui n'aimait pas penser au lundi, jour de lessive où elle était d'humeur maussade. Bientôt cette petite fille transforma les sentiments de Nancy qui, de ce jour, devint plus heureuse le lundi matin que les autres jours, parce qu'il n'y avait qu'un jour de lessive pour toute une semaine, et bien-tôt elle fut joyeuse à la pensée que son nom n'était pas Hephzibah, mais Nancy, nom qui lui déplaisait jusqu'alors. Un jour où Nancy protestait en disant: "Tout de même, il n'y a rien de réjouissant dans un enterrement", Pollyanna répondit du tac au tac: "Mais si, nous pouvons être heureux que ce ne soit pas le nôtre!" Au jardinier qui se plaignait d'être à moitié courbé par ses rhumatismes, elle enseigna aussi son jeu en lui disant qu'il pouvait être heureux, vu que la moitié du mouvement nécessaire pour arracher les mauvaises herbes était déjà faite.
Tout près de chez elle, dans une demeure luxueuse, vivait un célibataire âgé, un solitaire maussade. Plus il la repoussait, plus elle se sentait encouragée d'aller vers lui parce que personne ne venait le voir. Dans son innocence et sa pitié, elle attribuait ce manque de courtoisie à un chagrin secret, ce qui la rendait plus désireuse de lui enseigner son jeu optimiste. Elle parvint à le lui apprendre, mais non sans peine, et lorsqu'il se cassa la jambe, il ne fut pas facile de lui faire admettre que son sort serait pire s'il était un mille-pattes avec toutes ses pattes fracturées. Son caractère aimant finit par lui faire aimer la lumière du soleil, monter ses stores, tirer les rideaux et ouvrir son coeur au monde. Il aurait voulu l'adopter, mais n'y parvenant pas, il adopta un petit orphelin qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer sur son chemin.
Elle est parvenue à faire porter des vêtements de couleur plus gaie à une dame qui ne s'habillait qu'en noir. Une autre, riche et malheureuse parce qu'elle ne pensait qu'à ses anciens chagrins tourna, grâce à Pollyanna, son attention sur les malheurs des autres et ayant appris le jeu du contentement et la manière d'apporter de la joie dans leurs vies, cette dame en reçut aussi en abondance dans sa propre vie. Sans s'en rendre compte, cette petite fille réussit à rapprocher, en un heureux ménage, un couple prêt à divorcer, en rallumant dans leurs coeurs froissés un grand amour pour leurs enfants. Peu à peu, toute la petite ville se mit à jouer le jeu du contentement et à l'enseigner à d'autres. Sous son influence, les gens se transformaient, les malheureux devenant heureux, les malades guérissant, les dévoyés retrouvant le bon chemin et les découragés reprenant courage.
Bientôt le principal médecin de la ville trouva qu'il était utile de la prescrire comme un médicament. "Cette petite fille, disait-il, est préférable à un tonique. Une dose de Pollyanna guérit mieux qu'une pharmacie pleine de médicaments." Mais le plus grand miracle du jeu du contentement fut la transformation du caractère affecté et puritain de sa tante. Elle qui avait accepté de prendre Pollyanna chez elle comme un devoir austère de famille, développa par le traite-ment de sa petite nièce un coeur débordant d'affection. Bientôt, Pollyanna abandonna sa mansarde dégarnie pour une chambre plus confortable avec des tableaux, des tapis et de beaux meubles, au même étage que sa tante; ainsi, tout le bien fait à d'autres rejaillissait sur elle.
Cette histoire n'est évidemment qu'une oeuvre d'imagination, mais elle est basée sur des lois cosmiques confirmées par les faits. Ce que cette petite fille a fait sous ce rapport aux gens de son entourage, nous autres, étudiants des enseignements rosicruciens, pouvons et devons le faire dans nos propres sphères individuelles, aussi bien en ce qui concerne nos relations avec notre famille et nos connaissances, qu'envers les autres.
Quant à son application à la guerre en général, au lieu d'être découragés lorsqu'il y a des défaites, ou épouvantés par des catastrophes annoncées sous des titres sensationnels dans les journaux, au lieu d'ajouter notre découragement, notre haine et notre méchanceté aux sentiments analogues développés par les autres, ne pouvons-nous pas trouver un beau côté à cette calamité si déprimante? Assurément, des occasions de beaucoup se réjouir sont offertes par les pensées de sacrifice qui ont incité de nobles caractères à renoncer à leurs travaux, à leurs importants revenus et à leurs confortables demeures pour ce qui était à leurs yeux un idéal qui rendrait le monde meilleur pour ceux qui leur succéderaient, car ils ne pouvaient s'empêcher de penser qu'ils pourraient ne pas revenir pour jouir eux-mêmes de ces fruits. Ne pouvons-nous pas non plus nous réjouir de ce que généreusement, de nobles dames élevées dans le confort et le bien-être ont renoncé à leur foyer et à leurs amis pour entreprendre le travail pénible de soigner les blessés? Toutes étaient animées d'un esprit d'altruisme partagé par celles qui, forcées par les circonstances de rester chez elles, ont donné de leur temps pour tricoter et travailler pour ceux qui devaient supporter la violence de la bataille.
Grandes sont les souffrances accompagnant la naissance de l'altruisme dans une multitude de coeurs humains, mais c'est par la souffrance suprême de cette guerre que l'humanité deviendra plus aimable, plus noble et meilleure qu'elle ne l'a jamais été précédemment. Si nous pouvons seulement voir sous cet angle les souffrances et les chagrins actuels, si nous pouvons apprendre à d'autres à envisager les bénédictions futures qui découleront de ces peines et de ces souffrances, nous serons personnellement plus à même de nous remettre de la tension présente et d'autant plus qualifiés pour aider les autres à en faire de même.
De cette manière, nous pouvons imiter Pollyanna et, si nos arguments reposent sur des bases solides, ils se répandront et prendront racine dans d'autres coeurs. Alors, comme les pensées sont des choses réelles et que les bonnes pensées sont plus puissantes que les mauvaises en raison de leur harmonie avec le sens de l'évolution, le jour viendra où nous gagnerons cette bataille qui nous rapprochera de la paix permanente. Nous souhaitons que cette suggestion soit prise au sérieux et mise en pratique par chacun de nos étudiants, car sa nécessité est grande, plus grande aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été.
CHAPITRE 13 - LA SIGNIFICATION ÉSOTÉRIQUE DE PAQUES
Et la diffusion de la Philosophie Rosicrucienne
Dans son mouvement annuel circulaire autour du Soleil, la Terre a de nouveau atteint l'équinoxe de printemps, et nous voici à Pâques. Le rayon spirituel que nous envoie le Christ à chaque automne pour renouveler la vitalité faiblissante de la Terre, est sur le point de reprendre l'ascension vers le trône du Père. Les activités spirituelles de fécondation et de germination qui se sont poursuivies durant l'hiver et le début du printemps vont être suivies par la croissance matérielle et la maturation pendant l'été et l'automne sous l'influence de l'Esprit de la Terre, revenu dans notre globe. Ce cycle se termine à la fête des moissons. Ainsi, ce grand drame se déroule et se renouvelle d'année en année, comme une lutte entre la vie et la mort, chacune devenant à son tour victorieuse, puis vaincue à mesure que se suivent les cycles.
Ce grand flux et reflux cyclique n'exerce pas seulement ses effets sur la Terre, sa flore et sa faune. Il influence aussi très fortement l'humanité, bien que la grande majorité des gens ne se rendent pas compte de ce qui les pousse à agir dans telle ou telle direction. Il n'en est pas moins vrai que, conscients ou non de cette influence, la même vibration terrestre qui embellit avec faste les oiseaux et tous les animaux au printemps est aussi à l'origine du désir humain de porter des couleurs gaies et des vêtements plus lumineux. C'est aussi l'appel de la nature, qui incite en été les gens à se détendre au milieu des paysages campagnards où, comme par magie, les esprits de la nature ont artistement façonné prés et forêts. Ainsi, ils récupèrent les forces dépensées dans les conditions artificielles des villes congestionnées.
D'autre part, c'est la descente (le mot anglais "fall" signifie à la fois automne et chute ou déclin) du rayon spirituel du Soleil qui cause la reprise des activités mentales et spirituelles pendant la saison d'hiver, La même force germinative qui fait gonfler les semences dans la terre et les prépare à se reproduire en se multipliant, agit également sur l'esprit des gens et stimule les activités altruistes qui rendent le monde meilleur. Si cette grande vague d'amour cosmique désintéressé ne culminait pas à Noël, si elle n'était pas vibrante de paix et de bonne volonté, il n'y aurait pas dans nos coeurs ce sentiment béni de fête, ce désir de rendre aussi les autres heureux; la coutume des cadeaux de Noël ne pourrait exister et nous en souffririons tous.
Lorsque le Christ parcourait, par monts et par vaux, jour après jour, la Judée et la Galilée, enseignant les multitudes, tous en bénéficiaient, mais c'est avec ses disciples qu'il s'entretenait le plus souvent, et ils se développaient toujours davantage. Le lien d'amitié devenait de jour en jour plus étroit jusqu'au moment où des mains sans pitié ont en-levé leur instructeur bien-aimé et l'ont ignoblement fait mourir. Toutefois, malgré sa mort dans la chair, il a continué à s'entretenir avec eux en esprit pendant quelque temps. Finalement, néanmoins, il est monté dans des sphères plus élevées; le contact était rompu et les disciples se sont regardés tristement en se demandant si tout était fini. Ils avaient tant espéré, et quoique la nature fraîche et verdoyante ait toujours autant resplendi sous la caresse du Soleil, la Terre semblait morne et froide, car la désolation les accablait.
Il en va de même pour nous qui aspirons à nous laisser diriger par l'esprit et à résister aux désirs de la chair, même si l'analogie ne nous était pas encore venue à l'esprit. En effet, lorsque la descente (fall) du rayon Christique commence en automne et annonce la saison de suprématie spirituelle, nous commençons à baigner avidement nos âmes dans ce courant bienfaisant. Nous avons un sentiment analogue à celui des apôtres lorsqu'ils accompagnaient le Christ, et à mesure que la saison avance, nous trouvons plus facile de communier avec lui comme si nous étions, en quelque sorte, face à face. Mais le cours annuel des évènements nous amène à Pâques et à l'Ascension où le rayon "ascendant" du Christ vers le Père nous laisse dans la même position que les apôtres après le départ de leur Instructeur bien-aimé. Nous sommes tristes et désolés, nous considérons le monde comme un endroit morne et nous ne pouvons comprendre la raison de cette perte, laquelle est aussi naturelle que les changements provoquant le flux et le reflux des marées, le jour et la nuit, et qui sont simplement des phases de notre ère de cycles alternatifs.
Cet état d'esprit est dangereux; si on lui permet de se développer, nous serons portés à cesser notre travail dans le monde et à devenir des rêveurs, à perdre notre équilibre et à nous attirer des critiques bien méritées de la part de nos proches. Une telle conduite est répréhensible, car de même que la Terre travaille et fait des efforts matériels pour produire abondamment au cours de l'été après avoir reçu l'impulsion spirituelle en hiver, nous devrions, à notre tour, nous efforcer d'accomplir de plus grandes oeuvres dans le travail du monde après avoir eu le privilège de communier avec l'esprit. En agissant de la sorte, nous susciterons plus d'émulation que de reproches.
Nous pensons qu'un avare est un homme qui accumule de l'argent, et de telles personnes sont généralement méprisées, mais il existe des gens qui s'efforcent avec la même assiduité d'acquérir des connaissances comme l'avare. Ils s'abaisseront à tous les subterfuges pour obtenir ce qu'ils désirent et garderont cette connaissance aussi jalousement que l'avare qui couve son trésor. Ils ne se rendent pas compte que, de ce fait, ils ferment la porte à une plus grande sagesse. L'ancienne mythologie nordique contenait une légende expliquant et symbolisant ce point. Selon ce texte, tous ceux qui mouraient en combattant sur le champ de bataille (les âmes fortes qui luttaient jusqu'au bout pour le bon combat) étaient conduits au Walhalla pour demeurer avec les dieux, tandis que ceux qui mouraient dans leur lit ou par maladie (les âmes qui se laissaient aller au gré du courant) allaient au lugubre Niflheim. Quant aux vaillants guerriers dans le Walhalla, ils festoyaient tous les jours de la chair d'un sanglier nommé Scrimmer, lequel avait la particularité, lorsqu'un lambeau de sa chair était enlevé, de le faire immédiatement repousser, de telle sorte qu'il restait constamment entier malgré tout ce qu'on en prélevait. Il symbolise à juste titre la connaissance, car malgré tout ce que nous en donnons aux autres, nous conservons toujours l'original.
Ainsi, il y a une certaine obligation à transmettre à d'autres ce que nous avons reçu comme connaissance, car "à qui l'on a beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé" (Matthieu 25:14-30). Peut-être n'est-il pas déplacé de faire ici le récit d'une expérience qui illustrera cette nécessité, car c'était l'épreuve finale que je devait subir avant que me soient confiés les enseignements figurant dans la "Cosmogonie des Rose-Croix", bien qu'à ce moment je ne me sois douté de rien. Ceci s'est produit à l'époque où j'étais allé en Europe à la recherche d'un instructeur qui, je l'espérais, pourrait m'aider à faire des progrès sur le sentier de la connaissance. Mais après avoir examiné à fond son enseignement et l'avoir forcé d'y admettre certaines contradictions qu'il ne pouvait expliquer, j'étais complètement dé-moralisé et prêt à retourner en Amérique. Etant assis, accablé par mon désappointement, j'ai eu le sentiment que quel-qu'un était présent et, en levant les yeux, j'ai vu celui qui est, depuis lors, devenu mon Instructeur. Je me souviens avec honte de lui avoir demandé d'un ton revêche qui l'avait envoyé et ce qu'il voulait, car j'était vraiment contrarié; j'ai d'ailleurs beaucoup hésité à accepter son aide sur les points qui avaient motivé ma venue en Europe.
Pendant les quelques jours suivants, cette apparition s'est présentée plusieurs fois dans ma chambre, répondant à mes questions et m'aidant à résoudre des problèmes qui m'avaient précédemment paru insolubles, mais comme ma vue spirituelle était peu développée et pas toujours soumise à ma volonté, je me sentais plutôt sceptique à ce sujet. Je me disais: "Serait-ce de l'hallucination?" Au cours d'un entre-tien avec un ami sur cette question, nous avons constaté que les réponses données par l'apparition étaient claires, concises et logiques à un haut degré. Elles étaient extrêmement précises, et bien au-delà de ce que je pouvais concevoir, aussi avons-nous conclu que l'expérience devait être réelle.
Quelques jours plus tard, mon nouvel ami me dit que l'Ordre dont il faisait partie avait une solution complète aux secrets de l'univers, bien plus approfondie que tous les enseignements publiquement connus, et que ses membres voulaient bien me faire connaître leur enseignement à condition de le garder absolument secret.
Alors, j'ai répondu avec colère: "Enfin voici que se révèle votre pied fourchu. Non! si vous avez ce que vous dites et que ce soit bien, il est également bien de le faire connaître au monde. La Bible nous interdit expressément de cacher la lumière, et cela ne m'intéresse pas de m'abreuver à la source de la connaissance pendant que des milliers d'âmes aspirent à trouver, comme moi, une solution à leurs problèmes." Mon visiteur m'a alors quitté et s'est abstenu de revenir, aussi en ai-je conclu qu'il était un émissaire des frères noirs.
Après un mois, voyant qu'il ne m'était pas possible de trouver d'autres éclaircissements en Europe, j'ai réservé ma place sur un bateau partant pour New York. Comme, à cette époque de l'année toutes les places étaient réservées long-temps à l'avance, j'ai dû ajourner mon départ d'un nouveau mois.
A mon retour dans ma chambre avec mon billet en poche, j'ai revu l'instructeur que j'avais éconduit, et il m'a de nouveau offert de m'instruire sous le sceau du secret. Cette fois-là, ma réponse a peut-être été encore plus véhémente et indignée que précédemment, mais il n'est pas parti. Il m'a dit au contraire: "Je suis heureux de vous entendre refuser, mon frère, et j'espère que vous serez toujours aussi ardent à diffuser nos enseignements sans crainte ni complaisance comme vous l'avez été dans votre refus, car telle est la vraie condition pour recevoir ces enseignements."
Quant aux instructions qui m'ont été données pour prendre un certain train dans une certaine gare pour une destination dont je n'avais jamais entendu parler, comment j'y ai rencontré le Frère dans son corps physique, comment j'ai été conduit au Temple où j'ai reçu les principaux enseignements contenus dans nos livres, ceci a peu d'importance. Ce qui importe, c'est que si j'avais accepté de garder le secret sur ces enseignements, j'aurais évidemment été jugé inapte à devenir le messager des Frères Aînés, lesquels auraient dû en trouver un autre. Il en va de même de chacun de nous; si nous thésaurisons les bénédictions spirituelles que nous avons reçues, le malheur est proche. Par conséquent, imitons la Terre en cette époque pascale en produisant, dans le monde physique de l'action, les fruits de l'esprit semé dans nos âmes au cours de l'hiver dernier. Ainsi, d'année en an-née, nos bénédictions seront plus abondantes. (Ce chapitre est commenté dans la Lettre aux Etudiants n. 18)
CHAPITRE 14 - LA LEÇON DE PAQUES - Avril 1918
Et de nouveau voici Pâques. Les jours tristes et sombres de l'hiver sont passés. Notre Mère Nature enlève son manteau neigeux et glacial, et les myriades de graines protégées dans le sol meuble percent cette couche et parent la terre de ses plus beaux atours, en une vraie profusion de cou-leurs gaies et vives, préparant les berceaux de verdure pour les noces des bêtes et des oiseaux. Même en cette année de guerre (1918) le chant de vie résonne plus fort que le chant de mort. "O mort! où est ton aiguillon? O tombeau! où est ta victoire?" (1 Corinthiens 15:55). Christ est ressuscité; il est les prémices, la résurrection et la vie; quiconque croit en lui ne périra pas, mais aura la vie éternelle (I Corinthiens 15:20).
Ainsi, en cette saison-ci, l'esprit du monde civilisé se tourne vers la fête de Pâques, commémorant la mort et la résurrection d'un être dont l'histoire est écrite dans les Evangiles, un être des plus nobles qui soient, connu sous le nom de Jésus. Mais le mystique chrétien considère d'un point de vue plus profond et plus étendu cet événement cosmique qui se renouvelle annuellement. Pour lui, il s'agit d'une pénétration annuelle de la Terre par la vie du Christ cosmique, d'une inspiration qui commence en automne et culmine au solstice d'hiver, lorsque nous célébrons Noël, puis une exaltation qui arrive à son maximum à Pâques. L'inspiration, ou fécondation, se manifeste pour nous dans ce qui paraît être l'inactivité de l'hiver, mais l'exaltation de la vie du Christ se manifeste comme forces de résurrection qui donnent une nouvelle vitalité à tout ce qui vit et se meut sur terre; une vie abondante, non seulement pour fortifier, mais pour se multiplier et perpétuer l'espèce.
Ainsi, le drame cosmique de la vie et de la mort se renouvelle d'année en année parmi toutes les créatures qui évoluent, du haut de l'échelle jusqu'au bas. Le grand et sublime Christ cosmique lui-même, dans sa compassion, est assujetti à la mort en entrant dans les conditions contraignantes de notre Terre pendant une partie de l'année. Il est donc peut-être indiqué de nous rappeler quelques idées sur la mort et la résurrection, que nous oublions facilement.
Parmi les symboles cosmiques qui nous sont parvenus depuis l'Antiquité, nul n'est plus commun que celui de l'oeuf. On le trouve dans toutes les religions, par exemple dans les très anciennes Eddas des Scandinaves, qui nous parlent de l'oeuf du monde, refroidi par le vent glacé de Niebelheim, mais réchauffé par l'haleine du feu de Muspelheim jusqu'à ce que les différents mondes et l'homme viennent à l'existence. En nous tournant vers le sud ensoleillé, nous trouverons dans les Védas de l'Inde la même histoire sous la forme de Kalahansa, le cygne du temps et de l'espace, pondant l'oeuf qui est finalement devenu le monde. Chez les Egyptiens, nous trouvons le globe ailé avec le serpent ovipare, symbolisant la sagesse manifestée dans notre monde. Les Grecs ont repris ce symbole et l'ont vénéré dans leurs Mystères. Il était conservé par les Druides; il était aussi connu des Indiens qui ont construit la colline du grand serpent près de Locust Grove, dans l'Ohio. De nos jours, l'oeuf a conservé sa place dans le symbolisme sacré, quoique la grande majorité soit aveugle au "Mysterium Magnum" qu'il cache et révèle à la fois, et qui est le mystère de la Vie.
Si nous cassons la coquille d'un oeuf, nous trouvons à l'intérieur des liquides visqueux différemment colorés et de consistances variées. Mais si nous le plaçons à la température requise, une série de changements se produisent et, après peu de temps, une créature vivante brise sa coquille et en sort, prête à prendre sa place parmi ses semblables. Les habiles techniciens des laboratoires peuvent reproduire les substances de l'oeuf, les entourer d'une coquille et en faire une réplique parfaite de l'oeuf naturel, mais il en différera toujours sur un point: aucun être vivant ne peut éclore de ce produit artificiel. Il est donc évident que quelque chose d'intangible doit être présent chez l'un et absent chez l'autre.
Ce mystère séculaire qui produit une créature vivante est ce que nous appelons la vie. Du moment qu'elle ne peut être reconnue parmi les éléments de l'oeuf, même par le plus puissant microscope, bien qu'elle s'y trouve puisqu'elle amène le changement indiqué, elle doit donc pouvoir exister indépendamment de la matière. Ainsi, ce symbole sacré nous enseigne que, si la vie est capable de modeler la matière, elle ne dépend pas de son existence. Elle existe par elle-même, et puisqu'elle n'a pas de commencement, elle ne peut pas avoir de fin: c'est ce qui est symbolisé par la forme ovoïde de l'oeuf.
Nous sommes épouvantés du carnage qui a lieu sur les champs de bataille d'Europe, et à juste titre, vu la manière dont les victimes ont perdu la vie. Mais si nous considérons que la durée moyenne de la vie humaine n'est que de 50 ans et même moins, si bien que la mort en moissonne environ quinze cent millions en un demi-siècle (en 1916) ou trente millions par an, ou deux millions et demi par mois, nous voyons qu'après tout le total n'a pas tellement augmenté. Et lorsque nous avons la vraie connaissance que nous donne le symbole de l'oeuf, que la vie est incréée, sans commence-ment ni fin, cela nous permet de reprendre coeur et de comprendre que ceux qui sont actuellement arrachés de leur corps physique ne font que suivre un trajet cyclique analogue à celui de la vie du Christ cosmique qui pénètre notre globe en automne et le quitte à Pâques. Ceux qui sont tués vont simplement dans les mondes invisibles, d'où ils plongeront à nouveau dans la matière physique en entrant, ainsi que le font tous les êtres vivants, dans l'oeuf de la mère. Après une période de gestation, ils referont leur apparition dans la vie physique pour apprendre de nouvelles leçons dans la grande école. Ainsi, nous voyons comment la grande loi d'analogie opère dans toutes les phases et les circonstances de la vie. Ce qui arrive dans le grand univers à un Christ cosmique se présentera aussi dans les vies de ceux qui sont des Christs en devenir, et cela nous permettra de considérer avec davantage d'optimisme la présente lutte que ceux qui la voient sous un autre aspect.
En outre, nous devons nous rendre compte que la mort est une nécessité cosmique dans les circonstances actuelles, car si nous étions emprisonnés dans un corps tel que le nôtre, sans autre possibilité que d'y vivre éternellement et dans notre milieu actuel, les infirmités du corps et la nature peu satisfaisante de notre milieu nous rendraient bien vite tellement fatigués de vivre que nous supplierions d'être délivrés. Cela empêcherait tout progrès, si bien qu'il nous serait impossible de nous élever plus haut, ainsi que nous pouvons le faire en nous réincarnant dans de nouveaux véhicules et en naissant dans d'autres milieux, qui nous offrent de nouvelles possibilités de progresser. Ainsi, nous pouvons remercier Dieu de ce que, aussi longtemps que la renaissance dans un corps dense sera nécessaire pour nous développer, la délivrance par la mort existe pour nous permettre de nous libérer d'un instrument usé. Une nouvel-le naissance sous les cieux plus cléments d'un autre milieu nous donnera une chance de commencer une nouvelle vie pour y apprendre les leçons qui n'avaient pu être bien assimilées auparavant. Grâce à cette méthode, nous deviendrons, avec le temps, aussi parfaits que le Christ ressuscité. Il nous l'a ordonné et il nous aidera dans nos efforts.
CHAPITRE 15 - LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE DU DÉVELOPPEMENT
SPIRITUEL
Première partie - ANALOGIES MATÉRIELLES - Juillet 1917
Lors de notre descente ici-bas dans l'existence concrète durant l'involution, nos progrès se faisaient entièrement dans la direction du développement matériel. Mais depuis que nous avons dépassé le tréfonds de la matérialité et que nous commençons à nous élever au-dessus du concret, le développement spirituel gagne en importance comme facteur nécessaire à nos progrès, bien que nous ayons encore de grandes leçons à apprendre de la phase matérielle de notre existence. Ceci s'applique à l'humanité en général, mais tout particulièrement à ceux qui commencent déjà à aspirer consciemment à la vie supérieure. Il peut donc être utile de revoir les enseignements rosicruciens sous un autre angle, celui de la méthode scientifique propre à l'acquisition de ce pouvoir spirituel.
Les personnes de la génération précédente, particulière-ment en Europe et dans les Etats de l'Est américain, se rappelleront sans doute avec plaisir leurs promenades sur les paisibles chemins de campagne, et combien elles aimaient passer et repasser le long d'un cours d'eau clapotant et d'un vieux moulin rustique; en craquant, sa roue à eau faisait laborieusement tourner une primitive mécanique intérieure. Elle n'utilisait qu'une petite partie de la puissance con-tenue dans l'eau courante, qui se perdait inutilement, mise à part cette utilisation minime. Mais plus tard, une nouvelle génération s'est rendu compte des possibilités scientifiques de cette énorme énergie. Des ingénieurs ont commencé à construire des barrages pour empêcher l'eau de se perdre comme dans le système primitif, et ils ont conduit l'eau des bassins de retenue par des tuyaux vers des turbines construites sur des principes scientifiques, économisant ainsi la grande énergie qu'ils avaient accumulée en ne laissant couler que juste ce qu'il fallait pour faire tourner le mécanisme à la vitesse et à la puissance requises.
Mais alors que cette turbine représentait une énorme progrès par rapport à la roue à aubes, elle était cependant sujette à quelques-unes des limitations anciennes; en effet, cette énorme énergie ne pouvait être utilisée qu'à l'endroit où se trouvait ce pouvoir; or de tels endroits se trouvent souvent à plusieurs kilomètres des centres de civilisation où l'énergie est le plus nécessaire. En travaillant avec les lois de la nature, l'homme s'était assuré un serviteur d'une énergie inépuisable, mais le problème était de la rendre utilisable à l'endroit où les besoins étaient les plus importants. Pour résoudre ce problème, les ingénieurs, toujours en accord avec les lois de la nature, ont couplé des générateurs électriques aux turbines hydrauliques, puis on s'est demandé comment envoyer cette énergie jusqu'aux villes où elle pouvait être utilisée. Pour cela, il fallait de nouveau travailler en accord avec les lois naturelles; on avait en effet trouvé que certains métaux conduisaient l'électricité avec plus ou moins de facilité, les meilleurs d'entre eux étant le cuivre et l'argent. On a donc choisi le cuivre comme étant le moins coûteux des deux.
Que le lecteur veuille bien observer qu'il n'est pas possible de forcer ces énergies à faire n'importe quoi; chaque fois que nous les utilisons, c'est en accord avec les lois qui gouvernent leur manifestation, en choisissant les procédés de moindre résistance pour obtenir le maximum d'énergie. Si des fils de fer ou de maillechort, qui ont comparativement une grande résistance, avaient été choisis comme conducteurs, une bonne partie de l'énergie aurait été perdue; de plus, d'autres complications en auraient résulté, sur les- quelles il n'est pas nécessaire de s'étendre. Mais en travaillant avec les lois de la nature et en choisissant les procédés de moindre résistance, l'on obtient les meilleurs résultats par les moyens les plus faciles.
D'autres problèmes se sont présentés aux expérimentateurs dans leur transformation de l'énergie hydraulique à bonne distance de sa source. Il s'est trouvé que le courant électrique tendait toujours à se perdre dans la terre par le chemin le plus court s'il existait une possibilité quelconque d'y parvenir. Il était donc nécessaire de séparer les fils conducteurs de la terre par une substance qui l'empêcherait de s'échapper, tout comme la haute muraille empêche le prisonnier de s'évader. Il fallait donc trouver un corps pour lequel l'électricité avait de l'aversion et l'on a trouvé dans le verre, la porcelaine et autres substances fibreuses, ré-solvant ainsi par des moyens scientifiques et ingénieux, toujours en accord avec les lois de la nature, le problème de l'utilisation la plus avantageuse, à de grandes distances, de la considérable énergie que les anciens moulins rustiques gaspillaient autrefois à sa source.
La même application des procédés scientifiques à d'autres problèmes de la vie, tels le jardinage, a également don-né de merveilleux résultats pour le bien- être et le confort de l'humanité, faisait pousser deux cents brins d'herbe là où les méthodes anciennes n'arrivaient pas à en faire pousser un seul. Des hommes tels que Luther Burbank ont amélioré des variétés de fruits et légumes sauvages, les rendant plus gros, plus agréables au goût, aussi bien que plus nombreux, et dans tous les domaines où les procédés scientifiques ont remplacé certaines pratiques arriérées, les mêmes bons résultats ont été obtenus. Mais, comme nous l'avons vu, et cela est très important, tout ce qui a été vraiment amélioré l'a été en se conformant aux lois naturelles. L'axiome d'Hermès "en bas comme en haut" énonce la loi de l'analogie, clé de tous les mystères, qu'ils soient spirituels ou matériels; nous pouvons donc en déduire que ce qui est bon et qui réussit pour l'application de méthodes scientifiques aux problèmes matériels, réussira tout aussi bien pour la solution des mystères spirituels. Un rapide coup d'oeil au développement religieux dans le passé nous suffira pour nous démontrer qu'il n'a été, ni scientifique, ni systématique, et que des procédés des plus aléatoires ont prévalu. Grâce à leur capacité dévotionnelle, quelques-uns seule-ment ont atteint les hauteurs sublimes de la spiritualité et sont reconnus au cours des siècles comme des saints, projetant de la lumière sur le sentier, montrant ce qui est possible. Mais comment arriver à cette spiritualité, voilà qui a été et qui est encore un mystère pour tous, même pour ceux qui étaient le plus ardemment désireux d'y parvenir, et de nos jours ils sont peu nombreux, hélas!
Les Frères Aînés de la Rose-Croix ont toutefois élaboré un procédé scientifique qui, s'il est appliqué rationnelle-ment et avec persévérance, développera les pouvoirs endormis de l'âme dans chaque individu, aussi sûrement qu'une application constante rendra une personne habile dans n'importe quelle branche matérielle où ses efforts se con-centrent. Pour comprendre ce sujet, il faut bien considérer les faits: c'est l'ancien moulin rustique qui a donné aux ingénieurs l'idée d'utiliser cette énergie d'une manière efficace et bien plus avantageuse. Si nous étudions en premier lieu le développement naturel du pouvoir de l'âme au cours de l'évolution, nous pourrons aussi comprendre les grands résultats bienfaisants qui découlent de l'utilisation de pro-cédés scientifiques dans cette affaire si importante. Ceux qui étudient les enseignements rosicruciens sont évidemment familiarisés avec les principales particularités du développement de l'humanité par l'évolution, mais il se peut que certains lecteurs n'en soient pas informés, et ce qui suit est un aperçu un peu plus complet qu'il ne serait autrement nécessaire.
La science nous dit, correctement, qu'une substance invisible et intangible appelée éther pénètre toutes choses, de-puis le solide le plus dense jusqu'à l'air que nous respirons. Cet éther n'a jamais été vu ni mesuré ou analysé par la science, mais il est nécessaire de considérer son existence comme admise pour expliquer des phénomènes variés, tels que la transmission de la lumière dans le vide. La science nous dit que là, c'est l'éther qui transmet les rayons lumineux. Ainsi, l'éther nous apporte les images de tous les objets extérieurs dans notre champ visuel et les imprime sur la rétine de notre oeil. D'une manière analogue, lorsque dans un studio de cinéma, le "cameraman" photographie les scènes d'un film, l'éther transporte sur le film l'image de tous les objets, leurs mouvements, etc., jusqu'au moindre détail à travers la lentille de son appareil, enregistrant ainsi d'une manière complète la scène entière et tous les mouvements des acteurs. S'il y avait, dans nos yeux, un film semblable d'une longueur suffisante pour contenir toutes les images, nous aurions, à la fin de notre vie, des annales complètes de tout ce qui s'y serait enregistré, pourvu que nous puissions voir.
Mais il y a nombre de gens qui ont le malheur de manquer d'un sens ou d'un autre; cependant, il est une chose que tous doivent faire pour vivre; c'est respirer. Et la nature, qui est un autre nom pour Dieu, a ainsi décidé à juste titre que les archives seraient conservées grâce à ce procédé universellement utilisé. A chaque instant, dans les actes de notre vie, du premier souffle jusqu'au dernier, l'éther qui pénètre dans nos poumons transporte avec lui une image complète de notre environnement, de nos actes et de ceux des autres qui sont près de nous. Ces annales sont gravées sur un petit atome placé dans le ventricule gauche, à la pointe de coeur où le sang oxygéné, transmettant une image différente pour chaque instant de notre vie, passe en un flot continu. Par conséquent, tout ce que nous disons ou faisons, du plus petit acte jusqu'au plus grand, depuis le meilleur jusqu'au pire, tout est inscrit dans notre coeur en caractères ineffaçables. Ces archives sont la base du procédé naturel et lent de la croissance de l'âme au cours de l'évolution, correspondant à l'ancien moulin primitif.
Dans la prochaine leçon (voir ci-après) nous verrons comment ces archives sont employées et comment, par des procédés scientifiques, la croissance de l'âme peut être accomplie et le pouvoir de l'âme développé par l'amélioration de ce processus.
CHAPITRE 16 - LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE DU DÉVELOPPEMENT
SPIRITUEL
Deuxième partie - LA RÉTROSPECTION, UN MOYEN D'ÉVITER LE PURGATOIRE - Août 1917
Comme nous l'avons vu dans la précédente leçon, il se fait, de nos actes, un enregistrement analogue à un film de cinéma, du berceau à la tombe, sur un petit atome situé dans le coeur, par l'intermédiaire de l'éther que nous respirons. Cet éther transmet des images du monde extérieur dans lequel nous vivons; il forme la base de notre existence d'après-vie; durant une pénible expérience purgatorielle, le souvenir vivant de nos mauvaises actions est extirpé par le feu du remords, qui brûle l'âme au fur et à mesure du déroulement des images de ses fautes, nous rendant ainsi moins enclins à répéter les mêmes fautes et les mêmes erreurs dans nos vies futures. D'autre part, la réaction des bonnes actions est une joie céleste, dont le souvenir subconscient, dans une autre vie, incitera l'âme à faire encore plus de bien. Mais ce procédé est nécessairement lent et peut se comparer à l'action du vieux moulin. Cependant, c'est la façon dont la Nature apprend aux humains à se conduire avec prudence et à obéir à ses lois. Par ce lent procédé, la plus grande partie des êtres humains se développe graduellement de l'égocentrisme à l'altruisme, et même s'il paraît extrêmement lent, il semble que ce soit le seul moyen par lequel ils puissent apprendre leurs leçons.
Il existe une autre classe de gens qui ont entrevu la vision d'un avenir lointain où l'humanité glorifiée exprimera tous les attributs divins et vivra dans l'amour et la paix. Cette classe dirige ses aspirations vers le ciel et elle s'efforce d'atteindre en une ou plusieurs courtes vies ce que ses semblables atteindront après s'être réincarnés des centaines de fois. A cette fin, de même que les pionniers qui ont mis en valeur les chutes d'eau et résolu le problème de la transmission de l'électricité, ces pionniers cherchent un procédé scientifique susceptible de supprimer la perte de temps et d'énergie du lent processus de l'évolution et leur permettant de faire un important travail de développe-ment de manière scientifique et sans perte d'énergie. Tel était le problème que les anciens Rose-Croix se sont efforcés de résoudre, et maintenant qu'ils ont découvert ce pro-cédé, ils en font part à leurs fidèles adhérents, pour le salut éternel de tous ceux qui aspirent et persévèrent. De même que les ingénieurs, qui ont entrepris d'améliorer le fonctionnement des anciens moulins et de permettre le transport de l'électricité à de grandes distances, y sont parvenus en commençant par étudier les qualités et les défauts de la première invention, ainsi les Frères Aînés de la Rose-Croix ont commencé par étudier, au moyen de la vue spirituelle, toutes les phases de l'évolution humaine ordinaire, dans l'état d'après-vie aussi bien que dans le monde physique, afin de déterminer comment les progrès se faisaient graduellement au cours de plusieurs vies. Ils ont également étudié les écrits et les symboles qui avaient été donnés à l'humanité au cours des âges pour aider à la croissance des âmes, notamment le Tabernacle dans le Désert qui, comme Paul le déclare, était "l'ombre de meilleures choses à venir", et ils ont trouvé le secret du développement de l'âme, tel qu'il était caché dans le symbolisme des divers accessoires et instruments de culte employés dans cet ancien sanctuaire. Tout comme les scènes que la vie au purgatoire déroule devant les yeux de l'âme après la mort causent une souffrance qui purifie l'âme de ses désirs de répéter les offenses qui ont produit ces images, de même le sel dont étaient frottées les victimes sacrifiées sur l'autel des holocaustes, ainsi que le feu qui les consumait, symbolisaient une double douleur ardente, analogue à celle ressentie par l'âme au purgatoire. Conformément à l'axiome d'Hermès, "en bas comme en haut", ils ont développé le procédé de la Rétrospection, qui est en harmonie avec les lois cosmiques de la croissance spirituelle et capable d'accomplir jour après jour ce qui, au purgatoire, ne se produit qu'une fois par vie, à savoir purifier l'âme du péché par le feu du remords.
Mais lorsqu'on parle de Rétropsection, il est fréquent que l'on nous réponde: "Oh, mais ceci est enseigné par d'autres mouvements religieux, et je l'ai pratiqué toute ma vie. Je fais mon examen de conscience tous les soir avant de m'endormir".
C'est bien, mais ce n'est pas suffisant. Pour faire scientifiquement cet exercice, il est nécessaire de suivre le procédé de la Nature comme l'ont fait les électriciens pour isoler le courant électrique attiré par la terre, et qui ont trouvé que le verre, la porcelaine et les fibres serviraient à empêcher son passage. Nous devons nous conformer à chaque particularité du procédé de la nature en vue de produire la croissance spirituelle. Lorsque nous étudions comment se produit l'expiation au purgatoire, nous trouvons que le panorama de la vie écoulée se déroule en sens inverse, de-puis le tombeau jusqu'au berceau, les derniers évènements de la vie se présentant en premier pour être expiés, et ceux de la première jeunesse en dernier, ceci étant fait dans l'intention de montrer à l'âme comment certains effets de la vie découlent des causes produites durant les années précédentes. De même, la méthode scientifique de développement spirituel exige que l'aspirant revoie sa vie chaque soir avant de s'endormir, en commençant par les évènements de la soirée, puis graduellement repassant en sens contraire tout ce qui est arrivé dans l'après-midi, puis ce qui s'est passé le matin, et ceci jusqu'au réveil.
Mais ce qui importe surtout, c'est de ne pas se contenter de revoir les scènes pour la forme et d'admettre que l'on regrette d'avoir été peu aimable ou injuste envers une autre personne. A ce sujet, le symbole de l'autel des holocaustes nous donne un enseignement bien défini: tout comme les sacrifices étaient frottés au sel qui, on le sait, brûle et produit une douleur cuisante lorsqu'on en met sur une blessure; et comme le feu consume également le sacrifice sur l'autel des holocaustes, ainsi l'aspirant à la croissance spirituelle doit comprendre qu'il est à la fois le prêtre et le sacrifice, l'autel et le feu qui s'y trouve, il doit permettre au sel et au feu du remords de le brûler, et ressentir au plus profond du coeur une contrition qui le ronge à la pensée du mal qu'il a commis. En effet, c'est seulement de cette manière extrêmement intense et sérieuse qu'il lui sera possible de faire disparaître le souvenir de cet événement gravé sur l'atome-germe du coeur et de s'en débarrasser entièrement. Sans cela, rien ne se réalise, mais si l'aspirant au développement scientifique de l'âme réussit à attiser avec suffisamment d'intensité ce feu du remords et de la contrition, il en résultera que l'atome-germe sera purifié des péchés commis jour après jour au cours de sa vie, et même les choses qui se sont produites avant de se livrer à cet exercice disparaîtront graduellement devant ce feu purificateur. A la fin de sa vie, lorsque se rompra la corde d'argent, l'aspirant se trouvera sans panorama de la vie écoulée qui requière son attention comme chez les gens ordinaires qui n'ont pas la chance d'avoir été mis au courant de cette méthode scientifique et de la pratiquer.
Pour l'aspirant, il se trouve qu'au lieu de passer au purgatoire une période de temps d'environ un tiers de la vie vécue dans le corps physique, il pourra, s'il a eu de la cons-tance et de la fermeté dans la pratique de cette méthode, être libre de toute entrave dans le monde invisible, n'étant plus lié par des limitations qui retiennent et enchaînent les autres, si bien qu'il pourra, s'il le veut, consacrer tout son temps au service de l'humanité souffrante pendant qu'il est dans les régions inférieures.
Mais il y a une grande différence entre les occasions de servir dans ce monde- ci et dans l'autre: ici-bas, un tiers de notre vie est pris par le sommeil et la récupération, un autre tiers est pris par le travail qui nous permet de nous nourrir, nous vêtir et nous loger, et il ne reste plus qu'un tiers qui reste libre pour nous reposer, nous divertir ou développer notre âme. Il en va tout autrement dans le monde du désir, où l'esprit se trouve après sa mort. Les corps dans lesquels nous agissons alors n'ont aucun besoin de nourriture, de vêtements et d'abri; ils ne sont pas non plus sujets à la fatigue, si bien qu'au lieu de consacrer deux tiers de la journée comme ici-bas à prendre soin des nécessités du corps, l'esprit est libre d'utiliser ses véhicules durant les vingt-quatre heures de chaque jour. C'est ainsi que le temps économisé dans le monde invisible, après avoir vécu notre purgatoire jour après jour, est l'équivalent de la portion de toute une vie terrestre que nous dépensons en travail. Et de plus, durant tout ce temps où nous travaillons sans interruption, aucune pensée ni aucun soin ne doit être consacré à autre chose qu'à aider à l'avancement de nos plus jeunes et malheureux frères dans leur évolution.
De cette manière, nous pouvons récolter une abondante moisson et progresser davantage au cours de cette période d'après-vie qu'il ne serait possible en plusieurs vies terrestres. Lors de notre vie suivante, nous posséderons tous les pouvoirs ainsi acquis, et nous serons bien plus avancés sur le sentier de l'évolution que les circonstances ordinaires ne l'auraient permis.
Il est également important de noter que certaines méthodes de développement spirituel enseignées et pratiquées par d'autres écoles sont dangereuses et peuvent nous conduire dans un asile d'aliénés, alors que la méthode scientifique conseillée par les Frères Aînés de l'Ordre de la Rose-Croix profitera toujours à quiconque la pratique et qu'elle ne pourra jamais, dans aucune circonstance, faire du mal à qui que ce soit. Nous pouvons également dire qu'en cas de nécessité, d'autres aides non mentionnées ici peuvent être données à ceux qui ont montré leur mérite par leur persévérance, et quoique cela ne concerne pas directement la vue spirituelle, celle-ci se développera chez ceux qui seront suffisamment fidèles et persévérants.
CHAPITRE 17 - LES CIEUX RACONTENT LA GLOIRE DE DIEU
Allocution prononcée par Max Heindel le 5 janvier 1919, la veille de son décès.
"Les cieux nous racontent la gloire de Dieu, et le firmament nous montre son oeuvre. Le jour instruit un autre jour, et la nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit pas entendu. Leur retentissement parcourt toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde, où il a dressé une tente pour le soleil. Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre, s'élance dans la carrière avec la joie d'un héros" (Psaume 19).
Autour de nous, de tous côtés, nous voyons le glorieux lever du soleil apportant à tous la lumière et la vie; ensuite l'astre du jour s'élève dans les cieux, pour descendre en-suite vers l'horizon occidental. Entouré de feux intenses, il plonge dans l'océan, laissant derrière lui les nuances les plus délicates, que le peintre n'arrive jamais à reproduire à la perfection. Alors la lune, astre de la nuit, s'élève sur les collines de l'est, entraînant avec elle les étoiles et les constellations dans leur course vers le zénith, en suivant le soleil dans son éternelle course circulaire. L'écriture stellaire décrit sur la voûte céleste le passé, le présent et l'avenir de l'homme parmi les environnements changeants du monde concret, sans relâche ni repos tant que le temps durera.
Dans ce kaléidoscope toujours changeant des cieux, une seule étoile, appelée l'étoile polaire, reste à peu près stationnaire. Du point de vue de notre courte vie sur terre de cinquante, soixante ou cent ans, nous pouvons dire qu'elle est fixe. Lorsqu'un navigateur voyage sur l'étendue des mers, il sait qu'aussi longtemps qu'il se dirigera sur la base de ce repère, il arrivera sûrement à destination. Il n'est même pas découragé lorsque des nuages lui cachent l'étoile qui le guide, car il a une boussole magnétisée par un pouvoir mystérieux, si bien qu'à travers le soleil, la pluie et les brouillards, elle indiquera infailliblement cette étoile fixe, ce qui lui permet de se diriger avec autant de certitude que si elle était visible. En vérité, les cieux racontent les merveilles du Seigneur.
Ce qui existe dans le macrocosme, le grand univers qui nous entoure, se reflète aussi dans nos propres vies. A notre naissance, le soleil de notre vie se lève, et nous commençons notre ascension par les années de l'enfance et de la jeunesse jusqu'au zénith de l'âge adulte. Le monde changeant de notre milieu nous entoure de nos parents, père, mère, frères et soeurs. Avec nos amis, nos connaissances et nos ennemis, nous affrontons la lutte pour la vie avec la force plus ou moins grande acquise dans nos vies antérieures, pour payer les dettes contractées et pour supporter le poids de cette vie, ou peut- être pour les rendre plus lourdes, selon notre sagesse ou notre manque de bon sens.
Mais parmi toutes les circonstances changeantes de la vie et les vicissitudes de l'existence, nous avons cependant un grand, un sublime guide qui, de même que l'étoile polaire, ne nous fait jamais défaut, un guide toujours prêt, comme l'étoile fixe des cieux, à nous aider à diriger l'embarcation de notre vie vers les eaux calmes, et c'est Dieu. Il est significatif de lire dans la Bible que les rois mages, dans leur recherche du Christ, notre grand instructeur spirituel, ont également suivi une étoile les conduisant vers cette grande lumière spirituelle. Que penserions-nous d'un capitaine de vaisseau qui laisserait son navire voguer au hasard et l'abandonnerait à la merci des vents ou au caprice du sort? Serions-nous surpris d'apprendre qu'il a fait naufrage et perdu la vie sur des récifs? Sûrement pas, car c'eût été un miracle de le voir arriver à bon port.
Une merveilleuse allégorie se trouve inscrite en caractères cosmiques dans les cieux. Elle se trouve également gravée dans nos propres vies, et elle nous avertit d'abandonner la vie fugitive du monde matériel et de rechercher la vie éternelle de Dieu.
Nous ne restons pas sans guide, bien que le voile de la chair, l'orgueil de la vie et les convoitises nous aveuglent pour un temps. Mais comme la boussole du navigateur pointe sur l'étoile qui nous guide, ainsi l'esprit nous attire vers sa source avec une aspiration et un désir qui ne peuvent être entièrement comblés, quelles que soient les profondeurs du matérialisme dans lequel nous cherchons à les satisfaire. Nombreux sont ceux qui, maintenant, tâtonnent, cherchent et s'efforcent de résoudre le problème de ce trouble intérieur. Quelque chose semble les pousser, mais ils ne savent pas quoi; ils sont attirés vers le spirituel et cherchent quelque chose de plus élevé, notre Père Céleste. David a écrit dans le Psaume 139:
"Si je monte aux cieux, tu y est, Si je me couche au séjour des morts, t'y voilà Ta main droite me tiendra et me guidera." Et dans le Psaume 8, il dit:
"Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, La lune et les étoiles que tu as créées,
Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui? Et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde de lui? Tu l'as fait de peu inférieur aux anges, (Elohim) Tu l'as couronné de gloire et d'honneur, Tu lui as donné la domination sur les oeuvres de tes mains, Tu as tout mis sous ses pieds."
Ceci n'est pas nouveau pour ceux qui cherchent la lumière, qui ont fait leur possible pour vivre la vie régénérée, mais le danger existe qu'ils deviennent indifférents, qu'ils tombent dans la banalité spirituelle. C'est pourquoi, de même que le navigateur est constamment attentif et surveille la boussole, il est très important de se secouer constamment, de peur de s'endormir et de laisser aller notre embarcation à la dérive. Que chacun de nous se tourne vers cette étoile de l'espoir, cette grande lumière spirituelle, la seule chose vraiment réelle et de valeur, la vie de Dieu.