ENSEIGNEMENTS D'UN INITIÉ - TOME II

MAX HEINDEL



TABLE DES MATIERES

Introduction........................................................7

PREMIERE PARTIE - GLANES D'UN MYSTIQUE

Préface............................................................13

Chapitres 1 et 2 - L'Initiation, ce qu'elle est, ce qu'elle n'est pas
Partie 1...........................................................15
Partie 2...........................................................21

Chapitres 3 et 4 - Le sacrement de la communion
Partie 1...........................................................27
Partie 2...........................................................33

Chapitre 5 - Le sacrement du baptême...............................41
Chapitre 6 - Le sacrement du mariage...............................49
Chapitre 7 - Le péché impardonnable et les âmes perdues............57
Chapitre 8 - L'Immaculée Conception................................63
Chapitre 9 - Le retour du Christ...................................69
Chapitre 10 - L'âge futur..........................................75
Chapitre 11 - La viande et la boisson, facteurs de l'évolution.....81
Chapitre 12 - Un vivant sacrifice..................................91
Chapitre 13 - Magie blanche et magie noire.........................97
Chapitre 14 - Notre gouvernement invisible........................103
Chapitre 15 - Préceptes pratiques pour des gens pratiques.........109
Chapitre 16 - Le bruit, le silence et la croissance de l'âme......115
Chapitre 17 - Le "Mysterium Magnum" de la Rose-Croix..............123
Chapitre 18 - Pierres d'achoppement...............................129
Chapitre 19 - L'écluse élévatrice.................................137

Chapitre 20 et 21 - La signification cosmique de Pâques
Partie 1..........................................................143
Partie 2..........................................................149

Chapitre 22 - Le Christ nouveau-né................................155
Chapitre 23 - Pourquoi j'ai adopté la Philosophie Rosicrucienne...161
Chapitre 24 - La mission de The Rosicrucian Fellowship............167


DEUXIEME PARTIE - INTERPRÉTATION MYSTIQUE DE NOEL

Préface...........................................................177
Chapitre 25 - Signification cosmique de Noël......................179
Chapitre 26 - Le nouvel élément et la nouvelle substance..........183
Chapitre 27 - Le sacrifica annuel du Christ.......................191
Chapitre 28 - Le Soleil mystique de Noël..........................197
Chapitre 29 - La mission du Christ et la Grande Fête des Fées.....203


TROISIEME PARTIE - INTERPRÉTATION MYSTIQUE DE PAQUES

Préface...........................................................211
Chapitre 30 - Le Christ cosmique..................................213
Chapitre 31 - Un événement d'une grande portée mystique...........219
Chapitre 32 - La croix du Christ..................................235


QUATRIEME PARTIE - COMMENT RECONNAITRONS-NOUS LE CHRIST?

Chapitre 33 - Comment reconnaîtrons-nous le Christ lors de son retour........239


GLANES D'UN MYSTIQUE (tome 2 de "Enseignements d'un Initié")

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INTRODUCTION

Ce tome 2 des "Enseignements d'un Initié" qui n'existe pas en anglais, groupe les textes de cinq publications du Siège du Rosicrucian Fellowship. Tout d'abord, le livre auquel Mrs Heindel a donné le titre de "Glanes d'un Mystiques", suivi du texte de quatre brochures, précédemment groupées en français sous le titre "Les Grandes Forces de la Nature". Ces cinq publications ont été maintenues ensemble à cause de l'index établi au livre "Enseignements d'un Initié", tome 2.

La première brochure, intitulée "Esprits de la Nature et Forces de la Nature", publiée en 1937, contient exclusivement des extraits d'autres ouvrages: Cosmogonie des Rose-Croix, Mystères Rosicruciens, Mystères des Grands Opéras, Christianisme de la Rose-Croix, Questions et Réponses-tome 1; cette première brochure est néanmoins reprise ici in extenso car Mrs Heindel avait une raison bien précise de faire figurer ensemble ces extraits: à nous de la trouver. De plus, l'un des textes, intitulé "La mission du Christ et la grande Fête des Fées", se retrouve aussi dans "Interprétation mystique de Noël"; ce texte, bref mais très important, figure donc deux fois dans ce tome 2 en deux parties, afin de rester fidèle aux éditions anglaises.

Dans la préface de la première brochure, Mrs Heindel dit qu'elle a entendu de la bouche de Max Heindel maints récits, qui n'ont malheureusement pas été consignés, sur ses expériences avec les Esprits de la Nature. Elle ajoute que Max Heindel avait exprimé à plusieurs reprises son intention d'écrire un volume entier

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consacré aux Esprits de la Nature, mais que son dur labeur de pionnier ne lui avait pas permis de mener à bien ce travail.

Cependant, dans deux chapitres du livre de Prentiss Tucker, intitulé "Au pays des morts vivants", le lecteur trouvera d'intéressants renseignements à ce sujet. Même s'il n'est pas de Max Heindel lui-même, le texte de cette oeuvre a été publié de son vivant dans les "Rays from the Rose-Cross", et l'on peut imaginer qu'il a eu sa pleine approbation, puisqu'il était le rédacteur de ce périodique. On voit d'ailleurs que l'auteur connaît ce dont il parle, grâce à ses expériences, ses études et ses contacts avec Max Heindel.

La deuxième brochure a pour titre "Interprétation mystique de Noël". Le chapitre intitulé "Le Christ nouveau-né" est identique au chapitre 22 de "Glanes d'un Mystique".

La troisième brochure est intitulée "Interprétation mystique de Pâques". La plupart de ses textes ont été empruntés aux trois ouvrages suivants: Enseignement d'un Initié, chapitres 13 et 14, Glanes d'un Mystique, chapitres 20 et 21, et Questions et Réponses, tome 2. Le chapitre II de cette brochure, "Un événement d'une grande portée mystique", est édité pour la première fois intégralement, tel qu'il figure dans le numéro d'avril 1916 des "Rays from the Rose-Cross".

La quatrième brochure, intitulée "Comment reconnaîtrons-nous le Christ lors de son retour?" est le texte intégral d'une conférence donnée en 1913 par Max Heindel.

Au cours de la période pendant laquelle Max Heindel a envoyé des leçons à ses élèves, une bonne moitié a coïncidé avec la guerre de 1914 à 1918, et il va sans dire que ce retour à la barbarie, tel qu'il l'a qualifié, l'a

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beaucoup préoccupé. Dans ce volume, on trouvera quelques allusions à ce grand conflit, et comme les chapitres ne se suivent pas chronologiquement, nous en avons chaque fois indiqué les dates, afin de permettre aux lecteurs de faire les rapprochements éventuels.


PREMIERE PARTIE - GLANES D'UN MYSTIQUE

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PRÉFACE

Dans les pages de ce livre, on trouvera quelques-uns des derniers écrits mystiques de Max Heindel. Ils contiennent certaines de ses pensées les plus profondes et sont le résultat de plusieurs années d'études et de recherches occultes. Il pourrait dire, comme Parsifal "A force de chercher et de souffrir, je suis arrivé, à travers bien des échecs et des infortunes sans nombre". Il a finalement reçu l'eau vivifiante qui lui a permis d'étancher la soif spirituelle de nombreuses âmes. Il a aussi développé des qualités d'intenses compassion et d'amour du prochain, car son coeur battait à l'unisson de celui de l'humanité souffrante.

Les âmes fortes sont généralement douées de beaucoup d'énergie et d'un grand zèle, et c'est grâce à ces forces qu'elles se fraient un passage jusqu'aux premiers rangs, sans se laisser retenir par les souffrances qui sont souvent leur partage et qui développent chez ces êtres d'élite, une grande compassion pour les souffrances d'autrui. On peut dire, de l'auteur de ces écrits, qu'il a sacrifié son corps physique sur l'autel du service.

Par les livres et les messages mensuels qu'il a rédigés, par ses conférences et ses cours, par le travail ardu qu'il a fourni pour créer le Siège international du Rosicrucian Fellowship, tout cela dans le bref espace de dix ans, Max Heindel en a fait bien davantage que d'autres n'en auraient accompli durant toute une vie, même

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avec une excellente santé. Son premier livre, son chef d'oeuvre, la Cosmogonie des Rose-Croix , a été écrit sous la direction des Frères Aînés de la Rose- Croix. Ce livre apporte au monde un message fondamental, propre à satisfaire non seulement l'intelligence mais aussi le coeur. Son traité Franc-Maçonnerie et Catholicisme se trouve dans maintes bibliothèques maçonniques. Les occultistes ont trouvé de nombreux renseignements dans La Trame de la Destinée , qui est une mine de connaissances mystiques et de vérités occultes, en même temps qu'un guide pour le chercheur, avec de sérieuses mises en garde à l'intention des aventuriers qui voudraient "prendre le ciel d'assaut". En quelques années, il a donné à la science astrologique davantage que ce qu'elle avait découvert pendant des siècles. Ses trois ouvrages remarquables: Astrologie Scientifique Simplifiée , Le Message des Astres et Astro- Diagnostic traitent de l'aspect spirituel et médical de l'astrologie, avec, dans les deux derniers, des méthodes de diagnostic et de guérison qui représentent un sérieux apport aux ouvrages d'autres auteurs, anciens ou modernes. Ces livres se trouvent dans les bibliothèques de nombreux médecins de la vieille école.

Cet ouvrage-ci, Glanes d'un Mystique , contient vingt-quatre des leçons mensuelles que Max Heindel envoyait aux étudiants de la philosophie; et l'auteur de cette introduction souhaite que ces leçons (date d'envoi entre parenthèses) puissent transmettre un message d'amour fraternel et d'encouragement aux lecteurs avides de connaissances mystiques, et redonner l'espoir à ceux qui sont dans l'affliction. Augusta Foss Heindel

NB: partout où il est écrit "croissance spirituelle", il s'agit de la "croissance de l'âme" ("soul growth" dans le texte anglais, soit le "produit spiritualisé du corps triple"); voir Index "Cosmogonie des Rose-Croix".

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CHAPITRE 1 - L'INITIATION, CE QU'ELLE EST, CE QU'ELLE N'EST PAS - partie 1

Septembre 1914

Il n'est pas rare qu'on nous questionne sur l'initiation, ou qu'on nous demande si telle société ou tel ordre sont authentiques et si les initiations offertes par ces organismes à tous ceux qui veulent y mettre le prix sont vraiment de bon aloi. C'est la raison pour laquelle il nous a semblé nécessaire de donner quelques renseignements à ce sujet, afin que les étudiants du Rosicrucian Fellowship disposent à l'avenir d'une déclaration officielle qui puisse leur servir de guide.

Mais avant tout, qu'il soit bien entendu qu'à notre avis, on devrait s'abstenir de condamner n'importe quel ordre ou société, quelles que soient ses méthodes. Ces organisations peuvent être parfaitement sincères, selon leurs lumières . Nous ne croyons pas nous élever dans l'opinion des gens doués de discernement en parlant d'autres personnes en termes peu flatteurs; nous n'entretenons pas non plus l'illusion de posséder

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toute la vérité, alors que les autres sociétés seraient plongées dans la plus totale ignorance. Nous répétons ce que nous avons souvent dit, à savoir que toutes les religions ont été données à l'humanité par les Anges de Justice, qui connaissent les besoins spirituels de chaque classe, nation ou race. L'intelligence supérieure de ces guides leur permet de donner à chaque groupe un genre de culture parfaitement adapté à ses besoins particuliers, et c'est ainsi que l'Hindouisme convient aux Hindous, l'Islam aux Arabes, et le Christianisme à ceux qui sont nés dans l'hémisphère occidental.

Les Ecoles des Mystères de chaque religion procurent, aux membres les plus avancés de la race ou de la nation où cette religion est pratiquée, un enseignement supérieur qui, s'il est suivi et vécu , leur permet d'atteindre un niveau spirituel plus élevé que leurs contemporains. Mais comme la religion des races moins développées est d'un ordre inférieur à celle des pionniers de la civilisation, qui sont les nations chrétiennes, ainsi l'enseignement des Mystères orientaux est plus élémentaire que celui de l'Occident , et l'initié hindou ou chinois est également moins développé que le mystique occidental. Réfléchissez sérieusement à cette différence, afin de ne pas être la dupe de gens mal informés qui essaient de persuader les autres que la religion chrétienne est rudimentaire, comparée aux doctrines des Orientaux. C'est toujours vers l'ouest, en suivant le cours du soleil, lumière du monde, que se dirige l'étoile des empires et des civilisations. N'est-il pas raisonnable de supposer que l'avance de la lumière spirituelle a marché de pair avec la civilisation, ou même l'a précédée, comme la pensée précède l'action? Nous avons la certitude qu'il en est ainsi, que la religion chrétienne est la plus élevée de celles qui aient été données à l'humanité, et que répudier cette religion, que ce soit sous sa forme ésotérique ou exotérique, en faveur de l'un ou l'autre des systèmes antérieurs, est comparable au fait de préférer un ancien manuel scientifique à un nouveau qui mentionne toutes les récentes découvertes.

Il en est de même pour les méthodes suivies par les aspirants orientaux, notamment leurs exercices

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respiratoires qui ne devraient pas être pratiqués par les Occidentaux. Ces exercices sont à la fois utiles et nécessaires au développement des Hindous, mais ce n'est pas le cas pour les aspirants occidentaux. Pour ces derniers, il est dangereux de pratiquer ces exercices respiratoires en vue de se développer psychiquement; ils nuisent même à la croissance spirituelle et, d'ailleurs, ils sont absolument inutiles. En voici la raison:

Au cours de son involution, l'esprit triple s'est graduellement fixé dans un corps triple. Pendant l'Epoque Atlantéenne, l'humanité avait atteint le point le plus bas de la matérialité; par conséquent, nous venons seulement de dépasser le point extrême de la courbe involutionnaire et d'aborder la courbe évolutionnaire. A ce point, toute l'humanité se trouve donc emprisonnée dans ce corps terrestre, si bien que les vibrations spirituelles sont presque anéanties. Bien entendu, ceci s'applique tout particulièrement aux races moins développées, ainsi qu'aux classes arriérées du monde occidental. Dans les corps de ces êtres, les atomes vibrent à un degré excessivement bas, et lorsqu'un membre d'une telle classe s'est, avec le temps, développé jusqu'au point où il serait possible de lui faire suivre le Sentier de l'accomplissement, il est nécessaire d'élever le taux vibratoire de ses atomes, afin que le corps vital, qui est le facteur de la croissance spirituelle, puisse être libéré jusqu'à un certain point de la force neutralisante de l'atome physique. Ce résultat est atteint au moyen d'exercices respiratoires, qui ont pour effet d'accélérer, avec le temps, la vibration des atomes, et de permettre le développement psychique du sujet.

Ces exercices peuvent aussi être pratiqués par de nombreux Occidentaux, et tout spécialement par ceux qui ne s'intéressent pas à leur croissance de l'âme. D'ailleurs, même parmi ceux qui désirent progresser spirituellement, il en est beaucoup qui ne sont pas arrivés au point où les atomes de leur corps ont atteint un taux de vibration tel, qu'une accélération supplémentaire leur serait préjudiciable. Par contre, si ces exercices

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sont donnés à une personne arrivée au degré où elle pourrait suivre le sentier prévu pour les plus avancés des Occidentaux, plus précoces que les Hindous, autement dit, si elle est presque prête pour l'initiation et que des exercices spirituels lui soient profitables, alors le cas est absolument différent.

Pendant les âges qui se sont écoulés depuis le moment où nous habitions des corps hindous, notre évolution s'est poursuivie, et les vibrations de nos atomes se sont énormément accélérées. Comme déjà dit, chez celui qui est réellement presque prêt pour l'initiation, ce taux vibratoire est plus élevé que chez les gens ordinaires. Par conséquent, un tel être n'a pas besoin d'exercices respiratoires pour accélérer ses vibrations, mais de certains exercices spirituels qui conviennent à son cas et qui le feront progresser dans la bonne direction. Mais si une telle personne, parvenue à ce degré critique, rencontre quelqu'un qui, par ignorance ou manque de scrupules, lui donne des exercices respiratoires, et si elle suit scrupuleusement les instructions reçues dans l'espoir d'obtenir rapidement des résultats , elle les obtiendra rapidement, certes, mais d'une manière à laquelle elle était loin de s'attendre. En effet, le taux vibratoire des atomes de son corps s'accélèrera en peu de temps à un tel point, qu'elle aura le sentiment de marcher "sur de l'air"; d'autre part, il pourra s'effectuer une séparation anormale des éthers de son corps vital, qui provoquera soit la tuberculose pulmonaire, soit la folie. Aussi, gravez ceci profondément dans votre esprit, en lettres de feu: L'initiation est un processus spirituel; or le progrès spirituel ne peut s'accomplir par des moyens physiques, mais seulement par des exercices spirituels.

l y a en Occident plusieurs ordres qui déclarent pouvoir initier quiconque veut y mettre le prix . Certains de ces ordres portent des noms ressemblant de près au nôtre; et nos étudiants nous demandent constamment s'ils sont affiliés au Rosicrucian Fellowship. Pour régler cette question une fois pour toutes, veuillez noter que le

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Rosicrucian Fellowship n'a cessé d'enseigner qu'aucun don spirituel ne peut être vendu à prix d'argent . Si vous gardez ceci en mémoire, vous saurez que nous n'avons de relation avec aucun ordre demandant de l'argent pour transmettre des pouvoirs spirituels. Celui qui possède quelque chose de purement spirituel ne l'échangera jamais contre de l'argent. C'est l'injonction formelle que j'ai reçue des Frères Aînés dans le Temple spirituel des Rose-Croix, lorsqu'ils m'ont dit d'aller, comme leur messager, vers les peuples qui parlent l'anglais. Je ne m'attends pas à vous voir croire à cette déclaration si vous ne la voyez pas confirmée par des actes.

Mais pour en revenir à notre sujet "Qu'est-ce que l'initiation?", est-ce une cérémonie, comme l'affirment certains ordres? S'il en est ainsi, chaque ordre peut évidemment inventer des cérémonies plus ou moins sophistiquées. Il peut faire appel aux émotions par des effets de draperies ou de sabres qui s'entrechoquent; il peut aussi provoquer le saisissement et une sainte terreur par des bruits de chaînes et de gongs aux basses tonalités, produisant ainsi chez ses membres une "sensation occulte". Beaucoup de lecteurs du livre "Le Frère du Troisième Degré" se complaisent aux aventures et aux expériences du héros de ce récit et se figurent que c'est vraiment là l'initiation, mais je puis vous assurer que c'est bien loin d'être le cas. Aucune cérémonie ne pourra jamais donner à qui que ce soit cette expérience intérieure que constitue l'initiation, quels qu'en soient le prix payé, le caractère redoutable des serments, la pompe des cérémonies, la magnificence des vêtements. La conversion religieuse exotérique correspond exactement à ce qu'est l'initiation dans le mysticisme supérieur, et pourtant personne ne croirait qu'on peut transformer un pécheur en saint rien qu'en le faisant passer une cérémonie. Réfléchissez bien à ce parallèle, et vous aurez la solution du problème.

Croyez-vous qu'il serait possible de promettre à un individu au caractère dépravé de le convertir en échange d'une certaine somme d'argent, et ensuite de réaliser cette conversion? Vous savez sans doute qu'aucun

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montant, si élevé soit-il, ne pourrait accomplir un tel changement de caractère. Demandez à un véritable converti comment il a découvert sa religion et d'où il l'a reçue. L'un vous dira qu'il a reçu la lumière au cours d'une promenade, un autre vous apprendra que la lumière et le changement de caractère lui sont venus dans la solitude de sa chambre; un autre dira que la lumière l'a frappé de saisissement comme elle a saisi Paul sur le chemin de Damas, et l'a forcé à changer de conduite. Chacun a passé par une expérience différente, mais dans chaque cas il s'est agi d'une expérience intérieure ; et la manifestation extérieure de cette expérience a été un changement complet de la vie de l'intéressé , dans tous ses aspects, des plus minimes jusqu'au plus importants.

Il en va de même de l'initiation: c'est une expérience intérieure, qui n'a absolument rien à voir avec un cérémonial quelconque , aussi est-il complètement impossible à quiconque de la vendre à un tiers. L'initiation change la vie tout entière de l'intéressé et lui donne une confiance qu'il ne possédait pas auparavant. Elle lui confère une autorité qui ne pourra jamais lui être ôtée, quelles que soient les circonstances de sa vie. Cette initiation répand sur tout son être une merveilleuse lumière: comment une cérémonie pourrait-elle opérer un tel changement? Par conséquent, nous estimons que quiconque offre, à ceux qui peuvent y mettre le prix, l'initiation dans un ordre occulte au moyen de cérémonies, se désigne lui-même comme un imposteur. Car le véritable Instructeur, si un aspirant lui offrait de l'argent pour un développement spirituel, répondrait avec indignation par les paroles de Pierre à Simon le sorcier, qui lui offrait de l'argent pour obtenir des pouvoirs spirituels: "Que ton argent périsse avec toi!".

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CHAPITRE 2 - L'INITIATION, CE QU'ELLE EST, CE QU'ELLE N'EST PAS - partie 2

Octobre 1914

Pour nous faire une idée claire de ce qu'est l'initiation et de ce qui est requis pour franchir ce pas, commençons par nous pénétrer de l'îdée que l'humanité, en son ensemble, progresse très lentement sur le Sentier de l'évolution. C'est presque de manière imperceptible qu'elle parvient à des états de conscience de plus en plus élevés. Vu sous le seul angle du plan physique, le sentier de l'évolution se présente comme une spirale, mais lorsqu'on considère à la fois ses phases physiques et spirituelles il se présente comme une lemniscate (voir le tableau du caducée chimique dans la "Cosmogonie des Rose-Croix", à la fin du chapitre 15).

La lemniscate, qui correspond à la forme d'un chiffre 8, comporte deux cercles se rejoignant sur un point central; et ces cercles peuvent être regardés comme le symbole de l'Esprit immortel, l'Ego en cours d'évolution. L'un des cercles représente sa vie dans le monde physique, de la naissance à la mort; l'autre, son

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existence dans l'au-delà. Au cours de sa vie terrestre, chacun des actes de l'Ego représente une semence, dont il devrait récolter une certaine dose d'expérience. Mais tout comme nous pouvons ensemencer un champ et ne rien récolter de ce qui est tombé dans les cailloux, les épines et les chardons, etc., il en est de même des occasions de progrès spirituel gaspillées en raison de notre négligence à travailler notre sol pour faire fructifier nos talents, si bien qu'alors la vie est stérile et ne porte pas de fruits. Inversement, de même que des soins diligents dans la culture augmentent énormément le rapport de nos semailles, ainsi une sérieuse application aux affaires de notre vie, le fait de saisir les occasions, d'en apprendre les leçons, d'assimiler les expériences que nous offre notre milieu, nous apporte de nouvelles occasions de progresser, si bien qu'à la fin de notre existence terrestre, l'Ego se présente au seuil de la mort, chargé d'une abondante récolte, représentant le fruit de cette vie.

Le travail objectif de l'existence est terminé, la journée d'activité a pris fin, et l'Ego aborde maintenant la phase de son travail subjectif d'assimilation, qui s'accomplit pendant son séjour dans les mondes invisibles. Il traverse ces mondes au cours de la période qui s'écoule entre la mort et une nouvelle naissance, période symbolisée par l'autre cercle de la lemniscate. Les méthodes pour accomplir cette assimilation ayant été minutieusement décrites dans notre littérature, il est inutile de les répéter ici. Disons simplement que lorsque l'Ego arrive au point de jonction qui se trouve entre le monde physique et les plans invisibles et que nous appelons le portail de la naissance ou de la mort, selon que l'Ego entre dans la région où nous pouvons être en ce moment, ou qu'il la quitte, il apporte avec lui un bagage de facultés et de talents acquis dans ses existences précédentes. Il peut, à son choix, le faire fructifier ou le négliger pendant cette nouvelle incarnation, mais c'est de l'usage qu'il fera de ce qu'il possède que dépendra sa croissance spirituelle.

Si pendant de nombreuses vies, il satisfait principalement sa nature inférieure, laquelle vit pour manger,

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boire et s'amuser, ou bien s'il passe sa vie en rêveries métaphysiques sur la nature de Dieu, persistant à s'abstenir de toute action à laquelle il n'est pas contraint, il sera graduellement dépassé et laissé en arrière par les esprits plus actifs et progressistes. Les grands groupes de ces désoeuvrés forment ce que nous appelons les "races arriérées", alors que ceux qui sont actifs, alertes, prêts à saisir les occasions de progrès qui se présentent, sont les pionniers. Contrairement à l'opinion courante, ceci s'applique aussi à ceux qui travaillent dans l'industrie. Leur intérêt à gagner de l'argent n'est qu'accessoire, c'est un stimulant et, à part cet aspect, leur travail est aussi spirituel, ou même davantage que celui des êtres qui passent leur temps en prières au détriment de tout travail utile.

Il est donc évident que la croissance spirituelle s'accomplit par la méthode d'évolution, laquelle requiert l'action dans la vie physique, suivie, après la mort, par un processus d'assimilation au cours duquel les leçons de la vie écoulée sont extraites et complètement incorporées à la conscience de l'Ego, tandis que les expériences elles-mêmes sont oubliées - tout comme nous avons perdu le souvenir de la peine que nous avons eue à apprendre la table de multiplication, bien que la faculté de nous en servir nous reste.

Ce procédé excessivement lent et fastidieux est parfaitement adapté aux besoins des masses, mais il y a des personnes qui épuisent les expériences couramment données et qui réclament et méritent un champ d'action plus étendu, où leur énergie puisse se donner libre cours. Ces pionniers se divisent en deux classes, selon leur tempérament.

L'une de ces classes, guidée par sa dévotion pour le Christ, suit simplement les impulsions du coeur dans ses actes de charité envers autrui. Ce sont des êtres d'élite, des phares qui rayonnent l'amour sur un monde de souffrance, jamais poussés par des motifs intéressés, toujours prêts à sacrifier leur agrément personnel pour aider les autres. Tels étaient les saints; ils travaillaient autant qu'ils priaient, sans jamais se dérober à l'une ou

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l'autre de ces activités. Mais ils ne sont pas morts; nous en avons toujours parmi nous, et la terre serait un désert aride, malgré toute la civilisation, s'ils n'étaient pas toujours en route pour apporter leur aide et si la vie des affligés n'étaient pas illuminée par l'espoir qui luit sur leur beau visage. Si seulement ils possédaient la connaissance qui est l'apanage de l'autre classe, ils la distanceraient rapidement dans la course vers le Royaume de Dieu.

L'esprit intellectuel est la principale caractéristique de l'autre classe. En vue de l'aider dans ses efforts pour progresser, on a fondé dans l'Antiquité des Ecoles de Mystères où le drame du Cosmos était joué pour donner à l'âme de l'aspirant, pendant son extase, des réponses à ses questions sur l'origine du monde et la destinée de l'humanité. Revenu à lui, le néophyte recevait, sur la science sacrée, des enseignements qui lui montraient comment s'élever plus haut en suivant la méthode de la Nature - laquelle est Dieu en manifestation - consistant à semer les graines de l'action, à méditer sur les expériences qui en découlent et à en assimiler l'essence morale, ajoutant ainsi à sa croissance spirituelle. Chose importante, alors que dans le cours ordinaire de l'existence, toute la vie se passe à semer, et le séjour d'outre-tombe à méditer et à assimiler la substance de l'âme, ce cycle d'environ un millier d'années peut être réduit à un seul jour, selon la maxime mystique "Un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour" (2 Pierre 3/8). Autrement dit, en méditant sur le travail, quel qu'il soit, accompli en une journée, avant de franchir le point neutre entre la conscience de veille et le sommeil, on peut en incorporer l'essence à la conscience de l'esprit comme un pouvoir que l'âme peut utiliser. Lorsque cet exercice est fidèlement accompli, les péchés de chaque jour ainsi passé en revue sont réellement effacés, et l'homme commence, en quelque sorte, chaque jour une nouvelle vie, avec le pouvoir de l'âme acquis dans toutes les journées précédentes de sa vie de candidat.

Mais!...Oui, il y a un grand "mais", car on ne triche pas avec la Nature ; on ne se joue pas de Dieu. "On

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récolte ce que l'on a semé" (Galates 6/7). Ne croyons pas que de revoir d'une manière formaliste les événements de la journée en se disant peut-être négligemment "je voudrais bien n'avoir pas fait cela" lorsqu'on revoit une scène où l'on a réellement mal agi, nous évitera le courroux à venir. Lorsque, au moment de la mort, nous passons au purgatoire et que le panorama de la vie écoulée se déroule à rebours pour nous montrer d'abord les effets, et ensuite les causes qui leur ont donné naissance, nous éprouvons beaucoup plus intensément les peines que nous avons causées à autrui, et si nous ne faisons pas nos exercices de la même manière, en vivant chaque soir l'enfer que nous avons mérité, en ressentant vivement chaque douleur infligée par nous, ils ne nous seront d'aucune utilité. Nous devons aussi tâcher de ressentir intensément de la reconnaissance pour les bontés reçues d'autrui, et ne pas oublier de nous féliciter du bien accompli par nous-mêmes.

C'est seulement de cette manière que nous pourrons vivre à l'avance notre existence d'outre-tombe et progresser de manière rationnelle vers le but de l'initiation. Le plus grand danger pour l'aspirant suivant ce sentier est de se laisser prendre au piège de l'égotisme (sentiment exagéré de sa valeur, infatuation) et sa seule sauvegarde est de cultiver la foi, la dévotion et une sympathie qui englobe tous les êtres. C'est difficile, mais cela peut être fait, et celui qui y parvient acquiert un merveilleux pouvoir de faire du bien dans le monde.

Si l'étudiant a bien réfléchi à ce qui précède, il aura probablement saisi l'analogie entre le cycle de longue durée de l'évolution, et les cycles journaliers qui représentent autant d'étapes sur le sentier de la préparation. Il doit bien se rendre compte que personne ne peut faire à sa place ce travail d'après-vie et lui transmettre la croissance de l'âme qui en résulte, pas plus qu'on ne peut manger la nourriture de quelqu'un et lui transmettre la substance et la croissance qui en découleraient. Vous trouvez illogique le fait d'offrir de diminuer le séjour d'une âme au purgatoire, comme le font certains prêtres, mais comment pouvez-vous

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croire que quelqu'un d'autre soit capable, à n'importe quel prix, d'éluder en votre nom la nécessité d'un certain nombre de passages au purgatoire, et de vous transmettre le pouvoir de l'âme dont vous pourriez disposer si vous aviez continué le cours naturel de la vie jusqu'au moment où vous auriez été prêt pour l'initiation? Voilà cependant à quoi correspond l'offre d'initier quelqu'un qui ne se trouve pas devant le seuil. Vous devez avoir accumulé le pouvoir de l'âme nécessaire à l'initiation, faute de quoi personne ne saurait vous initier. Si vous l'avez, vous êtes parvenu au seuil par vos propres efforts, et vous pouvez revendiquer l'initiation comme un droit que personne n'oserait contester ou dénier. Si vous ne l'avez pas et s'il pouvait être acheté, une fortune entière n'atteindrait pas à la valeur d'un tel privilège; et celui qui vous l'offre pour une poignée de dollars est aussi ridicule que celui qu'il dupe. Rappelez-vous que si quelqu'un offre de vous initier dans un ordre occulte, qu'il l'appelle Rose-Croix ou de tout autre nom, sa demande du versement de "droits d'initiation" le classe immédiatement comme imposteur. L'explication que cet émolument sert à l'achat d'accessoires, vêtements de cérémonie, etc., n'est qu'une évidence supplémentaire de la nature fallacieuse de l'ordre, car nous n'insisterons jamais assez sur le fait que l'initiation n'est pas une cérémonie extérieure , mais une expérience intérieure . Je puis ajouter que, dans le Temple mystique où j'ai reçu la Lumière, les Frères Aînés m'ont posé une condition formelle, à savoir que leur science sacrée ne devait jamais être monnayée . L'ayant reçue gratuitement, je dois la transmettre gratuitement, et j'ai obéi à cette injonction à la fois en esprit et à la lettre, comme le savent tous ceux qui ont eu affaire au Rosicrucian Fellowship.

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CHAPITRE 3 - LE SACREMENT DE LA COMMUNION - partie 1

Août 1911

Pour arriver à la pleine compréhension de la profonde signification de ce sacrement et de la manière dont il a été institué, il nous faut considérer l'évolution de notre planète et des différents corps de l'homme, une évolution qui a entraîné des changements successifs dans notre mode d'alimentation. Pour plus de clarté, nous allons résumer brièvement les enseignements relatifs à cette évolution. Ils ont été expliqués plus en détail dans notre littérature et plus spécialement dans la Cosmogonie des Rose-Croix.

Dans les temps les plus reculés, les Esprits vierges qui sont devenus l'humanité actuelle ont commencé leur pèlerinage à travers la matière, afin que, par la friction découlant de l'existence concrète, leurs pouvoirs latents puissent être transformés en énergie utilisable comme pouvoir de l'âme. Pendant les trois périodes de Saturne, du Soleil et de la Lune, trois voiles successifs de matière d'une densité croissante ont été acquis par les esprits en cours d'involution. De cette manière, chaque esprit s'est trouvé séparé des autres, aussi sa conscience, incapable de traverser les murs de prison de la matière pour communiquer avec les autres esprits,

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a été forcée de se tourner vers l'intérieur, où l'homme s'est découvert lui- même , arrivant ainsi à la conscience de soi.

Pendant les époques Polaire, Hyperboréenne et Lémurienne de la période de la Terre, ces voiles ont continué à s'épaissir. Au cours de l'époque Atlantéenne, l'homme a reçu un nouveau véhicule, l'intellect, comme point de jonction entre l'esprit et le corps. Cette addition a complété la constitution de l'homme, lequel s'est dès lors trouvé complètement équipé pour conquérir le monde et pour produire le pouvoir de l'âme résultant de ses efforts et de ses expériences. Etant désormais doué de libre arbitre, chaque homme n'a plus connu d'autres limites que les lois naturelles et les conséquences de ses propres actions passées.

Pendant le temps où l'homme en devenir poursuivait ainsi son évolution, de sublimes Hiérarchies créatrices ont guidé chacun de ses pas. Rien n'était laissé au hasard; et la nourriture elle-même était choisie de manière à fournir à l'être humain les matières lui permettant de construire les véhicules de conscience nécessaires au développement de son âme. La Bible mentionne les stades successifs de cette évolution, bien que Nemrod soit mal placé, car il n'a pas symbolisé les rois atlantéens d'avant le déluge, mais bien ceux qui ont suivi.

Au cours de l'époque Polaire, la matière minérale pure est devenue partie constituante de l'homme, et c'est ainsi qu'Adam a été fait "du limon de la terre", du moins en ce qui concerne son corps physique.

L'époque Hyperboréenne a été celle de l'adjonction du corps vital, donnant à l'homme une constitution semblable à celle de la plante, et Caïn , l'homme de cette époque, vivait des produits du sol.

L'époque Lémurienne a été celle de l'évolution du corps du désir, qui a rendu l'homme comparable à nos animaux actuels. Pour répondre à cette nouvelle situation, le lait, produit d'animaux vivants, a été ajouté à la nourriture de l'homme. Abel était berger, mais il n'est dit nulle part qu'il ait tué un animal.

Dans ce temps-là, l'humanité vivait dans l'innocence et la paix, enveloppée dans la brumeuse atmosphère de

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brouillard qui entourait la Terre depuis la fin de l'époque lémurienne. Les hommes étaient comme les enfants d'un même père, jusqu'au moment où, au début de l'époque Atlantéenne, l'intellect leur a été donné. L'activité mentale use des tissus qui doivent être remplacés; plus cette pensée est basse et matérielle, plus grand est le dégât, et plus le besoin d'albumine se fait pressant pour réparer promptement les ravages. C'est alors que la nécessité, mère de l'invention, introduisit la pratique répugnante de manger de la viande et, aussi longtemps que nous persisterons à penser de manière commerciale ou matérielle, nous devrons continuer de faire de notre ventre le réceptacle des corps en décomposition de nos victimes assassinées. Néanmoins, il est juste d'ajouter que c'est la nourriture carnée qui nous a permis d'accomplir les merveilleux progrès matériels du monde occidental, alors que les végétariens des pays orientaux sont demeurés en arrière sur ce point. Il est triste de se dire qu'ils seront forcés de marcher sur nos traces en versant le sang de nos frères inférieurs quand nous aurons déjà dépassé cette pratique barbare, tout comme nous avons renoncé au cannibalisme.

Plus nous nous développerons spirituellement, plus nos pensées s'harmoniseront avec le rythme de notre corps, et moins nous aurons besoin d'albumine pour reconstituer nos tissus. A ce moment, un régime végétarien suffira à nos besoins. Pythagore conseillait l'abstinence de légumineuses (pois, haricots, fèves, lentilles, etc.) à ses élèves avancés , parce qu'elles sont riches en albumine et susceptibles de ranimer nos apétits inférieurs. Que l'étudiant qui lit ceci n'en conclue pas étourdiment qu'il doit éliminer les légumineuses de son alimentation, car la plupart d'entre nous n'est pas prête pour des mesures aussi extrêmes. Nous ne conseillerions même pas à tous nos étudiants de s'abstenir entièrement de viande. Le changement doit venir de l'intérieur, mais on peut affirmer à coup sûr que la plupart des gens mangent beaucoup trop de viande

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pour leur santé. Toutefois, ceci est, en un certain sens, une digression, et nous revenons au sujet de l'évolution future de l'humanité, en rapport avec le Sacrement de la Communion.

Avec le temps, l'épais brouillard qui enveloppait la Terre se refroidit, se condensa et inonda les divers bas-fonds. L'atmosphère s'éclaircit et, en même temps que s'opérait ce changement atmosphérique, il se produisait une adaptation physiologique de l'homme. Les branchies qui lui avaient permis de respirer dans l'air chargé d'eau - et qu'on peut encore observer dans le foetus humain - se sont graduellement atrophiées, et leurs fonctions ont été assumées par les poumons, l'air passant dès lors à travers le larynx, un organe permettant à l'esprit, jusqu'alors captif dans la prison de la chair, de s'exprimer en paroles et en actes.

C'est vers le milieu de l'époque Atlantéenne que le Soleil brilla pour la première fois sur l'homme tel que nous le connaissons, comparable à un premier-né en ce monde. En effet, jusqu'ici, il était resté sous la tutelle absolue des grandes hiérarchies spirituelles, sans voix ni choix concernant son éducation, tout comme un enfant est entièrement sous la tutelle de ses parents.

Mais le jour où il a finalement émergé de l'atmosphère dense de l'Atlantide, où il a contemplé pour la première fois les montagnes se détachant en contours précis sur un ciel d'azur, lorsqu'il a vu les beautés des landes et des prés, les animaux terrestres, les oiseaux et l'homme son semblable; une fois que sa vision eut cessé d'être réduite par l'obscurité partielle du brouillard qui, auparavant, l'empêchait de voir nettement, et surtout en se voyant lui-même séparé et distinct de tous les autres , alors s'échappa de ses lèvres le cri triomphant et joyeux: "je suis".

A ce degré, il avait acquis des facultés lui permettant d'entrer à l'Ecole de l'expérience, ou monde des phénomènes, pour y apprendre librement les leçons de la vie, sans autres entraves que les lois naturelles , qui sont sa sauvegarde, et les réactions de ses propres actes antérieurs, qui forment sa destinée .

L'excès d'albumine provenant de la viande dont il se gavait tendait à surcharger son foie et à engorger son

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organisme, le rendant morose, renfrogné et abruti. Il perdait rapidement la vision spirituelle qui lui avait permis d'apercevoir les Anges gardiens en qui il avait confiance, et il ne vit bientôt plus autre chose que les formes des animaux et des hommes. La vision des esprits avec lesquels il avait vécu dans un climat de tendre fraternité dans l'Atlantide était obscurcie par le voile de la chair. Tout était différent, étrange, et il s'est mis à les craindre . Il était donc devenu nécessaire de lui donner un nouvel aliment qui puisse aider son esprit à subjuguer les molécules hautement individualisées de la chair animale (ainsi qu'il est expliqué dans la "Cosmogonie des Rose-Croix", chapitre 17, sous-titre "La loi d'assimilation") en rendant les individus capables de lutter dans le monde et en les encourageant à s'affirmer.

Nos corps physiques étant formés de combinaisons d'éléments chimiques, ne peuvent se nourrir que de substances appartenant à la région chimique, mais du moment qu'il fallait agir sur l'esprit, il fallait aussi avoir recours à un esprit pour l'aider à dissocier les lourdes protéines, en stimulant l'esprit humain défaillant.

Les récits de la vie de Noé et de Moïse se rapportent à la même suite d'événements: la sortie de l'Atlantide inondée et les êtres humains libérés de la tutelle de gardiens supra-humains visibles, pour être soumis à l'action de la loi de cause à effet et à celle des lois naturelles . On y mentionne en outre le don d'une boisson nouvelle, le vin .

Noé et Moïse ont tous deux guidé leur peuple à travers les eaux. Moïse prend les cieux à témoin du fait qu'il a laissé ses fidèles devant le choix entre la bénédiction et la malédiction, tout en les exhortant à choisir la voie du bien ou, sinon, à subir les conséquences de leurs actes; ensuite, il les quitte.

Pour que le phénomène de l'arc-en-ciel puisse se produire, il faut que le soleil soit le plus près possible de l'horizon, dans une atmosphère claire et qu'il y ait, à l'opposé, un nuage chargé de pluie. Ces conditions étant remplies, si on tourne le dos au soleil, on peut voir la réfraction de ses rayons à travers les gouttes de pluie,

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sous forme d'arc-en-ciel. Par contre, au début de l'époque Atlantéenne, alors qu'il n'y avait encore jamais eu de pluie et que l'atmosphère se composait d'une brume chaude et humide au travers de laquelle le soleil luisait faiblement, à la façon d'une lumière électrique dans le brouillard, le phénomène de l'arc-en-ciel était une impossibilité. Il ne pouvait se produire avant que le brouillard se soit changé en pluie, inondant les bas-fonds de la Terre et laissant une atmosphère éclaircie. C'est ce que relate le récit de Noé et de son arche, et l'arc-en-ciel est le signe d'une époque faisant se succéder le jour et la nuit, l'été et l'hiver, d'une manière invariable; et l'homme restera soumis à cette Loi des Cycles alternatifs jusqu'à la fin du présent Age. Noé a cultivé la vigne et en a tiré un "esprit" propre à stimuler l'homme. Ainsi, pourvue d'une constitution complexe, d'un régime alimentaire diversifié et répondant à ses besoins, avec des lois divines pour la guider, l'humanité a été laissée à elle-même dans sa lutte pour l'existence.

(Ce chapitre 3 est commenté dans la "Lettres aux Etudiants" n. 9)

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CHAPITRE 4 - LE SACREMENT DE LA COMMUNION - partie 2

Août 1912

"En mémoire de moi"

"Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, le rompit, en disant: "Prenez et mangez; ceci est mon corps qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi". De même, après avoir mangé, il prit la coupe et dit: "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang: toutes les fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi. Car chaque fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou qui boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur...Car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit sa propre condamnation. C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup d'infirmes et de malades, et que beaucoup sont morts" (I Corinthiens 11:23-30).

Ainsi que nous le verrons plus loin, les passages ci-dessus renferment un profond sens ésotérique. Mais

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arrêtons-nous d'abord aux mots "en mémoire de moi", car ensuite nous serons mieux à même de comprendre ce que signifient la "coupe" et le "pain".

Supposons qu'un étranger venu d'un pays lointain arrive parmi nous et parcourt la région; il trouvera partout de petits groupes qui se réunissent pour célébrer le plus sacré des rites chrétiens. S'il en demande le motif, on lui dira que c'est en mémoire d'un Etre qui était la bonté et l'amour personnifiés, un Etre qui s'était fait le serviteur de tous, sans se préoccuper de gagner ou de perdre quoi que ce soit. Si alors cet étranger s'avisait de comparer l'attitude de ces groupes le dimanche, lors de la célébration de ce rite, avec leur vie civique pendant le reste de la semaine, que verrait-il?

Chacun de nous est placé dans le monde pour y prendre part à la lutte pour l'existence. Sous la loi de nécessité, nous oublions l'amour qui devrait inspirer toute vie chrétienne, aussi chacun "lève la main contre son frère". Chacun lutte pour sa position sociale, pour la richesse et pour le pouvoir qui en découle. Dès le lundi, nous oublions l'idéal auquel nous rendions hommage le dimanche, et c'est pour cela que la pauvreté règne dans le monde entier.

Nous faisons aussi une distinction entre, d'une part, le pain et le vin de la Communion et, d'autre part, la nourriture prise pendant nos repas quotidiens. Mais rien ne justifie cette distinction, ainsi qu'on peut s'en rendre compte en laissant tomber les mots que certaines versions indiquent en italique (chaque fois que vous "en" boirez, "ce" pain, "cette" coupe). Au contraire, nous lisons dans le chapitre précédent (verset 31) "que vous mangiez, que vous buviez, faites tout à la gloire de Dieu".

Chacun de nos actes devrait être accompli comme une prière. L'"action de grâce" dont on s'acquitte par habitude avant le repas est en réalité un blasphème; et la pensée silencieuse de gratitude envers Celui qui nous donne le pain quotidien est bien préférable.

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En nous rappelant à chaque repas que cette nourriture provient de la substance terrestre qui est le corps de l'Esprit intérieur du Christ, nous pouvons bien comprendre comment ce corps est quotidiennement "rompu" pour nous sustenter, et nous pouvons apprécier toute l'étendue de cet amour qui a poussé le Christ a se sacrifier pour nous. En effet, n'oublions pas qu'il n'y a pas un seul instant du jour ou de la nuit où il ne souffre d'être ainsi lié à la Terre. Si, en mangeant, nous sommes pleinement conscients de cette situation, nous pensons à la mort de notre Seigneur, dont l'esprit "gémit et souffre les douleurs de l'enfantement" (Romains 8:22) dans l'attente du jour de la libération, ce jour où nous n'aurons plus besoin d'un milieu aussi dense que l'actuel.

Mais il y a, dans ces paroles du Christ, un autre mystère, plus grand et plus merveilleux, qui s'y trouve dissimulé. Avec sa rare intuition de grand musicien, Richard Wagner a pressenti cette signification alors que, le Vendredi-Saint, il méditait en face d'un paysage du lac de Zurich et qu'une question s'est soudain présentée à son esprit: "Quel rapport peut-il bien y avoir entre la mort du Sauveur et les millions de pousses qui sortent de terre à ce moment de l'année?" En méditant sur cette vie surabondante qui se diffuse au printemps de chaque année, nous avons le sentiment qu'il s'agit d'une force prodigieuse et merveilleuse, d'un torrent de vie qui transforme le globe et le fait passer en peu de temps d'un état mort et de gel à celui d'une verte jeunesse. Cette vie qui pénètre ainsi les bourgeons de ces innombrables millions de plantes, c'est celle de l'Esprit de la Terre.

C'est à lui que nous sommes redevables du blé et du raisin, qui sont le corps même, et le sang, de l'Esprit emprisonné dans la Terre. C'est lui qui nous donne la nourriture nécessaire à nos besoins matériels durant cette phase de notre évolution. Nous rejetons la prétention de ceux qui déclarent que le monde doit les entretenir sans qu'ils fassent l'effort d'assumer leurs responsabilités matérielles . Néanmoins, nous insistons

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sur le fait qu'il existe aussi une responsabilité spirituelle liée au pain et au vin (voir dans la "Lettres aux Etudiants" n. 89 ainsi qu'au n. 90 du 2e volume de "Questions et Réponses", une interprétation basée sur des recherches ultérieures de Max Heindel dans la Mémoire de la Nature, montrant qu'il s'agissait d'eau et non de vin) distribués lors de la dernière Cène: il faut se montrer digne de cette nourriture, sous peine de maladie et de mort . Cette interprétation des Ecritures peut sembler exagérée, mais à la lumière des enseignements ésotériques et des diverses traductions de la Bible, par comparaison aux conditions du monde actuel, nous trouverons qu'en fin de compte cette explication n'est pas paradoxale.

Pour commencer, il nous faut revenir à l'époque où l'homme vivait sous la tutelle des Anges, en train de construire inconsciemment les corps que nous utilisons aujourd'hui. Cela se passait dans l'ancienne Lémurie, et l'homme avait à la fois besoin d'un cerveau pour le développement de la pensée, et d'un larynx pour son expression verbale. A cet effet, une moitié de la force créatrice a été dirigée vers le haut pour permettre à l'homme de construire ces deux organes. Ainsi, l'être humain est devenu unisexué et à dû avoir recours à un partenaire de sexe opposé pour créer un nouveau corps destiné à servir d'instrument dans une phase plus élevée de son évolution.

Tant que l'union des corps s'est accomplie sous la tutelle éclairée des Anges, l'existence de l'homme était exempte de tristesse, de souffrance et de mort. Mais lorsque, sous l'influence des Esprits Lucifériens, il s'est mis à manger le fruit de l'arbre de la connaissance et qu'il a commencé à se reproduire sans tenir compte des lignes de force interplanétaires, il a transgressé la loi, et les corps ainsi formés se sont exagérément cristallisés. D'une manière beaucoup plus rapide et perceptible que jusqu'ici, ces corps ont été sujets à la mort, aussi l'homme a dû en créer plus fréquemment de nouveaux, à mesure que diminuait la durée de la vie terrestre. Les gardiens célestes de la force créatrice l'avaient chassé du Jardin où régnait l'amour , dans le

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désert du monde, et il est devenu responsable de ses actes sous la loi cosmique qui régit l'Univers. Ainsi, il a lutté durant les âges, essayant de trouver lui-même son salut et, de ce fait, la Terre s'est cristallisée de plus en plus.

Les Hiérarchies divines, y compris le Christ, ont travaillé de l'extérieur sur la Terre, à la manière dont les Esprits-Groupes guident les animaux dont ils ont la charge, mais comme le dit si bien Saint Paul, personne ne pouvait se justifier sous la Loi, car sous la Loi tous étaient pécheurs et tous devaient mourir (Romains 7:7-9). Dans l'ancienne Alliance, il n'y a aucun espoir au- delà du présent, si ce n'est la perspective de la venue d'un Etre qui rétablirait le Bien, et c'est pourquoi Saint Jean nous dit que la Loi avait été donnée par Moïse, mais que la Grâce nous est venue par le Christ.

Mais qu'est-ce que la Grâce ? La Grâce peut-elle opérer contrairement à la Loi et l'abolir complètement? Certainement pas, car les lois de Dieu sont stables et sûres, sinon l'Univers retournerait au Chaos. La Loi de pesanteur, par exemple, maintient nos maisons en place par rapport aux autres maisons, si bien qu'en les quittant nous sommes sûrs de les retrouver au même endroit. De la même manière, tous les autres domaines du Cosmos sont soumis à des lois immuables.

Puisque la Loi sans l'amour a fait naître le péché, ainsi le fruit de la Loi que tempère l'amour est la Grâce . Nous pouvons en prendre un exemple dans nos conditions sociales: nous avons des lois qui requièrent une certaine peine pour un délit donné et, lorsqu'une telle loi est appliquée, nous appelons cela justice . Mais une longue expérience commence à nous enseigner que la justice pure et simple est semblable aux dents du dragon de Colchide, qui donnaient naissance à autant de guerriers; elle provoque indéfiniment des querelles et des luttes qui vont croissant. Celui qu'on appelle un criminel reste un criminel et s'endurcit de plus en plus sous les sanctions de la loi, mais lorsque le régime actuel, moins sévère, permet au délinquant de bénéficier d'une mesure de sursis, il est alors sous le régime de la grâce et non sous celui de la loi. Ainsi le chrétien

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qui s'efforce de marcher sur les traces du Maître, est libéré de la loi du péché par la grâce, à condition d'abandonner le sentier du péché.

Nos ancêtres de l'ancienne Lémurie ont commis le péché de dissiper leur semence sans observer la Loi et sans aimer, mais les chrétiens ont le privilège de pouvoir se racheter par la pureté de leur vie, en souvenir du Christ. Saint Jean écrit: "Sa semence demeure en lui" (1 Jean 3:9) et c'est là le sens caché du pain et du vin. Dans la plupart des versions, nous lisons simplement "cette coupe est la nouvelle alliance", mais en allemand le mot utilisé est Kelch , qui signifie calice, un mot figurant également dans la version latine (calix). Dans le mot "potêrion" de la version grecque, nous découvrons un sens encore plus subtil, révélé par l'étymologie du mot anglais "pot", un réceptacle pouvant contenir, comme le "calice", un liquide. Les mots anglais "potent" et "impotent", lesquels s'appliquent à ceux qui possèdent, ou ne possèdent pas, la force virile (en français "puissant" ou "viril" et "impuissant") confirment ce sens du mot grec, qui suggère la manière dont l'homme est destiné à se transformer en surhommme.

Avant de devenir les êtres humains que nous sommes, nous avons déjà vécu des existences analogues à celles des minéraux, des végétaux et des animaux. D'autres étapes de notre évolution sont devant nous et nous rapprocheront de plus en plus du Divin. Il est facile d'admettre que ce sont nos passions animales qui freinent notre avancement sur le sentier de la perfection, car la nature inférieure ne cesse de lutter contre le Moi supérieur. Du moins, chez ceux qui ont fait l'expérience d'un éveil spirituel, une lutte silencieuse se livre en eux, une lutte d'autant plus âpre qu'elle est plus refoulée. Avec sa maîtrise de poète, Goethe a exprimé ce sentiment dans les paroles qu'il prête à Faust, l'aspirant, lorsqu'il s'adresse à son ami Wagner, plus matérialiste:

"Toi, tu n'est poussé que par un seul élan;
Puisses-tu ne jamais connaître l'autre!
Deux âmes, hélas, se partagent mon coeur,

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Et luttent pour la suprématie.
L'une, de toutes ses fibres, s'attache à la terre
Et s'y cramponne avec passion.
L'autre, pleine d'une ardeur sacrée, aspire
A s'élever dans des sphères plus pures."

Le Christ savait que ceux qui avaient eu un éveil spirituel devaient absolument observer la loi de chasteté, sauf pour procréer, et c'est ce qui lui a dicté ses paroles. Et l'Apôtre Paul a énoncé une vérité ésotérique lorsqu'il a dit que toux ceux qui communient sans vivre la vie régénérée sont en danger de maladie et de mort . En effet, sous la sauvegarde spirituelle, une vie pure peut élever considérablement le disciple, alors qu'au contraire le manque de chasteté exerce un effet bien plus désastreux sur des corps plus sensibilisés que sur ceux qui sont encore soumis à la Loi et qui ne bénéficient pas encore de la Grâce par le Calice de la Nouvelle Alliance.

(Ce chapitre 4 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n. 22)

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CHAPITRE 5 - LE SACREMENT DU BAPTEME

Juin 1911

Dès qu'un être humain fait son entrée en ce bas monde, l'Eglise l'admet dans son sein par le rite du Baptême, qui lui est administré à un âge où il est irresponsable. Plus tard, une fois que son mental s'est quelque peu développé, il ratifie cet engagement et il est admis à la Communion , un sacrement où le pain est rompu et le vin versé en souvenir du Fondateur de notre foi. Plus tard, au cours de son voyage du berceau à la tombe, le fidèle reçoit le sacrement du Mariage . Enfin, au terme du voyage, lorsque l'Esprit retourne à Dieu qui l'a donné, le corps est rendu, avec la bénédiction de l'Eglise, à la terre dont il était tiré.

A notre époque, où l'esprit de contestation domine, des non-conformistes élèvent la voix et se révoltent contre ce qu'ils appellent l'arrogance du clergé. Ils dénigrent les sacrements, qu'ils traitent de "mômeries". A cause de cette attitude d'esprit, ces cérémonies n'ont que peu ou pas d'effet dans la vie des communautés religieuses; des divergences ont surgi même entre membres des Eglises et, secte après secte, ils se sont séparés de la congrégation apostolique d'autrefois.

Malgré tout, les doctrines et les sacrements de l'Eglise n'en sont pas moins les clés de voûte de l'évolution,

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car il nous inculquent des principes moraux d'une grande élévation. Même des savants matérialistes comme Huxley ont admis que, si l'individu, en se protégeant lui-même, assure la "survivance du plus fort" dans le rèpne animal, ce qui est la base même de la survivance des espèces, le sacrifice de soi-même est le principe du développement humain. Si ce principe s'applique aux simples êtres humains que nous sommes, à plus forte raison doit-il agir dans le cas de l'auteur divin qui nous a créés.

Chez les animaux, la force prime le droit, alors que chez les êtres humains, on reconnaît que le faible a droit à la protection du plus fort. Le papillon pond ses oeufs sur la face inférieure d'une feuille verte et s'en va sans plus se soucier de leur sort, mais chez les mammifères, l'instinct maternel est extrêmement développé; et nous voyons la lionne s'occuper de ses petits et les défendre au péril de sa vie. Toutefois, il faut remonter jusqu'au règne humain pour voir le père commencer à assumer sa part de responsabilité en tant que parent.

Chez les peuples primitifs, les soins donnés aux enfants cessent pratiquement dès le moment où l'enfant est capable de pourvoir lui-même aux besoins de son corps physique, mais à mesure que notre civilisation progresse, les soins que l'enfant reçoit de ses parents durent plus longtemps; et la plus grande attention est accordée à son éducation mentale, si bien qu'à sa maturité, l'enfant a suffisamment d'instruction pour que sa lutte pour l'existence se déroule plutôt du point de vue mental que du point de vue physique. De fait, plus nous avancerons sur la route du progrès, plus nous constaterons que l'esprit l'emporte sur la matière. Grâce au sacrifice de plus en plus prolongé des parents, la race humaine tend à s'affiner, mais ce que nous perdons en rudesse, nous le gagnons en perception spirituelle.

A mesure que cette faculté se développe et se fortifie, l'ardent désir de l'Esprit emprisonné dans son corps de chair fait entendre sa voix pour obtenir une compréhension plus grande du côté spirituel de son

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développement. Wallace et Darwin, Huxley et Spencer ont montré comment l'évolution de la forme s'accomplit dans la nature. Haeckel a tenté de résoudre l'énigme de l'univers, mais aucun d'eux n'a réussi à substituer une théorie satisfaisante à celle de l'Auteur Divin de tout ce qui nous entoure. A mesure que les années passent, les fidèles de la grande déesse appelée Sélection naturelle la délaissent; et Haeckel lui-même, ce matérialiste irréductible, a fait montre, durant les dernières années de sa vie, d'un souci presque maladif de faire une place à Dieu dans son système.

Dans un avenir relativement rapproché, nous verrons la science devenir aussi profondément religieuse que la religion elle-même. De son côté, l'Eglise, malgré sa position extrêmement conservatrice, abandonne peu à peu son dogmatisme autocratique et devient plus scientifique dans ses explications. Ainsi, avec le temps, nous verrons la science et la religion s'unir comme c'était le cas dans les anciens Temples des Mystères. Lorsque ce point sera atteint, on se rendra compte que les doctrines et les sacrements de l'Eglise reposent sur d'immuables lois cosmiques , aussi importantes que la loi de gravitation qui assure la marche des planètes sur leur orbite autour du Soleil. Tout comme les points des équinoxes et des solstices représentent des tournants dans le parcours cyclique de notre planète, marqués par des fêtes religieuses comme celles de Noël et de Pâques, de même, la naissance dans le monde physique, l'admission dans l'Eglise, le mariage et, finalement, le départ de ce monde, sont autant de points dans le cycle de l'esprit autour de sa source centrale, Dieu. Ces points sont marqués par les sacrements du Baptême , de la Communion , du Mariage et de l'Extrême-Onction .

Considérons maintenant le rite du Baptême. Bien des critiques ont été émises par des non-conformistes contre l'usage d'apporter un petit enfant à l'église pour le promettre à une vie religieuse . De chaudes discussions se sont élevées entre les partisans de l'aspersion et ceux de l'immersion et ont provoqué des schismes entre Eglises. Si nous voulons nous faire une véritable idée du Baptême, il nous faut remonter à

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l'histoire des débuts de l'humanité, telle qu'elle est enregistrée dans les annales de la Mémoire de la Nature. Tout ce qui arrive est enregistré de manière indélébile dans l'éther, de la même façon que les images d'une scène peuvent être enregistrées sur un film et reproduites en tout temps sur l'écran d'une salle de cinéma. Les images de la vraie Mémoire de la Nature (dans le monde de l'Esprit de Vie) peuvent être examinées par un clairvoyant exercé, même si des millions d'années se sont écoulées depuis que les scènes ainsi reproduites ont eu véritablement lieu.

En consultant ces annales irrécusables, nous voyons que, comme le dit la Bible, ce qui est aujourd'hui notre globe terrestre est sorti du Chaos, comme une masse obscure et sans forme. Dans cette masse brumeuse, certaines entités spirituelles ont créé des courants qui ont produit de la chaleur , et cette masse s'est embrasée au moment où, selon la Genèse, Dieu dit "Que la lumière soit!". La chaleur de la masse incandescente environnées par le froid de l'espace a produit de l'humidité ; et le brouillard de feu s'est entouré d'eau bouillante qui projetait de la vapeur dans l'atmosphère. Ainsi, Dieu sépara "les eaux d'avec les eaux", autrement dit d'une part l'eau bouillante proche du noyau, et la vapeur, ou eau en suspension, d'autre part.

Lorsque l'eau contenant des matière calcaires bout constamment, elle dépose du tartre et, de même, l'eau entourant notre planète a fini par former une croûte autour du noyau incandescent. La Bible nous dit en outre qu'un brouillard s'élevait du sol, et nous pouvons bien concevoir comment l'humidité s'est graduellement évaporée de notre planète à cette époque lointaine.

De nos jours, on considère généralement les mythes comme autant de superstitions, alors qu'en réalité chacun d'eux renferme, sous une forme symbolique, de grandes vérités spirituelles. Ces histoires imaginées ont été données à l'humanité naissante pour lui enseigner des leçons que son intellect, de formation récente,

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n'était pas encore à même de saisir. Tout comme nous instruisons nos enfants par des livres d'images, les humains étaients instruits par des mythes qui leur permettaient d'assimiler des leçons dépassant leur compréhension intellectuelle.

L'un de ces mythes les plus importants est "L'Anneau des Niebelungen" qui parle d'un trésor merveilleux caché sous les eaux du Rhin, sous forme d'un bloc d'or dans son état naturel. Placé au sommet d'un rocher, cet or illuminait toute la scène sous-marine, où les ondines évoluaient innocemment, de ci, de là, en des ébats joyeux. Mais l'un des Niebelungen, poussé par l'avidité, déroba le trésor, le transporta hors des eaux et s'enfuit avec; toutefois, il lui était impossible de façonner cet or avant d'avoir abjuré l'amour. Il lui donna alors la forme d'un anneau qui lui conféra un pouvoir sur tous les trésors de la terre, mais marqua en même temps le début d'un ère de discordes et de conflits. A cause de l'or, l'ami a trahi son ami, le frère a tué son frère; l'oppression, la souffrance, le péché et la mort ont régné partout, jusqu'à ce qu'enfin l'or reprenne sa place dans l'élément liquide, tandis que la terre est consummée par le feu. Plus tard, cependant, tel le phénix renaissant de ses cendres, il se forme de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice est rétablie (Apocalypse 21:5; Esaïe 65:17).

Cette ancienne légende décrit merveilleusement l'évolution humaine. Le mot Niebelungen est dérivé de deux mots de l'ancien allemand; Niebel , qui signifie "brouillard", et ungen , qui veut dire "enfants". Ainsi, le terme Niebelungen signifie "enfants du brouillard"; et ceci nous ramène au temps lointains où l'humanité vivait dans une atmosphère d'épais brouillard qui enveloppait notre terre dans son précédent stade de développement. A cette époque, l'humanité naissante vivait en une grande fraternité, exempte de tout mal, comme le sont nos petits enfants; ils étaient éclairés par l'Esprit universel symbolisé par l'Or du Rhin qui déversait sa lumière sur les ondines de notre récit. Mais avec le temps la Terre se refroidit de plus en plus, le brouillard se condensa et inonda les bas-fonds du globe; à la suite de quoi l'atmosphère s'étant éclaircie, les

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yeux des êtres humains s'ouvrirent et chacun d'eux perçut qu'il était un Ego séparé. Dès lors, l'Esprit universel d'amour et de solidarité fut remplacé par la prétention et par l'égoïsme.

Telle fut l'appropriation de l'Or du Rhin, à la suite de laquelle la tristesse, le péché, les combats, la trahison et les assassinats ont pris la place de l'amour enfantin qui régnait chez l'humanité primitive alors qu'elle vivait dans cette atmosphère humide, depuis longtemps disparue. Graduellement, cette tendance s'accentue de plus en plus, et la malédiction de l'égoïsme devient toujours plus apparente. L'"inhumanité de l'homme pour l'homme" s'étend sur la terre comme un drap mortuaire et finira inévitablement par la destruction des conditions actuelles. "La Création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement...dans l'attente du jour de la libération (Romains 8:22-23) et la religion de l'Occident nous indique le chemin de l'accomplissement lorsqu'elle nous exhorte à aimer notre prochain comme nous-même. En effet, c'est ainsi que l'amour de soi devra faire place à l'amour du prochain et à la fraternité universelle.

Par conséquent, lorsqu'une personne est admise à l'Eglise qui est une institution spirituelle dont l'amour et la fraternité sont les mobiles principaux, il est de circonstance de la faire passer "sous les eaux" du baptême comme symbole de cette admirable condition d'innocence enfantine et d'amour spirituel qui régnait au moment où l'humanité vivait sous les brumes . A cette époque, les yeux de l'humanité primitive ne s'étaient pas encore ouverts aux avantages matériels de ce monde. Le petit enfant qu'on amène à l'église ne connaît pas encore les tentations de ce monde, ni les attraits de la vie, et c'est pourquoi d'autres s'engagent à le guider de leur mieux, car l'expérience acquise depuis le Déluge nous a appris que la voie large du monde est pleine de douleurs, de chagrins et de désillusions et que, seule, la voie étroite peut nous permettre d'éviter la mort, en nous conduisant à la vie éternelle.

Nous voyons ainsi que le sacrement du Baptême comporte un sens merveilleusement profond et mystique. Il

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nous rappelle les bénédictions dont bénéficient les membres d'une fraternité où l'égoïsme passe à l'arrière-plan et où le service rendu à autrui est le ressort principal de toute action. Dans notre monde matériel, le plus grand est celui qui arrive à dominer les autres, mais dans l'Eglise, nous avons la définition du Christ: "Celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu'il se fasse le serviteur de tous" (Matthieu 20:26; Marc 10:43).

(Ce chapitre 5 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n. 5)

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CHAPITRE 6 - LE SACREMENT DU MARIAGE

Février 1912

Débarrassé de ce qui n'est pas essentiel, l'enseignement traditionnel de la religion chrétienne peut se résumer comme suit:

Tout d'abord, que nos premiers parents, tentés par le diable, ont péché. Ils ont été bannis d'un lieu où ils vivaient dans un état de félicité, et placés sous le joug de la loi. Dès ce moment, ils ont été sujets à la mort et sont devenus incapables de s'en tirer par leurs propres efforts.

Ensuite, que Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, le Christ, pour racheter les êtres humains et pour rétablir le Royaume des Cieux. Ainsi, la mort fera finalement place à l'immortalité.

Cette simple croyance a fait sourire les athées et les personnes purement intellectuelles qui ont étudié des philosophies transcendantes avec leurs arguties et leurs raisonnements logiques; et certains d'entre eux qui étudient les enseignements des Mystères Occidentaux ont même partagé cette attitude.

Un tel point de vue ne se justifie pas; et nous devrions savoir que les divins Guides de l'humanité ne permettraient pas que des millions d'êtres humains restent dans l'erreur pendant des siècles. Si, ayant

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dépouillé l'Enseignement occidental des Mystères de ses explications extrêmement lumineuses et de ses descriptions détaillées, on s'en tient à ce qui est fondamental, on se rend compte que, pour l'essentiel, il est en plein accord avec l'enseignement chrétien traditionnel.

Il fut un temps où l'humanité vivait dans un état de parfaite innocence et où les peines, les souffrances et la mort étaient inconnues. Le fait que l'être humain a été personnellement tenté n'est pas un mythe, car on peut bien dire que les Esprits Lucifériens sont des anges déchus et que la tentation qu'ils ont fait subir aux hommes a eu pour résultat de concentrer leur conscience sur le côté matériel de leur existence, les plaçant ainsi sous la loi de la décrépitude et de la mort.

Il est également vrai que la mission du Christ consiste à élever l'humanité à un degré plus éthéré, où la mort ne sera plus nécessaire pour nous délivrer de nos véhicules devenus trop cristallisés et trop engourdis pour pouvoir encore servir. Car, en vérité, c'est un "corps de mort" que le nôtre, dont une infime partie est vivante, alors que tout le reste de sa masse se compose, soit de matières nutritives non encore assimilées, soit de déchets en voie d'élimination. C'est donc seulement entre ces deux états de matière que l'on peut trouver ce qui est entièrement animé par l'esprit.

Dans nos précédentes leçons, nous avons étudié les sacrements de la Communion et du Baptême, qui sont particulièrement reliés à l'esprit. Nous allons maintenant essayer de comprendre le sens profond du sacrement du mariage, qui concerne plus particulièrement le corps. De même que les autres sacrements, l'institution du mariage a eu un commencement, et elle aura aussi une fin. Le début a été expliqué par le Christ en ces termes: "N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l'homme et la femme et qu'il dit; c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux deviendront une seule chair" (Matthieu 19:4-5). Il a aussi prédit la fin du mariage en disant: "A la

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résurrection, ils ne se marient pas ni ne sont donnés en mariage, mais ils sont comme les anges de Dieu dans le ciel" (Matthieu 22:30).

A la lumière de ce qui précède, la logique de cet enseignement est manifeste, car le mariage est devenu nécessaire pour que les naissances fournissent de nouveaux corps en remplacement de ceux que la mort a détruits. Une fois que la mort aura fait place à l'immortalité et qu'il n'y aura plus besoin de créer de nouveaux corps, le mariage deviendra également inutile.

Avec une audace digne d'admiration, la science a cherché la solution du mystère de la fécondation, et elle nous explique comment l'ovule se forme dans une cavité de l'ovaire, comment il en sort pour entrer dans les trompes de Fallope, comment le spermatozoïde y pénètre - et alors l'embryon du corps humain est complet. Ainsi, nous voici prétendument "à la source et à l'origine de la vie", mais la vie n'a ni commencement ni fin, et ce que la science considère à tort comme la source de la vie est en réalité la source de la mort, car tout ce qui vient des entrailles est destiné, tôt ou tard, à la tombe. Le banquet du mariage qui précède la naissance prépare en même temps l'aliment de la mort insatiable; et aussi longtemps que le mariage sera nécessaire à la reproduction et à la naissance, la désintégration et la mort en seront l'inévitable conséquence. Il est donc important de connaître l'historique du mariage, les lois et les facteurs en cause, la durée de cette institution et la manière dont nous pourrons dépasser ce stade.

Au moment où, pendant l'époque Hyperboréenne, nous avons été doté d'un corps vital, le Soleil, la Lune et la Terre ne formaient qu'un seul astre, et chaque être était pénétré de la même manière par les forces solaires-lunaires, si bien que chacun d'eux était capable de se reproduire par des bourgeons ou des spores, comme le font certaines plantes de nos jours. A cette époque, les efforts du corps vital pour conserver au corps physique sa souplesse et le garder en vie n'étaients pas encore contrecarrés, aussi ces corps primitifs, analogues à des végétaux, vivaient pendant des siècles. Mais l'homme était alors inconscient et stationnaire

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comme la plante; il ne faisait aucun effort et n'avait aucune activité. L'addition d'un corps du désir lui a donné à la fois un stimulant et des désirs, et alors la conscience est née de la lutte entre le corps vital, qui construit le corps dense, et le corps du désir, qui le détruit.

Dès lors, la désintégration du corps physique n'a plus été qu'une question de temps, ceci d'autant plus que l'énergie du corps vital a également dû être divisée, l'un de ses pôles assurant les fonctions vitales du corps physique, alors que l'autre sert au remplacement des corps perdus par suite de la mort. Mais tout comme les deux pôles d'un aimant ou d'une dynamo sont indispensables à leur fonctionnement, le concours de deux conjoints unisexués est devenu nécessaire pour accomplir l'acte de reproduction. Ainsi, le mariage et la naissance ont dû être institués pour neutraliser l'effet de la mort. Par conséquent, la mort est le prix que nous payons pour être conscients dans notre monde actuel . Le mariage, et des naissances répétées, sont les armes qui nous permettent de conjurer le spectre de la mort jusqu'au jour où, notre constitution ayant changé, nous deviendrons semblables à des anges.

Veuillez bien noter qu'il n'est pas dit que nous devions devenir des anges, mais seulement devenir comme des anges , car les Anges sont l'humanité de la période de la Lune; ils font partie d'une vague de vie entièrement différente, aussi différente que la nôtre l'est de celle de nos animaux actuels. Dans l'Epître aux Hébreux (2:7) Saint Paul nous dit que l'homme a été fait inférieur aux anges pour un peu de temps ; en effet, il est descendu plus bas qu'eux dans la matérialité pendant la période de la Terre, alors que les Anges n'ont jamais habité un globe fait de substance plus dense que l'éther. Tout comme nous construisons nos corps avec les substances chimiques, les Anges construisent les leurs avec de l'éther. Cette substance est la voie directe de transmission de toutes les forces vitales, et une fois que l'homme sera devenu semblable aux Anges et aura appris à construire un corps fait d'éther, il n'y aura évidemment plus ni mort, ni nécessité de se marier pour donner naissance à d'autres êtres.

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Mais si on considère le mariage à un autre point de vue, celui de l'union des âmes plutôt que celle des sexes, nous touchons alors au merveilleux mystère de l'amour. Bien entendu, l'union des sexes peut servir à perpétuer le genre humain, mais le vrai mariage est également une communion entre deux âmes, laquelle va bien au-delà de l'accord des sexes. Et pourtant, ceux qui sont capables de se rencontrer sur ce plan élevé d'intimité spirituelle acceptent volontier de sacrifier leurs corps sur l'autel de l'amour des êtres à naître , en vue d'inviter un esprit attendant de s'incarner dans un corps conçu en toute pureté. De cette manière, l'humanité pourra être soustraite au règne de la mort.

Ce qui précède devient évident si l'on compare l'action bienfaisante du corps vital à celle, impétueuse, du corps du désir dans un accès de colère, qui fait perdre à l'homme toute maîtrise sur lui-même. Ses muscles se tendent, son énergie nerveuse se gaspille à un degré alarmant, si bien qu'après une crise de ce genre, son corps peut parfois rester abattu pendant des semaines. Le travail le plus pénible ne peut produire une fatigue comparable à celle qui suit un accès de colère. Il en est de même pour l'enfant conçu dans la passion, sous l'influence cristallisatrice du corps du désir, et sa vie sera naturellement brève. Hélas, on ne peut presque plus parler de longévité, car avec l'alarmante mortalité infantile, on devrait plutôt parler de la brièveté de la vie.

Les tendances constructives du corps vital, véhicule de l'amour, ne sont pas aussi faciles à discerner, mais on peut observer que le contentement prolonge l'existence de celui qui cultive cette qualité, et l'on en peut logiquement conclure qu'un enfant conçu dans des conditions d'harmonie et d'affection a de meilleures chances de survie que celui conçu dans la colère, l'ivresse ou la passion.

Selon la Genèse, il a été dit à la femme: "Tu enfanteras dans la douleur"; et les commentateurs de la Bible se sont toujours demandé quel rapport il peut bien y avoir entre le fait de manger un fruit et les douleurs de

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l'enfantement. Mais une fois qu'on a compris les chastes allusions de la Bible à l'acte de reproduction, le rapport est facile à saisir. N'ayant pas notre sensibilité, la mère de race noire, ou l'Indienne d'Amérique, peut reprendre son travail dans les champs après avoir accouché, mais la femme occidentale, beaucoup plus sensible et sujette à une grande tension nerveuse, s'aperçoit que d'année en année la parturition devient plus difficile, malgré toute l'habileté et la qualité des soins que lui prodigue la science médicale.

Les raisons de cet état de choses sont multiples. En premier lieu, tandis que nous sélectionnons avec le plus grand soin nos races de chevaux et notre bétail, en insistant sur les certificats d'ascendance des reproducteurs, afin que leur progéniture soit de la meilleure qualité, nous ne prenons pas de tels soins pour le choix du père ou de la mère de nos enfants. Nos unions se font sous l'impulsion du moment, et nous avons ensuite tout le temps de le regretter, aidés en cela par des lois qui nous permettent trop facilement de nous unir par les liens sacrés du mariage, puis de nous en délier. Les paroles prononcées par le prêtre ou l'officier d'état-civil sont interprétées comme une permission de satisfaire sans limite aux désirs charnels, comme si une loi humaine pouvait nous autoriser à contrevenir aux lois divines. Alors que les animaux ne s'unissent qu'à certaines périodes de l'année et que la femelle est laissée en paix durant sa gestation, chacun sait qu'on ne peut pas en dire autant de la race humaine.

Dans de telles circonstances, peut-on s'étonner de trouver une telle crainte de la maternité? Le moment ne serait-il pas venu d'essayer de remédier à cette situation par des relations plus normales et plus saines entre époux? L'astrologie révèle le caractère et les tendances de chacun; elle peut permettre à deux personnes d'accorder leurs caractères de manière à rendre possible une existence d'affection mutuelle. Elle indiquera

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aussi les périodes les plus favorables à un accouchement sans douleur. Dès lors nous aurons le pouvoir d'attirer à nous, du sein de la nature, des enfants issus d'un véritable amour et qui seront capables de vivre de longues vies en parfaite santé. Finalement, le jour viendra où ces corps seront tellement parfaits, dans leur pureté, qu'ils pourront durer à travers l'Age à venir, rendant ainsi le mariage inutile. Mais si nous pouvons actuellement nous aimer, même si nous nous voyons mutuellement, ainsi que le dit Saint Paul, "comme dans un miroir, d'une manière obscure" (1 Corinthiens 13:12), à travers le masque de la personnalité et le voile de l'incompréhension, nous pouvons être certains que l'amour d'âme à âme, débarrassé de la passion dans le creuset de la douleur, sera notre plus beau joyau dans le ciel, comme son ombre l'est sur terre.

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CHAPITRE 7 - LE PÉCHÉ IMPARDONNABLE ET LES AMES PERDUES

Mars 1912

Certains de nos étudiants se posent des questions concernant la doctrine du "péché contre l'esprit, qui ne sera pas pardonné" (Matthieu 12/31, Marc 3/28, Luc 12/10). Ce sujet ayant un certain rapport avec celui du mariage, l'un étant un sacri lège et l'autre un sacre ment, il pourrait être bon d'aborder son étude d'un point de vue différent de celui qui apparaît dans nos précédents écrits.

Voyons d'abord ce qu'est un sacrement, et pourquoi les rites du baptême, de la communion, du mariage et de l'extrême-onction sont si justement appelés sacrements; cela nous permettra ensuite de mieux comprendre ce qu'est un sacrilège et pourquoi il ne peut être pardonné.

Les Rosicruciens enseignent, quoique plus en détail, la doctrine même que prêche Saint Paul. Au quinzième chapitre de la première Epître au Corinthiens, il nous dit, à partir du verset 35, qu'en plus du corps de chair, nous avons un corps de l'âme ou corps psychique (en grec Sôma psuchikon, incorrectement traduit par "corps animal" ou "corps naturel") et un corps spirituel (Sôma pneumatikon - le mot grec "pneuma"

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signifiant souffle ou esprit). Il donne à entendre que chacun de ces corps est né d'un atome-semence différent, et qu'il y a trois degrés successifs de développement pour Adam, autrement dit l'homme. Le premier Adam était tiré du limon de la terre et n'avait pas de vie sensorielle. Une âme a été assignée au deuxième Adam , lui donnant une vie intérieure et agissant à la façon d'un levain pour élever ce limon vers Dieu. Mais une fois que le potentiel de l'âme extrait du corps physique aura été élevé au degré spirituel, le dernier Adam (verset 45) deviendra un esprit donneur de vie , capable de transmettre directement à d'autres l'énergie vitale, tout comme la flamme d'une bougie peut être transmise à beaucoup d'autres sans que l'intensité de sa lumière en soit diminuée.

Mais il fallait d'abord que le germe de notre corps terrestre soit convenablement placé dans un terrain fertile en vue de produire un véhicule, et c'est dans ce but que nous avons été pourvus d'organes reproducteurs. Il est dit dans la Genèse (1/27) que les Elohim ont créé l'homme "mâle et femelle". Les mots hébraïques de ce passage, "sacr va n'cabah " , sont ceux des organes génitaux, et "sacr " signifie littéralement "porteur de germe". Ainsi, le mariage est un sacr -ement, car il ouvre la voie à la transmission de l'atome-germe du père à la mère et tend à préserver le genre humain contre les ravages de la mort. Le sacr ement du Baptême marque l'élan de l'âme vers la vie régénérée, la plantation d'une semence spirituelle.

La Communion, sacr ement qui nous offre le pain (fait à partir des semences des chastes plantes) et le vin (dont la coupe symbolise le calice sans passion enveloppant la semence) annonce l'âge à venir, un âge où il ne sera plus nécessaire de transmettre la semence par un père et une mère, mais où nous pourrons nous alimenter directement à la source de Vie cosmique et remporter la victoire sur la mort. Enfin, l'Extrême-Onction est le sacr ement qui marque la rupture de la Corde d'Argent et l'extraction du germe sacré, dans l'attente du jour où il sera de nouveau planté dans le sein d'une mère "n'cabah".

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Comme la semence et l'ovule sont la base même du développement de la race humaine, il est facile de se rendre compte qu'aucun péché ne saurait être plus grave que celui d'abuser des fonctions créatrices, car par ce sacr ilège nous restreignons les générations futures et nous transgressons les lois du Saint- Esprit, Jéhovah, qui est le gardien des forces lunaires créatrices. Ses Anges annoncent les naissances, comme dans les cas d'Isaac, de Jean-Baptiste et de Jésus. Lorsqu'il voulut récompenser son plus fidèle serviteur, il lui promit que sa descendance serait aussi nombreuse que les grains de sable du rivage. Il a aussi envoyé un terrible châtiment sur les habitants de Sodome qui avaient commis le sacr ilège de détourner leur semence de son but. Il fait même retomber les fautes des parents sur leurs descendants jusqu'à la troisième et la quatrième générations, car sous son règne, la Loi est toute- puissante. A ce degré, les êtres humains n'ont pas encore évolué au point de pouvoir réagir à l'Amour . Ils exigent de leurs ennemis oeil pour oeil et dent pour dent, aussi sont-ils traités de la manière dont ils traitent les autres.

Bien que ce traitement nous semble très cruel, à nous qui évoluons de jour en jour et qui développons nos facultés d'amour et de pitié, nous devons nous rappeler que cette juste rétribution n'existe que pour le corps physique, lequel est soumis aux lois naturelles, comme tout autre corps de matière chimique dans l'Univers. Lorsque les abus l'ont affaibli, il devient incapable de remplir sa mission et de faire face à nos besoins, quels qu'ils soient, tout comme un quelconque appareil qui n'aurait pas été utilisé et entretenu avec discernement. Il n'y a pas de miracle permettant de créer un corps sain et vigoureux à partir de parents ayant transgressé les lois naturelles par leurs abus, aussi un tel péché ne saurait être pardonné: il doit être expié. Mais lorsque le temps et les soins nécessaires lui auront rendu sa force, ce corps pourra de nouveau exercer ses fonctions normales et retrouver la santé.

Nous comprenons donc que, sous la loi, il n'y a pas de miséricorde, car la miséricorde est dictée par l'amour.

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Ainsi le Christ , Seigneur de l'Amour , était en accord parfait avec l'Ordre cosmique en déclarant que tout le mal que l'humanité lui avait fait serait pardonné, du moment que l'amour est la note dominante de son royaume, mais que tout ce qui avait été fait contre la loi de Jéhovah devait être pleinement réparé. Nous ne pourrons jamais lui témoigner assez de gratitude pour la merveilleuse religion qu'il nous a donnée, surtout si on la compare à celles sous lesquelles des peuples moins évolués se débattent actuellement. Si l'on considère par exemple les Bouddhistes; malgré les splendides qualités de la haute spiritualité de leur chef, ce dernier ne voyait que la souffrance et une lutte constante contre les lois de la nature. Il s'efforçait d'apprendre à ses fidèles à dépasser cette condition par une parfaite obéissance à la loi, comme nous l'avons fait pour nous rendre maîtres des lois de l'électricité ou d'autres forces naturelles. Le Bouddhiste ne voit que la loi sévère et sans pitié, alors que nous, Occidentaux, avons du berceau à la tombe l'exemple de Celui qui dit: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos" (Matthieu 11:28).

Mais on pourrait nous demander: "Et les âmes perdues ? - sont-elles aussi un produit de l'imagination?". On peut répondre "oui" à cette question, mais en faisant certaines réserves. Nous pourrons mieux comprendre ce qu'il en est si nous remontons dans l'histoire de l'humanité, en considérant les expériences de certains transgresseurs, car elles nous fourniront un exemple de ce qui peut se produire. Mais commençons par rappeler quelques points des enseignements rosicruciens touchant la genèse de la Terre et de l'homme qui l'habite; cela nous permettra de mieux saisir la question des retardataires.

Trois grandes périodes de développement ont précédé notre actuelle période de la Terre. Le Père est le plus haut Initié de la période de Saturne, et il réside principalement dans le Soleil spirituel. Le Fils , qui est le Christ cosmique, est le plus haut Initié de la période du Soleil; il réside dans le Soleil central et guide les

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planètes sur leurs orbites par un rayon qu'il émane de lui-même et qui devient l'esprit intérieur de chaque planète, une fois que cette dernière a atteint un degré suffisant de maturité pour recevoir une Intelligence aussi élevée. Jéhovah, le Saint-Esprit , est le plus haut Initié de la période de la Lune, et il réside dans le Soleil visible. Il est le Régent des différentes Lunes dont les planètes se sont débarrassées, et sa mission consiste à donner une discipline plus rigide et des lois plus strictes à des êtres restés en arrière sur le chemin de l'évolution, afin de réveiller, de stimuler ces retardataires et de les entraîner, si possible, dans la bonne direction.

En examinant les planètes de notre système solaire, nous voyons que certaines d'entre elles ont plusieurs lunes, alors que d'autres en sont dépourvues. Mais comme il y a des retardataires dans chaque groupe important, et comme les satellites sont nécessaires pour les aider si possible à retrouver leur patrimoine perdu, nous pouvons être certains que les planètes dépourvues de satellites en ont eu dans le passé. Les grands Etres mentionnés dans la Cosmogonie sous les noms de "Seigneurs de Vénus" et "Seigneurs de Mercure" étaient en effet des retardataires de ces deux planètes. Dans la nuit des temps, ils vivaient sur les satellites qui gravitaient autour de leurs planètes respectives, et ils ont réussi à reganger dans une grande mesure le temps perdu, grâce à la discipline à laquelle ils étaients soumis. Plus tard, ils ont eu l'occasion de servir notre humanité terrestre et, grâce à ce service, de pouvoir s'assurer le retour sur la planète dont ils avaient été exilés. Ils avaient été perdus sous le régime de la Loi , mais ils ont été rachetés par l'Amour . Ainsi, nous pouvons en déduire que des occasions de service pourront aussi fournir, à d'autres êtres en danger d'être "perdus", la possibilité de racheter leur passé.

A la question "que deviennent les lunes sur lesquels évoluent temporairement les retardataires?" - on peut répondre que le système solaire doit être considéré comme étant le corps d'un grand Esprit que nous

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appelons Dieu. De même qu'une excroissance quelconque de notre corps, causée par une condition anormale, nous fait souffrir, ainsi ces cristallisations sous forme de lunes causent une certaine gêne à ce grand Etre. En outre, tout comme notre corps s'efforce d'éliminer des excroissances anormales, l'Univers, lui aussi, s'efforce de rejeter les lunes ayant rempli leur but. Tant que les êtres exilés sur une Lune sont présents, l'Esprit planétaire de la planète- mère prend soin d'eux et maintient cette lune sur son orbite; et nous donnons à cet amour pour ces êtres le nom de "Loi d'attraction", mais une fois que les êtres exilés sont revenus sur la planète-mère, l'Esprit planétaire cesse de s'intéresser à la "scorie" qu'est devenue leur habitation. Dès ce moment, l'orbite de la lune qui n'est plus habitée s'élargit peu à peu; elle commence à se désintégrer et, finalement, elle est rejetée dans l'espace interplanétaire. Les astéroïdes sont tout ce qui reste des lunes qui gravitaient autrefois autour de Vénus et de Mercure. Il y a encore, dans notre système solaire, d'autres corps ressemblant à des lunes et à des fragments lunaires, mais la "Cosmogonie des Rose-Croix" n'en tient pas compte, vu qu'ils n'ont rien à voir avec notre évolution.

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CHAPITRE 8 - L'IMMACULEE CONCEPTION

Février 1911

Le flux et le reflux périodique des forces matérielles et spirituelles qui gouvernent la Terre sont les causes invisibles des activités physiques, morales et mentales sur notre globe. Selon l'axiome d'Hermès: "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut", une activité analogue doit s'exercer en l'homme, réplique en miniature de notre Mère Nature.

De part et d'autre de leur épine dorsale, les animaux ont vingt-huit paires de nerfs; ils sont actuellement dans leur phase lunaire et parfaitement adaptés aux vingt-huit jours que met la Lune pour faire le tour du zodiaque. A l'état sauvage, c'est l'Esprit-groupe qui règle leurs rapports sexuels, aussi n'ont- ils pas de pertes menstruelles. D'autre part, l'homme passe par une période de transition, étant trop avancé pour les vibrations lunaires, puisqu'il a trente-et-une paires de nerfs. Toutefois, il n'est pas encore accordé sur le mois solaire de trente-et-un jours, et il accomplit l'acte sexuel à n'importe quelle époque de l'année. De là provient le flux menstruel de la femme, lequel dans des conditions adéquates, sert à former le corps de l'enfant, plus parfait que ses parents. Ainsi, le flux périodique dans le genre humain devient la base même de son avancement et,

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de la même manière, le flux périodique des forces spirituelles de la Terre, à l'époque de Noël, a comme résultat la naissance de Sauveurs qui, de temps à autre, donnent un nouvel élan à l'avancement spirituel de l'humanité.

La Bible est divisée en deux parties; l'Ancien Testament et le Nouveau. Après avoir brièvement décrit la création du monde, l'Ancien Testament nous relate l'histoire de la "Chute"; et nous comprenons que cette chute a été le résultat de l'usage impulsif et ignorant de la force sexuelle à des époques où les rayons interplanétaires étaient contraires à la conception de véhicules meilleurs et plus purs. De ce fait, l'homme s'est graduellement emprisonné dans un corps cristallisé par une passion coupable, et un corps forcément imparfait, sujet à la souffrance et à la mort.

Alors commença notre pèlerinage dans le monde matériel, et nous avons vécu pendant des millénaires dans cette coque dure et insensible, qui cache à l'esprit la lumière céleste. L'esprit est pareil à un diamant dans sa gangue, un diamant dont les Anges de Justice, lapidaires célestes, s'efforcent constamment d'user la rude enveloppe pour permettre à l'esprit de rayonner à travers le véhicule qu'il anime.

Lorsque, dans l'atelier du lapidaire, le diamant est appliqué contre la meule, il fait entendre un grincement comparable à un cri de douleur, à mesure que s'use sa dure enveloppe, mais peu à peu, après de multiples applications sur la meule, il pourra devenir une gemme d'une beauté et d'une limpidité incomparables. De la même manière, les Etres célestes qui ont la charge de notre évolution nous maintiennent contre la meule de l'expérience; il en résulte des douleurs et des souffrances, qui éveillent l'esprit intérieur ensommeillé. Celui qui, jusqu'ici était satisfait de ses activités matérielles, s'abandonnant aux plaisirs des sens et à la luxure, est saisi d'un divin mécontement qui l'incite à rechercher la "vie supérieure".

Mais satisfaire une telle aspiration ne s'obtient généralement pas sans une résistance acharnée de la nature inférieure. C'est au cours d'une telle lutte que Saint Paul s'exclamait, avec toute l'angoisse d'un coeur fervent

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et plein d'aspiration: "Malheureux que je suis!...Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas...Je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme inférieur, mais je vois dans mes membres une autre loi, qui combat la loi de mon esprit, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres" (Romains 7:19-24).

Lorsqu'une fleur est écrasée, son parfum est libéré et remplit les alentours de son odeur suave, réjouissant tous ceux qui en sont proches. D'écrasants coups du destin peuvent accabler l'être humain qui a atteint le degré de "floraison", mais ils ne pourront que faire ressortir la douceur de sa nature, rehausser la beauté de son âme jusqu'à ce qu'elle brille d'un éclat qui l'entoure comme d'un halo. Il est alors sur le sentier de l'initiation; on lui apprend comment l'usage immodéré de la force sexuelle, sans tenir compte des rayons stellaires, l'a emprisonné dans un corps qui entrave son esprit. On lui enseigne aussi comment l'usage rationnel de cette même force, en accord avec les influences stellaires, lui permettra d'améliorer graduellement son corps, de le rendre plus éthéré et, finalement, d'atteindre à la libération de cette existence concrète.

Un constructeur de bateaux ne peut faire une coque étanche de chêne en utilisant du sapin; "on ne vendange pas du raisin sur des ronces" (Luc 6:44) et on dit aussi "tel père, tel fils", aussi un Ego d'une nature passionnée est attiré vers des parents ayant les mêmes dispositions et sera conçu dans un accès de passion.

L'homme qui a goûté à la coupe de l'amertume résultant de la passion et qui a dû la vider jusqu'à la lie, cherchera des parents de moins en moins passionnés, jusqu'à ce qu'enfin il parvienne à l'initiation.

Ayant été instruit, au cours de son initiation, au sujet de l'influence des rayons stellaires sur la génération, l'Ego se réincarnera alors chez des parents initiés et capables de concevoir, sans passion, un corps sous les aspects planétaires les plus favorables au travail qu'il a en vue. C'est pour cela que les Evangiles, qui sont des PAGE 66

formulaires d'initiation, commencent par le récit de l'Immaculée Conception et se terminent par la Crucifixion, tous deux étant de sublimes idéaux auxquels nous devrons atteindre un jour. En effet, nous sommes tous des Christs en devenir, et nous passerons un jour par la naissance mystique et par la mort mystique auxquelles font allusion les Evangiles. Par la connaissance de ces étapes, nous pouvons en hâter la réalisation, en coopérant intelligemment avec les lois naturelles, au lieu d'agir stupidement à l'encontre des buts de la croissance de l'âme.

On se fait beaucoup d'idées fausses au sujet de l'Immaculée Conception: la virginité perpétuelle de la mère, même après avoir donné naissance à d'autres enfants, l'humble position de Joseph, le prétendu père adoptif, etc. Nous allons brièvement considérer ces concepts à la lumière des faits révélés par la Mémoire de la Nature.

Dans certains pays d'Europe, la coutume existe de s'adresser aux personnes des classes supérieures par le terme de "bien né" (en allemand "wohlgeboren"") ou même de "hautement bien né" (hochwohlgeboren) signifiant par là qu'elles sont nées de parents cultivés, de haute condition sociale. Ordinairement, ces gens regardent avec mépris ceux qui appartiennent à une classe plus modeste. Nous n'avons rien contre l'expression "bien né", souhaitant au contraire que chaque enfant soit bien né, c'est-à-dire de parents de haute moralité, quel que soit leur rang social. Toutefois, il existe une virginité de l'âme, indépendante de la condition du corps, une pureté d'esprit qui guidera son possesseur à travers l'acte de génération sans la moindre tare passionnelle et qui permettra à la mère de porter l'enfant dans son sein avec un amour purement maternel.

Avant la venue du Christ, l'humanité aurait été dans l'impossibilité de prendre un tel tournant. Au début de l'existence de l'homme sur terre, la quantité était considérée comme plus désirable que la qualité, d'où le commandement "croissez et multipliez", (Genèse 1:28). En outre, il était nécessaire que l'homme oublie

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temporairement sa nature spirituelle et concentre toute son énergie sur les choses matérielles. La satisfaction des passions sexuelles seconde ce dessein, aussi a-t-on laissé toute latitude à la nature-désir. La polygamie était en vogue; plus les parents avaient d'enfant, plus ils étaient honorés, alors que leur stérilité était considérée comme la plus grande des calamités.

Dans d'autres directions que la reproduction, la nature-désir était soumise à des lois divines, et l'obéissance aux commandements de Dieu était obtenue par une punition immédiate des transgresseurs, sous forme de guerre, de peste ou de famine. En revanche, la stricte soumission aux lois était récompensée, et l'homme "vertueux" avait une nombreuses postérité, de grands troupeaux, des récoltes abondantes; il remportait la victoire sur ses ennemis, aussi la "coupe de son bonheur" était-elle pleine.

Plus tard, après le Déluge de l'époque Atlantéenne, une fois que la Terre fut suffisamment repeuplée, la polygamie passa peu à peu de mode, si bien que la qualité des corps s'améliora. A l'époque du Christ, les êtres les plus avancés étaient arrivés à maîtriser leur nature-désir au point de pouvoir accomplir l'acte de génération sans passion, étant animés d'un amour pur, aussi l'enfant était conçu en toute pureté.

Tel fut le cas pour Jésus de Nazareth, dont il est dit que le père était charpentier. En réalité, il ne travaillait pas le bois, mais il était "constructeur" dans le sens le plus élevé du terme. Dieu est le grand Architecte de l'Univers. Sous sa direction, il y a un grand nombre de constructeurs de différents degrés d'avancement spirituel, en descendant même jusqu'à ceux que nous appelons francs-maçons. Tous sont occupés à la construction d'un Temple sans bruit de marteau, et Joseph ne faisait pas exception.

On demande parfois pourquoi les initiés sont toujours des hommes; or il n'en est rien. Dans les degrés inférieurs, les femmes sont nombreuses, mais une fois qu'un initié est arrivé au point où il peut choisir soN

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sexe, il choisit généralement le type positif masculin, parce que l'existence qui l'a conduit à l'initiation a spiritualisé son corps vital et l'a rendu positif en toutes circonstances, si bien qu'il est alors pourvu de deux véhicules de la plus haute efficacité possible.

Il y a cependant des cas qui exigent un corps féminin très pur, par exemple pour fournir à un Ego très avancé un corps du plus haut degré possible. Dans ce cas, un initié de rang élevé peut prendre un corps féminin et passer de nouveau par l'expérience de la maternité après l'avoir peut-être évitée pendant plusieurs vies, comme ce fut le cas pour l'être admirable connu sous le nom de Marie de Bethléem.

Pour terminer, résumons les points essentiels de cette leçon, à savoir que nous sommes tous des Christs en devenir, qu'un jour nous devrons avoir développé des caractères d'une pureté telle, que nous serons dignes d'habiter des corps conçus de façon immaculée. Plus tôt nous commencerons à purifier notre mental de ses pensées de passion, plus tôt nous atteindrons notre but. En dernière analyse, tout dépend de la ferveur de notre intention et de la force de notre volonté. Les conditions actuelles nous permettent de vivre des vies pures, que nous soyons mariés ou non, bien qu'il ne soit pas nécessaire non plus que nos relations soient purement fraternelles ou entachées de froideur.

La vie de pureté absolue est-elle encore, pour certains, au-delà de leurs possibilités actuelles? Ne soyez pas découragés, car Rome n'a pas été construite en un jour. Gardez toujours cette aspiration présente à votre esprit malgré des insuccès répétés, car il n'est qu'une seule sorte d'échec véritable , celui de cesser tout effort.

Ainsi, puisse Dieu fortifier vos aspirations à la pureté!

(Ce chapitre 8 est commenté dans "Lettres aux Etudiants" n. 2)


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