MAX HEINDEL
DEUXIEME PARTIE
INTERPRÉTATION MYSTIQUE DE NOEL
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PRÉFACE
Cette deuxième partie contient quelques-unes des leçons envoyées par Max Heindel à ses étudiants. Sur les 97 qu'il a rédigées, on en trouvera ici six traitant de la naissance et de la mort mystiques du grand Esprit du Christ, telles que peut les interpréter un clairvoyant.
Par divine illumination, l'auteur a reçu ces sublimes vérités. A la lecture de ces révélations, comment pourrait-on, même si l'on est matérialiste, ne pas se convaincre de la divinité de l'homme et de la profonde signification du message apporté par le Christ?
Nous espérons que ces lignes feront naître un plus grand sentiment de vénération pour la religion chrétienne, devenue, grâce à ces pages inspirées, plus accessible à la raison. Tel a été le but poursuivi par l'auteur, celui de faire adopter l'idéal Christique du service aimant et désintéressé. Augusta Foss Heindel
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CHAPITRE 25
SIGNIFICATION COSMIQUE DE NOEL - Décembre 1910
Une fois de plus, nous voici sur le point de fêter Noël, une fête considérée sous des points de vue très divers, selon l'optique de chacun de nous. Pour le vrai croyant, c'est une période sainte, chargée d'un mystère qui, pour incompréhensible qu'il soit, n'en est pas moins sublime. Aux yeux de l'athée, ce ne sont que balivernes et superstitions. Pour le pur intellectuel, c'est une énigme, car ce mystère dépasse les limites de la raison.
Dans les églises, on raconte comment, en cette nuit sainte entre toutes, notre Seigneur et Sauveur, conçu sans péché, est né d'une vierge. On ne nous fournit aucune autre explication, nous laissant accepter ou refuser ce récit, selon nos tendances. Ceux chez qui l'intelligence et la raison l'emportent sur la foi, qui ne sont capables de croire à rien de ce qui n'est immédiatement démontrable à leurs sens, ne peuvent que rejeter cette histoire comme absurde et sans rapport avec les lois immuables de la nature.
Des interprétations diverses ont été proposées en vue de satisfaire l'esprit, la plupart d'entre elles étant basées sur l'astronomie. On a fait remarquer que, dans la nuit du 24 au 25 décembre, le soleil commence son
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ascension du sud au nord. Il est la "Lumière du monde" (Jean 9:5), et le froid et la famine extermineraient inévitablement une bonne partie de la race humaine si le soleil restait au sud. C'est donc pour nous une cause de grande réjouissance qu'il change de direction et commence à remonter vers le nord. Il est donc salué du nom de Sauveur", car il vient "sauver le monde" et lui donner le "pain de vie" lorsqu'il fait croître le blé et la vigne. Par conséquent, il "donne sa vie" au moment où il traverse la "croix" de l'équinoxe de printemps et où il s'élève (ascension) dans le ciel boréal. Pendant la nuit où le soleil recommence à se diriger vers le nord, le signe zodiacal de la Vierge, "Reine du Ciel", se lève à minuit à l'horizon oriental, et il se trouve par conséquent, en langage astrologique, "à l'ascendant". C'est de cette manière que le Soleil "naît d'une Vierge", sans autre intermédiaire, donc par "conception immaculée".
Cette explication peut satisfaire l'intelligence en ce qui concerne l'origine de cette prétendue superstition, mais le vide angoissant qui demeure dans le coeur de tout sceptique - qu'il s'en rende compte ou non - subsistera jusqu'au moment où il atteindra l'illumination spirituelle qui lui donnera une explication acceptable à la fois pour le coeur et l'intelligence.
Nous allons donc nous efforcer, dans les pages qui suivent, de jeter quelque lumière sur ce sublime mystère. L'"Immaculée Conception" fera l'objet d'une autre leçon (voir chapitre 8 février 1911), mais pour le moment, nous allons montrer l'alternance des forces matérielles et spirituelles, dans leur flux et leur reflux au cours de l'année, afin de faire comprendre pourquoi Noël est réellement une "Nuit sainte".
Disons d'emblée que nous souscrivons à l'interprétation astronomique, considérant qu'elle est aussi vraie, du point de vue scientifique, que celle qui suit est valable lorsque l'on envisage ce mystère sous un autre angle. D'année en année, le soleil renaît pendant la nuit la plus sombre, et les Christs Rédempteurs, eux aussi, naissent au moment où les ténèbres spirituelles de l'humanité sont à leur maximum.
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Cette question présente encore un troisième aspect d'une grande importance. L'Apôtre Paul y fait allusion lorsqu'il parle du Christ "formé en vous" (Galates 4:19). Loin d'être une absurdité, cette affirmation est une réalité de caractère sublime. Nous sommes en effet tous des "Christs en devenir", et plus tôt nous comprendrons qu'il nous faut cultiver le Christ intérieur avant d'être capables de percevoir le Christ extérieur, plus nous hâterons le jour de notre illumination spirituelle. A ce sujet, nous répétons une fois de plus notre aphorisme préféré, celui d'Angelus Silesius, dont la sublime perception spirituelle lui fait dire:
"Le
Christ serait-il né mille fois à Bethléem
S'il ne naît en toi, ton âme reste solitaire.
La Croix du Calvaire tu contemples en vain,
Tant qu'en toi-même elle ne s'élève point."
C'est au solstice d'été , en juin, que la Terre est la plus éloignée du Soleil, mais ses rayons frappent la Terre presque perpendiculairement à son axe dans l'hémisphère nord, il en résulte une activité physique considérable. A ce moment, les radiations spirituelles solaires tombent obliquement sur cette partie de la Terre, ce qui les affaiblit.
D'autre part, au solstice d'hiver , la Terre est au point le plus proche du Soleil, et les rayons spirituels solaires arrivent à angle droit sur l'hémisphère nord, où ils favorisent la spiritualité . En même temps, les activités matérielles sont ralenties par le fait que les rayons physiques du Soleil nous arrivent obliquement.
Par conséquent, dans la nuit du 24 au 25 décembre, les activités physiques sont à leur point le plus bas et les forces spirituelles atteignent leur maximum, ce qui en fait la nuit la plus "sainte" de l'année. Le solstice d'été, au contraire, marque l'époque des divertissements des gnomes et autres entités qui s'occupent de l'évolution matérielle de notre globe, ainsi que le montre Shakespeare dans son oeuvre, "Le Songe d'un nuit d'été".
Si nous nageons en suivant la marée montante, nous couvrirons une plus grande distance avec moins d'efforts
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que si nous luttons contre le courant. Pour ceux qui s'intéressent aux sciences ésotériques, il est important de connaître et de comprendre les conditions particulièrement favorables qui s'offrent à Noël. Suivons donc les conseils de Paul qui, dans le douzième chapitre de l'Epître aux Hébreux, nous exhorte à rejeter tout fardeau, ainsi que le font ceux qui rivalisent dans une course. Battons donc le fer pendant qu'il est chaud, bandons toutes nos énergies dans un grand effort spirituel, et nous en récolterons des fruits plus abondants qu'à toute autre époque de l'année.
Rappelons-nous, cependant, que notre avancement personnel ne doit pas avoir la priorité. Nous sommes disciples du Christ, et si nous aspirons à monter, rappelons-nous ses paroles; "Celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu'il se fasse le serviteur de tous" (Marc 9:35). Nous sommes environnés de beaucoup de souffrances et de peines; il y a, parmi nos connaissances, de nombreux coeurs solitaires et affligés. Tâchons, discrètement, de les découvrir, car ils nous seront plus accessibles qu'à toute autre époque de l'année. Efforçons-nous donc de leur apporter un peu de soleil, de manière à mériter leurs bénédictions et celle de nos Frères Aînés. Les vibrations qui en résulteront nous vaudront une croissance spirituelle impossible à atteindre d'une autre manière.
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CHAPITRE 26
LUMIERE
SPIRITUELLE : LE NOUVEL ELEMENT ET LA NOUVELLE SUBSTANCE
Décembre 1911
L'an dernier, nous avions considéré l'époque de Noël d'un point de vue cosmique, en expliquant que les solstices d'hiver et d'été, ainsi que les équinoxes de printemps et d'automne, marquent autant de tournants dans la vie du grand Esprit terrestre. Il en est de même de la Conception , qui marque le début de la descente de l'esprit de l'homme dans un corps de chair, suivie de sa naissance , puis d'une période de croissance jusqu'à sa maturité , où commence un processus de mûrissement et d'adoucissement, accompagné par le lent déclin des énergies physiques, lequel se termine par la mort . Cette dernière libère l'homme des entraves de la chair et marque le début d'une période de métabolisme spirituel, par lequel notre moisson d'expériences terrestres est transmuée en pouvoirs de l'âme, tendances et talents destinés à nous servir au cours des vies suivantes, tout en accroissant notre abondance de ces trésors, afin que nous soyons trouvés dignes, comme les "fidèles serviteurs" de la parabole des talents, de remplir des charges de plus en plus importantes parmi les serviteurs de la maison du Père.
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Cette comparaison est fondée sur l'importante loi de l'analogie, si admirablement exprimée dans la concision de l'axiome d'Hermès: "En bas comme en haut". Notre présente leçon de Noël sera aussi fondée sur cet axiome, clé maîtresse de tous les problèmes spirituels. Il sera le "Sésame, ouvre-toi" qui, nous l'espérons, rectifiera, confirmera ou complétera, si besoin est, les données que possèdent déjà nos étudiants.
Nos corps, qui s'étaient cristallisés sous l'influence de la terrible chaleur de la Lémurie étaient trop brûlants et ne pouvaient contenir suffisamment d'humidité pour que l'esprit puisse accéder librement à toutes les parties de son anatomie, comme cela se produit actuellement grâce à la circulation du sang. Plus tard, au début de l'époque Atlantéenne, les corps avaient bien ce qu'on pourrait appeler du sang, mais ce sang ne circulait qu'avec difficulté. Sans l'abondance d'humidité dans l'atmosphère brumeuse de cette époque, il se serait rapidement coagulé à cause de la température encore très élevée des corps. L'inhalation de l'eau - ce dissolvant universel - contenue dans cette atmosphère, a fait diminuer la température du corps et l'a rendu plus malléable. Peu à peu, cette baisse de température a permis au corps de conserver suffisamment d'humidité pour pouvoir respirer l'air comparativement sec de notre ère Aryenne.
Le corps des premiers Atlantéens était fait d'une substance granuleuse, fibreuse, assez semblable à nos tendons et présentant l'aspect du bois. Avec le temps, la consommation de viande nous a permis d'assimiler suffisamment d'albumine pour la formation des tissus élastiques dont sont faits nos poumons et nos artères, qui permettent la libre circulation du sang à l'heure actuelle.
A l'époque où se sont produits ces changements internes et externes, l'arc-en- ciel est apparu dans toute sa magnificence dans un ciel pluvieux pour marquer l'avènement du "royaume de l'homme", dans lequel les conditions allaient être aussi diverses que toutes les teintes réfléchies par notre atmosphères à partir de la
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couleur uniforme des rayons solaires. C'est ainsi que la première apparition de l'arc-en-ciel dans les nuages a marqué le début de l'ère de Noé, avec l'alternance de ses saisons, et aussi de ses périodes, dont celle de Noël. Les conditions qui prédominent durant notre ère n'ont pas un caractère plus permanent que celles des ères précédentes. Le processus de condensation qui a transformé le brouillard de feu de la Lémurie en la dense atmosphère humide de l'Atlantide et l'a ensuite liquéfiée en pluie qui a rempli les bas-fonds de notre globe en chassant les humains vers les hauteurs, est toujours encore à l'oeuvre. Notre atmosphère se modifie, les conditions physiologiques également, annonçant aux yeux des observateurs et aux esprits clairvoyants l'aube d'un nouveau jour qui pointe à l'horizon du temps, une ère d'unité, que la Bible appelle "Royaume de Dieu" (Matthieu 6:33).
La Bible ne nous laisse aucun doute au sujet de ces changements. Le Christ a déclaré qu'à ce jour il en serait comme à l'époque de Noé (Matthieu 24:36-39). La science et la recherche rencontrent toutes deux des conditions jusqu'ici inconnues. Il est notoire que l'oxygène se consume, pour les besoins de l'industrie, à une allure alarmante. Les incendies de forêts diminuent également la provision de cet élément important, tout en accélérant le processus naturel d'assèchement de notre atmosphère. D'éminents hommes de science nous ont avertis que le jour viendra où les êtres qui dépendent de l'air et de l'eau pour vivre ne pourront plus subsister sur notre globe. Jusqu'ici, ces pronostics n'ont pas causé beaucoup d'inquiétude, car le jour auquel ils font allusion est encore très éloigné. Mais si lointain que soit ce jour, il n'en sera pas moins aussi inévitable pour notre "Aryana" que l'a été le déluge qui a noyé l'Atlantide.
Si un Atlantéen pouvait être exposé à notre atmosphère, il serait asphyxié comme un poisson sorti de son élément. Certaines scènes aperçues dans la Mémoire de la Nature montrent que les pionniers parmi les aviateurs de cette époque perdaient connaissance quand ils rencontraient un de ces courants aériens descendant
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peu à peu vers la terre qu'ils habitaient. Cette expérience a donné lieu à maintes interprétations et conjectures. De nos jours, les aviateurs qui atteignent une certaine hauteur rencontrent un élément nouveau qui les asphyxie comme l'ont été leurs ancêtres atlantéens. Ce cinquième élément qui descend du ciel est appelé à remplacer l'oxygène qui se raréfie dans notre atmosphère. On constate également qu'une substance nouvelle entre dans la composition de notre corps, tendant à y remplacer l'albumine.
Tout comme les aviateurs de l'ancienne Atlantide se trouvaient mal et ne pouvaient pénétrer prématurément dans l'Aryana, la Terre promise, à cause de ces courants aériens descendant du ciel, les aviateurs de notre époque et l'humanité dans son ensemble ne peuvent monter sans appareillage adéquat dans le ciel, et encore moins vivre dans les hauts-lieux à cause de cet élément nouveau qu'il leur faudra d'abord apprendre à assimiler sous ses divers aspects matériels.
De même que les Atlantéens qui, faute d'avoir développé leurs poumons, ont péri dans le déluge, ceux qui n'auront pas tissé leur "robe nuptiale" seront laissés dehors, comme dans la parabole (Matthieu 22:12), et devront se rendre aptes à entrer dans la nouvelle ère lors d'une existence ultérieure. Il est par conséquent essentiel que chacun connaisse ce qui concerne le nouvel élément (voir aussi chapitre 9, page 71), ainsi que la nouvelle substance . Ensemble, la Bible et la science nous renseignent à ce sujet.
Nous avons déjà expliqué que, dans la Grèce antique, la religion et la science étaient enseignées dans les Temples des Mystères, en même temps que les arts et métiers, comme une doctrine unique de l'existence de l'être. Par la suite, ces conditions ont été temporairement abolies en vue de faciliter certaines phases du développement humain. La science et la religion se servaient, dans l'ancienne Grèce, du même langage, ce qui en rendait la compréhension relativement aisée. Mais aujourd'hui des complications ont surgi du fait que la
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religion a traduit les termes grecs, alors que la science les a transcrits (Exemple de ce désaccord : Romains 12:6, les mots grecs "kata tên analogian" sont correctement traduits par "selon la mesure", ou "la proportion", alors que le terme "savant" transcrit est "analogie"). Il en est résulté, tout au moins en apparence, de nombreux désaccords dus au manque de coordination entre les découvertes scientifiques et les enseignements religieux.
Pour comprendre les changements physiologiques en train de se produire dans notre organisme, nous devons rappeler le fait que, selon la science, les lobes frontaux du cerveau sont l'une des plus récentes acquisitions du corps humain. Ils ont largement augmenté, toutes proportions gardées, le volume de notre cerveau par rapport à celui de toute autre créature. Les questions qui se posent sont: Existe-t-il dans le cerveau une substance particulière à cet organe? S'il en est ainsi, quel rôle joue cette substance?
Il nous est facile de répondre à la première question en consultant n'importe quel traité élémentaire de chimie organique, mais la "Cosmogonie des Rose- Croix" nous donne sur ce sujet (chapitre 17, "La Science de l'Alimentation") des renseignements plus complets. Nous en citons quelques passages:
"Le cerveau (...) a été construit avec les mêmes matériaux que les autres parties du corps, avec, en plus le phosphore , qui est particulier à cet organe. On peut en conclure que le phosphore est l'élément spécial qui permet à l'Ego d'exprimer sa pensée (...) Cette substance varie en quantité et en qualité avec le degré d'intelligence de l'individu. Les idiots ont très peu de cette substance et les grands penseurs en ont beaucoup (...) Il est donc très important, pour l'aspirant qui veut utiliser son corps pour un travail mental et spirituel, de fournir la substance nécessaire à cet effet."
La ferveur religieuse incontestable des Catholiques est en partie due au fait que, tous les vendredis et durant le Carême, ils mangent du poisson, aliment riche en phosphore.
Bien que le poisson appartienne à un ordre inférieur de vie, la "Cosmogonie des Rose-Croix" n'approuve pas
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leur destruction pour nos besoins alimentaires, et recommande aux étudiants divers légumes permettant d'obtenir physiquement cette substance. Il existe cependant d'autres moyens bien préférables, non mentionnés dans la "Cosmogonie", mais que l'on trouvera ci-après.
Ce n'est pas par hasard que les Instructeurs de l'Ecole grecque des Mystères ont appelé "phosphore" cette substance lumineuse. Pour eux, il était évident que "Dieu est Lumière ", et le mot grec désignant ce terme est "phôs". Ils ont donc judicieusement appelé "phôs-phoros", littéralement "porteur de lumière", la substance qui, dans le cerveau, permet l'entrée de la force divine.
Dans la mesure où nous sommes capables d'assimiler cette substance, nous donnons accès à la lumière et notre aura commence à briller, à partir de l'intérieur, comme une sorte d'auréole, de "marque de sainteté". Toutefois, le phosphore n'est qu'un moyen physique permettant à la lumière spirituelle de s'exprimer par l'intermédiaire du cerveau physique, la lumière elle-même étant un produit de la croissance de l'âme. En effet, cette croissance peut permettre au cerveau d'assimiler davantage de phosphore. Le moyen d'y parvenir ne tient donc pas à un métabolisme chimique, mais à un processus alchimique de développement de l'âme que le Christ a très clairement expliqué à Nicodème en ces termes:
"Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde (...) Celui qui croit en lui ne sera point condamné, mais celui qui ne croit point est déjà condamné (...) Et cette condamnation, c'est que la lumière est venue dans le monde et que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière (...) Car quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient point à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient blâmées. Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière afin que soit manifesté que ses oeuvres sont faites en Dieu" (Jean 3:17-21).
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Noël est la période de la plus vive lumière spirituelle. Pendant notre ère de cycles alternés, il y a un flux et un reflux de lumière spirituelle, comparable aux marées de l'océan. En ses débuts, l'Eglise chrétienne a fixé le moment de la "Conception" en décembre. Jusqu'à nos jours, cet événement est célébré quand la grande vague de vie et de lumière a commencé sa descente vers le centre de la Terre. Cette pénétration atteint son maximum à Noël qui est, en conséquence, la période vraiment sainte de l'année, le moment où il est le plus facile de prendre contact avec cette lumière spirituelle et de la rendre manifeste par des actes de compassion, de bonté et d'amour. Même les plus pauvres d'entre nous ne manquent pas d'occasions de rendre service, car, ainsi que le font ressortir les enseignements rosicruciens, les services ont plus de valeur que l'aide financière, laquelle peut nuire au bénéficiaire. Toutefois, "il sera beaucoup redemandé à qui il a été beaucoup donné" et si une personne a reçu les biens de ce monde en abondance, une prudente dispensation de ses biens devra accompagner les services rendus. Rappelons-nous les paroles du Christ: "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait". Ainsi, nous pourrons marcher sur ses traces comme de vives et brillantes lumières montrant la route vers l'Ere nouvelle.
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CHAPITRE 27
LE SACRIFICE ANNUEL DU CHRIST - Décembre 1914
Etes-vous déjà demeurés au chevet d'un ami ou d'un parent sur le point de quitter ce monde pour l'au-delà? Cette expérience, la plupart de nous l'ont faite, car où est la demeure où ne soit entré le Temps avec sa faux? La phase de ce passage sur laquelle nous voudrions attirer votre attention n'est pas rare non plus. La personne qui va mourir entre souvent dans une sorte de coma, puis il arrive qu'elle se réveille et voie non seulement ce monde-ci, mais également celui dans lequel elle est sur le point d'entrer. Elle voit alors, chose très significative, des personnes qui ont été ses parents ou ses amis, bref, qui lui ont été chères et qui l'ont précédée dans l'au-delà. Elles se tiennent à son chevet, attendant son passage. Nous avons vu une mère mourante tendre les bras dans un geste de tendresse en disant: "Tiens, voilà Jean...comme il a grandi! Quel superbe garçon!" Et de saluer encore d'autres personnes qui l'accueillent et l'attendent avec la même joyeuse espérance que celle qui nous possède quand nous attendons la naissance d'un nouveau-né, en nous réjouissant parce que nous avons l'intuition qu'il s'agit d'un ami s'apprêtant à venir parmi nous.
Ainsi, ceux qui se trouvent déjà de l'autre côté du voile se rencontrent lorsqu'un ami est sur le point de les
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rejoindre. Par conséquent, nous voyons que la naissance dans un monde est une mort du point de vue de ceux qui sont de l'autre côté. L'enfant qui naît chez nous est mort au monde spirituel, alors que ceux qui nous quittent pour l'au- delà et meurent à notre monde naissent à un monde nouveau et y rejoignent leurs amis.
"En bas comme en haut" dit l'axiome d'Hermès, et la loi d'analogie qui est la même pour le microcosme que pour le macrocosme, nous dit que ce qui advient aux humains sous certaines conditions doit aussi s'appliquer aux êtres surhumains sous des conditions analogues.
Nous approchons maintenant du solstice d'hiver, des jours les plus sombres de l'année, où la lumière du soleil est presque éteinte, où notre hémisphère nord est froid et lugubre. C'est alors, dans la nuit la plus longue et la plus sombre de l'année, que le soleil dirige sa course vers le haut et que renaît la lumière Christique sur la terre, ce dont chacun se réjouit. Toutefois, en vertu de cette même loi d'analogie, lorsque le Christ naît sur la terre, il meurt au ciel. De même que, dès l'instant de la naissance, l'esprit de l'homme est irrévocablement et solidement enfermé dans une enveloppe de chair qui l'entravera durant toute sa vie terrestre, ainsi l'esprit du Christ est retenu captif et entravé chaque fois qu'il naît sur terre. Ce grand sacrifice annuel commence lorsque sonnent les joyeux carillons de Noël, lorsque nos chants et nos actions de grâces montent vers les cieux. Au sens le plus littéral du terme, le Christ est emprisonné de Noël jusqu'à Pâques.
On peut se gausser de l'idée qu'il y ait un influx de vie et de lumière spirituelle à cette époque de l'année, mais le fait demeure, que l'on y croie ou non. Il n'est pas un être qui, en ces journées, ne se sente plus léger, ne se sente "changé", comme si un poids était ôté de ses épaules. Règne alors sur terre l'esprit de paix et de bonne volonté envers tous, esprit qui nous incite à donner , nous aussi , et s'exprime à travers les cadeaux de Noël.
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Quiconque est quelque peu observateur peut sentir cette ambiance, qui est le résultat de la grande vague du don divin. "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique..." C'est à Noël que commence ce don divin, lequel n'est complètement accompli qu'à Pâques, qui marque le tournant, le point crucial, le moment où nous sentons qu'il s'est produit un événement qui assure à notre monde sa prospérité et sa continuité.
Combien est différent le sentiment qui nous envahit à Noël, de celui qui se manifeste à Pâques! En ces journées de printemps, nous éprouvons un élan physique de tout notre être, lequel s'exprime par le désir de procréer et de se perpétuer. Combien cet amour-là est différent de celui qui, à Noël, nous inspirait le besoin de donner plutôt que de recevoir! Jamais non plus les bougies des arbres de Noël n'ont autant brillé que dans ce jour le plus court et le plus sombre de l'année. Jamais les cloches ne retentissent avec un son plus joyeux que quand elles apportent, au monde en attente, ce message "Le Christ est né".
"Dieu est Lumière" écrit l'Apôtre inspiré, et aucune description ne saurait mieux décrire la nature de Dieu que ces trois mots. La lumière invisible qui se revêt de la flamme de l'autel représente excellemment Dieu le Père. Les cloches sont le symbole du Christ, du Verbe, car leurs battants d'airain proclament le message évangélique de la paix et de la bonne volonté. Enfin, l'encens, qui ajoute à notre ferveur intime, représente le pouvoir du Saint- Esprit. Ainsi, la Trinité est symboliquement représentée dans la fête qui fait de Noël l'époque de la plus grande joie spirituelle pour toute la race humaine qui peuple le monde physique et qui y travaille.
Toutefois, comme nous l'avons déjà dit, la naissance du Christ sur la Terre est en même temps la mort du Christ à la splendeur du Ciel. Gardons-nous donc d'oublier qu'au moment où nous nous réjouissons de sa venue annuelle, il est de nouveau revêtu de la lourde charge que nous avons cristallisée et qui est maintenant notre demeure, la Terre. Retenu à l'intérieur de ce corps pesant, il languit dans l'attente du jour de sa libération.
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Vous comprenez bien, sans doute, que pour les Esprits supérieurs, il y a des jours et des nuits comme pour les humains. Tout comme, durant le jour, nous agissons dans notre corps dense, vivant dans ce monde physique la destinée que nous nous sommes préparées, et que nous sommes libérés la nuit pour récupérer nos forces, l'Esprit du Christ subit aussi un rythme analogue. Il habite une partie de l'année notre globe, et ensuite il se retire dans le mondes supérieurs. Ainsi, pour lui, Noël est comme le début d'un jour physique, le commencement d'une période de restrictions.
A quoi donc devrait aspirer le mystique éclairé et dévoué qui se rend compte de la grandeur de ce sacrifice, de ce don de Dieu à l'humanité en cette époque de l'année? Quel doit être le suprême désir de celui qui comprend toute l'étendue du sacrifice du Christ au genre humain, cet assujettissement à une mort virtuelle pour nous permettre de vivre, ce merveilleux amour qui se déverse sur la Terre en cette époque bénie? Que pouvons-nous faire, sinon essayer d'imiter, si faiblement que ce soit, les magnifiques oeuvres de Dieu? D'être un serviteur toujours plus digne de la Croix, d'imiter le Christ en toutes choses en nous sacrifiant à notre prochain, en cherchant à élever l'humanité dans la modeste sphère où s'exerce notre action, afin de hâter le jour de libération que le Christ attend "en gémissant et en peinant". Il s'agit de sa libération définitive, du jour où le Christ reviendra dans toute sa gloire.
Pour travailler le mieux possible à cette réalisation, allons de l'avant dans cette nouvelle année, avec foi et assurance. Si nous avons, par le passé, douté de nos capacités de travailler pour le Christ, chassons de nous ce découragement. N'a-t-il pas déclaré: "Celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes" (Jean 14:12). Celui dont l'essence était parole de vérité, aurait-il affirmé cela si ce n'était pas possible de le réaliser? Tout est possible à celui qui aime Dieu. Si nous voulons faire un travail réel dans notre petite
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sphère personnelle, sans nous préoccuper de travaux plus importants avant d'avoir fait notre devoir immédiat, nous ne tarderons pas à constater une certaine croissance spirituelle, si bien que ceux que nous côtoyons verront en nous quelque chose d'indéfinissable, mais de certain; ils verront que la lumière de Noël, celle du Christ nouveau-né, brille dans notre sphère d'action.
C'est chose possible; il ne dépend que de nous de prendre au mot notre Sauveur et de suivre son commandement: "Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait" (Matthieu 5:48). Cette perfection peut nous paraître très éloignée; en levant nos yeux vers lui, nous voyons encore davantage combien nous sommes loin de vivre selon notre idéal. Néanmoins, c'est en faisant des efforts quotidiens, et même heure par heure, que nous pourrons finalement l'atteindre; nous pouvons chaque jour faire un petit progrès, accomplir quelque chose, faire luire quelque peu notre lumière autour de nous, pour qu'elle puisse guider ceux qui tâtonnent dans les ténèbres. Puisse Dieu nous venir en aide, dans l'année qui vient, et nous permettre d'atteindre à de plus hautes qualités Christiques, de manière à nous rapprocher quelque peu de notre modèle. Puissions-nous vivre de telle manière qu'une fois l'année écoulée, quand nous allumerons de nouveau les bougies de Noël et que nous entendrons l'invitation des sonneries de cloches, nous puissions nous dire que nous n'avons pas vécu en vain.
Chaque fois que nous faisons le don de nous-mêmes par le service, nous accroissons le rayonnement de notre corps de l'âme, lequel est fait d'éther. Actuellement, c'est l'éther du Christ qui guide la Terre sur son orbite, et si nous voulons hâter le jour de sa libération, nous devons être nombreux à avoir suffisamment développé nos corps de l'âme pour qu'ils puissent équilibrer la marche de notre globe. Nous pouvons ainsi soulager notre Sauveur de son fardeau et mettre fin aux souffrances qu'il doit subir de par son existence physique.
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CHAPITRE 28
LE SOLEIL MYSTIQUE DE NOEL - Décembre 1915
Exotériquement, le Soleil a été adoré de temps immémorial comme le donneur de vie, parce que la multitude était incapable de voir au-delà de ce qui n'est que le symbole d'une grande vérité spirituelle. Mais à côté de ceux qui adoraient ce que voyaient leurs yeux de chair, il y a toujours eu une petite minorité, aujourd'hui croissante (sorte de sacerdoce consacré par le mérite plutôt que par les rites), de gens qui ont vu et qui voient les éternelles vérités spirituelles, derrière les formes temporaires et éphémères revêtant ces vérités de diverses façons, les accompagnant d'un cérémonial adapté aux époques et aux peuples qui les ont reçues. Pour cette élite éclairée, l'étoile légendaire de Bethléem resplendit à nouveau d'année en année. Elle est le soleil mystique de minuit qui pénètre notre planète au moment du solstice d'hiver et qui commence à irradier, du centre de la Terre à la périphérie, des vibrations de Vie, de Lumière et d'Amour, les trois attributs de Dieu.
Ces rayons de gloire spirituelle et de pouvoir remplissent notre globe d'une lumière surnaturelle qui enveloppe indifféremment toutes les créatures de la Terre, de la plus humble à la plus évoluée. Mais tous ne sont pas
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capables de bénéficier dans la même mesure de ce don merveilleux. Certains en obtiennent davantage, d'autres moins, et quelques-uns, hélas! semblent ne pas participer à ce grand influx d'amour que le Père nous a envoyé avec son Fils unique, parce qu'ils n'ont pas développé en eux l'aimant spirituel qu'est l'enfant-Christ intérieur, seul capable de nous guider vers la Voie, la Vérité et la Vie.
"A
quoi me servirait la clarté du soleil,
Si je n'avais pas des yeux pour voir?
Comment reconnaîtrais-je que le Christ est mort pour moi,
Si ce n'était par le Christ en moi?
Une voix silencieuse, tout au fond de mon coeur,
Est le gage du pacte entre le Christ et moi,
Avec la certitude qui affermit ma foi."
Il s'agit-là d'une expérience mystique, dont beaucoup de nos aspirants reconnaîtront la réalité, car elle est littéralement aussi vraie que la venue du jour après la nuit, ou celle de l'hiver après l'été. A moins d'avoir le Christ en nous, avant que ne soit réalisé ce merveilleux pacte de fraternité par le sang, nous ne pouvons participer à l'activité du Sauveur, et les sonneries de cloches de Noël restent sans effet sur nous.
Mais lorsque le Christ sera formé en nous (Galates 4:19), lorsque l'Immaculée Conception sera devenue réalité dans notre propre coeur, lorsque nous aurons assisté à la naissance de l'enfant-Christ et que nous lui aurons offert nos présents, consistant en la consécration de notre nature inférieure au service du Moi supérieur, alors seulement, la fête de Noël se renouvellera d'année en année pour nous. Plus nous aurons travaillé dur dans la vigne du Maître, plus clairement et plus distinctement nous pourrons alors entendre la voix silencieuse qui, dans notre coeur, nous invite: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Chargez-vous de mon joug (...) car mon joug est doux et mon fardeau léger" (Matthieu 11:28-30).
Pour nous, les cloches de Noël auront alors un accent nouveau, jamais perçu auparavant, car aucun autre jour
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terrestre ne peut paraître plus heureux que celui où le Christ naît de nouveau à la Terre en apportant ses dons aux enfants des hommes, des dons qui sont la continuation de la vie physique. Sans l'influence revitalisante de l'Esprit Christique, la Terre resterait froide et morne; nous n'entendrions plus, au printemps, les chants des oiseaux qui nous réjouissent en nous annonçant la venue prochaine de l'été. L'étreinte glacée des vents du nord s'opposerait à tout développement de notre Terre devenue muette pour toujours, rendant impossible notre évolution matérielle, tellement nécessaire pour nous enseigner à diriger notre pensée dans des voies créatrices.
L'esprit de Noël est donc, pour tous ceux qui ont développé le Christ intérieur , une vivante réalité. La plupart des gens ne ressentent guère ces sentiments qu'aux jours de fête, mais le mystique illuminé voit et sent cette influence plusieurs mois avant et après le point culminant de la Nuit sainte. Dès septembre, un changement s'opère dans l'atmosphère terrestre; une lumière spéciale commence à être perçue dans le ciel; elle paraît se répandre dans tout le système solaire et gagner peu à peu en intensité; elle enveloppe notre planète et se concentre graduellement en son centre, où les esprits-groupes des végétaux ont leur demeure. C'est dans la Nuit Sainte que cette lumière atteint son maximum de concentration et d'intensité. Ensuite, elle commence à s'irradier et à faire revivre la surface terrestre, permettant ainsi à la nature de poursuivre ses activités au cours de l'année qui commence.
Tel est le début du grand drame cosmique, qui se joue chaque année durant les mois d'hiver et que l'on pourrait intituler "De la Crèche à la Croix".
C'est donc, au point de vue cosmique, dans la nuit la plus longue et la plus sombre de l'année que naît le Soleil et qu'à minuit la constellation de la Vierge se trouve à l'horizon oriental pour donner naissance à l'enfant immaculé. Pendant le mois suivant, le Soleil parcourt le signe violent du Capricorne, où toutes les puissances des ténèbres sont rassemblées dans un effort désespéré pour anéantir le "porteur de lumière", phase mystique
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du drame solaire, représenté par l'histoire du roi Hérode et celle de la fuite en Egypte pour échapper à la mort.
Lorsque le soleil parcourt, en février, le signe du Verseau, nous avons une période de pluie et de tempêtes. De même que le baptême consacre mystiquement le Sauveur à son oeuvre de service, ainsi les pluies qui descendent sur le sol l'amollissent et le rendent plus meuble, afin de lui permettre de produire de quoi préserver la vie des créatures terrestres.
Vient ensuite le passage du soleil dans le signe des Poissons. A ce moment de l'année, les provisions sont presque épuisées et la nourriture se fait rare. C'est alors que nous avons le long jeûne du Carême qui a pour l'aspirant un sens mystique; il montre le même idéal que le Soleil sur le plan cosmique. Cette période commence par le carnaval (carne vale, signifiant adieu à la chair) car quiconque aspire à la vie supérieure doit un jour dire adieu à sa nature inférieure avec tous ses désirs, et se préparer à la Pâque prochaine.
En avril, lorsque le Soleil vient de croiser l'équateur céleste et d'entrer dans le Bélier, ou agneau, la croix se présente comme un symbole mystique du fait que l'aspirant à la vie supérieure doit apprendre à dépouiller le vieil homme et commencer à gravir le Calvaire, ou place du crâne , la croix étant le seuil des mondes invisibles. Finalement, à l'exemple du Soleil qui monte dans l'hémisphère boréal, il doit apprendre que sa place est auprès du Père et que son but ultime est l'Ascension vers ce lieu élevé. En outre, de même que le Soleil ne s'arrête pas à son plus haut degré de déclinaison, mais redescend vers l'équinoxe d'automne et le solstice d'hiver pour reprendre encore et encore sa marche cyclique au profit de l'humanité, ainsi celui qui aspire à devenir un être cosmique, un sauveur de l'humanité, doit être prêt à s'offrir sans relâche en sacrifice à ses semblables.
Telle est la grandiose destinée promise à chacun de nous, car nous sommes tous des Christs en devenir, et il ne
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tient qu'à nous de le devenir, car le Christ a dit à ses disciples: "Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les oeuvres que je fais (...) et même de plus grandes". En outre, selon la maxime "La détresse de l'homme ouvre une porte à Dieu", jamais il n'y a eu davantage d'occasions d'imiter le Christ, de "faire les oeuvres qu'il fait", qu'aujourd'hui, où le continent européen est déchiré par une lutte sans merci et où le sublime chant de Noël "Paix sur la terre et bonne volonté envers les hommes" semble plus éloigné que jamais de sa réalisation.
Nous avons, en nous-mêmes, le pouvoir de hâter le jour de la PAIX en vivant en elle, en parlant d'elle, en y pensant sans cesse, car l'action concentrée de milliers de personnes peut impressionner les esprits de race quand elle est dirigée vers eux, surtout quand la Lune est dans les Signes du Cancer, du Scorpion et des Poissons, qui sont les trois grands signes psychiques, dont les plus appropriés à une tâche de cette nature.
Employons donc les deux jours et demi pendant lesquels la Lune est dans chacun de ces signes à méditer sur la paix, sur la "paix sur la terre et bonne volonté envers les hommes". Mais faisons bien attention, en même temps, de ne pas prendre parti pour ou contre l'une ou l'autre des nations en guerre. Rappelons-nous sans cesse que chacun de leurs membres et notre frère, et que les uns ont autant droit à notre amour que les autres. Gardons présent à l'esprit notre désir de voir la Fraternité universelle vécue dans le monde, autrement dit la paix sur la terre et la bonne volonté envers les hommes, quelle que soit leur naissance d'un côté ou de l'autre d'une ligne imaginaire tracée sur la carte, quelle que soit leur manière de s'exprimer dans une langue ou dans une autre.
Prions donc pour que la paix vienne dans le monde, une paix permanente, avec la bonne volonté envers tous,
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sans distinction de race, de couleur, de religion ou de langage. Dans la mesure où nous parviendrons à formuler avec nos coeurs et non seulement avec nos lèvres, cette prière impersonnelle pour la paix, nous aiderons à la réalisation du Royaume du Christ, car rappelez-vous qu'avec le temps nous devrons tous accéder à un Royaume des Cieux , où le Christ est "Roi des rois et Seigneur des seigneurs" (I Timothée 6:15).
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CHAPITRE 29
LA MISSION DU CHRIST ET LA GRANDE FETE DES FÉES - Décembre 1918
Chaque fois que nous nous trouvons en face d'un de ces mystères de la nature que nous sommes en peine d'expliquer, nous nous contentons d'inventer un mot nouveau qui est ensuite ajouté au dictionnaire. Nous jonglons habilement avec ces termes nouveaux pour cacher notre ignorance, tel l'ampère servant à mesurer l'intensité du courant électrique, le volt qui sert à désigner sa tension, et l'ohm qui indique la résistance qu'un conducteur donné oppose au passage d'un courant.
C'est ainsi que, après beaucoup d'études et de chiffres, les sommités de la science de l'électricité essaient de convaincre et de persuader les autres qu'ils sont arrivés à sonder le mystère de cette force qui joue un rôle si important dans notre monde. Mais quand tout a été dit et qu'ils sont en veine de confidences, ils admettent que les plus brillants cerveaux parmi eux n'en savent guère plus que l'écolier qui commence à expérimenter avec les éléments de ses piles et de ses batteries.
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Il en est de même en ce qui concerne bien d'autres sciences; par exemple, il faut assez longtemps aux anatomistes pour distinguer un embryon humain de celui d'un chien, et même si le physiologiste parle savamment du métabolisme, il ne peut nier que les essais entrepris en laboratoire pour imiter le processus de la digestion diffèrent sensiblement des transformations subies dans notre tube digestif par notre nourriture.
Ceci ne vise pas à dénigrer les savants, ni à minimiser les merveilleux résultats obtenus par la science, mais à souligner le fait que, derrière toutes les manifestations de la nature, il existe certains facteurs, certaines intelligences plus ou moins conscientes, bâtisseuses et destructrices, qui jouent un rôle important dans l'économie de la nature. Tant que ces agents n'auront pas été reconnus et que nous n'aurons pas étudié leurs fonctions, il nous sera impossible de concevoir la façon dont les forces de la nature opèrent, qu'il s'agisse de ce que nous nommons chaleur, électricité, pesanteur, réactions chimiques, etc.
Pour ceux qui ont développé la vision spirituelle, il est évident que les prétendus "morts" passent une bonne partie de leur temps à construire des corps sous la direction de certaines hiérarchies spirituelles. Ce sont eux qui sont les agents des processus du métabolisme, les facteurs invisibles des fonctions d'assimilation, et il est rigoureusement exact que nous ne pourrions vivre sans leur importante aide. Un exemple nous fera mieux comprendre quels rapports nous avons avec eux.
Supposons qu'un artisan façonne une table et qu'un chien, qui est un être appartenant à une vague de vie différente soit en train de l"observer. Il le verra d'abord couper ses planches, les assembler, ajuster les pieds. Peu à peu, la table prendra forme, mais bien que le chien ait observé la manière dont elle s'est construite, il n'a pas une idée claire des procédés employés, ni de l'usage qui sera fait de cette table.
Supposons maintenant que le chien n'ait pas une vue lui permettant de voir l'artisan et ses outils. Il verrait alors le bois se scinder en divers éléments, qui seraient ensuite assemblés d'une autre manière et deviendraient
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finalement une table. Il verrait donc uniquement le procédé de formation jusqu'à ce que les diverses pièces utilisées soient devenues un meuble, mais sans comprendre que le travail d'un artisan a été nécessaire pour transformer la matière première et en faire une table. S'il pouvait parler, peut-être expliquerait-il l'origine de la table comme la petite Topsy expliquait la sienne par "j'ai seulement grandi".
Notre relation avec les forces de la nature est comparable à celle du chien envers l'invisible artisan, et nous sommes également enclins à expliquer les mystères de la nature comme le faisait Topsy. Nous expliquons gravement comment la chaleur solaire fait s'évaporer l'eau des rivières et des étendues d'eau, comment cette vapeur s'élève vers des hauteurs plus froides, où elle se condense en nuages qui deviennent ensuite tellement chargés d'humidité qu'ils redescendent sous forme de pluie pour remplir à nouveau les étendues d'eau et s'évaporer ensuite. C'est simple comme tout; n'est-ce pas charmant de voir avec quel automatisme fonctionne ce mouvement perpétuel? Mais est-ce bien tout? N'y aurait-il pas quelques lacunes dans cette simple théorie?
Sans fournir d'autres explications qui nous entraîneraient trop loi de notre sujet, nous pouvons affirmer, cependant, que ces lacunes existent. A la base de cette théorie, en effet, il manque une notion qui la rendrait tout à fait explicite, en faisant connaître l'action semi-intelligente des sylphes qui, soulevant des particules préparées à la surface des eaux par les ondines, les emportent aussi haut que possible avant qu'une condensation partielle ne s'opère, donnant naissance aux nuages. Les sylphes conservent ces particules d'eau tant que les ondines ne les obligent pas à les restituer.
Quand nous disons "qu'il fait de l'orage", c'est que, à la surface des océans se livrent de véritables combats, auxquels participent souvent les salamandres qui allument des éclairs entre l'oxygène et l'hydrogène au moment où ces éléments se séparent, et qui les précipitent en fracassants zigzags à travers les ténèbres qu'ils
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illuminent soudain. C'est alors que retentissent les coups de tonnerre assourdissants se répercutant de proche en proche, tandis que les ondines triomphantes renvoient à terre les gouttes de pluie qui rentrent dans leur élément tout en fertilisant le sol.
Les petits gnomes, eux, aident à construire les plantes. Ils prennent un soin tout particulier à colorer les fleurs de ces teintes infiniment variées et délicates qui enchantent nos yeux. Ils cisèlent également les cristaux des diverses roches. Habillement taillées par les lapidaires, les plus précieuses d'entre elles font ces joyaux admirables qui scintillent dans l'or des bijoux et des diadèmes. Sans les gnomes, nous n'aurions ni le minerai de fer qui alimente nos machines, ni l'or pour nous le procurer. L'abeille n'est pas plus industrieuse que ces petites entités qui sont partout. La seule différence, est qu'on ne les voit pas. Tout le monde connaît le travail des abeilles. Personne n'ignore qu'on leur doit le miel, mais on ne sait rien des mille travaux accomplis par ces petits esprits de la nature. Seuls savent les reconnaître quelques clairvoyants exercés considérés comme de doux rêveurs, ou, tout simplement, comme des fous.
Au solstice d'été, l'activité de la nature atteint son point culminant; et le "Songe d'une nuit d'été" de Shakespeare évoque la grande fête annuelle des fées qui ont travaillé à façonner notre univers matériel, nourri le bétail, fait pousser le blé, et qui accueillent avec joie et reconnaissance l'immense vague d'énergie qui leur sert à façonner les fleurs en formes exquises, selon leurs archétypes, et à leur donner ces coloris divers, ravissement et désespoir des peintres qui tentent de les reproduire sur la toile.
Au cours de cette grandiose nuit d'été, du fond des vallons et des ravins, les fées accourent et se rassemblent au milieu des forêts. Elles préparent et consomment réellement leur nourriture éthérique; ensuite, elles dansent des rondes folles, dans la joie d'avoir rempli le rôle qui leur est dévolu dans l'économie de la nature.
La science dit à bon droit que la nature ne tolère rien d'inutile; en effet, elle a horreur des parasites et des bourdons. Tout organe devenu inutile, tel que le membre ou l'oeil inutilisé s'atrophie. La nature a du travail à accomplir, aussi exige-t-elle de chacun qu'il justifie son existence en travaillant. Cela s'applique aussi bien à la
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plante qu'à la planète, à l'homme qu'à l'animal, et aux fées également. Ce sont des êtres très occupés, et leur rôle explique plus d'un des nombreux mystères de la nature.
Nous nous trouvons maintenant au point opposé du cycle annuel, au solstice d'hiver, où les jours sont courts et les nuits longues. Les ténèbres sont littéralement suspendues sur l'hémisphères nord, mais la grande vague de lumière spirituelle et de vie qui sera à la source de la croissance et du progrès de l'année qui approche, atteint en ce moment sa plus grande puissance et son plus haut sommet. Pendant la nuit de Noël, alors que le signe céleste de la Vierge immaculée se profile à l'horizon oriental à minuit, le soleil de l'année nouvelle renaît pour sauver l'humanité du froid et de la famine qui seraient notre lot si sa lumière bénéfique nous était refusée. A cette époque de l'année, l'esprit Christique est né à l'intérieur de la Terre et commence à fertiliser le sol et à pénétrer les millions de semences que les fées font lever et arrosent en vue de nous fournir une nourriture physique.
Mais, comme il est écrit, "l'homme ne vit pas de pain seulement". Si important que soit le travail des fées, il est minime si on le compare à la mission du Christ qui nous apporte, chaque année, la nourriture spirituelle nécessaire à nos progrès sur le sentier de l'évolution, afin que nous puissions, comme lui, développer l'amour dans sa plénitude, avec tout ce que cette ascèse comporte de sacrifices.
C'est la venue de cette merveilleuse lumière d'amour spirituel que nous symbolisons par les bougies des arbres de Noël et des crèches, et aussi par les sonneries de cloches qui, chaque année, annoncent la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur. En effet, au point de vue spirituel, le son et la lumière sont inséparables. La lumière se colore et le son se modifie selon les taux de vibration de chacun d'eux. La lumière de Noël qui éclaire la Terre est dorée et donne naissance aux sentiments d'altruisme, de joie et de paix que la grande guerre elle-même n'a pu entièrement étouffer.
Cette guerre est maintenant terminée, et comme nous apprécions toujours le plus ce dont nous avons été
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privés, il est permis d'espérer qu'en ce Noël, l'humanité va s'unir dans ce chant sublime: "Paix sur la terre, et bienveillance envers les hommes".
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TROISIEME PARTIE
INTERPRÉTATION MYSTIQUE DE PAQUES
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Les textes contenus dans ce petit livre sont tirés de conférences et d'écrits de Max Heindel publiés dans les "Rays from the Rose-Cross" ou sous forme de livre. Les "Echos de Mount Ecclesia", première publication de Max Heindel en 1913 sont une source de connaissance et de sagesse concernant les évènements qui ont une signification mystique. On trouvera aussi dans "Glanes d'un Mystique" (chapitres 20 et 21 de ce volume) et "Enseignement d'un Initié" (chapitres 13 et 14 du tome I) d'autres textes sur Pâques.
Nous avons l'espoir que notre humble effort inspirera ceux qui ont aperçu cette étincelle divine de lumière et d'amour, et qui s'efforcent d'atteindre l'ultime but auquel est parvenu Christ Jésus, il y a deux mille ans, sur le Golgotha. Ce qu'Il a accompli à cette époque est la tâche qui attend chacun de nous. Quand nous aurons tout abandonné à notre Moi supérieur ou Christ intérieur, nous connaîtrons la résurrection et la libération de la matière, et nous pourrons dire avec le Christ: "Tout est accompli!" Augusta Foss Heindel
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CHAPITRE 30
LE CHRIST COSMIQUE
"Le
Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
S'il ne naît en toi, ton âme reste solitaire.
La Croix du Golgotha tu contemples en vain,
Tant qu'en toi-même elle ne s'élève point." --- Angelus
Silesius
La chanson à la mode que tout le monde répète avec entrain et qui, demain, sera oubliée; la pièce de théâtre qui tient l'affiche pendant une centaine de soirées, pour être ensuite reléguée à jamais dans l'oubli; toutes les choses éphémères prouvent, par leur nature même, qu'elles sont sans valeur permanente. Une étoile filante n'illumine le ciel que pendant un bref instant, mais bien que les autres étoiles brillent d'un éclat moins vif et retiennent moins l'attention, c'est durant des siècles et des siècles que leur lueur réjouit le voyageur par les nuits solitaires.
Seuls, les chants qui méritent de survivre au temps, ceux qui ne nous lassent pas, possèdent une valeur réelle. Il en est de même des cycles cosmiques qui se répètent, signalés par les fêtes de l'année. Chaque fois qu'ils se renouvellent, ils nous enseignent les anciennes leçons, toujours les mêmes, vues sous un angle différent.
Nous voici revenus à l'époque de Pâques. L'impulsion vitale apportée par le Christ cosmique, qui a pénétré dans la Terre à l'automne dernier et dont la naissance mystique a eu lieu à Noël, a maintenant accompli son
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oeuvre merveilleuse de fécondation durant les mois qui séparent l'automne de la présente saison de Pâques. Il se libère de la croix de la matière pour remonter vers le trône du Père en laissant la Terre revêtue de sa splendeur printanière, toute prête pour les activités physiques de la saison d'été.
"En bas comme en haut": le processus qui a lieu sur terre se reproduit également dans l'être humain, sur une plus petite échelle. Nous avons été, vous et moi, durant les six mois qui viennent de s'écouler, plus complètement imprégnés des vibrations spirituelles qui prédominent durant tout l'hiver, que nous ne pourrons l'être sous les conditions plus matérielles qui règnent en été.
A l'automne, nous avons ressenti une nouvelle impulsion vers la vie supérieure; elle a atteint son maximum lors de la Nuit sainte. Elle a influencé notre nature par sa magie, dans la mesure où nous avons su saisir les occasions qui se présentaient. Selon notre diligence ou notre négligence durant la saison passée, nos progrès se trouvent accélérés ou retardés, car il n'y a rien de plus vrai que l'axiome "nous sommes les fils de nos oeuvres". Selon les services que nous aurons rendus ou négligé de rendre, une occasion plus importante de servir nous fera monter plus haut.
On ne saurait trop répéter qu'il est inutile de s'attendre à notre libération de la croix de la matière avant d'avoir mis à profit nos occasions de servir ici-bas et d'avoir ainsi mérité d'avoir de l'avancement dans une sphère où nous pourrons nous rendre encore plus utiles. Les "clous" qui ont fixé le Christ sur la croix du Calvaire nous retiendront, vous et moi, tant que l'impulsion dynamique de l'amour Christique n'aura pas émané de nous en ondes rythmiques comparables à celles qui, d'année en année, pénètrent la Terre et lui redonnent vie.
Vous connaissez l'analogie entre, d'une part, l'homme qui au réveil, entre dans ses véhicules, y demeure et y travaille pendant la journée, mais qui, la nuit, est un esprit libéré des entraves de son corps dense et, d'autre
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part, l'esprit du Christ qui habite une partie de l'année dans notre Terre. Nous savons tous à quel point notre corps est une entrave et une prison, combien nous sommes contraints par la maladie et la souffrance, car aucun de nous n'a jamais eu une santé absolument parfaite et exempte de toute douleur; du moins, aucun de ceux qui se sont engagés sur le Sentier.
Il en est de même du Christ cosmique, lequel porte son attention sur notre petite Terre et y concentre sa conscience afin de nous permettre de continuer à vivre. Il doit, d'année en année, stimuler et ranimer cette masse inerte que nous avons cristallisée lors de sa séparation du soleil et qui est pour lui une entrave, un boulet, voire une prison.
Il est donc tout naturel de se réjouir lorsqu'il revient chaque année à Noël et qu'il renaît dans notre monde pour nous aider à jouer le rôle de levain qui allégera cette lourde masse dont nous nous sommes embarrassés. A cette époque de l'année, nos coeurs devraient se tourner vers lui avec un sentiment de reconnaissance pour le sacrifice qu'il accepte en revenant chaque hiver pénétrer notre planète de sa Vie, afin de la réveiller de son sommeil hivernal, dont elle ne se réveillerait pas sans ce divin sacrifice. Durant les mois d'hiver, le Christ subit une vraie torture, "gémissant et souffrant les douleurs de l'enfantement" (Galates 4:19) dans l'attente du jour de la libération, jour qui, selon l'Eglise, correspond à la semaine de la Passion. Cependant, à la lumière des enseignements mystiques, nous comprenons que cette semaine est aussi le point extrême de sa souffrance, alors qu'il est sur le point de quitter sa prison; qu'au moment où le Soleil croise l'Equateur, il est suspendu à la croix et s'écrie: "Consummatum est", tout est accompli. Cela signifie que, pour cette "journée" de son ministère, son oeuvre est terminée; ce n'est donc pas un cri d'agonie, mais bien de triomphe, un cri de joie parce que l'heure de la libération est venue et que, de nouveau, il peut s'élever, étant libéré de notre planète et de ses entraves.
Le point sur lequel je voudrais attirer votre attention est que nous devons nous réjouir avec lui en cette heure
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glorieuse et triomphale de libération, où il s'écrie: "Tout est accompli!" Accordons nos coeurs à ce grand événement cosmique; réjouissons-nous avec le Christ, notre Sauveur, de ce qu'il ait de nouveau atteint le terme de son sacrifice annuel. Du fond du coeur, soyons reconnaissants de ce qu'il se libère à nouveau des entraves terrestres, et de ce que la vie dont il a imprégné notre planète soit à même de nous soutenir jusqu'au prochain Noël.
La nature est l'expression symbolique de Dieu. Par conséquent, pour connaître Dieu, il nous faut étudier la nature, tout en nous rappelant que, derrière chacune de ses manifestations, il y a une intention; que la vie est une école et qu'en y étudiant ses nombreuses leçons, l'humanité évolue lentement de la divine petite étincelle jusqu'à la divinité. Si nous avions appris les nombreuses leçons de la vie telles que nous les avons reçues, le grand sacrifice que s'impose, d'année en année, l'Esprit Christique, incarnation de l'amour, n'aurait pas été nécessaire.
Notre égoïsme, notre désobéissance à la Loi, nos coutumes dépravées nous ont fait rapidement cristalliser, non seulement nos propres corps, mais aussi notre globe à un tel point qu'ils devenaient inutilisables comme facteurs d'évolution. Au moment où rien ne pouvait plus nous sauver des résultats de nos propres erreurs, le Christ compatissant s'est offert, dans son grand amour, pour défaire cet état de cristallisation de nos corps et de la Terre. Pendant trois ans, il a enseigné les humains par la parole, les préceptes et l'exemple.
Au moment de sa crucifixion sur le Calvaire, son grand sacrifice en faveur de l'humanité ne faisait que commencer. Depuis lors, chaque année, au moment où, le 21 septembre, le soleil passe du signe de la Vierge à celui de la Balance, l'esprit du Christ retournant vers la Terre, entre en contact avec son atmosphère. Il a commencé à descendre dès le 21 juin, au solstice d'été, lors de l'entrée du soleil dans le Cancer. Il atteint le
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centre de notre globe au solstice d'hiver et y reste trois jours, après quoi il commence à se retirer. Cette libération s'achève à Pâques. Dès lors, et jusqu'au solstice d'été, il remonte dans les mondes supérieurs et atteint le monde de l'Esprit divin, le trône du Père, le 21 juin. Au cours des mois de juillet et août, pendant que le soleil traverse les signes du Cancer et du Lion, il reconstruit le véhicule d'Esprit de Vie qu'il apportera de nouveau à la Terre pour la régénérer, elle et les règnes qui la peuplent. De Noël à Pâques, il se consacre entièrement à cette oeuvre en donnant vie, non seulement aux graines, mais à tout ce qui est sous terre, sur terre et autour de la Terre.
Sans cet influx annuel de vie et d'énergie divines, toutes choses vivantes sur terre ne tarderaient pas à périr, et tous les progrès de l'évolution humaine cesseraient. Cette activité de la vie du Père, qui fait germer tout ce qui doit renaître, nous est apportée par le Christ, lequel a complètement achevé sa tâche à Pâques avec le renouveau et l'activation des plantes, des animaux et du règne humain. Le Christ ne quitte pas notre planète à Pâques avant de s'être donné sans restriction. A cette époque, son influx vital, aidé par les rayons solaires se rapprochant de la verticale, fait croître les graines, fleurir les arbres, tandis que les oiseaux, sous la direction de leurs esprits-groupes, s'accouplent et construisent leurs nids. Un renouveau d'énergie donne aux humains le courage de faire face aux problèmes de leur existence et d'en tirer un profit à la fois mental et spirituel.
Pour ceux qui ont choisi de travailler avec discernement et intelligence, en accord avec les lois du cosmos, Pâques revêt une portée grandiose. Pour eux, Il signifie la libération annuelle de l'esprit du Christ qui, dégagé de la Terre où il s'était confiné, entreprend sa joyeuse ascension vers son véritable domaine, où il demeurera, pour la durée d'une saison, dans le sein du Père. Et ceux des aspirants qui auront déjà les yeux ouverts pourront contempler les cohortes d'anges en attente, prêts à accompagner le Christ dans son voyage vers les
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cieux. Si leurs oreilles sont prêtes à capter la musique céleste, ils entendront des choeurs chantant les louanges du Seigneur ressuscité et entonnant de joyeux hosannas en son honneur.
Pour eux, Pâques fait comprendre que tous les êtres humains sont des pèlerins en ce monde, mais que la vraie demeure de l'esprit est le royaume des cieux que chacun devrait s'efforcer d'atteindre en apprenant ses leçons à l'école de la vie pour voir poindre le jour où nous serons libérés en permanence de la servitude de l'existence terrestre. C'est alors qu'à l'instar du Christ libéré, nous saurons ce qu'est l'immortalité glorieuse qui récompense l'esprit ayant atteint la perfection.
Pour ceux qui ont atteint l'illumination, Pâques symbolise l'aube du jour béni où toute l'humanité sera, de même que le Christ, libérée à jamais des conditions étriquées de la matière et où elle s'élèvera dans les régions célestes pour devenir des piliers dans la maison du Père, dont ils ne sortiront plus (Apocalypse 3:12).
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CHAPITRE 31
UN ÉVÉNEMENT D'UNE GRANDE PORTÉE MYSTIQUE - Texte intégral
"Simon Pierre luit dit: Seigneur, où vas-tu? - Jésus répondit: "Tu ne peux pas maintenant me suivre où je vais, mais tu me suivras plus tard." (Jean 13:36) "En vérité (...) celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes" (Jean 14:12).
Si nous assistions à un service religieux dans une église un dimanche de Pâques, nous y entendrions conter l'histoire de Jésus, fils de Dieu, conçu sans péché et qui, à l'âge de trente ans, entreprit un ministère d'une durée de trois ans, lequel se termina par la crucifixion et la mort, afin que nous soyons sauvés par son sang. On nous dirait peut-être aussi qu'à Pâques il est ressuscité, qu'il est monté au ciel et qu'il est assis à la droite du Père, d'où il reviendra pour juger les vivants et les morts.
Alors que, grâce à la faculté de lire dans la Mémoire de la Nature, nous avons acquis la certitude que Jésus a effectivement vécu et que les éléments principaux de sa vie se sont produits comme le relatent les Evangiles, nous savons que la mission du Christ mystique est infiniment plus glorieuse que tout ce qui a pu entrer dans le coeur de ceux qui connaissent uniquement l'interprétation traditionnelle des Evangiles.
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La fête de la Résurrection que nous appelons Pâques ne commémore pas uniquement la résurrection d'un homme, si sublime soit-il; c'est également un événement cosmique. Il serait totalement absurde de célébrer une mort et une résurrection ayant eu lieu à des jours fixes, par une fête mobile dont la date est chaque fois déterminée par les positions respectives du Soleil et de la Lune dans le signe du Bélier.
Chaque année, une vague spirituelle de vitalité pénètre, au solstice d'hiver, dans notre Terre presque privée de vie, pour fertiliser les graines endormies dans le sol glacé et donner au monde une vie nouvelle. Ce travail s'accomplit pendant les mois d'hiver, où le Soleil passe successivement par le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Après avoir parcouru ces signes, il croise l'équateur céleste, et ce "croisement", cette "mise en croix" ou "crucifixion", est en rapport étroit avec l'entrée du Soleil dans le signe du Bélier, autrement dit de l'Agneau . Le Soleil monte ensuite dans les signes septentrionaux pour réchauffer de ses rayons les graines germant dans un sol revitalisé pendant l'hiver par la force de vie du Christ qui y a pénétré.
Sans cette vague mystique annuelle d'énergie vitale émanant du Christ cosmique, la vie physique serait impossible. Sans elle, il n'y aurait ni pain, ni vin physiques, ni cette essence spirituelle transsubstantielle préparée par alchimie avec le sang du coeur du disciple.
L'agneau a été immolé dès le début de l'époque Aryenne dans laquelle nous vivons. Son sang était le symbole de ce qui a sauvé de la mort le "Peuple élu de Dieu" lors de sa fuite de l'Egypte mythique où l'on adorait encore le boeuf Apis, en relation avec le signe du Taureau.
Dès ce moment, tous ceux qui avaient été sauvés par le sang de l'Agneau ont été considérés comme idolâtres s'ils se remettaient à adorer le veau d'or, car les anciennes religions du Taureau avaient été remplacées par celles de l'Agneau dès le moment où le point vernal du Soleil était entré, par précession, dans la constellation
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du Bélier. Plus tard, lorsque le point vernal atteignait le septième degré de la constellation du Bélier, le Christ est venu dans le corps de Jésus pour établir une nouvelle alliance sous le sceau et le symbole du pain mystique et de l'eau vive. L'Agneau de Dieu était près de terminer son règne; il l'a fait individuellement lorsque le Christ a quitté le corps de Jésus, et au point de vue cosmique, au moment où le point vernal du Soleil a quitté le signe du Bélier ou de l'Agneau. Ceux qui, durant l'ère des Poissons, devaient êtres les messagers du divin Maître représentant lui-même, lors de la dernière Cène, l'agneau du sacrifice, allaient recevoir de nouveaux symboles: le pain de vie et l'eau vive leur ont été offerts comme des représentations de son corps et de son sang pour qu'ils les consomment en souvenir de lui durant l'ère nouvelle. Il existe donc un rapport entre le vin mystique et le sang, ainsi qu'entre le pain mystique et le corps, un rapport qu'il nous faut saisir si nous désirons connaître le sens réel de la mort mystique et de la résurrection.
Dans ce monde-ci, nous avons quatre règnes: minéral, végétal, animal et humain. On estime généralement que la vague de vie qui est devenue le genre humain a méthodiquement progressé à partir du règne minéral. Les enseignements ésotériques sont en accord avec cette théorie, mais avec certaines réserves. Ce qui est aujourd'hui notre Terre a précédemment passé par trois "incarnations" antérieures, respectivement appelées Périodes de Saturne, du Soleil et de la Lune. Quant à l'évolution de la Période actuelle de la Terre, elle se divise en deux phases, dont celle de Mars appartient au passé, alors que nous sommes en ce moment au début de celle de Mercure.
Pendant la période de Saturne, nous étions dans une condition semblable à celle des minéraux, car nous avions simplement le germe, une simple forme- pensée, de ce qui est maintenant devenu notre corps dense. Pendant la période du Soleil, notre condition était analogue à celle des plantes actuelles, car nous avions un début de corps physique, plus le germe d'un corps vital. Ainsi, nous avions des véhicules nous permettant de croître et
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de nous reproduire ce qui est le cas des plantes, et notre conscience était également celle du sommeil sans rêves. Pendant la période de la Lune, notre condition était analogue à celle des animaux, une "nature-désir" ayant été ajoutée aux véhicules antérieurs, ce qui nous a donné une conscience comparable à celle des animaux inférieurs, lesquels voient les choses, mais sont incapables de raisonner à leur sujet. Vers le milieu de la période de la Terre, nous avons reçu l'intellect, ce qui a fait de nous des êtres humains, bien qu'il ait fallu attendre pendant des âges avant que le cerveau soit formé et puisse servir d'instrument à la raison, instrument d'ailleurs loin d'avoir atteint la perfection, car même de nos jours, il n'est rien de plus difficile que de se rendre maître de ses pensées. Cependant, le jour viendra où nous pourrons nous servir de nos pensées comme nous le faisons maintenant d'une main ou d'un pied, et elles seront bien plus efficaces pour accomplir désirs ou souhaits que tous les instruments dont nous disposons aujourd'hui.
Toutefois, cet intellect rétif serait aussi inutilisable qu'un circuit télégraphique où l'électricité ne circulerait pas le long des fils pour actionner les instruments et délivrer des messages. C'est pourquoi l'esprit de l'homme réchauffe son sang et utilise sa chaleur pour produire des pensées et imposer l'action. Si vous voulez une preuve, imaginez que l'on puisse amputer un homme de ses bras et de ses jambes, lui couper la langue pour l'empêcher de parler, lui crever les tympans et les yeux pour qu'il ne puisse plus voir, ni entendre. Malgré toutes ces pertes, l'homme pourrait tout aussi bien penser qu'auparavant, et ses autres facultés n'auraient pas été affectées, parce qu'il pourrait encore respirer et que son sang circulerait encore dans ce qui reste de son corps. Au contraire, même si le corps est entier et robuste, il suffit de faire une petite incision et de laisser couler le sang d'une veine, ou jaillir d'une artère, pour que l'on se rende compte que la vie s'en va, que le corps
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devient faible, sans énergie. Si l'expérience se poursuit, le corps va bientôt mourir de cette hémorragie, l'Ego ne pouvant plus y fonctionner, ni s'en servir, faute de ce précieux liquide. C'est bien en vertu de ce fait que le texte massorétique de la Bible (Lévitique 17:11) dit que "l'âme de la chair est dans le sang", et c'est pourquoi Méphisto, dans le mythe de "Faust", a raison de dire que "le sang est une essence très spéciale". Il demande à Faust de signer avec son sang, sachant que quiconque détient le sang de quelqu'un exerce un pouvoir sur l'esprit qui l'a produit. C'est pour cette raison que, sous la loi de Moïse, le sang des sacrifices était traité avec le plus grand respect, et il était interdit aux enfants d'Israël d'en consommer.
Ceci nous montre que, tant que le sang ne s'était pas formé, l'esprit de l'homme ne pouvait vivre à l'intérieur de ses véhicules, mais planait au- dessus et les adombrait. On peut ajouter que, l'évolution se faisant par spirales, les animaux actuels ont des corps plus parfaits que nous n'en avions dans notre phase animale, car le sang rouge et chaud est une acquisition relativement récente.
Dans la Période de la Lune, où nous étions comparables à des animaux, nous étions encore plus ou moins indifférenciés, et les conditions du monde extérieur étaient également différentes. Pendant la vie intra-utérine, on distingue trois parties principales: l'une est le placenta, rempli du sang maternel, la seconde est le cordon ombilical qui conduit le courant vivifiant vers la troisième partie, le foetus qui, de cette façon, se développe jusqu'à ce qu'il puisse naître et vivre d'une existence séparée dans le monde extérieur.
De même, dans la Période de la Lune, le firmament pouvait être comparé à un immense placenta d'où pendaient des milliards de cordons ombilicaux aboutissant à des sortes de foetus, mais ce n'était pas du sang qui s'écoulait du placenta de Mère Nature vers la famille humaine en devenir. C'étaient des courants de passion et de désir produits par les ardents esprits Lucifer, et comme la somme de matière cosmique
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formant le corps de l'homme avait été modelée par les anges lunaires et était particulièrement sensible aux émotions, et l'est encore, la conscience de chacun a été stimulée par les images ainsi générées, au point de devenir un état de rêve.
Plus tard, au moment où l'esprit de l'homme est entré dans ses véhicules, le chef des anges, Jéhovah, souffla un esprit de vie dans ses narines (Genèse 2:7). Dès lors, tant que l'Ego vivra par la chaleur du sang, les esprits de race, de tribu et de famille seront des facteurs puissants de notre évolution, quoique invisibles. Ils vivent dans l'air que nous respirons, et c'est cela qui produit les différences de race, de type, de langage et de coutumes chez les diverses nations. Chacune d'entre elles évolue dans son propre esprit de race et reçoit son empreinte raciale. L'Ego de chaque individu est influencé par ces esprits de manière à aimer ses compatriotes et à détester ceux appartenant aux autres nations, car si les particularités infusées dans le sang ne sont pas conservées, l'esprit tutélaire perd son pouvoir sur la race ou la tribu qu'il conduit. Il enjoint donc à ses protégés de le considérer comme un dieu jaloux et de se bien garder de tout mariage en dehors du clan ou de la tribu en question. En cela, il ne diffère pas de l'esprit-groupe des espèces animales, qui s'efforce également de conserver la pureté de son espèce. Si des animaux d'espèce différente s'accouplent, il se produit une destruction partielle du sang par hémolyse, qui rend l'hybride incapable de se reproduire.
Tant que les humains se mariaient dans leur tribu ou leur petit clan, ils conservaient une phase particulière de clairvoyance, car le sang qui circulait dans les veines de la famille pendant des générations, contenait les images des vies des ancêtres. Ils se voyaient donc vivre à une époque bien antérieure à leur naissance, ce qui les faisait s'identifier à leurs aïeux, et cet état commun de vie antérieure constituait, entre les membres du clan, un lien extrêmement fort. C'est de cette ancienne condition que nous est venu le proverbe:
"Le
sang est plus épais que l'eau".
L'esprit-groupe peut régler les rapports sexuels de ses protégés pour éviter des ramifications de son espèce, parce que les animaux n'ont ni intellect, ni volonté, ni choix, ni prérogative, mais les êtres humains sont
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périodiquement amenés à se réincarner par la loi irrésistible de cause à effet. Par conséquent, lorsque les mariages entre nations ont été institués, lorsque, comme l'exprime la Bible, "les fils de Dieu prirent pour femmes les filles des hommes" (Genèse 6:2), la seconde vue qui avait jusqu'ici identifié chaque membre d'une tribu avec sa famille a peu à peu fait place à une conscience strictement individuelle. Plus les mariages entre nations se multiplieront, moins l'esprit de tribu ou de nation aura d'influence sur les individus, et il est essentiel que nous en soyons libérés pour que l'humanité puisse devenir une fraternité universelle.
Pour le bien de l'humanité, il avait été nécessaire qu'elle soit séparée en nations et en tribus, chacune avec ses idéaux et ses idées, mais cette séparativité a nui à l'amitié universelle. Avant que la paix sur la terre et la bienveillance envers les hommes puissent être rétablies, les esprits de nations et de tribus devront être laissés de côté, l'homme devant se libérer de toute influence extérieure et, pour faire tomber les préjugés qui divisent les nations, rien ne vaut les mariages internationaux qui mélangent les sangs des différentes races en une essence commune contenant les idéaux de toutes les races, tout en étant libérée des influences séparatives des esprits de nations, de races ou de tribus. La paix sur terre et la bonne volonté envers les hommes devront devenir une réalité lorsque les nations de la terre auront été jetées dans le creuset et amalgamées en un unique type commun. Que l'on s'en rende compte ou non, nous sommes lentement, mais sûrement, guidés vers cet idéal.
Réaliser cet idéal a été, et est encore, la mission du Christ et, même si cela paraît paradoxal, les guerres elles-mêmes, que nous déplorons, contribuent à la réalisation de la Fraternité Universelle.
Mais comme le sang dans lequel vit l'esprit est lui-même un extrait de notre nourriture, ce facteur joue un grand rôle dans notre évolution. La qualité du sang varie selon la nourriture, et c'est pourquoi, pour
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comprendre la vraie signification du sacrement donné par le Christ lors de la dernière Cène, ou réunion ésotérique avec ses disciples, il nous faut voir quelle était notre nourriture au cours des différentes phases de notre évolution.
Les divers véhicules mentionnés au cours de cet article, corps dense, vital et du désir, ont été acquis par l'homme au cours des Périodes de Saturne, du Soleil et de la Lune, mais à ce moment-là ils étaient très primitifs, bien qu'ils se soient ensuite bien perfectionnés au cours de l'évolution. A l'heure actuelle, le corps dense est encore le seul qui soit bien organisé et utilisable comme instrument de l'esprit; quant aux véhicules dits supérieurs, ils sont encore à différents degrés d'inachèvement. Dans chaque Jour de création, ainsi que nous pourrions appeler les Périodes, il y a plusieurs spirales dans d'autres spirales, et dans chacune d'elles nos véhicules sont l'objet d'une attention accrue.
Pendant ces anciennes époques, de grandes Hiérarchies créatrices ont guidé chacun de nos pas. Rien n'était laissé au hasard, et la nourriture elle-même était choisie de manière à fournir à l'être humain les matières lui permettant de construire les véhicules de conscience nécessaires au développement de son âme. La Bible mentionne les phases successives de cette évolution, bien que Nemrod soit mal placé, car il n'a pas symbolisé les rois atlantéens d'avant le déluge, mais bien ceux qui ont suivi.
Au cous de l'époque Polaire, la première, lorsque ce qui est devenu notre Terre émergeait du chaos, la matière pure minérale est devenue partie constituante de l'homme, et c'est ainsi que la Bible dit qu'Adam a été formé du limon de la terre, du moins en ce qui concerne son corps dense.
L'époque Hyperboréenne, la deuxième, a été celle de l'adjonction et de la reconstruction du corps vital, donnant à l'homme une constitution comparable à celle de la plante, et Caïn , l'homme de cette époque, vivait des produits du sol (Genèse 4:2).
L'époque Lémurienne, la troisième, a été celle de l'évolution du corps du désir qui a rendu l'homme
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comparable à nos animaux actuels. Pour répondre à cette nouvelle situation, le lait , produit d'animaux vivants, a été ajouté à la nourriture de l'homme. Abel était berger, mais il n'est dit nulle part qu'il ait tué un animal.
Pendant les premières époques, la planète sur laquelle nous vivions était brûlante, et "Adm", qui est le nom hébraïque de l'humanité, signifie réellement "terre rouge", parce que la matière minérale terrestre dont étaient faits les corps était presque en feu. La chaleur dégagée par notre globe, d'une part, et le froid de l'espace, d'autre part, produisaient un très épais brouillard, dans lequel vivaient les premiers habitants de notre monde. Dans les anciens écrits, cette race humaine était appelée "Niebelungen", ce qui signifie "enfants du brouillard". Ils étaient incapables de se voir mutuellement en contours clairs et nets, comme nous le faisons de nos jours, mais ils se percevaient d'âme à âme et se considéraient comme les enfants d'un Père Céleste qui les guidait sur le chemin de l'évolution.
Mais ces conditions ont changé au cours de la quatrième époque, celle de l'Atlantide, où l'homme a reçu un intellect. La pensée use les tissus, alors que les désirs et les émotions épuisent le corps. Plus la pensée est inférieure et matérialiste, plus les dégâts sont importants, et plus le besoin d'albumine s'accroît par rapport au régime ancien. Ainsi, la nécessité, mère de l'invention, a entraîné l'habitude répugnante de se nourrir de viande, et tant que nous continuerons à penser d'une manière purement matérialiste, la nourriture carnée sera nécessaire. Le mental inférieur est plus rusé que raisonnable, et cette faculté de ruse, pour s'exprimer, exige une abondance de viande. Les Indiens d'Amérique, qui vivaient presque entièrement de viande, sont un exemple de cette relation entre le régime carné et l'extrême astuce des créatures douées d'un mental. Donc, lors de l'acquisition de l'intellect, la viande a été donnée à l'homme pour nourrir cet organe et favoriser le
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développement de sa ruse, et c'est ainsi que la Bible nous apprend que Nemrod était un grand chasseur Genèse 10:8-10, Michée 5:5).
A cette époque, les brouillards de l'Atlantide tendaient à se condenser en pluie qui s'amoncelait dans les bas-fonds et forçait les habitants à monter de plus en plus haut. En même temps, un grand changement physiologique se produisait chez l'homme en vue de l'adapter aux nouvelles conditions atmosphériques. Les branchies qui lui avaient permis jusqu'ici de respirer l'air chargé d'humidité de l'Atlantide et qui se retrouvent de nos jours chez le foetus, ont graduellement disparu, leurs fonctions ayant été assumées par les poumons. D'autre part, l'air pur qui passait par le larynx a permis à l'Ego, jusqu'ici muet dans sa prison de chair, de s'exprimer en paroles, ainsi qu'en action.
L'homme s'est alors vu pour la première fois comme une entité séparée; également pour la première fois, l'arc-en-ciel s'est profilé sur un nuage pluvieux. Une alliance s'est conclue pour cet Age de l'arc-en-ciel avec les êtres qui guidaient l'homme; il lui a été donné un certain libre arbitre et des prérogatives, mais en même temps il est devenu responsable de ses actes sous le régime de la loi de cause à effet, si bien qu'aujourd'hui il récolte ce qu'il sème. Sa vue spirituelle a peu à peu diminué, et le voile de la chair s'est épaissi entre lui et les anges gardiens. Ne voyant plus que des formes animales et humaines, menaçantes pour la plupart, il a vécu dans la crainte, et il a fallu lui donner un nouvel aliment pour le rendre plus vaillant dans sa lutte pour la vie et pour lui permettre de s'affirmer.
Pour aider à l'évolution des véhicules de l'homme, un aliment approprié lui a été donné à chaque phase de son développement. Un véhicule tel que notre corps physique, composé d'éléments chimiques, ne peut être nourri qu'à l'aide de ces éléments. De même, pour agir sur l'esprit, un esprit est nécessaire, et c'est pourquoi le vin a été ajouté à la nourriture de l'homme pour l'aider à rompre les lourdes molécules de la chair et lui fournir un stimulant dans sa lutte pour la vie. C'est ce que nous lisons dans l'histoire de Noé (Genèse 9:20) qui, avec ceux
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qui l'ont suivi, représente l'humanité de l'ère de l'arc-en-ciel, où un régime mixte accompagné de vin a fourni la nourriture nécessaire pendant cette phase de l'évolution.
Fortifié par le mental nourri de chair et par l'esprit de l'alcool, l'homme s'est écarté de plus en plus du sentier de la fraternité, car en se nourrissant de la chair des animaux, il est devenu nécessairement féroce comme une bête de proie et, d'instinct, il s'est acharné sur tous les autres humains. Tant que durait le système, institué par Jéhovah, des mariages consanguins ou avec des membres du même clan, il témoignait au moins de l'affection à ces derniers, mais depuis que les mariages entre nations l'ont détaché jusqu'à un certain point de l'esprit de race, il dépouille les autres chaque fois qu'il le peut, et même les membres de sa famille.
Il n'y a pas de limites à son égoïsme, rien n'est plus à l'abri de sa convoitise, et chacun craint d'être dépouillé par les autres. En outre, la boisson qui réjouit les hommes ne le fait qu'occasionnellement, et il n'y a ni repos, ni paix durable, ni bonheur sur le sentier des passions et du laisser- aller. Vient alors un temps où l'homme n'aspire plus qu'à une chose: être pour toujours délivré de ses peines. C'est alors qu'il commence à rechercher le sentier de la paix, qui est aussi celui de la pureté et du sacrifice de soi. Le mystère du Calvaire (Golgotha) lui est alors révélé, ainsi que celui du sang purificateur et de la Rose-Croix, comme suit:
"Purifier le sang des hommes de leur égocentrisme, tel est le mystère du Calvaire (Golgotha); il a commencé quand le sang de Jésus a coulé. Il a continué sous la forme des guerres entre nations chrétiennes chaque fois que les hommes ont combattu pour un idéal; il durera jusqu'à ce que, par contraste, les horreurs de la guerre aient suffisamment impressionné les humains pour leur faire préférer la fraternité.
"Au-dessous de nous, dans l'échelle de l'évolution, sont les plantes, et les animaux; au-dessus de nous sont les dieux. Anatomiquement, nous appartenons au règne animal et nous avons vécu en dessous du niveau prévu. Comme les animaux, nous avons satisfait nos désirs sexuels et nos appétits; mais alors que dans le règne
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animal ils sont limités par la sagesse de l'esprit-groupe, nous n'avons opposé aucune restriction à nos appétits, et c'est pourquoi la maladie, les peines et la souffrance sont notre lot. Nous aspirons maintenant à fouler le sentier de la paix, qui conduit à la félicité sereine des dieux. Pour y parvenir, il nous faut prendre exemple sur les plantes, qui sont pures et sans passion.
"Songez à l'ancien Temple atlantéen des Mystères, appelé le "Tabernacle dans le désert". Lorsque, au temps reculé de ce lointain régime, la chair offerte en expiation des péchés brûlait sur l'autel des holocaustes, la puanteur qui s'en dégageait montait vers le ciel, attestant la nature nauséabonde des passions, des transgressions et de l'impureté. Mais à l'intérieur même du Tabernacle se trouvait le chandelier à sept branches, où brûlait, sans émettre d'odeur désagréable, l'huile d'olive.
"Toute chair est conçue dans la passion et le péché, mais la génération de la plante est pure et immaculée. C'est pourquoi la fleur odorante , spécialement la rose rouge, est le symbole diamétralement opposé à la chair souillée. La fleur est l'organe générateur de la plante; elle nous enseigne que la conception immaculée, dans l'amour et la pureté, est le sentier vers la paix et le progrès. Lors de la dernière Cène avec les disciples, le Christ a pris la coupe comme symbole de la nouvelle alliance; il leur a donné à manger le pain qui symbolisait son corps, alors que la coupe symbolisait son sang. Cette coupe n'était pas un vase ordinaire dans lequel on pouvait verser n'importe quel liquide, ce ce n'était pas non plus le liquide qui pouvait, à lui seul, servir à ratifier la nouvelle alliance. Le mystère réside dans le fait que la coupe et son contenu formaient les parties intégrantes et nécessaires d'un Tout sublime . Le nom latin de cette coupe mystique était "calix", en français calice; en grec, il était appelé "poterion".
Sous l'ancienne alliance, l'eau était seule utilisée dans le service du Temple, mais par la suite le vin est devenu
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un facteur nécessaire de l'évolution humaine. Bacchus, dieu du vin, a été adoré, et des orgies des plus dépravées ont eu lieu en vue de noyer l'esprit supérieur pour qu'il s'applique à conquérir le monde physique.
Même sous la loi de Moïse, il était strictement interdit aux prêtres d'utiliser du vin pour officier dans le Temple, mais le Christ, lors de son premier acte en public, a changé l'eau en vin , ratifiant ainsi son usage dans l'ordre des choses de l'époque (Jean 2:9 et 4:46). Notons bien, toutefois, que ce miracle a été accompli en public , mais que lors du dernier entretien ésotérique du Christ avec ses disciples, lorsqu'il a établi la nouvelle alliance, il n'y avait ni chair d'agneau (Bélier) comme l'exigeait la loi mosaïque, ni vin, mais uniquement le pain, produit végétal, et la coupe, dont nous allons parler après avoir pris note des mots prononcés par le Christ à cette occasion:"Je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que je le boive nouveau avec vous dans le Royaume des cieux" (Matthieu 26:29, Marc 14:25, Luc 22:17-18). Le jus de raisin, fraîchement pressé, ne contient pas d'esprit de fermentation et de corruption, et c'est une boisson nourrissante et pure. C'est donc ainsi que le Christ a donné à ses disciples ésotériques l'instruction de s'en tenir à un régime sans viande ni alcool (Romains 14:21, I Corinthiens 8:8-13).
On suppose généralement que la coupe utilisée par le Christ lors de la dernière Cène contenait du vin, bien que cela ne soit mentionné dans aucun texte biblique. Nous possédons trois relations des préparatifs en vue de cette cérémonie. Alors que Marc et Luc écrivent que les messagers ont reçu l'ordre de se rendre dans une certaine ville et d'y rencontrer un homme porteur d'une cruche d'eau , aucun des quatre évangiles ne dit que la coupe ait contenu du vin.
En outre, des recherches dans la Mémoire de la Nature ont révélé que c'est bien l'eau qui a été employée et que, pour les aspirants ésotériques, le vin avait eu son temps. C'est aussi cet acte qui a marqué le début des mouvements anti-alcooliques, car des changements cosmiques tels que celui-ci exigent de longs préparatifs dans les mondes intérieurs avant de se manifester dans la société humaine. Pour de tels changements, des milliers d'années ne sont pas de trop.
L'emploi de l'eau à la dernière Cène concorde également avec les exigences astrologiques et morales. Le point
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vernal du Soleil allait bientôt quitter le Bélier, signe de l'Agneau, pour entrer dans le signe d'eau des Poissons. Une nouvelle note plus élevée devait résonner, une nouvelle phase de l'évolution humaine devait se manifester pendant l'ère des Poissons qui approchait alors. Au lieu de se laisser aller à ses appétits, l'homme devait apprendre le renoncement.
Le pain, facteur essentiel de vie, formé à partir du grain immaculé, ne nourrit pas les passions comme le fait la viande, et notre sang, lorsqu'il est dilué dans de l'eau , ne bouillonne pas avec la passion que lui communique le vin. Ainsi, le pain et l'eau sont la nourriture et la boisson qui conviennent à l'ère de l'axe Poissons-Vierge. Ils représentent la pureté, et l'Eglise Catholique offre à ses fidèles l'eau bénite du signe des Poissons , à la porte des églises, et le pain , ou hostie, du signe de la Vierge , à l'autel , mais pas de vin. Toutefois, les conditions précédentes ne nous conduisent pas encore au coeur du mystère caché dans la Coupe de la Nouvelle Alliance .
L'ancienne coupe de vin , reçue lors de notre entrée dans l'"Aryana", le pays de la génération, était remplie de germes de destruction, de poison et de mort, et le Verbe que nous avions appris à prononcer est mort et dénué de tout pouvoir. La nouvelle coupe de vin , présentée comme un idéal pour la future sixième Epoque ou Nouvelle Galilée (à ne pas confondre avec l'ère du Verseau) est un organe éthérique se formant dans la tête et la gorge, grâce à la force sexuelle inutilisée. Au regard du clairvoyant, cet organe apparaît comme la tige d'une fleur qui prendrait racine dans la partie inférieure du tronc. Le calice, ou coupe des semences , est en réalité un organe créateur, capable de prononcer le Verbe de Vie et de pouvoir .
Notre langage actuel s'élabore péniblement par des mouvements musculaires qui ajustent ensemble le larynx, la langue et les lèvres de manière à ce que l'air provenant des poumons produise certains sons. Mais l'air est un
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instrument lourd, difficile à mettre en mouvement, si on le compare aux forces plus subtiles de la nature, telle que l'électricité qui se meut bien plus rapidement dans l'éther. Une fois que l'organe en question aura été développé, il aura le pouvoir de prononcer le Verbe de Vie, d'infuser de la vitalité dans des substances précédemment inertes. C'est en rendant service que nous construisons actuellement cet organe .
Notons bien que le Christ n'a pas donné le calice à la multitude, mais à ses disciples, messagers et serviteurs de la Croix. Ceux qui, de nos jours, boivent à la coupe du renoncement afin de pouvoir dépenser leur énergie à servir leurs semblables, construisent cet organe, en même temps que le "corps de l'âme" ou robe nuptiale. Ils apprennent déjà à se servir, dans une faible mesure, de ce nouvel organe en qualité d'aides invisibles lorsque, la nuit, ils sont hors de leur corps. Ils sont, alors, dans l'obligation de prononcer la parole salvatrice qui enlève la maladie et reconstruit des tissus sains.
Lorsque l'ère Atlantéenne arrivait à son déclin, et que les humains abandonnaient les bas-fonds où ils avaient vécu leur enfance sous la tutelle directe d'instructeurs divins, l'ancienne alliance a été conclue, qui leur apportait à la fois la viande et le vin, et ces deux produits, avec l'emploi sans retenue de la force sexuelle, ont fait de l'ère Aryenne un âge de mort et de destruction. Nous sommes sur le point de sortir de cette ère de cruauté et nous nous préparons pour le Royaume des cieux, la "Nouvelle Galilée". C'est à cet effet que le Christ nous a donné l'eau et le pain de vie , tout en nous enjoignant de nous abstenir de la luxure. Après avoir conclu cette nouvelle alliance, il est monté sur la croix de la libération, laissant derrière lui le corps de mort , pour s'élever dans un véhicule de vie , le corps vital. Il a donné à ses disciples l'assurance que, même s'ils ne pouvaient le suivre tout de suite, ils le rencontreraient plus tard. Nous sommes tous des Christs en devenir, et un jour viendra qui sera pour chacun de nous celui de "Pâques".
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CHAPITRE 32
LA CROIX DU CHRIST
"Si quelqu'un veut venir avec moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive." (Matthieu 16:24)
Selon une ancienne légende, Adam, lorsqu'il fut contraint de quitter le Paradis, prit avec lui trois boutures de l'Arbre de Vie. Seth, son fils, planta ces trois boutures qui se développèrent. L'une d'entre elles fut utilisée plus tard pour devenir le sceptre d'Aaron, avec lequel il accomplit des miracles devant le Pharaon.
Ayant aussi grandi, la seconde fut apportée au Temple de Salomon en vue d'en faire une colonne ou de l'ajuster quelque part à l'intérieur, mais on ne trouva nulle place qui pourrait convenir. C'est pourquoi on s'en servit pour établir un pont sur un ruisseau qui était à l'extérieur du Temple.
L'arbre produit par la troisième bouture fut utilisé pour la croix sur laquelle le Christ souffrit pour nous avant d'être libéré, avant de pénétrer dans la Terre pour devenir l'Esprit planétaire de notre globe, où il souffre maintenant les douleurs de l'enfantement dans l'attente du jour de sa libération.
Cette ancienne légende contient des enseignements importants. Le premier rameau représente le pouvoir
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spirituel que détenaient les Hiérarchies divines alors que l'humanité était encore dans l'enfance. Ce pouvoir était utilisé en notre faveur, mais par d'autres que nous . La seconde bouture devait servir pour le Temple de Salomon, mais personne n'étant capable de l'apprécier, sauf la reine de Saba, on ne put lui trouver d'emplacement convenable, car le Temple de Salomon est le chef d'oeuvre des arts et métiers et, dans une civilisation matérialiste, ce qui est spirituel ne saurait être apprécié. Les fils de Caïn travaillaient à leur salut par des moyens matériels et n'avaient que faire des pouvoirs spirituels. Par conséquent, on en disposa pour établir un pont sur le ruisseau . Il s'est toujours trouvé des âmes, les vrais Maçons mystiques , capables de se servir de ce pont conduisant du visible à l'invisible, qui sont capables de retrouver le Jardin d'Eden, le Paradis, en passant par ce pont.
C'est la troisième bouture qui est devenue la croix du Christ. En montant sur cette croix, il est parvenu à la libération de cette existence physique et il est arrivé dans les sphères supérieures. De la même manière, nous aussi, en nous chargeant de notre croix pour le suivre, nous pouvons développer nos pouvoirs spirituels et obtenir une plus large sphère d'action utile dans le monde invisible. Puissions-nous tous faire l'effort de nous retrouver de jour en jour à genoux, puissions-nous triompher, accrochés à la croix du Christ de telle manière qu'en un jour pas trop lointain nous puissions monter sur notre propre croix pour atteindre la libération glorieuse, la résurrection à la vie dont le Christ a été les prémices pour tous les croyants ( I Corinthiens 15:12-26).
Tel est le réel, le véritable message de Pâques, et chacun d'entre nous devra comprendre que nous sommes des Christs en devenir, et que lorsque le Christ sera réellement et véritablement né en nous , ce Christ intérieur nous montrera le chemin de la croix qui nous permettra d'arriver au but, de progresser de l'Arbre de la connaissance, qui nous a valu la mort, à l'Arbre de Vie du corps vital, qui nous donne l'immortalité.
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QUATRIEME PARTIE
COMMENT RECONNAITRONS-NOUS LE CHRIST A SON RETOUR?
AVERTISSEMENT - Cette quatrième partie donne le texte intégral d'une conférence faite par Max Heindel, le 18 mai 1913, au Centre d'Etudes de Los Angeles.
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CHAPITRE 33
COMMENT RECONNAITRONS-NOUS LE CHRIST A SON RETOUR?
Introduction - LE RETOUR DU CHRIST
J'ai dans l'esprit une image. Elle est là depuis des années; elle disparaît, puis je la retrouve quand la besogne de la journée me laisse un peu de répit et que je me concentre intérieurement. Permettez-moi de vous la décrire: Suivez-moi pendant que je remonte le cours du temps jusqu'à deux mille ans en arrière. La scène se passe en Palestine. Les coteaux sont dénudés. Il y a là un petit groupe d'hommes, et tous les visages sont tristes. Ils se désolent de la mort de Celui qui, croyaient-ils, était venu pour accomplir de grandes choses et que des mains impitoyables leur ont enlevé brutalement, de celui dont la vie, selon toute apparence, est brisée. Ils se demandent: "Est-ce là la fin?". C'est une question qui leur tient à coeur, car il les avait appelés ses amis. Il leur avait dit: "Vous êtes mes amis" et aussi "Si je m'en vais, je reviendrai" et ils se demandent avec anxiété quand cet événement pourrait avoir lieu.
Depuis lors, cette question a préoccupé tous ceux qui se disent, par sa grâce, amis du Christ. Pour eux, cette
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question a été d'un intérêt vital et profond: "Quand va-t-il revenir et comment le reconnaîtrons-nous lors de son retour ?"
Il avait dit à ses disciples que beaucoup viendraient qui seraient des imposteurs, que si l'on disait de lui "Il est dans le désert" ou dans quelque autre lieu, il serait inutile d'y aller. Il leur avait dit aussi que les anges du ciel ne connaissaient pas le jour de son retour, que le Fils lui-même ne le savait pas, mais seulement le Père. Et c'est ainsi que, préoccupés, ils discutaient entre eux du temps approximatif de son retour, et comment ils pourraient être sûrs de le reconnaître lorsqu'il apparaîtrait.
Beaucoup, depuis ce jour, ont prétendu être le Christ. Certains d'entre eux se sont trompés sur eux-mêmes avant de tromper les autres en faisant croire qu'ils étaient cet Etre exalté. D'autres cherchent délibérément et avec malveillance à usurper sa place. C'est pourquoi la question "Comment le reconnaîtrons-nous? " est toujours d'actualité.
L'an dernier, un article intitulé "Messagers occultes" a paru dans une revue anglaise. On y donnait un résumé des enseignements de la Sagesse occidentale, telle qu'elle est exposée dans la "Cosmogonie des Rose-Croix", ainsi qu'une vue d'ensemble de l'occultisme oriental. En comparant les deux philosophies, on y trouvait des similitudes, mais en y regardant de plus près, certains points, qui pouvaient peut-être échapper à ceux qui n'avaient pas approfondi ces enseignements, laissaient conclure à une différence totale et irréductible entre les deux enseignements sur la question du Christ et de son retour. On y voyait que, selon les enseignements de l'Orient, le Christ et le Bouddha étaient tous deux des hommes comme les autres, alors que les enseignements occidentaux insistent sur le fait que le Christ est un Hiérarque divin qui n'appartient pas à notre évolution . Il est "descendu jusqu'à nous" pour nous aider et, ayant une seule fois quitté son corps dense, il n'apparaîtra plus jamais dans un corps physique.
En raison de cette différence fondamentale entre la Sagesse occidentale et les enseignements orientaux sur l'un
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des problèmes les plus importants de notre époque, il semble essentiel que les étudiants de la Sagesse occidentale examinent ce sujet à fond et le comprennent parfaitement.
Pour plus de clarté, nous allons diviser notre exposé en quatre parties, dont chacune est consacrée à une question précise sur ce sujet:
1.
Qui est le Christ?
2. Pourquoi est-il venu une première fois?
3. Pourquoi doit-Il revenir?
4. Comment le reconnaîtrons-nous quand il apparaîtra?
Cette division systématique rendra cette étude plus accessible à ceux de nos auditeurs qui n'ont pas étudié les enseignements de la Sagesse occidentale.
SECTION 1 - QUI EST LE CHRIST ?
La première question à considérer est l'identité du Christ, telle que la conçoit l'Ecole occidentale des Mystères. Selon le tableau intitulé "Les sept jours de la Création", l'homme a traversé une époque d'involution dans la matière, comprenant les Périodes dites de Saturne, du Soleil et de la Lune, plus une moitié de la Période de la Terre. Au cours de ce pèlerinage à travers la matière, il a développé les véhicules qu'il possède aujourd'hui.
Durant la Période de Saturne, où nous étions comparables à des minéraux, il y avait des êtres qui passaient par la phase humaine, comme nous le faisons de nos jours, mais ils appartenaient à une autre vague d'évolution. Depuis lors, ils ont progressé et sont devenus les "Seigneurs du mental". L'initié le plus élevé de la vague de vie alors dans sa phase humaine est appelé, en langage ésotérique, le Père .
Le plus haut Initié de la Période du Soleil, où les êtres qui sont devenus des archanges passaient par leur phase humaine, s'appelle le Fils , autrement dit le Christ .
Les anges de notre Epoque étaient humains pendant la Période de la Lune. L'initié le plus élevé de cette période, que nous nommons Jéhovah , est aussi appelé le Saint-Esprit .
PAGE 242 - tableau "Les sept jours de la Création" (tiré de la "Cosmogonie des Rose-Croix")
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Nous connaissons donc les trois grands Etres qui sont les plus actifs en tant que guides de notre évolution.
En s'enfonçant dans la matière, l'humanité de la Période du Soleil ne pouvait descendre plus bas que dans le monde du désir, aussi son véhicule le plus bas est le corps du désir. Or, selon une loi cosmique, nul être ne peut créer un véhicule qu'il n'a pas appris à construire au cours de son évolution. C'est pourquoi il était impossible à l'esprit du Christ de naître dans un corps physique. Il ne pouvait pas former un tel véhicule, pas davantage, d'ailleurs, qu'un corps vital fait d'éther, substance qu'il n'avait pas le pouvoir de façonner, n'ayant pas appris à s'en servir au cours de son évolution. Pour se procurer ces deux véhicules, il a eu recours à Jésus , un être appartenant à notre évolution , né d'un père et d'une mère, tous deux des initiés de très haut rang, capables d'accomplir l'acte créateur comme un sacrifice, sans passion et comme une immaculée conception. Au moment de son baptême par Jean- Baptiste, Jésus a cédé son corps dense et son corps vital à l'esprit solaire, le Christ, lequel est alors entré dans le monde matériel pour remplir l'office de médiateur, car il possédait dès lors la chaîne complète des véhicules lui permettant de remplir cette fonction entre Dieu et les hommes.
Jésus-Christ est donc un être absolument unique , et la Bible nous dit qu'il n'existe nul autre nom par lequel nous devions être sauvés , car telle est la seule croyance chrétienne impérative.
SECTION 2 - POURQUOI LE CHRIST EST-IL VENU UNE PREMIERE FOIS ?
Sur le Golgotha, le corps physique de Jésus a été détruit, en même temps que se produisaient certains phénomènes rapportés dans la Bible, et que l'Esprit du Christ pénétrait dans la Terre. Auparavant, notre globe
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avait été travaillé du dehors . A la manière dont les esprits-groupes guident de l'extérieur leurs protégés, la Terre avait été guidée le long de son orbite, et l'humanité avait été presque entièrement guidée par Jéhovah sur le sentier de l'évolution. Mais dès ce moment, le Christ est devenu l'esprit intérieur de la Terre. Il guide maintenant notre planète sur son orbite et il s'efforce de remplacer le régime belliqueux instauré à la fois par Jéhovah et par les Esprits Lucifer , par un régime d'altruisme , et de faire régner l'amitié universelle .
On parle beaucoup de fraternité universelle, mais il n'est nullement nécessaire de se former en sociétés pour proclamer que nous sommes frères; personne ne l'ignore, aussi n'avons-nous pas besoin d'appeler l'attention sur ce fait. Les frères et soeurs ne vivent pas toujours en bonne intelligence, mais pour être amis, il faut vivre en harmonie , et c'est pourquoi le Christ est venu établir un idéal bien plus élevé lorsqu'il a donné le nom d'amis à ses disciples: "Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande".
SECTION 3 - POURQUOI LE CHRIST DOIT-IL REVENIR ?
Alors que le Christ a solennellement promis de revenir, il y a de nombreux chrétiens qui ne croient pas à son second avènement, aussi allons-nous essayer de voir s'il existe des raisons rendant son retour nécessaire. Pour éclaircir la question, citons un incident du drame de "Faust". Bien qu'il ait été écrit par Goethe, ce drame n'est pas une fiction née de l'imagination du poète, car la légende de Faust est plus ancienne que les faits historiques; c'est l'un de ces mythes qui expriment en termes descriptifs et imagés l'histoire de l'âme humaine en quête de lumière. Ces récits ont été donnés à l'humanité en enfance pour lui permettre d'assimiler, dans le subconscient, des idéaux qu'elle serait appelée à vivre dans des époques encore lointaines. D'ailleurs, nous usons du même procédé dans l'éducation de nos enfants, auxquels nous donnons des livres d'images pour leur inculquer des idées qu'il sont encore incapables de saisir intellectuellement.
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Toute sa vie, Faust a étudié des livres , et il en était arrivé à cette conclusion: nous ne connaissons réellement que ce que nous avons vécu. Autrement dit, en dehors de leur application pratique dans la vie quotidienne, les études livresques sont sans valeur. Quand l'âme s'éveille à cette vérité, elle est à la porte de la véritable connaissance et regarde vers la lumière . Mais ici, la route bifurque: l'un des chemins est aplani et facile. On y rencontre des guides souriants et serviles, prêts à encourager le voyageur et à l'assister dans la réalisation de tous ses désirs. A la fin de ce sentier se trouve Lucifer, le "porteur de lumière", prêt à conférer des honneurs mondains à ceux qui lui vouent un culte.
L'autre chemin est rude, rocailleux et dangereux; il est parfois envahi par l'obscurité; plus d'un coeur mal affermi essaie de le suivre, et l'on peut souvent y entendre l'appel angoissé: "Jusqu'à quand, Seigneur, jusqu'à quand?" Mais bien qu'en apparence l'âme lutte en solitaire, elle perçoit toujours une petite voix intérieure, claire et sans équivoque, quoique inaudible: "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos". De temps à autre, celui qui est la véritable Lumière, le Christ, but de l'âme en quête, est aperçu par une déchirure des nuages noirs et menaçants à travers lesquels il faut passer pour aboutir au sommet, et dans cette courte vision de béatitude, l'âme inquiète puise une force nouvelle. Sur le sentier noir, Lucifer satisfait sans réserve tous les appétits. Tant que l'âme suit le courant, tout paraît facile, et les plaisirs semblent attendre à chaque tournant de la route, mais lors de l'arrivée à la fin de la vie, au lieu que l'âme prenne son essor vers le but élevé qui est sa patrie, elle est entraînée vers le bas par les vils appétits qui s'agrippent à elle comme la pulpe des fruits verts s'attache au noyau, et c'est avec une énorme intensité qu'elle subit la douleur résultant de l'arrachement des liens contractés par le péché.
Thomas a Kempis fait remarquer combien sont nombreux ceux qui désirent vivre une longue vie , alors que
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bien peu se préoccupent de vivre une bonne vie . On pourrait s'en inspirer pour dire: "Combien sont nombreux ceux qui désirent obtenir des pouvoirs spirituels, et rares ceux qui s'efforcent de cultiver la spiritualité"; l'histoire de Faust nous donne un aperçu de ce qui pourrait nous arriver si nous disions avec lui de toute la force de notre être:
"Oh!
y a-t-il dans l'air des esprits
Planant entre le ciel et la terre?
Qu'ils descendent de leurs nuages dorés
Et me mènent à une vie nouvelle, plus variée!
Si seulement j'avais un manteau magique
Pour me transporter vers des régions lointaines,
Ce serait de mes vêtements le plus précieux,
Je ne l'échangerais pas contre celui d'un roi."
Dans ce désir impatient d'obtenir quelque chose pour rien, de récolter là où il n'a pas semé, il attire à lui un esprit de nature indésirable, car les habitants des mondes invisibles ne sont nullement différents des gens d'ici- bas. Les philanthropes ne se rencontrent pas à tous les coins de rue, et nous ne tombons pas non plus sur des anges au moment où nous franchissons la frontière des autres mondes. L'unique sauvegarde que nous ayons est de nous efforcer d'être dignes de pénétrer en pleine conscience dans ces mondes. Quand nous aurons acquis les qualités nécessaires, nous n'aurons pas à attendre.
Laissant de côté le marché imposé à Faust par Lucifer, qui avait accompagné Faust dans son cabinet de travail, nous notons qu'au moment de partir, lorsqu'il se dirige vers la porte, il est consterné de voir une étoile à cinq branches avec deux pointes tournées vers la sortie, et une autre vers lui, celle du haut. Il demande à Faust d'enlever ce signe, mais comme Faust, au lieu d'obéir, lui pose des questions, il avoue enfin:
"C'est
une loi des diables et des autres esprits
Qu'ils doivent ressortir par où ils sont entrés.
L'un des actes est libre, mais l'autre est imposé."
Ce point-là est très important, car la même raison qui fait que Lucifer, étant entré chez Faust par la porte, est
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obligé de sortir par la même voie, le Christ lui-même, ayant pénétré dans la Terre par le corps vital de Jésus, devra la quitter de la même manière quand il abandonnera notre planète pour retourner vers le Soleil, sa demeure céleste. Aucun autre véhicule ne saurait remplir ce rôle .
Dans la situation où Faust et Lucifer sont placés l'un par rapport à l'autre, il y a encore un point intéressant. La porte est ouverte; alors pourquoi l'étoile fait-elle obstacle à la sortie de Lucifer, puisque c'est par là qu'il est entré et qu'il a passé par-dessus ce signe?
L'étoile à cinq branches est le symbole d'un homme qui aurait bras et jambes écartés. La pointe du sommet représente la tête, qui est le passage naturel de l'esprit. C'est par là que l'Ego entre dans son corps futur, environ huit jours après la conception.