ENSEIGNEMENTS D'UN INITIÉ - TOME II

MAX HEINDEL



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CHAPITRE 18 - PIERRES D'ACHOPPEMENT

Mars 1917

Il arrive assez fréquemment que des personnes ayant peu d'affinités ou d'aspiration pour la vie régénérée fassent remarquer qu'elle rend les gens inaptes au travail dans notre monde. On ne peut malheureusement pas nier qu'il y ait du vrai dans cette allégation, bien qu'en réalité la toute première chose requise pour vivre la vie régénérée soit l'obligation de se comporter de façon irréprochable dans les choses matérielles, car à moins d'être fidèle dans les petites choses, comment peut-on s'attendre à se voir confier de plus grandes responsabilités? C'est pourquoi nous avons pensé qu'il était indiqué de consacrer une leçon à l'étude de quelques-unes des choses qui jouent le rôle de pierres d'achoppement dans la vie de l'aspirant.

Dans la parabole des conviés (Luc 14:16-24), on nous dit que les invitations au festin ont été refusées sous différents prétextes. Chacun avait une préoccupation matérielle; acheter, vendre, se marier, qui l'empêchait de s'occuper des choses spirituelles; et l'on peut dire que ces exemples représentent la majeure partie de l'humanité actuelle, trop absorbée par les soucis terrestres pour consacrer, fût-ce une seule pensée à des aspirations élevées. Mais il en est d'autres qui, après leur premier contact avec les enseignement supérieurs,

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s'enthousiasment au point d'être prêts à abandonner tout travail dans le monde, à répudier toute obligation, pour consacrer leur temps à ce qu'ils se plaisent à appeler "aider l'humanité".Ils n'auront pas de peine à admettre qu'il faut du temps pour apprendre le métier d'horloger, cordonnier, ingénieur ou musicien, et ils n'auraient jamais l'idée d'abandonner leur situation matérielle pour s'établir comme cordonnier, horloger ou professeur de musique, simplement par enthousiasme ou inclination pour une telle vocation. Ils sauraient qu'à défaut de la préparation et de la formation nécessaires, ils iraient au-devant d'un échec; et pourtant ils s'imaginent que leur enthousiasme pour les enseignements supérieurs les rend immédiatement prêts à quitter leur travail en ce monde pour consacrer tout leur temps à un service semblable, quoique d'un degré inférieur, à celui rendu par le Christ au cours de son ministère.

L'un d'eux nous écrit ce qui suit: "J'ai renoncé à manger de la viande et j'aspire à vivre comme un ascète, loin des bruits du monde qui me donnent sur les nerfs. Je voudrais faire don de ma vie à l'humanité". Un autre: "Je désire vivre la vie spirituelle, mais j'ai une femme qui a besoin de mes soins et de mon soutien. Croyez-vous que j'aurais le droit de la quitter pour aider mon prochain?" Un autre encore: "Je suis employé dans une affaire tout ce qu'il y a de moins spirituelle; chaque jour je dois faire des choses contraires à ma nature supérieure, mais j'ai une fille qui dépend de moi pour ses études. Que faut-il faire: continuer ou abandonner?" On nous soumet naturellement beaucoup d'autres problèmes, mais ceux qui précèdent sont de bons exemples, car ils sont représentatifs d'une certaine classe de gens qui sont prêts, au moindre mot d'encouragement, à renoncer au monde et à "partir à l'assaut de la montagne" dans l'idée qu'il va immédiatement leur pousser des ailes. Si les gens de cette catégorie ont des liens familiaux, ils les briseront sans scrupule et sans un instant de réflexion.

Une autre classe de gens accepte certaines obligations, mais on pourrait aisément les convaincre de les

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répudier pour pouvoir vivre ce qu'ils appellent la "vie spirituelle". Il est indéniable que ceux qui entretiennent de tels sentiments, qui perdent à la fois leur esprit d'initiative et leur désir de travailler dans ce monde, qui négligent leurs devoirs, méritent les reproches de leur entourage.

Mais, comme nous l'avons déjà dit, une telle conduite, basée sur une mauvaise interprétation des enseignements supérieurs, n'est nullement encouragée par la Bible ou par les Frères Aînés.

Ceux qui, par compassion pour les animaux et pour leur éviter des souffrances, cessent de se nourrir de viande, accomplissent un pas dans la bonne direction. Beaucoup de personnes s'abstiennent d'en manger pour raisons de santé, mais comme leur motif est égoïste, ce sacrifice ne comporte aucun mérite. Si l'aspirant à la vie supérieure se sent poussé à s'abstenir de viande parce qu'il comprend que l'influence purificatrice d'un régime végétarien sur l'organisme le rapprochera du but en rendant son corps plus sensible aux vibrations spirituelles, cela n'est pas réellement méritoire non plus. Il est vrai que celui qui s'abstient de viande en retirera un réel bien-être; et celui qui s'en abstient pour rendre son corps plus sensible en recevra aussi sa compensation de cette manière, mais au point de vue spirituel, ni l'un ni l'autre n'en retirera un grand avantage. En revanche, quiconque s'abstient de viande parce qu'il se rend compte que la vie divine réside en tout animal comme elle réside en lui; qu'en dernière analyse Dieu ressent toute souffrance ressentie par l'animal, que "tu ne tueras point" est une loi divine et qu'il doit s'abstenir par compassion, celui-là ne retirera pas seulement l'avantage d'une santé meilleure et d'un corps plus sensible aux influences spirituelles, car le motif qui le pousse lui vaut une compensation sous forme de croissance de l'âme infiniment plus précieuse que toute autre considération. C'est pourquoi nous dirons: abstenez-vous de viande, mais ne manquez pas d'y être poussé par le bon motif spirituel , sinon cela ne changera rien à la croissance de votre âme.

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L'enthousiaste qui nous dit qu'il désire se retirer du monde et du bruit qui lui donne sur les nerfs, pour devenir ascète, se fait vraiment une curieuse idée de la manière de rendre service. La raison pour laquelle nous sommes dans ce monde est le fait d'acquérir de l'expérience, laquelle se transmue ensuite en croissance de l'âme. Si un diamant brut était mis de côté dans un tiroir pendant des années, il ne changerait pas, mais si le lapidaire le met en contact avec la meule, le dur grincement enlève jusqu'à la dernière particule de sa grossière enveloppe et en fait un bijou splendide et lumineux. Chacun de nous est un diamant brut; et Dieu, le grand Lapidaire, utilise le monde comme une meule qui gratte notre enveloppe grossière et laide pour permettre à notre moi spirituel de rayonner et de devenir lumineux. Le Christ était un exemple vivant de ce principe. Il ne s'est pas retiré des centres de la civilisation, mais il allait constamment vers les malades et les indigents, enseignant, guérissant et aidant jusqu'à ce que cette admirable vie de service ait rendu son corps lumineux sur la Montagne de la Transfiguration. Ayant parcouru le Sentier, il exhortait ses disciples à être "dans le monde, mais non du monde" (Jean 17:14 et 16) et telle est la grande leçon que tout aspirant doit apprendre.

C'est une chose de s'en aller dans les montagnes et de rester calme là où personne ne vient nous contredire ou nous donner sur les nerfs; c'en est une autre de persévérer dans nos aspirations spirituelles et de conserver notre équilibre lorsque tout nous agace, mais en suivant cette voie, nous développons une maîtrise de nous-mêmes qu'il n'est pas possible d'acquérir d'une autre manière.

Pourtant, même si nous avons soin de bien apprêter notre nourriture et de nous abstenir de viande ou de nous garder de certaines influences extérieures qui pourraient nous souiller; même si nous désirons nous retirer dans les montagnes pour fuir les bassesses de la vie urbaine; même is nous voulions nous débarrasser de tout ce qui, extérieurement, pourrait devenir une pierre d'achoppement pour nos progrès, qu'en est-il des

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influences provenant de l'intérieur , des pensées que nous entretenons dans notre mental, et de notre nourriture intellectuelle? En admettant qu'il soit possible de nourrir nos corps de nectar et d'ambroisie - la nourriture éthérée des dieux - à quoi bon, si notre mental est un charnier plein de viles pensées? Cela ne nous ferait pas avancer d'un pas, car alors nous serions comparables à ces sépulcres blanchis dont parle l'Evangile, beaux à voir extérieurement, mais dont l'intérieur est rempli d'une odeur nauséabonde (Matthieu 23:27-28). Cette déviation mentale pourra être entretenue tout aussi facilement - et peut-être même plus aisément - dans la solitude des montagnes ou dans une prétendue retraite spirituelle, qu'à la ville où nous sommes occupés par notre travail professionnel. Il est bien vrai, le proverbe qui dit que "l'oisiveté est la mère de tous les vices"; et le moyen le plus sûr d'arriver à la pureté est d'occuper sans cesse le mental, en guidant nos désirs, nos sentiments et nos émotions vers les problèmes pratiques de la vie et de travailler, chacun dans son propre milieu, à rechercher les malheureux et les nécessiteux pour leur apporter l'aide que leur cas requiert et mérite. Ceux qui n'ont pas de liens familiaux auront tout avantage à nouer des liens d'amitié et d'affection avec ceux qui en sont dépourvus.

Ou bien est-ce un parent - épouse, fille, mari ou autre - qui requiert nos soins? En ce cas, rappelons-nous les paroles du Christ; "Qui sont ma mère et mes frères?" et sa réponse: "Ceux qui font la volonté de mon Père". Ces paroles ont été mal interprétées par certains, qui pensaient que le Christ répudiait sa propre famille pour sa famille spirituelle, mais nous n'avons qu'à nous rappeler qu'aux derniers moments de sa vie terrestre, il a appelé le disciple qu'il aimait et l'a présenté à sa mère, l'offrant à elle comme son fils et demandant au disciple de prendre soin de sa mère. L'amour est la force unificatrice de la vie; et selon les enseignements les plus élevés, nous avons l'obligation d'aimer nos parents, mais aussi d'étendre les limites de notre nature aimante au point d'y inclure tout le monde. Il est bien d'aimer ses parents, mais nous devrions apprendre à

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aimer les mères et pères soeurs et frères des autres, car la fraternité universelle ne pourra jamais s'instaurer tant que notre amour se limitera à la famille: il doit inclure tous les autres être humains.

Parmi les disciples du Christ, il en était un qu'il aimait particulièrement. Suivant son exemple, nous pouvons affectionner spécialement telles ou telles personnes, quoique nous devions aimer chacun et faire du bien même à ceux qui nous maltraitent. Ce sont là des idéaux élevés, difficiles à réaliser à notre degré actuel de développement; mais de même que le marin dirige son bateau en se guidant sur une étoile et atteint sa destination, quoique jamais l'étoile elle-même; ainsi, en adoptant des idéaux très élevés, nous vivrons des vies meilleures et plus nobles qu'en l'absence d'une telle aspiration. Avec le temps et au moyen de nombreuses vies, nous atteindrons finalement cet idéal, car la divinité qui est en nous le demande impérieusement.

Finalement, pour résumer ce qui vient d'être dit, peu importe notre rang social, qu'il soit supérieur ou inférieur. Notre milieu actuel, avec ses occasions et ses limitations, est celui qui convient à nos besoins individuels, tels qu'ils sont déterminés par les destinées que nous avons nous-mêmes créées au cours de nos eixstences précédentes. Par conséquent, il contient pour nous la leçon que nous devons apprendre pour progresser convenablement. Si nous avons une épouse, une fille ou d'autres relations familiales qui nous lient à ce milieu, il faut les considérer comme faisant partie de ce à quoi nous devons nous attendre; et en accomplissant notre devoir à leur égard, nous apprendrons la leçon voulue. Si ces personnes sont opposées à nos enseignements, si elles n'ont aucune sympathie pour nos aspirations, si nous sommes forcés, à cause d'elles, de conserver un emploi et de faire des choses qui nous déplaisent, c'est parce que ces situations doivent nous apprendre quelque chose et que, pour l'aspirant sincère, la meilleure solution d'un tel problème

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est de faire résolument face à ces conditions, en vue de découvrir ce qui est réellement attendu de lui. Il est possible que ce soit loin d'être facile; il faudra peut-être des semaines, des mois ou des années pour résoudre le problème, mais si l'aspirant veut bien, dans un esprit de prière, persévérer dans cette tâche, il peut être assuré qu'un jour la lumière se fera. Alors il verra ce qui lui est demandé et pourquoi ces conditions lui ont été imposées. A ce moment, ayant appris sa leçon ou trouvé quel en était l'objet, il va - si son attitude est la bonne - supporter, avec l'aide de la prière, son fardeau, sachant qu'il est sur la bonne voie. En effet, il peut être absolument certain que, dès que la leçon de ce milieu aura été apprise, une nouvelle voie s'ouvrira devant lui, qui lui montrera le prochain pas à franchir sur le sentier du progrès. Ainsi, les "pierres d'achoppement" se transformeront en "marchepied", chose qui ne se serait jamais produite s'il avait pris la fuite à cause d'elles. A ce propos, nous aimerions vous citer ce beau petit poème:

Ne perdons pas notre temps à soupirer
Après des choses extraordinaires mais impossibles.
N'attendons pas en rêvant
Qu'il nous pousse des ailes d'ange.
Ne dédaignons pas d'être une humble chandelle,
Car chacun ne peut être une étoile,
Mais éclairons quelque coin obscur
En brillant juste là où nous sommes.

L'humble lumignon a son office
Tout comme le radieux soleil;
Et la plus humble action est ennoblie
Lorsqu'elle est dignement accomplie.
Nous pouvons ne jamais être appelé
A illuminer de lontaines régions obscures,
Aussi remplissons notre mission journalière
En brillant juste là où nous sommes.

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CHAPITRE 19 - L'ÉCLUSE ÉLÉVATRICE

Décembre 1917

Avez-vous déjà observé comment une péniche remontant le courant d'un canal ou d'une rivière est soulevée d'un niveau à un autre? C'est une opération très intéressante et instructive. En premier lieu, on fait entrer la péniche dans un espace très étroit, où le niveau de l'eau est le même que celui du secteur inférieur de la rivière où naviguait cette embarcation. Ensuite les portes de cet enclos se referment, isolant la péniche du monde extérieur à cause des hautes murailles de l'écluse. Le bateau ne peut pas reculer vers la rivière extérieure; et la lumière elle-même est partiellement obscurcie, mais en haut on aperçoit les nuages qui passent, ou les lumineux rayons du soleil qui font signe. La péniche ne peut s'élever sans aide; et la loi de la pesanteur ne permet pas à l'eau du secteur où naviguait notre bateau de le soulever à un niveau supérieur; par conséquent on ne peut espérer aucune aide venant de ce côté.

Il y a aussi, à la partie supérieure de l'écluse, des portes, mais celles-là empêchent l'eau du niveau supérieur de se précipiter d'en haut dans l'écluse, car autrement ce torrent impétueux remplirait instantanément cet espace, écrasant la péniche qui est au fond, ceci en vertu de la même loi de pesanteur. Néanmoins, c'est d'en

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haut que doit venir la force élévatrice, si l'on veut parvenir à élever la péniche au niveau supérieur de la rivière. Pour réaliser cette opération en toute sécurité, on dirige un petit courant d'eau vers le bas de l'écluse, qui soulève très lentement et graduellement, mais en toute sécurité , la péniche jusqu'au niveau supérieur. Lorsque ce niveau a été atteint, les portes supérieures peuvent être ouvertes sans danger pour la péniche, laquelle peut alors continuer son voyage sur la vaste surface de liquide qui s'ouvre devant elle. Ensuite, l'écluse est lentement vidée; et l'eau qu'elle contenait s'ajoute à celle du niveau inférieur de la rivière, qui s'élève de ce fait, quoique de très peu. L'écluse est alors prête à élever une autre embarcation.

Comme déjà dit, il s'agit d'une opération physique très intéressante et instructive, montrant comment l'habileté et l'ingéniosité de l'homme surmontent de grands obstacles par l'utilisation des forces naturelles. Mais c'est également une source de plus grandes lumières sur une question spirituelle d'importance vitale pour tous ceux qui aspirent à la vie supérieure et s'efforcent d'y parvenir. En effet, elle montre le seul moyen par lequel l'homme peut s'élever, sans aucun risque, du monde temporel au monde spirituel; et elle réfute les arguments de ces faux instructeurs qui, pour un gain personnel, exploitent les désirs trop ardents de ceux qui ne sont pas prêts et qui prétendent pouvoir ouvrir les portes des mondes invisibles contre honoraires d'"initiation". Notre exemple montre très clairement l'impossibilité d'une telle opération, à cause des immuables lois naturelles qui s'y opposent.

Pour mieux saisir cette notion, nous pouvons appeler notre rivière la rivière de la vie, sur laquelle nous sommes, en tant qu'individus, comparables aux péniches remontant cette rivière. Le monde temporel, c'est le niveau inférieur de la rivière; et lorsque nous avons navigué en long et en large sur ce niveau pendant de nombreuses vies, nous arrivons inévitablement à l'écluse qui se trouve à son extrémité. Nous pouvons, pendant très longtemps, aller et venir devant l'entrée et jeter un coup d'oeil à l'intérieur, poussés que nous

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sommes par une incitation intérieure, mais en même temps attirés par une autre impulsion vers la large rivière de la vie. Longtemps, cette écluse élévatrice, avec ses hautes murailles nues, nous semble rébarbative et solitaire, alors que la rivière de la vie est pleine de couleurs gaies, et couverte d'embarcations de même nature que la nôtre, qui vont et viennent joyeusement. Mais lorsque la sollicitation intérieure est devenue suffisamment intense, elle finit par nous entraîner dans l'écluse par laquelle doit s'effectuer notre ascension; et l'intensité de notre aspiration nous donnera la détermination de ne pas retourner à la rivière de la vie mondaine. Toutefois, même arrivés à ce degré, il en est qui hésitent et qui craignent de refermer les portes derrière eux; ils aspirent ardemment, par intermittence, à la vie du niveau supérieur, mais il se sentent moins isolés lorsque, regardant en arrière, ils contemplent la rivière de la vie mondaine. Parfois, il restent dans cette condition pendant des vies, s'étonnant de ne pas progresser, de ne pas recevoir d'effusion spirituelle, de ne pas ressentir d'élévation dans leur vie. Notre exemple donne très clairement la raison de cette inaptitude, car le capitaine de la péniche aurait beau supplier l'éclusier d'ouvrir les vannes supérieures, ce dernier n'aurait jamais l'idée de le faire avant la fermeture des portes inférieures, car dans ces conditions le courant ne soulèverait pas la péniche d'un seul pouce, et cette eau coulerait par les portes ouvertes pour se perdre dans la rivière inférieure.

Il en va de même pour l'ascension spirituelle, car en dépit de nos ferventes prières, les gardiens des mondes invisibles n'ouvriront pas non plus les vannes du courant élévateur pour nous avant que nous ayons fermé les portes derrière nous, et bien fermé, notamment à la convoitise des yeux et à l'orgueil de la richesse (I Jean 2:16), ces péchés qui nous assaillent si aisément (Hébreux 12:1) et que nous cultivons dans l'insouciance de notre vie mondaine. Nous devons les mettre tous derrière les portes et verrouiller l'écluse avant d'être

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réellement en mesure de recevoir le courant qui nous élèvera, mais une fois les portes ainsi fermées, quand nous nous sommes irrévocablement tournés vers l'avant, le courant venant de ce côté commence à se déverser et à nous élever lentement mais sûrement, tout comme l'eau de la rivière supérieure qui soulève la péniche.

Mais après avoir abandonné la vie mondaine et ses vanités et après s'être résolument tourné vers les mondes supérieurs, l'aspirant voit son ardeur devenir plus intense et, avec le temps, il ressent avec une acuité plus grande le vide qui l'environne de part et d'autre. En effet, il a laissé tomber le monde temporel et ses oeuvres comme un vêtement usé; il peut se trouver en chair et en os dans le monde, mais sans lui appartenir. D'autre part, le monde spirituel dont il aspire à devenir le citoyen lui paraît également lointain; il est donc entièrement seul, et tout son être gémit et se tord de douleur dans son aspiration à la lumière.

Alors vient le tour du tentateur: "Je suis à la tête d'une école d'initiation et je puis faire avancer rapidement mes élèves moyennant tels ou tels honoraires" - ou autres paroles exprimant la même idée, quoique généralement d'une manière plus subtile, aussi comment pourrait-on blâmer les pauvres aspirants qui tombent dans le piège de ces imposteurs? Heureux encore sont ceux qui, comme c'est généralement le cas, passent simplement par une cérémonie qui leur confère un degré dénué de valeur, mais il peut arriver qu'il tombent entre les mains d'une personne ayant réellement fait un peu de magie en amateur, et qui est capable d'entrouvrir les portes du niveau supérieur. En ce cas, l'irruption du pouvoir spirituel ébranle le système de l'infortunée dupe, tout comme les eaux de la rivière supérieure démoliraient une embarcation au fond de l'écluse si une personne ignorante ou mal intentionnée en ouvrait les portes. Pour s'élever en toute sécurité, l'embarcation doit être soulevée lentement, et il en va de même pour l'aspirant à l'élévation spirituelle. Une longue patience et une inébranlable persévérance dans le bien sont absolument indispensables, et la porte des

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plaisirs de ce monde doit rester bien close. Si ces conditions sont remplies, nous pouvons être absolument certains d'atteindre les hauteurs du monde invisible, avec toutes les occasions d'avancement spirituel qu'il offre; il s'agit en effet d'un développement naturel, qui s'opère en conformité des lois de la nature, tout comme l'élévation d'une péniche au niveau supérieur d'une rivière par un système d'écluses.

Mais, nous demandera-t-on, comment puis-je servir mon prochain lorsque je me trouve dans cette écluse? Si la croissance spirituelle ne s'obtient que par le service, comment peut-on avancer en restant isolé? Il est naturel que l'aspirant se pose des questions de ce genre; or pour y répondre, il nous faut de nouveau insister sur le fait que nul ne peut élever son prochain sans se trouver lui-même à un niveau supérieur - non au point de ne pouvoir être atteint, mais suffisamment proche pour être à portée de la main qui se tend vers lui. Mais ils sont trop nombreux, hélas, ceux qui se prévalent des enseignements supérieurs, bien que leur conduite soit celle des gens ordinaires, voire même inférieure à ce niveau. Leur profession de foi transforme ces enseignements en objets de dérision et provoque les railleries des moqueurs. Mais ceux qui vivent ces enseignements supérieurs n'ont nul besoin de les appuyer de leurs paroles; en effet, ils sont repérés et désignés malgré eux et, bien qu'ils soient entravés par le mauvais comportement de ceux qui se contentent de professer de tels enseignements, ils finissent par gagner l'estime et la confiance de ceux qui les entourent. Avec le temps, ils suscitent même dans leurs milieux un désir d'émulation; ils convertissent d'autres personnes malgré elles et récoltent en retour une croissance spirituelle équivalente.

L'époque de l'année où nous sommes (Noël) est celle où la vague spirituelle qui enveloppe le monde est à son plus grand degré d'intensité. Elle atteint son point culminant au solstice d'hiver, lorsque le Christ "renaît" dans notre planète. Malgré les déplorables (à notre point de vue limité) conditions de la guerre actuelle, la

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vie qu'il nous donne peut être assimilée par les aspirants avec une facilité plus grande et favoriser leur croissance spirituelle. Par conséquent, tous ceux qui sont désireux d'atteindre un niveau supérieur feront bien de s'efforcer tout spécialement dans cette direction pendant la présente saison d'hiver.

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CHAPITRE 20 - LA SIGNIFICATION COSMIQUE DE PAQUES - première partie

Avril 1911

"Toute la vie du Christ n'a été qu'une croix et un martyre continuels, et tu chercherais du repos et de la joie?...Et plus un homme a fait de progrès dans la vie spirituelle, plus ses croix seront souvent lourdes, parce que plus on a d'amour pour Dieu, plus la peine qu'on souffre d'être exilé de lui devient sensible." (Imitation de Jésus-Christ, II:12-7) - Thomas a Kempis

Dans la matinée du Vendredi-Saint 1857, Richard Wagner, le grand compositeur du siècle dernier, était assis au balcon d'une villa, en Suisse, sur la rive du lac de Zurich. Le paysage qui l'entourait était baigné par une soleil éblouissant; et la nature semblait vibrer de paix et de bonne volonté. La création tout entière palpitait de vie; l'air chargé des senteurs des sapins bourgeonnants était comme un baume sur son coeur troublé et son esprit inquiet.

Soudain, comme un éclair dans un ciel serein, une pensée traversa l'âme profondément mystique du musicien: il se rappela ce que signifiait ce jour néfaste, le plus sombre et le plus désolé de l'année chrétienne.

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Ce contraste l'accabla presque de tristesse, car il y avait un tel désaccord entre, d'une part, le paysage souriant qui s'offrait à sa vue, où régnait l'activité visible de la nature s'efforçant de renaître à la vie après le long sommeil de l'hiver et, d'autre part, la lutte mortelle d'un Sauveur torturé sur une croix. Quel contraste entre le chant d'amour et de vie de milliers d'oiseaux dans les forêts, les landes et les prés, et les vociférations sinistres s'une populace en furie, raillant l'idéal le plus noble que le monde ait connu - entre la merveilleuse énergie créatrice manifestée au printemps par la nature, et cet élément destructeur de ceux qui avaient fait mourir l'homme le plus noble qui ait jamais honoré notre monde!

Tandis que Wagner méditait ainsi sur les incompatibilités de l'existence, une idée lui vint à l'esprit: y aurait-il un rapport quelconque entre la mort du Sauveur sur la croix, à l'époque de Pâques, et l'énergie vitale qui se manifeste avec tant d'abondance et de prodigalité au printemps, quand la nature renaît à une vie nouvelle?

Bien que Wagner n'ait pas entièrement perçu et compris la pleine signification du rapport entre la mort du Sauveur et le retour à la vie de la nature, il n'en était pas moins, sans le vouloir, tombé sur la clé d'un des plus sublimes mystères que puissent rencontrer l'esprit humain dans son pèlerinage du limon terrestre jusqu'à la divinité.

Durant la nuit la plus sombre de l'année, lorsque la Terre dort profondément dans l'étreinte glacée de Borée, dieu des frimas, quand les activités matérielles sont à leur point le plus bas, une vague d'énergie spirituelle apporte sur sa crête le divin "Verbe Créateur" venu du Ciel, dont la naissance mystique s'accomplit à Noël. Semblable à une nuée lumineuse, cette impulsion spirituelle plane sur le monde qui "ne l'a pas reçue", car elle "luit dans ténèbres" (Jean 1:5) de l'hiver, au moment où la nature est engourdie et muette.

Ce divin "Verbe Créateur" comporte un message et une mission. Venu pour "sauver le monde" et pour

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"donner sa vie pour le monde", il faut nécessairement qu'il fasse le sacrifice de sa vie pour que s'accomplisse le retour de la nature à une vie nouvelle. Graduellement, il s'ensevelit dans la Terre et commence à infuser sa propre énergie vitale aux milliards de graines qui dorment dans le sol. Il murmure le "Verbe de Vie" à l'oreille de tous les animaux, jusqu'à ce que l'Evangile (autrement dit "bonne nouvelle") ait été reçu par toute créature. Son sacrifice est pleinement consommé lorsque le Soleil traverse le Noeud oriental (eastern) de son orbite. Alors le divin Verbe Créateur expire et meurt sur la Croix à Pâques (en anglais Easter) cela dans un sens mystique, tandis qu'il pousse un dernier cri triomphant "Tout est accompli" (Consummatum est).

Mais comme un écho qui se répète de proche en proche, le chant céleste se répercute sur la Terre, et toutes les créatures le reprennent sans cesse en choeur. Les petites graines enfouies au sein de la terre nourricière et maternelle commencent à germer; elles brisent leur enveloppe et poussent dans toutes les directions, formant bientôt une merveilleuse et vivante mosaïque, tendre tapis de verdure brodé de fleurs multicolores qui remplacent le blanc linceul de l'hiver. Quant à la gent ailée ou à fourrure, elle répète inlassablement, comme un chant d'amour, le "Verbe de Vie" qui les invite à s'unir. Génération et multiplication sont partout les mots d'ordre: l'Esprit est ressuscité à une vie plus riche.

C'est ainsi que, du point de vue mystique, nous pouvons observer la naissance annuelle, la mort et la résurrection du Sauveur, flux et reflux d'une impulsion spirituelle qui culmine au solstice d'hiver, à Noël, et qui se retire de la Terre peu après Pâques, au moment où le "Verbe" fait son "ascension" dans les cieux à la Pentecôte. Mais il n'y restera pas pour toujours; on nous enseigne en effet que "de là il reviendra" au "Jour du Jugement". Ainsi, lorsqu'en octobre le soleil descend, par le Signe de la Balance, sous l'Equateur, lorsque

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les fruits de la terre sont récoltés, pesés et groupés selon leur espèce, la descente de l'Esprit de l'année nouvelle en est à ses débuts. Cette descente atteint son point extrême lors de la "naissance mystique" de Noël.

L'homme est, en petit, à l'image de la Nature; et ce qui se passe sur une grande échelle dans la vie d'une planète telle que la Terre se produit également, à une plus petite échelle, au cours de l'existence humaine. Toute planète est le corps d'un Etre grandiose et merveilleusement exalté, un des Sept Esprits devant le Trône (du Soleil paternel). L'homme, lui aussi, est un Esprit, et il est "fait à leur ressemblance" (Genèse 1:27). De même qu'une planète accomplit, autour du Soleil dont elle émane, sa révolution cyclique, ainsi l'esprit humain se meut le long de son orbite autour de sa Source centrale, qui est Dieu. Etant de forme elliptique, les orbites planétaires ont des points plus ou moins rapprochés du Soleil qui est en leur centre, et il en va de même pour l'orbite de l'esprit humain, qui est également elliptique. Nous sommes plus rapprochés de Dieu au point de notre parcours cyclique où nous passons par les sphères d'activité célestes qu'on appelle "le ciel", et nous en sommes le plus éloignés pendant notre vie sur terre. Ces changements sont nécessaires au développement de notre âme et, tout comme les fêtes religieuses de l'année marquent le retour des phases importantes de la vie d'un grand Esprit, ainsi nos naissances et nos morts sont des événements qui se répètent périodiquement. Il est aussi impossible, pour l'esprit humain, de rester à perpétuité au ciel ou sur terre, qu'à une planète de s'arrêter sur son orbite. La même loi immuable d'alternance qui détermine la succession ininterrompue des saisons, qui fait alterner le jour et la nuit, qui régit le flux et le reflux des marées, gouverne également la progression de l'esprit humain, à la fois dans le ciel et sur terre.

Descendant des plans lumineux où nous vivons en toute liberté, sans être entravés par les limitations du temps et de l'espace, où nous vibrons à l'unisson de l'harmonie infinie des sphères, nous revenons naître dans le monde physique où notre vue spirituelle est obscurcie par les liens charnels qui nous attachent à cette

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phase limitée de notre existence. Nous vivons ici-bas pour un temps, puis nous mourons et nous montons au ciel, mais ce n'est que pour renaître et mourir à nouveau. Chacune de nos vies terrestres n'est qu'un chapitre d'une longue série de vies dont les débuts sont extrêmement modestes, mais qui croît en intérêt et en importance à mesure que nous atteignons des degrés plus élevés de responsabilités. Aucune limite n'est concevable, car nous sommes d'essence divine et par conséquent nous possédons, à l'état latent, les infinies possibilités de Dieu. Quand nous aurons appris tout ce que ce bas monde peut nous enseigner, une sphère d'action plus étendue nous permettra de donner libre cours à des facultés de plus grande envergure.

"Mon âme, bâtis-toi de plus fières maisons,
Durant que coulent les saisons!
Laisse au passé sa voûte basse;
Fais un temple plus beau que celui qu'il remplace,
Abrite-toi sous un dôme plus altier
Jusqu'au jour où, enfin libérée
De ton écaille devenue inutile
Tu quitteras la mer agitée de la vie!"

Ainsi s'exprime Oliver Wendell Holmes, comparant la progression en spirale du Nautile à travers les compartiments de grandeur croissante de sa coquille, à l'expansion de conscience qui résulte de la croissance de l'âme chez l'être huamin au cours de son évolution.

"Mais quelle est la part du Christ en tout cela; ne croyez-vous pas en lui?" pourrait-on demander. "Vous discourez au sujet de Pâques, cette fête qui commémore le cruel supplice et la glorieuse résurrection triomphante du Sauveur, mais vous semblez faire allusion à lui d'un point de vue allégorique plutôt que comme à un fait réel".

Il est évident que nous croyons en Christ; nous l'aimons de tout notre coeur et de toute notre âme, mais nous désirons faire ressortir le fait que le Christ représente les prémices de la race humaine (ICorinthiens 15:20 et 23). N'a-t-il pas dit que nous ferions les oeuvres qu'il faisait, "et de plus grandes"? (Jean 14:12). Par conséquent, nous sommes des Christs en devenir.

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"Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, S'il ne naît en toi, ton âme est solitaire. La croix du Golgotha tu contemples en vain, Tant qu'en toi-même elle ne s'élève point."

Ainsi le proclame Angelus Silesius, avec une réelle compréhension mystique de ce qui est essentiel pour arriver au but.

Nous sommes trop habitués à nous en remettre à un Sauveur extérieur à nous, tout en donnant asile à un démon intérieur, mais tant que le Christ ne sera pas formé en nous (Paul - Galates 4:19) nos recherches seront vaines. En effet, tout comme il nous serait impossible d'apercevoir la lumière et les couleurs qui nous environnent de toutes parts, sans que notre nerf optique enregistre ces vibrations; ou de même que nous n'aurions aucune conscience des sons si notre tympan était insensible, ainsi nous devons rester aveugles à la présence du Christ et sourds à sa voix tant que nous n'avons pas éveillé nos natures spirituelles endormies en nous. Mais une fois ces natures éveillées, elles nous révéleront le Seigneur d'Amour comme une réalité primordiale, selon le principe qui fait qu'un diapason frappé en fait vibrer un second de même ton, tandis que tout autre diapason de ton différent restera muet. C'est pour cela que le Christ a déclaré que ses brebis connaissaient le son de sa voix et le suivaient, mais qu'elles n'entendaient pas la voix des étrangers (Jean 10:5). Quelle que soit notre appartenance religieuse, nous sommes tous frères en Christ, aussi réjouissons-nous: le Seigneur est ressuscité! Cherchons-le donc, en oubliant nos appartenances et autres désaccords de minime importance.

(Ce chapitre 20 est commenté dans la Lettres aux Etudiants n. 5)

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CHAPITRE 21 - LA SIGNIFICATION COSMIQUE DE PAQUES - deuxième partie

Article publié dans les "Rays from the Rose-Cross"

"Le signe de la Croix sera dans le ciel lorsque le Seigneur viendra pour juger. Alors tous les serviteurs de la Croix, ceux qui auront imité le Crucifié pendant leur vie, s'approcheront du Christ avec grande confiance." (Imitation de Jésus-Christ, II:12-1) Thomas a Kempis

Une fois de plus, nous voici au dernier acte du drame cosmique comprenant la descente du rayon solaire christique dans cette terre matérielle, et qui a atteint son point culminant lors de la naissance mystique célébrée à Noël, suivie par la mort et la libération mystiques célébrées peu après l'équinoxe de printemps. C'est à ce moment que le Soleil de l'année nouvelle, après avoir infusé sa vie dans notre globe pour faire revivre toutes choses et sauver l'humanité, commence son ascension dans les sphères supérieures du ciel septentrional.

A cette époque de l'année, une vie nouvelle, un surcroît d'énergie se déversent avec une force irrésistible par

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les veines et artères de tous les êtres vivants, les inspirant, leur donnant de nouveaux espoirs, les poussant à exercer leur activité dans d'autres domaines où ils pourront apprendre de nouvelles leçons à l'école de l'expérience. Que le bénéficiaire de cette surabondance d'énergie en soit conscient ou non, elle redonne de la vigueur à tout ce qui vit. Les plantes elles-mêmes y réagissent par une montée de sève qui fait se développer les feuilles, les fleurs et les fruits par lesquels cette vague de vie s'exprime à l'heure actuelle et se développe vers un état de conscience plus élevé.

Mais si merveilleuses que soient ces manifestations perceptibles sur le plan physique, si admirable que nous paraisse la transformation d'une terre glacée et sans vie en un magnifique jardin fleuri, tout cela n'est rien, comparé aux activités spirituelles qui accompagnent cette renaissance. Les traits saillants du drame cosmique coïncident, dans le temps, avec les effets physiques du Soleil lors de son passage par les quatre signes cardinaux: Bélier, Cancer, Balance et Capricorne, car les événements les plus marquants ont lieu au moment des équinoxes et des solstices.

Il est absolument vrai que c'est "EN Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:28). En dehors de lui, nous ne pourrions exister; nous vivons par lui; nous vivons de sa vie. C'est son énergie qui nous permet de nous mouvoir et d'agir, c'est son pouvoir qui fait vivre notre Terre, et sans ses efforts soutenus et constants, l'Univers lui-même se désintégrerait. Or, on nous enseigne que l'homme a été créé à la ressemblance de Dieu, et on nous donne à entendre que, selon la loi d'analogie, nous possédons en nous certains pouvoirs latents, semblables à ceux que nous voyons s'exprimer de manière si efficace par l'activité divine dans l'Univers. Ceci nous intéresse particulièrement au drame cosmique de la mort et de la résurrection du Soleil. En effet, la vie du Dieu-Homme , Jésus-Christ , a été calquée sur le modèle solaire, et elle nous permet de présager ce qui peut arriver à l'Homme-Dieu prédit par le Christ, lorsqu'il a dit: "Les

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oeuvres que je fais, vous les ferez aussi" (Jean 14:12) et "là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard (Jean 13:36).

La nature est l'expression symbolique de Dieu. Elle ne fait rien en vain, ni sans motif, car il y a un dessein à la base de chaque chose et de chaque action. Nous devrions donc être vigilants et considérer attentivement le langage des astres, car ils ont une signification profonde et importante à l'égard de nos propres vies. Une intelligente compréhension de leur objet nous permettra de travailler bien plus efficacement avec Dieu et d'appuyer ses merveilleux efforts pour l'émancipation de la race humaine, encore asservie aux lois de la nature. Cette activité vise à la libération complète de l'homme, qui doit parvenir au niveau des Fils de Dieu, couronnés de gloire, d'honneur et d'immortalité, à jamais délivrés de l'emprise du péché, de la maladie et des souffrances qui écourtent actuellement nos vies à cause de notre ignorance et de notre manque d'observation des lois divines. Le plan de Dieu requiert cette émancipation, mais quant à savoir si elle se réalisera par le lent et fastidieux procédé de l'évolution, ou bien par le sentier infiniment plus rapide de l'initiation, cela dépend de notre volonté de coopérer, ou non. La plupart des gens avancent dans la vie avec "des yeux qui voient point et des oreilles qui n'entendent point (Psaumes 115 et 135; Jérémie 5). Ils sont accaparés par leurs affaires matérielles, achetant, vendant, se distrayant, sans avoir une juste compréhension ou une vague idée du but de l'existence. D'ailleurs, si on le leur exposait, il est peu probable qu'ils s'y conformeraient en apportant leur collaboration, à cause des sacrifices que cela entraînerait.

Il n'est donc pas surprenant que le Christ attire particulièrement les pauvres gens et qu'il ait insisté sur la difficulté qu'ont les riches à entrer au Royaume des Cieux, car malgré les deux mille ans qui se sont écoulés depuis sa venue, l'avance à l'école de l'évolution est bien lente. Nous voyons en effet que la plupart des gens continuent à tenir davantage à leurs terres, leurs demeures, leurs jolis chapeaux, leurs robes, leurs distractions mondaines, bals ou soirées, qu'aux trésors dans le ciel, amassés par le service et le sacrifice de

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soi. Même si, intellectuellement, ils se rendent compte de la beauté de la vie spirituelle, son attrait, à leurs yeux est bien minime, comparé aux sacrifices nécessaires pour y parvenir. Semblables au jeune homme riche (Matthieu 19:16- 22), ils suivraient volontiers le Christ si cela ne comportait pas un tel renoncement; ils préfèrent donc s'éloigner lorsqu'ils comprennent que ce sacrifice est la condition requise pour devenir disciple. Ainsi, pour eux, l'époque de Pâques est simplement une source de joie, parce qu'elle marque la fin de l'hiver et le début de la saison d'été avec les agréments qu'elle apporte: sports, et autres divertissements de plein air.

Mais pour ceux qui ont expressément choisi le sentier de l'abnégation et du sacrifice qui conduit à la Libération, Pâques est le Signe qui leur est donné, d'année en année, comme évidence de la base cosmique de leurs espoirts et de leurs aspirations. Comme l'exprime très justement Saint Paul dans l'admirable chapitre 15 de la première Epître aux Corinthiens:

"Si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédiction est donc vaine, et votre foi aussi est vaine.

"Il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu ayant témoigné contre Dieu qu'il a ressuscité le Christ, tandis qu'il ne l'aurait pas ressuscité si les morts ne ressuscitent point.

"Car si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n'est pas ressuscité.

"Et si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est votre foi, vous êtes encore dans vos péchés... "Si c'est pour cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.

"Si c'est dans des vues humaines que j'ai combattu contre les bêtes à Ephèse, que me revient-il si les morts ne ressuscitent point?

"Mais maintenant le Christ est ressuscité d'entre les morts, et il est devenu les prémices de ceux qui se sont endormis."

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A l'équinoxe de printemps, lorsque le Soleil de Pâques prend son essor vers les cieux septentrionaux après avoir donné sa vie à la Terre, nous avons là le symbole cosmique de la réalité de sa résurrection. Lorsqu'il est considéré comme un phénomène cosmique, en relation avec la loi d'analogie qui relie le macrocosme au microcosme, c'est un gage du fait qu'un jour nous atteindrons tous à la conscience cosmique. Dès lors, nous atteindrons nous-mêmes, par expérience personnelle, qu'il n'y a pas de mort, car ce qui nous apparaissait ainsi n'est que le passage dans une sphère plus éthérée.

C'est un symbole annuel qui fortifie nos âmes et nous encourage à bien faire afin de développer la robe nuptiale d'or nécessaire pour faire de nous des fils de Dieu dans le sens le plus élevé et le plus saint. Il est littéralement vrai qu'à moins de marcher dans la Lumière comme Dieu est Lumière, nous ne sommes pas en communion, mais en consentant les sacrifices et en rendant les services requis pour aider à l'émancipation de la race humaine, nous construisons le corps de l'âme, formé de radieuse lumière dorée qui est la substance spéciale émanée de l'esprit du Soleil, le Christ cosmique. Lorsque cette substance dorée nous revêtira avec une densité suffisante, nous pourrons alors imiter le Soleil de Pâques et nous envoler vers des sphères supérieures.

Si cet idéal est bien fixé dans notre esprit, le temps de Pâques devient le moment propice pour revoir notre vie de l'année dernière et prendre de nouvelle résolutions pour la saison prochaine en vue de servir et de croître spirituellement. C'est le moment où la montée symbolique du Soleil dans l'hémisphère nord devrait graver profondément dans notre esprit le fait que nous ne sommes que des pélerins et des étrangers sur cette Terre; que notre véritable demeure, en tant qu'esprits, est dans les cieux, si bien que nous devrions nous efforcer d'apprendre les leçons de cette vie aussi rapidement que le permet notre activité de service.

De même que le jour de Pâques marque la résurrection et la libération de l'Esprit du Christ des plans

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inférieurs, nous pouvons sans cesse aspirer à voir l'aube du jour qui nous libérera des liens de la matière, de ce "corps de péché et de mort" - bien entendu avec tous nos frères en captivité, car aucun aspirant sincère ne saurait concevoir de libération qui n'inclurait pas tous ceux qui sont dans les mêmes conditions. C'est là une tâche gigantesque, et le seul fait de l'envisager peut bien abattre le coeur le plus vaillant. Si nous étions seuls, elle ne pourrait être menée à bien, mais les hiérarchies divines qui ont guidé l'humanité sur le sentier de l'évolution depuis le début de notre cheminement sont toujours actives et continuent à travailler avec nous du haut des mondes étoilés. Avec leur aide, nous deviendrons un jour capables d'accomplir cette élévation de l'humanité tout entière et de parvenir à une réalisation individuelle de gloire, d'honneur et d'immortalité. Ayant en nous ce grand espoir, étant engagés dans la mission qui nous est dévolue, travaillons mieux que jamais à nous améliorer, afin que notre exemple soit capable d'éveiller chez notre prochain le désir de mener une vie qui aboutisse à la libération.

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CHAPITRE 22 - LE CHRIST NOUVEAU-NÉ

Décembre 1916

Dans nos écrits, il a été souvent rappelé que le sacrifice du Christ n'était pas un épisode qui, ayant eu lieu pour quelques heures sur la colline du Calvaire, était dès lors terminé une fois pour toutes, mais que les naissances et morts mystiques de notre Rédempteur étaient des événements cosmiques se répétant continuellement. Nous pouvons en conclure que ce sacrifice est nécessaire à notre évolution physique et spirituelle durant la phase actuelle de notre développement. Comme la naissance annuelle de l'Enfant-Christ approche, cette époque de Noël nous offre un thème de méditation toujours nouveau, jamais suranné, dont nous pouvons profiter tout en l'approfondissant, tout en priant pour qu'il puisse créer dans nos coeurs une nouvelle lumière pour nous guider sur le sentier de la régénération.

L'apôtre inspiré nous a donné une merveilleuse définition de la divinité en disant que "Dieu est Lumière", et c'est pourquoi ce mot de "lumière" a été utilisé dans les enseignements rosicruciens pour donner une idée de la nature du divin, notamment dans le mystère de la Trinité dans l'Unité. Dans les Ecritures Saintes de toutes

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les époques, il est clairement enseigné que Dieu est un et indivisible, mais en même temps nous trouvons que, tout comme la lumière blanche unique se réfracte en trois couleurs fondamentales qui sont le rouge, le jaune et le bleu, ainsi Dieu apparaît sous un triple rôle durant la Manifestation par l'exercice des triples fonctions divines de création , préservation et désintégration .

Lorsqu'il exerce l'attribut de création , Dieu apparaît comme Jéhovah, le Saint-Esprit ; il est alors le Seigneur de la Loi et de la génération. Il projette indirectement , par les satellites lunaires de toutes les planètes, le principe solaire fertilisateur, partout où il est nécessaire de fournir des corps pour les êtres qui évoluent sur ces globes.

Lorsqu'il exerce l'attribut de préservation , afin d'entretenir la vie des corps engendrés par Jéhovah selon les lois de la nature, Dieu apparaît comme le Rédempteur, le Christ , et il rayonne directement les principes d'amour et de régénération dans toute planète où les créatures de Jéhovah requièrent cette aide pour se dégager des liens de la mortalité et de l'égoïsme et parvenir à l'altruisme et à la vie éternelle.

Lorsque Dieu exerce l'attribut divin de désintégration , il apparaît comme le Père qui nous rappelle à notre demeure céleste pour assimiler les fruits de l'expérience et de la croissance spirituelle amassés par nous pendant le Jour de Manifestation. Cette force universelle de désintégration, le rayon du Père, émane du Soleil spirituel invisible.

Ces divines opérations de création et de naissance, de préservation et de vie, de désintégration, mort et retour à l'auteur de notre être, nous les observons tout autour de nous, et nous reconnaissons en elles l'activité des trois aspects de Dieu. Mais avons-nous déjà songé que, dans le monde spirituel, il n'y a aucun événement nettement délimité, aucune condition statique; que le commencement et la fin de toutes les péripéties de tous les âges sont présents dans l'éternel "ici" et "maintenant"? Du sein du Père émane sans cesse l'essence des choses et des événements, et cette essence entre dans les mondes du "temps" et de l'"espace". Elle s'y

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cristallise graduellement et devient inerte, ce qui nécessite sa désintégration pour faire place à d'autres choses et à d'autres événements.

Rien, dans toute la création, n'échappe à cette loi cosmique; elle s'applique à tout ce qui est du domaine du temps et de l'espace, y compris le rayon du Christ. De même qu'un lac qui se vide dans l'océan se remplit par l'évaporation de l'eau qui lui revient sous forme de pluie arrosant sa surface et ses affluents, pour s'écouler sans cesse à nouveau, ainsi en est-il de l'Esprit d'Amour émanant éternellement du Père, jour après jour, d'heure en heure, se déversant sans cesse dans l'univers solaire pour nous racheter du monde de la matière qui nous retient dans son étreinte mortelle. Du Soleil se déversent ainsi, l'une après l'autre, des ondes en direction de toutes les planètes, apportant un stimulant rythmique aux créatures qui s'y développent.

Ainsi, au sens le plus authentique et le plus littéral, c'est un Christ nouveau-né que nous acclamons à chaque fête de Noël et, qu'on s'en rende compte ou non, la Nativité est l'événement annuel le plus vital pour toute l'humanité. Il ne s'agit pas simplement de la commémoration de la naissance de notre bien-aimé Frère Aîné Jésus, mais du retour de l'impulsion de vie aimante et régénératrice de notre Père Céleste, qu'il envoie dans le monde pour le délivrer de l'étreinte mortelle de l'hiver. Sans cette nouvelle effusion de vie et d'énergie divines, notre vie physique prendrait bientôt fin et la marche de nos progrès dans la voie suivie actuellement serait vouée à l'échec. C'est là un point que nous devrions essayer de faire pénétrer profondément dans notre conscience, pour apprendre à apprécier Noël avec toute l'ardeur possible.

En cette circonstance, comme en bien d'autres, nous pouvons apprendre une leçon de nos enfants, ou bien nous remémorer nos souvenirs d'enfance. Avec quelle impatience nous attendions cette fête; quelle était l'ardeur de nos aspirations à mesure qu'approchait le moment où nous savions que Saint Nicolas, le mystérieux bienfaiteur universel, patron des enfants, nous apporterait cadeaux et jouets pour la nouvelle

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année! Qu'aurions-nous ressenti si nos parents nous avaient offert les poupées démembrées et les tambours crevés de l'année précédente? Nous aurions pensé qu'un malheur accablant nous arrivait, nous laissant le sentiment profond d'une confiance trompée, que le temps lui-même aurait eu de la peine à guérir. Et pourtant, cela ne serait que bagatelle en comparaison de la calamité cosmique dont l'humanité serait accablée si notre Père Céleste nous privait du Christ nouveau-né, son cadeau cosmique de Noël.

Le Christ de l'année dernière ne peut nous sauver de la famine physique, pas davantage que les pluies de l'année dernière ne peuvent humecter le sol à nouveau et faire germer les millions de semences qui y sommeillent dans l'attente des activités germinatives de la vie du Père, point de départ de leur croissance. Le Christ de l'année dernière ne peut pas ranimer dans nos coeurs les aspirations spirituelles qui nous poussent à la recherche du Graal, pas davantage que la chaleur de l'été précédent ne peut nous réchauffer aujourd'hui. Le Christ de l'année dernière nous a donné son amour et sa vie jusqu'au dernier souffle, sans restriction ni mesure; lors de sa naissance dans la Terre au dernier Noël, il a imprégné de sa vie les semences qui ont poussé et rempli généreusement les greniers dont nous tirons le pain nécessaire à notre vie physique. Il nous a prodigué l'amour qu'il avait reçu du Père et, après avoir donné complètement sa vie, il est mort à Pâques pour retourner vers son Père, comme l'eau qui s'évapore monte vers les cieux.

Mais l'amour est une source intarissable; de même qu'un père a pitié de ses enfants, notre Père Céleste a pitié de nous, car il connaît nos faiblesses physiques et morales et il sait que nous dépendons de lui. C'est pourquoi nous attendons maintenant avec confiance la naissance mystique du Christ pour l'année qui vient, nous apportant une nouvelle vie et une nouvelle effusion d'amour du Père, pour nous préserver de la famine physique et spirituelle qui résulterait de l'absence de cette offrande annuelle d'amour.

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Généralement, les âmes jeunes ont de la peine à se défaire de leurs opinions préconçues au sujet de la "personnalité" de Dieu, du Christ et du Saint- Esprit, et certaines personnes ne peuvent aimer que Jésus en tant qu'homme. Elles oublient le Christ, le grand Esprit, venu inaugurer une nouvelle époque dans laquelle les nations établies sous le régime de Jéhovah seront démembrées pour que la structure sublime de la Fraternité Universelle puisse se construire sur leurs ruines. Avec le temps, le monde entier comprendra que "Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en Esprit et en Vérité" (Jean 4/24). Il est bon d'aimer Jésus et de l'imiter; nous ne connaissons pas de plus noble idéal. Si l'on avait pu trouver âme plus noble que la sienne, on ne l'aurait pas choisi comme véhicule de ce grand Etre, le Christ, en qui réside la Divinité, aussi ferons-nous bien de marcher sur ses traces.

En même temps, nous exalterons Dieu dans notre propre conscience en acceptant le témoignage biblique selon lequel il est Esprit et nous ne pouvons faire d'image le représentant, car il ne ressemble à rien qui soit dans le ciel ou sur la terre. Nous pouvons voir les véhicules physiques de Jéhovah tournant comme satellites autour des différentes planètes; nous pouvons aussi voir le Soleil, véhicule physique du Christ, mais le Soleil invisible, véhicule du Père et source de toutes choses, les plus grands des clairvoyants l'aperçoivent seulement comme une octave supérieure de la photosphère solaire, une sorte de cercle lumineux bleu-violet derrière le soleil. Mais nous n'avons pas besoin de le voir; nous pouvons ressentir son amour, et ce sentiment n'est jamais aussi intense qu'à l'époque de Noël, où il nous donne le plus grand des présents, le Christ de l'année nouvelle.

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CHAPITRE 23 - POURQUOI J'AI ADOPTÉ L'ENSEIGNEMENT ROSICRUCIEN

Janvier 1916

Il arrive assez fréquemment qu'une personne se trouve amenée à exposer quelles sont ses croyances personnelles et à définir les raisons qui lui ont fait préférer, par exemple, l'Eglise Baptiste, Méthodiste, ou la Science Chrétienne. Nos étudiants nous ont souvent demandé de les aider à expliquer à leur entourage pourquoi ils ont adopté les enseignements des Frères Aînés, tels qu'ils sont propagés par The Rosicrucian Fellowship, de préférence à d'autres. Nous allons donc essayer de vous donner un exposé succinct des raisons qui nous paraissent suffisantes pour une telle décision, tout en ne doutant pas que nos étudiants en trouveront beaucoup d'autres tout aussi bonnes, sinon meilleures, qu'ils pourront faire valoir en même temps que les nôtres.

Tout d'abord, qu'il soit bien entendu, une fois pour toutes, que les membres du Rosicrucian Fellowship ne se donnent pas le nom de Rose-Croix. Ce titre appartient uniquement aux Frères Aînés, qui sont les Hiérophantes des enseignements de la Sagesse Occidentale. Leur développement spirituel les place,

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par rapport aux plus grands saints de ce monde, à une hauteur aussi grande, que ces saints peuvent l'être eux-mêmes par rapport au plus primitifs des adorateurs de fétiches.

Lorsque notre barque vogue allégrement sur une mer calme d'été, poussée par les vents favorables de la prospérité; lorsque des amis sont toujours prêts à nous aider à réaliser des projets qui nous permettront de jouir des plaisirs de ce monde en leur compagnie; lorsque les conditions sociales et politiques favorisent la satisfaction de nos désirs dans la direction où ils cherchent à s'exprimer, alors nous pouvons dire à bon droit, de tout notre coeur et de toute notre âme, que "ce monde est assez bon pour nous". Mais une fois que nous arrivons à la fin du succès qui nous avait souri, lorsque les tempêtes de l'adversité ont jeté notre barque sur les récifs, lorsqu'à la suite du désastre, une vague de souffrance menace de nous engloutir; lorsque les amis nous ont fait défaut et que toute aide humaine semble hors de portée, alors nous voilà contraints de chercher le secours dans les cieux, tout comme le fait le pilote lorsqu'il dirige son navire sur l'immensité des mers.

Mais lorsque le navigateur interroge le ciel pour y trouver une étoile sur laquelle il puisse se guider en toute sécurité, il s'aperçoit que toute la voûte étoilée est en mouvement. En se guidant sur l'une quelconque de ces nombreuses étoiles, il courrait à un désastre, car l'étoile qui devrait lui servir de guide doit être parfaitement fixe et immuable. Il n'en est qu'une seule qui remplisse ces conditions : c'est l'Etoile Polaire . En se guidant sur elle, le navigateur peut diriger son embarcation en toute confiance et la conduire dans un port où il trouvera repos et sécurité.

De même, celui qui cherche un guide digne de confiance pour les jours où il est dans la peine ou en proie à des difficultés devrait adopter des croyances basées sur des lois éternelles et des principes immuables. Sa religion doit pouvoir expliquer les mystères de la vie d'une manière logique et satisfaisante pour l'intelligence, tout en offrant en même temps un côté mystique capable de satisfaire les besoins du coeur, afin

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que ces deux pôles de son être soient également comblés. C'est seulement lorsque l'homme a pu se former une conception intellectuelle précise du plan divin de l'évolution qu'il peut s'y rallier. Une fois qu'il a pu se convaincre que ce plan est empreint, au plus haut degré, de bienveillance, que tout s'y trouve réellement gouverné par l'amour divin, cette compréhension fera naître en lui, tôt ou tard, un sentiment de véritable dévotion et d'acceptation sincère qui lui fera éprouver le désir de coopérer à l'oeuvre de Dieu dans le monde.

Lorsque les âmes à la recherche d'une solution à leurs problèmes s'adressent à une église pour y chercher le soulagement, elles ne peuvent se contenter de lieux communs, par exemple que la peine et la souffrance leur ont été envoyées par la volonté divine, ou que Dieu a trouvé bon de les éprouver; qu'elles devraient en déduire qu'il les considère comme particulièrement dignes de son amour, et qu'en conséquence elles devraient se réjouir, quoi qu'il arrive. Comment pourraient-elles admettre que Dieu soit juste quand il comble de richesses quelques rares personnes en laissant le reste dans la misère; quand une minorité jouit d'une bonne santé, tandis que beaucoup sont maladifs? Ne voient-ils pas souvent l'iniquité prospérer et la vertu obligée de se vêtir de haillons?

Les enseignements des Rose-Croix donnent des explications claires et logiques sur l'univers et sur l'homme; ils encouragent les questions au lieu de les éluder, si bien que ceux qui sont à la recherche des vérités spirituelles en reçoivent une satisfaction intellectuelle totale. Leurs explications sont en même temps scientifiques et profondément religieuses. Pour une solution aux problèmes de la vie, ils se basent sur des lois aussi immuables, dans leur domaine, que l'Etoile Polaire l'est au firmament.

Bien que notre globe tourne sur son axe à une vitesse de près de 1700 km à l'heure, nous pouvons nous maintenir en sécurité sur sa surface, parce que la loi de pesanteur nous empêche d'être projetés dans l'espace

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par cette énorme vitesse. Nous savons que les lois de la pesanteur sont éternelles; elles n'agissent pas aujourd'hui pour cesser leur action demain. Elles maintiennent nos maisons en place, les unes par rapport aux autres, aussi pouvons-nous être sûrs, en les quittant, de les retrouver au même endroit à notre retour.

De la même manière, tous les autres départements de la vie sont soumis à des lois immuables, et l'une d'entre elles est celle de cause à effet. Si nous lançons une pierre en l'air, le phénomène ne sera pas complet avant qu'elle ne soit retombée sur terre par l'action de la pesanteur. Ce qu'un homme sème , il le récoltera - telle est la façon dont cette loi opère dans le domaine moral (Galates 6:7). "Les meules des dieux broient lentement, mais leur mouture est excessivement fine", dit un proverbe oriental. Une fois qu'un acte a été accompli, la réaction se manifestera quelque part, à un certain moment, mais aussi sûrement que la pierre lancée en l'air retombera sur terre.

Il est clair que les causes mises en action au cours de notre vie présente ne mûriront pas toutes dans cette existence, aussi devront-elles exercer leurs effets ailleurs et à un autre moment, sinon la loi serait mise en défaut, ce qui est aussi impossible que d'annuler la pesanteur. Dans un cas comme dans l'autre, ce serait le chaos dans le Cosmos. La philosophie rosicrucienne explique l'opération de cette loi par le fait que l'homme est un esprit en train de suivre les leçons de l'Ecole de la Vie en vue de développer les pouvoirs spirituels qui sont latents au fond de lui-même. A cet effet, il passe par un grand nombre d'existences vécues dans des corps terrestres de plus en plus parfaits, lui permettant d'exprimer toujours mieux ses facultés. Dans les classes les plus élémentaires de cette école de l'évolution, les talents de l'homme sont encore peu développés, et chaque journée - ou vie - passée à cette école lui permet d'apprendre de nouvelles leçons. Quand la nuit est venue, la nourrice aux blancs cheveux de la Nature, qu'on appelle la Mort, vient le chercher et le couche dans la tombe pour qu'il puisse se reposer jusqu'à l'aurore d'un nouveau jour d'existence, où il recevra un

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nouveau corps d'enfant et des leçons nouvelles. A chaque jour passé dans cette école, un instructeur appelé Expérience lui enseignera quelques leçons de plus, jusqu'au jour où il aura fini d'assimiler tout le programme de cette école - un programme comprenant aussi bien la manière de construire des corps que celle de s'en servir.

Lorsque nous rencontrons une personne possédant peu de facultés, nous savons donc qu'il s'agit d'une âme jeune, n'ayant pas encore appris beaucoup de leçons. Inversement, lorsque nous trouvons un être plein de noblesse d'âme, nous reconnaissons qu'il a déjà consacré beaucoup de temps à l'étude de ses leçons. Par conséquent, loin de désespérer de l'amour divin lorsque nous constatons autour de nous tant d'inégalités, nous savons qu'un jour nous serons tous parfaits comme notre Père Céleste est parfait (Matthieu 5:48).

La philosophie Rosicrucienne nous enlève aussi le cruel aiguillon de la douleur, dans la plus dure de toutes les épreuves, celle de la perte d'un être cher, même s'il était ce qu'on appelle une brebis perdue ou un chenapan. Nous savons que "c'est en Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l'être " (Actes 17:28); par conséquent, si une seule âme se perdait, une parcelle de Dieu serait perdue, ce qui serait une chose impensable. Sous l'empire de cette loi immuable de cuase à effet, nous sommes destinés à retrouver nos bien-aimés plus tard, dans d'autres circonstances, car l'amour qui nous unit doit continuer à s'épanouir jusqu'à ce qu'il ait trouvé sa pleine expression. Si une pierre restait en l'air après avoir été lancée, les lois de la nature seraient transgressées, et c'est en vertu des mêmes lois immuables que ceux qui passent sur des plans plus élevés doivent revenir. Le Christ disait: "Il faut que vous naissiez de nouveau" (Jean 3:7) et il a aussi dit: "Si je vais vers mon Père, je reviendrai " (Jean 14:2-3).

Bien que notre raison nous permette déjà de comprendre les mystères de la vie, il existe encore un degré plus élevé, celui de la connaissance personnelle directe . Ces théories pourront donc être vérifiées un jour, car nous avons tous, à l'état latent, un sixième sens qui nous permettra un jour de voir les mondes spirituels avec

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la même netteté que le monde matériel. Au cours de notre évolution, nous développerons tous cette faculté, et il existe des moyens par lesquels ceux qui veulent y consacrer le temps et la peine nécessaires peuvent dès maintenant entreprendre de l'acquérir. Plusieurs y sont parvenus, et il nous ont fait part de leurs voyages dans le pays des âmes. Nous ajoutons fois à leur témoignage sur ces lieux, tout comme nous croyons à ce que nous disent d'autres personnes revenant d'un voyage en Afrique ou en Australie. Nous disons aussi que nous savons que la Terre tourne sur son axe, et nous savons aussi qu'elle tourne autour du soleil, parce que nous le tenons d'hommes de science qui ont fait les recherches et les calculs nécessaires.

De la même manière, nous savons que les "morts" sont en vie et que, sur terre comme dans l'au-delà, dans un corps physique ou non, nous sommes tous englobés dans l'amour de notre Père Céleste, sans la volonté duquel aucun passereau ne meurt. Nous savons qu'il prend soin de nous et qu'il règle les pas de chacun de nous en harmonie avec ses plans, de manière à nous permettre de développer nos pouvoirs spirituels au plus haut degré possible (Matthieu 6:34).

Nous avons donc adopté les enseignements rosicruciens, de préférence à d'autres, parce que leur philosophie de la vie est logique, tout en satisfaisant les besoins de notre âme, et c'est pourquoi nous suggérons à ceux qui désirent participer à ses bienfaits de se renseigner à leur sujet.

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CHAPITRE 24

LA MISSION DU ROSICRUCIAN FELLOWSHIP - Octobre 1918

La mission du Rosicrucian Fellowship a été clairement défini dans nos écrits, de même que les moyens par lesquels on se propose de se développer spirituellement, mais pour répondre à la demande d'un bref exposé sur ce sujet, nous y consacrons cette leçon.

Le monde est l'école divine dans laquelle les êtres humains acquièrent leur formation. Par le passé, nous avons appris à construire divers véhicules, dont notre corps physique. Ce travail nous a permis d'avancer de classe en classe, dont chacune avait son propre degré d'état de conscience. Nous avons développé des yeux afin de voir, des oreilles afin d'entendre, ainsi que d'autres organes pour goûter, sentir et toucher. Mais les Egos n'ont pas tous été promus d'une classe à la suivante. Lorsque s'est condensée l'atmosphère de brouillard de l'Atlantide, remplissant d'eau les bas-fonds du globe et créant des océans, en chassant les êtres humains vers les hauteurs, beaucoup d'entre eux ont été asphyxiés, faute d'avoir développé des poumons. Ils n'ont pas été capables de franchir le "portail de l'arc-en-ciel" qui était, en quelque sorte, la porte d'entrée dans le Nouvel Age, avec ses conditions atmosphériques beaucoup plus sèches.

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Une nouvelle grande transformation mondiale se prépare; nous ne savons pas quand, car le Christ lui-même a dit qu'il n'en connaît ni le jour, ni l'heure. Toutefois, il nous a avertis que ce jour viendrait "comme un voleur dans la nuit" (I Thessaloniciens 5:2) et que les conditions dans le monde seraient comparables à celles qui prévalaient à l'époque de Noé: insouciants, les hommes jouissaient de la vie, lorsque soudain les écluses du ciel se sont ouvertes, inondant les bas-fonds et semant la mort et la destruction.

Le Christ nous a dit qu'il était possible de prendre de force le Royaume des cieux (ou plutôt de "l'envahir", voir chapitre 10 de cet ouvrage) et de parvenir à l'état de conscience et aux conditions qui prévaudront alors. Mais Saint Paul nous informe que "la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu" (I Corinthiens 15:50); que nous possédons un corps psychique ou corps de l'âme (sôma psuchikon) qui n'est pas le corps spirituel (sôma pneumatikon, I Corinthiens 15:44) et que nous irons à la rencontre du Seigneur dans les airs (I Thessaloniciens 4:17) lorsqu'il reviendra. Par conséquent, le corps de l'âme est aussi nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu du Nouvel Age, qu'un corps pourvu de poumons l'était pour les Atlantéens désireux d'entrer dans notre Epoque Aryenne. Il est donc indispensable que nous soyons prêts à l'appel et certains d'être élus en préparant notre "robe nuptiale", le corps de l'âme qui, seul, peut garantir notre admission au "mariage mystique".

Conduite par ses diverses églises, l'humanité avance lentement dans la bonne direction, mais un nombre toujours plus grand de personnes sont, pour ainsi dire, conscientes de la croissance des ailes de leur corps de l'âme. Elles se sentent intérieurement poussées à "s'emparer du Royaume de Dieu". Bien que n'ayant pas un idéal nettement défini, elles perçoivent une expression plus parfaite de la vérité et de la lumière que celles

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répandues par les Eglises; elles sont lasses d'entendre des paraboles et désireraient en apprendre les vérités fondamentales en se tenant aux pieds du Christ.

The Rosicrucian Fellowship, association internationale de mystiques chrétiens, a été fondée dans le but d'atteindre ces personnes, de leur montrer le chemin de la lumière, de les aider à construire leur corps de l'âme et à développer en elles les pouvoirs qui leur permettront d'entrer en pleine conscience dans le Royaume de Dieu et d'y obtenir la connaissance directe.

C'est là une entreprise importante; il n'en existe pas de plus grande et, même dans les conditions les plus favorables, les progrès ne peuvent qu'être très lents. Cependant, si l'aspirant veut "persévérer avec patience dans le bien" (Romains 2/7), c'est chose possible.

Pour cela, les règles à suivre sont précises, scientifiques et religieuses; elles ont été conçues par l'Ecole Occidentale de l'Ordre des Rose-Croix; par conséquent, elles conviennent tout spécialement aux occidentaux. Quelquefois - mais c'est très rare - cette méthode peut donner des résultats en peu de temps, mais généralement il faut compter des années et même des vies avant que l'aspirant ne parvienne au but. Néanmoins, le système qui suit finira par apporter à chacun ce que son coeur désire.

Le Tabernacle dans le Désert était la représentation symbolique du Sentier qui mène à Dieu et, comme l'exprime Saint Paul, renfermait "l'ombre de meilleures choses à venir" (Hébreux 10/1; Colossiens 2/17). Tout ce qu'il contenait avait une signification spirituelle, à commencer par la Table des Pains de Proposition, qui nous donne une importante leçon en rapport avec notre étude. On se rappellera que l'on demandait aux anciens Israélites d'apporter à intervalles réguliers les pains de proposition (en anglais "pains à montrer") au Tabernacle. Le grain dont ces pains étaient faits avait été donné par Dieu, mais ceux qui les apportaient avaient dû préparer le sol dans lequel il avait poussé, l'ameublir, puis, après les semailles, sarcler et arroser pour en obtenir la plus grande récolte possible. Ensuite il avait fallu le moissonner, le battre, le moudre et le

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faire cuire avant d'obtenir les galettes qu'ils apportaient au Tabernacle comme "pains à montrer" en témoignage de leur labeur. De même, Dieu donne à chacun le grain des occasions de servir, mais nous avons le devoir de cultiver ces occasions, d'en prendre soin, de les nourrir dans un sol de bonté et d'amour afin qu'elles produisent une riche moisson. Rappelons-nous toujours que le Christ a déclaré être venu pour secourir et servir et que, par conséquent, quiconque aspire à marcher sur ses traces et à grandir spirituellement doit toujours être en alerte afin de ne laisser passer aucune occasion de servir ses frères en humanité. Chaque journée doit être aussi remplie que possible d'actes de bonté et d'entraide, car ils forment la chaîne et la trame dont est tissée notre robe nuptiale d'or . Sans ces "oeuvres", ni prières, ni jeûnes, ni autres exercices religieux ne seront efficaces. Il est inutile de se rendre au Temple sans avoir de "pains à montrer" comme témoignage d'un travail réel au service du Maître.

Ce qui précède fait aussi partie de l'enseignement des Eglises exotériques, mais ce qui suit appartient à l'enseignement exclusif et scientifique de la méthode rosicrucienne, basée sur la connaissance approfondie des conditions des plans spirituels, ce qui permet à l'aspirant de gagner un maximum de croissance de l'âme en chaque vie, si bien que son avancement est accéléré au-delà de tout ce qu'on peut imaginer. Par conséquent, cet enseignement spirituel est le plus important qui ait été donné à l'humanité en ces temps modernes, et aucun de ceux qui essaient honnêtement d'appliquer la simple méthode qui va suivre ne peut manquer d'en bénéficier énormément.

L'éther est l'agent de transmission de la lumière qui imprime l'image sur la pellicule photographique. Il interpénètre notre atmosphère et, avec chaque respiration, de la naissance à la mort, il entre dans nos poumons en apportant une image de notre ambiance et de nos actions, qui se grave sur un petit atome, appelé atome-germe, situé dans le coeur. Ainsi, chacun de nous porte en lui un enregistrement complet de sa vie, et

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cet enregistrement est assimilé après le décès. Dans le purgatoire, l'expiation de nos mauvaises actions cause de l'angoisse et de la souffrance. Ces sentiments sont ensuite transformés en conscience, qui doit empêcher la répétition des mêmes erreurs dans des existences suivantes. Quant aux bonnes actions, source de joie, elles sont transmuées en amour et en bonté.

Au lieu d'attendre l'après-vie pour opérer la transmutation des pains de proposition de son existence en qualités spirituelles, l'aspirant qui désire "s'emparer du Royaume de Dieu" peut assimiler les fruits de chaque journée en se remémorant ses pensées, ses paroles et ses actes avant de s'endormir. Les évènements doivent être révisés en sens inverse, en commençant par le soir, puis en remontant à l'après-midi et à la matinée, jusqu'au réveil. Il est très important de considérer la journée à rebours, car cela est conforme à la manière dont le panorama de l'existence se déroule après la mort, en commençant par les évènements qui ont précédé le passage dans l'autre monde, pour finir par ceux de la petite enfance. L'objet de cette revue en sens inverse est de montrer d'abord les effets, puis de les relier à leurs causes antérieures.

Durant cette rétrospection, l'aspirant ne doit pas se contenter de parcourir rapidement les incidents de la journée en se reprochant mollement les fautes commises; cela ne lui serait d'aucune utilité. Il est généralement certain qu'il se louera suffisamment pour ses bonnes actions, mais il doit se rappeler que l'Autel des Holocaustes, où les sacrifices étaient consumés par le feu en expiation des péchés. Ces offrandes étaient d'abord frottées avec du sel, puis placées sur l'autel où elles étaient consumées par un feu d'origine divine. Chacun connaît l'intense douleur causée par du sel frotté sur une blessure; or cette pratique religieuse était le symbole de la douleur que doit ressentir l'aspirant pour ses mauvaises actions. Notez bien qu'il n'était pas permis de placer le sacrifice sur l'autel avant de l'avoir frotté de sel. Dieu ne voulait pas l'accepter autrement, mais une fois salé, il était consumé par un feu allumé par Dieu lui-même .

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Ceci nous apprend qu'à moins d'avoir lavé nos mauvaises actions de la journée dans le sel de nos larmes et par une contrition sincère, Dieu n'acceptera pas notre sacrifice de repentir. Mais si notre regret est vraiment profond, nos péchés seront lavés et l'atome-germe de notre coeur deviendra "blanc comme neige" (Isaïe 1:18).

Concernant nos bonnes actions, nous pouvons nous rappeler que, sur chaque pile de six pains de proposition, il y avait un petit tas d'encens. Cet encens était ensuite brûlé sur l'autel des parfums, d'où la fumée montait comme "une odeur agréable à Dieu", par contraste avec l'odeur nauséabonde qui s'élevait de l'autel où les sacrifices expiatoires étaient consumés. Faut-il s'étonner du fait que Dieu ne prenait aucun plaisir aux sacrifices de boeufs et de veaux, mais qu'il se soit réjoui d'un coeur contrit et d'un esprit repentant (Psaume 51:16-19 et Isaïe 1:11).

C'est cet extrait spirituel aromatique de nos bonnes actions qui constitue notre corps de l'âme. Ordinairement, si les choses suivent leur cours naturel, il nous faut consacrer environ un tiers du temps qu'a duré notre existence terrestre à l'assimilation de ce que nous avons semé ici-bas, mais lorsque l'aspirant a fidèlement assimilé les fruits de la vie de chaque jour par le procédé de la rétrospection, il est libre dès qu'il a définitivement quitté son corps physique. Il peut dès lors utiliser à sa guise les années passées par d'autres au purgatoire et au premier ciel et, du moment qu'il n'a plus besoin de nourriture, de logement et de sommeil, il peut utiliser les vingt-quatre heures de la journée à faire de bonnes actions. Ainsi, il dispose pratiquement d'autant d'années de service et de croissance de l'âme que celles de sa vie terrestre; d'autre part, il reçoit une formation et des enseignements pour ce travail, si bien que ses progrès sont probablement plus importants que ceux qu'il aurait pu faire en plusieurs existences terrestres vécues dans des conditions ordinaires.

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Pour aider les aspirants qualifiés, les Frères Aînés de l'Ordre de la Rose-Croix ont donné, par l'intermédiaire du Rosicrucian Fellowship, des enseignements plus profonds, plus détaillés sur l'origine, l'évolution et le développement futur de l'homme et de l'univers. On les trouvera dans notre littérature, ainsi que dans les cours par correspondance donnés par The Rosicrucian Fellowship.

 

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