"MÉDITATIONS SUR LES 22 ARCANES MAJEURS DU TAROT"
Et de même que le
"toucher spirituel" est le "sens mystique",
de même il y a un "sens gnostique", un "sens
magique" et un "sens philosophico-hermétique"
spécial. La conscience complète du nom sacré IHVH ne peut
être atteinte que par l'expérience réunie des quatre sens et
la pratique de quatre méthodes différentes. Car la thèse
foncière de l'épistémologie (ou gnoséologie) hermétique est
que "chaque objet de connaissance exige une méthode de
connaissance qui lui soit propre". Cette thèse ou règle
signifie qu'il ne faut jamais appliquer la même méthode de
connaissance à des plans différents, mais bien à des objets
différents appartenant au même plan. Un exemple criant de
l'ignorance de cette loi est la "cybernétique
psychologique" qui voudrait expliquer l'homme et sa vie
psychique par des lois mécaniques, matérielles.
Chaque méthode d'expérience et de connaissance poussée à son
terme devient un "sens" ou engendre un sens spécial.
Celui qui ose aspirer à l'expérience de l'essence même de
l'Etre, développera le "sens mystique" ou
"toucher spirituel". S'il veut non seulement vivre,
mais encore apprendre à comprendre ce qu'il vit, il développera
le "sens gnostique". Et s'il veut mettre en pratique ce
qu'il a compris de l'expérience mystique, il développera le
"sens magique". Si enfin, il veut que tout ce qu'il a
vécu, compris et pratiqué ne soit pas limité à lui-même et
à son temps, mais devienne communicable aux autres, et soit
transmis aux générations futures, il lui faut développer le
"sens philosophico-hermétique" ; c'est en le
pratiquant qu'il "écrira son livre". Telle est
la loi qu'exprime JOD - HE- VAV - HE sur le processus de la
transformation de l'expérience mystique en tradition ; telle est
la loi de la naissance
des traditions. La source en est l'expérience mystique : on ne
peut être ni gnostique, ni magicien, ni philosophe hermétique
(ou "occultiste") sans être mystique.
La Tradition n'est vivante que lorsqu'elle constitue un organisme complet, lorsqu'elle résulte de l'union de la mystique, de la gnose, de la magie et de la philosophie hermétique. S'il n'en n'est pas ainsi, elle se décompose, elle meurt.. Et la mort de la Tradition se manifeste dans la dégénérescence de ses éléments constituants devenus séparés. Alors la philosophie hermétique, séparée de la magie, de la gnostique et de la mystique, devient un "système" parasitaire de pensée "autonome" qui est, à vrai dire, un véritable "complexe" psycho-pathologique, car il "envoûte" ou asservit la conscience humaine et la prive de sa liberté. L'homme qui a eu le malheur de tomber victime de l'envoûtement par un système philosophique (et les envoûtements des sorciers ne sont que des bagatelles en comparaison de l'effet désastreux de l'envoûtement par un "système philosophique" !) ne peut plus voir ni le monde, ni les hommes, ni les évènements historiques tels qu'ils sont ; il ne les voit tous qu'à travers le prisme déformant du "système" dont il est obsédé. Ainsi un marxiste de nos jours est incapable de voir autre chose dans l'histoire de l'humanité que la "lutte des classes". Pour lui ce que je viens de dire de la mystique, de la gnose, de la magie et de la philosophie ne sera considéré que comme une ruse de plus de la part de la classe bourgeoise dans le but de "couvrir d'une brume mystique et idéaliste" la réalité de l'exploitation du prolétariat par la bourgeoisie... alors que je n'ai rien hérité de mes parents et que j'ai dû gagner ma vie en travaillant. Un autre exemple contemporain d'obnubilation par un système est le Freudisme.
Un homme obnubilé par ce système ne verra dans tout ce que j'ai écrit que l'expression de la "libido refoulée" qui de cette manière cherche et trouve des échappées. Ce serait donc l'insatisfaction sexuelle qui m'aurait poussé à m'intéresser au Tarot et à en faire une étude !! Est-il besoin d'autres exemples ? Faut-il encore citer les Hégéliens avec leur distorsions de l'histoire de l'humanité, les "réalistes" scolastiques du Moyen-Age avec l'Inquisition, les rationalistes du XVIIIe siècle qu'aveuglait la lumière de leur propre raison autonome ? Oui, les systèmes philosophiques "autonomes", séparés du corps vivant de la Tradition, sont des formations parasitaires qui accaparent la pensée et jouent, en fait, un rôle comparable aux "complexes psycho-pathologiques" de la névrose ou autres maladies psychiques d'obsession. Leur analogie physique est le cancer. Quant à la Magie "autonome", c'est-à-dire à la Magie sans Mystique et sans Gnose elle dégénère nécessairement soit en sorcellerie, soit, au moins, en un esthétisme romantique pathologique. Il n'existe pas de "Magie Noire", mais bien des magiciens tâtonnant dans les ténèbres. Et ils tâtonnent dans les ténèbres parce que la lumière de la Gnose et de la Mystique leur fait défaut. Une Gnose sans expérience mystique, c'est la stérilité même. C'est un revenant religieux pur et simple, sans vie ni mouvement. C'est le cadavre de la religion, animé intellectuellement au moyen des bribes tombées de la table de l'histoire passée de l'humanité. Une "Eglise Gnostique Universelle" ! Mon Dieu, que peut-on en dire, que faut-il en dire, lorsqu'on a une connaissance, même primaire, des lois de la vie spirituelle régissant toute tradition ?!
Passons à la Mystique qui n'a pas donné naissance à la Gnose, à la Magie et à la Philosophie hermétique. Une telle mystique doit, tôt ou tard, nécessairement dégénérer en "jouissance spirituelle" ou en "ivresse". Le mystique qui ne veut que l'expérience des états mystiques sans comprendre la mystique, sans vouloir être utile à autrui, qui oublie tout et tous pour jouir de l'expérience mystique, peut être comparé à un ivrogne spirituel. Ainsi la tradition ne peut vivre - comme d'ailleurs tout organisme vivant - que lorsqu'elle est un organisme complet de mystique gnostique à portée magique, qui se manifeste au dehors comme philosophie hermétique. Cela veut dire simplement qu'une tradition ne peut pas vivre si l'homme entier ne vit par elle, en elle et pour elle. Car l'homme entier est à la fois un mystique, un gnostique, un magicien et un philosophe ; il est tout à la fois religieux, contemplatif, artiste et intelligent. Chacun croit à quelque chose, comprend quelque chose, peut quelque chose et pense à quelque chose. C'est la nature humaine qui détermine si une tradition vivra ou périra. Et c'est aussi la nature humaine qui est capable de donner naissance à la Tradition complète et de la conserver vivante. Car les quatre "sens" - mystique gnostique, magique et philosophique - existent - soit en puissance, soit en actualité - dans chaque être humain. Or l'enseignement pratique du deuxième Arcane "la Papesse",porte sur le développement du "sens gnostique". Qu'est-ce que le "sens gnostique" ? C'est le sens contemplatif : Une contemplation, qu'une méditation concentrée précède, qui commence au moment même où la pensée discursive et logique est suspendue. La pensée discursive est satisfaite lorsqu'elle parvient à une conclusion bien fondée. Or, cette conclusion est le point de départ de la contemplation. Elle sonde la profondeur de cette conclusion, à laquelle la pensée discursive vient de parvenir. La contemplation découvre un monde au dedans de ce que la pensée discursive constate simplement comme "vrai".
Le "sens gnostique" commence à oeuvrer lorsqu'il s'agit d'une nouvelle dimension dans l'acte de la connaissance, à savoir celle de la profondeur. Il devient actif lorsqu'il s'agit de quelque chose de plus profond que la question : est-ce vrai ou faux ? Il perçoit de plus la portée de la vérité découverte par la pensée discursive et aussi "pourquoi cette vérité est vraie en elle-même", c'est-à-dire qu'il parvient à la source mystique ou essentielle de cette vérité. Comment y parvient-il ? En écoutant en silence. C'est comme si on voulait se rappeler une chose oubliée. La conscience "écoute" en silence comme on "écoute" intérieurement, afin d'évoquer de la nuit de l'oubli une chose que l'on a connue antérieurement. Mais il y a une différence capitale entre le "silence écoutant" de la contemplation et le silence provenant de l'effort de se rappeler. Dans cette seconde circonstance, c'est l'horizontale du temps qui joue - passé et présent - tandis que le "silence écoutant" de la contemplation se rapporte à la verticale - à ce qui est en haut et à ce qui est en bas. Lorsqu'on se rappelle, on établit en soi un miroir intérieur pour y refléter le passé ; lorsqu'on"écoute en silence" dans l'état de contemplation, on fait aussi de sa conscience un miroir, mais ce miroir a la tâche de refléter ce qui est en haut. C'est l'acte de se rappeler dans la verticale. Il existe en effet deux espèces de mémoire : la "mémoire horizontale", qui rend le passé présent, et la "mémoire verticale", qui rend ce qui est en haut présent en bas, ou - selon notre distinction entre les deux catégories de symbolisme qui ont été définies dans la première Lettre (en étudiant l'arcane du Bateleur) - la "mémoire mythologique" et la "mémoire typologique". Henri BERGSON a parfaitement raison lorsqu'il écrit de la mémoire horizontale ou mythologique : "La vérité est que la mémoire ne consiste pas du tout dans une régression du présent au passé, mais au contraire dans un progrès du passé au présent " ("Matière et Mémoire" p. 269; ¨Presses Universitaire de France, Paris, 1946) - et aussi : "...le souvenir pur est une manifestation spirituelle. Avec la mémoire nous sommes bien véritablement dans le domaine de l'esprit." (p. 270-271).
C'est donc le passé qui vient à nous dans le souvenir et c'est pourquoi l'acte de se rappeler est précédé par un état de vide silencieux qui joue le rôle du miroir où le passé peut se refléter ou, selon Bergson, où il peut "prendre prise sur le présent par la matérialité que l'état cérébral (le "miroir") lui confère". Il en est de même pour la "mémoire verticale" ou typologique. PLATON a lui aussi parfaitement raison lorsqu'il écrit à propos de la mémoire du Moi transcendant qui peut conférer au moi empirique la réminiscence : "Puisque l'âme est immortelle et qu'elle a vécu plusieurs vies, et qu'elle a vu tout ce qui se passe ici et dans le Hadès, il n'est rien qu'elle n'ait appris ... (or), chercher et apprendre n'est autre chose que se ressouvenir..." (Ménon, 81,c,d) Ici également ce qui est en haut, dans le domaine du Moi transcendant, descend au plan du moi empirique, lorsque celui-ci crée en soi le vide silencieux qui sert de miroir à la révélation d'en haut. Que faut-il donc pour faire descendre le reflet de ce qui est en haut ou dans le domaine mystique, ici, dans le domaine de la conscience à l'état de veille ? Il faut "s'asseoir" c'est-à-dire établir un état de conscience actif-passif, ou l'état de l'âme qui écoute attentivement en silence. Il faut être "femme", c'est-à-dire être dans l'état d'attente silencieuse, et non dans celui de l'activité qui "parle". Il faut "couvrir d'un voile" les plans intermédiaires entre le plan dont le reflet est attendu et le plan de l'état de veille où ce reflet s'actualisera. Il faut "couvrir le chef d'une "tiare à trois étages", c'est-à-dire s'attacher à un problème ou question tellement graves qu'ils portent sur les trois mondes et sur ce qui est au-dessus. Il faut enfin "avoir les yeux tournés vers le livre ouvert sur les genoux", c'est-à-dire entreprendre l'opération psychurgique complète dans le but d'objectiver son résultat, dans le but de "continuer le livre de la Tradition", d'y ajouter quelque chose.
Or, toutes ces règles pratiques de la Gnose se trouvent clairement indiquées dans la Lame "La Papesse". C'est une femme, elle est assise, elle porte une tiare à trois étages, un voile suspendu au dessus de sa tête couvre les plans intermédiaires qu'elle ne veut pas percevoir, et elle regarde un livre ouvert sur ses genoux. Le "sens gnostique" est donc "l'ouïe spirituelle", tout comme le "sens mystique" est le "toucher spirituel". Cela ne veut pas dire que le "sens gnostique" perçoive des sons, mais seulement que ses perceptions sont dues à une attitude analogue à celle de la conscience dans l'attente et l'attention quand on écoute, et que le contact entre le percevant et le perçu n'est pas si immédiat que dans le "toucher spirituel" ou l'expérience mystique. Il reste encore à caractériser les deux autres "sens" mentionnés plus haut, à savoir le "sens magique" et le "sens philosophico-hermétique". Le "sens magique" est celui de la projection tandis que le "sens philosophico-hermétique" est celui de la "synthèse". "Projection" veut dire mise au dehors, suivie par détachement de soi des contenus des la vie intérieure, opération semblable à ce qui se produit sur le plan psychique dans la création artistique, et sur le plan physique dans l'accouchement. Le talent de l'artiste consiste en ce qu'il peut rendre objectif - ou projeter- ses idées et ses sentiments de façon à obtenir un effet plus profond sur les autres que celui de l'expression de ces idées et de ces sentiments par une personne qui n'est pas artiste.
L'oeuvre d'art est douée d'une vie propre. Il en est de même pour une femme qui donne naissance à un enfant, à un être doué de vie propre, qui se détache de son organisme pour commencer une existence indépendante. Le "sens magique", lui aussi, réside dans la faculté de projeter au dehors les contenus de la vie intérieure, qui restent doués d'une vie propre. La Magie, l'Art et l'Enfantement sont essentiellement analogues et ils appartiennent à la même catégorie de "projection" ou d'extériorisation de la vie intérieure. Le dogme de l'Eglise de la création du monde "ex nihilo", c'est-à-dire la projection du "néant" aussi bien des formes que de la matière en leur conférant une vie propre à elles, signifie le couronnement divin et cosmique de cette série des analogies. La doctrine de la création "ex nihilo" est l'apothéose de la Magie. Son énoncé essentiel est, en fait, que le monde est un acte magique. Par contre, les doctrines panthéiste, émanationiste et démiurgique, privent la création de son sens magique. Le panthéisme nie l'existence indépendante des créatures ; celles-ci ne vivent que comme fractions de la vie divine et le monde n'est que le corps de Dieu. L'émanationisme n'attribue aux créatures et au monde qu'une existence passagère donc éphémère. Le démiurgisme déclare que "ex nihilo nihil" et enseigne qu'il doit exister une substance co-éternelle avec Dieu, que Dieu emploie comme matériel pour son oeuvre d'artisan. Dieu n'est donc pas le Créateur ou Auteur magique du monde, mais son artisan seulement - Il ne fait que former, c'est-à-dire regrouper et recombiner les éléments matériels qui Lui sont donnés. Il ne s'agit pas de considérer la doctrine de la création "ex nihilo" comme la seule explication du monde que nous trouvons autour de nous, en nous et au-dessus de nous. Car le monde est vaste et grand, il y a place et il existe des plans pour tous les modes d'activité constructive qui, pris en leur ensemble, expliquent le monde de notre expérience tel qu'il est. De quoi s'agit-il ici ? D'affirmer avec autant de clarté que possible la thèse que la doctrine de la création "ex nihilo" est l'expression la plus haute possible de la Magie divine et cosmique. Mais si vous me demandez si je crois que la création du monde n'est qu'un acte magique, sans rien qui précède ou qui suive, je vous réponds : non, je n'y crois pas. Un acte mystique et un acte gnostique "précèdent" en éternité l'acte de création comme acte magique ; il est suivi par l'activité de la formation par le démiurge ou les hiérarchies démiurgiques qui se chargent de l'oeuvre artisanale - oeuvre qui est essentiellement celle de l'intelligence exécutive ou hermético-philosophique.
La Kabbale classique
nous fournit un exemple merveilleux de la paix
possible entre ces doctrines apparemment rivales. Dans sa
doctrine des dix Sephiroth, elle enseigne d'abord le Mystère de
la Mystique Eternelle
- AIN-SOPH, l'Illimité. Puis elle expose la doctrine gnostique
des émanations éternelles au sein de la Divinité, qui
précèdent - in ordine cognoscendi - l'acte de la création.
Elles sont les Idées de Dieu en Dieu, qui précèdent la
création, celle-ci étant un acte conscient et non impulsif ou
instinctif. Puis elle parle de la création pure ou création
"ex nihilo" - de l'acte de la projection magique des
Idées du Plan de la Création ou des Sephiroth. Cet acte magique
créatif est suivi - toujours in ordine cognoscendi - par
l'activité de la formation
à laquelle participent les êtres des hiérarchies spirituelles
- y compris les hommes. C'est ainsi que, selon la Kabbale,
le monde devient fait, que le monde des faits ou des actes,
connus de nous par expérience, devient ce qu'il est.. Or,
le "olam ha c asiah", le monde des faits, est
précédé par le "olam ha yetzirah", le monde de la
formation ou le monde démiurgique ; celui-ci est le produit du
"olam ha beriah", du monde de la création ou du monde
magique, qui est, à son tour, la réalisation de "olam ha
atziluth", du monde des émanations ou du monde gnostique
non-séparé et non-séparable de Dieu, qui, en son essence
propre, est le Mystère de la Mystique suprême - AIN - SOPH,
l'Illimité.
Il est donc possible - et pour nous cela ne fait aucun doute - de
concilier les doctrines diverses relatives à la création : il
faut seulement les mettre chacune à leur place propre, ou les
appliquer au plan qui leur est propre. La Kabbale, par sa
doctrine des Sephiroth, en fournit une preuve admirable.
Le Panthéisme est vrai pour le "monde des émanations"
(olam ha atziluth) où il n'y a que les Idées en Dieu et
inséparables de Lui ; mais le Théisme est vrai, lorsqu'on a
quitté le domaine de l'éternité incréé pour passer à la
création, comprise comme création des "ancêtres" ou
"archétypes" des phénomènes que nous connaissons par
notre expérience. Et le Démiurgisme est vrai, lorsque nous
contemplons le monde ou plan de la formation, ou de l'évolution
des êtres dans le but de devenir conformes à leurs prototypes
créés. Mais, abstraction faite des mondes ou plans de la
formation, de la création, de l'émanation et de l'essence
mystique divine, on peut se limiter au seul plan des faits. Alors
le Naturalisme devient vrai dans les limites de ce plan, pris
isolément. L'établissement de l'ordre hiérarchique de
ces doctrines apparemment rivales sur la création, nous a
amenés au coeur du domaine de l'activité du "sens
philosophico-hermétique" ou du "sens de la
synthèse". Ce sens, correspondant au deuxième HE du nom
divin IHVH, est essentiellement celui du résumé final ou de la
vision du tout.Il
diffère du "sens gnostique" - qui correspond au
premier HE du nom divin en ce qu'il résume ou donne la synthèse
du tout articulé,
tandis que le "sens gnostique" donne la réflexion du tout
en germe. Le "sens gnostique"
produit la première synthèse
ou la synthèse avant l'analyse.
Le "sens
philosophico-hermétique" par contre, produit la deuxième
synthèse ou la synthèse après l'analyse.
Le travail qui s'accomplit par le moyen de ce sens n'est pas
entièrement créatif. Il est plutôt "démiurgique",
un travail d'artisan, où on s'applique à la constitution d'un
matériel donné dans le but de lui donner la forme de sa
manifestation finale. Puisqu'on trouve dans la Table
d'Emeraude les formules résumant "les trois parties de la
Philosophie du monde total" ("tres partes Philosophiae
totius mundi") et qu'elles résument, en même temps, les
mondes de l'expérience magique, de la révélation gnostique et
de l'expérience mystique, - nous avons donné à ce sens le nom
de "sens philosophico-hermétique", c'est-à-dire sens
de la synthèse des trois mondes ou plans supérieurs dans un
quatrième monde ou plan. C'est le sens d'une synthèse
"hermétique", c'est-à-dire opérant dans la verticale
des plans superposés. Car l'Hermétisme
est essentiellement la philosophie,basée sur la Magie, la Gnose
et la Mystique, qui aspire à la synthèse de divers plans du
Macrocosme et du Microcosme. Quand on résume les faits d'un seul
plan - par exemple ceux de la biologie - on emploie le "sens
scientifique" et non le "sens
philosophico-hermétique". Le sens scientifique - qui est
généralement connu et reconnu - résume les faits de
l'expérience sur un seul plan,
dans l'horizontale.
L'Hermétisme n'est pas une science
et ne le sera jamais. Il peut bien se servir
des sciences et de leurs résultats, mais il ne peut devenir une
science. La philosophie non-hermétique contemporaine
résume les sciences particulières dans le but d'accomplir la
fonction de la "science des sciences" - et elle a cela
de commun avec l'Hermétisme. Mais en cela même, elle diffère
de l'Hermétisme,qui aspire à résumer l'expérience dans tous
les plans et qui varie selon le plan où cette expérience a
lieu.
Voilà pourquoi nous avons choisi le terme
"philosophico-hermétique" pour désigner le quatrième
sens ou "sens de la synthèse" Il va sans dire
que la caractérisation des quatre sens - dont la collaboration
est nécessaire pour qu'une Tradition vive et ne dégénère pas
- est esquissée ici d'une manière très incomplète. Mais les
deux Arcanes suivants : "l'Impératrice" et "
l'Empereur" sont de nature à donner plus de profondeur et
plus de contenu concret à ce que nous venons d'exposer du
"sens magique" et surtout du "sens
philosophico-hermétique". Car le troisième Arcane du TAROT
"l'Impératrice est l'Arcane de la Magie et le quatrième
Arcane "l'Empereur" est celui de la Philosophie
Hermétique.