La technique originelle du KRIYA YOGA

 


 

L’enseignement du KRIYA YOGA se fait graduellement.  Il se scinde en six niveaux appelés premier Kriya, deuxième Kriya et ainsi de suite.  Le débutant commence d'abord par le premier Kriya.  Ensuite, après un certain temps de pratique et si le niveau requis est atteint, il peut accéder à l'enseignement du deuxième Kriya et progresser de cette façon jusqu'aux Kriyas les plus élevés.

Le premier Kriya est la base, la fondation même qui permettra les progrès sur le chemin de la spiritualité.  Il donne accès à la connaissance du corps, de l'Ame et des chakras.  Il permet de comprendre ce que sont les corps grossier, astral et causal, ce qu'est en fait le souffle, comment celui-ci fonctionne ainsi que les lois qui le régissent.  La base de tous les autres Kriyas se trouve contenue dans le premier Kriya.  Les techniques qui le composent sont des outils indispensables à la vie spirituelle.

 Dans les Yoga Sutras, Patanjali décrit huit étapes du yoga qui sont :

 1 - YAMA (ahinîsa, satya, asteya, brahmacharya, aparigraba)
 2 - NIYAMA (saucha, santosha, tapa, swadhyaya, iswara pranidhana)
 3 - ASANA (postures)
 4 - PRANAYAMA (techniques du souffle)
5-  PRATYAHARA
 6 - DHARANA
 7 - DHYANA
 8-SAMADHI

Le premier Kriya du KRIYA YOGA, avec ses différentes techniques, englobe ces huit étapes du yoga telles qu'elles sont données par Patanjali.  Voici maintenant comment se compose ce premier Kriya qui comporte huit techniques et leur correspondance avec le yoga de Patanjali.

                            Premier Kriya                    YOGA de Patanjali
                           1 - Gurtipranam                 Ces deux techniques
                           2
- Ishta pranam                correspondent à Yaiiia,  (ce qui veut dire s'incliner devant notre âme)   le ler stade du Yoga de  Patanjali. 
                           3 - Technique du OM          Les pratiques 3 et 4
                           4
- Hang Sa Sadhana         correspondent à Niyatiw.
                           5 - Mabamudra                  Asana      (la grande posture)
                           6 -
Le Kriya proprement dit Pranayama
                           7 - Paravastha           Pratyabara (suivi de   (aller au-delà du corps)        dharana, dhyana et samadhi)
                           8 -Jyoti mudra      (le mudra de la lumière).

Les effets de la pratique

 La première et la deuxième technique s'appellent pranam et correspondent à yania dans le yoga de Patanjali, ce qui veut dire obtenir le contrôle intérieur (samyama).  Rien ne peut être contrôlé de l'extérieur parce que la racine se trouve dans la colonne vertébrale.  C'est pourquoi dans la première et dans la deuxième technique nous inclinons la colonne vertébrale, ce qui permet de faire circuler la force de vie dans la moelle épinière et de magnétiser celle-ci.

Le prana (shakti ou force de vie) s'écoule dans le canal spinal du haut vers le bas, puis inversement du bas vers le haut.  Tous nos centres (chakras) sont ainsi touchés, à la fois par cette force de vie et par la vacuité, qui se situe dans la tête.  La force de vie (prana) monte de bas en haut et le vide descend lui, du haut vers le bas.  Prenons l'exemple d'une bouteille pratiquement pleine, si nous l'inclinons, la bulle d'air, qui représente ici le vide, descend vers le fond tandis que le liquide, ici la force de vie, monte vers le goulot.  Ce double mouvement du prana et du vide qui se déplacent en sens inverse l'un de l'autre, purifie tous les centres (chakras) et permet leur contrôle.  Cette pratique donne la maîtrise de yama, première étape du yoga de Patanjali. Yama se compose de cinq éléments qui sont ahimsa, satya, asteya, brahmacharya, aparigraha.

1 - Ahimsa signifie non-violence, absence de jalousie.  Sa maîtrise se situe au niveau du premier centre (chakra).  Celui-ci est le siège de l'élément terre et de la nourriture (aushadhi, voir le chapitre sur la création).  La nourriture, première nécessité de notre survie, engendre la violence (himsa) et la jalousie.  Etablir en nous la non-violence, abimsa, c'est renoncer à nos ennemis.  Le premier de nos ennemis est l'odorat, qui consiste en kamanas ou désirs.  Il se trouve dans le premier centre (chakra) au niveau du coccyx.  Parmi les kanianas (désirs), il convient de noter plus particulièrement le désir de richesse car il est source de violence.

2 - Satya veut dire la vérité.  Celle-ci s'établit au niveau du deuxième centre (chakra) situé dans le sacrum.  En établissant satya, la vérité, l'énergie que l'on appelle prana shakti est dirigée pour créer davantage de prana, d'énergie divine.  Alors, au lieu de dépendre de nos organes des sens, et plus particulièrement de nos organes sexuel , nous dépendons du résultat, du fruit du Kriya, Kriyaphala (Patanjali 2, 36).

3 - Asteya signifie aller lentement mais sûrement.  Un voleur qui se saisit d'un objet le fait d'un geste vif et rapide.  Le mental ne doit pas se comporter comme ce voleur mais avancer doucement et avec une ferme détermination.  Asteya se situe dans le troisième centre (chakra) au niveau des lombaires, qui est aussi le siège du mental.  Lorsque asteya est établi, le mental se trouve purifié ; il est alors semblable à un joyau ou à un cristal ; installé sur le trône divin, il est le plus grand des trésors.

4 - Brahmacharya se place au niveau du coeur dans le quatrième centre (chakra).  Le coeur est à la fois la racine de l'ignorance et de l'ego.  C'est pourquoi il nous faut être établi dans la nature de Brahma (le divin), c'est-à-dire en brahmacharya, dans le centre du coeur.  Il est parfois dit, de manière erronée, que brabmacharya signifie chasteté, préservation de la semence.  Brahmacharya veut dire en réalité demeurer en Brahnîa.  Ainsi une quantité suffisante de prana shakti, ou énergie vitale, est générée dans le corps.  Quand le souffle est instable, agité, la force de vie est gaspillée ou perdue.  Par contre si notre mental est établi en Brahma, l'énergie vitale, prana shakti, se trouve accrue.

5 - Aparigraba est la cinquième et dernière composante de yama, première étape du yoga de Patanjali qui correspond aux deux

 premières techniques du KRIYA YOGA (guru pranam et ishta pranam). Graha signifie planète et désigne tout ce qui constitue des barrières, des obstacles, et crée de l'illusion.  Dans le cinquième centre, au niveau des vertèbres, se trouve la racine de  l'illusion, de l'imagination.  De là sont engendrées visions et hallucinations en tout genre.  Ce centre ne constitue donc pas une  base solide, stable et sûre pour la spiritualité, c'est pourquoi il nous faut aller au delà (telle est  la signification du mot  aparigraha).  De cette manière nous pourrons connaitre notre création, c'est-à dire la façon dont nous avons été créés et l'origine de cette création.

 Ces siddhis, ou perfections, peuvent être obtenus au moyen de yama, en pratiquant la première et la deuxième technique du KRIYA YOGA, guru pranam et ishta pranam.  En effet, yama doit être obtenu de l'intérieur et non de l'extérieur ; il faut aller à la racine, dans ces centres qui sont situés dans la colonne vertébrale, car nos organes des sens et nos organes d'action sont en fait directement reliés aux centres (chakras) de la moelle épinière.

                              

                                   Correspondance entre les chakras, les organes des sens et les organes d'action :

 

                                                               Centre                Organe des sens      Organe d'action
                                                               Coccyx               Nez (odorat)            Rectum
                                                               Sacrum               Langue(goût)           Sexe
                                                               Lombaires          Yeux (vue)               Pieds
                                                               Dorsales             Peau (toucher)         Mains
                                                               Cervicales           Oreilles (ouie)          Cordes vocales

 

La troisième et la quatrième technique du KRIYA YOGA correspondent à niyama, la deuxième étape du  yoga de Patanjali.  Niyama signifie nikrsta karma ce  qui veut dire contrôle au niveau fondamental, au  niveau de la force de vie et du souffle.  Tout comme yama, que nous venons d'étudier, niyama se compose de cinq parties (saucha, santosha, tapa, swadhyaya, iswara pranidhana) que nous examinerons en détail un peu plus loin.  Niyama expose un certain nombre de règles et de lois pour la vie spirituelle.

La troisième technique du KRIYA YOGA est appelée technique du om.  De nombreux textes ont été élaborés sur la signification de la syllabe om.  Nous en proposons une qui s'identifie à la forme du souffle : om kausala hangsa sadhana.  La signification profonde de om est liée à notre souffle, à la façon dont il pénètre dans le corps humain. om est également la racine de tous les mantras, c'est pourquoi, traditionnellement, tout mantra commence par om. Tasya vachaka pranavah (Patanjali, 1, 27) : cette syllabe om est appelée pranava vachaka ce qui signifie qu'elle est le symbole du système respiratoire de l'homme.  I'air entre et sort par les narines en dessinant la forme d'un OM (voir schéma page suivante).

Le souffle consiste simplement à inspirer de l'oxygène.  Force de vie et oxygène forment ensemble ce que l'on appelle prana shakti.  De nombreux prana shakti sont en nous.  Lorsque le souffle pénètre par les narines, prenant la forme du om comme nous venons de le voir, il engendre alors cinquante sortes de sons.  Dans une flûte, l'air pénètre par une extrémité et sort par six trous qui permettent d'obtenir une multitude de sons et de mélodies.  De façon comparable, dans le corps humain le souffle crée quarante-neuf sons (cinquante avec le om), ce qui constitue l'alphabet.  Cette force de vie, prana shakti, s'écoule dans le canai médullaire et, en montant jusqu'à la fontanelle, traverse les six centres ou cbakras.  I'alphabet intérieur se manifeste dans notre mental sous forme de pensées, c'est-à-dire de mots et de lettres, cela s'appelle akhara brahma.  Notre mental, nos pensées, notre intellect et notre ego ainsi que nos rêves et notre désir d'action, sont le reflet de cet alphabet intérieur engendré par le souffle.  Toute action que nous accomplissons, quelle qu'elle soit, est le reflet de notre karma et provient toujours de l'Ame.  Son parcours débute dans l'Ame, puis descend à l'avant de la colonne vertébrale pour s'extérioriser en se reflétant sur nos organes des sens d'abord, sur nos organes d'action ensuite (bras, jambes, rectum, langue, organes génitaux).  Le retour, de l'extérieur vers l'intérieur, s'effectue en sens inverse.

 La technique du om est particulièrement importante car elle permet d'acquérir de l'intérieur le contrôle du fonctionnement du souffle (prana shakti).  Le souffle affecte la pituitaire de deux façons . par un mouvement vers l'intérieur à l'inspiration, et vers l'extérieur à l'expiration.  Le mouvement vers l'intérieur est appelé SA, le mouvement vers l'extérieur est appelé HANG.  Le condensé de la technique du OM est appelé HANG SA sadhana ou pratique de HANG SA qui se base sur le double mouvement du souffle.  HANG est ce qui sort, l'ego, ce qui se manifeste (aham).  SA est l'Ame, là ou le petit soi n'existe plus.  La technique du OM et la HANG SA sadhana correspondent à niyama, deuxième étape du yoga de Patanjali.  Le souffle circule de haut en bas, en descendant de la fontanelle jusqu'au coccyx à l'avant de la colonne vertébrale, puis remonte à l'arrière, du coccyx à la fontanelle en traversant tous les centres ou chakras sur son parcours. 

 

 

 

 

 La pratique de la méditation, dans le KRIYA YOGA, s'accompagne toujours d'une position particulière de la langue.  Celle-ci est retournée vers l'arrière et sa pointe vient se placer contre le palais.  Cette position particulière de la langue s'appelle khechari mudra.  Le Veda nous dit que la première porte qui donne accès à Brahma est le contrôle de la parole : Brahmasya pratama dwara bak nirodbah.  La force de vie ou prana shakti constitue l'énergie nécessaire pour chacune de nos actions.  Or la langue, organe de la parole (bak), est la source principale de gaspillage de cette énergie.  La pratique de khechari est destinée à ramener toutes nos pensées à leur source, au lieu même où elles ont été créées.

 

khechari mudra

Le mot khechari se compose de deux parties kba, le vide, la vacuité, et chars qui signifie rester, demeurer.  I:état de vide peut être comparé à une page blanche et toutes les pensées s'y inscrivent sous forme de mots ou de phrases et, par conséquent, de lettres et de sons.  Nos actions sont toutes précédées par une pensée, c'est-à-dire, en d'autres termes, par des mots qui trouvent leur aboutissement dans la langue et stimulent celle-ci.  Khechari est un moyen pour accéder à l'état de vide.  Par une pratique régulière la langue finit par se retourner suffisamment pour pénétrer dans les fosses nasales et venir stimuler la pituitaire toute proche.  C'est par cette stimulation que toutes les pensées, tous les désirs (kamanas) retournent à leur source, c'est-à dire l'Ame.  Cette pratique spirituelle est appelée kbecbari sadhana, elle permet d'obtenir la maîtrise de la parole ou vak siddhi, et confère à

 celle-ci la puissance et la force divine.  En plaçant la langue de cette façon là, le yogi recueille le soma, ce nectar divin, précieux liquide d'immortalité (amrita) qui suinte goutte à goutte de la pituitaire.

La langue placée dans cette position permet aussi de contrôler la respiration en faisant passer le souffle d'une narine à l'autre.  D'autre part la langue a cette particularité unique d'être à la fois l'un des organes des sens, pour le goût, et l'un des organes d'action, pour la parole.  Nous comprenons alors son rôle extrêmement important et la place prédominante qu'elle tient dans la pratique spirituelle.  Elle permet de dire ce qui est ressenti au travers des organes des sens, dont elle fait partie.  I'expression des cinq éléments (le vide, l'air, le feu, l'eau et la terre) ainsi que l'expression de l'ego, de la connaissance, gyana et vigyana, de la paix, de l'illusion et de la spiritualité, tout passe par la langue.

Elle a le pouvoir de rendre notre vie heureuse ou malheureuse.  La parole permet aussi d'avoir une opinion sur une personne en fonction des propos que celle-ci tient.  Le monde peut être conquis par des mots divins sans avoir besoin d'agir, car notre monde est le monde du son, sbabda jagat.  C'est la raison pour laquelle il est important que notre langue reste en harmonie avec le divin.  Les effets de kbechari mudra se font également sentir de façon bénéfique sur le système digestif, les gencives et les dents.  Du point de vue psychologique, le discours mental incessant prend parfois une proportion telle que certaines personnes parlent à haute voix, meme lorsqu'elles sont seules.  Khechari est le moyen de contrôler et de maîtriser ce phénomène.

La kbechari sadbana qui se pratique dès le début et pendant toute la durée de la méditation (KRIYA YOGA) peut et doit aussi se pratiquer durant l'activité tant qu'il n'est pas nécessaire de s'exprimer par la parole.  Le pratiquant reste ainsi relié au niveau du divin, le contrôle de la parole se fait automatiquement, et lorsqu'il convient de s'exprimer à haute voix, les mots revêtent la force divine et prennent ainsi la forme de la pensée divine.

Durant toute la pratique, le corps doit être maintenu droit, la tête dans l'alignement du corps, sans agitation, parfaitement calme.  Pranashakti pénètre par le sommet de la tête et entre les sourcils, bhrukuti, à la racine du nez.  Le yogi acquiert alors la connaissance puis va au-delà de la connaissance (Bhagavad Gita, 6, 13).

 la pratique du KRIYA YOGA

 Après la pratique de mabaniudra vient celle du Kriya à proprement parler.  Dans le yoga de Patanjali, le Kriya se positionne au niveau du prananyama. L’apprentissage progressif du KRIYA YOGA comporte six niveaux de pratique appelés premier KriYa, deuxième Kriya et ainsi de suite.  Cela veut dire que c'est cette partie de la pratique que l'on nomme Kriya qui change lorsque l'on passe à des niveaux supérieurs, le début jusqu'à mahamudra demeurant inchangé.  Donc seule la technique respiratoire destinée à amener le souffle à des niveaux de plus en plus fins et toujours plus subtils change.  Cette technique n'est en rien comparable avec celles qui comportent des rétentions de souffle, ni avec ces pratiques qui consistent à compter mentalement durant l'inspiration, la rétention et l'expiration pour obtenir un certain rapport de durée entre ces trois phases de la respiration.  Pranayama consiste simplement à demeurer dans cette posture, asana, qui se situe dans la pituitaire, kutastha, et à pratiquer le Kriya, c'est-à-dire la technique du souffle.  Ce souffle est fractionné puis suspendu, il n'y a alors ni inspire ni expir, ni rétention (tasmin sati shvasa prashvasayo gatir vicchedah, Yoga Sutras, 2, 49), c'est ainsi que Patanjali défini le pranayama.  Les respirations longues et profondes du premier Kriya conduisent graduellement le pratiquant à cet état du sans souffle (gati vichedha), c'est un processus automatique.  Les autres Kriyas, dits supérieurs, permettent d'accélérer ce processus et de l'approfondir.

Dans la technique du Kriya, la force de vie s'écoule à l'intérieur de la colonne vertébrale (canal médullaire) et monte jusqu’à la pituitaire ; la force de vie monte d’un centre à l’autre puis est offerte au divin après avoir été conduite jusqu’en haut.