PAGE 9


Première Conférence

L'ÉNIGME DE LA VIE ET DE LA MORT

A chaque naissance, ce qui paraît être une vie nouvelle entre dans le monde. Lentement la petite forme grandit, vit et se meut parmi nous, elle devient un facteur qui compte dans nos vies; mais finalement vient un moment où cette forme devient inerte et se décompose. La vie qui est venue, nous ne savons pas d'où, est retournée dans l'invisible au-delà. Alors, dans le chagrin et l'angoisse, nous nous posons les trois grandes questions qui touchent à notre existence: d'où sommes-nous venus? Pourquoi sommes-nous ici? Et où allons-nous?.

Sur chaque seuil, le redoutable spectre de la Mort projette son ombre. Elle visite aussi bien le palais que l'hospice. Nul n'échappe: jeunes ou vieux, malades ou bien-portants, riches ou pauvres, tous, tous doivent sans exception passer par sa sombre porte. Et à travers les âges a retenti une pitoyable clameur demandant une solution de l'énigme de la vie et de la mort.

PAGE 10

Malheureusement, des gens qui ne savaient rien ont émis beaucoup de vagues conjectures; de là est venue l'opinion courante que rien de précis ne peut être connu touchant cette partie si importante de notre existence qu'est la Vie avant sa manifestation par le portail de la naissance, et au-delà des portes de la mort.

Cette idée est erronée. Une connaissance personnelle précise peut être acquise par tous ceux qui veulent faire l'effort de cultiver le "sixième sens", latent chez tous. Quand ce sens est acquis, il ouvre nos yeux spirituels, nous permettant de percevoir les esprits qui sont sur le point d'entrer dans la vie physique par la naissance, et ceux qui viennent de retourner dans l'au-delà après la mort. Nous les voyons avec autant de clarté et de précision que nous connaissons les être physiques par notre vue ordinaire. D'ailleurs, l'information directe sur ce qui touche les mondes intérieurs n'est pas indispensable pour satisfaire l'esprit du chercheur, tout comme il n'est pas nécessaire de visiter la Chine pour apprendre quelles y sont les conditions de vie. Nous connaissons les pays étrangers par les récits des voyageurs qui en reviennent; or nous avons autant de connaissances sur le monde de l'au-delà que sur l'Afrique, l'Australie ou la Chine.

La solution du problème de la Vie et de l'Etre offerte ici repose sur les témoignages concordants de nombreuses personnes qui ont cultivé la faculté en question et sont ainsi qualifiées pour explorer les mondes hyperphysiques d'une manière scientifique. Cette solution est ne harmonie avec les faits scientifiques; elle constitue dans la nature une vérité éternelle, qui gouverne le progrès humain, tout comme la loi de gravitation guide invariablement les planètes sur leur orbite autour du soleil.



Trois théories ont été avancées pour résoudre l'énigme de la vie et de la mort, et il semble être universellement admis qu'une quatrième théorie est impossible à concevoir. S'il en était ainsi, une des trois doit être la solution vraie, ou sinon l'énigme reste insoluble, du moins pour l'intelligence humaine.

PAGE 11

L'énigme de la vie et de la mort est un problème fondamental: chacun de nous doit le résoudre un jour; et l'acceptation de l'une de ces théories est d'importance capitale pour chaque être humain pris individuellement, car elle orientera sa vie entière. Pour nous permettre de faire un choix intelligent, il est nécessaire de les connaître toutes trois, de les analyser, de les comparer et de bien les peser, en gardant notre esprit ouvert, dégagé de toute idée préconçue, et prêt à accepter ou rejeter chacune des théories selon ses mérites.

Citons d'abord ces trois théories; puis voyons comment elles s'accordent avec les faits établis de la vie, et à quel point elles sont en harmonie avec d'autres lois connues de la nature, comme nous pouvons raisonnablement le supposer si elles sont vraies; car l'inharmonie est impossible dans la nature.

1. La Théorie Matérialiste soutient que la vie est un voyage du berceau à la tombe; que les facultés mentales sont le produit de la matière; que l'homme est la plus haute intelligence du Cosmos; et que cette intelligence meurt lorsque le corps se désintègre après la mort.

2. La Théorie Théologique affirme qu'à chaque naissance une âme nouvellement sortie de la main de Dieu entre sur la scène de la vie; qu'à la fin d'une courte période de vie dans le monde matériel, elle entre par les portes de la mort dans l'invisible au-delà, pour y rester; que son bonheur ou sa souffrance y sont déterminés pour l'éternité par sa foi juste avant sa mort.

3. La Théorie de la Renaissance enseigne que chaque esprit est partie intégrante de Dieu, qu'il contient en germe toutes les possibilités divines, comme la semence contient en germe la plante; qu'au moyen de nombreuses existences dans un corps physique de qualité graduellement croissante, ses pouvoirs latentes sont lentement transformés en pouvoirs dynamiques; qu'aucun de ces esprits ne se perd dans cette évolution, mais que tous atteindront finalement leur but, la perfection et la réunion avec Dieu, en apportant avec eux les trésors d'expériences qui sont le fruit de leur pèlerinage à travers la matière.

PAGE 12

En comparant la théorie matérialiste avec les lois connues de l'univers, nous trouvons qu'elle est en contradiction avec certaines de ces lois bien établies, comme par exemple celles qui disent que la matière et la force sont indestructibles. Conformément à ces lois, le mental ne saurait être détruit à la mort comme l'affirme la théorie matérialiste, car si rien ne peut être détruit, le mental ne saurait faire exception.

Bien plus, le mental est évidemment supérieur à la matière, car il modèle le visage de manière à être reflété par lui. Nous savons aussi que tous les éléments de nos corps se renouvellent sans cesse, et qu'un changement complet se produit au moins tous les sept ans. Si la théorie matérialiste était correcte, notre conscience, elle aussi, devrait subir un changement complet; la mémoire du passé s'effacerait totalement, de sorte que personne ne pourrait se rappeler un événement datant de plus de sept ans.

Nous savons que tel n'est pas le cas. Nous nous souvenons de notre vie entière; le plus petit incident, quoique oublié dans la vie courante, est rapidement remémoré par quelqu'un qui se noie, ou est en état de léthargie. Le matérialisme ne tient aucun compte de ces états de subconscience ou de superconscience; il ne peut les expliquer, aussi les passe-t-il sous silence. Mais, en face des recherches scientifiques qui ont affirmé sans discussion possible la véracité des phénomènes psychiques, le système qui consiste à ne pas tenir compte de ces faits au lieu de les réfuter est un défaut sérieux pour une théorie qui prétend résoudre le plus grand problème de la vie: la Vie elle-même.

La théorie matérialiste a bien d'autres imperfections qui ne nous permettent pas de l'accepter, mais nous en avons suffisamment dit pour en justifier le rejet et pour passer à l'examen des deux autres.


PAGE 13

Ce qui rend la doctrine des théologiens difficilement acceptable, est son insuffisance manifeste. Selon leur théorie de la création d'une âme nouvelle à chaque naissance, des myriades d'âmes ont dû être créées depuis le début du monde (même si ce début ne remontait qu'à 6000 ans) et si 144.000 âmes (Apocalypse 14:1-5) seulement doivent être sauvées, les autres seront torturées à jamais. Voilà ce qu'on appelle "le plan de salut de Dieu", prôné par certaines sectes comme la preuve de son merveilleux amour!

Supposons qu'un message parvienne à New York, annonçant qu'un grand transatlantique est en train de sombrer auprès de Sandy Hook, et que 3000 personnes sont en danger de se noyer. Saluerions-nous comme un magnifique plan de sauvetage le fait d'envoyer à leur secours un simple canot à moteur, qui réussirait à sauver deux ou trois personnes? Certainement pas. C'est seulement en sauvant, par des moyens appropriés, la grande majorité des passagers, que l'on pourrait parler d'un "plan de salut".

Le "plan de salut" que nous offrent les théologiens est pire que l'envoi d'un canot à moteur pour sauver les passagers d'un transatlantique, car la proportion de deux ou trois rescapés sur un total de 3.000 est plus forte que celle de 144.000 sur les myriades d'âmes créées d'après le plan des théologiens. Si Dieu avait réellement conçu un tel plan, il semblerait à tout esprit logique qu'Il ne peut être toute-sagesse; et s'Il permet au démon de prendre la meilleure part, comme dans ce plan, et de torturer l'immense majorité du genre humain, il ne peut être toute-bonté. S'il ne peut l'empêcher, Il n'est pas toute-puissance. Dans aucun de ces cas, Il ne saurait être Dieu. De telles suppositions sont d'ailleurs inconcevables en tant que réalités, car ce ne peut être là le plan de Dieu, et c'est une grossière calomnie que de le Lui attribuer.

PAGE 14

Considérons maintenant la doctrine de la renaissance (naissances successives dans des corps humains); elle nous révèle un lent processus de développement qui se poursuit sans répit à travers des incarnations répétées, dans des formes humaines de qualité croissante; de cette manière tous les êtres sont, avec le temps, amenés à une élévation spirituelle impossible à concevoir pour notre entendement. Nous pouvons cependant saisir l'harmonie qui existe entre cette théorie et les méthodes de la nature: partout dans la nature nous trouvons cet effort lent et persistant vers la perfection; et nulle part nous ne trouvons un processus soudain de création ou de destruction semblable au système auquel théologiens et matérialistes voudraient nous faire croire.

La science reconnaît que le processus d'évolution est la méthode de développement qu'emploie la nature, aussi bien pour les astres que pour l'étoile de mer, pour le microbe que pour l'homme. C'est de la même manière que l'esprit de l'homme évolue. Lorsque nous regardons autour de nous, en considérant l'évolution dans notre monde à trois dimensions, nous ne pouvons nier que le chemin de l'esprit est lui aussi à trois dimensions, en spirale; chaque boucle de la spirale est un cycle, et chaque cycle est suivi d'un autre cycle en progression ininterrompue, comme se succèdent les boucles de la spirale; chaque cycle est le produit amélioré des cycles précédents, en même temps que la base du progrès dans les cycles suivants.

Une ligne droite n'est que l'extension d'un point; elle est analogue aux théories des matérialistes et des théologiens. La ligne matérialiste de l'existence va de la naissance à la mort; le théologien commence sa ligne juste avant la naissance, et la conduit après la mort jusque dans l'invisible au-delà. Il n'y a pas de retour. L'existence ainsi vécue ne pourrait tirer qu'un minimum d'expérience de l'école de la vie, semblable à celle que pourraient obtenir des êtres à une seule dimension, incapables de s'élargir ou de s'élever à de sublimes hauteurs dans la connaissance.

Un chemin à deux dimensions, en zigzag, ne vaudrait pas mieux pour l'évolution de la vie; un cercle signifierait une ronde interminable d'expériences identiques.

PAGE 15

Tout dans la nature a sa raison d'être, la troisième dimension également; pour que nous puissions vivre en profitant des occasions d'un univers à trois dimensions, le chemin de l'évolution doit être en spirale, et il en est ainsi. Partout, au ciel et sur la terre, toutes choses vont "en avant, plus haut, à jamais".

La modeste petite plante de jardin, aussi bien que les séquoias géants de Californie, nous montrent également la disposition en spirale de leurs branches, de leurs rameaux et de leurs feuilles. Si nous étudions la voûte céleste, avec ses nébuleuses en spirale, qui sont les mondes en voie de création, ou bien les parcours des systèmes solaires, la spirale nous apparaît comme la seule voie de progression.

Nous trouvons un autre exemple de la progression en spirale dans la course annuelle de notre planète. Au printemps, elle émerge de sa période de repos, de son sommeil hivernal. Nous voyons la vie bourgeonner partout. Toutes les activités de la nature s'exercent à créer. Le temps passe; le blé et le raisin mûrissent et sont récoltés; et de nouveau le silence et l'inactivité de l'hiver remplacent l'activité de l'été, de nouveau le manteau de neige enveloppe la terre. Mais elle ne dormira pas toujours; elle se réveillera au chant d'un printemps nouveau, ayant alors progressé un peu plus avant sur la route du temps.

Est-il possible qu'une loi, universelle dans tous les autres domaines de la nature, puisse être invalidée dans le cas de l'homme? La terre peut-elle s'éveiller chaque année de son sommeil hivernal, l'arbre et la fleur renaître, et l'homme mourir? Non, c'est impossible dans un univers gouverné par une loi immuable. La même loi qui éveille la vie de la plante pour une nouvelle croissance, doit éveiller l'être humain pour un progrès nouveau vers le but final de la perfection. C'est pourquoi la doctrine de la renaissance, ou de l'incarnation humaine répétée dans des véhicules de plus en plus parfaits, est en plein accord avec l'évolution et les phénomènes de la nature, lorsqu'elle affirme que naissance et mort se succèdent sans arrêt.

PAGE 16

Elle est en parfaite harmonie avec la loi d'alternance des cycles, qui veut qu'activité et repos, flux et reflux, été et hiver se suivent en succession ininterrompue. Elle est aussi en parfait accord avec la loi de l'évolution en spirale, lorsqu'elle établit qu'à chacun de ses retours pour une nouvelle naissance, l'esprit prend un corps meilleur; et, comme l'homme progresse en connaissances mentales, morales et spirituelles par suite des expériences accumulées dans les vies antérieures, il revient dans un milieu supérieur aux précédents.



Quand nous cherchons à résoudre l'énigme de la vie et de la mort, à lui trouver une réponse satisfaisant à la fois la tête et le coeur, en tenant compte des différences entre les dons innés des êtres humains et expliquant l'existence de la souffrance et de la douleur; quand nous demandons pourquoi l'un est élevé dans le luxe tandis qu'un autre reçoit plus de coups que de pain, pourquoi l'un bénéficie d'une éducation morale tandis qu'un autre apprend à voler et à mentir, pourquoi une femme a le visage et la silhouette d'une Vénus tandis qu'une autre a la tête d'une Méduse, pourquoi l'un jouit d'une santé parfaite tandis qu'un autre ne connaît jamais un moment de répit à sa souffrance, pourquoi l'un a l'intelligence d'un Socrate alors qu'un autre sait à peine compter - nous ne recevons aucune réponse satisfaisante à ces questions, ni des matérialistes, ni des théologiens.

Le matérialisme considère la loi d'hérédité comme la raison de la maladie; et en ce qui concerne les conditions sociales, un Spencer nous dit que dans le monde animal, la loi de l'existence est: "Mange, ou tu seras mangé", et dans la société civilisée: "Trompe, ou tu seras trompé".

L'hérédité explique partiellement la constitution physique de l'individu. Le semblable engendre son semblable, en ce qui concerne la Forme, mais non en ce qui concerne les tendances morales et mentales, qui diffèrent dans chaque être humain.

PAGE 17

L'hérédité est réelle dans les règnes inférieures où tous les animaux d'une espèce donnée ont un aspect presque identique, mangent le même genre de nourriture et agissent de même manière dans des circonstances semblables, parce qu'ils n'ont pas de volonté individuelle mais sont dominés par un esprit-groupe qui leur est commun. Dans le règne humain, il n'en est pas de même; chacun agit différemment; chacun a besoin d'une alimentation différente. Pendant que s'écoulent les années d'enfance et de jeunesse, l'Ego intérieur façonne son corps de telle manière qu'il se reflète dans les traits du visage; il n'y a donc jamais deux personnes exactement semblables. Même des jumeaux qu'on ne pouvait distinguer dans l'enfance diffèrent à mesure qu'ils grandissent, du fait que les traits de chacun expriment la pensée de l'Ego intérieur.

Il en est de même sur le plan moral. Les registres de police montrent que les enfants de criminels invétérés, bien qu'ayant généralement des tendances au crime, n'ont pas affaire à la justice; et dans les listes de grands criminels d'Europe et d'Amérique, il est impossible de trouver à la fois le père et le fils. Ainsi, les criminels peuvent être des fils de gens honnêtes, et l'hérédité est incapable d'expliquer les tendances morales.

Si nous considérons maintenant les facultés intellectuelles et artistiques les plus élevées, nous constatons que les enfants d'un génie sont souvent médiocres ou même idiots. Le cerveau de Cuvier est le plus grand cerveau qui fut jamais pesé et analysé par la science; ses cinq enfants sont morts de parésie. Le frère d'Alexandre le Grand était un idiot. Nous pourrions ainsi citer nombre de cas pour montrer que l'hérédité n'explique que partiellement les similitudes de Forme, et nullement les conditions mentales et morales de l'individu. La loi d'attraction fait que les musiciens se rencontrent dans les salles de concert et que les intellectuels se réunissent à cause de leur similitude de goûts; et la loi de cause à effet pousse l'homme qui a développé des tendances criminelles à naître dans un milieu de criminels, pour qu'il puisse apprendre à faire le bien en observant les malheurs qui suivent les mauvaises actions; ces deux lois expliquent bien plus logiquement que l'hérédité ce qui touche aux associations et au caractère.

PAGE 18

Le théologien assure que toutes les conditions de vie sont le fait de la volonté de Dieu; que dans son insondable sagesse Il a jugé bon de faire certains hommes riches et la plupart pauvres, certains intelligents et d'autres stupides, etc.; qu'Il envoie des épreuves à tous les hommes, nombreuses à la plupart, et rares à quelques favorisés; et il ajoute que nous devons accepter notre sort sans murmurer. Mais il est dur de regarder le ciel avec amour, quand on pense que de lui nous vient toute notre détresse, petite ou grande selon le caprice divin; et le bienveillant intellect humain se révolte à la pensée d'un père qui prodigue amour, confort et luxe à quelques-uns, et envoie souffrances, peines et malheurs à des millions d'autres. Sans aucun doute, il doit y avoir une autre solution aux problèmes de la vie que celle-la. N'est-il pas plus raisonnable de penser que les théologiens peuvent avoir mal interprété la Bible, plutôt que d'accuser Dieu d'une conduite aussi monstrueuse?



La loi de renaissance offre une solution raisonnable à toutes les inégalités de la vie, à ses souffrances et à ses peines, lorsqu'on l'associe avec sa compagne, la loi de cause à effet; elle nous montre en outre la voie de l'émancipation.

La loi de cause à effet est la loi de justice dans la nature; elle décrète que ce que l'homme sème, il le récolte (Galates 6:7). Ce que nous sommes, ce que nous avons, toutes nos qualités sont le résultat de notre travail dans le passé d'où viennent nos talents naturels. L'absence de certains dons physiques, moraux ou mentaux, est due au fait que nous avons négligé certaines occasions ou qu'elles nous ont manqué; mais un jour, nous aurons d'autres occasions de combler cette lacune.

En ce qui concerne nos obligations envers les autres ou leurs dettes envers nous, la loi de cause à effet s'en charge également. Ce qui ne peut être liquidé dans une vie demeure jusqu'aux vies futures.

PAGE 19

La mort ne détruit pas plus nos obligations que le fait de déménager dans une autre ville ne paie nos dettes présentes. La loi de renaissance nous procure un nouveau milieu, mais nous y retrouvons nos anciens amis et nos anciens ennemis. Nous les connaissons d'ailleurs; car lorsque nous rencontrons une personne pour la première fois et sentons pourtant que nous l'avons connue, c'est seulement là le souvenir de l'Ego qui perce le voile de la chair et reconnaît un ancien ami de ses vies précédentes. Quand nous rencontrons une personne qui nous inspire aussitôt crainte et répugnance, c'est encore là un message de l'Ego nous avertissant qu'il s'agit d'un de nos ennemis des temps passés.

L'enseignement spirituel concernant la vie base sa solution sur les lois jumelles de cause à effet et de renaissance; il nous apprend simplement que le monde autour de nous est une école d'expérience: de même que nous envoyons un enfant à l'école jour après jour et année après année, pendant qu'il franchit les différents degrés de l'école maternelle à l'université, de même l'Ego incarné dans l'homme, en tant que fils du Père, va à l'école de la vie, jour après jour. Mais dans cette vie plus considérable de l'Ego, chaque jour d'école est une vie entière sur la Terre, et la nuit qui sépare deux jours de classe pour l'enfant correspond au sommeil de la mort dans la vie plus longue de l'Ego humain (l'esprit intérieur de l'homme).

Dans une école, les classes sont nombreuses. Les enfants les plus âgés qui ont longtemps suivi l'école ont des leçons très différentes de celles des petits à l'école maternelle. De même, à l'école de la vie, ceux qui ont des situations élevées et sont doués de hautes facultés sont nos Frères Aînés, tandis que les primitifs ne font qu'entrer dans la classe la plus inférieure. Ce qu'ils sont, nous l'avons été; et tous atteindront un jour un point où ils seront plus sages que les plus sages que nous connaissons. Le philosophe ne devrait pas non plus s'étonner que les puissants écrasent les faibles; les aînés des enfants sont cruels pour leurs frères plus jeunes à un certain moment de leur croissance, parce qu'ils n'ont pas encore développés le vrai sens du droit; mais en grandissant ils apprennent à protéger les faibles.

PAGE 20

Ainsi feront les enfants de la vie supérieure: l'altruisme se répand de plus en plus partout, et le jour viendra où tous les hommes seront aussi bons et bienveillants que les plus grands saints.

Il n'y a qu'un péché: l'ignorance; et qu'un salut; le savoir appliqué. Tous les chagrins, la souffrance et la douleur sont dus au fait que nous ignorons comment agir; et l'école de la vie est aussi nécessaire pour faire éclore nos capacités latentes, que l'école journalière pour faire naître celles de l'enfant.

Quand nous comprenons bien qu'il en est ainsi, la vie prend aussitôt un aspect complètement différent. Peu importe quelles sont les conditions dans lesquelles nous vivons; savoir que nous les avons créées nous-mêmes nous aide à les supporter avec patience; et, par-dessus tout, le sentiment glorieux que nous sommes maître de notre destinée et pouvons construire le futur à notre guise, est par lui-même une puissance. Il nous appartient de développer ce qui nous manque. Evidemment, il reste le passé avec lequel nous devons encore compter, et peut-être subirons-nous encore beaucoup de malheurs dus à nos fautes; mais si nous cessons de faire le mal, nous pouvons envisager avec joie toute affliction, parce qu'elle liquide une dette ancienne, et qu'elle avance le jour où notre compte sera effacé. Il n'y a pas d'objection valable dans le fait que souvent les meilleurs et les plus honnêtes souffrent plus que les autres. Les grandes Intelligences chargées d'assigner à chaque homme le montant du passé qu'il doit liquider dans chaque vie, aident toujours celui qui paie ses dettes passées sans y ajouter de nouvelles fautes et lui donnent tout ce qu'il peut supporter, hâtant ainsi la venue du jour de l'émancipation. Dans ce sens, il est strictement vrai que "Dieu châtie ceux qu'Il aime".

PAGE 21

La doctrine de la renaissance est parfois confondue avec celle de la transmigration ou métempsychose, qui nous apprend que l'âme humaine peut s'incarner dans un animal. Cette théorie ne repose sur rien dans la nature. Chaque espèce animale est l'émanation d'un "esprit-groupe" qui en gouverne les individus de l'extérieur, par suggestion; il fonctionne dans le monde du désir; et comme il n'y a pas de distance dans ce monde, l'esprit-groupe peut influencer ses membres, où qu'ils soient placés. L'esprit humain, l'Ego, au contraire, pénètre à l'intérieur d'un corps physique; il y a dans chaque homme un esprit individuel, qui habite dans son instrument et le guide de l'intérieur. Ce sont là deux degrés d'évolution totalement différents, et il est aussi impossible pour l'homme de s'incarner dans un corps animal que pour un esprit-groupe de prendre la forme humaine.

La question: "Pourquoi ne nous rappelons-nous pas nos existences passées?" est une autre difficulté apparente. Mais il n'y a rien là qui puisse nous surprendre, si nous sommes conscients du fait qu'à chaque naissance nous avons un cerveau entièrement nouveau, et que l'esprit humain est faible et absorbé par son nouveau milieu au point de ne pouvoir impressionner complètement le cerveau pendant la première enfance, moment où il est le plus sensible. Certains enfants se souviennent du passé, particulièrement dans leurs premières années; et il est navrant de voir ces enfants si totalement incompris de leurs aînés. Lorsqu'ils parlent du passé, on les tourne en ridicule, ou même on les punit pour leur "imagination". Si des enfants parlent de leurs compagnons de jeux invisibles, et de ce qu'ils "voient", car nombre d'enfants sont clairvoyants, ils se heurtent au même rigoureux traitement; et, résultat inévitable, les petits apprennent à se taire jusqu'au moment où ils perdent cette faculté.

Il arrive parfois qu'on écoute le bavardage d'un enfant, et qu'il mène à d'étonnantes révélations. L'auteur a connu un de ces cas il y a quelques années sur la Côte du Pacifique.

PAGE 22

Une petite fille de Santa Barbara courut un jour dans la rue vers un monsieur du nom de Roberts en l'appelant papa; elle affirmait qu'elle avait vécu avec lui et une autre maman dans une petite maison près d'un ruisseau, et qu'un matin il avait quitté la maison et n'était jamais revenu; elle et sa maman étaient mortes de faim; et la petite terminait par ces mots étranges: "Mais je ne suis pas vraiment morte; je suis venue ici". L'histoire ne fut pas contée en une fois, ni résumée, mais fut obtenue par un questionnaire intermittent au cours de tout un après-midi. Or, l'histoire de la petite fille de trois ans corroborait parfaitement les aventures de M. Roberts, dont voici les faits principaux: il se maria en Angleterre et émigra en Australie où il construisit une cabane près d'une rivière loin de toute habitation. Il fut arrêté alors qu'il venait de quitter sa femme et son bébé, et le policier refusa de le laisser prévenir sa femme par crainte d'un piège; il l'emmena jusqu'à la côte, d'où il fut envoyé en Angleterre où on le jugea pour le vol d'une banque commis la nuit de son départ pour l'Australie. Son innocence fut enfin reconnue et, à ce moment seulement, on prit garde à ses protestations répétées à propos de sa femme et de son enfant qui devaient mourir de faim. Un télégramme fut envoyé et des recherches organisées au cours desquelles on retrouva les squelettes d'une femme et d'un enfant.

Et la fillette, parmi les photographies qu'on lui montrait au hasard, choisit celles de M. Roberts et de sa femme, bien que M. Roberts eût beaucoup changé pendant les dix-huit années qui s'étaient écoulées entre la tragédie et l'incident de Santa Barbara.

Il ne faudrait pas supposer, cependant, que tous ceux qui ont franchi la porte de la mort reviennent aussi rapidement que cela. Un délai si court ne donnerait à l'âme aucune chance de faire l'important travail d'assimilation des expériences et de préparation à une nouvelles vie terrestre. Mais un enfant de trois ans n'a eu pour ainsi dire aucune expérience, aussi cherche-t-il très vite une occasion de renaître, en s'incarnant souvent dans la même famille qu'avant.

PAGE 23

Souvent les enfants meurent parce qu'un changement dans les habitudes des parents les empêche de liquider leurs actes passés; il leur faut alors chercher une autre occasion; parfois aussi ils naissent et meurent pour donner aux parents une leçon nécessaire. Nous connaissons un cas où un Ego s'est incarné huit fois de suite dans la même famille, dans cette intention, avant que la leçon fût apprise; puis il s'incarna ailleurs; il s'agissait d'un ami des parents qui s'acquit un grand mérite en les aidant ainsi.



La loi de renaissance, lorsqu'elle n'est pas modifiée par la loi de cause à effet, comme dans les cas ci-dessus, se règle sur le mouvement du soleil connu sous le nom de précession des équinoxes, selon lequel le point vernal recule le long des douze signes du Zodiaque dans le temps d'une année sidérale ou mondiale, qui comprend 25.868 de nos années solaires ordinaires.

Tout comme le mouvement de la Terre le long de son orbite autour du Soleil détermine les changements de température qui modifient nos conditions de vie et nos activités selon les saisons, ainsi le passage du Soleil à travers la grande année sidérale détermine des changements encore plus importants dans les conditions climatiques et topographiques, en rapport avec les civilisations; et il est nécessaire que l'Ego apprenne à s'adapter à tous ces changements.

C'est pour cela que l'Ego s'incarne deux fois pendant le temps que met le soleil à traverser chacun des signes du Zodiaque, temps qui est d'environ 2.100 ans; il y a donc normalement environ 1.000 ans entre deux incarnations. Comme les expériences d'un homme sont grandement différentes de celles d'une femme, et que les conditions de vie ne sont pas tellement différentes en mille ans, l'esprit renaît ordinairement tour à tour comme homme et comme femme; mais ce n'est pas là une règle rigoureuse et immuable: elle est sujette aux modifications que nécessite la loi de cause à effet.

PAGE 24


La science occulte résout donc l'énigme de la vie par la recherche de l'expérience par l'Ego, toutes les conditions de l'existence n'ayant que ce résultat en vue, et toutes étant automatiquement déterminées par le seul mérite personnel. La science occulte ôte à la mort sa terreur et son aiguillon, en la remettant à la place qui lui convient, celle d'un incident dans une vie plus longue, semblable à un séjour temporaire dans une autre ville; elle rend plus facile notre séparation d'avec les êtres aimés, en nous donnant l'assurance que notre amour sera l'instrument même de notre réunion. Elle nous donne aussi le plus grand espoir de la vie, celui qu'un jour nous obtiendront la connaissance qui illumine tous les problèmes, et relie toutes nos vies. Et, par-dessus tout, la science occulte nous apprend qu'il est en notre pouvoir de hâter, par notre application, la venue du jours glorieux où la foi sera tout entière absorbée dans la connaissance.

Alors nous saisirons mieux, dans un sens plus élevé, la beauté de l'exposé poétique de la doctrine de la renaissance, dû à Sir Edwin Arnold:

Jamais l'Esprit n'a eu besoin de naître, Jamais l'Esprit ne pourra cesser d'être. Ne connaissant pas de bornes dans le temps. Fin et genèse aussi ne sont que rêves; Ni né, ni mort, l'Esprit vit à jamais,
La mort en rien n'a jamais pu l'atteindre, Même quand sa demeure nous paraît morte.
Ainsi que l'homme, ayant ôté Son vieil habit longtemps porté, En en prenant un autre dit: "Aujourd'hui je mets celui-ci".
Ainsi l'Esprit va se défaire De l'habit de chair, doucement; Prendre son vol, pour hériter D'une demeure plus belle.


PAGE 25


Deuxième Conférence

OU SONT LES MORTS?

Un peu de réflexion montrera très vite à tout chercheur que nous vivons dans un monde d'effets qui est le résultat de causes invisibles. Nous voyons la matière et la forme, mais la force qui modèle les formes de la matière et les anime est invisible pour nous. La vie ne peut être connue directement par les sens; elle est invisible, et son existence propre est indépendante des formes variées qui constituent ses manifestations visibles.

L'électricité, le magnétisme, la vapeur, etc., sont des noms donnés à des forces que nos yeux physiques n'ont jamais vues, bien qu'en nous conformant à certaines lois découvertes par l'expérimentation, nous en ayons fait nos serviteurs les plus précieux. Nous voyons leurs manifestations dans le mouvement des véhicules dans la rue, des chemins de fer et des navires; elles éclairent notre voie la nuit et portent nos messages autour du globe avec une vitesse qui supprime les distances, mettant les antipodes à notre porte en quelques secondes. Elles répondent au moindre signe ou au moindre appel à n'importe quel moment, infatigables et fidèles dans l'accomplissement d'innombrables tâches; et pourtant, comme nous venons de le dire, nous n'avons jamais vu ces fidèles et précieux serviteurs.

PAGE 26

Ces forces de la Nature ne sont ni aveugles, ni sans intelligence comme nous le pensons par erreur; il en existe de nombreuses catégories et leur vie se manifeste de différentes manières. Peut-être un exemple pourra-t-il éclairer l'état de leurs relations avec nous; supposons qu'un charpentier construise une clôture et qu'un chien l'observe. Le chien voit à la fois le charpentier et son travail, bien qu'il ne comprenne pas entièrement ce que fait son maître. Si le charpentier était invisible pour le chien, celui-ci verrait la clôture s'élever lentement; il verrait s'enfoncer chaque clou, percevant ainsi la manifestation mais non la cause: l'animal serait ainsi, relativement au charpentier, dans l'état où nous sommes par rapport aux forces naturelles qui se manifestent autour de nous en tant que pesanteur, électricité ou magnétisme.

Pendant les siècles passés, mais particulièrement pendant les soixante dernières années (écrit en 1908), la science a fait des pas de géant dans l'étude du monde où nous vivons, et il en résulte qu'un monde, jusqu'à maintenant invisible nous est révélé. Avec des télescopes de puissance accrue, les astronomes ont pu, dans l'espace, atteindre et découvrir de plus en plus de mondes; avec un admirable esprit inventif, ils ont adapté l'appareil photographique au télescope, et ont pu photographier ainsi des soleils à des distances tellement énormes que leurs rayons n'impressionnent pas nos yeux, et ne peuvent être saisis que par des heures d'exposition d'une plaque photographique sensible.

Dans la direction de l'infiniment petit, la perfection accrue du microscope a donné des résultats analogues: un monde qui jusqu'alors était invisible pour nous, a été découvert, monde qui renferme une extrême activité de vie et qui montre une diversité de formes à peine moins complexe que le monde perçu par nos sens.

L'effort que demandent ces recherches, penché sur l'oculaire du microscope, est sévère et fatigue intensément les yeux; mais là aussi la photographie apporte son aide à l'homme.

PAGE 27

Avec une fixation appropriée et à la vitesse de l'éclair, elle permet d'établir des recueils permanents de phénomènes microscopiques, peut-être au taux d'environ soixante-dix négatifs à la seconde. Ceux-ci peuvent ensuite être agrandis et projetés sur un écran comme un film cinématographique; ils peuvent être vus par des centaines de personnes en même temps, confortablement et sans gêne aucune.

Nous pouvons voir la sève circuler lentement dans les veines d'une feuille, ou observer de quelle manière le sang court comme le ruisseau d'un moulin dans les veines semi-transparentes d'une patte de grenouille. Les vers dans le fromage apparaissent aussi grands que des crabes, allant de côté et d'autre à la recherche d'une proie. Une goutte d'eau contient de nombreuses bulles sombres qui grandissent et éclatent, projetant une foule de globules minuscules qui à leur tour gonflent et rejettent leur postérité. Le docteur Bastian, de Londres, a même pu voir comment une petite tache noire sur l'épine dorsale d'un cyclope (animalcules nombreux dans une goutte d'eau) se transformait en grandissant en un parasite qui se nourrissait sur le cyclope.

Au moyen des rayons X, la science a pu pénétrer dans les recoins les plus intimes du corps dense de l'homme vivant, en photographiant le squelette et tout corps étranger qui a pu s'y loger par accident.

Ainsi, dans de nombreuses directions, un monde jusqu'ici invisible s'est offert à la vue des chercheurs persévérants. Qui oserait dire que la limite est atteinte, qu'il n'y a pas d'autres mondes dans l'espace au-delà des mondes actuellement photographiés par les astronomes, qu'il n'y a pas de vie habitant des formes plus minuscules que celles découvertes par nos meilleurs microscopes d'aujourd'hui? Demain pourrait être conçu un instrument qui dépassera toutes les inventions antérieures, et révélera une grande partie de ce qui nous est caché aujourd'hui. L'infinité de l'infiniment grand et de l'infiniment petit semble être hors de doute et indépendante de l'étendue de notre connaissance.

PAGE 28

Si nous considérons les merveilleuses réalisations des sciences physiques, il est un point particulièrement digne d'être noté: c'est que chaque découverte nouvelle a été réalisée grâce à des inventions nouvelles ou à l'amélioration d'inventions existantes, destinées à aider nos perceptions sensorielles; telle est la raison pour laquelle les recherches de la science ont été limitées au monde des sens, le monde physique dense. Les savants ont étudié les éléments chimiques: solides, liquides et gaz; mais au-delà de ces éléments, ils ne possèdent pas d'instruments capables d'atteindre une matière plus fine encore, cet "éther" dont ils sont contraints d'admettre l'existence parce que, sans ce milieu plus subtil, il leur serait impossible d'expliquer la lumière, l'électricité, etc. Nous voyons donc que les sciences physiques reconnaissent implicitement que l'existence d'un monde invisible est une nécessité dans l'économie de la nature.

La science matérielle et la science occulte sont donc toutes deux d'accord sur ce point, et toutes deux cherchent dans le monde invisible la solution de certains problèmes. Elles diffèrent quant à leurs méthodes de recherche et à la créance que l'on peut accorder aux résultats qu'elles donnent. La science physique cherche l'explication de problèmes à résoudre sur des bases uniquement physiques, par exemple le passage des ondes lumineuses à travers le vide ou la ressemblance des fleurs de la saison présente avec celles des étés passés. Dans de tels cas, la science admet comme postulat quelque chose d'invisible et d'intangible, comme l'éther ou l'hérédité, et s'enorgueillit de sa perspicacité et de la simplicité de ses explications.

La science occulte affirme qu'il y a une cause invisible à la base de TOUS les phénomènes visibles. Celle-ci, une fois connue, apportera une connaissance plus exacte des faits de la vie qu'un concept mécanique; et l'idée la plus globale de la vie est obtenue par l'étude à la fois des phénomènes visibles et des noumènes ou causes fondamentales du monde invisible.

PAGE 29

C'est pourquoi la science spirituelle poursuit ses recherches dans les mondes invisibles et offre, pour tous les problèmes de la vie, une solution plus précise et plus raisonnable que de simples faits scientifiques uniquement tirés de l'observation de phénomènes physiques.

La science matérialiste admet comme postulats l'éther et l'hérédité, en tant que solutions des problèmes cités ci-dessus, bien qu'elle soit incapable de donner une preuve réelle de la vérité de ces hypothèses, à part leur apparence raisonnable. Et pourtant, quand la science spirituelle emploie des méthodes identiques et soutient l'existence de l'âme, son immortalité, son existence antérieure à la naissance et sa persistance après la mort, son indépendance du corps, etc., la science matérialiste se moque et parle avec inconséquence de superstition et d'ignorance. Elle demande des preuves, bien que la démonstration offerte soit au moins aussi bonne que la démonstration scientifique de l'existence de l'éther, de l'hérédité et de beaucoup d'autres idées avancées par la science - implicitement admises par la foule qui admirativement courbe le front dans la poussière devant toute affirmation étayée par le mot magique de Science.

Nul ne peut démontrer la véracité d'un théorème de géométrie à une personne qui n'est pas familiarisée avec les principes des mathématiques. Pour des raisons analogues, les faits des mondes intérieurs ne peuvent être prouvés au savant qui n'étudie que les sciences matérielles. Si la personne dénuée de connaissances mathématiques étudie cette science, elle trouvera facilement satisfaction quant à la solution du problème posé. Quand le savant ès-sciences physiques se sera adapté à saisir les faits hyperphysiques, il obtiendra la preuve des théories qu'il combat aujourd'hui comme des superstitions et se sentira forcé de les approuver.

La science spirituelle commence ses recherches au point où la science matérialiste abandonne les siennes, aux portes des mondes hyperphysiques, dénommés par erreur surnaturels. Rien n'est "surnaturel" ou "pas naturel"; rien au monde ne peut être en dehors de la nature, bien que beaucoup de choses puissent être hyperphysiques, car le monde physique est la partie la plus petite de la Terre.

PAGE 30

Cependant, contrairement au savant qui étudie les sciences matérielles, celui qui étudie les science spirituelles ne poursuit pas ses recherches au moyen d'instruments mécaniques, mais en s'améliorant lui-même; en cultivant des facultés de perception qui sont latentes dans tous les êtres humains et peuvent être éveillées par une discipline appropriée. Les mots du Christ: "Cherchez et vous trouverez" (Matthieu 7:7) s'appliquaient particulièrement aux facultés spirituelles et visaient tous les "hommes de bonne volonté". Tout dépend de nous-mêmes; il n'y a personne pour gêner et, au contraire, beaucoup de gens pour aider l'homme qui recherche sérieusement la connaissance. L'étude des voies et moyens est cependant en dehors de notre sujet actuel et sera élucidée dans les conférences suivantes (no 3 et 11).


"Mais, dira-t-on, à quoi bon s'inquiéter d'un monde invisible? Nous sommes placés ici-bas dans ce monde matériel: que faire d'un monde invisible? Et même s'il est vrai que nous y allions après la mort, pourquoi ne pas s'intéresser à chaque monde en son temps? A chaque jour suffit sa peine (Matthieu 6/34); pourquoi en chercher davantage?"

Cette façon de voir est certes à bien courte vue. En premier lieu, une connaissance exacte de l'état qui suit la mort ferait disparaître la peur de la mort qui hante tant de gens, même alors qu'ils jouissent de la santé la plus solide. Dans la vie la plus insouciante, il y a des moments où la pensée du saut dans le noir, qu'il faudra bien faire un jour, émousse le sens du plaisir dans la vie; et toute explication offrant des connaissances précises et dignes de confiance sur cet important sujet devrait sans aucun doute être accueillie avidement.

D'autre part, quand nous regardons autour de nous dans le monde, nous trouvons une loi qui doit être manifeste même pour les plus endurcis: la loi de cause à effet.

PAGE 31

Chaque jour, notre travail et notre condition dépendent de ce que nous avons fait ou n'avons pas fait la veille; il nous est absolument impossible de nous arracher à notre passé, de "prendre un nouveau départ". Nous ne pouvons accomplir un acte qui ne soit lié de quelque manière à nos actes précédents, limité et restreint par des conditions antérieures; et il semble tout aussi raisonnable de supposer que le mode d'expression de la vie dans le monde invisible, quel qu'il soit, sera dans une certaine mesure déterminé par notre mode de vie actuel. Autre affirmation logique: si des informations dignes de foi sur ce monde invisible peuvent être obtenues, il serait sage de les connaître pour s'y préparer, pour la même raison que lorsque nous voulons voyager dans un pays étranger, nous nous familiarisons avec sa géographie, ses lois, ses coutumes, sa langue ou autres renseignements nécessaires. Nous le faisons en connaissance de cause, sachant que plus nous aurons sérieusement assimilé cette connaissance, plus nous profiterons de notre voyage et moins nous aurons d'ennuis dus à des conditions inhabituelles. Le même raisonnement doit logiquement tenir en ce qui concerne l'état qui suit la mort.


Quelque objecteur pourra dire encore: "Ah mais, c'est précisément là le hic! Ce que peuvent être les circonstances après la mort, personne ne le sait avec certitude. Ceux qui prétendent savoir ne sont pas d'accord dans leurs récits, dont beaucoup sont déraisonnables, impossibles...".

En premier lieu, personne n'a moralement le droit d'affirmer que nul ne sait, à moins d'être lui-même omniscient et de connaître l'étendue du savoir de tous les vivants; et c'est le comble de la prétention que d'essayer de juger les capacités mentales de tous les autres avec des idées exagérément étroites, comme le sont habituellement celles des pédants qui émettent de telles affirmations. Le sage a toujours une oreille ouverte aux idées nouvelles, il est toujours désireux et avide de recherches nouvelles.

PAGE 32

Même s'il n'y avait qu'un seul homme possédant la connaissance des mondes invisibles, cela ne prouverait pas nécessairement qu'il se trompe. Galilée n'était-il pas seul à soutenir sa théorie sur le mouvement des corps célestes, à laquelle le monde occidental tout entier s'est converti depuis?

Quant aux différences entre les récits de ceux qui prétendent connaître les mondes invisibles, non seulement on doit s'y attendre, mais elles constituent un élément de valeur, comme va nous le montrer un exemple pris dans la vie de chaque jour.

Supposons que la ville de San Francisco ait été entièrement reconstruite à une échelle imposante avec tous les perfectionnements les plus récents et les plus modernes, et que la ville ait décidé d'organiser à cette occasion une grande fête. Des milliers de gens accourraient en foule à Golden Gate pour se réjouir de voir le nouveau Phénix sorti des cendres de cette belle cité, si soudainement effacée de la surface du globe par un terrible incendie. Entre autres viendraient sans doute en grand nombre, des journalistes, des correspondants de différentes régions pour envoyer des comptes rendus à leurs journaux respectifs. Bien que les journalistes soient des observateurs exercés, on peut prédire d'avance qu'il n'y aurait pas deux articles pareils. Il en est qui pourraient avoir des points communs; mais certains différeraient des autres à tous égards, pour la simple raison que chaque journaliste voyait la cité selon son propre point de vue et notait seulement ce qui l'attirait. Aussi, au lieu que la diversité des comptes rendus soit un argument contre leur exactitude, il est évident qu'ils auront tous une valeur en tant que phases différentes d'un même tout; et l'on peut affirmer qu'une personne ayant lu tous les comptes rendus aurait une idée beaucoup plus générale de San Francisco que si elle avait lu un article unique signé par tous les journalistes.

Le même principe est valable en ce qui concerne les différents récits qui décrivent les mondes invisibles: ils ne sont pas nécessairement faux parce qu'ils varient mais au contraire, ils forment par leur réunion une narration plus complète.

PAGE 33

Quant aux histoires "impossibles", supposons que l'un de nos journalistes de San Francisco ait passé le temps à s'amuser au lieu d'observer, qu'il ait rédigé un article de pure imagination: cela ne saurait infirmer les articles honnêtes. Supposons encore que l'un d'eux porte une paire de lunettes jaunes, qu'on lui aurait mise à son insu, et qu'il dise que les maisons et les rues étaient d'or: cela montrerait seulement son ignorance du fait que cette couleur était celle des verres et non de la ville, et son erreur ne saurait diminuer l'exactitude et la véracité des autres récits.

Souvenons-nous enfin que, si certains faits dépassent pour le moment notre pouvoir de raisonnement, cela ne prouve pas qu'ils sont déraisonnables. Le fait qu'un bébé ne peut comprendre les racines carrées ne constitue pas un argument valable contre les mathématiques.

En résumé, aucun argument raisonnable ne peut être avancé par le matérialiste pour prouver qu'il n'y a pas de monde invisible, pas plus qu'un aveugle-né ne saurait discuter avec succès pour réfuter l'existence de la lumière et de la couleur dans le monde qui l'entoure. S'il recouvre la vue, il les verra. Aucun argument de la part de ceux qui sont aveugles aux mondes invisibles ne peut donc convaincre le clairvoyant que ce qu'il voit n'existe pas; et si le sens nécessaire est éveillé chez ces gens, eux aussi en viendront à percevoir un monde auquel ils étaient auparavant insensibles, bien qu'il entoure chacun de nous - de même que la lumière et la couleur sont répandues dans le monde des sens, qu'elles soient perçues ou non.


Passant de cette épreuve négative de l'existence des mondes hyperphysiques à une évidence plus positive, un exemple simple va nous montrer comment, dans la nature, la matière est en perpétuel changement, d'un état plus dense à un état plus subtil. Si nous prenons un bloc de glace, nous avons un "solide"; en le soumettant à l'action de la chaleur, nous augmentons les vibrations des atomes qui le composent, et il devient un "liquide" appelé "eau".

PAGE 34

Si nous chauffons encore davantage, nous élevons les vibrations des atomes de l'eau à un tel degré qu'elle devient invisible à l'oeil: nous avons alors un "gaz" que nous appelons "vapeur". La même matière qui était visible dans la glace et dans l'eau a disparu de notre vue, mais n'a pas cessé d'exister: car par refroidissement elle peut être condensée en eau et peut ensuite être congelée en bloc de glace.

Bien que la matière puisse cesser d'être à portée de notre perception, elle persiste toujours. De même, la conscience continue, bien qu'elle puisse être incapable de nous donner le plus léger indice de son existence. Nous en avons la preuve dans des cas de mort apparente où ni le plus faible battement du coeur ni le plus léger mouvement respiratoire ne peuvent être perçus, et au dernier moment, peut-être avant l'enterrement, le supposé mort revenait à la vie, répétant chaque mot et décrivant chaque de ceux qui l'entouraient durant sa léthargie.

Nous savons tous que la matière, qui est indestructible, peut exister en des états invisibles et intangibles; et la conscience est aussi éveillée ou même plus subtile lorsque le corps physique est en état de léthargie, que dans l'état de veille de la vie ordinaire; dès lors, n'est-il pas raisonnable de supposer que cette conscience puisse modeler la matière invisible pour nous et y fonctionner dans l'état d'après-vie, de même qu'elle façonne la matière de ce monde pendant la vie terrestre? Elle apporterait ainsi la vie à un autre monde de forme et de conscience, aussi réel pour l'esprit désincarné, que ce monde pour les yeux des corps de chair.


Même pendant la vie dans le corps physique, nous connaissons le monde invisible et avons affaire à lui à tout moment de notre existence; et la vie que nous vivons en lui est la part la plus importante de notre être, la base de notre vie dans le monde physique.

PAGE 35

Nous avons tous une vie intérieure où nous vivons au milieu de nos pensées et de nos sentiments, dans des scènes et des conditions inconnues de notre entourage extérieur. C'est là que l'intellect forme nos idées en images mentales que nous extériorisons ensuite. Gens et choses que nous voyons autour de nous, avec qui nous prenons contact par nos sens et que nous considérons comme réels, tous ne sont que les ombres éphémères d'un monde invisible et intangible. Le monde visible est une cristallisation des mondes invisibles, essentiellement semblable à la cristallisation des sécrétions du corps mou de l'escargot en une solide coquille. La maison de l'escargot est inerte et resterait immobile si l'animal ne la déplaçait; de même les corps des plantes, des animaux et des hommes ne sont que des émanations inertes de l'esprit qui habite les mondes invisibles; et sans cette vie intérieure qui stimule les formes et les fait agir, elles seraient incapables de mouvement. Le corps est conservé aussi longtemps qu'il sert les desseins de l'esprit; quand celui-ci le quitte, rien ne maintient plus la cohésion de la forme, et elle meurt.

Bien plus, tout ce que nous voyons autour de nous: maisons, voitures, navires, téléphones, bref, tous les objets qui ont été façonnés par la main de l'homme, ne sont que des imaginations concrétisées qui avaient leur origine dans le monde invisible. Si Graham Bell n'avait pas été capable d'imaginer le téléphone, celui-ci n'aurait jamais existé. La "vie intérieure" de Fulton fut le premier témoin de la naissance du bateau à vapeur, bien avant qu'il ne devînt le visible "Clermont".

Quand à la réalité et à la permanence des objets dans le monde invisible, elles sont bien plus grandes que celles des choses visibles que nous considérons par erreur comme le comble du "réel". Nous pensons que nos images mentales et nos imaginations sont moins réelles qu'un mirage, et nous en parlons avec légèreté comme d'une "simple pensée" ou "juste une idée", alors qu'en vérité elles sont les réalités fondamentales de tout ce qui nous entoure.

Un exemple fera mieux ressortir ce point.

PAGE 36

Lorsqu'un architecte veut construire une maison, il ne se contente pas d'envoyer du bois et d'autres matériaux là où l'on doit construire, d'embaucher des ouvriers et de leur dire de s'y rendre et de construire. Il formule une idée; il l'étudie entièrement, construisant d'abord la maison "dans son esprit" avec autant de détails que possible. Ce modèle mental permettrait de construire la maison, s'il pouvait être vu par les ouvriers; mais il est encore dans le monde invisible, et, bien que l'architecte le perçoive clairement, "le voile de la chair" empêche les autres de la voir. Il devient donc nécessaire d'apporter ce modèle dans le monde des sens, et de faire un plan visible que les ouvriers pourront suivre. C'est là la première réalisation matérielle de l'image mentale de l'architecte; et, quand la maison est construite, nous voyons en pierre et en bois ce qui fut d'abord dans l'esprit de l'architecte une idée invisible pour nous.

Quant à la solidité relative de l'idée et de la construction, il est évident que la maison peut être détruite par la dynamite ou tout autre puissant élément de destruction, alors que l'"idée" dans l'esprit de l'architecte ne peut être détruite même par lui; et en partant de cette "idée", une maison semblable peut être construite à n'importe quel moment que vit l'architecte. Même après sa mort, l'idée peut être retrouvée dans la "mémoire de la nature" (que nous expliquerons plus longuement dans la prochaine causerie), par toute personne qualifiée pour cette recherche; car, quel que soit le temps écoulé depuis que l'impression s'y est faite, elle n'est jamais perdue ni détruite.


Nous pouvons donc "conclure" ainsi par induction à l'existence d'un monde invisible; mais ce n'est pas là le seul moyen de la prouver. Il y a abondance de témoignages directs pour montrer qu'un tel monde existe, témoignages de personnes d'une intégrité indiscutable, dont la véracité et l'exactitude n'ont jamais été mises en doute sur d'autres sujets;

PAGE 37

toutes déclarent que le monde invisible est habité par ceux que nous appelons les morts qui vivent là en pleine possession de leurs facultés mentales et émotionnelles, dans des conditions qui rendent leur vie aussi réelle et profitable que la nôtre, peut-être même plus. De plus, il est possible de prouver qu'au moins certains d'entre eux prennent un intérêt considérable aux affaires du monde physique. Il nous suffira de prendre deux exemples dont la renommée est mondiale.

Nous avons d'abord le témoignage de Jeanne d'Arc, la "pucelle d'Orléans", entendant "des voix qui lui parlaient et la conduisaient". Examinons l'histoire de sa vie et voyons si elle ne porte pas le sceau de la vérité. C'est une jeune paysanne simple, pure et innocente, à peine plus qu'une enfant, qui n'avait jamais quitté son village natal avant de partir pour sa "mission. Elle était timide à l'extrême et craignait de désobéir à son père; mais les "voix" impérieuses la poussèrent à braver son mécontentement, et elle partit pour aller voir le Roi de France. Après bien des aventures, toujours guidée par ses voix, elle obtint finalement une audience du Roi. Lorsqu'elle entra, le Roi se tenait au milieu de ses courtisans, un mannequin occupait le trône, et chacun s'attendait à la voir déconfite, car elle n'avait jamais vu le Roi; mais, guidée par les voix fidèles, Jeanne marcha vers lui sans hésitation et le salua. Elle le convainquit de la vérité de sa mission en lui murmurant à l'oreille un secret d'une importance capitale qu'il était seul à connaître.

Par suite des preuve données, le commandement de l'armée française fut enlevé aux généraux expérimentés, qui avaient été battus par les Anglais en toutes occasions, et remis aux mains de cette enfant qui ne savait rien elle-même de l'art de la guerre; pourtant, conseillée par ses aides invisibles, elle conduisit les troupes françaises à la victoire. Sa science de la tactiques militaire fut un constant sujet d'étonnement pour ses compagnons, et constitue une preuve de l'existence des guides dont elle se réclamait.

PAGE 38

Nous la voyons ensuite prisonnière, soumise à des menaces ou des flatteries trompeuses, selon l'humeur de ses cruels persécuteurs, pour l'amener à reconnaître qu'il n'y avait pas eu de voix; mais les registres des procès-verbaux de ses différents interrogatoires montrent dans ses réponses une simplicité de pensée, une innocence et une franchise sans égale dans les annales de l'histoire, et qui confondaient ses juges en toutes occasions. Même la mort sur le bûcher ne put lui faire abjurer la vérité telle qu'elle la connaissait; et aujourd'hui encore son témoignage quant aux voix du monde invisible qui la guidèrent demeure inébranlable, scellé de son sang. Cette martyre de la vérité a plus tard été canonisée par l'Eglise qui l'avait brûlée.

"Mais, pourra-t-on dire sans doute, elle était honnête, mais elle n'était qu'une simple petite paysanne, ignorant qu'elle souffrait d'hallucinations!" Etranges hallucinations, qui lui permettaient de découvrir sans hésitation le Roi qu'elle n'avait jamais vu, de lui dire un secret inconnu de toute autre personne, et de donner des descriptions exactes de batailles qui se livraient bien des lieues plus loin, descriptions ultérieurement confirmées par les participants.

Mais passons à notre second témoin, qui n'est en aucune manière un "simple d'esprit". A ce point de vue, Socrate forme le plus absolu contraste avec Jeanne d'Arc, car son intelligence était la plus subtile et son esprit le plus grand que nous connaissions, et demeurent inégalés jusqu'à ce jour. Lui aussi paya de sa vie son témoignage relatif à des voix le guidant du monde invisible; et il apparaît bien évident qu'il devait s'agir d'une voix extraordinairement intelligente, ou elle n'aurait jamais été capable de conseiller un sage aussi grand que Socrate.

Nul ne peut dire qu'il était fou ou souffrait d'hallucinations, car un homme comme Socrate, habitué à peser toutes choses avec tant de subtile exactitude, est au-dessus de tout soupçon à ce point de vue. L'attitude la plus raisonnable est donc de reconnaître "qu'il y a plus de choses au ciel et sur la terre" que nous n'en connaissons individuellement ou collectivement, et de commencer aussitôt nos recherches.

PAGE 39

C'est là ce que font de nos jours les personnes les plus avancées, comprenant qu'il est tout aussi absurde d'être trop sceptique dans ses recherches, que d'être trop crédule et de prendre pour parole d'évangile tout ce qu'on entend dire. C'est seulement en nous informant correctement qu'il nous est possible d'arriver à une conclusion digne de notre qualité d'êtres humains, quelle que soit cette conclusion.

Reconnaissant ce principe et l'importance capitale du sujet, la Société pour les Recherches Psychiques s'est créée il y a plus d'un quart de siècle; elle compte parmi ses membres quelques-unes des plus brillantes intelligences de notre époque. Ils n'ont épargné nulle peine pour séparer la vérité de l'erreur dans les milliers de cas soumis à leur examen; le résultat obtenu est tel que Sir Olivert Lodge, un des plus éminents savants de notre époque, a pu, comme président de la société, donner au monde il y a plusieurs années l'affirmation suivante:

"L'existence d'un monde invisible habité par les soi-disant morts, et leur pouvoir de communiquer avec notre monde, ont été établis en dehors de toute erreur possible dans un nombre de cas tellement élevé, qu'il ne peut rester de place pour le doute".

Venant d'un des plus grands savants modernes, qui apportait à ses études psychiques un esprit aiguisé par la science, qui était de ce fait bien protégé contre toute duperie possible - un tel témoignage doit imposer le plus grand respect à tous ceux qui cherchent la vérité.

Ayant ainsi offert des preuves par induction, par déduction ou directes, nous pouvons ajouter que l'existence d'un autre monde intangible aux cinq sens, mais réellement étudié grâce à un "sixième sens", fait partie de la Nature, que nous le reconnaissions ou non, comme la lumière et la couleur existent tout autour de l'aveugle aussi bien que de celui qui voit. C'est une grande perte pour l'aveugle de ne pas voir lumière et couleur autour de lui; c'est la même perte pour nous, si nous sommes "aveugles" aux mondes hyperphysiques; mais pour tous ceux qui prendront la peine d'éveiller leurs facultés latentes, l'apparition du sens nécessaire n'est qu'une question de temps.

PAGE 40

Quand viendra ce temps, nous verrons que les soi-disant "morts" vivent autour de nous, et qu'en fait, "il n'y a pas de mort", comme le dit John Mac Creery dans ce beau poème:

"Il n'y a pas de mort.
Les étoiles se couchent
Pour se lever sur un autre rivage,
Et dans la brillante couronne de joyaux du ciel,
Elles brillent à jamais.

Il n'y a pas de mort.
Les feuilles des forêts
Convertissent en vie l'air inerte;
Les rocs se désagrègent pour nourrir
La mousse affamée qu'ils portent.

Il n'y a pas de mort.
La poussière foulée
Se changera, sous les averses de l'été,
En grain doré ou en fruit mûr,
Ou en fleur couleur d'arc-en-ciel.

Il n'y a pas de mort.
La feuille peut tomber
Et la fleur se faner,
Elles attendent seulement, dans les heures d'hiver
La douce et chaude brise de mai.

Il n'y a pas de mort, bien que nous soyons tristes,
Quand les belles formes familières
Que nous avons appris à aimer
Sont enlevées à nos bras serrés.

Bien qu'avec un coeur déférent et brisé,
En vêtement de deuil, d'un pas silencieux,
Nous portions au repos leur poussière insensible,
Et disons qu'elles sont mortes,

Il n'y a pas de mort. Elles ont seulement passé
Au-delà du brouillard qui nous aveugle ici,
Dans la vie nouvelle et plus large
D'une sphère plus sereine.

PAGE 41

Elles ont seulement laissé leur vêtement d'argile
Pour revêtir une robe de lumière,
Elles n'errent pas au loin,
Elles ne sont ni "perdues", ni "parties".

Bien qu'invisibles à nos yeux mortels
Elles sont ici et nous aiment encore;
Elles n'oublient jamais
Les êtres chers laissés derrière elles.

Quelquefois, sur nos fronts enfiévrés,
Nous les sentons comme une brise apaisant.
Notre esprit les voit et notre coeur
Se réconforte et se calme.

Oui, toujours près de nous, bien qu'invisibles,
Vont nos esprits chers et immortels,
Car tout l'Univers sans limite de Dieu
Est Vie - Il n'y a pas de "morts".

PAGE 42


Troisième Conférence

LA CLAIRVOYANCE ET LES MONDES SPIRITUELS

Dans la première conférence, nous avons vu que la seule théorie sur la vie qui supporte l'examen critique de la raison est la théorie d'après laquelle l'Ego humain est immortel; que la vie terrestre est une école, et que l'Ego soumis aux lois jumelles de la nature: lois de cause à effet et de renaissance, retourne à cette école vie après vie pour y apprendre ses leçons et progresser ainsi régulièrement vers le but de la Perfection.

La solution ci-dessus, de l'énigme de la vie, suscite naturellement cette question: "Si ceux que nous appelons les morts sont réellement vivants, pourquoi ne les voyons-nous pas, et où sont-ils?". A cette question nous avons répondu dans la seconde conférence; nous y avons montré par induction, par déduction et par des témoignages directs incontestables qu'il existe autour de nous un monde invisible habité par les soi-disant morts, qui vivent là en pleine possession de toutes leurs facultés; et que la seule raison qui nous empêche de les percevoir habituellement est que nous manquons du sens nécessaire. Les aveugles ne peuvent observer ni la lumière, ni les couleurs, parce qu'ils ne possèdent pas la vue physique.

PAGE 43

Nous sommes aveugles aux mondes spirituels parce que nous n'avons pas la vision spirituelle. Tous, nous possédons ce "sixième sens" à l'état latent, et il peut être éveillé chez tous, sans exception, par des méthodes appropriées (voir onzième conférence).

Aujourd'hui, nous étudierons les Mondes intérieurs; et il ne paraît pas inutile de donner une idée générale de la manière dont le clairvoyant apprend à connaître les Mondes invisibles, et de montrer l'étendue et les limites de la clairvoyance.

"Clairvoyant" est le nom que l'on donne à des personnes qui voient des objets invisibles à l'humanité ordinaire. Ce nom signifie seulement "qui voit clair"; et, contrairement à l'idée généralement acceptée, il y a différentes sortes de clairvoyants. Certains sont comme un prisonnier derrière une fenêtre munie de barreaux, qui peut voir tout ce qui occupe le champ limité de sa vision: l'étendue de celle-ci variera selon que le hasard place sa fenêtre en face d'une étroite cour de prison ou en face d'une large étendue de pays. Si de plus sa vue est arrêtée par un volet qu'il ne peut manoeuvrer, qui s'ouvre et se ferme indépendamment de sa volonté, il nous est facile de comprendre que ses observations sont de peu de valeur pour lui-même et pour les autres. Certains clairvoyants sont comme ce prisonnier: quand le volet est ouvert, ils voient tout ce qui se déroule dans la partie du monde intérieur qui leur est visible en un temps et un lieu donnés; ils ne peuvent s'empêcher de le voir, que la vision leur plaise ou non, ils doivent la supporter jusqu'à ce qu'elle disparaisse d'elle-même. Ces personnes sont appelées des clairvoyants négatifs, ou involontaires.

D'autres, bien que limités dans l'étendue de leur vision, peuvent commander le volet, qu'ils ouvrent et ferment à volonté, voyant tout ce qui vient à leur portée. Ils sont aussi négatifs, mais il sont capables de voir quand ils le veulent, et on les appelle clairvoyants volontaires.

PAGE 44

D'autres encore ont une faculté qui peut être comparée à l'état d'un prisonnier dont la prison est une maison de verre, située sur une colline et munie de télescopes de la plus grande puissance, abritée par des persiennes construites de manière à s'ouvrir dès qu'il les regarde et à se fermer dès qu'il s'en détourne; il aurait ainsi une maîtrise parfaite de sa vision et serait capable de voir ou non, et de tourner son regard vers tout sujet qu'il désirerait étudier: il serait ainsi un clairvoyant exercé.

Il est enfin un degré plus élevé où les portes de la prison sont ouvertes, et où l'homme est capable de quitter son corps dense à volonté, de se rendre dans les mondes invisibles et d'étudier de tout près les choses qu'il désire connaître. Quitter à volonté le corps dense est évidemment la méthode idéale, car alors l'homme n'est pas seulement un clairvoyant: il est un citoyen de deux ou plusieurs mondes. Ce degré n'est pas habituellement atteint par un simple chercheur, mais par des hommes qui ont fait le voeu de consacrer leurs vies au service de l'humanité. Ils sont dès lors appelés "Aides Invisibles", et travaillent sous la direction des grands Guides de l'humanité, nos Frères Aînés.


Alors que beaucoup de personnes commettent l'erreur d'être incrédules au sujet de l'existence des mondes hyperphysiques, d'autres par contre vont à l'autre extrême: lorsqu'ils sont convaincus de l'existence du monde invisible, ils pensent que lorsqu'on peut "voir" par clairvoyance, toute vérité est accessible à cette vision et qu'on peut d'emblée "tout connaître" des mondes supérieurs.

C'est là une grave erreur: la fausseté de cette idée est facile à comprendre par comparaison. Nous ne considérons pas qu'un homme né aveugle et rendu capable de voir va, de ce fait, aussitôt "tout connaître" du monde physique; bien plus, nous savons que, parmi nous, ceux mêmes qui ont eu leur vue pendant toute leur vie sont loin d'avoir une connaissance universelle de ce qui nous entoure.

PAGE 45

La logique et l'analogie sont violées si nous appliquons une telle supposition aux mondes intérieurs. En fait, aucun clairvoyant, si parfait soit-il, n'a la connaissance de tout ces mondes, mais connaît seulement ce qu'il y a étudié. Un aveugle qui a obtenu la vue doit apprendre à se servir de ses yeux pour évaluer les distances, par exemple; c'est aussi le cas de l'enfant. De même, le clairvoyant doit s'entraîner avant que sa faculté de voyance devienne de quelque valeur. Invariablement, plus les gens sont versés dans cet art, plus ils deviennent modestes dans leurs affirmations, et déférents pour les versions d'autrui: ils savent en effet combien l'inconnu est grand, se rendent compte que c'est une infime partie des multiples aspects d'un sujet qui peut être découverte par le chercheur isolé.

Par ailleurs, dans le monde physique, les formes sont stables et ne changent pas facilement, alors que dans les mondes intérieurs tout est animé du mouvement le plus intense: les formes changent avec facilité et d'une manière qui n'est que faiblement esquissée dans nos contes de fées. Il n'est point surprenant que des clairvoyants, involontaires, ou non exercés, mélangent souvent beaucoup de choses, mais il est étonnant qu'ils puissent parfois voir quelque chose d'exact. La formation du néophyte consiste à lui apprendre comment regarder au-delà de la forme, évanescente et illusoire, vers la vie, qui est la même quelle que soit la "forme" qu'elle puisse prendre. Car c'est seulement lorsque la "vie" peut être perçue que nous sommes à l'abri de l'illusion visuelle des formes.

Avant de procéder à l'étude des mondes invisibles, nous devons nous familiariser avec la conception rosicrucienne du monde physique, car elle diffère quelque peu des données généralement admises.


LA RÉGION CHIMIQUE DU MONDE PHYSIQUE

Dans la vie courante, nous faisons une distinction entre les solides, les liquides et les gaz. Tous sont groupés par la science en un certain nombre d'éléments inorganiques, comme l'hydrogène, l'azote, l'oxygène et le carbone. De ces éléments sont construites toutes les Formes.

PAGE 46

Nous distinguons aussi quatre règnes: minéral, végétal, animal et humain; mais cette distinction s'applique à quatre vague d'esprits évoluants selon des degrés variés de développement; elles se manifestent en tant que Vie, qui façonne les éléments chimiques en la multitude de Formes que nous voyons autour de nous.

Cette quadruple vague de vie est plus ou moins solidement rattachée aux formes qu'elle a construites, selon le degré de développement atteint par les différentes vagues d'esprits.

Les esprits qui composent la vague de vie minérale sont si faibles, et de ce fait si étroitement liés à la matière façonnée par eux en cristaux inorganiques, qu'ils semblent en être inséparables. Cette vague de vie est connue comme force chimique.

Les esprits de la vague de vie végétale assimilent les éléments chimiques cristallisés et transforment les cristaux en cristalloïdes en construisant leurs propres corps déjà plus complexes.

Ces formes végétales, absorbées à leur tour par les vagues de vie animale et humaine, sont groupées en cellules et organes dont l'ensemble compose les véhicules plus compliqués des deux règnes les plus élevés.

Alors que les trois vagues de vie les plus évoluées travaillent avec la matière chimique, la vie minérale enfouie en elle devient inerte ou, en un certain sens, elle meurt. Inversement, au moment où la vie végétale, la vie animale ou la vie humaine vient de quitter une forme, que nous disons "morte", la vie minérale naturelle de la matière chimique se trouve une fois de plus libre de s'affirmer: elle se manifeste alors dans les forces chimiques qui détruiront la forme et la résoudront en ses constituants originels.

Quelques savants attribuent une sensibilité aux minéraux, aux plantes "mortes" et aux tissus animaux "morts".

PAGE 47

Les observations de la science sont exactes, mais c'est une sérieuse erreur d'appeler "sensibilité" ce qui est simplement une réaction aux chocs, réaction due à la vie minérale qui anime toute forme lorsque celle-ci n'est pas propre à être utilisée par l'une des vagues de vie plus élevées. La vague de vie minérale incorporée dans le tissu qu'emploient les expérimentateurs scientifiques, enregistre simplement une impression; elle est incapable de sensibilité vraie, comme le plaisir ou la douleur, qualités de l'âme qui supposent nécessairement une conscience "intérieure" capable de "travailler sur" les impressions qu'elle a subies. Ceci est pour le moment au-delà des possibilités de la vie minérale; aussi toutes les formes en tant que vie minérale sont-elles aussi dénuées de sensibilité que les éléments chimiques dont elles sont composées. La science reconnaît ce fait lorsqu'elle affirme qu'il n'y a pas de sensation dans un doigt blessé, mais elle relègue contradictoirement la sensation de douleur dans le cerveau. La science occulte soutient que toute forme - cerveau, muscle ou os - est également dépourvue de sensibilité; car la sensibilité est un processus vital qui n'est pas inhérent aux solides, liquides ou gaz, et qui n'est pas non plus acquis par eux pendant le temps où ils sont utilisés par les vagues de vie en évolution, auxquelles ils fournissent les formes variées par lesquelles ces vagues s'expriment dans le monde physique visible.

Par conséquent, si l'homme ne possédait rien de plus que le corps dense, il serait aussi incapable de manifester la Vie que le sont les substances chimiques dont est composé ce corps. Et s'il n'existait que ce monde physique visible, il ne pourrait jamais y avoir d'autres formes que les cristaux inertes; les végétaux, les animaux et l'homme auraient été impossibles à réaliser dans la nature.


LA RÉGION ÉTHÉRIQUE DU MONDE PHYSIQUE

Les Rosicruciens, en harmonie avec d'autres écoles d'occultisme, divisent chaque monde en sept "régions" ou états de la matière.

PAGE 48

Notre monde visible ne comprend que trois de ces régions, à savoir: Solide, Liquide et Gazeuse. L'éther invisible occupe les quatre autres régions, et c'est par ce quadruple éther que commencent les recherches de la science occulte.

Ces quatre éthers constituent la Région Ethérique. L'éther est le facteur au moyen duquel l'énergie solaire se répand dans les corps denses du végétal, de l'animal et de l'homme; il constitue donc une base pour la manifestation de la vie et de la vitalité. Les noms et les fonctions propres de ces quatre états de l'éther, en commençant par le bas, sont les suivants:

1 - L'Ether Chimique est le milieu dans lequel opèrent les forces chimiques qui déterminent la formation des cristaux; ces forces se manifestent, en tant qu'amour et haine entre les atomes, l' "affinité élective" dont parlait Goethe, grâce à laquelle l'alcool et l'eau se mêlent facilement, alors que l'huile et l'eau refusent de s'unir. D'autres forces se manifestent dans cet éther et servent à l'assimilation, la croissance et l'excrétion, comme nous le voyons dans les règnes plus élevés du végétal, de l'animal et de l'homme. L'éther chimique est seul actif dans les éléments chimiques minéraux à l'état natif.

2 - L'Ether-Vie - Un poisson peut vivre et se mouvoir dans l'eau; l'animal et l'homme en sont incapables, ils vivent dans l'air qui asphyxie le poisson. Ainsi, chaque milieu de la nature sert à la manifestation d'intelligences diversement constituées, ayant atteint des degrés de développement variés, et chargées de missions différentes dans l'économie de la nature. Alors que les forces opérant dans l'éther chimique ont seulement pour but le maintien de la forme isolée, l'éther vie est le terrain d'élection des forces de reproduction qui ont pour objectif la perpétuation de l'espèce. Il est donc actif dans la végétal, l'animal et l'homme.

3 - L'Ether-Lumière est le milieu dans lequel opèrent les forces qui produisent la chaleur, le mouvement et la circulation du sans dans l'animal et l'homme, ainsi que celle de la sève dans les plantes. Grâce à lui, la chlorophylle se dépose sur les feuilles, et il est la cause de la coloration dans les fleurs, l'animal et l'homme.

PAGE 49

C'est par lui que pénètre la force solaire qui construit l'oeil, organe de la vue. Les forces de cet éther n'opèrent que partiellement dans le végétal, mais pleinement dans l'animal et l'homme.

4 - L'Ether Réflecteur est la substance de la région la plus élevée du monde physique, et les images ou les archives de tout ce qui est ou a jamais été dans le monde physique peuvent y être retrouvées. C'est pourquoi nous disons qu'il contient la "mémoire de la nature". C'est là que l'idée de l'architecte imaginant une maison dont nous avons parlé dans la deuxième causerie, peut être retrouvée à n'importe quel moment, qu'il soit mort ou vivant. Mais l'éther réflecteur mérite son nom pour plus d'une raison: en effet, les images qu'on y trouve, quoiqu'elles reproduisent des objets situés dans le monde physique, ne sont pourtant que le reflet d'images d'un monde beaucoup plus élevé, où les archives sont permanente, beaucoup plus claires et précises. Ces archives de l'éther réflecteur sont les seules que puissent lire les clairvoyants involontaires et les psychomètres qui n'ont pas la faculté de choisir, bien qu'ils aient pu entendre parler d'archives plus élevées. Parfois l'élève en science occulte consulte également les archives de l'éther réflecteur lorsqu'il commence à étudier les mondes invisibles; mais il a été instruit de leur étendue limitée, et ne saurait faire l'erreur de penser qu'elles constituent le comble de la perfection; un temps viendra où l'élève apprendra à utiliser des archives plus élevées.

Cet éther réflecteur est l'une des plus importantes régions de la nature; Il est la voie d'accès par laquelle l'Ego agit sur le cerveau et le système nerveux et commande son corps dense; et c'est dans cet éther que l'Ego de l'homme enregistre ses expériences, ce que nous appelons la mémoire.

La science enseigne que, dans le solide le plus dense comme dans le gaz le plus raréfié, il n'y a pas deux atomes en contact, mais que tous flottent en réalité dans un océan d'éther. Ce fait est bien exact, mais ce n'est pas tout, car autrement, il serait impossible d'expliquer logiquement la différence entre les quatre règnes.

PAGE 50

Nous savons que pour agir dans le monde visible, il est nécessaire d'avoir un corps dense. Sans un tel corps, nous serions des "fantômes" invisibles pour d'autres êtres physiques.

Il en est de même dans les autres mondes. Pour fonctionner dans ces mondes ou exprimer leurs qualités particulières, nous devons d'abord posséder un véhicule fait de leurs matériaux; de même qu'il nous faut posséder un corps dense avant de pouvoir agir dans le monde physique, de même il nous faut un corps vital avant que nous puissions exprimer la vie, assimiler, croître ou nous reproduire. La vague de vie minérale actuellement incorporée dans la matière de la région chimique n'a pas de corps vital séparé. Le végétal, l'animal et l'homme ont des corps vitaux; mais ceux-ci sont aussi différents de construction que leurs corps denses respectifs, et varient quant à la qualité, la quantité et l'organisation de la matière éthérique qui les compose.

Et pourtant, même la possession d'un corps dense et d'un corps vital n'est pas suffisante pour expliquer tous les faits de la vie. S'il n'y avait pas d'autres mondes dans la nature, le mouvement chez les être humains et les animaux serait une chose impossible; et même si ceux-ci avaient été créés avec le pouvoir de se mouvoir, l'incitation au mouvement et à l'action leur manquerait. La science occulte constate que l'action a son commencement dans le Monde du Désir.

LE MONDE DU DÉSIR

Tout comme le monde physique, ce monde est composé de sept régions qui divisent la matière selon sa densité relative et ses autres qualités

Quand nous parlons de la matière de ce monde, il s'agit d'une substance très différente de celle du monde physique. La différence est très difficile à décrire, parce que tous nos termes sont forgés par rapport au monde des sens; le mieux que l'on puisse faire est d'en donner une faible idée en utilisant des comparaisons.

PAGE 51

En premier lieu, bien que la matière désir soit d'un degré moindre de densité que celle de la matière physique, elle n'est en aucune façon de la matière physique "plus subtile". Il est exact que l'atome ultime de toutes les formes physiques est le même; que la montagne, la pâquerette, la souris et l'homme sont tous construits avec le même genre d'atomes; cependant nous ne disons pas que la souris est un degré "plus fin" de montagne. De même ordre est la différence entre les densités relatives des deux espèces de matière, différence qui soumet l'une à des lois inopérantes pour l'autre.

La matière-désir est particulièrement caractérisée par la facilité avec laquelle elle se modèle en différentes formes, capables de se transformer d'une forme en une autre. Plasticité est un terme beaucoup trop insuffisant pour désigner cette qualité; par ailleurs, la matière-désir est aussi une incorporation de la lumière et de la couleur; sa luminosité est telle, ses teintes tellement scintillantes et chatoyantes, que nos plus brillantes couleurs et nos plus glorieux couchers de soleil paraissent sombres et tristes par comparaison. C'est cette luminosité éblouissante qui la faisait désigner par les alchimistes du moyen âge comme "astrale", ou "stellaire", bien qu'elle n'ait aucun rapport avec les étoiles. On peut avoir une faible idée de ce à quoi elle ressemble, en prenant une coquille nacrée et en observant le jeu changeant des couleurs pendant qu'on la tourne vers le soleil.

Pour avoir une compréhension raisonnable du monde du désir, il faut bien se rappeler qu'il est le monde des sentiments, des désirs, des souhaits et des émotions. De même que nos os, notre sang et notre chair sont formés de matière chimique, ainsi nos désirs et nos émotions sont formés de la matière du monde du désir; et de même que nos corps denses sont soumis à la pesanteur et aux autres lois physiques, ainsi nos désirs et autres sentiments sont dominés par l'Attraction et la Répulsion, les deux grandes forces du monde du désir.

PAGE 52

La Répulsion est la force prédominante dans les trois régions inférieures ou plus denses. L'Attraction règne seule dans les trois régions supérieures où la matière est plus raréfiée, mais elle est aussi présente jusqu'à un certain point dans les trois régions inférieures, où elle s'oppose à la force de Répulsion.

La région centrale est la région des "Sentiments". Là, l' "Intérêt" ou l' "Indifférence" pour un objet ou une idée fait pencher la balance en faveur de l'une des deux forces d'attraction ou de répulsion, reléguant ainsi l'objet ou l'idée qui a engendré le sentiment dans les trois régions supérieures ou les trois régions inférieures, ou bien, selon le cas, l'écartant de nos vies. Un exemple fera saisir le principe, et montrera comment ces "sentiments jumeaux" sont les ressorts principaux qui animent le monde au moyen des "forces jumelles".

L'animal et l'homme ont tous deux un corps du désir et sont également animés par les sentiments jumeaux et les forces jumelles. Une tigresse dans la jungle passera près d'un morceau de pain avec indifférence, mais sera intéressée par son possesseur. Son intérêt éveillera la force d'attraction, et pourtant elle cherchera à le tuer. L'acte de destruction n'est cependant ni la fin ni le but, mais seulement un pas nécessaire vers l'assimilation. Si la tigresse épie un autre animal de proie qui a des visées sur ce qu'elle considère comme son butin, elle y prendra également intérêt; mais dans ce cas le sentiment d'intérêt éveillera la force de répulsion; et si un combat s'ensuit, la destruction de son adversaire sera une fin en elle-même. Dans le cas ci-dessus, et dans les cas où les désirs animaux de l'homme sont en jeu, les forces jumelles et les sentiments jumeaux agissent de même. Mais il a une différence dans la composition des corps du désir de l'homme ou de l'animal.

Le corps du désir d'un animal est composé seulement de matière des quatre régions inférieures du Monde du Désir; aussi n'est-il capable d'éprouver que les désirs animaux de se nourrir, de s'abriter, etc. Un saint éprouverait le plus vif remord d'avoir par inadvertance dit un mot trop vif; la tigresse n'est pas troublée par le sens du mal, bien qu'elle tue chaque jour.

PAGE 53

Mais le corps du désir de l'homme est composé de la matière de l'ensemble des sept régions du Monde du Désir, ce qui le rend capable de sentiments plus élevés que l'animal.

Un autre exemple éclaircira ce point. Trois hommes marchent le long d'une route; ils trouvent un chien malade, couvert de plaies, souffrant visiblement de douleurs intenses et mourant de faim. Tout cela est évident pour les trois hommes: c'est le témoignage de leurs sens.

Puis se développe le "sentiment": l'un reste "indifférent" pour l'animal et s'éloigne sans plus le regarder, laissant le chien à son sort. Il n'en va pas de même pour les autres; tous deux se sont intéressés et s'arrêtent: mais ce sentiment d'intérêt se manifeste différemment chez les deux hommes.

L'intérêt de l'un des hommes est de nature sympathique et secourable, et le pousse à s'occuper de la pauvre bête, à s'efforcer d'apaiser ses souffrances et de la soigner pour la guérir: en lui, le "sentiments d'intérêt" a éveillé la force d' "attraction".

L'intérêt de l'autre homme est de nature opposée. Il ne voit qu'un objet repoussant, qui offense son sens de l'esthétique, et il souhaite débarrasser lui-même et le monde d'un tel fléau aussi vite que possible; il est d'avis de tuer l'animal sur-le-champ et de l'enterrer. En lui, le "sentiment d'intérêt" a produit la force destructrice de "répulsion".

Nous voyons donc que l'action ou le fait de s'en abstenir (qui est une action négative) sont dus aux deux sentiments jumeaux: - l'intérêt, qui met en mouvement les deux formes jumelles d'Attraction et de Répulsion; - ou d'indifférence qui simplement nous coupe et nous éloigne de l'objet ou de l'idée contre lesquels elle est dirigée. Si notre intérêt pour un objet ou une idée engendre la répulsion, cela nous détermine évidemment à nous efforcer de les rejeter de nos vies; mais, comme l'ont montré nos exemples, il y a une très grande différence entre la force de répulsion et le sentiment d'indifférence.

PAGE 54

En résumé, nous voyons que le corps dense formé de la substance inerte de la région chimique, animé et vivifié par le corps vital composé des éthers de la région éthérique, reçoit du corps du désir l'incitation à agir, incitation que les animaux suivent totalement, mais qui chez l'homme est freinée par un autre facteur; la raison, qui le détermine parfois à agir contre son désir. S'il n'y avait pas dans la nature d'autres mondes que le monde physique et le monde du désir, ce facteur ne saurait exister; nous aurions le minéral, le végétal et l'animal, mais l'homme, être pensant et doué de raison, serait une impossibilité dans la nature.

LE MONDE DE LA PENSÉE

Le Monde de la Pensée doit être pris en considération pour expliquer la condition de l'homme. Car de sa substance est formé l'intellect, destiné à agir comme un frein sur les impulsions du corps du désir; il nous dicte des actes contraires aux impulsions des sentiments jumeaux, grâce à un point de vue plus large auquel nous arrivons par la raison.

Le Monde de la Pensée comprend également sept régions dans lesquelles la matière est classée selon sa densité et sa qualité. Il est en outre divisé en deux parties principales: la "Région de la Pensée Concrète" et la "Région de la Pensée Abstraite".

Dans les trois subdivisions inférieures (région de la pensée concrète) sont les Archétypes de tout ce que nous voyons dans le monde physique, les minéraux, les végétaux, les animaux et l'homme, les continents, les rivières et les océans. Et c'est là que le clairvoyant exercé, dont les facultés lui permettent d'atteindre ces plans élevés, voit aussi l'océan universel de la vie qui s'écoule, dans lequel sont immergées toutes les formes; il voit aussi que la même impulsion vitale va de forme en forme en cycles rythmiques, pour animer les formes spécialisées par l'Ego de l'homme ou par l'esprit-groupe animal ou végétal.

PAGE 55

Ces Archétypes ne sont pas de simples modèles dans le sens où nous parlons généralement de modèles, comme d'une chose en miniature ou faite d'un matériau plus fin: ce sont des archétypes créateurs, modelant toutes les Formes visibles (comme celles que nous voyons dans le monde) à leur propre ressemblance, ou plutôt ressemblances, car souvent plusieurs archétypes travaillent ensemble pour former une certaine espèce, chaque archétype donnant une partie de lui-même pour construire la forme requise. Ils sont commandés et dirigés par les "Forces Archétypales" que l'on trouve dans la quatrième subdivision. De la substance des quatre subdivisions inférieures est formé notre intellect, qui rend l'homme capable, lui aussi, de former des pensées et de créer des images qu'il pourra ensuite reproduire en fer, en pierre ou en bois; ainsi, à l'aide du mental qu'il tire de ce monde de la pensée, l'homme devient, comme les forces archétypales, un créateur dans le monde physique.

Mais qui dirige l'intellect, comme les forces archétypales guident les opérations des archétypes? C'est l'Ego qui forme son revêtement dans la matière des trois sections les plus élevées, lesquelles portent le nom de Région de la Pensée et des Idées Abstraites.



Nous voyons donc que l'homme est un être très complexe, et un citoyen de trois mondes, avec lesquels il entre en relation par une chaîne ininterrompue de cinq véhicules; ceux-ci lui donnent une conscience pleinement éveillée qui le rend capable de voir les objets dans l'espace autour de lui en contours clairs et bien définis.

L'animal n'a pas encore d'esprit "individuel" mais il est relié à un "esprit-groupe" qui anime tous les membres d'une même espèce. Pris isolément, les animaux ont trois corps - dense, vital et du désir - mais il leur manque un anneau de la chaîne: l'intellect.

PAGE 56

Par conséquent, les animaux ne pensent pas; toutefois, de même que nous produisons "par induction" de l'électricité dans un fil en l'approchant d'un autre fil chargé, ainsi par un procédé analogue, le contact de l'homme a produit "par induction" un semblant de pensée chez les animaux domestiques les plus élevés, comme le chien, le cheval ou l'éléphant. Les autres animaux obéissent aux suggestions (que nous appelons l'instinct) de l'esprit-groupe animal. Ils ne voient pas les objets avec des contours aussi nets que peut les voir l'homme; dans les espèces inférieures, la conscience animale se fond de plus en plus en une conscience intérieure d'images qui ressemble à l'état de rêve chez l'homme, sauf que ces images ne sont pas confuses, mais apportent parfaitement à l'animal les suggestions de l'esprit-groupe.

Les plantes ont un corps dense et un corps vital; elles ne peuvent donc avoir ni sentiment ni pensée. Elles n'ont ni corps du désir, ni intellect; il existe donc un plus grand intervalle entre la plante et son esprit-groupe, qu'entre l'animal et son esprit-groupe; ainsi la conscience des plantes est plus confuse et ressemble à notre sommeil sans rêves.

Le minéral n'a qu'un corps dense; il lui manque trois chaînons pour le lier à son esprit-groupe. C'est pourquoi il est inerte, et son inconscience ressemble à celle du corps physique humain en état de léthargie, quand l'esprit humain, l'Ego, en est sorti.



Comme conclusion, notons que les trois mondes dans lesquels nous vivons ne sont pas séparés par l'espace. Ils sont tous autour de nous, comme la lumière et la couleur, contenus dans la matière physique, comme les lignes de clivage dans le minerai. Si nous faisons geler de l'eau dans un récipient et l'examinons au microscope, nous y voyons les cristaux de glace séparés les uns des autres par des lignes. Celles-ci, bien que non perçues par la vue, étaient présentes dans l'eau en tant que lignes de force, invisibles jusqu'à ce que les conditions nécessaires les mettent en évidence.

PAGE 57

Ainsi, chaque monde est contenu dans le monde qui est au-dessus de lui, invisible pour nous jusqu'à ce que nous ayons réalisé les conditions nécessaires. Mais lorsque nous sommes prêts, la Nature, toujours disposée à dévoiler pour nous ses merveilles, répand une ardente joie sur tout homme qui, aidant à l'évolution, acquiert ainsi droit de cité dans les mondes invisibles.

PAGE 58

Quatrième Conférence

SOMMEIL, RÊVES, HYPNOTISME, MÉDIUMNITÉ ET DÉMENCE

Nous avons vu que l'homme est un organisme très complexe; il comprend:

1) le Corps Dense ou Physique, qui est son instrument dans l'action,
2) le Corps Vital, source de "vitalité" qui rend l'action possible,
3) le Corps du Désir ou corps émotionnel, d'où vient le Désir, et qui commande l'action,
4) le Mental ou Intellect, frein pour les impulsions, qui donne un but à l'action,
5) l'Ego, qui agit et recueille ensuite l'expérience tirée de l'action.

Le but de la vie est de transformer les pouvoirs latents de l'Ego en énergie dynamique, grâce à laquelle il pourra diriger parfaitement ses différents véhicules et agir comme il LUI plaît. Nous savons que l'Ego n'a pas actuellement pleine autorité; sinon il n'y aurait pas dans nos coeurs de conflit entre l'esprit et la chair comme nous disons - mais nous devrions dire, en réalité, entre l'esprit et le corps du désir.

PAGE 59

C'est ce conflit qui développe le muscle spirituel, comme la lutte développe les muscles physiques. Il est aisé de commander aux autres de faire ceci ou cela; mais faire observer l'obéissance à soi-même est la tâche la plus ardue qui soit, et l'on a pu dire avec raison que "l'homme qui se conquiert lui-même est plus grand que celui qui s'empare d'une ville". Goethe, le grand poète initié, nous en donne la raison dans ces lignes:

"De chaque pouvoir qui tient le monde enchaîné
L'homme se délivre par la maîtrise de soi".

Un tel être est au-dessus de toutes les lois, qu'elles soient faites par l'homme ou par Dieu, non qu'il les puisse violer, loin de là, mais précisément pour la raison opposée: sa parfaite obéissance à ces lois les rend en effet toutes aussi superflues pour lui que la loi "Tu ne déroberas point" pour celui qui a appris à respecter les droits de propriété d'autrui.

Le péché, ou action contraire à la volonté de Dieu ou aux lois de la nature, existait avant la Loi; et Saint Paul apprécie justement l'action bénéfique de cette dernière lorsqu'il dit: "La Loi a été notre pédagogue pour nous conduire au Christ" (Galates 3:24) car sans la Loi nous n'aurions pas connu le péché.

Chaque fois que nous contrevenons à une des lois de la nature, cette transgression, en tant que cause, a comme effet un châtiment correspondant. Si nous mangeons trop, ou mangeons mal, une indigestion peut en résulter; ou bien, si le mal causé est plus sérieux, il peut être nécessaire pour la nature de le consumer sur le plan physique, au moyen d'un accès de fièvre. Si nous péchons contre les lois de la morale, notre action entraîne l'ostracisme social, et c'est ainsi que le mal sur le plan moral apporte son châtiment. Mais l'homme qui use indignement de ses pouvoirs mentaux est le plus mauvais aussi bien que le plus dangereux; car le gourmand peut être par ailleurs une personne extrêmement respectable et aimable, qui ne fait pratiquement de mal qu'à elle-même. La personne immorale, le querelleur et le bavard médisant sont des calamités pour les autres.

PAGE 60

On peut cependant les éviter et les fuir, aussi les dangers du contact avec eux peuvent-ils au moins être diminués. Il arrive d'ailleurs, parfois, qu'ils se repentent et se réforment.

Mais le mal le plus perfide est celui que fait l'hypnotiseur sur le plan mental; là un homme sous les apparences d'une respectabilité parfaite, souvent sous le manteau de la bienveillance, peut flétrir les vies des autres, plier leurs volontés à ses propres fins, et pourtant rester apparemment irréprochable lui-même, et même être considéré comme un ami ou un bienfaiteur par ses victimes. Ainsi, sans risque d'être découvert, il arrive à ses fins, qu'il s'agisse d'argent ou d'un profit personnel quelconque.

La transgression qu'il commet ainsi est rarement punie dans la vie même où elle a été commise; mais souvent, dans les vies ultérieures, elle trouve son expiation dans l'idiotie congénitale; il n'a même pas la chance du repentir ou du pardon que peut apporter, dans les cas ordinaires, le mal commis envers autrui lorsque la réforme de l'individu accompagne son repentir. Le crime de l'hypnotiseur volontaire est en fait une phase de ce que la Bible décrit comme "le péché contre le Saint-Esprit", le mal spirituel, le plus grand danger de la Société.

Le Saint-Esprit est le principe créateur dans la nature, et la force créatrice de l'homme est son expression directe. La même force s'exprime à travers les organes générateurs pour créer un corps nouveau, et à travers le cerveau pour créer des pensées nouvelles, qui se concrétisent ensuite en "objets".

Lorsqu'une personne est la victime d'un hypnotiseur, elle cesse d'être son propre maître et perd sa faculté de pensée indépendante, étant sous l'emprise des suggestions de l'hypnotiseur, lesquelles sont en réalité des ordres, car la victime n'a pas à choisir, mais doit obéir. C'est pourquoi, comme l'hypnotiseur intervient dans les facultés créatrices de pensée de sa victime, facultés qui sont l'expression directe du Saint-Esprit, il commet le péché contre le Saint-Esprit.

PAGE 61

L'ÉTAT DE VEILLE

Pour donner du relief aux descriptions des conditions anormales existant dans les rêves, la léthargie, l'hypnotisme, la médiumnité, l'obsession et la démence, nous commencerons par expliquer la condition de l'homme dans les états normaux de veille et de sommeil, considérés du point de vue de la science occulte.

Dans l'état de veille, tous les véhicules de l'homme sont confinés dans le même espace. De même que les os, les muscles et les différents liquides du corps sont enfermés dans la peau, de même tous les corps de l'homme sont réunis à l'intérieur d'un nuage ovoïde, qui dépasse la tête, les pieds et fait tout le tour du corps visible. Quelle que soit la position prise par le corps dense, il est toujours au centre de cet aura, comme le jaune au centre de l'oeuf. L'aura entoure le corps dense de l'homme comme le blanc de l'oeuf entoure le jaune. Mais ce n'est pas tout: cette aura composée des véhicules plus ténus de l'homme, non seulement entoure le corps dense, mais encore interpénètre chacune de ses particules, d'une manière semblable à celle dont le sang pénètre le corps dense tout entier.

Nous voyons que ces véhicules sont, comme on dit, plus proches de nous que nos mains et nos pieds; et, bien qu'aussi invisibles que notre souffle, ils ne sont ni moins réels, ni moins nécessaires. Pendant la vie, l'homme ne peut ordinairement pas les séparer; et s'ils ne sont pas tous réunis, il ne peut ni bouger, ni agir comme dans la vie quotidienne ordinaire.

Pendant l'état de veille, il y a une lutte incessante entre le corps vital et le corps du désir. Les désirs et les impulsions du corps du désir agitent continuellement le corps dense, le poussant à l'action, quel que soit le dommage qui peut en résulter pour ce dernier instrument, pourvu que le désir soit satisfait. En effet, c'est le véhicule du désir qui pousse l'ivrogne à remplir d'alcool son organisme; ainsi la combustion chimique qui en résulte peut élever les vibrations du corps dense à un degré suffisant pour en faire l'instrument consentant des impulsions les plus folles, dépensant avec une inconsciente prodigalité son énergie accumulée.

PAGE 62

Le corps vital, d'autre part, n'a pas d'autre intérêt que la préservation du véhicule physique. Au moyen de la rate, il spécialise l'énergie solaire incolore dont l'espace est imprégné, et par un processus chimique mystérieux la transforme en un fluide vital d'une belle couleur rose pâle qu'il envoie le long de tous les nerfs et de toutes les fibres du corps. Le corps vital cherche toujours à ménager l'énergie qu'il a accumulée dans le corps dense. Il est constamment occupé à reconstruire les tissus affaiblis ou détruits par les assauts puissants du corps du désir dominateur.

Ce "fluide vital" a une fonction semblable à celle de l'électricité dans un système télégraphique; même quand un tel système est construit, avec les fils reliant les différentes stations, et les opérateurs à leurs postes, il ne fonctionne pas avant que l'électricité ne l'anime. De même, le corps dense est inutilisable tant que les nerfs ne sont pas parcourus par ce fluide vital. Quand celui-ci fait plus ou moins défaut, nous disons que les parties du corps affectées sont paralysées. Nous notons l'effet, mais nous n'en voyons pas la cause dans le monde matériel.

Nous avons dans notre corps deux systèmes nerveux, le "volontaire" et l' "involontaire". Le premier est directement conduit par le corps du désir; il gouverne les mouvements du corps, tend à affaiblir et détruire, et n'est que partiellement retenu par le mental dans son travail sans merci. Le système nerveux involontaire (le Sympathique) a son terrain d'élection particulier dans le corps vital; il gouverne les organes digestifs et respiratoires, qui reconstruisent et régénèrent le corps dense.

C'est cette lutte entre le corps vital et le corps du désir qui produit la conscience dans le monde physique. Mais si le mental n'agissait pas comme un frein sur le corps du désir, nos heures de veille seraient très courtes, ainsi que nos vies; en effet, le bienfaisant corps vital serait vite écrasé par le corps du désir, comme le montre par exemple l'épuisement qui suit un accès de colère, car la colère est un état dans lequel l'homme a "perdu la maîtrise de soi" et où le corps du désir gouverne sans frein.


PAGE 63

SOMMEIL ET TRANSE NATURELLE

En dépit de tous ses efforts, cependant, le corps vital perd lentement du terrain au cours de la journée; les poisons des tissus qui s'usent s'accumulent et entravent le cours du fluide vital, dont l'influx devient de plus en plus lent. De ce fait, le corps visible montre des signes d'épuisement. Enfin le corps vital s'affaisse; le fluide vital cesse de couler le long des nerfs en quantité suffisante pour maintenir l'équilibre du corps dense, ce qui le rend inconscient, et par là même impropre à son utilisation par l'esprit: c'est le sommeil.

Beaucoup de gens croient que le sommeil est un état passif ou négatif. Rien n'est plus inexact; si tel était le cas, le corps s'éveillerait aussi fatigué que lorsqu'il s'est endormi, ou plutôt il ne s'éveillerait jamais: en effet, c'est le manque de fluide vital (dû au blocage par les poisons et déchets), qui l'a poussé au sommeil; et si le seul effet de celui-ci était un arrêt purement négatif de la déperdition d'énergie, tout resterait dans le statu quo et le corps continuerait à dormir. Ces conditions sont parfois réalisées et peuvent durer des semaines et même des mois: on dit alors que le dormeur est dans le coma. Pour que cet état puisse durer quelque temps et n'aboutisse pas à la mort, il faut que les fonctions du corps vital ne soient pas entièrement suspendues, et qu'il conserve un certain degré de digestion.

Qu'est-ce donc qui fait du sommeil un processus de restauration? Le mot même de "restauration" implique un état d'activité. Si un bâtiment doit être réparé, il est nécessaire d'évacuer ses occupants et de faire cesser toute utilisation. Mais ce n'est pas assez: il faut amener des ouvriers pour réparer les dommages; c'est seulement quand ce travail a été fait que la réparation est complète, et que le bâtiment est prêt à être réoccupé par ses habitants.

PAGE 64

Il en est de même pour le temple de l'Ego, notre corps dense, lorsqu'il est épuisé. Il est alors nécessaire que Ego, intellect et corps du désir le quittent, donnant pleinement autorité au corps vital pour rétablir le dynamisme du corps dense. Quand celui-ci s'endort, il y a donc une séparation: l'Ego et le mental, revêtus du corps du désir, se retirent du corps vital et du corps dense. Ces deux derniers restent sur le lit, tandis que les véhicules supérieurs planent au-dessus ou auprès du corps endormi.

Le processus de restauration commence alors. Dans une bataille, les blessures ne sont jamais toutes du même côté: le vainqueur aussi subit quelques dommages. Plus la bataille est ardente, et plus la valeur des combattants en présence est égale, plus il y a de dommages pour chacun. Dans le combat entre le corps vital et le corps du désir, le corps du désir l'emporte chaque fois, cependant sa victoire est toujours une défaite, car il est alors forcé d'abandonner à la fois le champ de bataille et l'enjeu, le corps dense, aux mains du corps vital vaincu et de se retirer pour rétablir sa propre harmonie détruite.

Quand il se retire du corps endormi, il entre dans cet océan de force et d'harmonie qui s'appelle le Monde du Désir. Là, il passe en revue les scènes de la journée, mais en ordre inverse, des effets vers les causes; il redresse les incohérences de la journée et forme des images vraies, pour remplacer les impressions fausses dues aux limitations de la vie dans le corps dense. Les harmonies du monde du désir le pénètrent, la sagesse et la vérité remplacent l'erreur: il retrouve ainsi son rythme et sa tonalité. Quant au temps nécessaire pour le restaurer, il varie selon le degré d'illusion, d'impulsivité et d'ardeur atteint par la vie pendant la journée.

Alors, et alors seulement, commence le travail de restauration des véhicules laissés sur le lit. Le corps du désir restauré commence à revivifier le corps vital, lui infusant de l'énergie rythmique; celle-ci à son tour se met à travailler sur le corps dense, éliminant les déchets, principalement au moyen du système sympathique.

PAGE 65

Il en résulte que le corps dense est régénéré et débordant de vie lorsque corps du désir, mental et Ego y rentrent le matin et l'obligent à s'éveiller.

R Ê V E S

Parfois, cependant, nous avons été si absorbés et intéressés par les affaires du jour que, même après que le corps vital s'est affaissé et a rendu le corps dense inconscient, nous ne pouvons nous décider à le quitter et à commencer le travail de restauration; le corps du désir s'accroche, n'est expulsé qu'à moitié par l'Ego et se met à ressasser les évènements de la journée dans cette position.

C'est là évidemment une condition anormale. La liaison correcte entre les différents véhicules est rompue en premier lieu par l'affaissement du corps vital, puis elle est troublée par les positions relatives inhabituelles des véhicules supérieurs, ce qui a partiellement coupé les liaisons entre leurs centres sensoriels respectifs. Le résultat inévitable est l'apparition de ces rêves confus où les sons et les visions du monde du désir sont mêlés aux évènements de la vie journalière de la manière la plus grotesque et la plus impossible.

Parfois quelque chose dans la vie journalière a particulièrement agité le corps du désir. Au moment où, ayant relâché sa liaison avec les autres véhicules et commencé son travail de régénération, il voit apparaître un incident critique de la journée, il en perçoit nettement la solution: il rentre alors précipitamment dans le corps dense, pour fixer l'idée sur le cerveau, réveillant ainsi le corps en sursaut. Bien rares sont les cas où le corps du désir est capable de rapporter du monde du désir la solution qui était si claire; même s'il réussit à fixer la solution sur le cerveau, elle est habituellement oubliée au matin.

PAGE 66

La connaissance de ce fait a déterminé bien des personnes à garder près de leur lit papier, crayon et lumière; et elles sont souvent récompensées en trouvant le matin des solutions écrites à leurs problèmes, sans même se souvenir d'avoir écrit. C'est une bonne idée à suivre.

Dans de telles conditions, où la séparation entre les véhicules n'est pas complète, il est évident que l'usure continue et empêche la restauration; dans les cas extrêmes, le corps dense s'agite sur le lit, et il en résulte une sensation de fatigue le matin, due à l'imparfaite séparation des véhicules, qui produit les rêves et rend le sommeil agité.

Tous les rêves ne sont pas confus, cependant. Tels, par exemple, ceux qui apportent des solutions logiques aux problèmes de la vie, ou nous avertissent prophétiquement d'un danger menaçant, ce qui souvent nous permet d'éviter ou de détourner un désastre. De tels rêves se produisent généralement juste avant le réveil, et seulement lorsque la séparation des véhicules a été complète antérieurement au réveil, seul cas où un rêve peut être logique: il s'agit alors simplement du fait que la connaissance du désastre menaçant, vu par l'Ego dans le monde du désir, est transmise avec succès au cerveau. Il est d'un grand secours pour favoriser de telles fixations dans la nuit qui vient, de nous concentrer jusqu'au bout en nous endormant sur cette pensée: "Je veux savoir ce qui concerne tel ou tel problème, et je m'en souviendrai au matin". Si c'est là notre dernière pensée au moment de nous endormir, elle nous procurera le souvenir de la solution obtenue.

Le temps nous manque pour donner, au cours d'une conférence, des exemples démontrant la valeur des rêves. D'ailleurs la presse quotidienne est remplie d'exemples de gens l'ayant providentiellement échappé belle grâce à des rêves prémonitoires. Les archives de la Société pour les Recherches Psychiques contiennent de nombreux témoignages, et quiconque recherche des preuves n'aura aucune peine à en trouver.


PAGE 67


H Y P N O T I S M E

Ce qui caractérise les corps invisibles de l'homme, c'est qu'ils subissent l'action de la "volonté". Toute impulsion à l'action qui vient de l'intérieur prend son origine dans la volonté de l'homme lui-même, alors que les incitations à l'action provenant de sources extérieures, communément appelées "circonstances" ont leur origine dans la volonté des autres. La différence entre l'homme de caractère fort, bon ou mauvais, et l'homme faible, est que le premier est mû par sa propre volonté, agissant de l'intérieur, ce qui le rend capable de faire son chemin comme il le veut, indifférent aux circonstances.

Inversement, l'être faible, sans volonté, est le jouet impuissant des circonstances, dominé par la volonté des autres et flottant à la dérive de la vie.

Diriger les autres par l'exercice de son pouvoir de volonté est une attaque mentale, encore plus répréhensible qu'une attaque sur le plan physique. C'est cette attaque mentale qu'on appelle l' "hypnotisme", et elle est graduée dans ses effets exactement comme le sont les attaques physiques. Un homme solide peut administrer une tape amicale à un autre pour lui faire faire ce qu'il désire, ou peut au contraire le frapper jusqu'à lui faire perdre connaissance. Le courtier hypnotiseur emploie juste assez de force pour faire acheter au client un article trop cher pour lui ou qu'il ne désire pas, et ensuite il s'illusionne lui-même en appelant cela des affaires légitimes.

Aussi déloyal et fréquent que soit ce procédé, du moins n'est-il pas suivi des effets qui accompagnent la mise en sommeil hypnotique de certains "sujets". L'énormité de ce crime ne peut être comprise que si l'on connaît son effet sur les corps invisibles du sujet.

Aucune personne de volonté puissante ne peut être dominée par un hypnotiseur au point d'être endormie, et nul ne peut être dominé s'il garde une attitude mentale positive; c'est pourquoi la victime qui ne soupçonne rien est d'abord priée de rester parfaitement passive et désireuse d'être endormie.

PAGE 68

Les passes de l'hypnotiseur sont ensuite dirigées vers la tête, et heurtent la tête du corps vital, la comprimant à travers la tête physique, jusqu'à ce qu'elle reste autour du cou en rouleaux épais comparables au col roulé d'un pullover.

Ainsi, la liaison entre l'Ego et le corps dense se trouve rompue, comme dans le sommeil, et les véhicules supérieurs sont extraits. Mais il y a ici une condition différente de celle du sommeil: la tête du corps vital n'est pas à sa place normale, où elle devrait envelopper et pénétrer la tête physique de la victime. Au lieu de cela, elle est maintenant pénétrée par l'éther du corps vital de l'hypnotiseur, qui obtient ainsi tout pouvoir sur sa victime.

Si nous savons ce qu'est une "table d'écoute", nous possédons, dans une certaine mesure, la clé des relations entre l'hypnotiseur et sa victime. Un homme a une ligne téléphonique privée entre son domicile et son bureau; quelqu'un, en y branchant une dérivation, pourra intercepter les messages, personnifier l'homme d'affaires, émettre des ordres, etc. L'hypnotiseur fait quelque chose d'analogue. Il dérive la ligne de communication entre l'Ego et le corps de sa victime en interposant une partie de lui-même sur la ligne; au moyen de cette emprise, il peut forcer l'Ego à sortir dans le monde invisible et obtenir toutes les informations qu'il désire, dans la mesure du possible; ou bien il peut faire accomplir au corps dense des actes ridicules ou criminels selon son bon plaisir.

Mais cela même n'est pas le pire de l'hypnotisme. Le plus grand danger pour la victime provient du fait que, lorsqu'une partie du corps vital de l'hypnotiseur a été introduite dans le sien propre, elle ne peut plus en être entièrement extraite au moment du réveil. Il en reste une petite partie qui forme un noyau, grâce auquel l'hypnotiseur obtiendra l'entrée et soumettra sa victime plus aisément la fois suivante; et à chaque fois ce noyau se renforcera, si bien que par degrés la pauvre victime deviendra complètement impuissante, soumise à la volonté de son maître indépendamment de la distance, jusqu'à ce que la mort de l'un ou de l'autre brise la connexion.

PAGE 69

Cet extrait du corps vital de l'hypnotiseur sert également d'archives des ordres qui devront être exécutés à l'avenir, impliquant l'accomplissement d'un certain acte un certain jour à une certaine heure. Quand arrive le moment fixé, l'impulsion est libérée comme le ressort d'un réveille-matin, et la victime est obligée d'exécuter l'ordre, même jusqu'au meurtre; et cependant elle n'a aucunement l'idée qu'elle est influencée par un autre. C'est pourquoi l'hypnotisme est le plus grand crime sur la terre et le danger le plus grand pour la société.

On affirme quelquefois que l'hypnotisme peut être utilisé à bon escient pour guérir l'ivrognerie ou d'autres vices, et il est évident que, d'un point de vue purement matériel, cela paraît être vrai. Mais du point de vue de la science occulte, il en est tout autrement. Comme pour tous les autres désirs, la passion de l'alcool est dans le corps du désir, et c'est le devoir de l'Ego de la maîtriser par le pouvoir de la volonté. C'est pour cela qu'il est à l'école de l'expérience que nous appelons la vie; et personne ne peut assurer sa croissance morale pour lui, pas plus qu'il ne peut digérer le repas d'un autre à sa place. On ne triche pas avec la nature; chacun doit résoudre ses propres problèmes, vaincre ses propres défauts, par sa propre volonté. Par conséquent, si un hypnotiseur domine le corps du désir d'un ivrogne, l'Ego de cet ivrogne devra apprendre sa leçon dans une vie future, s'il meurt avant l'hypnotiseur. Mais si l'hypnotiseur meurt le premier, l'homme recommencera inévitablement à boire, car à ce moment la partie du corps vital de l'hypnotiseur qui tenait en échec le désir mauvais retourne à sa source, et la cure est réduite à néant. Le seul moyen de maîtriser un vice de façon permanente est de le faire par sa propre volonté.

A la mort de l'hypnotiseur, toutes ses victimes sont libérées, et aucune suggestion ne les contraindra plus à une date ultérieure.


PAGE 70

M É D I U M N I T É

Pour comprendre la médiumnité, il est nécessaire de savoir qu'à la mort se produit la même séparation que dans le sommeil, mais elle est permanente. Les soi-disant morts ont Ego, intellect, et corps du désir, et sont souvent, pendant quelque temps, conscients du monde qu'ils ont quitté. Certains s'accrochent à la vie terrestre et ne peuvent habituer leur mental à apprendre les leçons qui les attendent; nous les appelons les esprits "liés à la terre". Ils ne peuvent cependant pas agir dans le monde visible sans un corps, aussi prennent-ils avantage du fait que tous les esprits incarnés ne sont pas confinés avec une égale rigueur dans la prison du corps dense. Ceux qui sont le plus étroitement liés sont les matérialistes absolus; ceux dont les liens sont plus relâchés sont les "sensitifs", capables de réagir dans une certaine mesure à des vibrations spirituelles. Les êtres ainsi constitués et de caractère positif, s'ils se développent, le font par leur propre volonté, et deviennent des clairvoyants exercés. Ceux dont la volonté est faible ne peuvent se développer qu'avec l'aide d'autres personnes, et d'une manière négative. Ils deviennent la proie des esprits liés à la terre, qui se constituent leurs "esprits-guides" et font de leurs victimes des" médiums à transe" ou, si la liaison entre les corps dense et vital de la victime est particulièrement relâchée, des médiums à matérialisation".

Ces esprits-guides commandent à tous égards comme l'hypnotiseur, sauf qu'ils sont invisibles pour leurs victimes et ont sur elles un pouvoir plus grand, parce qu'ils sont considérés par elles comme des "êtres supérieurs", des "anges" dépourvus de toute méchanceté et dont le but désintéressé est de répandre le bonheur ou la sagesse.

En fait, il n'y a pas de pouvoir de transformation dans la mort: le pécheur ne devient pas un saint, ni l'ignorant un Salomon. C'est un spectacle navrant pour le clairvoyant exercé de voir la contrainte pratiquée par les esprits dénués d'idéal moral sur leurs victimes; elles ne soupçonnent rien et sont tellement sincères qu'elles ne peuvent distinguer le vrai caractère des imposteurs, et acceptent leurs inanités comme des connaissances sublimes.

PAGE 71

Ces esprits ont fait quelque bien en prouvant la réalité de la vie après la mort, mais aussi beaucoup de mal aux médiums.

Le procédé du manipulateur invisible consiste simplement à pousser les véhicules supérieurs hors des corps inférieurs du médium qui ne résiste pas, à y entrer lui-même et à s'en assurer la maîtrise. Lorsqu'il s'en va, il emporte aussi une partie du corps vital du médium pour s'en servir comme d'une clé ou d'un levier la fois suivante.

Dans certains cas, il ne se contente pas d'emprunter un corps, il le vole, et maintient en permanence le possesseur au dehors. Nous voyons le même corps, mais il y a une autre âme à l'intérieur, qui montre à la fois des habitudes et des goûts différents. C'est ce qu'on appelle l' "obsession", qui peut être décelée par le fait que l'iris ne réagit ni à la lumière ni à la distance par contraction ou dilatation, car l'oeil est la fenêtre de l'âme, et seul son possesseur peut réellement s'en servir; de là le fait que les yeux des médiums dominés par un esprit sont toujours fermés, ou bien ont un regard fixe et vitreux.

Il existe certains moyens de se débarrasser de l'obsession d'un esprit et de rendre le corps à son possesseur, mais ceci ne saurait être donné publiquement.

D É M E N C E

Nous avons vu qu'à l'état de veille, le corps dense et le corps vital sont à la fois entourés et interpénétrés par un nuage ovoïde comprenant le corps du désir et l'intellect. Ces véhicules sont tous concentriques et forment autant de maillons dans une chaîne. C'est leur interpénétration, telle que les centres sensoriels d'un véhicule sont correctement ajustés aux centres sensoriels de l'autre, qui permet à l'Ego de diriger cet organisme complexe, et d'accomplir d'une manière ordonnée les processus vitaux que nous appelons raison, parole et action.

PAGE 72

S'il existe un mauvais ajustement quelque part, l'Ego en éprouvera dans son expression une gêne correspondante. Le parfait équilibre est la santé, l'opposé est la maladie.

La maladie prend bien des formes; l'une d'elles est la démence, et celle-ci aussi revêt différents aspects. Là où la liaison entre les centres sensoriels du corps dense et du corps vital se fait de biais, là où parfois la tête du corps vital s'élève au-dessus de la tête du corps dense au lieu de lui être concentrique, le corps vital n'est ajusté ni aux véhicules supérieurs, ni au corps dense; nous avons alors l'idiot docile. Là où les corps dense et vital sont bien ajustés, mais où il y a rupture entre le corps vital et le corps du désir, la condition est la même. Mais lorsque la rupture est entre le corps du désir et le mental, nous avons un fou furieux, qui est plus difficile à diriger qu'un animal sauvage, car celui-ci est tenu en échec par son esprit-groupe; dans ce cas toutes les inclinations animales sont suivies aveuglément.

Lorsque la rupture est entre le mental et l'Ego, le mental se charge des trois véhicules, et il en résulte l'habileté consommée qui caractérise une certaine classe de déments. Un tel fou réussit à cacher ses desseins pernicieux et à duper tout le monde, pour arriver à se venger d'un mal supposé, ou à réaliser un autre désir bas, jusqu'à ce que la victime soit en son pouvoir. A ce moment la nature brutale du corps du désir pourra s'épancher en quelque horrible outrage; ou bien, même alors, le mental pourra dominer le corps du désir et exercer son habileté diabolique en une lente torture, avant que le corps du désir ne s'échappe et mette un terme aux souffrances de la victime, peut-être cruellement, mais de façon beaucoup plus clémente que par la torture prolongée.

La leçon objective à tirer de la connaissance de ces faits est que nous devons rester notre propre maître et ne devons jamais, sous aucun prétexte, accepter d'être hypnotisés ou commandés par une emprise extérieure. Notre but est la maîtrise de soi et non de dominer les autres.


Table des Matières

suite