Nous avons vu, dans un chapitre précédent, ce que les sciences modernes ont à dire de la Spirale. Il est curieux de constater que l'Etoile à cinq branches, qui a toujours une grande importance au point de vue ésotérique, est aussi considérée comme une caractéristique spéciale de la Vie sur notre planète, ainsi que nous l’apprend la biologie moderne. Examinons donc ce symbole d'un peu plus près, pour voir quel rôle il joue dans le monde qui nous entoure.
Sur une certaine carte du Tarot (dessiné par A.E.Waite), on trouve cet intéressant dessin: une petite fleur en forme de vraie étoile à cinq pointes ou cinq branches terminées en pointe. Cette fleur existe réellement dans la nature. Ses cinq pétales se terminent en pointe, la même forme étoilée se répète plusieurs fois au coeur de la fleur et à sa base. L’étoile, elle-même, est d’un mauve très délicat, assez semblable au bleu-rosé du corps vital, tel que le décrit Max Heindel. Ses pétales ont le toucher du velours. Elle pousse surtout en Australie; on la trouve aussi dans certaines contrées du Proche-Orient et en Asie. Les jardins californiens l’ont “découverte” récemment, car elle pousse très bien en Californie du sud. On l’appelle la fleur de Hoya.
Or, dans les six formes de cristaux connus de la science, “il n’en existe aucun qui comprenne cinq côtés rangés symétriquement autour d’un axe” (Crystals and Crystal Growing de Holden et Singer, p.163). “Il est intéressant de réfléchir à la différence qui existe entre les cristaux et les organismes vivants. Les étoiles de mer et les boutons d’or, par exemple, ont un axe de symétrie basé sur le nombre cinq, mais les cristaux n’ont pas cette particularité“. Par conséquent, dans le domaine des cristaux, il n’existe aucune étoile à cinq branches, aucun pentacle. Ce domaine comprend pourtant la plus grande partie de la croûte terrestre, mais ces étoiles ne se trouvent que dans le royaume de la Vie. L’églantine à cinq pétales, qui est l’ancêtre de la rose, peut être mentionnée avec l’étoile de mer et les boutons d’or.
On ne peut mettre en doute le fait que, depuis longtemps, les scientifiques aient noté ces particularités de la Nature car, partout, l’Etoile à cinq branches se terminant en pointe est le symbole de l’être humain du fait que, dans le Christianisme, elle est le symbole du Christ enfant et la marque de la naissance du Christ en chaque être humain.
La Spirale de la Vie, qu’on remarque à travers l’univers tout entier, s’associe intimement à l’ésotérisme de l’Etoile à cinq branches. Dans le symbolisme occulte, cette spirale est représentée par les deux serpents entrelacés du caducée de Mercure. En cette qualité, elle représente l’ascension du triple feu spirituel dans la moelle épinière (tripartite dont il est question dans Franc-Maçonnerie et Catholicisme et dans Initiation Ancienne et Moderne de Max Heindel).
Les ésotéristes comprendront immédiatement la suprême importance de cette combinaison de symboles : l’Etoile et la Spirale qui interviennent toutes deux dans les processus les plus complexes de la vie.
Dans le symbolisme maçonnique, dans les rites et les mystères de la Rose-Croix et du Saint-Graal, la Spirale figure dans l’escalier tournant qui fut jadis découvert dans le Temple de Salomon. Les historiens et les archéologues ne sont pas tout à fait d’accord sur la forme réelle du Temple. Quelques-uns pensent qu’il devait ressembler aux temples de l’antique Ur en Chaldée, ville native d’Abraham, où le Temple de la Déesse Lune couronnait trois grands étages d’une maçonnerie gigantesque. D’autres l’ont comparé aux ziggourats de Babylone, qui étaient des pyramides de sept étages comportant au sommet une petite cella en forme de dôme, ou sanctuaire élevé, dans lequel on disait que le dieu apparaissait à la prêtresse ou au prêtre. Nous pouvons considérer cette “chambre haute” du Temple de Babylone comme le lieu de l'Oracle, où le Ciel faisait connaître sa volonté.
A l’intérieur des murs de la grande Babylone, il existait deux ziggourats ou pyramides à degrés: le Temple de Bel était au centre, le Temple de Nebo ou Mercure plus loin vers l’est, dans les faubourgs de Borsippa. Ces deux temples étaient reliés par “la voie sacrée” ou rue murée. La Tour de Mercure à Borsippa était la plus ancienne et la plus sacrée; et l’on peut penser que, du haut de cette tour, les prêtres-astronomes regardaient cette minuscule étoile tout près du Soleil, la planète Mercure.
Les pyramides à degrés de Chaldée et de Babylone avaient nécessairement des escaliers et des plans inclinés, qui menaient d’un étage à l’autre, jusqu’au sommet. Sans doute avaient-elles aussi des escaliers intérieurs secrets, montant en spirale, comme des raccourcis vers le sommet, connus seulement des prêtres et de leurs initiés, à la façon de la Grande Pyramide de Gizeh en Egypte. Cependant, les archéologues n’ont jamais découvert de tels passages dans les pyramides, ni dans les tours de Babylone. L’Assyrie et la Perse avaient la même civilisation que la Chaldée et possèdaient aussi des tours qui servaient à la fois d’observatoires et de temples. Elles abritaient également de vastes bibliothèques. Plus clairement peut-être que partout ailleurs, c’est la Chine qui indique la vraie nature des pyramides et des tours construites dans les temps anciens, comme, par exemple, le fameux Autel du Ciel à Pékin, avec ses trois terrasses de marbre, ses neuf cercles concentriques et ses quatre escaliers aux quatre points cardinaux, ainsi que les nombreuses pagodes dont certaines avaient treize étages (chacun entouré de son toit) qui ne contenaient rien d’autre qu’un escalier en spirale montant jusqu’au sommet et qui étaient évidemment destinées à des observations astronomiques aussi bien qu’au culte du Ciel, dans une nation où, un millier d’années avant Jésus-Christ, la religion officielle était une religion purement astronomique.
Les archéologues ont récemment découvert dans les ruines de Qumran, siège central des Esséniens, sur les bords de la Mer Morte, les traces d’une tour avec, à l’intérieur, les vestiges d’un pilier central autour duquel s’est enroulé jadis un escalier en spirale.
S’agissait-il simplement d’un dépôt de marchandises, d’une tour de guet ou d’un observatoire? Peut-être, tout cela ensemble et davantage encore. Il est à remarquer que Mercure et le jour de la semaine attribué à Mercure étaient importants pour les Esséniens. On dit qu’ils célèbraient leur Sabbat le mercredi.
Si nous nous tournons maintenant vers l’Europe Chrétienne, nous voyons que, d’après certains rapports, le Temple légendaire du Graal possèdait aussi sa haute tour, dans laquelle se trouvait un escalier tournant montant vers le sommet. Là se trouvait la chapelle du Graal où l’on célèbrait ses Mystères. Que montraient ces Mystères au sommet de la tour? Très probablement, le dôme du Ciel tournant autour de l’étoile polaire gardée par le Dragon et, juste avant l’aurore à certaines époques de l’année, la planète Mercure scintillant comme un diamant non loin du Soleil levant. Car c’est tout ce que disent précisément les anciennes légendes: que le Mystère du Graal est révélé par les étoiles du ciel, surtout par le zodiaque et ses décans.
D’autres chroniques racontent que les artisans, qui ont orné le Temple, ont figuré le ciel à l’intérieur du dôme, avec les étoiles et les planètes se mouvant sur leurs orbites. Il en est de même du Temple de Guérison de Mount Ecclesia dont le plafond en forme de dôme rappelle la voûte des cieux autour de laquelle sont rangées les douze constellations du zodiaque avec le Lion, le Lion des Mystères, au-dessus de l’autel, et le Verseau, le Fils de l’Homme (“Quiconque le veut peut entrer”) au-dessus de la porte d’entrée.
Pendant une ère où les illettrés formaient le plus grand nombre, il est facile de voir comment le néophyte apprenait à visualiser l’escalier en spirale et, tandis que son corps dense se relaxait dans le “clair sommeil” qui n’est pas un état de transe tel qu’on le définit communément, l’esprit éveillé grimpait l’escalier en spirale jusqu’au lieu du Mystère à son sommet, en tournant toujours vers la droite. ET LE NÉOPHYTE S’ÉVEILLAIT SUR LES PLANS INTÉRIEURS A L’INTÉRIEUR DU SANCTUAIRE DU TEMPLE DE L’INITIATION, ou sur son seuil, ou dans une antichambre, selon ses mérites.
Car, sur les plans intérieurs, l’espace n’entre plus en considération. Le premier pas que fait le néophyte en arrivant en haut de l’escalier en spirale le conduit directement (sans autre pas à faire) à sa destination. De nos jours, le philosophe scientifique admet ces conditions dans ce qu’il nomme “l’effondrement de l’espace”, avec son corollaire“l’effondrement du temps”. Les choses se passent comme si l’espace intermédiaire disparaissait, le passage d’ “ici” à “là” étant instantané.
[Note: Le temps et la distance sont aussi des facteurs qui gouvernent l’existence dans le Monde Physique, alors qu’ils sont, pour ainsi dire, inexistants dans le “Monde du Désir”(Cosmogonie des Rose-Croix, Max Heindel, p.40).
“Sommes-nous conscients que, dans le monde spirituel, il n’y a aucun évènement nettement délimité, aucune condition statique, que le commencement et la fin de toutes les péripéties de tous les âges sont présents dans l’éternel ”ici” et “maintenant”? (Enseignements d'un Initié, Max Heindel, p. 156]
On arrive quelquefois à cette notion par la méditation car l’intellect devenant spirituellement lucide, le néophyte regarde à travers un espace de cristal et aperçoit, peut-être, quelque lieu lointain sur la Terre. Il n’a pas quitté son corps, il ne va nulle part. Cependant il perçoit nettement ces lieux lointains, et les personnes qui y vivent le voient quelquefois, le sentent d’une façon tangible ou entendent les paroles exprimées par son mental. Il sent qu’il pourrait avancer une main et toucher les objets qui se trouvent dans ces lieux éloignés, car il est “ici” et “là” au même moment.
Cet “effondrement de l’espace” explique bien des rêves étranges au cours desquels les événements et les lieux semblent se fondre les uns dans les autres sans rime ni raison. Cela explique aussi pourquoi on a pu découvrir le même Temple des Mystères dans des lieux très divers: dans une forêt épaisse et sombre, au sommet d’une montagne, dans des marais ou des marécages, dans des palais et des cours royales et dans la propre maison de celui qui le cherchait.
Quand le néophyte éprouve une sensation de mouvement à l’intérieur de lui-même, c’est qu’il porte son attention sur la notion de distance et qu’il élabore, pour ainsi dire, une piste mentale, sorte de pont sur lequel il lui semble qu’il se déplace. C’est là une chose inutile. La distance peut être franchie immédiatement, sans aucune sensation de transition.
Aussi, pour l’étudiant d’une Ecole des Mystères, l’Etoile et la Spirale, en dehors de leur signification scientifique extérieure ou exotérique, lui révèlent quelque chose de différent et d’unique: l’ascension en spirale de l’esprit dans la tour de la conscience et, à son sommet, la vive et lumineuse étoile qui est l’Aide Invisible lui-même, qui rayonne pour le monde.
L’aurore venue, l’Aide Invisible revient vers son corps dense et, tandis qu’il plane au-dessus, sentant l’attirance magnétique du corps vital qui le fait descendre dans sa gaine charnelle, il a conscience de la rotation des roues de force de son aura. Pendant que ces roues tournent, il s’installe doucement, sans aucun choc ni aucune gêne, dans cet instrument physique dense allongé sur le lit. Alors, il se réveille pour soulever à nouveau la croix de son corps dans le monde du temps et de l'espace.
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