CHAPITRE XIV - L'ÉTHER RÉFLECTEUR ET LES ARCHIVES D’EXISTENCES PRÉCÉDENTES (OU ENREGISTREMENTS DE NOS PRÉCÉDENTES VIES)

Non seulement l’Ether Réflecteur contient l’enregistrement de notre vie quotidienne, mais il contient aussi les enregistrements des heures passées à dormir, qui sont pour l’occultiste des heures d’intense activité. Peu nombreux sont les étudiants qui se rappellent leurs activités durant les heures nocturnes, alors qu’ils étudient, ou travaillent, dans les mondes spirituels en qualité d’Aides Invisibles. Les Aides Invisibles ont le choix de leurs actions et, tandis que tous manifestent de l’intérêt pour le travail de guérison, quelques-uns ont aussi d’autres champs d’activité. Ils suivent des cours et l’occasion leur est donnée de visiter les régions du Purgatoire et du Premier Ciel et d’observer les conditions qui y règnent. Ils gardent le souvenir de certaines de ces choses, mais en oublient une grande partie. Même après la première Initiation, Max Heindel a déclaré que sa mémoire n’était pas encore parfaite et qu’elle avait besoin d’être davantage entraînée.

Les psychologues font une distinction entre les personnes qui possèdent la mémoire “visuelle”, la mémoire “auditive” ou la mémoire “abstraite”, ainsi qu’on peut qualifier ce dernier groupe qui est incapable de se représenter une image d’aucune sorte. Aussi incroyable que cela puisse paraître à la plupart des gens, il y en a qui peuvent vous dire exactement ce qu’ils ont eu pour leur petit déjeûner, décrire tout ce qui se trouvait sur la table, tout en affirmant qu’ils ne “voient” aucune image. Il est probable que ce type de souvenirs sans images appartienne à l’intellect (ou mental) mathématique habitué à penser sans images, à l’exception des formules mathématiques. L’étudiant en occultisme, qui commence à s’éveiller sur les plans intérieurs, accuse des différences analogues de la mémoire et du souvenir, dues sans doute à des différences dans les habitudes mentales et le tempérament. Certains se diront: “La nuit dernière, je me suis trouvé dans tel et tel endroit et j’ai parlé avec telle et telle personne”. Cependant, si on leur demande de décrire la scène ou la personne, ils sont incapables de le faire, n’ayant dans leur mental (ou intellect) aucune image qui se rapporte à la situation. Peut-être n’ont-ils de leur vie quotidienne qu’un souvenir sans aucune image. Pour améliorer leur mémoire, il peut leur être nécessaire de s’entraîner à former des images dans leur mental, comme l’indique l’exercice de concentration que le Candidat doit pratiquer tous les matins au réveil.

Si l’étudiant possède la mémoire “auditive”, si ses réponses auditives sont rapides, il est probable qu’il se rappellera les paroles et les discours de manière plus vivante que les images. Et si sa mémoire est “visuelle” et que ses réponses visuelles soient sa qualité dominante, il se rappellera des scènes, des objets et des personnes. Il est évident que ceux qui ont un tempérament artistique ont une grande mémoire “visuelle” et que les musiciens et les orateurs ont une mémoire “auditive”. Mais ceux qui prétendent se rappeler des expériences vécues sans le secours d’images visuelles ou auditives enregistrent pourtant des souvenirs exacts.

Diverses expérimentations, effectuées par des psychologues dans diverses universités, ont permis de conclure que l’oubli résulte de l’interférence entre des systèmes différents de mémoire où se rencontrent des images ou des détails étroitement semblables. Ceci est contraire à la croyance populaire qui prétend qu’on garde mieux le souvenir de faits qui se ressemblent. En ce qui concerne les souvenirs sur les plans intérieurs, les événements inaccoutumés sont ceux qu’on se rappelle le plus aisément. Mais la vie continuelle d’étude et de travail, nuit après nuit, est en grande partie oubliée, car elle ressemble à nos activités de la journée sous de nombreux rapports.

En acquérant la capacité qui nous permet de nous rappeler nos expériences vécues sur les plans intérieurs où l’esprit fonctionne pendant le sommeil (à condition qu’il s’intéresse à quelque chose de plus élevé que ce qui touche le corps), nous acquérons en même temps la faculté de voir les images dans le pôle négatif de l’Ether Réflecteur, qui se rapportent à des existences antérieures. Nous avons appris que ces enregistrements, qu’on ne peut pas encore définir en termes scientifiques, sont gravés sur l’atome-germe du coeur et transportés de vie en vie. Ces enregistrements sur l’atome-germe du coeur sont parmi ceux - enregistrés au pôle négatif de l’Ether Réflecteur - que l’étudiant voit le soir avant de s’endormir et le matin juste avant son réveil. Les psychologues qualifient ces visions d’”hypnotiques” - visions émergeant du subconscient en plein sommeil ou dans un demi-sommeil. Comme elles arrivent dans le sommeil à la manière des songes, l’étudiant est incapable de les contrôler mais, à mesure que sa conscience de l’âme s’accroît, il acquiert ce contrôle. La plupart des visions perçues en état de transe appartiennent au domaine des visions dites “hypnotiques”. Cependant, sur le plan plus élevé de la clairvoyance, la personne est tout-à-fait éveillée mais détendue, dans un calme complet par un acte de volonté; elle voit alors en pleine conscience de veille ces visions dites “hypnotiques” et apprend à les contrôler et à les diriger.

C‘est en raison de ce besoin de détente absolue que la plupart des écoles occultes étaient jadis situées dans des lieux écartés, au sommet des montagnes ou au coeur des forêts ou d‘endroits déserts, où l‘air est clair et pur et où seuls les sons de la Nature se font entendre.

Il est évident que les étudiants, entraînés dans ces lieux tranquilles, avaient tendance à perdre leurs pouvoirs durement acquis lorsqu‘ils s‘en allaient vivre au milieu des grandes villes bruyantes, où ils devaient apprendre à se concentrer dans le bruit et la confusion.

L'Ecole Occidentale des Mystères de la Rose-Croix a envisagé ce problème et l’a résolu. Son entraînement est destiné aux citadins et, bien que l’étudiant puisse avoir l’impression que ses progrès sont lents, il découvrirait, s’il lui était possible de faire retraite dans quelque havre spirituel tranquille à la campagne, qu’il a acquis, en réalité, plus de pouvoir qu’il ne l’imagine et qu’il serait en mesure de soutenir favorablement la comparaison avec les étudiants qui ont pu s’entraîner dans la solitude et le silence.

Il ne faudrait pas s’imaginer que la vision “pendant le sommeil” se poursuive à l’état de veille. Ce que nous voulons montrer, c’est que l’état de sommeil se clarifie peu à peu et que la conscience de veille l’imprègne progressivement. Et alors, cette conscience de veille finit par s’étendre à la fois aux heures de sommeil et aux heures de veille, de même qu’elle couvre aussi les zones intermédiaires où surgissent les visions “hypnotiques”.

Dans cet état clarifié, ou de “clarté”, l’étudiant qui s’exerce à la clairvoyance, lit dans le pôle négatif de l’Ether Réflecteur; et, quelquefois, dans cet éther, il verra des images de vies passées, les siennes ou celles des autres.

Il y a certains points importants à observer en relation avec ces visions dans l’Ether Réflecteur. En premier lieu, la caractéristique connue de cet éther qui consiste à transposer quelques-unes des images, comme ce fut le cas pour Madame Blavatsky, qui a lu un numéro de page à l’envers. On ne peut pas pousser trop loin l’analogie avec le miroir car, après tout, l’Ether Réflecteur n’est pas un miroir physique. C’est un miroir à quatre dimensions dans lequel les trois dimensions de l’espace sont expérimentées par la conscience comme une réflexion.

Cela signifie que, contrairement à l’image réfléchie dans le miroir, qui ne se mélange jamais avec notre moi physique mais demeure à part, il semble que nous soyons pris nous-mêmes dans le courant de l’Ether Réflecteur, de telle façon que nous nous trouvons au milieu même des événements montrés qui y ont leur place. C’est seulement tout au début que les images passent comme l’éclair, comme celles que nous voyons passer sur l’écran au cinéma. A un moment donné, l’étudiant remarquera qu’il est lui-même entré sur la scène qu’il voit se dérouler devant lui. Il va probablement se dire qu’il en train de voir une image se rapportant à l’une de ses vies passées. Et cela est vrai, la plupart du temps. Les premières images que nous percevons sont généralement celles qui se rattachent à nos existences passées. Pourtant, il se peut que nous ne nous reconnaissions pas dans une scène où se trouvent de nombreuses personnes et où l’une de ces personnalités nous attire.

L’étudiant s’identifiera inévitablement à la personnalité pour laquelle il éprouve le plus de sympathie car, grâce au pouvoir de cet éther, l’étudiant entre dans le modèle émotionnel du caractère qu’il voit. Ainsi, plusieurs femmes ont écrit à l’égyptologue Arthur Weigall en le remerciant pour sa bonne description de l’histoire de Cléopâtre - personnage qu’elles prétendaient avoir incarné dans une vie antérieure. Comment toutes ces femmes pouvaient-elles croire qu’elles avaient été Cléopâtre? Il est évident qu’elles avaient eu des visions de l’Egypte ancienne ayant Cléopâtre comme centre d’intérêt, et elles avaient senti une puissante identité émotionnelle avec la reine infortunée.

Il est facile de supposer que ces voyantes ont réellement vécu au temps de Cléopâtre et l’ont connue. Peut-être ont-elles été à son service, ou ses dames d’honneur, ou des amies de la reine. Il se peut même qu’elles aient été ses ennemies les plus acharnées qui ont travaillé à amener sa chute et sa mort. Au Purgatoire entre les renaissances, elles ont ressenti les souffrances qu’elles lui avaient occasionnées et s’en sont repenties. Etant maintenant dans l’incarnation où elles se sont enfin engagées sur le Sentier de l’Initiation, le portail du passé s’est ouvert devant elles, leur révélant les causes principales de leurs dettes de destinée. Elles se trouvaient non seulement au milieu des événements du temps de Cléopâtre, mais elles ont été traversées par les émotions houleuses qui prévalaient à la cour de cette reine et dont celle-ci était le centre et le pivot. Chacune de ces clairvoyantes, mue évidemment par sa vanité personnelle, et peut-être aussi parce qu’elle était avide de tragédies, avait promptement décidé qu’elle était Cléopâtre réincarnée.

Ainsi, nous consatons qu’il y a une mémoire émotionnelle, de même qu’il existe une mémoire de la pensée et de l’action - ce que les clairvoyants peuvent également percevoir dans l’Ether réflecteur. Pourtant, la plupart des gens font rarement l’expérience de cette mémoire émotionnelle. Cependant, quand l’image du passé n’est pas simplement observée mais vécue, selon la manière exposée, la mémoire émotionnelle entre en jeu. Or, puisque la plupart d’entre nous s’identifie à ses émotions et à ses sentiments bien plus encore qu’à ses sensations corporelles et à ses pensées, il est naturel de penser que, ressentant une vive émotion émanant d’un personnage pittoresque, nous nous attribuions une identité qui n’est pas réellement nôtre. C’est ainsi que se présentent des situations ridicules, comme dans le cas de ces femmes qui croyaient toutes avoir été Cléopâtre.




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