MAX HEINDEL
DÉCEMBRE 1911
PURETÉ DE LA PROCRÉATION, UN IDÉAL DE L'OCCIDENT
Avez-vous saisi le point principal de la leçon du mois dernier (devenu le chapitre 19 des "Enseignements d'un Initié", tome 1) sur le symbolisme de la Rose-Croix, la croix de l'Enseignement de la Sagesse Occidentale? C'est la pureté de la procréation.
Les grands Guides de l'humanité prescrivent toujours ce qui est le mieux indiqué pour l'évolution de chaque race: religions différentes pour la masse, et plusieurs méthodes de développement pour un petit nombre. Les énormes chiffres des populations extrême-orientales montrent que nos frères de Chine et de l'Inde ne s'imposent aucune restriction, et c'est pour cela que nos Sages de l'Orient prescrivent à leurs disciples le célibat comme un moyen de se rendre maîtres de leurs passions.
En Occident, les conditions sont à la fois plus compliquées et plus dangereuses. Les passions y sont contenues dans une large mesure, non par sentiment de la sainteté de l'acte de procréation, mais par égoïsme et fausse économie. Cette méthode conduit souvent à des perversions et à des pratiques dissolues. Si la passion n'était pas si puissante, cette méthode finirait par nous décimer. Demander à un aspirant élevé dans de telles conditions de mener une vie de célibataire ne ferait qu'alimenter son égoïsme et ses réflexes compensatoires, et c'est pourquoi, lorsqu'un élève d'une Ecole Occidentale des
Mystères se marie et continue à mener une vie chaste, ceci est considéré comme méritoire.
Il est regrettable qu'en Occident certaines sociétés aient promulgué des doctrines orientales, dont celle du célibat, et j'ai été choqué lorsqu'un membre du comité d'une de ces organisations s'est mis à déplorer le mariage d'un de ses conférenciers, disant combien ils avaient été embarrassés d'avoir appris que sa femme était sur le point d'accoucher. Par la suite, la famille s'est encore augmentée, et le conférencier a dû cesser de parler en public.
Dans l'Ecole Occidentale des Mystères, c'est le contraire qui se serait produit. On y honore ceux qui sont désireux de procurer un corps et un foyer à des esprits en attente, pour autant évidemment qu'ils vivent d'une vie d'amour conjugal chaste dans l'intervalle.
Ainsi, tandis que nos Instructeurs, dans leur compassion, selon le proverbe "A brebis tondue, Dieu mesure le vent" commandent aux âmes plus jeunes et moins fortes de l'Orient de pratiquer le célibat et de fuir la tentation, il est en même temps permis à l'esprit occidental, plus âgé, de mettre à l'épreuve sa fermeté en vivant marié et - peut-être - en réalisant une immaculée conception, telle qu'elle est symbolisée par la chaste et belle rose qui sème ses graines sans honte et sans passion.
Une nouvelle race est en train de naître, et des chrétiens deviennent de plus en plus conscients de l'appel des âmes à naître. Célébrons donc l'anniversaire de la naissance de notre Sauveur en priant pour que les conditions de pureté se généralisent et que tous les enfants puissent être bien nés. Et enfin, ce qui est le plus important, que chacun de nous prêche, enseigne, et vive cette doctrine.
LETTRE NO 14 - Janvier 1912 - LE FUTUR AGE DE L'AIR
Dans la leçon du mois dernier (devenue le chapitre 10 des "Glanes d'un Mystique") il est dit que, dans la future Epoque, nous abandonnerons la croûte terrestre pour vivre dans les airs, revêtus d'un corps gazeux. Cet enseignement est tellement sensationnel que j'ai hésité à le publier, jusqu'à ce que j'aie décidé qu'il était de mon devoir de le faire, au risque d'être traité de visionnaire par certains étudiants.
Cela provient de ce que nous sommes tous beaucoup plus influencés que nous le croyons par des concepts matérialistes, ce qui constitue un obstacle à nos recherches. Nos études de philosophie transcendentale nous ont accoutumés à considérer la possibilité de vivre par intermittences dans un corps éthérique comme réalisable pour un petit nombre; mais que l'humanité entière puisse vivre en permanence dans les airs pendant toute la durée d'une Epoque...j'avoue que cela m'a coupé le souffle. Et pourtant, lorsque la Bible nous dit que nous rencontrerons le Seigneur dans les airs et que nous serons avec lui pour un Age , c'est littéralement exact (1 Thessaloniciens 4:17).
Après tout, si nous considérons l'avenir à la lumière du passé, cette idée ne devrait pas nous surprendre, car elle est strictement dans la ligne de notre développement antérieur. Dans la nuit des temps, nous avons vécu comme des minéraux dans les entrailles d'un globe gazeux. Nous avons grandi vers
l'extérieur, en nous éloignant du noyau incandescent, dans une existence végétale. Plus tard, nous étions sur la mince croûte terrestre, d'abord dans les bas-fonds, et maintenant nous sommes sur les parties élevées de la terre, bien loin du noyau où a débuté notre existence. La marche du progrès a toujours été vers l'extérieur , et il s'ensuit que la prochaine étape devrait nous élever au-dessus du niveau terrestre.
Je vous soumets cet enseignement parce que la majorité de nos étudiants croient à la renaissance et à la loi de cause à effet, qui sont les principaux arbitres de notre destinée au cours de la présente dispensation, caractérisée par des retours cycliques. La connaissance de ces lois est précieuse, car elle nous permet d'ordonner intelligemment nos vies, en édifiant au cours de la présente existence les conditions de notre prochaine incarnation .
La majorité des chrétiens n'ont pas ce grand avantage, mais cela ne les empêche pas de passer à travers toutes les tribulations de l'Age actuel - le royaume des hommes - avec l'espoir de se rendre aptes à être admis dans le Royaume de Dieu - l'Age à venir . Notre vision de la vie future embrasse une période plus courte ; la leur une période plus longue . Leur façon de s'y prendre pourra être moins pratique que celle de ceux d'entre nous qui appliquent leur connaissance plus exacte des conditions actuelles , mais s'ils vivent selon la Bible, il se qualifieront pour un Age futur . Leur information pourra être vague, mais s'ils sont de vrais chrétiens, ils vivent et meurent en croyant fermement à cette belle et grande vérité qu'ils iront au ciel et seront pour toujours avec le Seigneur .
Si nous croyons seulement à la renaissance, nous ne pouvons nous attendre à rien d'autre qu'a un continuel retour sur terre pour une lutte avec la Loi
de Jéhovah; nous n'avons pas part à l'amour du Christ. Pour conformer parfaitement notre vie aux faits, pour vivre selon la vérité entière , il nous faut comprendre que la naissance et la mort sont des particularités éphémères de notre Age d'existence concrète, mais que la vie elle-même n'a pas de fin. Sans préciser quelle sera notre constitution, l'Apôtre Jean nous dit très clairement que nous serons changés à la ressemblance du Christ et que nous resterons sans connaître la mort durant tout cet Age. C'est donc à nous qu'il appartient de garder fermement ce grand espoir et de prier pour le Royaume futur, comme nous l'a enseigné notre Seigneur.
LETTRE NO 15 - Février 1912
LE ROLE DES BOISSONS ALCOOLIQUES DANS L'ÉVOLUTION
Notre leçon du mois dernier (voir texte inséré à la fin du chapitre 11 des "Glanes d'un Mystique") montrait comment l'esprit de l'alcool, fermenté à l'extérieur du corps humain, se trouve supplanté par le sucre, qui fermente à l'intérieur . Vous avez sans doute suivi le fil du raisonnement qui se retrouve dans ces leçons sur la Communion, à savoir qu'un stimulant était indispensable pour aiguillonner l'esprit humain et le faire sortir de la léthargie provoquée par une nourriture carnée; que même les Bacchanales d'autrefois, ces orgies qui, aujourd'hui, nous inspirent à juste titre de l'horreur, ont beaucoup favorisé le développement de l'homme; que le premier miracle du Christ et sa dernière Cène ont été consacrés à une dispensation de ce stimulant qu'il prescrivit d'utiliser "jusqu'à sa venue" (voir dans la Lettre 89, ainsi qu'au NO 90 du 2e tome des "Questions et Réponses", une autre interprétation de ce passage, basée sur des recherches ultérieures de Max Heindel dans la Mémoire de la Nature); que la consommation d'alcool diminue à mesure que celle du sucre augmente, tandis que le niveau moral s'élève peu à peu; que les gens deviennent plus altruistes et semblables au Christ en proportion de leur usage de ce stimulant non enivrant et que, par conséquent,
les mouvements d'abstinence représentent l'un des principaux facteurs susceptibles de hâter le retour du Christ.
Mais à mesure que nous cultivons des sentiments plus affinés et plus délicats, nous en arrivons à prendre également la viande en aversion et, un jour, on jugera que de se nourrir d'animaux morts est aussi dépravé que de s'enivrer de boissons fortes. Toutefois, notre qualité d'étudiants des Enseignements de la Sagesse Occidentale devrait nous empêcher de juger; elle devrait nous faire reconnaître que beaucoup de gens ont besoin de ces produits en quantité modérée. De fait, cette question est conduite par les Guides invisibles de l'évolution d'une manière qui, sans être manifeste pour les observateurs superficiels, n'en est pas moins perceptible pour les chercheurs des choses occultes.
Il est évident que les progrès de l'évolution élèvent les règnes inférieurs aussi bien que l'humanité. Les animaux, surtout ceux qui sont domestiqués, approchent de l'individualisation; et leur retrait de l'évolution a déjà commencé, si bien qu'un jour il deviendra impossible de se procurer de la nourriture animale. Ce moment coïncidera aussi avec le détrônement du "Roi Alcool", car les mangeurs de viande sont seuls à avoir un violent désir d'alcool.
En même temps, la vie végétale devient plus sensible. Les branches latérales des arbres produisent plus abondamment que les verticales, parce que chez les plantes, comme chez nous, la conscience découle des activités rivales des courants du Monde du Désir et du Monde Ethérique. Les branches latérales sont parcourues dans toute leur longueur par les courants du Monde du Désir qui font le tour de notre planète et qui exercent une influence tellement puissante sur l'épine dorsale des animaux. La vie végétative des arbres est
éveillée à un plus haut degré de conscience dans les branches latérales que dans les verticales, ces dernières étant traversées par des courants ascendants qui rayonnent à partir du centre de la terre. Un jour viendra aussi où les plantes, à leur tour, deviendront trop sensibles pour servir de nourriture et, à ce moment, nous devrons avoir recours à d'autres sources.
Aujourd'hui, nous avons acquis un savoir considérable dans le maniement des substances chimiques et minérales; nous en faisons des maisons, des machines, des navires et toutes sortes de produits divers. Nous sommes maîtres des minéraux à l'extérieur de notre corps, mais restons incapables de les assimiler à l'intérieur de notre système pour construire nos organes, avant que la vie végétale en ait transmué les cristaux en cristalloïdes. Notre travail sur les minéraux dans le monde extérieur élève leurs vibrations et les prépare à une utilisation interne directe. Par l'alchimie spirituelle, nous construirons le Temple de l'Esprit, nous triompherons sur la poussière dont nous sommes issus et nous deviendrons, comme des Maîtres Maçons, "capables de travailler dans des sphères plus élevées".
LETTRE NO 16 - Mars 1912 - NÉCESSITÉ DE LA DÉVOTION
Comme le sujet du mariage, traité dans notre dernière leçon (devenue le chapitre 6 des "Glanes d'un Mystique") se trouve, en quelque sorte, traité à nouveau ce mois-ci (même ouvrage, chapitre 7), je voudrais en profiter pour attirer votre attention sur un problème dont j'aurais voulu parler depuis longtemps.
Le succès de la "Cosmogonie" a été phénoménal; des témoignages de gratitude et d'admiration pour cette oeuvre sont arrivés du monde entier, aussi devrais-je, semble-t-il, m'en réjouir. Au contraire, j'ai de plus en plus peur que ce livre ne remplisse pas le but auquel visaient les Frères Aînés. Ce but, mentionné dans l'introduction de l'ouvrage, est de satisfaire le mental par une explication intellectuelle des mystères du monde, afin que le côté dévotionnel de l'étudiant puisse se développer dans des directions préalablement approuvées par l'intelligence. Je crois que le succès de la "Cosmogonie" provient du fait qu'elle en appelle à l'intelligence et qu'elle satisfait l'esprit du chercheur, ce qui est attesté par des centaines, et même des milliers de messages de personnes ayant trouvé ce qu'elles avaient vainement cherché pendant des années. Cependant, jusqu'ici, peu d'entre elles semblent avoir été capables d'aller au-delà des concepts intellectuels et, à moins que ce livre ne donne au lecteur un ardent désir de dépasser cette étape, il a manqué son but, à ce que je crois.
Je sais que, dans un autre mouvement, des groupes se sont penchés pendant des années sur des diagrammes de l'atome, étudiant avec minutie ses spirales et ses spirilles, tout en restant froids et indifférents aux souffrances du monde environnant, et c'est avec une grande et une constante appréhension que je vois se développer, chez certains de nos étudiants, une tendance dont j'espère qu'elle pourra être tenue en bride avant qu'elle ne tue le coeur. "La connaissance enfle, mais l'amour édifie" disait l'Apôtre Paul (1 Corinthiens 8:1); or nous voyons parfois des mouvements décrier la religion chrétienne parce qu'elle manque d'une conception intellectuelle de l'univers.
Permettez-moi de vous rappeler l'avertissement donné par notre Instructeur à propos des schémas de la "Cosmogonie" (au début du chapitre 7): "Ce sont tout au plus des béquilles destinées à aider nos facultés limitées; lorsque nous recourons à un tableau pour expliquer des mystères spirituels, c'est comme si, après avoir démonté une montre, nous en mettions les rouages les uns à côté des autres pour montrer comment elle mesure le temps". Bien que les schémas puissent représenter une aide bienvenue à un certain degré de notre développement, nous devrions toujours être conscients de leurs limitations et essayer d'atteindre , par notre intuition , à la véritable idée spirituelle. J'ai aussi le sentiment qu'il est très important que nos étudiants aient toujours sous les yeux, clairement et mot pour mot, le véritable but de la "Cosmogonie", tel qu'il figure au dos de leurs accusés de réception (récemment, le Comité Directeur du Siège, considérant que les cartes d'accusés de réception étaient faites pour être retournées et non conservées, a décidé de transférer le texte mentionné ci-dessus, en le faisant figurer au début de la "Cosmogonie" en gros caractères, comme le suggérait Max Heindel; voir aussi Lettre NO 26):
"Le Christianisme Rosicrucien ne considère pas la compréhension intellectuelle de Dieu et de l'univers comme une fin en soi; loin de là, car plus l'intellectualité est développée, plus grand est le danger d'en mésuser. Par conséquent, ces enseignements scientifiques sont donnés dans l'unique dessein d'aider l'aspirant à croire et à entreprendre de conformer sa vie aux enseignements du Christ, ce qui est le seul moyen d'arriver à la vraie fraternité" (en anglais "fellowship"). Je suggère à chacun de copier ce texte en grands caractères et de le coller au début de sa "Cosmogonie", de telle sorte qu'il soit visible chaque fois que le livre est ouvert, car même si nous avons toute la connaissance, avec le don d'expliquer tous les mystères, nous ne sommes que des cymbales qui retentissent, à moins de posséder le don d'aimer et de l'utiliser pour aider notre prochain.
LETTRE NO 17 - Avril 1912 - LES RETARDATAIRES DE L'ÉVOLUTION
Les enseignements contenus dans la leçon précédente (devenue le chapitre 7 des "Glanes d'un Mystique") vous auront fait comprendre que l'idée courante des "âmes perdues" est dénuée de tout fondement. Il n'y a pas, dans la Bible, un seul mot qui exprime l'idée de "à jamais", le mot grec ainsi traduit étant "aïonios", signifiant "pour une période indéfinie", ou "un âge". Quand nous lisons dans la Bible "à jamais", il faudrait le rendre par "des âges et des âges". En outre, comme le fait d' "avoir en Dieu la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:28) est une vérité en accord avec les lois naturelles, une âme perdue signifierait qu'une partie de Dieu est perdue, ce qui est inconcevable.
Après avoir envoyé cette leçon, il m'est venu une autre idée, qui montre comment les "âmes perdues" d'une Epoque ont l'occasion d'évoluer dans la suivante. Vous vous rappellerez que nous avons parlé des Esprits Lucifer comme étant les retardataires de la Période de la Lune, en ajoutant qu'ils ne pouvaient trouver de champ d'évolution dans notre plan actuel de manifestation. Les Archanges habitent le Soleil, les Anges ont la charge de toutes les Lunes, mais les Esprits Lucifer étaient incapables de demeurer sur un de ces globes. Etant mus par la passion et par des désirs égoïstes, ils ne pouvaient aider à la génération de façon pure et désintéressée comme le font
les Anges, aussi fallut-il trouver un autre habitat pour eux. Ils furent donc placés sur la planète Mars, un fait bien connu des anciens astrologues qui ont attribué à Mars la maîtrise du signe du Bélier, lequel régit la tête (rappelez-vous que le cerveau est construit par la force sexuelle détournée). Ils lui ont aussi donné la maîtrise du signe du Scorpion, qui régit les organes de reproduction. Le signe du Bélier correspond à la première maison astrologique, celle du début de la vie; le Scorpion à la huitième, celle de la mort; nous en tirons la leçon que tout ce qui est engendré par passion et désir est voué à la dissolution. Ainsi Mars est, au double point de vue astrologique et ésotérique, "le diable", et Lucifer, le prince des anges déchus, est certainement l'adversaire de Jéhovah, qui dirige les forces de fécondation à partir du Soleil, par l'intermédiaire de la Lune.
Néanmoins, les Esprits Lucifer sont utiles à l'évolution, et c'est d'eux que nous avons reçu le fer, sans lequel la vie ne serait pas possible dans une atmosphère contenant de l'oxygène. Ils ont toujours lutté pour le progrès matériel, et nous n'avons pas le droit de les maudire. La Bible nous interdit formellement de vilipender les dieux; Jude nous dit même que l'Archange Michel n'a pas osé réprouver Lucifer (Jude 1:9) et, dans le livre de Job, ce dernier est cité au nombre des Fils de Dieu (Job 2:1). Son ambassadeur sur terre, Samaël, est l'Ange de la mort, représenté par le Scorpion, mais aussi l'Ange de la vie et de l'action, dont le Bélier est le symbole. Sans l'agitation provoquée par les impulsions de Mars, nous ne ressentirions peut-être par l'affliction avec autant d'intensité, mais nous ne pourrions faire autant de progrès, et il est certain qu' "il vaut mieux s'user que de rouiller".
Vous voyez ainsi comment les "brebis perdues" d'une évolution antérieure ont une chance de se racheter dans le cadre de l'évolution actuelle. Ces Esprits
ont pris du retard et, de ce fait, ils doivent toujours nous paraître mauvais, mais ils ne sont pas "perdus sans retour". Ils ont la possibilité de faire leur salut en nous rendant service, probablement en transformant la génération en régénération, grâce aux forces de création du Bélier et de transmutation du Scorpion.
LETTRE NO 18 - Mai 1912 - LA NOTE DOMINANTE DES ENSEIGNEMENTS ROSICRUCIENS
La note dominante de la leçon du mois dernier (devenue le chapitre 13 des "Enseignements d'un Initié", tome 1) est que nous avons le devoir de faire profiter autrui du fruit de nos études, en essayant d'en faire bénéficier le monde. Il est vrai que les mystiques se tiennent généralement à l'écart et que, d'autre part, le monde se méfie de nous et de nos enseignements. Cela ne devrait pas être; et une analyse objective montrera que les enseignements contestés sont relativement peu importants, alors que ce qui est réellement vital peut être accepté et préparer la voie à d'autres vérités.
La valeur de tout enseignement dépend de son pouvoir de rendre les hommes meilleurs, ici-bas et maintenant, de les rendre aimables et prévenants chez eux, honnêtes en affaires, loyaux envers leurs amis, pardonnant à leurs ennemis; aussi tout enseignement d'application facile et qui produira de tels résultats n'a pas besoin d'autre recommandation.
Où trouver un tel enseignement? Nous avons une "Cosmogonie" monumentale, décrivant des Périodes cosmiques, des Révolutions, des Epoques, des races. Leur étude rendra-t-elle l'humanité plus bienveillante? Ou bien deviendra-t- elle plus honnête après s'être plongée dans l'étude des nombres et des noms de
la Cabale? Sûrement pas, aussi cette connaissance n'a-t-elle pas une grande portée. Les gens deviendront-ils plus moraux si nous leur enseignons les lois de l'involution, ou si nous leur décrivons le circuit de l'âme à travers le purgatoire et le ciel? Pas nécessairement, à moins de les avoir convaincus du fait que les lois de renaissance et de cause à effet nous font récolter ce que nous avons semé, mais même une simple allusion à de telles croyances détournerait la plupart de nos interlocuteurs.
Alors, direz-vous, que reste-t-il de nos enseignements? Il reste le plus grand et le plus pratique d'entre eux, qui ne provoquera pas l'antagonisme d'un fidèle de n'importe quelle religion, ni même d'un agnostique, car il peut se passer d'une étiquette "religieuse". Il produira des résultats des plus bénéfiques dès le jour de sa mise en pratique, et il pourra même influencer les vies futures, sans que la personne qui l'applique ait besoin d'entendre le mot "rosicrucien" ou d'en apprendre davantage sur nos enseignements.
Si vous désirez réellement travailler dans la Vigne du Maître - le monde - ne vous isolez pas. Des études abstraites peuvent être bonnes à l'occasion, mais allez dans le monde, gagnez la confiance de ceux que vous rencontrerez, soit à l'église, soit dans une société, soit dans votre lieu de travail. Si vous leur donnez un bon exemple , peut-être désireront-ils connaître votre secret, et vous aurez le privilège de leur communiquer le plus grand enseignement connu, qui est LE SECRET DE LA CROISSANCE DE L'AME.
Voici à peu près ce que vous pourriez dire: "Chaque soir, en me couchant, je revois les évènements de la journées en ordre inverse, en essayant de me juger impartialement. Je me blâme là où je mérite des reproches, je me repens et je
prends la résolution de me corriger. Je me décerne des louanges si je les mérites, en me promettant de faire mieux encore si l'occasion s'en présente. Il m'arrive souvent d'oublier mes bonnes résolutions, mais je persévère dans mes efforts et, peu à peu, mon attitude en est changée."
Si une explication est demandée à propos de l'ordre inverse de la rétrospection, on peut ajouter que les évènements s'impriment mieux dans la mémoire, mais il n'est pas nécessaire d'en dire davantage, à moins que notre interlocuteur ne cherche véritablement une solution aux problèmes de la vie; en effet, il faut user de discernement et adapter ses explications à la mentalité de chacun.
LETTRE NO 19 - Juin 1912 - LE CARACTERE SACRÉ DES EXPÉRIENCES SPIRITUELLES
Ces derniers mois, nous avons reçu beaucoup de lettres d'appréciation au sujet des leçons envoyées, et nous avons été heureux d'y trouver un profond sentiment d'affection pour le Rosicrucian Fellowship, en même temps que le désir de savoir "comment tout cela est arrivé". J'hésitais à vous parler d'une expérience personnelle, mais ces questions m'encouragent à le faire.
J'hésitais parce qu'on ne saurait trop répéter que, parler sans discernement d'expériences extra-sensorielles est une pratique des plus nuisibles, de quelque côté qu'on la considère. Dans la conférence sur "Vue et pénétration spirituelles" (devenue le chapitre 11 du "Christianisme Rosicrucien"), cette question est traitée en détail. Le "trésor" doit être extrait en silence; et un mythe grec nous apprend que Tantale fut précipité dans les régions infernales pour avoir divulgué des secrets spirituels. En d'autres termes, nous ne pouvons parvenir à une véritable illumination si nous parlons à droite et à gauche de nos rêves et de nos visions, au point de les confier même à des personnes peu disposées à nous écouter. Par là, nous profanons et nous rabaissons ce que nous devrions révérer, et cette profanation tend à concentrer notre vision sur les régions infernales, qui sont les sous-plans inférieurs du Monde du Désir.
D'autre part, de tels récits mettent toujours à l'épreuve la crédulité de nos interlocuteurs, car il n'y a aucun moyen de vérifier leur authenticité. Ils semblent sans rapport pratique avec les problèmes de la vie et, même si nous avons confiance en la véracité du visionnaire, ses récits n'ont aucune valeur si nous n'y pouvons découvrir une loi ou un but. Par conséquent, il suffirait de mentionner la loi elle-même, sans broder inutilement. Il se peut que la meilleure façon d'illustrer ce principe soit de vous relater comment j'ai découvert la loi de la mortalité infantile, qui n'avait jamais été publiée avant d'apparaître dans notre littérature.
Un jour, mon Instructeur me donna pour tâche de suivre la vie d'une personne à travers deux incarnations antérieures, et de lui dire ce que j'avais observé. Je n'avais aucune idée d'avoir été envoyé à la recherche d'une loi, pensant simplement qu'il s'agissait de développer ma faculté de lire dans la Mémoire de la Nature. Une fois prêt, j'en rendis compte à l'Instructeur, qui me demanda des détails sur les circonstances des décès ayant mis fin à ces deux vies. Je répondis que cet homme était mort à la guerre dans la première de ces vies, et de maladie au cours de son enfance dans la seconde. Il me répondit que c'était exact et me demanda d'examiner la vie d'une autre personne. Celle- ci était morte dans son lit la première fois, et de nouveau dans son enfance dans la vie suivante. La vie d'une troisième personne s'était terminée par le feu; apparemment elle était ensuite morte en bas âge. Je dis bien "apparemment", car j'avais peine à le croire, et j'hésitais à le dire à l'Instructeur. A ma surprise, il me dit que mes observations étaient correctes, et mon étonnement ne fit que s'accroître à mesure que le nombre des personnes observées approchait de quatorze. A la fin de leur première vie, elles étaient mortes dans des circonstances diverses: Les unes à la guerre,
d'autres dans des accidents, d'autres dans leur lit, entourée de leur famille en pleurs, mais dans leur vie suivante, elle étaient toutes mortes au cours de leur enfance.
L'Instructeur me dit alors de comparer les vies de ces personnes pour voir pourquoi elles étaient mortes en bas âge par la suite et, pendant des semaines, je n'ai cessé de les étudier sans pouvoir trouver de ressemblance entre leurs premiers décès. Finalement, un dimanche matin, au moment de rentrer dans mon corps, la solution me vint, et je me réveillai en criant; Eureka! j'ai trouvé! Dans ma joie d'avoir la solution, j'ai presque sauté jusqu'au milieu de ma chambre. Les horreurs de la bataille, du feu, des accidents, de même que les lamentations de la famille, empêchent le panorama de la vie de se graver profondément sur le corps du désir, et les acquisitions d'une vie se terminant dans de telles circonstances seraient perdues si, dans la vie suivante, l'intéressé n'avait pas l'occasion de recevoir des enseignements dans le Premier Ciel, après être mort en bas âge. Cette loi se trouve exposée dans notre littérature, et elle suffit, à elle seule, à expliquer logiquement le mystère de ces décès, indépendamment de l'exactitude du récit. Comme ce dernier n'a servi qu'à illustrer un point de la leçon de ce mois (devenue le chapitre 21 des "Enseignements d'un Initié", tome 1) je ne crois pas me contredire en recommandant à d'autres le silence au sujet de leurs expériences spirituelles.
LETTRE NO 20 - Juillet 1912 - INITIATIVE ET LIBERTÉ INDIVIDUELLE
Qu'est-ce qui constitue, selon vous, le point principal de la leçon du mois dernier (devenue le chapitre 21 des "Enseignements d'un Initié", tome 1)? Ce ne sont pas mes expériences qui comptent, bien que les étudiants y aient attaché une grande importance; en réalité, elles sont dépourvues de signification tant qu'elles ne servent pas à transmettre des enseignements utiles et complètement indépendants de ce canal. Ce qu'il importe de retenir de cette leçon, c'est la notion, sur laquelle nous avons insisté à plusieurs reprises, d'une pleine et entière liberté individuelle au sein du Rosicrucian Fellowship.
A cet égard, les enseignements des Mystères occidentaux diffèrent radicalement de ceux donnés aux âmes plus jeunes de l'Orient, où chacun a un Maître, dont le pouvoir est absolu, un Maître qu'il sert en toutes choses et auquel il obéit servilement, comme Kim servant son Gourou, car le récit de Kipling se base sur des faits réels. Obéir aux ordres d'un Maître extérieur qu'on voit et qu'on sert physiquement est, là-bas, le moyen d'avancer spirituellement; l'élève n'a ni choix, ni prérogative - mais il n'encourt pas non plus de responsabilité.
Pour les âmes plus âgées de l'Occident qui aspirent à la croissance
spirituelle, il ne saurait y avoir de "Maître" ou de "Guide", car nous devons apprendre à nous débrouiller tout seuls. Cela peut nous déplaire; nous pouvons reculer devant nos responsabilités et désirer un Maître ou un Guide pour nous en décharger. Il me semble que c'est là une des raisons pour lesquelles tant de personnes intelligentes et cultivées ont adhéré à des cercles spirites et à des mouvement promulguant des enseignements orientaux. Ayant dépassé le niveau moyen de l'Occident, elles sentent intuitivement les vastes espaces de l'au- delà, qui les attirent de la même façon que les vastes espaces du ciel bleu poussent l'oiselet à se confier, malgré ses craintes, au pouvoir porteur de ses ailes. Ces personnes ressentent donc une poussée intérieure, mais, craignant de s'y abandonner, elles se confient à des "Maîtres" ou à des "Guides spirituels", dans l'espoir qu'ils les aideront à obtenir des pouvoirs spirituels. Pourtant, un bébé doit s'essayer à marcher seul, il doit tomber, se relever, retomber et se faire mal. Cette expérience est déplaisante, mais inévitable, et bien préférable à ce qui arriverait si on attachait le bébé à sa chaise pour l'empêcher de tomber, car alors ses membres s'atrophieraient. Or, c'est une telle atrophie, mais des pouvoirs spirituels, à laquelle s'exposent les malheureux qui se placent sous la funeste (pour les Occidentaux) domination des Esprits-guides et des Maîtres orientaux.
L'Instructeur de l'Occident ressemblerait plutôt à l'oiseau qui pousse hors du nid ceux de ses petits qui n'ont pas le courage de s'élancer. Nous pouvons nous faire mal, mais nous apprenons à voler . Voyez mon cas: envoyé dans le monde avec les Enseignements Rosicruciens et la tâche de les diffuser, vous pouvez être assurés qu'en me rendant de mieux en mieux compte de l'envergure de cette entreprise, et de notre insignifiance, à Mrs Heindel et à moi-même, j'en ai souvent eu, comme on dit, le souffle coupé. Bien des fois, lorsque le
travail menaçait de nous engloutir, nous avons prié, et encore prié, pour appeler à l'aide, mais en regardant en arrière, nous pouvons reconnaître les leçons apprises grâce à cette lutte. Des amis nous disent parfois: "Oh, combien nous voudrions que vous receviez l'argent nécessaire à la construction du Temple et des classes, pour que le message puisse mieux se diffuser dans le monde" - mais nous comprenons que d'autres leçons nous attendent et que, lorsque nous serons prêts, les moyens d'agrandir nos locaux nous seront donnés. En attendant, nos ailes ont encore besoin d'entraînement.
Il en va de même pour chacune des personnes associées au Rosicrucian Fellowship. Nous devons apprendre la leçon du travail pour un but commun, en l'absence de toute direction, chacun de nous étant gouverné par l'esprit intérieur d'amour du prochain dans ses efforts pour élever physiquement, moralement et spirituellement le monde entier à la stature du Christ qui est le Seigneur et la Lumière du Monde.
LETTRE NO 21 - Août 1912 - L'ESPRIT DU CHRIST ET LA PANACÉE SPIRITUELLE
Vous vous souviendrez d'avoir lu dans la "Cosmogonie" comment, dans les âges entre Noé et le Christ, sous le régime de Jéhovah, l'égoïsme universel fut cultivé dans toute l'espèce humaine. Il fut dit à l'homme que "Le Ciel, et même les cieux appartiennent à Dieu, mais il a donné la Terre aux fils des hommes" (Psaume 115:16). Ainsi l'homme fut encouragé à rechercher des possessions matérielles, et il n'avait aucune idée des trésors dans le ciel, qui sont les fruits du sacrifice de soi-même. Il en résulta que sa vie d'outre-tombe devenait de plus en plus improductive; ses progrès spirituels se ralentissaient et auraient finalement cessé si une nouvelle impulsion n'avait été donnée.
C'est alors que le Christ cosmique, le "Rédempteur", commença son bienfaisant ministère et finit par obtenir l'accès à la Terre par l'intermédiaire du "sang purificateur de Jésus" lorsqu'il fut répandu sur le Golgotha. Ce sacrifice permit à l'Esprit du Christ d'agir à partir de l'intérieur du globe, afin d'épurer ses éléments physiques et hyperphysiques. Au moment où, sur le Golgotha, cet Esprit a pénétré dans la Terre et en a pris possession, l'humanité a ressenti un énorme poussée spirituelle, à tel point qu'elle a été aveuglée par une intense lumière. A partir de ce moment, le principe d'altruisme a commencé à exercer un plus grand pouvoir sur les hommes: nous cessons graduellement de ne penser qu'à notre propre intérêt, et nous amassons des trésors dans le ciel en nous intéressant au bien-être de notre prochain (Matthieu 6:20). Si le Christ n'était pas venu, une nouvelle Lune aurait dû
être éjectée de la Terre pour la débarrasser de ses pires éléments, mais ce sort nous a été épargné par la grâce du sacrifice de l'Esprit du Christ cosmique - un sacrifice qui n'implique pas sa mort comme on l'entend communément, mais la pénétration d'un plus haut degré de vitalité dans la Terre, qui nous permet une vie spirituelle plus abondante.
Cette venue du Christ nous offre une analogie avec l'administration de la Panacée spirituelle, dont il est question dans notre dernière leçon (devenue le chapitre 22 de "Enseignement d'un Initié", tome 1) conformément à la loi de "Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut". Chaque cellule du corps humain est dotée d'une vie cellulaire séparée, mais régie par l'Ego, qui en a la direction, afin que toutes travaillent en harmonie. Dans certaines longues maladies, l'Ego est tellement accablé par ses souffrances, qu'il cesse de vivifier suffisamment les cellules; ainsi un mal physique engendre une inaction mentale, si bien qu'il peut devenir impossible de se défaire de la maladie sans une impulsion spéciale, capable de disperser les brouillards du mental et de remettre en route le processus d'activité des cellules. C'est là ce que fait la Panacée spirituelle. De même que la pénétration de la Vie Christique sur le Golgotha a commencé de dissiper l'enveloppe de crainte engendrée par une inexorable loi, qui planait sur la terre comme un voile obscurcissant, de même que cette influence a dirigé des millions d'êtres humains sur les sentiers de la paix et de la bonne volonté, de même aussi, lorsque la Panacée est appliquée, la Vie Christique qui s'y trouve concentrée se répand à travers le corps du patient, infusant chaque cellule avec un rythme qui éveille de sa léthargie l'Ego emprisonné, en lui rendant la vie et la santé. Puisse Dieu nous permettre d'être bientôt aptes à apporter ce grand bienfait à l'humanité souffrante.
LETTRE NO 22 - Septembre 1912 - LE PAIN ET LE VIN MYSTIQUES
Si je vous avais demandé quel était, à votre idée, le point important de la dernière leçon (devenue le chapitre 4 des "Glanes d'un Mystique") la plupart d'entre vous aurait sans doute répondu que l'idée principale était la relation entre le pain, le vin et la santé. Il est important, certes, de comprendre cette relation et de l'appliquer autant que possible à nos vies, mais si nous le faisons pour une raison moins estimable que celle donnée par notre Seigneur, notre action est essentiellement égoïste et ne favorisera pas, de loin, autant notre développement que si nous agissons, comme il nous le demande, "en mémoire de lui".
Si vous voulez bien, mes chers amis, voir la chose sous cet angle, vous saisirez l'idée dont je parle. Sous le régime de Jéhovah, l'égoïsme avait à tel point cristallisé la Terre que les vibrations spirituelles en étaient presque paralysées. L'évolution était sur le point de cesser, et le sang était tellement imprégné d'égoïsme que l'humanité était en danger de dégénérer. Le Christ cosmique s'est alors manifesté à travers Jésus pour nous sauver. Purifier le sang de l'égoïsme qui le dénature, tel est le Mystère du Golgotha; il a commencé lorsque le sang de Jésus a coulé, il a continué à travers les guerres des nations chrétiennes, chaque fois que les hommes ont combattu pour un idéal, et il continuera jusqu'à ce que, par contraste, les horreurs de la guerre aient suffisamment convaincu les hommes de la beauté de la fraternité.
Lors de son sacrifice sur le Golgotha, le Christ a pénétré dans la Terre. Son influence la travaille comme un levain et la rend plus apte à répondre aux vibrations spirituelles, mais son sacrifice n'a pas été consommé en un moment par une mort destinée à nous sauver dans le sens généralement accepté. Il continue à "gémir et souffrir les douleurs de l'enfantement, dans l'attente du jour de la libération", de la "manifestation des Fils de Dieu" (Romains 8:22 et 19). Chaque fois que nous prenons une nourriture convenant à nos véhicules supérieurs, symbolisée par le pain et le vin mystiques, nous hâtons ce jour, mais nous aurions bien plus de succès dans nos efforts pour hâter notre propre libération et celle du Christ si nous le faisions toujours "en souvenir de lui".
Vous rappelez-vous la "Vision de Sir Launfal", telle qu'elle est citée dans la "Cosmogonie"? Ce n'était pas l'importance du don qui comptait; la pièce d'or qu'il avait jetée au mendiant avait une valeur matérielle bien plus grande que la croûte de pain partagée plus tard, mais la pièce avait été donnée dans un esprit d'impatience, pour se débarrasser d'une présence désagréable. La croûte de pain avait été partagée en souvenir du Christ, ce qui faisait toute la différence.
Et Sir Launfal dit: "En toi, je contemple Une image de celui qui mourut sur la croix Toi aussi, tu as eu ta couronne d'épines; Toi aussi, tu as eu les coups et les moqueries;
Et les blessures aux mains, aux pieds, au côté, Ne t'ont pas été épargnées non plus. Doux Fils de Marie, accepte-moi: Voici, à travers lui, c'est à toi que je donne."
Plus nous cultiverons l'esprit de faire toutes choses en considération du Christ et de sa libération, plus utiles et meilleures seront nos vies.
LETTRE NO 23 - Octobre 1912
LES COURBES DESCENDANTES ET ASCENDANTES DE L'ÉVOLUTION
Les points les plus importants de la leçon du mois dernier (devenue le premier chapitre de "Franc-Maçonnerie et Catholicisme") sont la grande ancienneté et l'origine cosmique des deux mouvements connus aujourd'hui sous les noms de Franc-Maçonnerie et de Catholicisme - mouvements institués respectivement par les Fils du Feu et les Fils de l'Eau. Il est vrai, comme l'explique la "Cosmogonie", que l'initiation d'êtres humains n'a débuté qu'au milieu de la Période de la Terre, alors que les feux de la Lémurie luttaient avec les eaux de l'Atlantide, mais il est aussi vrai que l'éducation de l'humanité dépend de la formation de ses instructeurs au cours d'une évolution précédente et de l'antagonisme de deux groupes différents d'Anges, qui s'est finalement exprimé sous la forme des deux mouvements mentionnés ci-dessus. Les Anges déchus et l'homme sont impliqués dans le travail du monde sous ses gouverneurs temporels. C'est de Lucifer, l'Esprit de Mars, que provient le sang rouge et ardent qui est le véhicule de toute énergie matérielle, de toute ambition, de tout progrès. C'est aussi, hélas, le véhicule de la passion, qui le souille et qui l'a fait couler jusqu'à en rougir la terre. De Jéhovah, d'autre part, est venue la Loi restrictive et la punition des péchés. Voici un schéma représentant les Epoque à travers lesquelles l'Esprit descend et remonte,
ainsi que les Mondes et les corps qui leur correspondent; il est destiné à nous faire comprendre la corrélation des divers facteurs entrant en jeu.
lre Epoque 7e Epoque
2e Epoque 6e Epoque
3e Epoque 5e Epoque
Corps séparés en sexes Esprits séparés en coteries - masculin et féminin - gouvernement et prêtrise
4e Epoque (Changement de direction)
Dans la Lémurie, le pays de la 3e Epoque, l'humanité fut séparée en sexes, masculin et féminin. A cette époque, les hommes étaient des êtres spirituels en train de descendre dans la matérialité; et les pionniers s'intéressaient vivement à "l'évangile du corps", un corps dont ils avaient vaguement conscience, mais qu'ils apprirent à connaître de mieux en mieux à mesure que le temps passait et que le monde spirituel disparaissait de leur vision. A la
même époque, les Esprit Lucifer étaient les instructeurs de la femme (Eve) et Jéhovah s'adressait à l'homme (Adam). La femme était alors plus avancée que l'homme au point de vue matériel, car nous étions encore sur la courbe descendante de l'évolution.
Lorsque fut pris le "tournant" au milieu de l'Epoque Atlantéenne, la femme devint graduellement plus intéressée aux choses de l'esprit. Elle se mit à écouter la voix de Jéhovah et à fréquenter les églises - ou ce qui en tenait lieu - dans un effort pour satisfaire ses aspirations spirituelles. Quant à l'homme, nous le voyons maintenant dépenser son énergie martienne dans des entreprises matérielles originairement inspirées par le "Porteur de Lumière", Lucifer.
De même que la lumière blanche change de couleur selon son degré de réfraction, de même aussi le point de vue de l'Esprit change avec le sexe de son vêtement mortel, mais du moment que nous alternons nos incarnations masculines et féminines, nous pouvons facilement rétablir l'équilibre et prendre le sentier qui nous attire davantage, ou bien combiner le meilleur de chacun d'eux. Les leçons suivantes montreront le chemin, mais nous pouvons déjà ajouter que Celui qui a dit: "Je suis la vraie Lumière" est au bout du Sentier, alors que Lucifer et Jéhovah ne représentent tous deux que des étapes sur le chemin qui conduit à la Vérité et à la Vie.
LETTRE NO 24 - Novembre 1912
THE ROSICRUCIAN FELLOWSHIP, UN CENTRE SPIRITUEL
Le 28 du mois dernier, il y avait exactement un an que nous avions donné le premier coup de pelle pour la construction de notre premier bâtiment. C'était une typique journée californienne de grand soleil, avec un ciel sans nuages, dont le bleu rivalisait avec celui de l'Océan Pacifique, visible sur près d'une centaine de kilomètres des hauteurs où nous étions rassemblés. Nous étions un petit groupe de neuf personnes, la plupart venues de l'extérieur. Derrière nous, dans la vallée, en regardant les sommets neigeux qui se profilaient dans le lointain, notre attention s'est portée sur les bâtiments de la Mission San Luis Rey, avec ses blanches murailles, son toit couvert de tuiles rouges et son dôme doré, où les Frères Franciscains avaient oeuvré et enseigné pendant plus d'un siècle parmi les Indiens, et cela nous a semblé un présage.
Nous étions là, une poignée d'enthousiastes, sur un terrain inculte, où nous espérions fonder un Centre spirituel. Ces anciens Pères s'étaient trouvés dans une situation similaire, meilleure à certains égards, et pire dans d'autres domaines. Aujourd'hui, des méthodes plus modernes et des moyens de transport rapides nous permettent d'atteindre le monde entier, alors que leur champ d'action était limité à leur voisinage immédiat. Pour vivre, il leur fallait cultiver le sol en même temps que les âmes de leurs protégés. Ils faisaient
appel à eux pour accomplir des travaux dont ils avaient établi les plans et, grâce à leurs efforts réunis, une église avait été construite, où tous pouvaient prier. A cet égard, leur situation était meilleure que la nôtre: tous leurs membres étaient sur les lieux, prêts à aider physiquement à l'édification des bâtiments de la mission, qui était pour eux ce que notre Siège est pour le Rosicrucian Fellowship. Mais nous n'avons pas de "protégés", nous ne prétendons à aucune autorité, et nous désapprouvons toute restriction à la liberté individuelle, car une restriction de ce genre serait diamétralement opposée aux enseignements rosicruciens, les plus élevés qui soient à l'heure actuelle. "Si tu est le Christ, sauve-toi toi-même", est-il dit au candidat passant l'initiation lorsqu'il gémit sous son épreuve. Nul de ceux qui s'appuient sur autrui ne peut être en même temps une aide; chacun doit apprendre à se gouverner seul.
L'effectif de nos membres a quadruplé depuis l'an dernier, et le travail est évidemment plus important, bien que la rationalisation et les machines permettent à trois d'entre nous qui travaillons au bureau d'accomplir la besogne d'un important personnel, tandis que des auxiliaires payés s'occupent des travaux d'entretien et de jardinage. Il nous arrive cependant d'être submergés par les tâches de préparation des leçons et des lettres pour les cours et l'envoi mensuel d'environ 1500 lettres individuelles pour aider nos étudiants dans leurs difficultés, en plus du courrier mensuel. Il nous semble ne pouvoir accepter un membre de plus, faute d'aide pour accomplir la partie mécanique du travail. Mais, miraculeusement à ce qu'il semble, le ciel s'éclaircit soudain, on invente une nouvelle manière d'accomplir une certaine partie du travail avec plus de rapidité ou moins de peine, et nous voilà prêts pour un nouvel accroissement de l'effectif des membres. Comme déjà dit, nous
en faisons quatre fois plus que l'an dernier, avec moins d'aide et de peine.
Toutefois, tandis que notre oeuvre s'accomplit, le Siège lui-même est négligé. Nos projets d'une Ecole de guérison, d'un sanatorium et surtout d'un Temple où la Panacée pourra être préparée et où des services de guérison pourront, avec efficacité, répandre la santé morale et physique dans le monde entier - tout cela n'est encore, si l'on peut dire, que des idées à l'état de germe. A mesure que la plainte de l'humanité souffrante nous atteint par des milliers de lettres, notre désir de réaliser les plans des Frères Aînés devient plus intense; tellement aigu, en vérité, qu'il semble incarner l'aspiration concentrée de tous ceux qui en ont appelé à nous dans leur détresse et leur souffrance.
Nos membres étant dispersés dans le monde entier, nous ne pouvons suivre l'exemple des Pères espagnols, en demandant à nos étudiants de confectionner des briques matérielles et d'en édifier des murs. Je n'ai jamais demandé un sou à personne - l'activité du Rosicrucian Fellowship a été entièrement soutenue par des dons volontaires et le modeste produit de la vente de nos livres - et je ne pourrais pas non plus, maintenant, lancer un appel de fonds pour des constructions; si nous recevons des dons, ils doivent venir du coeur. Toutefois, le fait de ressentir, comme c'est le cas ici, l'intense souffrance du monde, m'incite à vous demander les moyens de réaliser le projet de faire en sorte que le Siège du Rosicrucian Fellowship devienne un Centre spirituel des plus efficaces .
L'an dernier, j'avais écrit aux étudiants pour leur indiquer le moment précis où nous retournerions la première pelletée de terre à Mount Ecclesia et pour demander à chacun de s'isoler pour être avec nous en prières, s'il ne pouvait
l'être en personne. Nous avons reçu un merveilleux encouragement de cet effort collectif, et je me sens de nouveau poussé à vous demander de l'aide dans une même direction.
Quand les membres de la Science Chrétienne désirent construire, ils font ce qu'ils appellent une "démonstration", et l'argent afflue dans leur caisse; les adhérents de Pensée Nouvelle (New Thought) envoient une "demande", et les chrétiens de toutes dénominations "prient" pour obtenir des fonds. Ils se servent pratiquement tous du même moyen, quoique sous des noms différents. Tous, ils désirent de magnifiques monceaux de pierre et de verre, et ils les obtiennent. Je sais qu'un local et un bâtiment dignes de notre mission sont nécessaires, mais quoique nous en ayons grand besoin, je ne puis prier pour des poutres et des pierres, ni vous demander de le faire, mais ce que je puis vous demander - et je vous le demande - c'est de prier avec moi pour que le Siège du Rosicrucian Fellowship devienne un Centre spirituel des plus efficaces et des plus puissants . Priez de toute votre âme, en demandant que ceux qui travaillent à Mount Ecclesia reçoivent la grâce de faire avancer le travail; faites d'eux le centre de vos pensées aimantes, afin que nous puissions faire rayonner cette grâce sur un monde qui est assoiffé de cette sorte d'amour.
Personnellement, nous sommes fragiles, mais par vos prières et par la grâce de Dieu, nous deviendrons une puissante force dans le monde. Si nous cherchons d'abord le Royaume de Dieu , des détails tels que les bâtiments nécessaires à notre activité arriveront tout naturellement, sans qu'il soit besoin de dégrader la prière en la faisant servir à l'acquisition de possessions matérielles.
LETTRE NO 25 - Décembre 1912 - LE MESSAGE MYSTIQUE DE NOEL
Carillons de Noël!...Avez-vous, dans votre enfance, vibré à la magie de leur appel, avant que le doute soit entré dans votre coeur, ébranlant l'idéal enseigné par l'Eglise? Nous entendions pourtant les mêmes cloches dimanche après dimanche, mais à Noël leur vibration était autre; il y avait une note de festivités que, bien sûr, nous avons plus tard attribuée à notre imagination enfantine. Tout en nous félicitant de notre émancipation de ces "mômeries", nous n'en avons pas moins un sentiments qu'il nous manque quelque chose. Dans son "Ode à l'Immortalité", Wordsworth a exprimé ce sentiment de regret qui suit la perte des idéaux de l'enfance: rien de ce que le monde nous offre ne peut les remplacer et, quelles que soient nos richesses matérielles, nous sommes réellement à plaindre lorsque les mirages de l'enfance se sont envolés et que des concepts intellectuels ont étouffé ce que nous appelons "des superstitions".
Paul nous exhorte à étayer notre foi par la raison - et il y a une raison mystique à de nombreux usages religieux remontant à une haute antiquité. La coutume de sonner les cloches au moment d'allumer les cierges sur l'autel a été instituée par des clairvoyants ayant reçu l'illumination spirituelle, en vue de nous enseigner la similarité cosmique de la lumière et du son. Les langues de métal des cloches annoncent aujourd'hui le message du Christ à
l'humanité aussi clairement que lorsqu'il a énoncé pour la première fois son aimable invitation: "Venez à moi, vous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos" (Matthieu 11:28). La cloche est donc le symbole du Christ, du "Verbe", lorsqu'elle nous appelle à l'adoration devant l'autel illuminé où il nous accueille comme la "Lumière du Monde".
Le sentiment de festivités éveillé par les cloches de Noël est aussi produit par des causes cosmiques actives à cette époque de l'année; et la présente saison est véritablement sainte, ainsi que nous allons le voir. Ceux qui étudient la science des astres savent que les signes du zodiaque sont comme un gigantesque clavier, chacun d'eux ayant ses vibrations particulières. A mesure que les planètes passent successivement, chacune à son allure propre, devant chaque signe, en des combinaisons toujours nouvelles, les accords des harmonies cosmiques, connus aux mystiques sous le nom de "musique des sphères", ne cessent de faire entendre les oraisons et les hymnes qui s'adressent au Créateur. Pour le clairvoyant, cette musique n'est pas une idée saugrenue, mais un fait réel, capable de vérification dans ses effets. L'harmonie des sphères n'est pas un ton uniforme; elle varie de jour en jour et de mois en mois, à mesure que le Soleil et les planètes passent d'un signe à un autre, en produisant d'infinies variations, dont le changement est la base de l'évolution spirituelle et physique. Si cette vibration cessait, ne fût-ce qu'un instant, le Cosmos retournerait au Chaos.
Pour vous faire une idée de cette influence, observez la nature et la qualité de l'amour vital émanant de l'Etoile du Christ, le Soleil, lors de son passage devant le signe belliqueux du Bélier, au printemps. L'amour des sexes est la note dominante dans la nature, dont toutes les énergies sont centrées sur la
génération, aussi la passion règne-t-elle partout. Comparez cet effet du Soleil avec celui qu'il exerce en décembre, lorsque ses rayons s'imprègnent des vibrations bienveillantes du Sagittaire, gouverné par Jupiter: il favorise la religion et la philanthropie; l'air vibre de générosité, et l'amour vital de l'Etoile du Christ trouve sa plus haute expression à travers ce signe aimable. Au dehors règnent les ténèbres de l'hiver, car le symbole visible de la "Lumière du Monde" (Jean 12:46) a été obscurci, mais durant la nuit la plus sombre, le carillon de Noël suscite une prompte réaction aux sentiments de bienveillance qui font de tous les humains des frères issus du même Père Céleste.
Puissent les résonances mystiques des carillons de Noël éveiller en vous la fibre la plus tendre de votre coeur, et puisse la tonique de joie être la dominante de votre vie durant l'année qui vient - tel est le voeu de Noël des collaborateurs de Mount Ecclesia.
LETTRE no 26 - Janvier 1913
SERVONS NOTRE PROCHAIN DURANT LA NOUVELLE ANNÉE
Il fait froid dans l'hémisphère nord; Les vents retiennent la terre et les eaux dans leur étreinte glaciale, mais le coeur de l'homme est plus chaud qu'à aucune autre époque de l'année. "Joyeux Noël" ou "Bonne et heureuse année" sont des salutations de bonne volonté qui nous accueillent partout. Pour la plupart, ce ne sont que de vains propos, mais n'empêche qu'ils laissent une atmosphère de bonne volonté qui est plus importante qu'on ne croit. Si ces salutations étaient d'usage toute l'année, au lieu d'être limitées à cette saison, le monde en serait enrichi. Toutefois, comme dit le proverbe, "Si les souhaits étaient des chevaux, les mendiants rouleraient carrosse" et, à moins que nos actes visent à réaliser nos souhaits, rien n'en résultera. Il est dit qu'un certain lieu infernal est pavé de bonnes intentions, mais le monde a encore besoin d'autre chose que de souhaits.
L'autre mois, je vous avais demandé de vous joindre à mes prières afin que The Rosicrucian Fellowship serve à élever le monde; et bien des lettres sont venues nous assurer que les collaborateurs du Siège étaient l'objet des prières constantes des étudiants. Nous connaissons le pouvoir de la prière; sans l'appui que nous en recevons, nous n'aurions jamais pu supporter les tensions physiques et mentales qui ont accompagné cette croissance phénoménale. Mais les quelques milliers qui ont été atteints par notre message ne sont rien en comparaison des millions de personnes qui sont à la recherche de la Lumière.
Le Christ a dit: "Que celui qui veut être le plus grand parmi vous soit le serviteur de tous" (Matthieu 20:26). La valeur d'un homme se mesure aux services qu'il rend à ses semblables. Il en va de même d'une association, mais sa composition fait que son efficacité dépend de l'intérêt et de l'enthousiasme de chacun de ses membres. Nous sommes tous redevables aux Frères Aînés de la lumière que nous avons reçue; et notre devoir le plus sacré est de laisser rayonner notre lumière, afin que d'autres puissent participer à notre grand privilège. Sans négliger nos autres devoirs, efforçons-nous tout de même de diffuser plus largement les enseignements rosicruciens durant l'année qui vient.
Agissons toutefois avec discernement, en évitant de troubler ceux qui sont satisfaits de leurs croyances. C'est seulement si vous trouvez une personne à la recherche d'une solution aux problèmes de sa vie que vous pouvez nous demander d'envoyer de la documentation à son adresse. Votre nom ne sera mentionné que si vous l'autorisez.
Nous serons aussi heureux de vous fournir des feuilles d'information sur The Rosicrucian Fellowship, reproduisant le texte (voir à la fin de l'ouvrage) figurant au dos de vos cartes d'accusés de réception. De cette manière, vous pourriez intéresser vos amis et ouvrir la voie à d'autres questions de leur part. Grâce à cette collaboration, peut-être arriverez-vous à mettre un chercheur en contact avec la lumière , et vous aurez contribué à lui faire un bien durable. En aidant d'autres personnes à croître spirituellement, vous rendez aussi service à vous-mêmes.
Puissent la prospérité spirituelle et une abondante croissance de votre âme marquer chaque journée de votre nouvelle année!
LETTRE NO 27 - Février 1913 - SIEGFRIED, LE CHERCHEUR DE VÉRITÉ
De même que nous donnons à nos enfants des livres d'images pour leur enseigner des leçons morales qu'ils seraient incapables de saisir intellectuellement, de même aussi les divins Guides de la jeune humanité ont eu recours à des mythes pour lui transmettre de grandes vérités spirituelles qui, tout en étant restées pendant des âges à l'état "germinatif" dans notre inconscient, n'en ont pas moins été de puissants facteurs dans la direction imprimée au progrès humain. Vous auriez peine à croire que le mythe de Faust incorpore les grands problèmes de la Franc-Maçonnerie et du Catholicisme, avec leur solution finale, mais nous verrons, dans nos prochaines leçons, qu'il en est bien ainsi. Cette fois-ci, je voudrais seulement me servir d'un épisode du grand poème épique nordique "L'anneau des Niebelungen" pour montrer comment la grande vérité: "celui qui veut trouver la Vérité doit quitter père et mère" (Matthieu 19:29) - comme l'ont fait Jésus et Hiram Abiff - a été communiquée aux "Enfants du Brouillard" (ce qui est la signification du mot "Niebelungen") qui vivaient dans l'atmosphère nébuleuse de l'Atlantide. Plus tard, nous pourrions étudier la légende tout entière (voir "Les Mystères des Grands Opéras").
Wotan est le chef des dieux, qui sont toujours en guerre avec les géants. Pour s'en protéger, les dieux construisent une forteresse appelée Walhalla, où les
Valkyries, filles de Wotan, ramènent les fidèles défenseurs qui sont tombés dans la bataille, en défendant leur foi. La vérité a perdu son caractère d'universalité lorsque ses gardiens l'ont entourée de muraille et l'ont limitée. Mais Wotan a d'autres enfants, qui aiment tellement la Vérité qu'ils s'enfuient du Walhalla pour être libres. Ils sont armés d'une épée appelée "l'Enfant du désespoir" à l'aide de laquelle ceux qui se rebellent contre les croyances et les dogmes envoient chaque fois promener les conventions pour partir à la recherche de la Vérité. Wotan envoie ses favoris à la poursuite des fugitifs et demande à Brunhilde, la Valkyrie qui représente l'Esprit de Vérité, de l'aider à les exterminer. Elle refuse, et Wotan, qui s'est rendu invisible, pare les coups de son vaillant fils Siegmund, qui est tué dans ce combat inégal.
L'Eglise dominante ne voit pas d'un bon oeil la sécession de ses enfants. Elle aurait même voulu obliger l'Esprit de Vérité à lui obéir et, lorsque cette manoeuvre ne réussit pas, elle recourt à de subtiles combinaisons pour arriver à ses fins. Ses intentions sont louables, mais elle a dégénéré. Au moment où Wotan éloigne de lui Brunehilde en pleurs pour la mettre en sommeil sur un roc entouré de flammes, il lui dit qu'elle ne se réveillera pas avant qu'apparaisse un héros plus libre qu'il ne l'est . La vérité ne peut être trouvée dans une religion liée par les dogmes; celui qui part à sa recherche ne doit pas être entravé par une obligation d'obéissance à quiconque.
Siegfried, dont le nom signifie "la paix par la victoire", répond à cette définition; il est le fils de Siegmund, le héros mis à mort, et de sa soeur et épouse Sieglinde, morte en lui donnant le jour. Il est donc libre de toute attache envers père et mère, ou autres liens terrestres; son seul héritage est
une épée brisée, l'"Enfant du désespoir". Elevé parmi les Niebelungen (l'humanité ordinaire), il est conscient de sa divinité et se rebelle contre les limitations de son milieu. Son père adoptif, Mime, est un habile forgeron, mais toutes les épées forgées par lui sont fracassées du premier coup par le jeune géant. Mime avait souvent essayé de forger l'"Enfant du désespoir", mais sans succès, car aucun poltron n'y peut parvenir. Tant que nous craignons l'Eglise, l'opinion publique ou quoi que ce soit d'autre, nous ne pouvons pas nous libérer.
Le courage du désespoir l'emporte sur la crainte et, finalement, Siegfried forge lui-même l'épée, dont il se sert ensuite pour mettre à mort Fafner, le dragon du désir qui "couve" les trésors de la terre, et Mime, son père adoptif - la nature inférieure. Il est alors absolument libre; et un oiseau, la voix de l'intuition, lui parle de la belle Brunhilde, l'Esprit de Vérité, qui peut être éveillée par un homme libre et sans peur. A la poursuite de son idéal, Siegfried suit l'oiseau de l'intuition, mais Wotan, son ancêtre, essaie de lui barrer le chemin avec sa lance, représentant le pouvoir de la croyance, sur laquelle l'épée tenue par Siegmund s'était autrefois brisée. Depuis que Siegfried l'a forgée, cette épée est plus solide, alors que la lance de Wotan a perdu en solidité depuis son premier choc, car la croyance s'affaiblit toujours sous l'attaque. Siegfried, l'homme libre et sans peur, fracasse la lance de Wotan et, continuant d'avancer à travers les flammes jusqu'au rocher de la Valkyrie, il étreint l'Esprit de Vérité et l'éveille d'un tendre baiser.
Ainsi, cet ancien mythe indiquait au chercheur de vérité ce qu'il avait à faire pour la trouver. Il nous faut quitter père et mère, croyances et dogmes, conventions, idées préconçues et désirs de ce monde; il ne nous faut jamais craindre un conflit avec les autorités établies, mais il nous faut suivre
notre voix intérieure à travers le feu si nécessaire: c'est alors, et alors seulement, que nous pourrons trouver la vérité.
C'est pour cette raison que les Rosicruciens insistent sur le fait que toux ceux qui viennent à eux en quête d'enseignements plus profonds soient libres de toute inféodation à une école; et aucun candidat n'est lié, à aucun degré de son développement, par des serments. Les seules promesses qu'il fait, il se les fait à lui-même, car la liberté est la possession la plus précieuse de l'âme, et il n'est pas de plus grand crime que d'entraver son prochain de quelque manière que ce soit. Puissions-nous tous rester fidèles à ce grand héritage, et résister vaillamment à tout empiétement sur ce droit sacré.
LETTRE NO 28 - Mars 1913
CONSTITUTION DE THE ROSICRUCIAN FELLOWSHIP EN SOCIÉTÉ
Vous vous rappellerez que l'an dernier, dans une série de leçons (devenues les chapitres 20 à 22 des "Enseignements d'un Initié", tome 1) j'avais parlé de constituer The Rosicrucian Fellowship en association et d'en confier la direction à un comité, afin que ce qui appartient à l' oeuvre puisse être conservé et servir à ses buts altruistes dans les siècles à venir. Cette constitution est maintenant chose faite et The Rosicrucian Fellowship est enregistré en conformité des lois californiennes, a un statut légal dans le monde. Le site du Siège, avec ses bâtiments et le matériel nécessaire à son activité, est maintenant la propriété du Rosicrucian Fellowship tout entier, à l'abri des convoitises individuelles.
Cet enregistrement nous a soulagés, Mrs Heindel et moi-même, d'un grand poids. Nous avons attribué à l'oeuvre des dons reçus, allant d'un timbre-poste à de modestes sommes - car jusqu'ici nous n'avons pas eu de dons importants. Grâce à une utilisation judicieuse de ces fonds relativement minimes, nous avons maintenant les fondements d'une oeuvre si immensément grande qu'elle dépasse toute description. C'est vous, avec vos dons spontanés, qui avez aidé à créer Mount Ecclesia au point de vue matériel; il vous appartient et il restera votre propriété, car ni Mrs Heindel ni moi ne désirons de l'argent ou des biens, étant plus que comblés du fait de l'inestimable privilège de rendre service. Pour que notre oeuvre puisse donner toute sa mesure, il nous faudra
évidemment davantage de moyens, mais nous avons foi dans l'assurance des Frères Aînés que, lorsque nous serons prêts, les choses matérielles nécessaires à la croissance et à la plus grande utilité du Rosicrucian Fellowship viendront à nous. D'ici là, nous continuerons à travailler de jour en jour avec les moyens dont nous disposons, car c'est ainsi, et ainsi seulement, que nous nous rendrons aptes à mieux servir.
Nous avons aussi le grand plaisir de vous annoncer que, contrairement à la situation antérieure, où nous n'arrivions pas à trouver de l'aide, nous avons maintenant au Siège plusieurs loyaux collaborateurs. Toutefois, bien que notre personnel de bureau ait doublé en quelques mois, le travail s'est aussi accru de manière phénoménale, et notre activité est plus fiévreuse que jamais.
Vous vous rappellerez peut-être que, dans de précédents écrits, il était dit que la Science, les Arts et la Religion s'étaient trouvés séparés au cours des temps modernes, cette séparation étant nécessaire à un développement plus complet de chacune de ces disciplines. Il était aussi dit que, tout comme la Science, les Arts et la Religion avaient été enseignés comme un tout dans les anciens Temples des Mystères, il faudrait aussi que se produise, dans les temps futurs, une réunification de ces trois enseignements, ceci étant nécessaire à notre croissance spirituelle. En juin prochain, nous ouvrirons à Mount Ecclesia une Ecole en vue de donner cet enseignement composite, en mettant tout spécialement l'accent sur l'art de guérir. Ceux de nos étudiants qui s'y intéressent sont priés de nous écrire: nous leur enverrons toutes les informations nécessaires. Les dépenses seront couvertes par les dons des participants.
LETTRE NO 29 - Avril 1913 - FRANC-MAÇONNERIE ET CATHOLICISME
Dans notre dernière leçon sur les origines de la Franc-Maçonnerie et du Catholicisme (voir fin du chapitre 9 du livre du même nom) nous avions fait ressortir les divers points relatifs à leur origine cosmique, et vous serez sans doute heureux de les retrouver ici sous une forme résumée. Voici donc la quintessence de notre thèse.
Le mot "Franc-Maçon" est dérivé de l'égyptien Phree messen , ou "Enfants de la Lumière". A l'origine, ces mots servaient à désigner les constructeurs du Temple de Dieu - l'âme humaine. Le mot "catholique" signifie "universel"; à l'origine, il servait à différencier la religion mondiale, englobant les autres - le Christianisme - des religions de race, telles l'Hindouisme.
Le sang est le véhicule de l'Esprit; sous le régime de Jéhovah et des Esprits Lucifer, il a été contaminé par l'égoïsme. Tous deux, la Franc-Maçonnerie et le Catholicisme, visent à purifier le sang de l'homme et à développer l'altruisme.
La Franc-Maçonnerie apprend au candidat à faire son salut par lui-même, alors que le Catholicisme le fait dépendre du sang de Jésus. Ceux qui recourent à la méthode positive développent naturellement les âmes les plus fortes.
LETTRE NO 30 - Mai 1913 - LE ROLE DU MAL DANS LE MONDE
Dans la leçon du mois dernier (devenue le premier chapitre des "Mystères des Grands Opéras") nous avons étudié le rôle des dissonances en musique, ainsi que le rôle similaire du mal dans le monde, qui est de faire ressortir, par contraste, la beauté et l'harmonie du bien. Un esprit superficiel pourrait en conclure que ce mal apparent a été établi par Dieu, l'Auteur et l'Architecte de notre monde, comme s'il pouvait être à l'origine de toutes les peines, de toutes les souffrances qui font gémir l'humanité. La Bible dit vrai lorsqu'elle rapporte que les Elohim, qui étaient ses agents, "virent que cela était bon", une fois leur travail terminé (Genèse 1:25). La "Cosmogonie", ainsi que les conférences 13 et 14 (devenues des chapitres du "Christianisme Rosicrucien") expliquent en détail le récit biblique de l'arrivée du mal apparent, venu dans le monde avec les Esprits Lucifer; ils montrent également qu'ensuite les forces du bien s'en sont servies d'une façon bienfaisante, de manière à obtenir un résultat final meilleur que si ce facteur n'avait pas existé.
Vers la fin de l'Epoque Lémurienne et au début de l'Epoque Atlantéenne, l'homme, pur et innocent, était le docile protégé d'Anges gardiens qui guidaient tous ses pas sur le sentier de l'évolution. Il n'était pas doué de raison: à quoi bon puisqu'il n'avait pas le choix, n'ayant qu'un chemin à suivre? Les Seigneurs de Vénus avaient été envoyés pour développer en lui la
bonté, l'amour et la dévotion: si aucun facteur de trouble n'avait surgi, cette Terre serait restée un paradis, dont l'homme aurait fait partie comme une belle fleur. Les peines, les souffrances et la maladie seraient restées inconnues et, sous le régime des Anges lunaires et des Seigneurs de Vénus, l'homme serait automatiquement devenu bon et sage, puisqu'il n'avait pas d'alternative. Lorsque les Esprits Lucifer ouvrirent ses yeux à cette voie différente et que les Seigneurs de Mercure développèrent en lui la raison qui devait lui servir de guide, il devint - en puissance - plus grand que les uns et les autres de ces guides, ainsi qu'il est demandé de ceux qui suivent le sentier en spirale de l'évolution.
Ainsi pourvu de libre arbitre et de raison, l'homme a le glorieux privilège de s'élever au pinacle de la plus haute perfection possible dans ce plan d'évolution; et c'est pour cela que le Christ disait : "Celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes." (Jean 14:12).
Puisse le mythe de Faust nous apprendre à marcher sur les traces de nos guides, en utilisant le mal apparent pour accomplir un bien plus grand; puissions-nous aussi apprendre à ne pas nous laisser dominer par le mal, mais à en triompher, le transmutant ainsi en bien. On pense communément que "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras"; si c'était toujours vrai, nous n'aurions rien qui nous pousse à monter plus haut, à faire mieux ou plus grand. Les paroles du Christ nous encouragent à avancer; et des légendes telles que le mythe de Faust nous apprennent à utiliser des forces en apparence destructrices et subversives.
A celui qui a beaucoup reçu, il sera beaucoup redemandé (Matthieu 25:14-30), et c'est pourquoi ceux qui étudient la philosophie rosicrucienne et les
enseignements de la Sagesse Occidentale ont l'obligation de faire de plus grands efforts. Puissions-nous aspirer de toutes nos forces à nous montrer dignes de ce glorieux privilège!
P.S - Depuis que nous avons sollicité vos prières quotidiennes pour ceux qui travaillent au Siège, beaucoup de nouveaux étudiants se sont inscrits. Nous croyons donc utile de renouveler notre requête de bien vouloir nous inclure dans vos prières, en demandant que le Siège du Rosicrucian Fellowship devienne un Centre spirituel des plus efficaces. Ainsi que vous l'apprend la feuille jointe, nous sommes sur le point d'ouvrir notre Ecole de guérison et, pour faire ce pas important, nous avons besoin, comme jamais auparavant, de la grâce divine. Veuillez donc nous aider dans cette entreprise.