MAX HEINDEL
LETTRE NO 49 - Décembre 1914
LE DÉSIR, UNE ARME A DOUBLE TRANCHANT
Nous voici à l'époque des souhaits: "Joyeux Noël, Bonne et heureuse année" sont à l'ordre du jour et, se conformant à cet ancien usage, les travailleurs de Mount Ecclesia font également part, à tous les membres dispersés de par le monde, de leurs voeux de saison.
Cependant, tout en vous souhaitant un bon départ, dans une atmosphère d'optimisme, nous devons remarquer que, si les voeux d'autrui peuvent être encourageants et agréables, ils n'ont pas, en eux-mêmes, grande importance. Ce qui importe, ce sont les souhaits que nous formulons pour nous-mêmes et qui peuvent réaliser des miracles, si nous y mettons suffisamment d'intensité et de persévérance, même si le monde entier se ligue contre nous. Richesse, pouvoir, popularité, peuvent être nôtres si notre souhait est soutenu par une ardeur capable de surmonter les obstacles. La santé, elle aussi, peut être nôtre si nous avons la volonté de guérir et de faire le nécessaire pour éviter les rechutes. Les restrictions sociales, les conditions familiales difficiles peuvent céder devant un désir ardent.
Mais il y a une autre face du problème, car le désir est une arme à double tranchant, et ce qui nous apparaît comme le plus grand bien peut se transformer en malédiction lorsque nous l'avons obtenu. La plus grande fortune peut s'écrouler en peu d'heures, à la suite d'une catastrophe ou d'un coup de bourse; et l'homme riche est constamment tourmenté par la peur de perdre ses biens. Pour être populaires, nous devons nous mettre à la disposition de
chacun, répondre à toutes les demandes, au moindre appel, si bien que nous n'avons plus ni repos, ni le temps de suivre nos propres inclinations. Des souffrances physiques qui semblent des aiguillons dans la chair et dont nous aimerions bien nous défaire, peuvent être une bénédiction déguisée. Paul, qui avait un tel mal, a demandé au Seigneur de l'en débarrasser, mais s'est vu répondre "Ma grâce te suffit". Il en est de même des conditions familiales difficiles et d'autres ennuis, car toutes les relations humaines comportent certainement leçons à apprendre pour notre bien. Il faudrait donc faire bien attention de ne pas souhaiter leur disparition sans ajouter chaque fois les mots utilisés par le Christ dans le Jardin de Gethsémané. Tout en reculant, dans son corps, devant la torture qui l'attendait, il disait: "Non pas ma volonté, mais la tienne." Rappelons-nous toujours qu'il est une seule chose pour laquelle nous puissions prier avec toute la ferveur et l'intensité dont nous sommes capables, et c'est d'être trouvés agréables à Dieu.
Chers amis, le Rosicrucian Fellowship est une association composée d'un grand nombre de membres, et je m'adresse individuellement à chacun de vous pour vous demander ce qui suit: voulez-vous, en votre qualité de membre, vous joindre aux autres pour nous souhaiter - au Fellowship - une plus grande effusion de la grâce divine pendant l'année 1915, afin que nous puissions, avec plus d'efficacité, accomplir notre part du plan de Dieu et hâter la venue du Christ? Et voulez-vous mettre dans ce souhait une intensité telle, que vous travaillerez à la réalisation de cet idéal, avec zèle et ferveur, durant toute l'année?
Puisse Dieu bénir The Rosicrucian Fellowship et en faire un agent plus efficace de son travail dans le monde!
LETTRE NO 50 - Janvier 1915
PROSPÉRITÉ SPIRITUELLE DANS LA NOUVELLE ANNÉE
Ces jours-ci, la coutume est de se saluer par les "Heureuse et prospère nouvelle année!" - et le signataire se joint volontiers aux autres dans ce souhait quoique dans un sens quelque peu différent. C'est en effet surtout la prospérité matérielle que vos amis vous souhaitent, alors que notre souhait se réfère à l'or produit par l'alchimie de l'âme, à la transformation des vils métaux des expériences de l'année écoulée en la Pierre Philosophale, le plus grand trésor que puisse jamais nous offrir ce monde. Les richesses matérielles sont toujours une source de soucis pour leur possesseur, alors que ce joyau précieux entre tous apporte avec lui une paix "qui surpasse toute intelligence" (Philippiens 4:7).
D'ailleurs, en ne visant qu'à l'acquisition de biens matériels, notre travail nous semblera toujours fastidieux et ingrat, même si nous cherchons à en interrompre la monotonie par ce qu'on appelle des "plaisirs", car on se posera souvent la question "à quoi bon?" Au contraire, pour ceux qui travaillent dans la vigne du Christ, ceux qui font tout, aussi bien dans l'exercice de leur profession qu'à côté, "pour le Seigneur", la vie se présente de façon bien différente. Le Christ a dit "Mon joug est aisé et mon fardeau léger" (Matthieu 11:30), ce qui est bien vrai, quoique peut-être pas dans le sens courant. Le
signataire et ceux qui l'ont aidé pendant des années peuvent affirmer, sur la base de leurs expériences personnelles, que malgré le labeur le plus ardu, aussi bien mental que physique, et malgré que leur corps était parfois exténué à tel point que, au réveil, il semblait presque impossible de démarrer, ils en ont éprouvé une satisfaction, une joie, un plaisir que le monde ne connaît pas et ne saurait comprendre. Les années passées à ces besognes ont été satisfaisantes au point que rien au monde ne pourrait les remplacer, pour lui et sa compagne, en cas de perte. D'une année à la suivante, il estime que c'est un privilège de plus en plus grand de pouvoir travailler ainsi, et ceux qui collaborent avec lui ont exactement le même sentiment.
Et vous, chers amis? Nous voici au début d'une nouvelle année, d'un nouveau départ. En tant qu'organisation, le Rosicrucian Fellowship dépend de chacun de vous: si nous voulons progresser spirituellement, il faut que chacun assume sa part du fardeau. Nous devons devenir plus fidèles, plus fervents, plus dévoués à l'idéal transmis par les Frères Aînés. Nous savons que le Fellowship compte des membres loyaux: êtes-vous de ceux-là? Il ne suffit pas d'étudier les enseignements et de méditer à leur sujet; il faut vraiment les incorporer à notre vie et devenir des lumières rayonnantes dans notre milieu. Il nous faut "vivre la vie", non seulement dans le monde extérieur, mais chez nous, afin que les autres membres de notre famille puissent percevoir la lumière qui éveillera leur esprit. Nous savons que beaucoup de vous le font, mais d'autres sont tièdes et continuent à se tenir sur le seuil, parce qu'ils ne désirent pas se charger du joug. Et pourtant ce joug doit être supporté, même si le cou se râpe sous l'effort; de fait, toute ampoule ajoute un fil à la trame du corps de l'âme, cette glorieuse robe nuptiale qui, seule, nous permettra
d'aller à la rencontre du Seigneur lorsqu'il apparaîtra.
Le signataire espère vivement que chacun des étudiants dont se compose le Fellowship va se charger de son joug avec davantage d'ardeur que jamais, afin que, individuellement et collectivement, nous puissions amasser, dans le ciel, des trésors qui seront bien nôtres lorsque nous aurons, toute l'année durant, supporté le joug et l'intensité du labeur.
LETTRE NO 51 - Février 1915 - AMOUR, SAGESSE ET CONNAISSANCE
Ce mois-ci, nous commençons une nouvelle série de leçons sur "La Trame de la Destinée, nouée et dénouée" (réunies depuis lors en un volume portant ce titre) en comptant bien qu'elle vous sera profitable, à la fois comme étude et pour la conduite de votre vie. Bien que ces leçons soient analytiques et techniques à certains égards, ce sujet devrait être abordé avec le sentiment de la plus profonde dévotion, en gardant l'esprit fixé sur le but essentiel de la vie.
Comme vous le savez sans doute, le terme "philosophie" se compose de deux mots grecs dont la signification est "amour de la sagesse". La plupart des gens pensent qu'aimer la sagesse est synonyme de désirer la connaissance, mais, ainsi que nous l'avons vu dans une précédente leçon (devenue le chapitre 4 des "Enseignements d'un Initié", tome I), il y a une énorme différence entre la connaissance et la sagesse. La sagesse implique l'amour, en premier, en dernier et tout le temps, alors que la connaissance peut être utilisée dans les buts les plus répréhensibles qui soient. En vérité, le mystique, inspiré par une fervente dévotion dans ses études et son travail quotidien, est trop modeste pour accepter le titre de philosophe. Pour lui, ce titre a même davantage de sens s'il en intervertit les termes, en l'appelant "la sagesse de l'amour", plutôt que l'amour de la sagesse. En y réfléchissant, vous
comprendrez ce point de vue, car le sujet choisi est l'un des plus intimes, des plus sacrés qui puissent être traités, aussi s'agit-il de l'approcher dans cet esprit de "sagesse aimante", cet esprit d'amour spirituel qui est celui de la véritable signification de la philosophie. Comme le disait le poète Robert Burns:
"Oh! si quelque génie nous accordait le don de nous voir tels que les autres nous voient!"
Il me semble qu'en vérité un tel pouvoir serait plus détestable qu'autre chose, bien qu'il paraisse, à première vue, hautement désirable. Chacun de nous est plein d'imperfections, et il nous arrive souvent de faire triste figure sur la scène du monde. Nous avons parfois l'impression d'être ballottés de ci, de là, par les caprices du destin, tandis que ceux qui nous observent, incapables de voir la poutre dans leur oeil, nous critiquent et nous font paraître ridicules. Si nous pouvions nous voir avec leurs yeux, nous perdrions cet attribut essentiel qu'est le "respect de nous-mêmes" - notre dignité - et nous n'oserions plus regarder notre prochain en face.
Une fois que nous l'avons compris (il suffit d'y réfléchir pour s'en convaincre) nous pourrons aussi, avec profit, regarder par l'autre bout de la lorgnette et nous rendre compte de l'attitude peu fraternelle, peu philosophique, peu "sagesse aimante", que nous assumons en critiquant sévèrement les défauts courants de notre prochain. L'objet de ces leçons sur la Trame de la Destinée est de nous donner une idée de ce qui a pu causer, par le passé, certaines des particularités que nous critiquons le plus chez les autres, afin de nous rendre capables, à notre tour, d'éviter de semblables erreurs; elles visent à nous faire acquérir la vraie, la réelle charité
chrétienne qui ne vante pas, ne s'enfle point d'orgueil, ne se réjouit point de l'injustice, mais de la vérité, ainsi que l'exprime Paul dans le beau treizième chapitre de la première Epître aux Corinthiens.
Je compte bien que vous allez aborder ces leçons dans cet esprit, et que nous en retirerons tous un profit durable.
LETTRE NO 52 - Mars 1915 - CONCENTRONS-NOUS SUR LE TRAVAIL ROSICRUCIEN
En méditant sur la meilleure voie à suivre pour le Rosicrucian Fellowship, le signataire s'est posé la question suivante: "Quel est l'obstacle le plus grand et le plus généralisé qui s'oppose à nos progrès dans le travail spirituel?" Et sa réponse: "Le manque de concentration."
Nous avons tous nos familles qui réclament une part de notre attention; notre travail professionnel, lui aussi, ne doit être négligé sous aucun prétexte. Nous sommes venus sur terre pour y accomplir certaines choses et pour apprendre les leçons qui en découlent. Après l'accomplissement de ces devoirs, il reste encore, pour chacun de nous, un peu de temps que nous pouvons légitimement consacrer à notre propre développement; et il est aussi important d'en bien user que de remplir nos obligations matérielles, familiales et sociales.
Veuillez bien considérer que, dans la vie courante, nous n'essayons pas d'étudier aujourd'hui la médecine dans l'espoir de devenir docteurs, pour changer ensuite d'idée et travailler demain dans un atelier de mécanique, puis passer les jours suivants à essayer d'autres genres d'occupations, car ainsi nous n'arriverions à rien dans la vie. Nous n'exerçons pas non plus aujourd'hui la fonction d'époux ou d'épouse dans une famille, le lendemain
dans une autre; nous ne changeons pas de milieu de relations aussi souvent que de vêtements ou de chaussures. Vivre dans de telles conditions matérielles et sociales serait complètement impossible; au contraire, nous exerçons une seule profession, nous prenons soin de notre famille, nous concentrons nos efforts dans ces départements de la vie, à l'exclusion des autres.
Pourquoi ne ferions-nous pas montre du même bon sens dans nos efforts spirituels? Nous étudions ce qui concerne notre profession ou notre affaire, nous établissons des plans de travail; nous nous efforçons d'en faire un succès. Nous étudions aussi les besoins de notre famille et faisons des plans pour y faire face. Nous savons que le succès, social ou en affaires, dépend de notre concentration et des plans judicieux que nous décidons de suivre. Alors, si nous avons cette sagesse dans les choses de ce monde, dont la durée ne dépasse pas les quelques années de notre vie terrestre, nous pourrions user du même bon sens pour nous appliquer également, de tout notre esprit et de tout notre coeur, aux choses spirituelles qui durent éternellement.
Dans l'Epoque Atlantéenne, alors que les Sémites primitifs étaient "appelés" parmi leurs contemporains, beaucoup d'entre eux ont trouvé la route très dure. Eux, les "Fils de Dieu" ont épousé les "filles des hommes" (Genèse 6:2), avec le résultat que nous ont appris nos études de la "Cosmogonie".
Aujourd'hui, nous nous trouvons à un autre carrefour. Une "Ecclesia" (mot grec signifiant une "assemblée de personnes") est en train d'être "appelée" pour jouer le rôle de pionniers de la prochaine grande race. De nombreux chemins mènent à Rome et au Royaume du Christ, mais si nous perdons notre temps à
suivre aujourd'hui l'un d'eux, pour en choisir un autre le lendemain, nous courons à un échec, et c'est pourquoi j'invite tous les étudiants qui sont en sympathie avec les idées du Rosicrucian Fellowship à renoncer à toute autre société religieuse et à se consacrer, coeur, intelligence et esprit, à vivre nos enseignements et à les répandre. (A ce sujet voir la Lettre 54).
Dans nos entreprises terrestres, nous engageons des collaborateurs entraînés, capables et dévoués. Dans le Royaume des Cieux, la loyauté et le dévouement sont aussi des facteurs d'importance primordiale. Mémorisons les trois premiers versets du Psaume 1 et concentrons-nous sur ces paroles, car nous désirons sûrement récolter la plus grande moisson possible de nos efforts spirituels, aussi bien que matériels.
"Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs et Qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs."
LETTRE NO 53 - Avril 1915 - LA SIGNIFICATION COSMIQUE DE PAQUES
Comme cette lettre vous atteindra à l'époque de Pâques, je crois bien faire de la consacrer à cet événement annuel.
Vous connaissez l'analogie entre l'homme, qui rentre le matin dans ses véhicules, y vit et y travaille, puis s'en libère pour la nuit, où il cesse d'être entravé par eux - et l'Esprit du Christ, vivant une partie de l'année dans la Terre. Nous savons tous quelle prison notre corps représente, combien nous sommes entravés par la maladie et la souffrance, car nul être humain ne possède une santé assez parfaite pour n'avoir jamais ressenti la douleur; et ceci est doublement vrai pour ceux qui s'élèvent sur le Sentier.
Il en va de même pour le Christ cosmique, qui tourne son attention vers notre petite Terre, concentrant sur elle sa conscience, afin que nous puissions vivre. Chaque année, il doit redonner vie à cette masse inerte - que nous avons cristallisée à partir du Soleil - et, pour lui, c'est une gêne, une entrave et une prison. Nous avons donc bien lieu de nous réjouir lorsqu'il vient chaque année à Noël, qu'il naît à nouveau dans notre monde pour nous aider à rendre vie à cette masse inerte dont nous nous sommes encombrés. A ce moment, nos coeurs devraient être pleins de gratitude pour le sacrifice qu'il
consent en notre faveur, en pénétrant notre planète de sa vie, afin de la réveiller de son état de sommeil hivernal, dans lequel elle resterait éternellement s'il ne renaissait en elle pour lui redonner vie.
Au cours des mois d'hiver, il est au supplice, "gémissant et souffrant les douleurs de l'enfantement" (Romains 8:22) dans l'attente du jour de la libération, qui tombe dans ce que les Eglises appellent la Semaine de la Passion. Mais les enseignements mystiques nous font comprendre que cette semaine n'est que la culmination, la vague de fond, de ses souffrances, et qu'il est alors en train de se dégager de sa prison. Au moment où le Soleil croise l'Equateur, il est symboliquement suspendu à cette croix , et il s'écrie: "Consummatum est " - c'est accompli. Autrement dit, son travail de l'année est maintenant accompli, et ce n'est pas un cri d'agonie, mais bien plutôt de triomphe, de joie, parce que l'heure de la libération a sonné et qu'il peut de nouveau s'élever dans les cieux pour un temps, libéré de cette masse pesante qu'est notre Terre.
Maintenant, chers Amis, le point sur lequel j'aimerais attirer votre attention est que nous devrions tous nous réjouir avec le Christ en cette grande, triomphale et glorieuse heure de libération où il s'exclame: "C'est accompli!" Accordons nos coeurs sur ce grand événement cosmique; réjouissons-nous avec le Christ, notre Sauveur, de ce que la période de son sacrifice soit de nouveau terminée; soyons reconnaissants, du fond du coeur, de ce qu'il soit sur le point d'être libéré de ces entraves terrestres, la vie qu'il a transmise à notre planète étant suffisante pour nous permettre d'exister jusqu'au prochain retour de Noël.
J'espère que ces lignes vous fourniront un sujet de méditation et de prière, dont vous retirerez une abondante croissance de l'âme.
LETTRE NO 54 - Mai 1915 - LE GASPILLAGE RÉSULTANT D'EFFORTS DISPERSÉS
Dans la lettre de mars (NO 52) j'avais suggéré de concentrer toutes les énergies dans une seule direction, en conseillant aux étudiants de consacrer leur temps libre à une seule société religieuse, au lieu de disperser leur énergie en appartenant à plusieurs d'entre elles, car il est impossible, de cette manière, de faire un travail effectif.
Depuis lors, quelques démissions ont été reçues, comme on pouvait s'y attendre. Parmi un grand nombre de membres, il est naturel que certains d'entre eux, membres d'autres organisations, les préfèrent à la nôtre et suivent leur inclination, conformément au conseil donné. Nous avons plutôt été surpris de ne recevoir que peu de démissions, mais cela provient sans doute du fait que le Siège épure périodiquement sa liste de membres, en éliminant ceux qui font preuve de peu d'intérêt et en ne conservant que les plus "vivants".
Mais c'est le ton de ces démissions qui fait de la peine. On nous écrit par exemple: "Je suis membre de l'Eglise Episcopale, et ma place y est louée", etc. Il semble étrange qu'on ne puisse comprendre que le Rosicrucian Fellowship n'est contre aucune église ou société, surtout pas les Eglises chrétiennes. La lettre ne disait pas "églises" mais "sociétés religieuses" et, comme déjà dit, ce n'était pas que nous ayons quoi que ce soit contre des
sociétés travaillant dans la ligne chrétienne.Il y a, par exemple. la "Société de l'Unité", de Kansas City, une organisation honnête et morale, placée sous une noble direction, pour autant que nous pouvons nous en rendre compte. Mais pour accomplir le meilleur travail dans cette société religieuse ou dans une autre, il faut y consacrer toute son énergie pendant le temps dont on peut disposer; et si un membre du Rosicrucian Fellowship, qui est aussi membre d'une de ces sociétés, décide de se consacrer exclusivement à cette dernière, il vaux mieux pour lui qu'il resserre ses liens avec elle, et c'est aussi préférable pour le Rosicrucian Fellowship. Mais si c'est au Rosicrucian Fellowship que vont ses sympathies, il vaudra mieux pour lui, pour la Société de l'Unité et pour le Fellowship qu'il s'y consacre entièrement.
Comme nous l'avons souvent dit, de nombreux chemins mènent à Rome, mais vous ne pouvez en suivre deux à la fois. Il faut en suivre un seul, car zigzaguer de l'un à l'autre, c'est gaspiller son énergie. Si nous accomplissons notre travail dans le monde, il ne nous reste que peu de temps que nous puissions légitimement consacrer à notre développement spirituel, aussi faut-il faire porter tout notre effort dans la direction où le rendement sera le meilleur, au lieu de dissiper notre énergie et d'en retirer très peu de croissance de l'âme.
En outre, il faut bien comprendre que si, à un moment donné, quelqu'un n'approuve pas la ligne de conduite du Fellowship, il ne sert pas sa cause en désertant son drapeau et en s'en prenant à nous de l'extérieur. S'il reste parmi nous, nous l'écoutons comme un frère en écoute un autre, et nous voyons ses arguments sous un autre jour que s'il fait montre d'hostilité, s'en va et devient ainsi un antagoniste, car alors les mêmes arguments perdent beaucoup
de leur poids. Nous sommes tous d'accord sur les points importants et fondamentaux de nos enseignements, et chacun de nous apprécie sûrement le bien qu'il retire de la philosophie que nous sommes en train de propager. Ne devrions-nous pas nous montrer tolérants pour ce qui concerne notre action, afin de pouvoir vouer toute notre attention à nos idéaux?
LETTRE NO 55 - Juin 1915 - L'EPIGÉNESE ET NOTRE DESTINÉE FUTURE
En étudiant ces leçons sur "La Trame de la Destinée, nouée et dénouée", il est indiqué - il est même absolument nécessaire - de se rappeler que la vie n'est pas un simple développement de causes mises en action au cours d'existences précédentes. L'esprit, lorsqu'il se réincarne, a une plus ou moins grande latitude de libre arbitre - selon sa vie précédente - pour arranger à sa guise le détail de ce qui entre dans le cadre de sa vie. D'autre part, il n'y a pas seulement des causes passées se transformant en effets, car l'esprit crée, à chaque occasion, de nouvelles causes qui seront la semence d'où germeront de nouvelles expériences dans une vie future. Il s'agit là d'un point très important et qui, à la réflexion, est une vérité évidente, car autrement, les causes antérieures finissant par épuiser leur effet, ce serait la cessation de toute existence.
Ainsi, nous ne sommes pas absolument forcés d'agir d'une certaine manière parce que nous sommes dans tel milieu et parce que nos expériences passées nous ont orientés dans une certaine direction. Grâce à sa prérogative divine de libre arbitre, l'homme a le pouvoir d'Epigénèse ou d'initiative, qui lui permet de prendre une nouvelle direction. Il ne peut pas immédiatement s'extraire de son ancien mode de vie - cela peut prendre longtemps, même
jusqu'à plusieurs existences - mais il se hissera graduellement jusqu'à l'idéal qui a naguère fait l'objet de ses "semailles".
Par conséquent, la vie ne progresse pas seulement par l'involution et l'évolution, mais spécialement par l'Epigénèse. Ce sublime enseignement de la Religion de la Sagesse Occidentale de la Rose-Croix donne la solution de bien des mystères qui, autrement, ne pourraient trouver d'explication logique. Parmi eux. il en est un qui a donné lieu à de nombreuses lettres adressées au Siège, et que l'auteur hésite un peu à citer, n'aimant pas parler de la guerre. Il s'agit de la relation entre un soldat, une femme ennemie violée par lui, et l'Ego né d'une mère qui le hait à cause de cette naissance non désirée.
Des recherches sur un certain nombre de ces cas ont révélé qu'il s'agit d'une nouvelle tentative de la part des esprits qui se réincarnent. Ils se sont tous montrés incorrigibles dans leurs précédents milieux; et il semblait que de les y laisser, pour le chagrin de ceux avec lesquels ils étaient en relation, ne pouvait leur faire aucun bien. Quoique n'ayant rien à faire avec ces problèmes, les conditions nées de la guerre offrent une occasion de transférer ces Egos dans un autre milieu, où la nouvelle mère récolte, par ce moyen, le fruit d'erreurs commises par elle-même dans le passé.
Cette condition n'est d'ailleurs nullement particulière à la guerre. En d'autres temps, des moyens similaires sont bien souvent employés pour nous faire récolter ce que nous avons semé; et cela se fait par l'intermédiaire d'une autre âme qui entre dans nos vies pour souffrir et nous apporter de la souffrance. Il me souvient d'une mère qui m'a raconté, bien des années auparavant, combien elle s'était révoltée contre sa maternité et comment,
après avoir subi sa période de grossesse avec la haine et la colère au coeur, le bébé était né. Elle avait même refusé de le regarder, mais ensuite elle avait été prise de pitié pour ce petit être sans défense et, plus tard, cette pitié s'était transformée en amour. L'enfant avait eu tous les avantages que l'argent pouvait lui procurer, mais ces avantages s'étaient révélés impuissants à sauver son équilibre mental, et aujourd'hui, après avoir commis un meurtre, il se trouve dans la cellule d'un asile pour criminels aliénés, alors que sa mère est seule dans son chagrin, à réfléchir à ce qu'elle a fait ou n'a pas fait pendant que cet enfant venait à elle.
Inversement, il arrive aussi qu'un esprit, en ayant fini avec un ancien milieu, arrive dans une nouvelle sphère d'action comme un rayon de soleil et de réconfort pour ceux qui se sont rendus dignes de cette bénédiction par leurs actions précédentes. Rappelons-nous donc que, quelle que soit la dégradation d'un être, il a toujours le pouvoir de semer la graine du bien, mais il doit attendre jusqu'au moment où cette graine pourra se développer dans un milieu favorable. Chacun de nous, quoique lié par son passé, est donc, dans cette mesure, libre en ce qui concerne ses lendemains.
LETTRE NO 56 - Juillet 1915
LE NÉCESSITÉ DE DIFFUSER NOS ENSEIGNEMENTS
En relisant la leçon de ce mois (devenue le chapitre 5 de "La Trame de la Destinée, nouée et dénouée") où se trouvent rassemblés les résultats de recherches faites il y a quelque temps, j'ai été de nouveau frappé, avec une force encore plus grande, par le fait que nous sommes environnés de conditions redoutables. A l'heure actuelle, où les horreurs de la grande guerre accroissent plus que jamais le nombre de ceux qui passent de ce monde dans l'au-delà au milieu de conditions navrantes, il semble qu'un effort spécial devrait être tenté pour conjurer et diminuer le mal. Le Rosicrucian Fellowship n'est encore qu'une goutte dans l'océan de l'humanité, mais en faisant notre part, nous mériterons de pouvoir servir dans un domaine plus vaste.
Aucun remède ne vaut, pour les conditions présentes, la connaissance de la continuité de la vie, et du fait que nous renaissons de temps à autre sous la loi immuable de cause à effet. Si ces faits importants, avec tout ce qu'ils impliquent, pouvaient être portés à la connaissance d'un très grand nombre de personnes, ce levain opérerait finalement de manière à changer les conditions actuelles dans le monde entier. Un seul homme, Galilée, a changé le point de vue du monde au sujet du système solaire et, même si nous ne sommes que quelques milliers, pourquoi ne pourrions-nous pas exercer une influence sur l'opinion mondiale, si nous savons que ces faits sont véridiques?
On dit souvent que les gens ne s'intéressent pas aux choses spirituelles et qu'on ne peut se faire entendre d'eux, mais il n'en est vraiment pas ainsi. Même s'il se trouvait aussi, parmi les centaines de milliers de personnes qui sont allées écouter Billy Sunday, le célèbre évangéliste, quelques milliers de curieux ou de personnes venues pour se moquer et pour ricaner, il y en avait bien davantage qui ressentaient un fort désir de quelque chose qu'elles ne pouvaient définir, mais qui les poussait à venir. Récemment, il y avait un débat public entre un évangéliste de New York et un juriste sur le sujet "Où sont les morts?" Ce débat avait lieu dans une grande salle publique pouvant contenir des milliers de personnes, et il a duré trois jours. Tous les sièges étaient occupés et, si mes souvenirs sont exacts, bien des personnes n'avaient même pas pu trouver de place en restant debout. Oui, les gens sont certainement à la recherche de quelque chose; leur coeur a soif de savoir ce qu'il en est de l'après-vie, et il ne dépend que de nous de faire notre part en offrant au monde l'explication rationnelle des mystères de la vie, qui nous est venue des Frères Aînés. C'est là un grand privilège, dont nous devrions certainement prendre avantage.
Mais de quelle manière? dira-t-on peut-être. Permettez-moi de vous demander si votre journal n'accepterait pas, à l'occasion, un article sur ce sujet? Nous avons certainement, parmi nos membres, beaucoup de personnes capables d'écrire de tels articles. On pourrait former une commission qui recevrait ces articles et qui les enverrait sur demande aux membres acceptant de les montrer aux rédacteurs de journaux dans leur ville, en espérant faire connaître les enseignements rosicruciens par ce moyen. Un article bien rédigé est rarement refusé si l'on dispose de l'espace nécessaire, car les rédacteurs ne sont que
trop heureux d'avoir un texte dont ils pensent qu'il intéressera le public, même s'ils ne partagent peut-être pas les idées de l'auteur.
A ceux de nos lecteurs qui savent rédiger, nous demandons de bien vouloir écrire de brefs articles sur "La continuité de la vie"; quant à ceux qui sont désireux d'essayer de les faire publier dans leurs journaux, qu'ils veuillent bien nous écrire pour nous permettre de noter leur adresse, afin que nous puissions passer à l'action. J'espère que cet appel rencontrera un accueil chaleureux.
LETTRE NO 57 - Août 1915 - L'ASTROLOGIE, UNE AIDE POUR LES MALADES
Avez-vous jamais saisi la raison pour laquelle le Christ nous commandait de guérir les malades? L'une de ses raisons était certainement qu'après s'être convaincus de votre capacité de guérir le corps, ceux qui ont été aidés auront davantage de foi dans votre aptitude à aider également leur âme. Une fois que nous aurons atteint à la haute stature du Christ, ce qui nous permettra de voir à la fois le passé et le présent; une fois que nous pourrons déterminer d'un seul coup d'oeil les causes, les crises et le stade actuel d'une maladie, nous n'aurons plus besoin d'aide pour diagnostiquer et conseiller. Mais d'ici là, force nous est d'utiliser les béquilles dont nous disposons, et la principale d'entre elles est l'astrologie.
Bien des personnes n'ayant pas la volonté de travailler pour arriver à des résultats sont venues au Siège dans l'attente d'obtenir une illumination spirituelle, de se voir pousser des ailes et de revenir dans le monde, après un bref séjour ici, comme des faiseurs de miracles - et, naturellement, ils sont repartis désappointés. Mais chaque fois qu'une personne a, honnêtement et sérieusement, entrepris de faire ici du vrai travail - non simplement assister à des cours - pendant un temps raisonnable, des résultats ont toujours été obtenus. Nous avons reçu une lettre d'un ami qui a séjourné à Mount Ecclesia
et qui s'est adonné sérieusement à ses études. Nous vous faisons part de ses expériences à titre d'encouragement pour ceux qui voudraient en faire de même: "Chère amie - l'entreprise à laquelle je pensais collaborer après mon stage à Mount Ecclesia s'est révélée une affaire malhonnête et nullement compatible avec nos idéaux, aussi ai-je envoyé ma démission, mais j'avais à peine renoncé à cette activité que j'ai reçu, d'un médecin réputé de Kansas City, une invitation à travailler avec lui. Il m'a fait une excellente impression; nous étions littéralement pris d'assaut par les malades, et vous ne sauriez croire, Mme Heindel, combien les gens ont soif de quelque chose de cette nature. Ils sont à la recherche de quelqu'un qui leur ouvre les portes de la vie, et ils cherchent à trouver des encouragements provenant de sources supérieures et plus dignes de foi que le dur matérialisme, dont la sécheresse détruit toute vie.
L'astrologie s'est révélée une aide inestimable pour les mettre en confiance et, avec l'aide de Dieu, qui m'a envoyé ici, j'ai pu les reconduire après avoir correctement diagnostiqué leurs maux. Le plus curieux est qu'aucun d'eux ne m'a fait part de ses symptômes, mais presque tous m'ont dit que j'étais dans le vrai et qu'ils étaient résolus à conformer leur vie aux principes humanitaires que je leur avais exposés.
Je m'attends à être très occupé ici, et je tiens à vous remercier pour l'aide reçue dans mes études au cours de l'année dernière à Mount Ecclesia. J'ai eu énormément de plaisir à séjourner chez vous, et j'attends beaucoup de bien de mon activité actuelle; si je regrette une chose, c'est de n'avoir pu rester plus longtemps."
Ce qu'un homme peut faire, un autre le peut également. Madame Heindel et moi
n'avons pas acquis sans effort nos connaissances en ce domaine. Nous avons dû fournir un rude travail; mais d'autres personnes qui ont travaillé autant, avec les mêmes idéaux spirituels, ceux d'aider l'humanité à s'élever, trouvent aussi une illumination qui est refusée à ceux dont l'esprit reste fixé sur les compensations matérielles de la vie et sur leur propre intérêt. Le temps me semble venu, pour le Rosicrucian Fellowship, de s'éveiller et de se vouer sérieusement à cette étude, afin que des centres de guérison puissent être créés dans toutes les villes du monde.
Dans notre revue mensuelle "Rays from the Rose-Cross", nous avons créé une rubrique dans laquelle nous analysons les thèmes d'enfants en vue d'aider les parents à connaître leurs caractéristiques latentes. A côté des cours de diagnostic et thérapeutique astrologiques, nous avons un cours également par correspondance, pour débutants, et nous conseillons à tous ceux qui ne s'y sont pas encore inscrits d'entreprendre cette étude.
LETTRE NO 58 - Septembre 1915 - MOYENS ANORMAUX DE DÉVELOPPEMENT
Lorsqu'on examine un sujet dans les mondes invisibles, il se présente de nombreux à-côtés fascinants, et l'on se trouve constamment détourné du principal objet de sa recherche par tel ou tel spectacle qui attire l'attention, si bien que le danger est grand de perdre de vue son étude principale et de s'égarer dans un dédale d'incohérences. Parfois, la tentation de suivre un de ces à-côtés l'emporte sur mon pouvoir de résistance et, récemment, alors que je travaillais sur le sujet de la "Trame de la Destinée, nouée et dénouée", la figure d'un ermite qui s'était émacié au point de devenir semblable à un squelette - qui s'était fustigé jusqu'à faire couler le sang de blessures qu'il ne laissait pas guérir, en croyant servir Dieu par ce genre d'austérités - m'a conduit à rechercher l'origine de cette pratique hideuse. J'ai rédigé un article à ce sujet pour notre revue (incorporé dans le chapitre 10 de "Santé et Guérison") mais comme il s'agit d'une question importante et que de nombreux étudiants ne sont pas abonnés, je crois bien faire de vous en donner ici l'essentiel:
Dans les anciens Temples des Mystères, les principales vérités enseignées aujourd'hui par le Rosicrucian Fellowship au sujet du corps vital étaient communiquées à l'aspirant à l'initiation. Il apprenait que ce véhicule se composait des quatre éthers: l'éther chimique, nécessaire à l'assimilation,
l'éther vie qui favorise la croissance et la reproduction, l'éther-lumière, véhicule de la perception sensorielle, et l'éther réflecteur, siège de la mémoire.
L'aspirant recevait des instructions détaillées sur les fonctions des deux éthers inférieurs, par comparaison avec celles des deux éthers supérieurs. Il savait que toutes les fonctions purement animales du corps dépendent de la densité des deux éthers inférieurs, alors que les deux éthers supérieurs constituent le "corps de l'âme", véhicule du service dans les mondes invisibles. Il aspirait à tisser ce splendide vêtement par l'oubli de soi-même et en domptant les velléités de sa nature inférieure par le pouvoir de sa volonté, tout comme nous le faisons aujourd'hui.
Mais certains néophytes, trop impatients d'aboutir par n'importe quel moyen, perdirent de vue que le service et l'oubli de soi-même sont les seuls moyens de tisser la robe nuptiale formée des deux éthers supérieurs. Ils s'imaginèrent que la maxime occulte
"L'or dans le creuset, Les scories dans le feu; Plus léger que le vent, De plus en plus haut"
voulait seulement dire: pour autant que la nature inférieure, les scories, étaient rejetées au dehors, le moyen importait peu. Ils se disaient donc qu'en trouvant un moyen facile de les rejeter, il ne resterait que l'or des deux éthers supérieurs, ou corps de l'âme, dans lequel ils pourraient faire leur entrée dans les mondes invisibles en toute liberté. Du moment que l'éther chimique est l'agent d'assimilation, avaient-ils raisonné, il pouvait être éliminé du corps vital en privant le corps physique de nourriture. Ils ont aussi pensé que, l'éther vie étant actif dans les fonctions de reproduction,
ils pourraient l'affaiblir par une vie de continence. Dès lors, il ne leur resterait plus que les deux éthers supérieurs; ou du moins le volume de ces deux derniers l'emporterait sur celui des éthers inférieurs.
Dans ce but, ils ont pratiqué toutes les austérités imaginables, dont le jeûne. Par ces moyens contre nature, le corps perdait sa santé et devenait émacié. La nature passionnelle, qui cherchait à s'exprimer à travers la fonction de reproduction, fut réduite au silence par les flagellations et autres macérations. Il est vrai que, par cette horrible méthode, la nature inférieure semblait domptée; il est aussi vrai que, une fois les fonctions corporelles réduites à leur plus simple expression, des visions, ou plutôt des hallucinations, en ont été le résultat. Mais la véritable spiritualité n'a jamais été atteinte en dégradant ou en détruisant le "temple de Dieu", notre corps, et le jeûne peut être aussi immoral que la gloutonnerie. Efforçons-nous donc de pratiquer la modération en toutes choses, afin de pouvoir être un exemple aux autres et de mériter l'admission au Temple par la sagesse de notre vie.
LETTRE NO 59 - Octobre 1915 - LES ESPRITS DE RACE ET LA NOUVELLE RACE
Comme notre revue publie en ce moment une importante série d'articles sur l'aspect occulte de la guerre (voir chapitre 9 à 12 des "Enseignements d'un Initié", tome 1) et qu'un grand nombre d'étudiants ne sont pas nos abonnés, je crois bien faire de vous offrir, dans cette lettre mensuelle, un résumé des faits les plus importants. Même ceux qui reçoivent notre revue pourront en profiter, du moins je l'espère, car ceci n'est pas une copie. Comme je reprends le sujet à zéro, de nouveaux aspects ne manqueront pas de se présenter.
Vous vous rappellerez que chacun des pays impliqués dans cette triste affaire s'est efforcé, dès le début, de dénier toute responsabilité de sa part. En un sens, ils sont dans le vrai - même s'ils ont tous été coupables d'avoir l'orgueil au coeur et d'avoir, comme le roi David lorsqu'il a compté les soldats d'Israël, mis leur foi dans la multitude de leurs forces armées, de leurs navires et de leurs armements - car aucune guerre ne peut avoir lieu sans la permission des Esprits de Race. Ces Esprits guident leurs peuples sur le sentier de l'évolution et, comme Jéhovah, ils combattent pour eux, ou bien permettent à d'autres nations de les vaincre, selon qu'il est opportun de leur apprendre les leçons nécessaires à leurs progrès.
A la vision spirituelle, un Esprit de Race apparaît sous la forme d'une sorte de nuée planant sur un pays, et cette nuée entre dans les poumons des habitants à chacune de leurs respirations. On peut vraiment dire qu'en elle ils ont la vie, le mouvement et l'être (Actes 17:28). De cette manière, ils deviennent pénétrés de ce sentiment de camaraderie nationale que nous appelons "patriotisme" et qui, en temps de guerre, attise à tel point les émotions que tous se sentent "empoignés" au sujet d'une certaine question, et prêts à tous les sacrifices pour leur patrie.
Les Etats-Unis n'ont pas encore d'Esprit de Race. C'est le creuset dans lequel on amalgame les différentes nations en vue d'en extraire la semence d'une nouvelle race. Il est donc impossible de leur faire éprouver un sentiment généralisé qui les fasse réagir tous comme un seul homme au sujet d'une question quelconque. Mais cette nouvelle race commence à faire son apparition; elle est caractérisée par la longueur des bras et des jambes, par un corps souple, une tête allongée et quelque peu étroite, au sommet élevé, un front presque rectangulaire. Je m'attends à les voir pris en charge, d'ici peu de générations, par un Archange, qui commencera alors à les unir. A lui seul, ce travail portera sur plusieurs générations, car même si les mariages internationaux ont effacé les clichés originaux des anciens corps de races, ils sont encore actifs, bien qu'ayant cessé d'être visibles; et les liens du sang entre l'Amérique et l'Europe peuvent encore se retrouver dans la Mémoire de la Nature, sur le plan de l'Ether Réflecteur. Tant que toute trace n'en aura pas été effacée, les liens avec le pays d'origine ne seront pas entièrement rompus; et les colonies d'Italiens, d'Ecossais, d'Allemands, d'Anglais, etc. qui subsistent encore dans certaines parties du pays, retardent la formation de la nouvelle race. Il est probable que nous serons
dans l'Age du Verseau avant qu'on soit complètement venu à bout de cette condition et que la race américaine puisse être définitivement formée.
En suivant les évènements des 60 ou 70 dernières années (dès 1850 environ) vous devrez reconnaître qu'il s'est agi d'un Age de scepticisme, de doute, de critique des sujets religieux. Les églises se sont vidées de plus en plus, et le monde s'est détourné du culte de Dieu pour courir après les plaisirs. Cette tendance s'est accrue en Europe jusqu'à l'éclatement de la guerre, et elle est encore active dans certaines villes et dans des centres d'études scientifiques d'Amérique. Par suite de cette attitude d'esprit généralisée dans le monde entier, encouragée par les Frères des Ténèbres avec la permission des Esprits de Race - tout comme, dans la légende, Job a été tenté par Satan - une cataracte spirituelle a recouvert les yeux du monde occidental, et elle devra être enlevée avant que l'évolution puisse se poursuivre - et ceci sera le sujet de notre prochaine lettre.
LETTRE NO 60 - Novembre 1915
LA GUERRE, UN REMEDE A LA CATARACTE SPIRITUELLE
Les enseignements de la "Cosmogonie" vous ont appris qu'à la fin de l'Epoque Lémurienne, il y avait une seule race, mais qu'il y en a eu sept pendant l'Epoque Atlantéenne, que le total sera aussi de sept pour l'Epoque Aryenne, et enfin que nous en aurons une seule pour l'Epoque de la Nouvelle Galilée, ce qui fera seize au total. Vous vous rappellerez également que les Frères Aînés appellent ces races "les seize chemins vers la destruction", à cause du grave danger que l'esprit s'attache aux corps d'une race au point de devenir incapable de suivre le reste de l'humanité dans son évolution. Pendant les Périodes et les Epoques, le temps dont disposent les Guides de l'humanité est toujours suffisant pour leur permettre de rassembler leur troupeau, mais les Juifs sont un exemple de ce qui peut arriver à un peuple devenu imbu de son esprit racial avec une intensité telle, qu'il refuse absolument de le lâcher. Ils continuent à constituer une anomalie par rapport au reste de l'humanité, ce peuple n'ayant ni pays, ni souverain, ni l'un quelconque des autres facteurs de l'évolution raciale (écrit en 1915).
Telle était aussi la tendance prédominante chez les peuples européens jusqu'à la présente guerre. Leur patriotisme, avec l'idéal racial qu'il nourrissait, les éloignait de Dieu. Un âge de doute et de scepticisme avait été instauré
par les nombreuses découvertes scientifiques; et les races les plus avancées du monde occidental étaient en train de se diriger tout droit vers le bord de l'abîme. Les Frères Aînés ont donc été obligés d'imaginer des mesures leur permettant de faire passer l'humanité du sentier des plaisirs à celui du dévouement, ce qui pouvait seulement se faire par l'opération de la cataracte spirituelle chez un assez grand nombre de personnes. Cette cataracte, cette membrane qui bouchait leur vue spirituelle, devait être ôtée, afin de leur permettre de l'emporter sur les doutes et le scepticisme des autres.
Lorsque nous vivions sous les eaux du début de l'Epoque Atlantéenne, nous étions incapables, comme vous le savez, de voir le corps physique et même de sentir sa présence, parce que notre conscience était centrée sur les plans spirituels. Pouvant nous voir mutuellement d'âme à âme, nous n'étions pas conscients de la naissance ou de la mort, car nous ne nous sentions pas séparés de ceux que nous aimions. Mais lorsque nous sommes peu à peu devenus conscients de nos corps et que notre conscience s'est centrée sur le monde physique, alors qu'elle l'était sur les mondes spirituels entre la mort et la naissance, nous avons ressenti la séparation et le chagrin qui en découle, lors du décès de nos proches. Toutefois, dans les temps plus anciens, il restait encore beaucoup de personnes capables de voir les deux mondes, et elles formaient une notable proportion de la population. Leurs témoignages touchant la continuité de la vie étaient d'un grand réconfort pour ceux qui étaient dans le deuil, car ils croyaient fermement que ceux qu'ils avaient perdus étaient toujours en vie et heureux, quoique incapables de se faire reconnaître. Mais le monde est graduellement devenu de plus en plus matérialiste; la foi en la réalité de l'au-delà s'est éteinte, tandis que le
chagrin dû à la perte des êtres aimés se faisait de plus en plus intense, si bien qu'aujourd'hui beaucoup s'imaginent que la séparation est définitive. Pour eux, le terme de "renaissance" est vide de sens, aussi l'affliction est- elle accablante.
Mais c'est précisément cette affliction qui est le remède offert par la nature à l'humanité en proie à la cataracte spirituelle. Aussi sûrement que le désir de croître a construit, à partir des organes les plus rudimentaires, le canal alimentaire compliqué que nous avons développé afin de satisfaire notre envie de croissance; aussi sûrement que le désir de nous mouvoir a construit nos étonnantes articulations, avec leurs merveilleux tendons et ligaments qui permettent tous nos mouvements, nous pouvons également être assurés que l'intense désir de renouer les liens rompus par la mort va construire l'organe nécessaire à sa réalisation: l'oeil de l'esprit. Ainsi, ce massacre de millions de personnes a aidé et aidera de plus en plus, à construire un pont sur l'abîme séparant le monde visible de l'invisible, mieux que ne pourraient le faire mille ans de prédications. Tout au long de l'histoire, on a relaté que des guerriers avaient été témoins de manifestations dites surnaturelles; et de nombreux témoignages attestent que de telles visions ont été observées durant la présente guerre. Le choc dû à la blessure, la souffrance à l'hôpital, les pleurs des veuves et des orphelins, tout cela contribue à ouvrir la vision spirituelle de l'Europe, ce qui marquera le début du déclin de l'âge du doute et du scepticisme. Au lieu d'avoir honte de notre foi en Dieu, nous verrons, dans un avenir pas trop éloigné, le monde honorer un homme pour sa piété, plutôt que pour sa bravoure. Prions donc tous pour l'avènement de cette nouvelle époque.
LETTRE NO 61 - Décembre 1915 - LES PHASES CYCLIQUES DU SOLEIL
Les nouvelles imprimées aujourd'hui en gros caractères sur la manchette des journaux, ces nouvelles qui nous semblent passionnantes et d'intérêt vital, sont généralement vite oubliées, et les numéros les contenant sont tout juste bons à être brûlés. La chanson qui, ces jours-ci, est sur les lèvres de chacun sera généralement, après une brève vogue, vouée à l'oubli. Même les personnes dont la renommée, soutenue par une publicité tapageuse, monte comme un météore, sont le plus souvent oubliées, de même que les actions qui sont à l'origine de leur brève popularité. Comme le dit Salomon, "tout est vanité".
Mais au milieu de ces changements constants, qui ne cessent de modifier moralement, mentalement et physiquement, la face du monde, il est des évènements cycliques dont, en dépit de leurs phases périodiques, la permanence et la stabilité les apparentent aux lois du Macrocosme plutôt qu'à la manière "microcosmique" de mener les affaires de ce monde.
Au printemps, à l'époque de Pâques, où le Soleil croise l'équateur à l'équinoxe de printemps, la Terre sort de son sommeil hivernal et se débarrasse du manteau neigeux qui la recouvrait de sa blancheur immaculée. La voix de la nature se fait entendre à nouveau: c'est l'eau des ruisselets murmurants qui dévale les pentes et commence son voyage vers le grand océan;
c'est la chanson bien-aimée du vent qui agite les nouvelles feuilles des arbres et des herbes, appelant à la vie les bourgeons et leurs fleurs dont le pollen, transporté au loin, assurera la pérennité de leur espèce; c'est le chant d'amour des oiseaux, les appels des animaux qui se cherchent. Cette voix ne cesse de se faire entendre dans toutes les sphères de la nature, jusqu'à ce que l'accroissement de la nouvelle vie ait compensé la destruction due à la mort.
Tout au long de l'été, l'Amour et la Vie oeuvrent tant et plus, avec la joie au coeur, car ils sont passés maîtres dans la lutte pour l'existence, tant que le Soleil est exalté dans l'hémisphère nord, à son maximum de puissance, au solstice d'été. Mais le temps s'écoule, et voici que l'équinoxe d'automne marque un autre tournant. Le chant du choeur sylvestre est assourdi, les tendres appels des animaux et des oiseaux ont cessé, la nature redevient muette. La lumière diminue, les ombres nocturnes gagnent de plus en plus sur elle, jusqu'à ce qu'au solstice d'hiver, où nous nous trouvons présentement, la Terre se prépare de nouveau pour son plus profond sommeil, car elle a besoin de cette nuit de repos après la tension des activités du "jour" qui s'achève.
Mais, tout comme l'activité spirituelle de l'homme est à son maximum lorsque son corps est endormi, nous pouvons comprendre que, selon la loi d'analogie, les feux spirituels de la Terre brillent de leur plus grand éclat pendant cette saison. Ce moment est le meilleur pour la croissance de l'âme, pour les recherches et les études touchant les mystères profonds de la vie. Nous devrions tous saisir cette occasion par les cheveux, afin de retirer le plus grand avantage du moment actuel. Faisons-le sans hâte excessive, sans nous
tourmenter, mais avec patience et en esprit de prière, sachant que, parmi toutes les choses éphémères du monde, cette vague de lumière spirituelle nous reviendra chaque hiver pendant les âges futurs. Elle brillera d'un éclat de plus en plus grand à mesure que la Terre, et nous-mêmes, nous évoluerons vers des degrés plus élevés de spiritualité. En ce moment, nous accomplissons un travail de pionniers en vue de diffuser les enseignements rosicruciens qui contribueront à l'illumination du monde au cours des siècles suivant immédiatement notre temps présent. Il est une loi selon laquelle nous ne pouvons recevoir que dans la mesure où nous donnons. C'est maintenant, dans cette saison, le temps le plus propice pour donner et recevoir, aussi ne manquons pas de faire en sorte que notre lumière luise sur le grand arbre cosmique de Noël, qu'elle soit visible pour les autres, afin qu'ils puissent "ecirc;tre attirés vers ces vérités dont nous connaissons l'importance vitale pour le développement de notre prochain.
En conclusion de cette lettre, je désire remercier tous nos étudiants pour leur collaboration à l'oeuvre commune tout au long de l'année qui s'achève - et puissions-nous faire mieux encore l'an prochain!
LETTRE NO 62 - Janvier 1916 - LA DETTE DE GRATITUDE DE L'INSTRUCTEUR
Nous voici maintenant à la fin d'une année de notre vie et au début d'une autre; et quelques idées me sont venues au sujet de ces divisions de nos vies terrestres.
A la fin de son ministère, le Christ, prenant la dernière Cène avec ses disciples, leur a lavé les pieds, malgré les protestations de certains qui voyaient là une humiliation pour leur instructeur. En réalité, c'était le symbole d'une attitude d'esprit d'une grande importance en tant que facteur de croissance spirituelle. Sans le sol minéral, le règne végétal, qui lui est supérieur, ne pourrait exister; et le règne animal ne pourrait vivre si les plantes ne lui fournissaient la nourriture nécessaire. Nous voyons ainsi que, dans la nature, le supérieur se nourrit de l'inférieur et dépend de lui pour sa croissance et son évolution. Bien qu'il soit certain que les disciples aient été instruits et aidés par le Christ, il n'en est pas moins vrai qu'ils ont été des instruments de son développement; et c'est en reconnaissance de ce fait qu'il s'est abaissé en exprimant sa gratitude par le service le plus humble qui se puisse imaginer.
A l'auteur de ces lignes est échu le grand privilège de transmettre les instructions ésotériques des Frères Aînés, à vous et à des milliers d'autres,
au cours de l'an dernier et, en cela, il a été aidé, directement ou indirectement, par tous les travailleurs de Mount Ecclesia. Ceux qui ont accompli leur besogne à l'imprimerie, dans les bureaux et dans tous les autres départements indispensables au bon fonctionnement de notre activité ont tous participé à ce privilège, et c'est pourquoi tout Mount Ecclesia vous remercie pour les occasions de croissance de l'âme nées de la satisfaction de vos besoins de connaissance.
Nous avons le sentiment de vous avoir rendu quelques services en ce domaine, et nous sollicitons l'aide de vos prières afin de devenir des serviteurs plus efficaces dans l'année qui commence.
Et vous, chers amis? L'année dernière, vous aussi, vous avez eu l'occasion de servir votre prochain d'une manière semblable. Avez-vous utilisé les "talents" représentés par la connaissance reçue pour éclairer ceux avec lesquels vous étiez en contact? Il n'est pas nécessaire d'être en chaire - littéralement ou au sens figuré - pour parler au coeur des autres. La plupart du temps, ce genre de service s'accomplit plus efficacement d'une façon discrète et de telle manière que les gens ne s'aperçoivent pas que nous essayons de leur montrer quelque chose. Nous comptons bien que vous avez accompli des progrès par une meilleure utilisation des occasions de servir qui se sont présentées l'an dernier, et nous prions pour que vous abordiez cette année nouvelle avec un esprit de service encore plus zélé, qui vous fera faire des progrès beaucoup plus grands.
LETTRE NO 63 - Février 1916 - LES VRAIS ET LES FAUX INSTRUCTEURS SPIRITUELS
Pour ceux qui sont à la tête d'un mouvement spirituel, l'un des problèmes les plus difficiles qui se présentent provient de l'impatience d'étudiants qui désirent récolter là où ils n'ont pas semé. Ils ne sont pas assez patients pour attendre l'heure de la moisson; ils voudraient des résultats immédiats et, si des ailes ne leur poussent pas dans un délai fixé par eux-mêmes, ils sont prêts à crier à l'imposture et à chercher un "instructeur individuel", visible ou invisible. Dès le moment où l'un de ces "Maîtres" leur "garantira" des résultats, ils sont prêts à oublier leur bon sens pour le suivre aveuglément, fût-ce jusqu'à échouer dans un asile d'aliénés ou mourir de tuberculose pulmonaire - ou encore, dans le meilleur des cas, s'en tirer avec une bourse dégarnie.
Nous avons déjà parlé de ce danger dans les lettres précédentes, mais cela s'oublie, et de nouveaux étudiants viennent sans cesse s'ajouter aux anciens, aussi devient-il nécessaire de répéter, de temps à autre, quelques notions importantes. Ayant récemment appris la défection d'un membre qui a quitté un centre pour suivre un "instructeur individuel" et qui semble, de ce fait, être envié par ceux du groupe qui n'ont pas eu la même chance (?) il nous semble utile de traiter à nouveau ce sujet.
Avez-vous déjà vu un établissement d'instruction de l'école maternelle à l'université, avoir un professeur par élève? Aucune commission scolaire n'accepterait un tel gaspillage de forces; et il ne suffirait pas qu'un élève soit impatient et désire suivre l'école "rapidement" pour qu'on lui désigne un instructeur pour lui seul. D'ailleurs, même si cela pouvait se faire, si un professeur était capable de "bourrer le crâne" d'un élève, il serait en danger d'attraper une méningite, de perdre la raison ou même d'en mourir.
Si ces faits sont avérés pour les sciences du monde physique, comment peut-on croire qu'il en va différemment pour la science spirituelle? Le Christ disait à ses disciples: "Si je vous ai parlé de choses terrestres et vous ne me croyez pas, comment me croirez-vous si je vous parle de choses célestes?" Aucun "instructeur individuel", s'il en existait, ne pourrait initier quiconque aux mystères de l'âme avant que l'élève se soit préparé par son propre travail. Celui qui se donne un tel titre se désigne lui-même comme un imposteur de bas étage, alors que sa dupe fait montre de peu de sens commun. En effet, comment ne pas comprendre qu'aucun instructeur vraiment évolué ne pourrait se permettre de consacrer son temps et ses forces à un seul élève, puisqu'il pourrait aussi facilement en instruire un grand nombre?
Essayez de vous imaginer, si vous le pouvez, les douze grands Frères de l'Ordre de la Rose-Croix, chacun suivant de près un petit élève: cette pensée n'est-elle pas sacrilège? Des hommes vraiment supérieurs et d'une haute évolution ont d'autres choses à faire, bien plus importantes, et il n'est même pas permis aux frères lais qui ont été initiés par eux de les déranger pour des questions de minime importance.
On peut donc affirmer catégoriquement que les Frères Aînés n'ont pas l'habitude de rendre visite à qui que ce soit dans le Rosicrucian Fellowship, ou ailleurs, en qualité d' "instructeurs individuels", et quiconque croit cela est induit en erreur. Ils ont donné certains enseignements formant la base de l'instruction donnée dans notre école, et c'est en apprenant à vivre la science de l'âme que nous pourrons un jour nous rendre capables de les rencontrer face à face dans l'Ecole des Aides invisibles. Il n'y a pas d'autre moyen d'y parvenir.
Je compte bien que ces lignes vont faire entrer plus profondément cette notion dans votre esprit et vous fournir une base pour redresser les idées de ceux qui sont en danger de se laisser entraîner sur une voie de garage.
LETTRE NO 64 - Mars 1916 - LA BATAILLE QUI FAIT RAGE A L'INTÉRIEUR
De temps à autre, nous avons le chagrin de recevoir, en provenance de pays en guerre, des lettres d'étudiants nous reprochant de ne pas prendre parti pour la cause de leur pays et de ses alliés. Depuis le début de ce triste conflit, il n'est pas de jour où nous n'ayons pas déploré cet affreux massacre, bien que sachant - chose qui nous réconforte - à quel point il peut contribuer, mieux que n'importe quoi d'autre, à faire disparaître la barrière séparant les vivants d'avec les morts. Ainsi, cette guerre fera beaucoup pour mettre fin à la souffrance aujourd'hui ressentie par les personnes séparées de ceux qu'elles aiment; d'autre part, la détresse actuelle détourne les peuples occidentaux des plaisirs du monde et ramène leurs préoccupations vers Dieu. Il ne s'est pas passé une seule nuit sans que nous ayons travaillé diligemment avec les morts et les blessés pour apaiser leurs angoisses mentales ou leurs souffrances physiques.
Il fut un temps où le patriotisme était une excellente chose, mais le Christ a dit: "Avant qu'Abraham fût, je suis" (Ego sum ) (Jean 8:58). Les races et les nations, comprises dans le terme "Abraham", sont éphémères, mais "l'Ego", qui existait avant Abraham, le père de toutes les races, perdurera encore lorsque les nations ne seront plus qu'un souvenir. Pour cette raison, The Rosicrucian
Fellowship ne tient aucun compte des différences nationales ou raciales et s'efforce d'unir tous les hommes par des liens d'amour mutuel, dans une grande guerre, la seule guerre à laquelle un vrai chrétien doive participer, un combat qu'il faut mener sans fléchir et sans merci - le combat contre sa propre nature inférieure. Paul disait: "Ce qui est bien, je le sais, n'habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair...car je ne fais pas le bien que je voudrais faire, mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire...Je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur, mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres. Misérable que je suis! qui me délivrera de ce corps de mort?" (Romains 7:18-24).
Saint Paul ne décrit-il pas ici exactement l'état d'âme de tout aspirant? Ne souffrons-nous pas tous spirituellement à cause de ce conflit? J'espère que la réponse est unanime, c'est-à-dire que ce combat intérieur est mené avec acharnement et sans merci par chacun de nos étudiants. Là où il n'y a pas de lutte, c'est une indication certaine de coma spirituel, et c'est le corps du péché qui a le dessus, mais plus la lutte est acharnée, plus il y a d'espoir pour notre spiritualité.
En Amérique, on parle beaucoup de "neutralité", de "préparatifs de défense", mais dans le combat plus noble que nous sommes appelés à mener, il ne saurait y avoir de "neutralité". Ou bien c'est la paix, et c'est alors la "chair" qui commande et qui nous tient dans une abjecte sujétion, ou bien c'est une guerre conduite sans merci, à la fois par la chair et par l'esprit. Tant que nous continuerons à vivre dans le "corps de mort", cette guerre continuera, puisque le Christ lui-même a été tenté et que nous ne pouvons espérer un sort meilleur que le sien.
Il est bon, dans cette guerre qui est la nôtre, d'être "préparé", et c'est même de plus en plus nécessaire: en effet, tout comme un ennemi physique cherche à tendre des pièges et à attirer dans une embuscade un adversaire bien armé, plutôt que de risquer une bataille en terrain découvert, de même aussi les tentations qui se présentent au long du "sentier" se font de plus en plus subtiles à mesure que les années passent.
Des auteurs tels que Thomas a Kempis avaient coutume de parler d'eux-mêmes comme de "vils vers de terre" et d'user d'autres termes péjoratifs, parce qu'ils connaissaient le grand et subtil danger de l'approbation de soi-même, mais cet état d'esprit lui-même peut aller trop loin. A trop se rabaisser, on finit pas se croire "bon" et plus "saint" que d'autres, et on tend à mal parler de soi pour le plaisir de s'entendre contredire. En vérité, les pièges de notre corps du désir sont presque impossibles à déceler.
Il existe un moyen sûr d'être préparé, et c'est de "regarder au Christ", en ayant constamment l'esprit occupé - pendant les heures de veille où nous ne vaquons pas à nos affaires - par l'étude des moyens de le mieux servir. Il faut, de toutes les manières possibles, essayer de réaliser dans la pratique les idées ainsi conçues. Mieux nous imiterons le Christ, plus nous servirons loyalement les instructions de notre moi supérieur, et plus nous pourrons être certains de vaincre notre nature inférieure et de gagner la seule guerre qui vaille la peine de l'être.
LETTRE NO 65 - Avril 1916 - PAQUES, UNE PROMESSE DE RENOUVELLEMENT DE VIE
Bien qu'elle ne contienne pas un mot sur cet événement d'importance cosmique, la leçon ci-jointe, relative aux effets de la guerre sur le corps du désir (voir "Trame de la Destinée, nouée et dénouée", chapitre 3 de la deuxième partie) est celle de Pâques. Certes, elle fait ressortir un fait très important, à savoir que la naissance et la mort ne sont que des incidents de la vie de l'esprit qui, lui, est sans commencement ni fin.
L'âge, la maladie, la guerre, les accidents peuvent détruire cette demeure terrestre, mais nous avons une "demeure céleste" qu'aucun pouvoir ne saurait affecter. Peu importe, par conséquent, que la mort s'approche de près de nous ou des nôtres, nous avons cette certitude: tout comme le Vendredi Saint est suivi par le glorieux matin de Pâques, la porte de la mort n'est que l'entrée conduisant à une vie plus longue où la maladie et les souffrances qui épuisent notre corps physique n'ont plus aucun pouvoir.
Pensons donc à ce que cela veut dire pour nos pauvres frères qui sont déchirés et mutilés par l'affreuse inhumanité de l'homme pour l'homme, et soyons reconnaissants à l'idée qu'ils ont échappé aux souffrances qu'ils auraient encore endurées s'il n'y avait pas eu de mort pour les en délivrer.
La grande majorité des gens considèrent la mort comme la "suprême terreur",
mais une fois mis au courant de ce qu'elle est réellement, nous comprenons que, dans nos conditions présentes, c'est une véritable amie. Nul de nous n'a un corps parfait et, comme il se détériore à une cadence alarmante au cours du peu d'années qu'il nous sert, pensez à ce que vous ressentiriez si vous l'aviez encore dans un million d'années - une période qui, comparée à l'éternité, n'est qu'un instant. L'esprit est seul à pouvoir endurer l'infinité, aussi Pâques est-il le garant de notre espérance en l'immortalité, le Christ représentant "les prémices de cette immortalité, et nous les nombreux frères" (I Corinthiens 15:19-20).
Puissions-nous donc, chers amis, aborder le temps de Pâques dans une attitude d'inspiration spirituelle, avec le désir d'imiter notre grand guide, le Christ, en crucifiant notre nature inférieure. Puisse chaque jour de cette nouvelle année solaire être un vendredi saint, puisse chacune de nos nuits se passer dans les bagnes du purgatoire, à aider les esprits qui s'y trouvent confinés, comme le faisait le Christ, et puisse chaque matin être celui d'une glorieuse journée de Pâques, au début de laquelle nous ressusciterons à la nouveauté d'une vie d'actions meilleures et plus grandes.
Un proverbe dit: "Prenez soin des centimes, et les francs prendront soin d'eux-mêmes". On peut, en le paraphrasant, dire au sujet de la vie spirituelle: "Faisons en sorte que chaque journée soit bien employée, et les années rapporteront des trésors."
LETTRE NO 66 Mai 1916 - CULTIVONS QUOTIDIENNEMENT NOTRE AME
Lorsque le Christ rendit visite à Marthe et Marie, la première d'entre elles se préoccupait bien davantage du confort matériel de son hôte que d'écouter les vérités spirituelles qu'il était en train d'enseigner, d'où le reproche de se préoccuper de questions bien moins importantes que "la seule chose nécessaire". Certes, il est vraiment mal de négliger l'accomplissement de ses devoirs, et nous devrions faire honneur à toutes les obligations qui nous incombent réellement au cours de notre vie quotidienne. Mais, malheureusement, la plupart d'entre nous font la grande erreur de considérer leur travail et leurs devoirs dans le monde matériel comme étant d'importance primordiale, en pensant que le côté spirituel de notre développement peut attendre un moment propice, où nous n'avons rien d'autre à faire. Un nombre de plus en plus grand de personnes admettent qu'elles devraient consacrer davantage d'attention à des questions spirituelles, tout en ayant chaque fois une excuse pour ne pas s'en occuper dans le moment présent. "Mes affaires exigent la totalité de mon attention", dira l'une. "Les temps sont durs et, pour surnager, je dois travailler dès le matin jusque tard dans la soirée. Mais dès que la situation s'améliorera quelque peu, je vais m'en occuper et y consacrer plus de temps." Un autre étudiant fait valoir que certains membres de sa famille dépendent de
son salaire et qu'après avoir rempli ses obligations envers eux, il pourra consacrer son temps à sa croissance de l'âme.
Nul doute que, dans de nombreux cas, ces excuses soient légitimes, du moins jusqu'à un certain point, et que celui qui avance de telles raisons se sacrifie réellement pour quelqu'un d'autre. Je me rappelle le cas d'une candidate écrivant combien elle se désolait de ce que ses deux enfants avaient toujours besoin d'elle au moment où elle aurait dû faire ses exercices du soir et du matin. Elle désirait ardemment progresser sur le sentier de la vie supérieure, mais les soins nécessaires à ses enfants semblaient constituer un obstacle; que faire? S'occuper de ses enfants, bien sûr, ainsi que je lui ai répondu. Le sacrifice consenti en renonçant à son propre progrès pour venir en aide à ses enfants lui a naturellement valu, en retour, une croissance spirituelle mille fois supérieure à celle qu'elle aurait acquise en négligeant ses enfants pour un intérêt égoïste de ce genre.
Mais, d'autre part, il en est beaucoup qui manquent de la force de résistance intellectuelle nécessaire pour faire un effort soutenu. Malgré la tension exigée par les affaires, il est toujours possible de consacrer un peu de temps, matin et soir, à son développement spirituel. Une excellente habitude est celle de concentrer son esprit sur un idéal durant le temps que l'on passe dans les transports en commun pour aller à son travail et en revenir. Le fait même de se trouver au milieu du bruit et de la foule, s'il rend l'effort plus difficile, est en réalité une aide, car celui qui apprend à diriger ses pensées dans une seule direction avec de telles conditions n'aura pas de peine à obtenir des résultats semblables, sinon meilleurs, dans des circonstances plus favorables. Le temps ainsi passé se révélera plus profitable que s'il
avait été employé à lire un journal ou une revue, dont les textes attirent fatalement l'attention sur des conditions peu propres à élever l'esprit.
Le mental de la plupart des gens est semblable à un tamis, et les pensées - bonnes, mauvaises, ou plus souvent indifférentes - qui leur trottent par la tête passent à travers ce tamis comme de l'eau. Le mental ne les retient pas assez longtemps pour bien en connaître la nature, et pourtant nous aimons à croire que nous ne pouvons empêcher nos pensées d'être ce qu'elles sont, aussi beaucoup de personnes ont pris l'habitude de penser distraitement, ce qui les rend incapables de se fixer sur un sujet jusqu'à ce qu'il soit bien compris. C'est peut-être bien difficile, mais lorsqu'on a appris à être le maître de ses pensées, on possède la clé du succès dans ce qu'on entreprend.
En relation avec cette série de leçons sur "L'effet occulte de nos émotions" (devenues la deuxième partie de "La Trame de la Destinée, nouée et dénouée") que vous recevez en ce moment, je voudrais vous encourager à prendre à coeur ce qui précède et à réserver chaque jour un moment pour vous exercer à devenir le maître de vos pensées. Il existe à ce sujet des livres variés qui vous donneront des conseils utiles; de mon côté, je vais aussi réfléchir et tâcher de vous donner quelques directives de caractère général. A vrai dire, en ce domaine, l'instruction devrait être individuelle, plutôt que collective, pour produire les meilleurs résultats. (Les directives en question ne semblent pas avoir été envoyées, à moins qu'il ne s'agisse de la lettre de septembre, NO 70).
LETTRE NO 67 - Juin 1916 - LES VÉRITABLES HÉROS DU MONDE
Bien que cette lettre soit datée du premier du mois, il va sans dire qu'elle a été écrite auparavant: exactement la veille du "Decoration Day" (fixé le 30 mai), ce jour où tous les patriotes américains sont censés honorer la mémoire des héros morts pour la patrie au cours de la guerre civile.
En réfléchissant à cette commémoration, l'idée m'est venue qu'une calamité ou catastrophe semble toujours nécessaire pour inciter les hommes à s'oublier et à se sacrifier pour une cause ou pour aider les victimes d'une calamité, sans s'arrêter aux conséquences. Il se trouve toujours des volontaires en cas de guerre, de séismes, d'incendies ou de naufrages.
Mais pourquoi de tels cataclysmes seraient-ils nécessaires pour mettre en relief la vertu du service par le sacrifice de soi-même, lorsqu'un tel service est nécessaire chaque jour et à toute heure dans chaque maison, village ou ville? Le monde irait beaucoup mieux si nous accomplissions journellement nos nobles actions, au lieu de ne le faire qu'à l'occasion de tensions exceptionnelles. Il peut être noble de mourir pour une grande cause, mais il y a certes plus de noblesse encore à vivre une vie de sacrifice de soi-même pendant des années, en chérissant les autres et en les aidant à être meilleurs, plutôt que de mourir en essayant de tuer son prochain. Bien des
pères luttent, des années durant, pour donner à leurs enfants ce qu'ils appellent une chance de faire leur chemin dans la vie. De nombreuses mères de famille s'épuisent à la tâche pour arriver à nouer les deux bouts. De ces héros dont on entend jamais parler, parce qu'ils ont aidé leur prochain au lieu de le tuer, il y en a par millions.
N'est-ce par anormal d'honorer une armée pendant plus d'un demi-siècle (la guerre civile a duré de 1861 à 1865, et ce jour férié, appelé aujourd'hui de préférence "Memorial Day"", est seulement resté celui où l'on va fleurir les tombes des siens, surtout militaires), parce qu'elle a tué, tué et encore tué, alors que cette armée bien plus importante, après avoir pris la défense de tout ce qu'il y a de meilleur au monde, reste vouée à l'oubli dans ses tombeaux?
Si nous suivons le Christ, il nous faut bien plutôt rendre hommage aux héros, aux héroïnes qui, des années durant, ont souffert pour les autres en aidant l'enfance, en soignant les malades, en acceptant patiemment la pauvreté et toutes les difficultés qui peuvent survenir.
N'attendons pas non plus qu'ils soient passés de l'autre côté, mais honorons- les dès maintenant. Et ce tribut ne devrait pas être acquitté en un jour spécialement réservé pour la circonstance, mais bien tous les jours de notre vie, en essayant d'alléger les fardeaux de ces héros et d'imiter leurs nobles actions.
Comment les découvrir? Ils n'ont pas d'uniforme et n'ont pas non plus, comme on dit, le coeur sur les lèvres. Ils se trouvent partout, et nous les découvrirons en les cherchant. Plus vite nous rejoindrons leurs rangs, et plus tôt nous nous honorerons en les aidant à porter leurs fardeaux, comme il convient à tous les vrais serviteurs du Maître. "Ce que vous avez fait au dernier de ces frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Matthieu 25:40).
LETTRE NO 68 - Juillet 1916 - LE TRAVAIL DES ESPRITS DE RACE
Dans quelques jours, nous allons célébrer, en Amérique, le "Glorieux Quatre", (4 juillet, fête nationale) notre Journée de l'Indépendance, et nous allons, pour montrer notre "patriotisme", faire partir beaucoup de poudre en fumée. A en juger par les années précédentes, il en résultera un assez grand nombre d'accidents et d'incendies.
A quoi sert tout cela? Nous pouvons en juger par le spectacle navrant de la guerre qui, depuis près de deux ans, a fait couler tant de larmes. Rendons- nous bien compte que, s'il n'y avait pas eu de "patriotisme", il n'aurait pas pu y avoir de guerre, et alors, étant bien convaincus de la funeste influence de ce sentiment, nous pourrons dire avec Thomas Paine: "Le monde est ma patrie; faire le bien est ma religion." Tel est, me semble-t-il, l'évangile que nous devrions prêcher à nos contemporains, quel que soit le pays où nous vivons, car cet état d'esprit sera l'un des facteurs grâce auxquels nous nous émanciperons de la domination de l'Esprit de Race, qui entretient le sentiment "patriotique", en vue de conserver aussi longtemps que possible le pouvoir qu'il exerce sur son peuple. En un certain sens, l'Esprit de Race vit de la guerre, car elle fait en sorte que la nation qu'il gouverne oublie temporairement ses querelles intestines et que ses habitants se rapprochent
mutuellement pour se défendre ou pour attaquer l'ennemi commun. Ainsi, ils vibrent davantage à l'unisson que de coutume, ce qui renforce l'Esprit de Race et retarde d'autant l'avènement du Christ. Tant que la patriotisme retiendra les nations sous la coupe des Esprits de Race, le Royaume universel ne pourra être instauré.
J'aimerais donc recommander aux étudiants de ne pas participer à des manifestations patriotiques de nature martiale. Pratiquons la fraternité universelle en nous abstenant systématiquement de mentionner ou de reconnaître de quelconques différences de nationalité, car nous sommes tous Un dans le Christ.
LETTRE NO 69 - Août 1916 - LES LUTTES DE L'AME QUI ASPIRE
De temps à autre, nous recevons ici des lettres de correspondants ayant des tourments de conscience parce qu'ils sont incapables de se montrer à la hauteur de leur idéal élevé. Ils trouvent qu'ils serait plus honnête d'abandonner leur foi et de vivre comme vivent ceux qui ne la partagent pas. Tant qu'ils lisent, étudient ou écoutent à l'église des passages exhortant à aimer leurs ennemis, à bénir ceux qui les maudissent, à prier pour ceux qui les persécutent, ils sont, disent-ils, coeur et âme dans ces mêmes sentiments et seraient heureux de suivre de tels préceptes. Mais lorsqu'ils se heurtent à de telles conditions dans le monde, ils ne peuvent se conformer aux injonctions bibliques, ce qui leur donne le sentiment d'être des hypocrites.
Si l'homme était un tout homogène; si l'esprit, l'âme et le corps étaient un et indivisibles, ces personnes pourraient se dire hypocrites. Mais l'esprit, l'âme et le corps ne sont unanimes, ainsi que nous le constatons à regret dès le premier jour où nous ressentons le désir de fouler le sentier de la vie supérieure...et c'est là que se trouve le noeud du problème. Dans chacun de nous, il y a deux natures distinctes et, tant que nous n'avons pas encore de hautes aspirations, notre plus haute nature spirituelle est en sommeil, tandis que le moi personnel, celui de ce monde, régit sans conteste toutes nos
actions. Nous connaissons donc la paix et la sérénité, mais dès que s'éveille notre nature spirituelle, voilà la guerre qui commence. A mesure que nous croissons en spiritualité, la lutte s'intensifie jusqu'au jour où, finalement, la personnalité succombera et où nous connaîtrons "la paix qui surpasse toute intelligence".
En attendant, nous sommes dans la condition dont se plaignent nos étudiants (avec Paul, Faust et toutes les âmes qui aspirent). Il leur est facile de vouloir, mais le bien qu'ils voudraient faire, il ne le font pas; et le mal qu'ils voudraient ne pas faire, il le font (Romains 7:19). Le signataire a ressenti, et ressent de plus en plus vivement, à mesure que les jours passent, cette contradiction entre ses enseignements et ses actions. Une partie de son être aspire avec une ardeur, douloureuse en son intensité, à tout ce qui est noble et élevé, alors que d'un autre côté, une forte personnalité, extrêmement difficile à dompter, est une source continuelle de regrets. Néanmoins, tant qu'il ne se donne pas l'air d'un saint, tant qu'il admet honnêtement ses insuffisances et s'en montre peiné, tant qu'ils se sert, dans ses exhortations, du "nous" dans lequel il s'inclut, il estime qu'il ne trompe personne et ne se conduit pas en hypocrite. Il prend d'abord et surtout pour lui ce qu'il dit et, en dépit de son peu de succès, il s'efforce de conformer sa vie aux enseignements rosicruciens. Si, parmi nos étudiants, d'autres se sentent troublés pour les mêmes raisons que ceux de nos correspondants qui nous ont inspiré cette lettre, nous espérons que ces lignes les rassureront.
D'ailleurs, que pouvons-nous faire d'autre que de continuer? Maintenant que nous avons éveillé notre nature supérieure, elle ne peut être continuellement réduite au silence et, si nous abandonnons nos efforts, nous connaîtrons le
supplice des regrets et des remords. Plusieurs fois, nous avons attiré l'attention sur la manière dont le navigateur se guide sur le vaste océan par rapport à une étoile. Il ne pourra jamais l'atteindre, mais elle ne l'en conduira pas moins, à travers les récifs, à bon port. Il en va de même pour nos idéaux: s'ils sont tellement élevés que nous ne pouvons espérer les atteindre au cours de la présente vie, rappelons-nous aussi que nous avons devant nous un temps infini et que ce qui ne sera pas accompli en cette vie pourra l'être dans la suivante, ou plus tard encore. Suivant l'exemple de Paul, continuons donc à rechercher la gloire spirituelle, l'honneur et l'immortalité "en persévérant avec patience dans le bien".
LETTRE NO 70 - Septembre 1916 - PRÉPARONS NOS VIES FUTURES
Vous savez évidemment que le Rosicrucian Fellowship enseigne la renaissance comme étant une loi de la nature, et vous croyez à cette doctrine à cause de la lumière qu'elle jette sur beaucoup d'aspects de nos vies qui, autrement, seraient difficiles à expliquer. Je me demande néanmoins combien d'étudiants ont pris à coeur le côté pratique de cette loi, combien d'entre eux concentrent leur attention sur elle en y adaptant consciemment et systématiquement leur vie, afin de préparer le cadre de leurs futures incarnations.
Il est vrai que, dans le Deuxième Ciel, nous passons notre temps à établir le cadre de notre vie future, en formant les terres et les mers, en préparant les conditions nécessaires au développement de la flore et de la faune et, en général, en arrangeant les choses de façon à retrouver un milieu convenable pour notre activité future sur la terre. Mais ce travail préparatoire, nous l'accomplissons en conformité de notre vie présente, telle qu'elle aura été vécue. Si nous avons été paresseux et négligents ici-bas, si nous avons vécu à la "va comme je te pousse", il est peu probable qu'à notre arrivée dans le Deuxième Ciel nous prenions le soin de préparer un sol fertile afin de pouvoir le cultiver plus tard. Par conséquent, notre prochaine vie nous apportera
probablement le minimum de moyens d'existence, afin que le fouet de la nécessité nous apprenne à faire les efforts nécessaires.
Il en va de même de nos qualités morales. Lorsque nous sommes prêts à redescendre sur le plan terrestre pour notre prochaine vie, nous ne pouvons faire entrer, dans la composition de nos véhicules, autre chose que ce que nous avons récolté dans celle-ci. Il serait donc sage de commencer dès maintenant, alors que notre vie future est encore à l'état "malléable", à faire de nos idéaux ce que nous voudrions qu'ils soient et à préparer le milieu dans lequel nous voudrions être élevés.
Nous sommes sans doute tous d'accord sur le fait que nos corps physiques actuels ne sont pas tels que nous aimerions les avoir. La plupart des gens sont affectés de maladies diverses; certains souffrent toute leur vie; et nul d'entre nous n'est capable d'aller du berceau à la tombe sans subir au moins quelques souffrances. Ainsi, chacun de nous pourrait souhaiter avoir, dans une vie future, un corps sain, exempt des maladies qui, à l'heure actuelle, représentent son plus grand tourment.
En ce qui concerne nos facultés morales et mentales, nous sommes bien loin de la perfection, aussi chacun de nous peut, avec profit, réfléchir à ce qui pourrait être amélioré en ce domaine. Sommes-nous conscients de ce que nous avons une langue acérée, un caractère prompt à s'emporter ou d'autres défauts analogues qui nous suscitent des ennuis dans nos relations avec autrui et nous gâtent la vie dans notre milieu actuel? Alors en méditant sur notre moi idéal pour une vie future, en le "visualisant" - avoir un caractère équilibré en toutes circonstances, parler avec douceur, être aimable, affectueux, etc. - nous allons incorporer ces idéaux dans la forme-pensée que nous aurons déjà
préparée pour nous à cette époque lointaine. Le résultat dépendra de l'intensité que nous aurons apportée à notre concentration sur les améliorations souhaitées. Dans la mesure où nous essayons maintenant de cultiver ces vertus et d'y aspirer, nous les posséderons, et ceci s'applique aussi aux facultés. Si nous sommes négligents aujourd'hui, notre aspiration à avoir de l'ordre dans notre milieu nous fera revenir avec cette vertu. Le sens du rythme nous fait-il défaut? Nous pouvons l'avoir dans une vie future en le demandant maintenant. L'habileté en matière de mécanique, ou toute autre faculté nécessaire pour nous procurer les expériences auxquelles nous aspirons pour une autre vie, peut être acquise de la même manière.
Nous devrions donc systématiquement consacrer, aussi fréquemment que nous le permettent nos autres devoirs, des moments à envisager notre vie future: quel genre de corps nous aimerions avoir, avec quelles facultés, qualités ou vertus; dans quel milieu nous voudrions vivre, etc. Nul doute que cette possibilité de faire un choix intelligent nous donne une plus grande latitude que si nous n'y avions pas réfléchi du tout.
Vous comprenez sans doute que la plus haute forme d'aspiration à une vertu est un effort constant de pratiquer cette vertu dans notre vie quotidienne. C'est donc sur ce point que doivent porter nos efforts, mais il est utile de penser à l'avance à l'emploi que nous allons faire de notre vie future, tout comme nous faisons des plans pour la journée du lendemain. Je compte bien que cette idée va prendre racine dans votre esprit et que vous la mettrez en pratique avec assiduité en vue de sa légitime réalisation, car ainsi elle exercera un merveilleux effet sur votre avenir et sur celui du monde qui nous entoure.
LETTRE NO 71 - Octobre 1916 - LA DESCENTE AUTOMNALE DE L'ESPRIT DU CHRIST
Nous voici maintenant à l'équinoxe d'automne, où le Soleil physique quitte l'hémisphère nord après nous avoir pourvus des nécessités de la vie pour l'année qui s'ouvrait. La vague spirituelle, sur la crête de laquelle nous arrive la vie qui trouvera l'an prochain son expression physique, est en route vers notre Terre. Les six mois qui sont devant nous représentent la partie la plus sainte de l'année solaire. A partir de la fête de l'Immaculée Conception jusqu'à la naissance mystique de Noël (la descente de cette vague dans la Terre) et de Noël à Pâques (la résurgence de cette vague) une vibration rythmique, un son harmonieux, rythmé, assez bien décrit dans la légende de la Naissance mystique comme étant le "hosanna" chanté par un choeur angélique, emplit l'atmosphère planétaire et nous influence tous sous la forme d'une aspiration spirituelle née de cette impulsion. Nous n'en sommes évidemment pas tous affectés dans la même mesure, car cela dépend de notre nature.
Certains ne ressentent pas du tout cette vague spirituelle à cause de leur dépravation, mais elle n'en travaille pas moins en eux, sur eux et avec eux et, un jour, il y seront réceptifs. D'autres sont tellement absorbés par leurs ventes et leurs achats, par les mariages en perspective, les amours et les
ambitions qu'ils n'en sont pas conscients, sauf au point culminant de son influence, qui est Noël. Elle s'exprime alors seulement sous forme d'un esprit de plus grande sociabilité, de générosité: ces gens aiment à être en fête et à offrir des présents. Enfin, une classe plus avancée ressent cette vague de sainteté dès le début de sa descente sur terre et se rend compte de l'effet important qu'exercent son harmonie et son rythme pour appuyer les efforts visant à la croissance spirituelle. Ils profitent donc de faire le maximum d'efforts entre les équinoxes d'automne et de printemps, car c'est, en quelque sorte, nager avec le courant.
C'est pour cette raison que j'attire aujourd'hui votre attention sur ce phénomène périodique. Que vous en soyez conscient ou non, les vibrations spirituelles de cette vague porteuse de vie Christique sont dans l'atmosphère terrestre pendant les mois d'hiver et sont à votre disposition pour être utilisées à leur plus grand avantage. Mieux vaut donc en être conscient et redoubler d'efforts, que d'ignorer cette possibilité.
Nous allons donc, chacun de nous, "inventorier" nos péchés les plus habituels, car c'est bien en ce moment que débute la période la plus favorable de l'année pour leur extirpation. Faisons aussi le compte des vertus qui nous manquent et que nous aurions le plus grand besoin de cultiver, car c'est maintenant que nos efforts porteront le plus de fruits. Par un travail minutieux et systématique au cours des saints mois d'hiver, nous ferons de grands progrès dans nos efforts pour réaliser nos aspirations spirituelles.
Après avoir pris nos décisions au sujet de notre travail personnel, regardons autour de nous pour voir qui, parmi nos connaissances, paraît être à la recherche de lumières spirituelles et semblerait pouvoir prêter l'oreille à nos enseignements.
Cela demande du discernement, car nous n'avons pas le droit de "forcer" nos idées dans les oreilles rétives, pas davantage que nous ne saurions être absous après avoir joué tous les jours du tambour chez quelqu'un pendant une heure ou deux. Si nous remarquons que nos propos ne sont pas favorablement écoutés, mieux vaut abandonner; mais bien des personnes avec lesquelles ce contact ne pourrait être établi pendant les mois d'été peuvent être "éveillées" en hiver, grâce aux vibrations spirituelles Christiques. Je compte donc bien que vous allez tous utiliser ces mois prochains de façon à en retirer un grand profit spirituel.
LETTRE NO 72 - Novembre 1916
LA RAISON DES ÉPREUVES QUI ASSAILLENT LES ASPIRANTS
De temps à autre, nous recevons des lettres d'étudiants qui se plaignent de ce qu'à partir du moment où ils ont adopté les enseignements supérieurs que nous promulguons, en essayant d'y conformer leur vie, tout semble aller de travers pour eux. Certains rencontrent une opposition résolue dans leur famille, d'autres souffrent dans leurs affaires, d'autres sont même affectés dans leur santé. Selon leur tempérament, certains sont prêts à abandonner, alors que d'autres grincent des dents, déterminés à suivre la méthode de Paul, qui consiste à "persévérer avec patience dans le bien" en dépit des épreuves. Mais ils sont unanimes à demander quelle est la raison de ce changement prononcé dans leurs affaires. Chacun d'eux reçoit l'aide qu'il nous est possible de donner pour la solution de ses problèmes individuels, mais nous pensons que, parmi nos étudiants, il en est beaucoup qui ont dû passer par des épreuves analogues, aussi le moment semble-t-il venu de faire connaître la raison de ces conditions.
Premièrement, ces aspirants devraient se rendre compte que cette adversité leur arrive pour leur bien, selon une loi naturelle bien établie, par laquelle
Dieu vise à les aider dans leurs efforts. Les épreuves sont un signe de progrès, et elles sont un motif de grande réjouissance. Voici comment opère cette loi: pendant toutes nos vies antérieures, nous avons noué des liens et nous avons fait des dettes par rapport à la loi de cause à effet. Tant que nous vivons de la manière habituelle, égoïstement et au petit bonheur, ces dettes continuent à s'accumuler et sont comparables à une goutte de vinaigre. Au moment où, changeant de direction, nous cessons de produire du vinaigre, la loi de justice veut que ce soit à notre tour de prendre cette médecine que nous avons fabriquée. On nous permet cependant de décider si nous voulons la prendre à forte dose pour en finir plus vite, ou bien à petits coups, en répartissant cette activité sur plusieurs vies. Ce choix ne se fait pas en paroles, mais en actes. Si nous entreprenons avec enthousiasme notre travail d'amélioration, si nous attaquons nos vices par la racine et si nous vivons la vie que nous professons, les Grands Etres que nous appelons les Anges de Justice nous donnent une plus forte dose de vinaigre que si nous nous contentons de parler des beautés de la "vie supérieure". Ils font cela en vue de nous aider dans nos efforts pour nous libérer des liens que nous avons nous-mêmes noués, et ce n'est pas pour nous nuire ou nous entraver en quoi que ce soit.
A la lumière de ces faits, nous pouvons comprendre l'exhortation du Christ de se réjouir lorsque les autres nous insultent et nous accusent faussement à cause de lui. Les enfants passent avec indifférence à côté d'un arbre non chargé, mais sitôt qu'il porte des fruits, ils sont prêts à lui lancer des pierres pour le dépouiller. Il en va de même des humains: tant que nous marchons avec la foule et que nous faisons comme elle, nous ne sommes pas
inquiétés, mais dès le moment où nous faisons ce que, dans le fond de leur coeur, ils savent être le bien, nous devenons, pour eux, un vivant reproche, même si nous n'avons jamais un mot de blâme à leur égard. Pour se justifier à leurs yeux, ils commencent à nous trouver des défauts et, à cet égard, ceux qui sont proches de nous, membres de la famille ou collègues de travail, nous vexent davantage que ceux avec lesquels nous n'avons pas de relations suivies. Néanmoins, quelle que soit la forme ou la source de ces ennuis, nous pouvons nous en féliciter, car il prouvent que nos efforts sont effectifs et nous font progresser. Persévérons donc sans nous émouvoir et avec un zèle indéfectible.
LETTRE NO 73 - Décembre 1916
FAISONS NOTRE INVENTAIRE SPIRITUEL PENDANT LA SAISON SAINTE
Le Christ comparait les aspirants de son époque à des gérants ayant reçu de leur maître un certain nombre de talents à faire fructifier afin d'augmenter le capital qui leur avait été confié, et cela nous fait comprendre que tous ceux qui aspirent à suivre le Christ devraient, de la même manière, utiliser les talents reçus de Dieu de façon à pouvoir faire état d'une certaine croissance de leur âme lorsque le temps sera venu de rendre compte de leur gestion.
Pour la majorité des humains, cette présentation des comptes est ajournée jusqu'au moment où la Grande Moissonneuse a clôturé les comptes et où ils se trouvent au Purgatoire pour se rendre compte des résultats de leurs actions, bonnes ou mauvaises.
Mais que penserions-nous d'un homme d'affaires qui conduirait son entreprise de cette Façon? Ne croirions-nous pas qu'il court à la ruine en négligeant de clôturer ses comptes chaque année, de faire l'inventaire de son actif et de son passif? Nous penserions sûrement qu'il mériterait de faire faillite, faute de mener son affaire selon des méthodes éprouvées.
Si nous sommes convaincus de la nécessité d'un système permettant de savoir clairement et constamment où en sont nos affaires matérielles, pourquoi
n'appliquerions-nous pas les mêmes principes de prudence à nos affaires spirituelles? Mieux encore, nous devrions nous montrer beaucoup plus prudents pour la conduite de nos affaires spirituelles que pour celle des affaires d'ici-bas, car notre prospérité matérielle, comparée à la sauvegarde éternelle de l'esprit, n'est qu'un bref tour de garde dans la nuit.
Nous approchons du solstice d'hiver, qui, au point de vue spirituel, marque le début d'une nouvelle année, et nous attendons joyeusement le nouvel épanchement d'amour de notre Père Céleste, par l'enfant Jésus. C'est donc un bon moment pour faire notre inventaire spirituel et nous demander quel usage nous avons fait des dons reçus dans l'année écoulée, quels efforts nous avons déployés pour amasser des trésors dans le ciel. En procédant à cet inventaire dans un état d'esprit favorable et à l'époque la plus propice, nous en retirerons de grands avantages, car il y a un temps pour semer, un autre pour récolter. Pour toutes choses sous le soleil, il existe un temps où elles peuvent être accomplies avec de plus grandes chances de succès qu'à n'importe quel autre moment.
Les étoiles sont les régulateurs des époques célestes, car c'est d'elles que nous viennent les forces qui nous influencent tout au long de nos vies. Dans la nuit sainte, entre le 24 et le 25 décembre, où que vous soyez, vous trouverez que cette rétrospection, avec les résolutions qui en découlent pour la nouvelle année, aura le meilleur effet.
A Mount Ecclesia et dans nos divers Centres Reconnus, nous avons un service de minuit lors de cette nuit sainte, aussi n'est-il pas possible à nos étudiants de procéder à cet examen à l'heure dite. Certains peuvent aussi avoir d'autres empêchements, mais tout moment assez proche de minuit, à la fin de la soirée
ou aux premières heures du matin, fera presque aussi bien l'affaire. Au cours de cette nuit, unissons-nous dans un effort concerté d'aspiration spirituelle; que chaque étudiant, non seulement prie pour sa croissance spirituelle au cours de la nouvelle année, mais se mette en union de prières pour la croissance collective de notre mouvement. Ceux qui travaillent au Siège ont aussi besoin de vos pensées d'aide.
Si nous poussons tous à la roue à cette occasion, nous pouvons être sûrs d'en retirer une bénédiction individuelle et collective exceptionnelle et de connaître une prospère année spirituelle.