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impossible de pénétrer chez nous, sans y être vu... à moins d'être un esprit!

     Ceci étant dit, je venais de faire quelques minutes auparavant du rangement au salon et tout m'avait paru... normal... Rien à signaler. La maison était calme, presque silencieuse, comme ça l'est d’habitude à cette heure matinale.

    Je causais avec Louis de choses et d'autres et pour étayer un point précis de notre discussion, j'allai au salon, la pièce adjacente à la cuisine, pour y prendre un livre... quand... j'aperçus, avec stupéfaction le grand miroir plein pied me faisant face, couvert à moitié par ma toile "Délire pastel"... ! Comme si la toile avait glissé d'une cinquantaine de centimètres, pour venir cacher partiellement le miroir!

     J'appelai Louis pour qu'il vienne à son tour constater le mystère. Il était surpris tout comme moi, n'ayant lui non plus aucune explication raisonnable à offrir pour justifier logiquement ce glissement. Je tournais autour du mystère, décrochant le tableau à plusieurs reprises, le retournant, l'examinant sous tous ses angles, sans y trouver quoique ce soit d'anormal.

     L'étrangeté, c'est qu'on ne voyait aucune autre trace de clou sur le mur. Le crochet, s’il avait bougé... n'avait pas laissé de marque. Et puis, juste à côté du miroir, près du divan, il y avait ces traînées sur le mur, faites d'un matériau gris, inodore, que je ne pus sur le coup, identifier. Un matériau où étaient collées de fines aiguilles de pin.

    Pendant plusieurs jours j'essayai de comprendre ce qui avait pu se passer...jusqu'au moment où je réalisai... que ce n'était pas le tableau qui avait bougé... mais le miroir! Laissant des traces de ciment sur le mur. Pourtant je l'avais vérifié quelques jours

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plus tôt. Il adhérait totalement au mur. C'était du solide.

     Pour décoller ce miroir, le faire glisser sans bruit, sans le casser et laisser sur le mur de bonnes traces d’adhésif, il aurait fallu combiner une force extrême à une extrême douceur, un contrôle extrême à une extrême pression ou une chaleur intense, pendant quelques micros secondes. Ou alors... il s'agissait d'une dématérialisation-rematérialisation?

    Je ne sais au juste quoi penser. Quiconque aurait voulu parvenir à ce même résultat, sans briser le miroir, cela eut été impossible!

    Que dire du tableau?

    C'était une toile de 60 centimètres par 80, pesant environ un peu plus d'un demi- kilo. Comme la toile n'était pas encadrée, elle pesait peu. "Tout le poids était dans l’image !’’

    Ce qui m'est revenu par la suite, c'est que, pendant plusieurs mois, alors que je regardais la télé, je me surprenais parfois à fixer le miroir... en en faisant mentalement l’inversion, de telle sorte que j'arrivais à avoir une sensation quasi-réelle des objets qui y apparaissaient. Non pas en reflet, mais comme les prolongeant dans une autre pièce, par une fenêtre donnant sur l’Ailleurs ; un ailleurs en tous points semblable à ce qui l'entourait... mais inversé, comme une profondeur rajoutée!

    Avais-je ouvert la porte de la cinquième dimension?

    Je ne sais trop pourquoi, peut- être était-ce par trop impensable, mais il me fallut au moins quatre à cinq jours avant que je réalise que c'était le miroir qui avait bougé! C'est  en le nettoyant que je me suis rendu compte qu'il ne tenait plus à rien, qu'il aurait pu tomber sur l'un de nous à tout moment.

   J'aimerais maintenant dire au lecteur ce qui figurait sur cette toile peinte en
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1993 et qui fit partie, au total une vingtaine de toiles, de ma première exposition solo.


DÉLIRE PASTEL

    "Délire Pastel’’ était cette toile qui faisait exception à toutes les autres qui avaient pour sujet le Cosmos. Elle fut élaborée très instinctivement et malgré que ce ne soit pas ma meilleure toile, j'y ai toujours trouvé un petit quelque chose d'exceptionnel.

    Au départ, je ne savais pas au juste ce qui allait apparaître sur mon canevas et c'est à force de coups de pinceaux qu'un intérêt s'y développa, et m'en suggéra la suite visuelle. Nous retrouvons sur cette toile, un personnage féminin qui partage la vedette avec un arbre stylisé quasi-central surplombant un fleuve agité, avec un personnage sans visage, derrière le premier. À droite, un corps nu à tête de marguerite se tord au-dessus des eaux. Toute la composition est surréaliste; le haut du tableau s'embrase d'un feu rose-orangé pâle tandis que sa partie inférieure est dans les nuances de bleus pastels, d'où le titre.

UNIVERS COMMUNIQUANTS

Quoi qu'il en soit, un an après l’épisode du" tableau dans le miroir', vers la même époque de l'année, j'avais mis mes couleurs au rancart depuis un bon moment et j'abordais l'histoire de Jeanne d'Arc, à travers ses multiples biographies trouvées à la bibliothèque publique.

J'étais très ignorante de la vie de la Pucelle et c'est lors de la lecture du "Retour du Lys" où on la mentionne, que mon intérêt s'éveilla pour ce personnage hors
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du commun au sein de IHistoire de France.

    Ma découverte de Jeanne d'ARC... coïncidait avec un événement politique mettant en opposition, le gouvernement de l'Ontario versus les citoyens d'une petite municipalité du Grand Ottawa. Le Premier ministre de l'Ontario  s'apprêtait à fermer une quarantaine d'hôpitaux, dont l'unique hôpital français, un hôpital universitaire, desservant tout l'Est ontarien.

    La clientèle privilégiée de l'hôpital Montfort venait principalement de la petite ville d'Orléans, proche banlieue d'Ottawa.

   Ceci étant dit, pendant que je lisais la vie de Jeanne, j'avais remarqué certains détails me faisant penser à ma propre vie!

    À titre d'exemple: Beaucoup d'auteurs ont écrit sur la Pucelle et certains poètes ont particulièrement contribué à sa notoriété, dont Villon, Lamartine et Claudel. Curieusement... vers mes dix- sept ans, j'écrivis un poème qui se voulait un éloge à la poésie française où je citais notamment ces trois poètes!

    Autre détail qui ne m'est pas passé inaperçu.

    Puisqu'il n'existe aucun portrait fidèle de la Jeanne, les artistes ont dû la représenter selon leur intuition et les quelques témoignages de ceux qui l'ont côtoyée à son époque; ainsi la voit-on en petite bergère, jupe longuette, cotillon et ballerines lacées autour de la cheville ou en costume de soldat avec la cotte de maille et les cheveux courts... à la Jeanne d'Arc!

    Coïncidence amusante, à peu près au même âge, je m'achetais des ballerines lacées malgré que ce n’était pas du tout la mode. Je dus me les procurer dans une
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boutique spécialisée en vêtements de danseuses. Il me les fallait... absolument! Je n’ai porté que ces chaussures pendant plus d'un an, jusqu'à ce qu'elles me lâchent! À la même époque, je m'offris un deux pièces en lainage vert et orangé, avec col et manches tricotés rappelant étrangement la cotte de maille. J'étais littéralement tombée amoureuse de ce vêtement qui constitua, avec les ballerines, mon uniforme… pour un bon bout de temps! Peu après, je me retrouvais avec cette coupe de cheveux si caractéristique de Jeanne d'Arc!

      Malgré ces similitudes amusantes, j’aimerais préciser au lecteur, que je n'ai jamais cherché à ressembler à l'Héroïne, ni à me faire croire que j'en étais la réincarnation, mais, je ne pouvais pas ne pas remarquer ces curieux détails, qui pour l'ésotériste que je suis, revêtaient dès lors un intérêt certain. Déjà dans mes prénoms, j'avais Jeanne... et Arc est l'anagramme des trois premières lettres de mon nom! Et puis, il y avait ces autres signes... très énigmatiques, que je pouvais mettre en corrélation avec ceux, de mon propre environnement.

En voici quelques exemples.

 Jeanne, lors de sa captivité, se retrouva tout d'abord, au Château de Beaurevoir, entourée des trois Jeanne; Jeanne de Luxembourg, Jeanne Bethune et Jeanne de Bar.

Étonnamment, Beaurevoir est une façon sonore de traduire... le nom de ma rue!

Quand je pris conscience de ce fait, mon intérêt crut et je commençai à explorer
sérieusement le nom de ces Jeanne.

  Prenons la première, Jeanne de Luxembourg.

 En analogie, ce vocable me rappelait ma voisine à l'est, Janet Havinmore; Janet c'est
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le diminutif de Jeanne, et "Havinmore’’ formé de deux mots anglais, having et more, signifiant "Qui en a davantage... plus" ! N'est-ce pas ça le luxe?

      Quant à la seconde, Jeanne Bethune, je voyais en elle ma voisine immédiate, Jeanne  Jolichant. Chanson, chant ou ritournelle, se traduit généralement en anglais par "song" ; mais il est une façon plus courante de l'exprimer, c'est par le mot "tune".


       Joli... chant... B… tune ! N'est-ce pas amusant?

 

       La dernière, à cause de son patronyme, me fit penser à cette autre jeune femme  qui nous sert régulièrement dans ce petit Bar où nous avons l'habitude d'aller. Elle se prénomme Jane ; Jeanne… de Bar!

SOUS LE SIGNE DU  "B".

      Ce que je remarquai aussi, c'est que dans la période englobant toute la captivité de Jeanne d'Arc, il y  a surabondance de la lettre "B’’.

     Je me suis prise à vouloir voir où tous ces "B" pouvaient me conduire.

     Commençons par ce Château où Jeanne ne fit que passer, le château de Beaulieu- les-Fontaines.      Et puis, ce fut le château de Beaurevoir. B…au revoir! Signifiant peut-être qu'on le reverra, le "B’’ ! Le grand responsable de la séquestration de la Pucelle était le duc de Bedford! Dans ce château, deux femmes sont responsables des soins apportés à Jeanne: Anne Bavon et Anne de Bedford! (Étonnamment,  je voyais en ces deux Anne deux amies actuelles, la mère et la fille; une qui a pour prénom Anne et pour patronyme "Bonval... et l’autre qui a comme prénom, "Éliane"... Anne de... "Bed.’’.. ( bed qui est "lit" en anglais!)

    Et puis Jeanne fut transférée au château de Bouvreuil à la suite d'une tentative
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d’évasion. Bouvreuil... B… ouvre l’œil! Pour y trouver quoi? Les trois Jeanne; Jeanne Béthune, Jeanne de Bar et Jeanne de Luxembourg, qui se retrouvaient sous l'autorité de l'évêque de… Beauvais. Toutes ces Jeanne ou Anne associées au "B"; que voulaient-elles me dire au juste?

      Depuis plusieurs années, j'habite l'ancien centre de villégiature de "Britannia"... B…rit… anne… il…y a !) Fallait-il encore y voir un mystère ou n'était-ce finalement qu'une coïncidence amusante comme le nom de mon quartier semblait me l'indiquer? Me menant... du coq... à l'âne!

     Et puis... poursuivant ma réflexion, ma divagation, j'aboutis à l'alphabet, premier outil de ma création.

     "B"; deuxième lettre de notre alphabet; en grec, bêta, et en hébreux; beith.

     Ceci me conduisit à la "pierre"... de Jacob! Jacob, nous dit la Genèse, s'était endormi sur une pierre et là il fit un songe. Dans ce songe, il voyait les anges monter et descendre sur une longue échelle reliant le ciel à ta terre. A son réveil, tout imprégné du mystère qu'il venait de vivre, il appela ce lieu "Béthel’’. Ce nom veut dire la "maison de Dieu"; Beith signifie "maison" et "el", Dieu, en hébreux. Gen. 28:12 Une autre nuit, Jacob dut se battre avec l'ange et malgré sa force, Jacob fut le plus fort, c'est pourquoi il reçut le nom d'Israël, qui signifie: "fort contre Dieu". L'ange lui annonça alors qu'il serait le Père des 12 Tribus d'Israël... dont le Pays tira son nom, et qui fut officiellement reconnu par l'O.N.U. en1948.

     Étrangement... pendant l'été de mes cinq ans, précisément en 1948, quelqu'un plaça sur le mur extérieur de notre maison... une échelle!

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        Comme cette nuit-là, un ami de la famille partageait ma chambre, le bruit que cela fit, l'éveilla. À travers le moustiquaire, il aperçut l'intrus qui tentait de s'introduire dans ma chambre et d'un bon, il poussa l'échelle et l'homme, qu'on ne revit plus.

       Jacob était-il venu me voir à l'aide de son... échelle?

      A son réveil, Jacob se souvint de son rêve. Il se dit: " Que cet endroit est terrible ! C'est la maison de Dieu; la porte des cieux", et il le nomma du nom de Béthel.

     En cherchant où devaient me conduire tous ces "B", en ouvrant l’œil intérieur, je me suis souvenue qu'à l'époque où j'étais membre actif de cet ordre initiatique, je reçus à un moment de mes travaux, un nom nouveau, connu de moi seule, or ce nom commençait par un "B" !

     La Boucle est-elle Bouclée? Peut-être…

     Ceci dit, il me semblait que la fermeture annoncée de l'Hôpital Montfort avait à voir avec Jeanne d'Arc! La décision semblait véritablement sans appel. C'est alors qu'un groupe de pressions s'organisa, principalement des citoyens d’Orléans. Ainsi une grande manifestation s'organisa dans le but de sauver l'hôpital Montfort ; la date prévue était le 22 mars1997. On se rappelle que la prise d’Orléans aux mains des Anglais fut la première grande victoire de l'épopée de Jeanne d'Arc. Dans "Jeanne dite Jeanne d'Arc", Henri Guillemin nous dévoile que "sa célèbre lettre aux Anglais, dictée en présence de plusieurs

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