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Instantanément
nous fraternisames. De café en café, les confidences allaient bon
train, arrosées à l'occasion d'une bonne bouteille de vin, comme la
vieille hospitalité française le prescrit particulièrement à l'époque
des Fêtes! Elle était de langue anglaise malgré ses origines
familiales canadiennes-françaises. Très intelligente, musicienne,
artiste cultivée, nous tombèrent littéralement sous son charme et
comme la volubilité paraissait une de ses qualités, nous échangeâmes
un peu sur tout et elle nous fit des confidences sur de grands pans de
sa vie. Elle nous dévoila son passé malheureux, sa situation financière
lamentable et les difficultés rencontrées à élever seule ses deux
fils encore très jeunes.
Tout ce qu'elle racontait me semblait désespérément tissé d'ombres. Nous l'avions prise en quelque sorte sous notre aile.
Quoi qu'il en soit, un jour que nous étions
en visite chez elle, F. demanda à Louis de refaire le branchement de sa
chaîne stéréophonique. Bien sûr, Louis ne se fit pas prier et une
demi-heure après, nous pouvions écouter tous ces disques confinés au
silence pendant toutes ces années. page 244
Et puis, elle se plaignait que ses petits ne pouvaient jouer au sous-sol
durant l'hiver, dû au fait, qu'elle ne trouvait pas l'énergie pour y
faire le nécessaire ménage.
N'écoutant que mon courage, je lui offris un coup de main, pour y mettre
de l'ordre, sur-le-champ! Elle accepta.
Louis se joignit à moi dans cette tâche, que nous n'avions pas au
préalable suffisamment évaluée... et qui allait s'avérer un travail de
plusieurs heures dans les plus déprimantes conditions! La maison n’était
pas de façon générale particulièrement impeccable, mais un souci de
bon goût camouflait tant bien que mal les petits travers ménagers et la
pauvreté des moyens.
Après avoir renippé un peu la salle de bain au deuxième et avoir mis un
sceau sous le lavabo rendu inutilisable à cause d'un tuyau brisé, nous
nous attaquâmes à la cave...
Arrivée en bas, j'eus un choc! Tel l'impression sordide d'entrer dans "l’antre
de l'ombre..."
C'était un endroit désolant... Une atmosphère insoutenable y régnait.
En plus, il n'y avait que des ampoules de 15 ampères, donnant un éclairage
si blafard, que tout au long de la corvée, je me disais: "Comment
fait-elle pour venir y faire sa lessive?"
Les deux pièces de la cave étaient séparées par des parois de cartons,
et partout on voyait le sol jonché de vêtements moisis. Près des
escaliers, il y avait une montagne de détritus, à ce qui m'a paru. C'était
très difficile d'y voir. Quand j'y mettais la main pour tenter de trier
le bon du mauvais, j'y trouvais des souliers crasseux, des bottes désassorties,
des jouets brisés, éparpillés, inutilisables, des
poupées déchiquetées, des livres déchirés, des valises toutes pleines
d'un passé malheureux laissé dans une misère indescriptible, et puis
des cartons d'épiceries... et des blattes !
Je fis de mon mieux pour mettre de côté ce qui me semblait récupérable
et le reste, j'en faisais un tas, pour les ordures.
Louis de son côté, avait détecté d'où venait cette odeur fétide. Le
renvoie d'eau au sol était bouché, d'où cette humidité, cette
moisissure qui courait partout. Nous débouchâmes le revoie d'eau. Une balle et de petits jouets l'obstruaient.
Pendant que nous faisions le ménage, F. était assise dans les marches et
nous regardait pensive, sans mot dire, comme si cela ne la concernait
pas... Étrange! Et puis, je lui demandai des sacs à ordures, pour y
jeter les immondices... Croyais-je!
A l'occasion, F. allait au salon voir les enfants, les siens et les nôtres.
Entre temps j'avais rempli trois gros sacs verts, que j'allais déposer
dehors près de la maison, afin de compléter cette tâche... que je m'étais
moi- même assignée! Une fois le ménage terminé, je ne fus pas fâchée
de retourner à l'air libre !
Quoi qu’il en soit, tout semblait baigner dans l'huile et comme nous les
avions invités pour le souper, nous nous quittâmes chaleureusement en
nous donnant rendez-vous une heure plus tard, à notre domicile.
J'étais à préparer le repas quand je vis F. arriver brusquement, en
ouvrant la porte de notre cuisine de façon intempestive, un pot de café
dans une main et la toile que je lui avais prêtée, dans l'autre. Elle était
en... Furie! Elle se mit tout de go à m'invectiver, me disant qu’elle n ‘aurait jamais plus confiance en moi... Que je l'avais trahie.
J'étais... TRÈS surprise,
ne sachant à quoi je devais ce volte-face inattendu. "Elle
m'accusait de vouloir voler ses jouets! Que j’avais l'intention de
revenir à la nuit... pour... reprendre les sacs !’’ Le plus surprenant dans cette histoire, c'est qu'elle semblait sincère…
Quoi qu'il en soit, en nous quittant ce
jour-là, elle nous informa d'un dernier détail. Après notre passage
chez elle, toutes les ampoules des chambres ont éclaté! Sur le coup,
j'ai cru à un autre "mystère’’ mais Louis expliqua qu'au
moment du nettoyage du sous-sol, il s'est aperçu qu'un des commutateurs
du panneau électrique n'était pas en position de fonctionnement et
voulant bien faire, il l'aura remis à "on". Un
court-circuit a dû faire le reste.
Sur cette précision, elle claqua la
porte... s'excluant ainsi de notre vie pour toujours.
‘’La porte s'était refermée’’.
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Etrangement, le jour précédent la rupture, alors que je regardais la télé
au salon, j'avais vu dans le "miroir", comme en enfilade,
tous ces petits cadeaux reçus de F. pour Noël. Un dessin d'oiseaux, des
petits paniers Nouvel âge contenant bagues, cristaux et parfums1,
et à ce moment... une "information' m'est parvenue. J'ai pensé:
"Tiens, la porte... est sur le point de se refermer !’’ Cette
porte, c'était celle que F. avait empruntée
à la faveur "du miroir qui avait bougé"... et qui
allait sous peu se refermer.
Que s'était-il passé au juste? Bien futé celui qui le dira! 1Ces
cadeaux étaient les restes de l’inventaire d'une boutique Nouvel âge,
dont elle fut la propriétaire. Objets qu'elle gardait... à la cave!
Le plus mystérieux dans toute cette affaire, c'est qu'à la lumière des
informations que F. nous avait données sur elle-même; à l'aide de noms,
de dates, d'événements ; de coïncidences qui m'étaient apparues,
j'avais découvert pendant ces quelques jours, le lien karmique présidant
à notre relation d'amitié, et juste comme j'allais le lui dire... la
porte se refermait... Définitivement!
Ainsi soit-il !
Par ailleurs, tout récemment, Bobby la croisa dans l'autobus. Elle m'en
fit mention et spontanément je lui demandai ses impressions.
- Elle est pire... qu'avant... me
dit-elle.
Ce texte est tiré de l'Évangile de Matthieu. Il semble convenir à ce
qui s'est peut-être passé... et lui donne à la limite, un certain sens.
"Lorsqu'un esprit impur est sorti d'une personne, il parcourt les régions
arides en quête de repos, mais il n'en trouve pas. Alors il se dit:
" Je vais retourner dans mon logis là d'où je suis sorti." A
son arrivée il le trouve inoccupé, balayé, mis en ordre. Alors il va prendre avec lui sept esprits plus mauvais que lui, ils y entrent et s'y installent. Et le dernier état de cette personne est pire que le premier. Ainsi en sera t-il de cette génération mauvaise." Matthieu: 12:43.
Étrangement, ce texte de l'évangile de
Matthieu suit immédiatement l'annonce de la "relève de la Reine
du Sud"... Comme s'il fallait que ce passage de l'Évangile prenne
aussi corps dans ma réalité, et ne soit pas que de simples mots sur du
papier.
Ce TXT est l’apparence qu’avaient pris trois arbres que je vois
de chez moi, l’endroit même où était apparue cette amie transitoire
et son ombre ( était-ce Mandu Cumara ?), le jour où le miroir avait
glissé sous le tableau!
Un dernier retournement eut lieu dans cette affaire. Quelques
heures avant que je poste mon manuscrit à l'Éditeur, j'appris par le
bulletin de nouvelles du matin, qu'une maison avait brûlé la nuit précédente,
dans ma rue. L'incendie n'avait fait aucune victime. Ce qu’on nous
disait, c’est qu'une chandelle laissée sans surveillance avait mis le
feu... à la cave! Je pensai tout de suite à F. Intriguée, je
me rendis sur place. La maison avait toute l'apparence d'avoir subit
l'assaut des flammes; les vitres étaient brisées et un long ruban jaune
encerclait les lieux. Ça sentait le feu... c'était sinistre!
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Je remarquai aussi sur sa maison, un panneau cabalistique. Un carré de
cinq décoré de lettres hébraïques dans chacune des cases. Je me suis
souvenue avoir vue F. dessiner du doigt des signes sur les portes, disant
que par ceux-ci, elle empêchait "les esprits négatifs’’
d’entrer dans sa maison! Ce qu'elle ne savait probablement pas, c'est
qu'en installant ces panneaux sur ses murs sans préparations adéquates,
empêchait-elle tout bonnement "ceux qui y étaient déjà",
d'en sortir !
D'ailleurs, juste avant qu’elle ne s’installe à cette adresse
(je l'appris hier), un pauvre bougre qui venait fraîchement d'y emménager,
devint subitement fou ; tirant un peu partout avec une arme à feu. Il s'enfuit de justesse avant que la police
n'arrive… Certaines maisons sont définitivement mal habitées!
Pour en revenir à cette pauvre enfant naufragée du feu; sans doute le
Propriétaire va-t-il la reloger ailleurs, dans une maison toute fraîche,
sans blattes ! C'est ce que je lui souhaite. "A fresh new start" disent les Anglais. Les
initiés eux, annoncent ‘’que la nature est complètement régénérée par
le feu".
Peut-être cette amie de l'ombre trouvera-t-elle alors... le chemin qui a
du cœur.
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