MYSTERES DES GRANDS OPÉRAS

par

MAX HEINDEL


Faust, Parsifal, L'Anneau du Niebelung, Tannhauser, Lohengrin


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TABLE DES MATIÈRES


FAUST

CHAPITRE 1 - Divine Dissonance........................................9
CHAPITRE 2 - Les Angoisses de l'Âme qui cherche (1e partie)...........15
CHAPITRE 3 - Les Angoisses de l'Âme qui cherche (2e partie)...........21
CHAPITRE 4 - Faust vend son Âme à Satan (1e partie)...................27
CHAPITRE 5 - Faust vend son Âme à Satan (2e partie)...................33



PARSIFAL

CHAPITRE 7 - Parsifal.................................................44


L'ANNEAU DU NIEBELUNG

CHAPITRE 8 - Les Filles du Rhin........................................61
CHAPITRE 9 - L'Anneau des Dieux........................................67
CHAPITRE 10 - La Valkyrie...............................................73
CHAPITRE 11 - Siegried, Chercheur de Vérité.............................80
CHAPITRE 12 - La Bataille de la Vérité et de l'Erreur...................87
CHAPITRE 13 - La Renaissance et l'eau du Léthé..........................94
CHAPITRE 14 - Le Crépuscule des Dieux.................................................101


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TANNHAUSER

CHAPITRE 15 - L'Alternance de la Joie et de la Douleur.................................108
CHAPITRE 16 - Les Troubadours, Initiés du Moyen-Âge....................................114
CHAPITRE 17 - Le Péché Impardonnable...................................................120
CHAPITRE 18 - La Crosse reverdit.......................................................126


LOHENGRIN

CHAPITRE 19 - Le Chevalier du Cygne......................................................132


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FAUST


CHAPITRE 1 - Dissonance divine

Quand le nom de Faust est évoqué, la plupart des gens cultivés pensent aussitôt à la représentation théâtrale de l'opéra de Gounod. Certains en admirent la musique, mais l'histoire elle-même ne semble pas les émouvoir particulièrement. Apparemment, c'est l'aventure, hélas! trop commune, d'un être sensuel qui entraîne dans la chute une jeune fille sans méfiance, puis la laisse expier sa "faute" et souffrir de sa confiance. La plupart des auditeurs considèrent la part de magie et de sorcellerie qui intervient dans l'oeuvre comme simple imagination de l'auteur, qui les aurait utilisées pour donner plus d'attrait à ce conte banal.

Quand, à la fin de l'opéra, Faust est entraîné par Méphistophélès dans les régions infernales et Marguerite emportée au ciel sur des ailes angéliques, il semble au public que cette moralité convient pour terminer la pièce sur une note édifiante.

Une minorité sait que l'opéra de Gounod est basé sur le drame dont Goethe est l'auteur; et ceux qui ont étudié les deux parties du Faust de Goethe

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ont une idée très différente de ce qui est présenté dans l'opéra. Seuls, les mystiques éclairés trouvent dans l'oeuvre de Goethe la preuve indiscutable que celle-ci est due à la plume d'un Initié, et saisissent pleinement la grande signification cosmique qu'elle contient.

Qu'il soit donc clairement compris que l'histoire de Faust est un mythe aussi ancien que l'humanité. Goethe le présente enveloppé de lumière mystique pour nous éclairer sur un des plus grands problèmes du jour, les relations et la lutte entre la Franc-Maçonnerie et le Catholicisme, sujet que nous avons examiné d'un point de vue différent dans un autre ouvrage.

Nous avons souvent dit dans nos écrits qu'un mythe est un symbole voilé contenant une grande vérité cosmique; c'est une conception qui diffère totalement de celles généralement adoptées. Tout comme nous offrons des livres d'images à nos enfants pour mettre à leur portée des leçons au-delà de leur compréhension intellectuelle, ainsi les grands Instructeurs ont donné ces symboles imagés à l'humanité en enfance et, par ce moyen, inconsciemment, une appréciation des idéaux présentés s'est gravée dans nos véhicules supérieurs.

La graine germe, invisible, dans la terre, avant de pouvoir fleurir sur la surface visible, et ainsi ces empreintes gravées par les mythes sur nos véhicules plus subtiles, invisibles, nous ont mis dans un état de réceptivité qui nous permet d'accepter plus facilement des idéaux supérieurs et de nous élever au-dessus des conditions sordides du monde matériel. De tels idéaux auraient été submergés par la nature inférieure si, durant des âges, des mythes comme Faust, Parsifal et autres légendes n'avaient pas préparé la voie.

Comme l'histoire de Job, le mythe de Faust commence au ciel dans une assemblée des Fils de Seth, et Lucifer est parmi eux. Goethe situe également la fin dans le ciel. Comme ceci est fort différent de ce qui est habituellement représenté

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au théâtre, nous nous trouvons devant un problème gigantesque. En effet, le mythe de Faust dépeint l'évolution de l'humanité pendant l'époque actuelle. Il nous montre aussi comment les Fils de Caïn et les Fils de Seth jouent leur rôle dans l'oeuvre du monde.

L'auteur s'est toujours efforcé de se tenir aussi près de son sujet que possible, afin que chaque phase de philosophie puisse être éclairée à son tour, mais il peut arriver que les circonstances justifient parfois des digressions dont Faust nous fournit l'exemple. Si nous n'abordions le sujet que dans la mesure où il se rapporte à la Franc-Maçonnerie et au Catholicisme, nous devrions y revenir pour éclairer d'autres points d'intérêt vital telle la croissance de l'âme, travail à réaliser par la race humaine. Nous espérons donc que nos lecteurs ne critiqueront pas nos digressions.

Dans la première scène, trois Esprits Planétaires, Fils de Dieu, s'inclinent devant le Grand Architecte de l'Univers, chantant les mélodies des sphères dans leur adoration de l'Etre Ineffable qui est la source de la vie, l'auteur de toute manifestation. Goethe représente l'un de ces Esprits divins célestes prononçant ces paroles:

"Le Soleil résonne sur le mode antique Dans le choeur harmonieux des sphères; Sa course ordonnée s'accomplit D'année en année, rapide comme l'éclair."

Des instruments scientifiques ont été inventés, expérimentés en laboratoire, où ils transforment les rayons lumineux en sons, démontrant ainsi dans le Monde Physique le principe mystique de l'identité de ces deux manifestations; ce qui auparavant n'était évident qu'au mystique capable d'élever sa conscience jusqu'à la Région de la Pensée Concrète, est à présent perçu également par le savant. La musique des sphères, dont Pythagore a parlé publiquement, ne doit être considérée ni comme une idée vide de sens créée par

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une imagination poétique trop vive, ni comme l'hallucination d'un cerveau déséquilibré.

Goethe pensait réellement ce qu'il écrivait. Les planètes ont chacune leur note dominante propre; elles gravitent autour du Soleil à des degrés de vitesse si divers que leur position présente ne pourra se renouveler avant 26 000 ans. Ainsi, l'harmonie des cieux se modifie à chaque moment de la vie, et lorsqu'elle change, les idées et les idéaux du monde changent aussi. Cette danse circulaire des astres se mouvant au son de la symphonie céleste qu'ils créent, marque le progrès de l'homme sur le sentier que nous appelons évolution.

Mais il est erroné de penser qu'une harmonie constante est agréable. Ainsi exprimée, la musique deviendrait monotone, et nous nous lasserions d'une harmonie continuelle. La musique perdrait réellement son charme si des dissonances n'intervenaient pas fréquemment.

Plus le compositeur approche de la dissonance sans qu'elle fasse partie de la mélodie, plus sa création est agréable à entendre quand les instruments lui donnent vie. Il en est de même dans la musique des sphères; nous ne pourrions jamais atteindre l'individualité et la conscience de soi vers lesquelles tend l'évolution, sans la dissonance divine.

Pour cette raison, le Livre de Job désigne Satan comme l'un des Fils de Dieu. Et le mythe de Faust indique que Lucifer est également présent à la convocation mentionnée au premier chapitre de l'histoire. C'est de lui que vient la note salvatrice de dissonance qui forme un contraste avec l'harmonie céleste; et comme la lumière la plus intense projette l'ombre la plus obscure, la voix de Lucifer rehausse la beauté du chant céleste.

Tandis que les autres Esprits Planétaires s'inclinent en adoration lorsqu'ils contemplent les oeuvres du Maître Architecte révélées dans l'univers, Lucifer

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émet la note de critique et de blâme dans les vers suivants dirigés contre le chef-d'oeuvre de Dieu, le roi des créatures, l'homme:

"Des Soleils et des Mondes, je n'ai rien à dire; Je vois seule ment les hommes se tourmenter. Le petit dieu du monde est toujours de même sorte, Aussi surprenant qu'au premier jour. Le pauvre! il vivrait un peu mieux, je pense, Sans ton don de la lumière divine. Il l'appelle Raison, mais ne l'emploie Qu'à se rendre plus bête que les bêtes."

Au point de vue des générations précédentes, ceci peut paraître sacrilège. Mais à la lumière plus vive de nos temps modernes, nous pouvons comprendre qu'une évolution doit exister, même pour un être aussi élevé que celui que nous désignons par le nom de Dieu. Nous pouvons pressentir la lutte pour développer de plus grandes aptitudes, l'idée d'univers futurs offrant des facilités accrues pour les évolutions ultérieures d'autres Esprits Vierges, tout cela comme résultat des imperfections notées dans le plan de manifestation par son Auteur exalté. De plus, comme c'est "en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être", la note discordante émise par les Esprits Lucifer devrait aussi se faire entendre en Lui. Ce n'est pas une intervention extérieure qui attire Son attention ou Le met à l'oeuvre, mais Sa propre et divine reconnaissance d'une imperfection à transmuer en un plus grand bien.

Nous lisons dans la Bible que Job était un homme parfait, et dans le mythe de Faust, le personnage principal est un serviteur de Dieu car, naturellement, le problème de la progression, de la croissance plus grande, doit être résolu par le plus évolué. Les individus ordinaires, ou ceux qui sont inférieurs en évolution, ont encore cette partie du chemin à parcourir, étapes dépassées par Faust et Job, qui sont à l'avant-garde de la race et que la masse de l'humanité considère de la même manière que Lucifer qui les traite de naïfs et d'illuminés:

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"Pauvre imbécile! sa nourriture n'est pas terrestre; Son effervescence le projette dans l'espace; A demi conscient de son état délirant, Il voudrait du ciel ses plus belles étoiles, Et de la Terre ses plus grandes délectations. De loin ni de près, rien ne pourrait Apaiser les passions qui le dévorent.

Pour de tels êtres un sentier nouveau et plus élevé doit être ouvert, afin de leur donner de plus grandes occasions de croissance, d'où la réponse de Dieu:

"Il me sert aujourd'hui avec égarement, Mais je le conduirai bientôt à la lumière. Sur le jeune arbre, le jardinier Entrevoit fleurs et fruits des futures années."

 

Chapitre 2